Dire qu'il y a deux jours, il avait demandé de l'aide à Charles concernant son petit problème d'ailes. Il y a deux jours, Diaval avait été désespéré au point de suivre les conseils de l'ancien féetaud. Aujourd'hui, l'ancien corbeau se retrouvait avec une jambe dans le plâtre et surtout, il avait retrouvé sa maîtresse, Maléfique. En un instant, tout avait changé. Depuis combien d'années Diaval avait-il attendu ce moment ? Mieux qu'attendu, espérer. Pourtant, ces retrouvailles s'étaient faites en demi-teintes. Il était à la fois plus soulagé et plus perdu qu'avant. C'était... Compliqué, voir impossible à expliquer. C'était trop humain comme problème, voilà pourquoi. En corbeau, il n'aurait jamais eu ce genre de sentiment contradictoire.

Comment oublier que pendant quelques instants, même si la transformation avait été douloureuse, il était redevenu lui-même ? Ce qui n'avait été qu'un souvenir de sensations lointaines était de nouveau frais dans sa mémoire. C'était rafraîchissant, et rendait son infirmité passagère d'autant plus douloureuse. Il se plaignait déjà de son corps humain, avec une jambe dans le plâtre, il avait doublement... Non... Triplement des raisons de s'en plaindre. Dès qu'une tâche nécessitait d'être debout ou de marcher, il était encore plus lent et maladroit que d'habitude.

Comme maintenant, ou se préparer un petit-déjeuner relevait du parcours du combattant. Diaval pestait à chaque pas. Surtout quand il oubliait qu'il ne devait surtout pas s'appuyer sur sa jambe blessée. Un mauvais réflexe qui lui coûtait cher. Stupide jambe. Stupide idée. Le voilà doublement ralenti alors qu'il devait être au mieux de sa forme.

On toqua à la porte de chambre d'hôtel. Diaval pesta, car ce bruit soudain l'avait fait renverser la tasse de café qu'il essayait de se servir. Atteindre la porte fut une corvée. Il balaya tous les obstacles sur le sol avec une de ces béquilles. Grosse erreur : ne pas regarder qui s'était avant d'ouvrir. En regardant Charles, il poussa un soupir. "Elle t'a encore foutu à la porte, c'est ça ?" Questionna-t-il. Avec tout ce qui lui était arrivé en un temps records, il avait complètement oublié les projets de Charles concernant des nouvelles tentatives stupides et certainement humiliante pour aider Diaval à retrouver son ancienne apparence.

De mauvaise grâce, il dégagea le passage pour le laisser entrer. Avec un soupir de soulagement, Diaval se laissa tomber dans le fauteuil. Son regard passa de Charles à sa propre jambe dans le plâtre. "Pas un seul commentaire !" Avertit-il en pointant du doigt l'ancien féetaud sur un ton lourd de menace. La dernière chose qu'il voulait, s'était d'expliquer comment il s'était cassé la jambe. Même les corbeaux avaient leur fierté.

Charles était devant la porte de la chambre que louait Diaval. Il toqua d’une main, dans l’autre il tenait un sac plastique avec le logo du sushi-bar dessus. Il passait voir son ami. Il lui avait demandé des conseils et un peu d’aide pour retrouver ses ailes. Charles avait senti qu’il devait sûrement avoir un peu le bourdon. Lui, il l’avait quand il avait su qu’il ne pouvait plus voler et malgré sa simplicité d’esprit, il avait sentit les ondes d’un jeune-homme brisé encore plein d’espoir qui le rongeait. Il s’inquiétait un peu et voulait juste prendre des nouvelles. Il savait que c’était pas facile et il avait promis de l’aider. Le soutient moral en faisait partie ; la nourriture faisait toujours du bien. Surtout à lui, vu qu’il doit pas bouffer grand-chose. Il voulait être gentil.

La porte grinça lorsqu’elle s’ouvrit. Le blond affichait un sourire rayonnant et sincère alors que son ami soupira. Charles perdit brusquement son sourire et le regardait comme un chien qui venait de se faire rejeter par son maitre alors qu’il voulait jouer. Il prit sur lui et tenta de retrouver son sourire confiant. Il ne se laisserait pas abattre. Diaval supposait que Zélie l’avait mis dehors. Il retrouva son air de chiot déçu. « Mais non putain ! J’suis venu partager un repas avec toi ! T’es pas chié. Si j’avais su, j’aurais tout garder pour moi et je t’aurais laissé pleurer dans ton coin car ton meilleur ami de toujours ne vient pas te voir. » balança Charles, presque hors de lui. C’était seulement une fée. Il l’avait agacé, fallait qu’il se décharge un peu de toutes cette nervosité électrique en lui. « Ah et je suis venu t’aider accessoirement aussi… » ajouta Charles tout d’un coup si calme et entra dans l’appartement, bousculant presque son ami. Il n’avait pas vu son plâtre.

Il entra dans l’appartement, Diaval se laissait déjà lourdement tomber dans le fauteuil et là Charles vit sa jambe. Il bloqua complètement dessus, stoppé dans son élan, à moitié assis dans le micro canapé. Diaval le devança avant que ses paroles ne passe le seuil de sa bouche. Il lui demandait de ne rien dire. Charles fut alors encore plus bloqué et plus que déçu. Il se laissa lourdement tombé dans le canapé, la frustration qui le brulait de l’intérieur. Il se retenait et se battait envers et contre tout pour ne rien dire, mais… Les yeux exorbités, prêt à exploser d’interrogation n’avait pas quitté le plâtre. « Mais comment !!!? » avait-il finit par éclaté. C’était trop dur. Il devait savoir. « Qu’est-ce que t’as foutu ?! ». Il soupira ensuite de soulagement, il avait dit ce qui le démangeait. Il posa enfin le sac de sushi sur la table basse. « Zélie m’a laissé repartir avec tout ceux que j’ai fais. Elle est gentille… » et surtout qu’elle ne pourrait jamais les vendre, autant qu’il les embarques et le temps qu’il serait occupé à les manger, il aurait moins le temps d’être dans ses pattes et aligner les conneries. « Vas y, sers toi. » lui désignait-il encore le sac plastique du doigt. « T’as un feutre ? J’peux te faire un dessin ? »