Si tout s’était arrangé avec Roméo, je savais que ce calme était précaire. A l’instar de toutes nos réconciliations d’ailleurs, mais pour l’instant je profitais de cet instant de paix. J’avais passé une bonne journée après ma gueule de bois, mais à la fin de cette dernière quand nous nous étions endormis Roméo et moi, j’avais été prise d’un terrible sentiment de culpabilité. Je ne savais pas si Robin avait lui aussi eu droit à une scène de ménage en provenance de Marianne ou si lui aussi avait réussi à rattraper la situation. Quoi qu’il en soit, c’était ma faute s’il avait autant bu. Si je n’avais pas été dans cet état là au port, jamais il n’aurait autant bu. Quoi qu’il puisse en dire, je le savais. Afin de ne pas louper encore une journée de travail j’étais allée travailler et avais présenté mes plus plates excuses à Durnik. Ce dernier avait été très compréhensif. Bien plus que ce qu’il n’était obligé de l’être. J’étais touchée par sa compassion et je m’étais remise au travail en m’appliquant à rattraper le retard que j’avais eu dû à mon absence d’hier.

Ce n’est que pour la pause de midi que je prenais un sandwich en boulangerie que je mangeais rapidement avant de prendre mon courage à deux mains pour aller là où Robin vivait avec Marianne. J’espérais qu’elle y serait, mon grand espoir était encore qu’elle était là depuis pas longtemps en ville et que par conséquent, elle ne devait pas avoir de travail et comme toutes femmes au foyer devaient attendre le retour de Robin et la sortie de l’école de Roland. J’étais honteuse. Je n’avais pas réfléchi à ce que je pouvais dire pour excuser la conduite de Robin à son retour. Avoir été ramené par Regina avait dû le chambouler et pour le coup il n’avait plus l’alcool joyeux quand nous avions été séparés.

Quand j’arrivais devant la porte j’avais fini mon sandwich et je commençais même à déchanter. C’était pitoyable come première rencontre. Elle allait me prendre pour une alcoolique notoire c’était sûr. Me rappelant que je devais assumer les conséquences de mes actes, je me ressaisissais et me forçais à frapper à la porte. Une fois de plus je maudissais ma jalousie et le fait que Romain m’ait trompé avec cette femme. La porte finissait par s’ouvrir sur une jolie brune et je souriais en me présentant :

« Bonjour, je suis Juliette White-Queen, je sais que vous avez certainement aucune envie de me parler ni même de me voir, mais s’il vous plait vous pouvez me laisser entrer . Je serais pas longue, je dois retourner travailler à quatorze heure »

☾ anesidora

Jouer la femme model et la maman aimante, commençait très sérieusement à me courir sur le haricot….  Mais je n’avais pas le choix et je devais prendre mon mal en patience afin de mettre mon plan en action. Je ne devais pas agir trop vite et prendre le temps d’observer ma chère sœur ainsi que son groupe d’amis. Ils devaient vraiment être ensorcelé pour tenir à elle. Non mais franchement… Et dire que pour couronner le tout, elle avait adopté un enfant. C’était vraiment le monde à l’envers, mais quand j’y pensais, ça allait drôlement me faciliter la tâche. Je me fichais complètement de tuer un ou plusieurs enfants. Seul les conséquences auprès de Régina comptaient pour moi.  Mais pour le moment, j’étais coincée dans le corps de cette chère Marianne.  Quand j’avais un coup de mou sur ma situation, je repensais à la tête qu’avait fait ma sœur en me voyant, enfin, en la voyant revenir. Ca avait été absolument génial et bien au delà de mes espérances.  C’était vraiment l’une des seules choses qui me redonnait le sourire. Mais Oz commençait à me manquer et Walsh aussi. J’espérais très sincèrement que tout se passait bien là-bas. Il fallait que j’arrête de ruminer et que je joue mon « rôle » jusqu’au bout à présent.

