J’écoutais cette rousse inconnue discuter avec moi sans aucune gêne. Je n’avais jamais réellement eu d’amies durant mon existence. Les seules femmes qui m’adressaient la parole, étaient celles qui avaient quelque chose à me demander. Un contact, de l’argent ou une faveur. J’avais horreur de ça. Pour moi, le concept même de l’amitié était totalement flou. Mon meilleur ami avait été mon mari et je savais que je ne le reverrais jamais. Je poussais un immense soupire en fermant les yeux et en imaginant l’homme de Zelena. J’avais un petit sourire en coin qui se dessinait malgré moi. Mon esprit se tournait vers Victor durant quelques secondes. Il avait les cheveux bruns et les yeux bleus.  Ce n’était pas le moment de penser à lui.

- Oh oui je vois bien le genre. Tu en as de la chance.

Je rigolais et je lui faisais un superbe sourire avant de reprendre une gorgée de notre café « corsé ». Je répondais ensuite à ses questions en étant totalement détendue. J’étais de meilleure humeur plus la conversation allait en avançant et c’était une bonne chose.

- Dommage pour les hommes. Il vaut mieux être seule que mal accompagnée et les coups d’un soir ça va un moment, mais ensuite je trouve cela lassant. J’ai réussi à trouver un superbe appartement au rez-de-chaussé d’un immeuble. Je crois que c’est le plus moderne de la ville. Personne ne semblait vouloir le louer étrangement et pourtant il est vachement grand. J’ai rapidement compris pourquoi … Le locataire du dessus est un vrai démon. Il écoute de la musique, il gueule et il baise comme un malade. Tu devrais entendre sa petite amie. Je suis presque jalouse, je voudrais prendre mon pieds comme ça moi aussi.

J’éclatais d’un beau rire en reprenant une gorgée de café avant de continuer.

- Étonnamment ça ne me dérange pas plus que ça qu’il fasse du tapage. J’ai un sommeil de plomb et je travaille beaucoup donc ça me distrait en quelque sorte. Où vis-tu? Une femme comme toi doit avoir un pied-à-terre bien charmant. Tu as bon goût, on le voit à ta coiffure et tes vêtements. Tu es méticuleuse et réfléchie. Une façade fascinante et classique.

Je savais m’y reconnaître, ce genre de femme, j’en avais côtoyer des centaines. Ce n’était pas un reproche, j’étais comme ça moi aussi. Je continuais de lui sourire.

- Ce n’est pas un reproche, nous sommes de la même catégorie. Des grandes femmes ambitieuses avec une grande classe. Nous sommes le genre de femmes qui aiment le pouvoir et un statut particulier différent des autres. C’est là que réside notre plus grande force.

Très franchement, je ne pensai pas que parler avec une autre femme me ferait autant de bien. Je n’étais pas du tout le genre à avoir des amies. Pour tout dire, je n’avais confiance en personne. Il m’avait fallu du temps pour faire confiance à Hades. Mais je ne sais pas, avec Wendy, s’était naturel et pourtant, je la connaissais à peine. Mais pouvoir lui parler de mes peines de cœur aussi ouvertement, ça me soulageait et pour le moment, je n’avais pas encore prit la peine de donner son nom. Je n’en voyais pas l’utilité de toute façon.

« Oui, je ne vais pas dire le contraire. A ce niveau là, j’ai vraiment de la chance. Mais pour le reste…. »

Je soupirais et je buvais une gorgée de mon café amélioré. Bon sang, c’était vraiment meilleur comme ça et l’alcool qui s’y trouvait avait aussi son petit côté réconfortant. Je ne pouvais pas boire devant Hades, alors autant en profiter quand je n’étais pas avec lui.

J’écoutais avec attention ce qu’elle me disait et puis, je commençais à comprendre qu’elle était la locataire d’Hades ! Des immeubles modernes, il n’y en avait pas trois tonnes. Je ne devais rien laisser paraître. Mais quand elle parlait de la fille qui criait et qui prenait son pied, je manquais de m’étouffer avec ma gorgée de café.

« Eh bien… Je suis ravie si tu arrives quand même à te reposer et si tu trouves ton appartement agréable malgré ton voisinage bruyant. » Je reprenais une autre gorgée. « Eh bien, quand je ne suis pas chez lui, je suis dans ma maison qui se trouve un peu en dehors de la ville au milieu de la forêt. C’est très calme et personne n’habite autour. »

Je lui faisais un joli sourire.

