Il était une fois une douce princesse qui répondait au nom de Catalina. Cette belle blondinette était aussi belle et gracieuse que sa mère, mais, elle n’avait pas encore sa sagesse. Elle n’était qu’une enfant et sa naïveté était grande. De plus, elle avait beau être une enfant des plus sages, il lui arrivait d’avoir besoin de se dégourdir les jambes loin des mondanités.

N’écoutant pas ses parents qui lui avaient demandé cent fois de ne pas partir seule à cheval, la jeune fille avait pris son plus fidèle destrier, Etincelle. Elle aimait cette jument comme la prunelle de ses yeux. Aussi, était-elle sa plus proche amie. C’était qu’en tant que princesse, il n’était pas toujours facile de se faire des amis parmi ses sujets. Bien que tous l’adoraient, elle restait leur future souveraine. De plus, elle n’avait ni de frère ou de sœur, ce qui lui donnait le sentiment d’être bien seule parfois. Du coup, l’équitation était son échappatoire. Elle aimait par-dessus toute la liberté que lui prodiguait cette discipline. Alors forcément, avec trois gardes à ses côtés ce n’était pas du tout pareille. Et puis, elle n’avait pas l’impression de devoir se comporter telle une personne de haut rang lorsqu’elle montait Etincelle. Elle n’était qu’une enfant qui passait un moment de complicité avec son cheval.

C’est donc en fin d’après-midi que la douce Catalina se décida de prendre la poudre d’escampette pour aller faire une petite promenade. Elle s’était habillée simplement, en tenue d’équitation. Elle prépara le cheval et fit promettre au fils de l’écuyer de ne rien dire. Rapidement, elle s’était sortie du château pour se diriger vers la forêt enchantée. Ce qu’elle aimait le plus c’était la vitesse d’Etincelle, le vent faisait alors voler ses cheveux, elle se sentait plus que jamais vivante. Elle profita de sa petite balade un petit moment, jusqu’à ce qu’elle perçût quelques fatigues de la part de son fidèle destrier.

Après tant d’émotions, la princesse décida qu’il était tant de faire une petite pause pour que Etincelle puisse reprendre des forces. Elle connaissait un endroit où l’eau était fraiche et le cadre reposant, c’est donc là-bas qu’elle se dirigea.

Une fois arrivée, elle mit pied à terre et avança avec les rênes dans les mains pour montrer à Etincelle la source fraiche. La jument sembla ravie et put se désaltérer. Catalina elle, se contenta de la gourde qu’elle avait emporté avec elle. Elle caressait l’encolure de son animal, profitant de ce moment de paix.

Soudain, elle entendit du bruit derrière elle. Inquiète, elle se retourna, prête à monter en quatrième vitesse Etincelle pour déguerpir.

« Qui va là ? » demanda-t-elle d’une voix qui se voulait sûre d’elle.

Quinze ans. D’aucun dirait que c’est le plus bel âge, mais pour Regina, c’était compliqué. Sa mère était de plus en plus exigeante avec elle. Elle devait toujours être parfaitement coiffée et apprêtée, toujours bien effectuer ses révérences devant les personnes de haut rang, bien apprendre la musique au lieu de toujours vouloir monter à cheval, et surtout monter en amazone et non pas comme un homme. Mais la jeune fille ne comprenait pas pourquoi elle avait autant d’interdits, pourquoi elle ne pouvait pas avoir des amis de son âge, pourquoi sa mère était aussi stricte avec elle. Certes elle était une princesse de par l’ascendance de son père, Henry, mais cela ne l’empêchait pas d’avoir une vie normale pour le moment, non ? Mais Cora en avait décidé autrement, et il fallait qu’elle soit rentrée pour l’heure du thé. Allant vers les écuries, la jeune fille s’entendait encore dire « une jeune fille bien née doit prendre le thé ». Elle secoua la tête en roulant des yeux, avant de tomber sur son père. Si Regina craignait sa mère, bien qu’elle l’aimait aussi, elle adorait son père. Elle sentait qu’elle avait beaucoup de points communs avec lui, qu’il l’aimait pour qui elle était, et d’ailleurs, le roi Henry était toujours prêt à soutenir sa fille dans toutes ses entreprises. Lui, il était fier d’elle quand il la voyait heureuse d’apprendre des choses à son étalon ou de sauter des barrières avec lui. Mais Cora avait cela en horreur, qualifiant cette conduite indigne de sa fille.