La veille, Robin était rentré complètement ivre, ça n’avait vraiment pas été la joie…. Je n’étais pas du tout amoureuse de cet homme, et devoir m’en occuper et lui montrer que j’étais là pour lui et que je ne lui en voulais pas, avez vraiment été compliqué pour moi.  Heureusement, il n’avait pas réveillé son fils en rentrant. Il avait juste chouté dans deux trois choses que j’avais pu rattrapé de justesse. Ne pas utiliser la magie n’était pas une mince affaire non plus en ce qui me concernait. Je ne comprenais pas comment mon idiote de sœur avait réussi à s’en sortir pendant vingt huit ans.  Mais si cette derrière en était capable, je pouvais le faire moi aussi. Tout ce qu’elle faisait, je le réussissais en mieux de toute façon.  J’allais commencer une recette lorsque on frappa à la porte. Je m’essuyais les mains et alla ouvrir.  Je me retrouvais devant une femme que je ne connaissais pas du tout, mais quand elle me donna son prénom, je savais de qui il s’agissait. Robin me parlait souvent d’elle.

« Bonjour. »

Je l’accueillais avec un sourire et me poussa pour la laisser entrer. Je prenais soin de refermer la porte derrière moi.

« Je vous en prie asseyez-vous. Vous voulez du thé ? »

Je partais rapidement à la cuisine et ramena le tout en m’asseyant en face d’elle.

« Je vous trouve bien sévère. Je ne suis pas en colère contre vous. Robin a vécu beaucoup de choses ces derniers temps, il a eu beaucoup d ‘émotions et je peux comprendre qu’il ait besoin de relâcher la pression. Certes, ce n’est pas la meilleure des solutions, mais la gueule de bois qu’il a eu en se réveillant, à certainement dû lui servir de leçon. »

Dis-je avec un petit sourire.

« Mais je trouve très courageux de votre part d’être venue me dire tout ça. »

☾ anesidora

Un peu de honte n’a jamais tué personne. Le dicton disait vraie, mais il oubliait de préciser que sur l’instant présent il était assez douloureux à faire passer. J’avais beau être une reine, avoir vécu plus de guerre que la plupart d’entre nous et avoir connu la médiocrité avant l lumière, face à la femme de Robin j’étais complètement décontenancée. C’était vraiment la honte de rencontrer la femme de son meilleur ami après que ce dernier soit rentré d’une super cuite où on a dû se faire ramener de force à nos domiciles et lui par son ex. Après avoir débité mon discours improvisé, elle me laissa entrer avec un sourire. Waouh, ça aurait été moi à sa place je ne l’aurais jamais laissé franchir le seuil de la porte encore moins en souriant. Hochant la tête, j’entrais et la suivais dans la cuisine sous le choc.

« Heu, … Oui s’il vous plait »

J’allais devoir en parler à Romain de celle-là. Ou bien était-ce une très mauvaise idée il pouvait s’agacer de savoir que j’étais partie m’excuser auprès de Marianne chez Robin. Lui n’entendrait que la partie : chez Robin. M’asseyant sur la chaise désignée je l’écoutais me trouver des excuses et parler de la gueule de bois de Robin.

« Ça nous aura servi à tous les deux je pense »

Répondais-je en rigolant légèrement, même si finalement elle était vite passée pour ma part grâce aux attentions de Romain et certainement à la manière dont nous nous étions dépensés, il n’empêche que le réveil avait été assez douloureux et houleux. J’étais contente de savoir que ça n’avait pas été le cas pour Robin.

« Courageux est un grand mot, j’ai quand même mis vingt-quatre heures pour le faire. C’est surtout normal. C’était le moins que je pouvais faire, si je n’avais pas été là et bien motivé à boire il ne serait certainement pas resté… »

Mine de rien ça avait été une super soirée. Avant que les gros lourdauds ne viennent foutre leur grain de sel dans notre bulle d’ivresse, tout se passait pour le mieux, on chantait, on dansait, on était libéré. Mais dès qu’on avait dû en passer aux mains tout avait été remis en question. On aurait gagné d’ailleurs, mais le propriétaire du bar nous en avait pas laissé l’occasion. J’allais aussi devoir m’excuser auprès de ce dernier pour la gêne occasionnée.

