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Nouvelles têtes
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Le calendrier de l'avent
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Mais où était-il passé ? Cela faisait une bonne trentaine de minutes que je tournais en rond autour de ma maison pour tenter de retrouver mon imbécile de chat qui avait pris la poudre d'escampette. Qu'il soit dehors, en journée, ne me dérangeait pas. Mais je le connaissais suffisamment pour savoir que, si je ne le faisais pas rentrer avant d'aller me coucher, il viendrait gratter à mes volets, de préférence pile à l'instant où je me serais endormie. Et il était plus buté que moi, il continuerait jusqu'à ce que je lui ouvre... Or, le sommeil, j'en avais plutôt besoin en ce moment. Enfin, tout le monde en a besoin, mais étant donné qu'il me fuyait il m'était d'autant plus précieux. Et puis, c'était presque un impératif professionnel : comment inciter les clients à me faire confiance pour les rendre radieux si, moi, j'affichais des cernes et une peau terne ? Même le maquillage a ses limites. Perchée sur mes talons hauts, j'avais hâte de les enlever et de soulager mes voûtes plantaires par quelques petits massages. Ils faisaient partie de mes rituels du soir, comme l'application de lotions diverses et variées. Ces rituels m'aidaient toujours à me détendre et ils me préparaient, au moins un peu, à dormir. Plus d'une fois Jack s'était moqué gentiment de me voir passer autant de temps à prendre soin de moi... Jack. Je ne voulais surtout pas penser à lui !
_ Je te préviens Rufus, marmonnais-je en débouchant dans la rue principale. Je te balance une carafe d'eau si tu chasses Morphée.
C'était une menace sans fondement. Quand bien même ma frustration serait trompée en la mettant à exécution, ça n'empêcherait pas l'imbécile de recommencer un peu après ou, pire, de venir miauler sous ma fenêtre. J'avais beau être une femme forte, indépendante, et futée, je me faisais battre à plate couture par un chat. Ce constat m'arracha un soupir et me fit renoncer à tourner plus encore. S'il n'avait pas décidé de rentrer, je n'avais pas la moindre chance de l'y motiver. Je levais les yeux et eut la confirmation de ce que je redoutais : la lune était presque pleine. Voilà pourquoi il avait le diable au corps ! J'allais rentrer et me faire une infusion de tilleul lorsqu'une voix m'interpella. Un sourire habituel plaqué sur mon visage pour donner l'illusion que tout allait à la perfection, je pivotais pour voir qui venait de me parler. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je la reconnus. Les yeux grands ouverts, la surprise céda la place à un sourire plus grand encore, et plus franc.
_ Juliette ?
Je fis quelques pas, confirmant ce que je savais déjà.
_ Juliette ! Quel bonheur de te voir !!
J'avais envie de sauter dans ses bras mais je ne le fis pas immédiatement. Je ne voulais pas la brusquer. Et puis, il y avait si longtemps que je ne l'avais pas vue. Tant de choses avaient changé...
Surprise, c'était bien le maître mot ! Je n'en revenais pas de retrouver celle qui m'avait été une si précieuse amie, autrefois, dans ce qui semblait être une autre vie tant tout avait changé. Quand elle me serra contre elle, je fermais les yeux et savourait son parfum retrouvé. Je me fis souvent à mon nez, même si en général c'est pour mon travail. Ou pour la cuisine. Je suis incapable de suivre une recette ou d'en expliquer une. Je fais tout par instinct, choisissant herbes et épices au nez, en fonction de l'envie de l'instant. C'est un sens hautement sous estimé, l'odorat. Il est aussi le plus puissant moyen de replonger dans ses souvenirs. Elle pleurait, je n'étais pas loin d'en faire de même. Je me mis à rire pourtant, tant cet instant était joyeux.
_ Et moi donc... m'écriais-je, juste avant qu'elle ne revienne contre moi et que je l'accueille avec bonheur.
Je savais que ce n'était pas son genre et je pris donc la mesure de son émotion et la confiance qui nous unissait toujours, malgré les années. Puis je réalisais que la dernière personne à m'avoir prise dans ses bras, avant elle, c'était mon mari. Heureusement, elle prit le temps de se reprendre ce qui me ménagea quelques instants pour en faire autant. Je refusais de le laisser gâcher un instant de plus en pensant à lui ! Il ne le méritait sans doute pas... Elle maintenait le contact, je ne le brisais pas. Cette chaleur, je pouvais presque la percevoir passant de l'une à l'autre en un échange silencieux et bienfaisant. Peut-être n'était-ce pas qu'une illusion. Après tout, Juliette avait de la magie à revendre !
_ Toi aussi tu m'as manquée, avouai-je en toute sincérité. Je n'espérais plus te croiser et nous voilà réunies ! C'est le destin qui t'envoie !
