Je suis dans une pauvre chambre miteuse. Je me trouve dans un endroit appelé Granny’s, une vieille dame avec sa petite-fille, qui a le look d’une pin-up sortie tout droit des années 60 m’ont donné cette chambre. Bon, elle est propre, mais le lit n’est pas confortable, une latte est d’ailleurs cassée, la chambre donne même pas sur la rue principale et les rangements sont tout petits, j’ai du laisser les trois quarts de mes affaires dans ma voiture. Il faut que je me calme, j’ai vécu une grande partie de mon enfance sans toit, et je vais me plaindre parce que celui que j’ai actuellement ne me convient pas parfaitement ? Enfin, il est vrai que cette chambre, je la paye. Mais peu importe, nous sommes dans le Maine, il faut que je m’adapte. Je vais doucement prendre mes marques, puis je vais aller voir Emma, je stresse, je ne sais pas comment l’aborder… Cela va être un moment intense. Pour le moment, je dois me rendre en ville pour faire une prise de sang : j’ai couché durant des années avec un homme qui m’a trompé de tous les côtés, je ne suis pas à l’abri d’une MST, ce c*nnard serait bien le genre à ne pas se protéger en couchant avec ses grognasses tout droit sorties des rues de Brooklyn. J’ose espérer qu’il ne m’a rien refilé. Bon, après, je l’ai assassiné donc ce serait rendre monnaie de la pièce mais bon… Je dois quand-même aller à l’hôpital. Je m’habille donc, avec classe, car maintenant que je suis si riche et que cet argent est à moi, je peux enfin me permettre de dire que je peux m’offrir seule ce genre de vêtements. C’est sûrement l’une des plus grandes fiertés de mon mariage, et, c’est triste quand on y réfléchi bien… Je m’habille, me maquille, et sort finalement de la chambre. Mes talons claquant sur le plancher, qui grince en plus… Je me dirige vers la salle principale du Granny’s où quelques habitants prennent leur déjeuner, je commande un café à Ruby la remercie puis part en direction de l’hôpital.
J’entre dans l’hôpital qui a tout de ce qui est plus banal, il semble assez propre, après ce n’est pas les hôpitaux particuliers que j’ai l’habitude de fréquenter. Ici, cela semble être pour tout le monde pareil. C’est drôle comme la vie n’est pas la même en fonction de là où l’on habite, et pourtant dans le même pays, mais cela me choque pas plus que ça, j’ai « testé » les deux côtés de la santé : la pauvreté, et la richesse. Et je peux affirmer à ce jour que, dans notre beau pays, il ne faut pas être pauvre et malade… Je me dirige vers la standardiste, lui disant que j’ai pris rendez-vous pour 8h30, au nom d’Alexie Lilith Page. Elle me dirige alors dans une salle où une infirmière prend le relais. Je n’ai pas peur des seringues, j’ai déjà fait plusieurs prises de sang en tant qu’escort et je me suis même faite injectée du je n’ai aucune idée de ce que c’est pour me faire effacer le ride du lion, sans parler des vaccins. Enfin, ce n’est pas quelque-chose qui m’angoisse. La femme commence à me piquer, et me loupe une première fois. « Vous ne pouvez pas faire attention ! Ca va sûrement me faire un bleu. » Lui dis-je en me tenant le bras, qui me fait atrocement mal. JE lui redonne en lui lançant un regard noir, et la fille, toute tremblante, se loupe une deuxième fois. Je suis excédée. Je sers les dents en me tendant le bras et lui ordonne en hurlant : « Emmenez-moi vers votre supérieure ! Au prix où l’on vous paye ! Vous n’êtes même pas foutue de faire une prise de sang ! » La femme, qui pourtant a un certain âge m’emmène vers un bureau où il est écrit « Adonis Pandragon ». Bizarre comme nom. Elle toque à la porte, et me fait entrer. Je lui marche sur les pieds avec mon talon aiguille sans même me retourner. Je ressens un plaisir intense en faisant ça, sincèrement, ce genre d’action me rend heureuse, vraiment. Sans changer d’expression de visage, une expression un peu bitchy, je me dirige vers son bureau, et m’assoie sans même qu’elle me le propose. Elle va se souvenir de moi celle-là.
La ville était tombée entre nos mains. Regina allait être ivre de rage en revenant de sa petite escapade. Frollo était à sa place et j’avais fait mon grand comeback. Je n’étais plus obligée de jouer les gentilles petites anesthésistes et me coltiner des patients angoissés à l’idée de faire une sieste. Le pion qui me servait de directeur ne me servait plus à rien aussi je l’avais gracieusement remplacée tout en lui soufflant l’idée de passer la frontière de la ville et comme le pauvre mouton d’humain qu’il était, il avait obéi.
Le pauvre bougre avait perdu une fois de plus sa véritable identité et se retrouvait bloqué dans celle que le sort noir lui avait trouvé. Quand il était revenu à l’hôpital pour exercer sa fonction je lui avais rendu son cœur. Oui j’étais bon seigneur, je sais bien que je n’aurais jamais dû, mais qu’importe. Je lui avais rendu son cœur et par la suite je lui avais gentiment expliqué que son poste était désormais mien et qu’il était donc au chômage. Afin de limiter la crise de nerf et la cession apitoiement et tentative de me faire culpabiliser, j’avais inculqué dans son esprit une slave de sérénité et d’acceptation et l’affaire était pliée.
J’étais donc la directrice.
J’avais longtemps hésité à reprendre mon vrai nom ou à garder celui d’Adonis et j’avais choisi de le conserver encore un peu histoire de ne pas trop choquer mes salariés. Dans un même mouvement je les avais épargnés la vue de mes cornes. Sous cette apparence humaine, mais qui conservait mon véritable faciès. En cette début de journée très prometteuse, je sourirais en imaginant la tête de Regina quand elle verrait le résultat de son échec à garder sa ville. Une personne frappa à la porte et l’ouvra pour laisser entrer une jeune femme magnifique mais qui manquait cruellement de savoir vivre. Cette dernière s’asseyait comme si elle était chez elle et je la regardais avec un air méprisant :
« Je vous en prie asseyez-vous »
Lâchais-je avant de refermer la porte au nez de l’infirmière qui n’avait pas été capable de gérer son truc seule d’un geste de la main impérieux.
« Soyez rapide je n’ai pas que ça à faire, que vous arrive-t-il ? »