« Ça fait un moment que je voulais venir vous voir, Robin m’a tellement parlé de vous. Vous vous habituez à cette ville ? »  

☾ anesidora

Je venais de la faire rentrer et je lui proposais un thé. Non mais sérieusement ? Qu’est-ce qu’il me prenait ? Bon, c’est vrai qu’il fallait que je trompe les apparences et que je fasse en sorte de me comporter correctement. Cela dit, j’aurai très bien pu l’envoyer bouler à coup d’objets dans le visage. Mais du peu que j’avais observé la véritable Marianne, elle n’aurait jamais fait ça. Il fallait donc que je fasse pareil afin que personne ne me soupçonne. J’espérais vraiment que cette conversation n’allait pas durer une éternité, car je ne le supporterai pas, je jouais déjà les femmes et les mamans model, alors si je pouvais éviter de jouer les copines… Ca m’arrangerait très franchement. Je nous préparais un thé fruits des bois avec une pointe de cannelle. Cette ville était peut-être merdique, mais le bar à thé était vraiment bien. Je revenais avec le plateau et versa l’eau chaude dans la bouilloire puis mit le couvercle afin que ce dernier infuse un peu.

« Et voilà, il va juste falloir attendre quelques minutes que le thé infuse, il ne sera que meilleur. »

C’était drôle de voir la tête qu’elle faisait. Mais je m’efforçais de rester sérieuse. Lorsque le thé fut assez infusé, je remplissais les tasses et lui tendit la sienne en ayant pris le soin de mettre un petit gâteau sur le côté de l’assiette. Elle me dit que cette gueule de bois leur avait servi à tous les deux.

« Je n’en doute pas, mais j’espère que ce n’est pas pour autant que vous allez renouveler l’opération… »

Je n’avais pas encore vraiment eu le temps d’en parler avec Robin, mais j’allais quand même lui passer un léger savon. Car J’avais remarqué que Marianne était une femme de caractère. Malgré sa douce apparence. J’avais pu voir comment elle lui avait parlé quand elle lui avait annoncé qu’elle attendait leur enfant. Et avec la migraine qu’il allait avoir, ça n’allait être que plus amusant.

« Peu importe le temps que vous avez mis. C’est le résultat qui compte. Il s’est laissé tenté et je suis un peu prise entre deux feux. Je n’ai rien contre le fait qu’il relâche la pression, mais je ne considère pas pour autant que c’est une bonne chose. Ce n’est pas un très bon exemple pour notre fils, mais ce sont quand même des choses qui arrivent. »

Oh bon sang… Elle commençait à me poser des questions sur moi maintenant. Non mais franchement, elle allait encore me coller pendant combien de temps ? Elle semblait motivée à savoir comment je me sentais dans cette ville. J’avais tellement envie de lui dire que je m’y sentais mal. Après tout, pourquoi pas. Je portais ma tasse à mes lèvres et en bu une gorgée en la reposant ensuite sur la sous tasse. Ce thé était vraiment délicieux. Ca allait m’aider à réfléchir même si j’aurai préféré une boisson plus forte. Mais vu ce qu’il s’était passé entre eux, je n’allai pas lui proposer ça.

« Oh vraiment ? Et que vous a-t-il dit à mon sujet ? Eh bien pour tout vous dire, mieux que ce que je pensais. La vie en forêt est sympa pour un temps, mais avoir une vrai maison avec un vrai lit je dois dire que c’est vraiment une chose qui m’avait manqué. »

Lui dis-je en souriant.

☾ anesidora

Cette situation était étrange. Cette femme répondait à des codes que je ne comprenais pas. Elle était tellement zen. Elle était tellement gentille, ça en était affolant. Elle m’expliquait que je devais attendre quelques minutes et je en pus m’empêcher de sourire. Ce n’était pas à moi qu’elle allait apprendre comment on faisait du thé. J’étais la reine du pays le plus consommateur de cette boisson. Malgré cette petite réflexion spirituelle, je n’ajoutais rien. Je me contentais d’hocher la tête. J’en avais assez fait sans avoir besoin de jouer les rabat-joie. Laissant échapper un léger rire, je la rassurais :

« Non, je crois que cette fois mon mari ne le supportera pas et ma tête non plus. On apprend de nos erreurs. »

C’était surtout Robin qui ne ressortirait pas vivant si Romain me récupérer une fois de plus dans un état d’ébriété sévère et en proie à la prise d’autre homme potentiellement dangereux comme celui sur lequel j’avais explosé une bouteille sur la tête. Quelque chose me disait que j’allais avoir bien du mal à faire changer d’avis Romain sur Robin. Son avis avait l’air fait et si cette version-là de mon mari était légèrement différente de celle que j’avais épousé dans notre monde, il avait conservé son côté buté et jaloux pour un rien. On n’était pas ensemble pour rien. Si j’avais été a sa place nul doute qu’il aurait ramé pour redorer le blason d’une personne ayant participé à ce que Robin avait participé.