Encore une fois, son père l’avait couverte, tant qu’elle rentrait pour l’heure du thé afin d’éviter de se faire disputer, Regina avait le droit d’aller galoper dans la forêt. C’est avec un sourire non dissimulé qu’elle retrouva Daniel aux écuries. Ce palefrenier était à leur service depuis quelques années maintenant, et Regina l’avait toujours trouvé particulièrement gentil, doux et beau. A présent, elle n’avait aucun doute, elle était amoureuse de lui. Mais comment le lui dire, comment le lui faire comprendre ? Ce n’était certainement pas à sa mère qu’elle pourrait demander des conseils en matière de sentiments amoureux. Cette fois encore, elle se contenta de le remercier d’avoir sellé Rocinante et de lui avoir fait la courte échelle pour qu’elle puisse mettre le pied à l’étrier.

- Merci Daniel. J’aurais pu utiliser un escabeau, lui dit-elle avec un grand sourire.

Daniel lui sourit de plus belle, assurant qu’il préférait ne pas prendre le risque, ce qui fit rire Regina.
C’est les pensées tournées vers son beau palefrenier que la demoiselle traversait la forêt environnante, se délectant des rayons du soleil, du chant des oiseaux et de l’ombre apportée par le feuillage des arbres. Rocinante avait besoin lui aussi de se changer les idées, et elle le laissa galoper à sa guise, profitant de ce sentiment de liberté que lui procurait le vent dans ses cheveux, l’air fouettant son visage et l’envol des oiseaux sur leur passage.
Mais il était temps de prendre une pause bien méritée. Après avoir ralenti la cadence avant de repasser au pas, la brunette tendit l’oreille à la recherche d’un point d’eau. Elle savait qu’il y avait une petite cascade dans les environs. Elle ne mit pas longtemps à la trouver et entendit le hennissement d’un autre cheval. Rocinante répondit aussitôt, ce qui fit sourire la cavalière.

- Bien, allons voir si tu peux te faire un ami.

Elle pied à terre et prit la bride, avançant tranquillement vers le son jusqu’au moment où elle entendit une voix féminine. Surprise, elle s’arrêta net avant de constater la présence d’une jeune fille d’environ son âge, une jolie blondinette.

- Oh, pardon, je ne voulais pas te faire peur. Je m’appelle Regina, et voici Rocinante. Nous habitons de l’autre côté, dit-elle en désignant la direction dans son dos. Et toi, comment tu t’appelles ?

La blondinette était aux anges. Bien sûre, elle savait qu’elle avait désobéi et qu’elle se ferait sûrement taper sur les doigts si elle se faisait prendre, mais ça valait le coup. La belle avait donc pu galoper à sa guise et après une bonne balade, la jeune femme avait du s’arrêter pour reposer un peu Etincelle. Elle trouva par hasard une petite cascade qui permettrait à la jument de se désaltérer et descendit pour terminer à pied.

Elle fit donc une petite pause, laissant son cheval trouver son bonheur tandis qu’elle buvait une gorgée de sa gourde. Soudain, elle entendit des bruits et se redressa, sommant de se montrer. Quel ne fut pas son soulagement lorsqu’elle remarqua que ce n’était qu’une jeune fille… Elle laissa échapper un soupir de soulagement. C’était une jeune fille qui était brunette avec des grands yeux marron, elle devait avoir un peu près le même âge qu’elle. Elle aussi avait un cheval à ses côtés, sûrement voulait-il aussi aller près de la source d’eau.