Je réalisais avec un temps de retard que j'en disais un peu trop. Après tout, je venais de la retrouver, je n'allais certainement pas l'accabler avec mes soucis qui étaient, somme toute, bien peu importants en comparaison à d'autres. J'eus une pensée pour tous les réfugiés, menés ici à cause de la guerre, et je m'en voulus de m'appesantir ainsi sur mon sort. D'autant que ce n'était pas mon genre. C'est pourquoi, je pris sur moi de caler un sourire sur mon visage et de ne rien laisser paraître. Heureusement, le sujet se détourna de lui-même et je souris de plus belle.
_ Oui, je cherche mon idiot de chat qui a décidé de faire une petite sortie nocturne. En général, il ne sort qu'en journée, quand je suis occupée à l'institut et passe la soirée avec moi, mais aujourd'hui il a choisi de n'en faire qu'à sa tête.
Puis je décidais que ça n'importait pas et posais ma main sur la sienne, qui trônait toujours sur mon avant-bras.
_ Mais peu importe. Viens, je t'en prie, buvons un thé, ou autre chose ! Je veux profiter de toi encore un peu. Mon loft est juste là. Il n'a rien à voir avec ce que nous avons connu, mais il est cosy et j'aime à croire que je l'ai décoré avec soin !
Je ne voulais pas la contraindre, naturellement, mais je n'avais sincèrement pas envie de la quitter de sitôt. J'espérais qu'elle n'avait rien de mieux à faire.
L'émotion était palpable. Sans nos éducations, nous la montrerions certainement davantage, mais il n'est pas convenable de trop s'afficher en public. Mon père avait passé des années à me marteler cette vérité qui, je devais bien l'avouer à présent, n'était pas entièrement fausse. Il m'avait été utile de savoir cacher mes émotions lorsque mon imbécile de mari avait décidé de m'abandonner du jour au lendemain sans même me prévenir. Son idiot de chat avait tout fait pour maintenir l'illusion quelques temps puis avait disparu à son tour, me laissant dans une situation plus que précaire. Cette froideur qu'on m'imputait parfois, elle m'était le plus efficace des boucliers. Et le secret de mes pensées sa combinaison la plus solide...
_ Si tu me dérangeais, je te le dirais, nous nous connaissons suffisamment pour cela, indiquais-je tranquillement.
Juliette partit un instant dans ses pensées et je me doutais qu'elle utilisait sa magie, sans savoir pour quoi faire. Je savais ses capacités depuis toujours, elles ne m'avaient jamais gênée ni inquiétée. Ayant grandi dans un royaume où la magie est aussi naturelle que la lumière du soleil tombant sur les feuilles des arbres, cela me semblait évident. Ce n'était qu'une des pièces du puzzle que constituait mon amie. Quelques instants plus tard, je vis mon chat arriver. J'eus un sourire amusé.
_ Oui, c'est bien lui, confirmai-je doucement. Il adore me faire tourner en bourrique...
Elle m'expliqua qu'il n'était pas parti loin et je m'empressais de le saisir avant qu'il ne se sauve à nouveau. Nous entrâmes dans mon petit domaine et je relâchais l'animal sitôt la porte refermée. Il grimpa les escaliers plus rapidement que nous. Une fois arrivées en haut, Juliette reprit la parole, me coupant l'herbe sous le pied. Mais je pouvais comprendre qu'elle se pose cette question.
_ Assieds-toi, l'invitais-je, polie comme toujours. Que veux-tu boire ? Du thé ou quelque chose de plus fort ?
Un sourire, complice et je me dirigeais déjà vers mon placard à alcool.
_ Si nous abordons ce sujet, j'aurais besoin d'un verre ou deux personnellement...
Je revins avec le nécessaire et pris place à ses côtés, trinquant avant de commencer. La gorgée de whisky me fit du bien, elle me réchauffa la gorge agréablement.
_ Nous avons été pris dans la malédiction en effet... J'ai tout oublié : qui j'étais, où j'étais née, le place qui était la mienne, avant. Et, aussi, j'ai oublié Jack.
Cette fois-ci, j'avalais plusieurs gorgées. Je mourrais d'envie de lui demander où était Romain mais je ne voulais pas mettre les pieds dans le plat.