« Oh mon dieu Roland, il a vu Robin comme ça ? »

Je savais qu’après la disparition de Marianne et le retour de l’archer des joules du château de Nottingham il avait été en prise d’une longue période d’ivresse éternelle. Qu’est-ce que je pouvais être conne parfois ! M’insurgeais-je moi-même en repensant à cette partie de la vie de mon meilleur ami. Tuer ses démons dans l’alcool était un de ses vices. Un vice dont il avait eu bien du mal à se débarrasser et moi je le laissais replonger sereinement et en l’accompagnant en plus … Des choses qui arrivent, en mon sens s’était pire que cela mas était-elle au courant de cette sombre face de l’histoire de son mari ? Je n’en savais rien et dans le doute je préférais me taire j’en avais assez fait. Forte-heureusement, j’avais réussi à détourner involontairement son attention avec une simple phrase

« Qu’il vous aimait. Il m’a parlé de vous, de vos habitudes, de son histoire avec vous et des aventures que vous avait vécues. Rien que vous ne connaissez pas. Mais une chose est sur votre disparition l’a profondément affecté, il était très malheureux. Après je le laissais parler, j’évitais de trop approfondir le sujet pour ne pas le blesser. »

Souriant à sa remarque sur la forêt j’ajoutais :

« Je crois que la plus grande révolution de ce monde c’est bien l’eau courante et la douche. Vous ne trouvez pas ? »

Je ne m’en remettais pas de cette merveilleuse et étonnante invention où on pouvait faire tout un tas de chose. Non là fallait que je me recentre. Ce n’était pas le moment de penser aux pauses crapuleuses que j’avais passé avec Romain. Pour ce faire je buvais un peu du thé.

☾ anesidora

Je ne savais pas qui elle était exactement mais tout ce que je savais, c’est que je rêvais plus que tout de lui faire ravaler son sourire. Elle avait vraiment une tête à gifle et je ne l’aimais pas du tout. Pourtant, je ne la connaissais pratiquement pas. Mais c’était comme ça. Pendant que le thé infusait, j’écoutais ce qu’elle avait à me dire. Bon sang, pourquoi je lui avais proposé un thé ? Notre entrevue allait encore durée des heures. J’avais franchement hâte que toute cette mascarade se termine.

« Vous m’en voyez rassurée. Car je sais que l’alcool peut très rapidement devenir un problème. Je n’ai pas envie que Robin ou vous, tombiez dans cette spirale infernale. »

Je ne devais pas parler de moi, je le savais. Mais j’avais tellement envie de lui dire que je savais à quel point m’alcool pouvait faire des dégâts et briser une famille. Mon père adoptif était vraiment accro à la boisson. Ma mère ne disait rien et le laissait faire. Elle avait bien trop peur de s’en prendre une pour oser dire quoi que ce soit. Il buvait tellement que je me retrouvais dans l’obligation de le raser moi même. Quand il buvait, c’était une vraie loque et il ne se gênait pas pour me frapper et me dire des choses vraiment horribles. Je fis un sourire rassurant à Juliette.

« Non, il ne l’a pas vu heureusement. Mon fils a cette incroyable capacité de dormir comme une souche. Un cheval pourrait traverser sa chambre au grand galop, il ne l’entendrait pas. »

Et dire qu’elle avait eu un enfant avec Robin… J’en avais une sainte horreur de ces enfants. Pour moi, ce sont des êtres qui ne servent à rien. Mais de qui on est obligé de s’occuper. Dommage que nous ne soyons plus dans le monde des Contes, j’aurai pu le vendre pu le faire travailler aux champs afin que ce dernier se rende utile. Mais la vie n’était pas aussi simple. Le pire, c’est que Roland ne cessait de me coller et de me réclamer des câlins. Je devais les lui rendre en étant le plus sincère possible, chose qui n’était pas du tout évident pour moi. Mais je n’avais pas le choix, je devais jouer mon rôle jusqu’au bout. Bon sang, je méritais vraiment le prix de la meilleure comédienne. Une fois le thé infusé, je nous le servis.