La jeune femme s’excusa de lui avoir faire peur ce qui amusa Cat. C’était pas sa faute si elle était aussi peureuse. En même temps, elle ne connaissait pas grand-chose au monde extérieur et si elle écoutait ses parents, elle n’avait pas le droit de mettre le nez dehors pour des raisons de sécurité. Quelle triste vie ! Heureusement, elle était plus maligne que ça. La brunette se présenta sous le nom de Régina et présenta son destrier également.

« Ce n’est pas grave… C’est juste que j’ai été surprise d’entendre quelqu’un, je me croyais seule. » dit-elle avec petit sourire timide.

La belle se détendit enfin et laissa un peu de place pour que Régina et son cheval puisse accéder à la source. Elle remit une mèche derrière de ses cheveux derrière son oreille. A force de galoper, sa coiffure n’avait pas tenue le choc et sa longue tresse laissait échapper quelques cheveux rebelles.

« Je m’appelle Catalina. » dit-elle en lui offrant un beau sourire. Elle n’allait pas dire qu’elle était une princesse, pas tout de suite. C’était que parfois, les gens changeaient d’attitude lorsqu’on comprenait qu’elle était de sang royal.  

« Et je te présente Etincelle. » ajouta-t-elle en montrant d’un signe de tête sa jument. Elle caressa alors la tête de son fidèle destrier, observant la jeune fille qui se nommait Régina. Elle n’avait pas eu l’occasion de jouer avec des enfants de son âge, ni de parler avec eux. Elle était fille unique et ses sujets n’avaient pas d’enfant encore… Parfois elle se sentait d’ailleurs bien seule.

« Tu viens souvent par ici du coup ? C’est la première fois que je viens aussi loin… C’est très jolie.» avoua-t-elle avec un petit sourire.  

La jeune Regina était bien loin de s’imaginer qu’elle ferait une rencontre. Son but, en faisait cette petite promenade, était simplement de se changer les idées, de profiter d’un moment de complicité avec son étalon, de se sentir libre en sentant le vent s’engouffrer dans ses cheveux tressés et fouetter son visage avec douceur. Elle voulait aussi profiter de la quiétude de ce petit coin de verdure orné d’une cascade pour réfléchir à Daniel, ce qu’elle lui dirait, à la viabilité d’une telle relation si, par chance, lui aussi partageait les sentiments qu’elle nourrissait à son encontre.
Alors qu’elle avait mis pied à terre et tenait la bride de Rocinante qui voulait brouter un peu d’herbe fraîche après une si belle cavalcade, l’adolescente fut enchantée de découvrir la présence d’une jeune cavalière de son âge. Incroyable. Les présentations vite achevées, la discussion commença. Le sourire de la brunette ne désemplissait pas.

- Pour tout te dire, moi aussi. J’ai l’habitude de me trouver seule, et je dois dire que j’avais perdu l’espoir de la perspective d’un peu de compagnie. C’est très agréable de t’avoir trouvée. Enchantée Catalina et Etincelle.

Elle lâcha les rênes de Rocinante qui s’approcha de la source d’eau pour s’y désaltérer.

- J’y viens de temps en temps oui, à vrai dire quand je le peux. Je n’ai pas toujours le droit de sortir, surtout seule, mais quand ma mère est trop occupée pour s’en rendre compte et que mon père me couvre, je le fais. J’habite de ce côté, dit-elle en désignant la direction dans son dos. J’imagine que tu viens de l’autre côté ? Je n’ai jamais été plus loin qu’ici.

La curiosité était de mise, il fallait dire que l’occasion de discuter avec une jeune fille de son âge était bien trop rare, alors autant en profiter. Catalina déclara que c’était la première fois qu’elle venait aussi loin.

- Tu as mis combien de temps pour arriver ? Nous avons galopé une bonne vingtaine de minutes, mais avant nous étions au pas, le temps de s’éloigner calmement. Je pense qu’on a mis trois quart d’heure pour arriver ici. C’est mon père qui m’avait montré cet endroit. Il sait que c’est sécuritaire, c’est pour ça que j’ai le droit de venir seule. Mais j’ai pour consigne de ne pas partir plus de trois heures au total.