« Oh mais rassure toi, je ne l’ai pas mal pris bien au contraire. Tu as entièrement raison. J’ai opté pour ce petit chalet car je ne voulais pas prendre quelque chose de trop tape à l’œil pour plus de discrétion. Alors si un jour tu as besoin d’être au calme, sache que tu es la bienvenue. Je possède deux chambres et oui, avant que tu poses la question, j’ai l’électricité et tout le confort nécessaire. J’ai même une magnifique baignoire. »

J’avais quand même besoin d’un certain confort en ce qui me concernait. Cette femme m’avait parfaitement bien cerné.

Quelque chose semblait avoir choqué la femme en face moi. Je remarquais son léger malaise alors que je mentionnais les bruits de plaisir charnel de la femme. Était-elle mal à l’aise? Elle me semblait pourtant être le genre de femme ouverte d’esprit. Je le prenais en note dans un coin de mon esprit et je l’écoutais ensuite avec attention. J’avais visé juste concernant son domicile. Elle vivait un peu à l’extérieur de la ville. Je buvais mon café en mémorisant les informations. Les choses se déroulaient drôlement bien finalement. Victor allait être content des informations que j’avais obtenue lorsque je le verrais.

- Une maison en dehors de la ville. Quelle chance tu as tout de même. La grandeur du lieu n’indique en rien la grandeur et la qualité d’une personne si tu veux mon humble avis. Je préfère nettement les gens qui assument qui ils sont que ceux qui se cachent derrière un masque de bienséance totalement inutile.

Je la gratifiais de mon plus beau sourire et je continuais de boire mon café. J’arrivais malheureusement au fond de ma tasse et Ruby s’empressait de me le remplir avant même que je ne le lui demande. Je lui lançais un sourire forcé.

- Ce sera le dernier. Merci beaucoup.

Mon ton de voix en disait long sur la façon peu poli qu’avait eu la jeune femme de me servir. J’avais horreur de ça. Je me ramenais mon attention sur Zelena qui avait vu sa tasse se faire remplir de la même façon.

- Dit moi qu’il te reste encore de ton petit extra sinon je crains que mon estomac ne tolère pas ce goudron infect qu’ils osent appelé café.

Je rigolais un peu avant de prendre la flasque de Zelena en souriant et je remplissais subtilement mon café avant de la lui rendre. Elle allait sans aucun doute faire la même chose. Je reprenais une gorgée de mon café. J’avais clairement surestimé la dose d’alcool sur ce coup là.

- Je serais heureuse de te rendre visite pour un petit repas entre filles. J’adore les vins et fromages. On pourrait se faire une petite soirée toutes les deux. Avec un minimum de chance, je pourrais te raconter une histoire bien croustillante. Je dormirais chez toi pour éviter de prendre mon véhicule. Je suis peu habitué encore aux rues et prendre le volant après avoir pris un verre est irresponsable.

Je sortais un petit calepin et je lui inscrivais mon numéro de portable avec ma plus belle écriture du dimanche.

- Voilà. Avant que je n’oublie de te laisser mes coordonnées. Disons que mon café est plutôt corsé, si tu vois ce que je veux dire.

Je rigolais un peu disant ma phrase. J’avais obtenu ce que je voulais savoir pour ce soir alors autant m’amuser un peu.

Je n’avais pas pu m’empêcher de me sentir mal par rapport à ce que disait Wendy sur les bruits que faisait la fille qui s’envoyer en l’air avec son voisin. Je n’aimais pas me faire surprendre et ne pas pouvoir contrôler a situation. Il fallait que je me reprenne. Je ne voulais pas qu’elle sache qu’il s’agissait de ma personne. Nous parlions ensuite de ma maison et je devais bien avouer que j’aimais bien habiter loin de la ville. Ca m’évitait justement, d’avoir des voisins. Personne ne pouvait entendre ou voir ce que je faisais et j’avais pris le soin de protéger ma maison pour éloigner les curieux.

« Oui, je suis tout à fait d’accord avec toi. Ceci dit, les personnes qui se cachent doivent très certainement ressentir un certain mal être, tu ne penses pas ? En ce qui me concerne, j’assume tout à fait de vivre dans un petit chalet en bois perdu au milieu de la forêt. Je m’y sens vraiment bien. Personne ne vient m’importuner et je peux faire tout ce que je veux. »

Je venais de terminer mon ‘’café’’ et j’étais incroyablement soulagée. Mais j’avais parlé trop vite, car Ruby venait rapidement remplir nos tasses pour un deuxième tour. Oh mon Dieu, je ne savais pas si mon estomac allait survivre… Je lui jetais un regard qui disait tu n’as pas intérêt à me resservir après ça. Mais sur ce coup, Wendy avait été plus polie que moi.