« Oui, ma disparition n ‘a pas été facile ni pour lui ni pour Roland. Mais je sais qu’il n’aime pas trop en parler. Ce qui me rend triste, c’est qu’il a tendance à faire encore des cauchemars parfois. J’essaie de lui faire des tisanes à base de plantes, mais je n’ai pas l’impression que c’est très efficace. Je ne sais pas quoi lui donner pour qu’il retrouve un sommeil paisible. Je n’aime pas me sentir impuissante. »

Je lui rendais son sourire.

« Oh ça oui, je suis bien d’accord avec vous. C’est vraiment pratique de ne plus avoir besoin de faire des kilomètres pour aller chercher de l’eau et de devoir la chauffer. De ce côté-là, je ne suis pas déçue du tout. Le frigo aussi est une chose pratique je trouve. »

Je buvais une gorgé de thé à mon tour.

☾ anesidora

Marianne était rassurée que je lui apprenne que l’alcool et nous n’étaient plus d’actualité. Je la comprenais, pour une fois je comprenais une de ses réactions. Visiblement elle connaissait les fléaux que produisaient l’alcool sur les personnes qui y étaient accrocs. Tout d’un coup j’avais de la peine pour elle. Elle semblait tellement parfaite. Savoir qu’elle avait potentiellement souffert à cause d’une personne proche d’elle. Pourtant, une chose était étrange, elle tenait un tel discours mais elle avait laissé Robin tenir une caverne. Elle l’avait même aidé à la tenir. Je ne voulais pas faire dans les clichés mais les personnes qui occupait cette fonction étaient souvent sujette à ce genre d’addiction. Une fois de plus je gardais mes interrogations pour moi. Je la sentais sur la réserve et cela se comprenait nous ne nous connaissions pas. Il était naturel qu’elle soit légèrement distante. Sans compter que mon attention était déjà centrée sur Roland et l’inquiétude que je ressentais à l’idée qu’il ait pu assister au spectacle de son père ivre mort. Heureusement, ça n’avait pas été le cas. Laissant échapper un soupir, je buvais une gorgée de thé. Mon petit prince restait dans son innocence et c’était parfait, il avait déjà assisté à bien trop de violence pour son jeune âge.

La discussion dériva vers les propos que mon meilleur ami avait tenu à son égard. Lui racontant brièvement la teneur de ses derniers avec gentillesse, elle se contenta de me dire qu’elle comprenait qu’il n’en ait pas dit plus.

« Vous avez essayé les cataplasmes d’euphytose et de camomille ? Généralement ça marche assez bien pour apaiser le sommeil. Malheureusement, ce n’est pas son sommeil qu’il faut sauver c’est son esprit. Aucune tisane peut le faire, il doit faire la démarche et trouver la source de ses cauchemars pour la combattre. »

Une tâche des plus ardues, j’avais eu recours à la magie de mes mages pour m’apaiser et encore parfois j’étais prise de ses mêmes rêves qui me renvoyaient directement dans cette demeure maudite qui avait marqué ma vie et ma peau d’une manière indélébile.

Afin de parler de sujet plus léger je tentais de mettre en avant les bienfaits de ce nouveau monde. Buvant une autre gorgée, je lui souriais en hochant la tête quand elle parla du frigidaire :

« En effet, c’est plus simple que dans notre monde »

Même si en pratique je n’avais jamais eu besoin de me soucier de la fraicheur des éléments. Les gouteurs n’avaient pas été inventé pour rien.