Soudain, il lui vint une idée et le sourire illumina le sourire de Regina.

- J’ai une idée, si tu veux, on peut faire de cet endroit une sorte de rendez-vous, si tu apprécies le lieux et notre présence bien sûr.

Elle avait tellement envie d’avoir une amie de son âge, quelqu’un avec qui partager un peu ses petits bonheurs, et puis Catalina semblait elle aussi aimer son cheval, c’était déjà un point commun intéressant.

Le destin avait pour une fois bien fait les choses. Cette fois, Catalina n’avait plus une once de culpabilité de s’être enfuit en cachette pour faire cette balade. Elle rencontrait enfin quelqu’un qui ne connaissait pas son titre et qui lui parlait normalement, encore plus une personne de son âge. C’était vraiment inespérée pour Catalina. La princesse eut alors un sourire rayonnant lors que Régina lui annonça qu’elle était contente d’être tombée sur elle. Cette jeune fille aussi semblait en recherche de compagnie humaine, tout comme elle. Car oui, elle avait Etincelle avec elle et n’était pas seule… mais la conversation n’était très intellectuelle.

« Enchantée. » répéta-t-elle à son tour en lui offrant toujours un doux sourire. « Moi aussi j’ai l’habitude de me trouver seule. » avoua-t-elle simplement en caressant la tête de son destrier avec tendresse. Elle lui demanda alors si elle venait souvent ici, dans l’espoir de pouvoir la revoir si le destin l’aidait un peu. Il était rare que Cat croise la route d’une enfant comme elle et qu’elle puisse parler avec…

Le cheval de Régina s’avança alors vers la source d’eau pour boire quelques gorgés et la belle brunette répondit à sa question.

« Oui en effet je viens de ce côté… je ne me suis jamais aventurée aussi loin, mais je suis contente de l’avoir faite, ça m’a permis de faire ta rencontre. » dit-elle en rougissant légèrement. « Je suis comme toi, je n’ai pas le droit de sortir et je sors en cachette. D’ailleurs j’espère que mes parents n’ont toujours pas remarqué mon absence. » ajouta-t-elle en tournant la tête derrière elle pour voir si elle entendait du bruit.

La jeune fille lui expliqua alors qu’elle était venue en cheval et que cela lui avait mis un peu près trois quart d’heure. Catalina marqua un temps pour regarder les ombres que le soleil faisait sur les arbres.

« Je pense que j’ai mis environ une heure pour arriver ici. » dit-elle pensive. « Un endroit sécuritaire ? » répéta-t-elle. Son père lui avait toujours dit qu’il n’y avait aucun endroit en sécurité à part son château.

Soudain la jeune femme eut un immense sourire et se tourna vers Catalina pour lui proposer son idée. Les yeux de la blondinette s’illuminèrent d’une étincelle nouvelle. Un rendez-vous ? avec elle ?! C’était tellement inespéré comme proposition.

« C’est une excellente idée ! J’aimerai beaucoup qu’on apprenne à mieux se connaître et surtout que l’on se revoit. » dit-elle avec un grand sourire, s’avançant vers Régina et lui prenant les mains en sautillant légèrement.

Soudain, le bidon de Cat commença à faire un drôle de bruit et la princesse piqua un far. Elle avait faim après tant d’exercices physiques. Et puis il était l’heure du goûter ! Heureusement, la jeune femme avait prévu le coup, elle se tourna vers sa besace et en sorti un petit gâteau au yaourt. Elle adorait faire de la patisserie.

« Tu en veux un bout ? C’est moi qui l’ait fait avec mère. » affirma-t-elle, plutôt fière d’elle.