« Oh oui, et heureusement je te dirais. Tiens. »

Je lui tendais la flasque et je la laissais se servir. Quand elle me la tendait, j’en faisais autant et en vue de ce qu’il restait, je vidais le reste du contenu dans ma tasse. Je lui faisais ensuite un sourire poli.

« Eh bien, je dois bien avouer que je n’ai jamais fait ça de ma vie, mais comme on dit, il y a un début à tout. C’est une excellente idée. J’ai du très bon vin et j’adore le fromage. Tu as une envie particulière pour le repas ? Oui sans problème, j’ai une chambre d’ami. Tu as raison de jouer la prudence. »

Je prenais le billet qu’elle me tendait et je le mettais dans ma poche. Elle s’était invitée chez moi sans la moindre difficulté. Il fallait quand même que je me montre prudente. Je riais à sa dernière phrase.

« Oui, je vois tout à fait ce que tu veux dire. Après cette tasse, je vais devoir te laisser, j’ai deux trois choses à faire et il faut quand même que je rentre. »

Dans les faits, j’ignorais que Zelena était la fameuse femme qui hurlait son plaisir régulièrement chez mon voisin du dessus et au plus profond de moi, je m’en fichais bien. J’avais bien d’autres préoccupations plus importantes que les orgasmes sonores et bestiaux de ces derniers. Cependant, j’étais bien loin de douter que l’un des hommes que je détestais le plus était en fait ce fameux voisin du dessus. C’était de la faute d’Hades si je m’étais retrouver dans le monde « normal » et non pas à Londonia comme j’aurais été supposé l’être. Je prenais une gorgée de café corsé en réfléchissant au plat que nous pourrions faire ensemble pour cette fameuse soirée entre filles.

- Hum je crois que nous pourrions faire une excellente bolognese ensemble tout en dégustant nos petits fromage et notre vin. Des pâtes seraient également exquises. Ça n’a rien à voir au goût avec les immondes pâtes sèches et bon marché que l’on retrouve au supermarché local.

Elle devait partir après son café. Je ne pouvais que la comprendre. Elle avait bien d’autres chats à fouettés que de passer une nombre incalculable d’heures avec une femme qu’elle ne connaissait que depuis quelques minutes. Je lui faisais un beau sourire en la regardant dans les yeux.

- Je comprends, ne t’en fais pas pour ça. Au moins, on pourra se revoir pour organiser ce petit moment entre femmes. Les hommes sont plutôt superflus dans une cuisine de toute façon.

Je m’étais toujours fait un point d’honneur d’engager des femmes dans ma grande maison de Londonia. Sans doute pour éviter que mon mari ne se tape les trois quart du personnel à la moindre occasion mais quand même, je voulais offrir aux femmes le moyen de s’évader et de faire valoir leurs compétences. Je payais grassement les femmes de chambre ainsi que celles de cuisine pour qu’elles se sentent valoriser. Ma réputation n’était plus à faire dans ce domaine. Je payais bien avec de belles conditions de travail mais, j’étais excessivement punitive et sévère dans mes demandes. Je regardais ma montre en écarquillant les yeux. Il était vraiment plus tard que je ne l’aurais penser. Finalement discuter des hommes et de nos milles et uns bobos personnels étaient plus prenant que je ne l’aurais cru.

- Sacre bleu! Je n’avais pas vu qu’il était si tard. J’ai également des choses à préparer surtout pour le travail.

Je terminais ma tasse d’une traite avant de me lever en prenant mon manteau. Je payais Ruby en laissant un pourboire léger et je tendais la main à Zelena.

- Ravie de t’avoir rencontrer Zelena et je t’appelle vers la fin de la semaine pour l’on organise cette soirée qu’en dis-tu? Je te souhaite une agréable fin de soirée.

J’allais sortir lorsque je me retournais pour lui dire quelque chose.

- Oh et Zelena. Profite pour moi de cet homme veux-tu? L’amour est une belle chose lorsqu’elle est réciproque.

Je sortais en mettant le capuchon sur ma tête. J’avais réussi à la mettre en confiance en un tour de main. Seigneur que les gens étaient facilement manipulable dans cette ville.