« Je voulais vous demander, parfois j’allais chercher Roland à l’école, me permettez vous de continuer ? Bien entendue je vous demanderez la permission à chaque fois. »

☾ anesidora

Plus le temps passait, plus je me disais qu’il fallait que je coupe court à cette conversation. J’avais déjà faillit faire une grosse connerie en disant que je connaissais des personnes qui avaient eu des soucis avec l’alcool. Alors que je savais très bien que ce n’était pas du tout le cas de cette chère Marianne. Il fallait donc que je fasse sérieusement attention à ce que j’allais dire pour la suite. J’étais rassurée quand même de savoir qu’ils allaient arrêter leur connerie. Car j’étais très bien placée pour savoir que l’alcool fait des ravages. Romand n’avait rien vu et rien entendu et c’était tant mieux. Car sans montrer mes pouvoirs, je ne me serai pas sentie de gérer les deux. Alors c’était tant mieux.

Elle me donna ensuite des conseils sur ce qu’il pouvait marcher pour trouver le sommeil. Je m’y connaissais aussi bien qu’elle, mais je ne pouvais, bien sûr, rien lui dire sans évoquer des soupçons. Je la laissais donc faire et prenait une autre gorgée de thé tout en l’écoutant. Je secouais négativement la tête.

« Non, je dois bien avouer que je n’ai pas essayé ça. »

Je me levais et alla prendre de quoi écrire. Je prenais des notes de tout ce qu’elle venait de me dire comme une gentille petite femme model qui se respecte.

« Je vous remercie, je vais essayer dès ce soir. »

Je posais mon crayon et je pris ma tête dans mes mains. J’adorais jouer cette partie de comédie.

« Je ne sais pas quoi faire Juliette, il ne veut pas me parler et je ne comprends pas du tout pourquoi. Pourtant, tout va bien entre nous. Enfin, c’est l’impression que j’ai en tout cas… Est-ce qu’il vous a dit quelque chose à ce sujet ? »

Je la regardais avec des yeux remplit d’espoir. Je me trouvais quand même super douée en comédie pour le coup. Elle parla de Roland et comme toute maman qui se respecte, je faisais semblant de sourire.

« Oui bien sûr, pour autant que vous me prévenez, je ne vois aucun inconvénient à ce que vous alliez le chercher. »

Tant mieux si elle le faisait, ça me ferait une corvée en moins. Vivement que tout ceci se termine. Alors même si elle voulait faire des activités avec lui, je ne verrai aucun inconvénient à ce qu’elle fasse ce qu’elle veut.

« Mon fils me parle souvent de vous, il a l’air de bien vous aimez tous les deux. »


Elle avait très certainement dû jouer le rôle de la deuxième maman quand Marianne disparu. C’était franchement courageux de sa part. Les enfants ne sont pas du tout mon délire… Je n’ai aucun instinct maternel et quand je vois mon passif, je comprends pourquoi…

☾ anesidora

Je donnais quelques conseils à Marianne pour apaiser les nuits de mon meilleur ami, et je me promettais d’aller lui poser quelque question pour en savoir davantage sur ses démons nocturnes. C’était étrange, avant que Marianne ne revienne il m’avait dit qu’il était débarrassé de ses terreurs nocturnes, visiblement grâce à Regina. Naturellement, j’étais poussée à me demander si ce n’était pas cette dernière qui jouait avec son esprit, et je me ressaisissais. Regina était ce qu’elle était, mais elle aimait Robin, ça se voyait dans ses yeux. Elle n’avait pas hésité à venir le chercher et à réparer nos conneries pour nous éviter la cellule de dégrisement. Pendant une seconde je me demandais si Romain l’aurait laissé faire. Tiens c’était une question à lui poser. J’espérais que la réponse soit non, mais aurait-il eu le choix ? Marianne, me remercia pour mes précieux conseils, et je lui souriais en hochant la tête :

« De rien »

Elle rangea son papier et son stylo et je buvais une autre gorgée, le thé ici était vraiment fade, c’était déplorable, à mon prochain passage à Wonderland il fallait que j’en ramène avant de devenir vraiment dingue. Elle me parla du mutisme de Robin et je pinçais mes lèvres entres elles.