J'eus un sourire amusé quand elle confirma que nous n'allions pas nous contenter de thé. J'avais déjà la main sur la bouteille de whisky et je nous servis sans attendre, d'autant plus que se profilait le sujet épineux de mon cher époux... Je trinquais brièvement et bus sans attendre, me servant à nouveau, avec l'intuition que ça me serait rapidement utile... Je ne suis pas du genre à lever le coude souvent et encore moins en société. Je n'aime pas laisser aux gens la possibilité de voir ce qu'ils pouvaient prendre pour une faiblesse. Mais là, c'était différent, il s'agissait d'une amie. Je n'avais pas besoin de mes faux-semblants, même si je n'étais jamais totalement capable de baisser le masque, tant il était imprimé sur moi, par les années de pratique. Néanmoins, peu de personnes en voyaient autant de moi, c'était une preuve de confiance que je témoigne avec parcimonie. Le moins que l'on puisse dire c'est que soit Juliette avait une complète confiance en moi en retour, soit elle avait un grand besoin de parler. Sans doute était-ce un peu des deux. En tous les cas, elle parla et me lança sa réalité d'une façon tellement abrupte que je me figeais un long moment, pour encaisser ce qu'elle venait de me dire. Je n'avais pas encore intégré sa séparation forcée d'avec Roméo qu'elle m'acheva en poursuivant sur sa lancée. Elle partit ensuite dans une autre direction, mais j'étais incapable de la suivre. Je me figurais un instant le visage familier et rieur de Rosaline, consciente que j'avais délibérément tenter de ne pas penser à ceux que la malédiction avaient éloignés. Vingt-huit années, autant dire que tout avait changé... Sauf nous. Cherchant quelque chose à faire de mes mains, je la servis à nouveau et ajoutais une dosa dans mon propre verre. Puis je revins à moi.
_ Je suis tellement désolée pour toi Juliette, dis-je, sincère.
D'un coup, je me sentais beaucoup moins à plaindre, malgré la trahison de Jack et tout ce qui en avait suivi. La maternité était un sujet très douloureux pour moi aussi, mais je ne m'attardais pas sur mes sentiments, ce n'était pas l'instant.
_ Tu l'as retrouvé ? Romain ?
Sinon, j'étais prête à chausser mes baskets et à arpenter la ville en long en large et en travers s'il le fallait.
_ Est-ce qu'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour toi ? Tu as un hébergement ? Un moyen de transport ? Je connais pas mal de monde en ville, je peux peut-être t'être utile ?
Ca aussi, c'était sincère. Elle ne méritait pas ce qui lui arrivait et elle avait déjà enduré bien trop de choses avant cela.
Juliette se reprit après m'avoir lancé les choses un peu brutalement et elle s'en excusa même. Je plaquais un sourire courtois sur mon visage et posais ma main libre par dessus la sienne, pour l'assurer que ce n'était rien. Même s'il était vrai qu'elle avait été plutôt... Abrupte. Néanmoins, la nouvelle avait-elle était moins violente quand elle l'avait prise en plein visage ?
_ La vie n'est pas délicate et je ne le suis plus depuis longtemps, lançais-je pour détendre un peu l’atmosphère.
Elle me répondit qu'elle n'avait pas encore trouvé Romain et je pinçais les lèvres, refusant de trop exprimer ma compassion pour ne pas passer pour de la pitié.
_ Je suis certaine que tu vas le retrouver et je ne dis pas ça à la légère. Cette ville est très particulière, la magie est partout et elle va t'accompagner dans tes recherches. Il faut juste garder un petit peu d'espoir...
Elle eut la réaction que j'attendais quand je parlais des voitures. J'eus un rire léger que j'aurais voulu qu'elle partage.
_ C'est étrange, je te l'accorde, mais c'est bien pratique pour ceux qui, comme moi, n'ont pas de magie pour se déplacer et pas l'envie de se salir en empruntant les chemins de traverse.
J'aurais presque pu ajouter que j'étais aussi un brin flemmarde, mais ce n'était pas très utile. Elle m'indiqua que Robin lui avait proposé de rejoindre les Merry-Men dans les bois.
_ Sache que si tu le souhaites, tu as aussi un lit bien douillet ici, si les feuilles, la terre et les feux de camps t'attirent moins que lui naturellement...
C'était de l'humour encore, mais également une invitation sincère. A elle de voir ce qui lui convenait le mieux. Puis le sujet changea radicalement et ma posture aussi. Après un temps de latence, durant lequel je restais parfaitement figée, mon visage se crispa et je ne tentais même pas de faire bonne figure. Elle me connaissait trop bien pour que mes masques polis fonctionnent et puis, de toute façon, elle en savait suffisamment sur Jack pour se douter que mon silence tenait davantage du mauvais présage que de la bonne surprise... Un autre verre avalé, d'un trait, une profonde inspiration et il me fallut bien lui répondre.
_ Tu sais que Jack avait disparu pendant notre mariage et que je lui avais sauvé la mise en le récupérant dans un état lamentable avant qu'il ne soit pendu pour piraterie.
J'avais essayé d'adopter un ton détaché mais le résultat était mitigé.
_ Eh bien, j'avais oublié tout cela avec la malédiction. J'ai ouvert mon salon, pris mon envol et tout allait pour le mieux. Ensuite, j'ai croisé cet homme. Il était doté d'un charme fou, attentionné, drôle et je l'ai fait mariné pour qu'il me fasse une cour assidue.
J'avais le sourire d'un bonheur passé, lorsque les souvenirs prennent le pas sur le présent, juste le temps qu'on les ravive.
_ J'ai fini par céder et je suis tombée amoureuse de lui. J'étais heureuse comme rarement... Puis la malédiction a été levée et je me suis souvenu de tout.
Soupirant, je me tus. C'était délicat pour moi de parler de cette blessure récente.