Elle avait cogné fort à sa porte. Longtemps et sans perdre patience jusqu’à ce que les gonds grince et elle voit la tête mal coiffé de Diaval. Vedran lui fit un bref sourire, la clope au bec. Entrant en prenant soin de bloquer la porte du pied et poussant de sa main pour assurer l’ouverture – une sale habitude. Elle s’imposa. « Fais ton sac, on part en Grèce. Le jet nous attends, t’as une heure. A huit heures zéro-zéro, je te préviens je t’embarque habillé ou en slip » avait-elle commencé en regardant sa montre et allumant sa cigarette. Une semaine qu’il ne l’avait pas vu. Elle était en déplacement en Europe, sur un terrain de fouille.

Elle n’avait rien ajouté de plus, non plus dans la voiture, pas forcément du matin et concentrée, un peu jet-laggée. Elle avait fait l’allée retour ou presque. Deux jours, un pour parler avec sa mère, l’autre pour aller chercher Diaval. Et enfin elle s’installa dans le jet privé et spacieux. Un hôtesse était venue leur servir des boissons alcoolisée ou soft alors que l’avion était dans le ciel et stable. Vedran était avachi dans son fauteuil, les pieds sur le sultan et jetais un dernier coup d’oeil aux papiers. « Un labyrinthe mec… On n’a trouvé un labyrinthe ! » lui annonçait-elle alors la couleur avec un sourire émerveillée aux lèvres.

« On sait pas encore… Mais j'ose espérer qu'il est de dédale. On doit trouver des preuves, étudier la pierre, l’agencement etc. Mais mieux vaut l’explorer et le piller avant que d’autre curieux n’arrivent. » et elle lui donnait alors les papiers et les quelques informations qu’elle avait, histoire qu’il se fasse une idée. C’était peut-être le célèbre labyrinthe du Minotaure mais ça elle le laissait deviner et ne voulait pas trop s’avancer. Elle ne voulait pas non plus trop se noyer d’espoir. La déception risquait d’être lourde. « J’espère que t’as un bon sens d’orientation. Pas le temps de monter une équipe on n'est que tout les deux. » souriait-elle toute excitée et impatiente, jetant un vague regard par le hublot.  

Il devait bien l'admettre, sa situation s'améliorait. Il était passé de vagabond à squatteur d'appartement. Diaval avait du mal à l'admettre, car il n'avait toujours pas retrouvé la moindre piste concernant sa maîtresse et l'ancien corbeau commençait à redouter que le magicien s'était moqué de lui avec sa promesse que Maléfique viendra dans ce monde. Dans ces conditions, il avait du mal à se réjouir de dormir sur un matelas confortable.

Il avait passé la nuit à tourner et retourner cette crainte. Sans doute que la fatigue avait fini par le rattraper puisqu'il fut réveillé en sursaut par une frappe aussi violente que répétitive contre la porte. Il lui fallut quelques secondes pour extraire son esprit des limbes. Il était où déjà ? Ah oui, chez ELLE. C'est avec une tête mal éveillée et mal coiffé qu'il ouvrit la porte. Il n'avait pas songé à se couvrir. Certains réflexes humains lui échappaient encore. Vedran était là, clope au bec, a lui parler de Grèce et de sac. Diaval s'était dégagé de la trajectoire et essaya d'être attentif en se passant une main dans les cheveux. Cela faisait une semaine que la demoiselle était absente. L'ancien corbeau avait pris ces aises dans l'appartement inoccupé. Il s'était vaguement dit que, peut-être qu'elle n'avait pas survécu à sa fouille en Europe. Mais non, elle était bien vivante et lui lança qu'ils partaient dans une heure.

"Ok, je me prépare." Lança-t-il avec un haussement d'épaule. Pas de bonjour ou de questions inutiles du genre 'tu étais où ?'. Diaval savait que le seul résultat serait de perdre de précieuses minutes. L'ancien corbeau se prépara sommairement après un rapide passage dans la salle de bain. Miracle, il ne provoqua aucune catastrophe avec le matériel moderne, même si le premier jet glacé de la douche le prenait toujours par surprise. Il enfila ensuite les vêtements plus tout jeune qu'il portait depuis son arrivée dans ce monde étrange, ce qui offrait un sacré contraste entre sa tenue en mauvais état et sa peau brillante de propreté avec ses cheveux mouillés servant de transition entre ces deux extrêmes.

Diaval se laissa trimbaler à la suite de la tornade blonde, après un certain temps dans la voiture, il osa briser le silence. "Y'a quoi en Grèce ?" Finit-il par demander. Aucune réponse et l'instant d'après ils étaient dans le jet privé. Là-dedans, l'attention de Diaval était reporter sur autre chose que leur destination. L'ancien corbeau contemplait la vue à travers le hublot, le regard empli de nostalgie. Il ne toucha même pas à sa boisson, préférant ne pas perdre une miette du décor. Voler était la chose qui lui manquait le plus. Admirer une vue similaire sans en éprouver les sensations avait une saveur douce-amère dans sa bouche. Il fallut le mot 'labyrinthe' pour le sortir de sa contemplation.

"Un labyrinthe ? Tu veux dire LE labyrinthe ?" S'exclama-t-il. "Il existe ici ?"

Les pensées du jeune homme s'emballèrent alors qu'il se saisit avec empressement des papiers tendus, en se mordant la lèvre. Serait-il possible qu'il ait enfin un coup de veine ? Ce n'était pas le labyrinthe en soi qui l'intéressait, mais un potentiel objet magique qui pourrait s'y trouver. Dans la version du labyrinthe de son monde d'origine, on racontait que le fil d'Ariane pouvait guider une personne perdue. Si ce fil existait ici, peut-être, pourra-t-il s'en servir pour retrouver sa maîtresse ? Il n'osait y croire. Il avait déjà été tant de fois déçu.

"Ouais ça va, ça serait mieux si j'avais encore mes... Bref, je me débrouille." Répondit-il en lisant et relisant les papiers à la recherche d'indice trahissant la présence de l'objet qu'il convoitait.