« Non, malheureusement, je n’ai pas eu tellement de temps avec Robin. Ma propre situation de couple m’a assez occupé. Hier c’était la première fois qu’on se voyait depuis deux semaines et notre règle avait été de ne pas parler de nos moitiés … Mais je pense que c’est le moment d’adaptation qui doit être compliquée »

Ou bien s’était qu’il ne l’aimait plus et qu’il était dingue de Regina. Sa rupture avec elle l’avait brisé. Elle l’avait réparé et dû la quitter pour obéir à ce que son honneur et un vieux serment lui dictait. Naturellement, je gardais ça pour moi. Je ne voulais pas mettre de l’huile sur une poêle certainement bouillante. Sans compter qu’elle n’était pas sotte elle avait déjà dû faire son petit diagnostic dans son esprit. Ce n’était pas bien compliqué à comprendre. Heureusement, il y avait Roland qui devait rehaussais la moyenne de l’accueil. Je finissais mon thé avant de sourire heureuse en entendant qu’elle me donnait son accord. Il fallait que je présente Roland à Romain. Oui enfin avant de faire ça fallait que je prépare bien le terrain :

« C’est vrai ? C’est un ange votre fils. Il m’a sauvé quand j’étais dans une sombre période. Je vous jure qu’avec moi il n’a rien à craindre. Merci de m’accorder le droit de continuer à m’en occuper un peu ! »

Je lui souriais une fois de plus avant de regarder l’heure sur l’horloge au-dessus du frigidaire.

« Je vais devoir vous laisser Marianne, je dois repartir travailler. Je suis heureuse d’avoir pu faire votre connaissance et merci pour votre hospitalité »

☾ anesidora

Je savais très bien que les notes que j’étais en train de prendre, iraient directement à la poubelle. Je m’y connaissais très bien dans ce genre de remède, mais Marianne non voir moins. Il fallait cependant que je sauve les apparences. Je ne devais pas faire n’importe quoi. J’avais déjà faillit tout faire capoter, je devais éviter de recommencer. Je reprenais une gorgée de thé. Bon sang, cette boisson était vraiment infect… Il n’y avait pas à dire, je préférai le vin. Mais j’avais constaté que les habitants de cette ville adoraient ça. Tiens, ça pourrait-être drôle d’utiliser cette boisson pour leur jouer un mauvais tour. Je mettais cette idée dans un coin de ma tête. Il allait falloir que je réfléchisse à ça plus en détail. Mais j’allais attendre que Walsh arrive pour pouvoir tout mettre en place. Je reposais ma tasse et lui adressa un sourire polit.

« Merci beaucoup, je vous tiendrai au courant si ça a fonctionné ou non. »

Il fallait vraiment que je sache ce que Robin lui disait sur moi. Il allait donc falloir que je fasse tout pour me rapprocher d’elle. Je suis certaine que cette dernière pourrait me faire des confidences intéressantes. C’était très facile d’obtenir des aveux. Ca pouvait fonctionner juste avec des plantes. Je pouvais donc le faire en toute discrétion, sans avoir besoin d’utiliser la magie.

« Ce n’est pas grave. Je me doute que pour votre mari, la situation ne doit pas être facile non plus. J’espère quand même qu’il se confie un peu à vous. Car même si ça me fait mal de savoir que vous savez des choses que je ne sais pas, je trouve important qu’il les dise à une personne en qui il a confiance. »

Je me gardais bien de lui dire que si Robin était sujet au cauchemar et aux terreurs nocturnes, j’en étais la seule responsable. J’adorais le torturer et jouer avec son esprit. C’était vraiment une chose drôle à faire qui pouvait mettre n’importe quel homme à terre. Il suffisait juste de trouver sa ou ses faiblesses. Non seulement je les avais trouvées, mais en plus, je m’en donnais vraiment à cœur joie.

« Oui c’est vrai, je sais très bien que vous êtes une personne bien en qui je peux avoir confiance, et Roland a l’air de beaucoup vous apprécier lui aussi. Je suis contente s’il a pu vous aider. Alors oui, vous pouvez le voir et passer du temps avec lui aussi souvent que vous le souhaitez. »

Je suivais son regard et cette dernière fixa l’horloge. Dieu merci, elle allait enfin partir… J’avais l’impression que ça faisait des heures qu’elle était là. Je me levais en gardant mon sourire.

« Oui je comprends, je n’ai pas vu l’heure passer non plus. Je vous remercie d’être venue et je vous dis à une prochaine fois. »

Je l’accompagnais jusqu’à la porte que je prenais ensuite le soin de refermer. Je fis ensuite apparaître un verre de vin dans ma main que je me dépêchais de descendre.

☾ anesidora