Le sourire ne désemplissait pas sur le visage de Regina. C’était pour ainsi dire la première fois qu’elle rencontrait une personne de son âge, hormis Daniel peut-être, qui était sensiblement plus âgé, mais c’était différent puisqu’il travaillait pour ses parents. Catalina avait l’air d’avoir beaucoup de points communs avec elle, à commencer par l’affection qu’elle avait pour son cheval, cela se voyait dans ses gestes. Visiblement, elle non plus n’avait pas trop le droit de sortir et de s’éloigner, sans doute que ses parents la couvaient beaucoup également. Elle était sûrement aussi une jeune fille de bonne famille, à n’en pas douter à la vue de la qualité de sa tenue et la beauté de son cheval.

- Oh, c’est risqué de s’absenter sans prévenir personne, j’espère que tu ne te feras pas gronder ou punir en rentrant.

Regina avait encore en tête les colères que piquait sa terrible mère lorsqu’elle avait le malheur de désobéir et de se faire prendre… Il était difficile de cacher quoi que ce soit à Cora, avec l’étendue de ses pouvoirs… Catalina expliqua avoir mis une heure à arriver. Environ le même temps, un peu plus, qu’elle et Rocinante. La brunette se mit en tête de chercher sur une carte quelle pouvait être la ville d’origine de sa nouvelle amie, aussitôt rentrée.

- Oui, mon père a voyagé un peu et c’est lui qui m’a indiqué cette sorte d’oasis, on y est allés ensemble il y a quelques temps. Cet endroit est protégé par une sorte d’enchantement à ce qu’il m’a dit et aucune arme ne peut y entrer.

A son grand bonheur, la jolie blonde était d’accord pour qu’elles fassent plus ample connaissance et se revoient. Quelle joie d’avoir quelqu’un avec qui partager des choses. Tout sourire, Regina s’assit sur un tronc d’arbre couché, jetant un œil à son étalon qui faisait connaissance avec Etincelle, ce qui lui tira un sourire.

- Tu as l’air d’être une bonne cavalière aussi. Est-ce que tu as appris des tours à ta jument ?

Catalina sortit un morceau de gâteau de son sac et Regina eut un grand sourire en entendant sa nouvelle amie lui en proposer un morceau.

- Avec plaisir, surtout si c’est toi qui l’as fait. Merci beaucoup.

Elle était gourmande, un défaut que sa mère ne cessait de lui reprocher.

- Tu as de la chance de faire des choses avec ta mère. Ce n’est pas la mienne qui accepterait de faire de la pâtisserie avec moi. Elle n’aime pas beaucoup que je fasse du cheval non plus, d’ailleurs, ajouta-t-elle avec une petite moue.

Cora était sévère avec elle, c’était un fait. Peut-être que Catalina avait la chance d’avoir une maman un peu plus compréhensive et moins exigeante.

- Alors, parle-moi de toi. Qu’est-ce que tu aimes faire, en plus du cheval et des gâteaux ? Au fait, c’est délicieux !

C’était bien la première fois que Catalina se sentait aussi bien. Bien sûre, elle aurait pu faire une mauvaise rencontre dans ces bois, mais la providence avait fait qu’elle tombe sur Régina. Les deux jeunes femmes avaient tout de suite sympathisé ce qui ravissait la princesse. A voir le sourire des deux petites, on ne pouvait nier que la bonne humeur était présente. Cat avoua alors qu’elle n’avait pas vraiment le droit de sortir seule.

« Et bien… D’habitude je ne m’aventure pas très loin et je peux faire confiance à… » faillit ajouter nourrisse, mais elle préféra se reprendre. Elle aurait pu le dire directement à Régina qui elle était... Mais la belle avait besoin de se sentir simplement en tant que Cat et non en tant que la Princesse Catalina de Royaume bleu.« … une amie pour me couvrir une petite heure. Même si elle me réprimande gentiment quand elle me voit rentrer les cheveux en bataille. » déclara-t-elle en riant légèrement. Elle eut une pensée pour ses parents alors. Aucun des deux n’avaient jamais haussé la voix sur elle… Ils préféraient jouer sur la culpabilité. Cela t’apprendra que les conséquences de tes actes en tant que princesse auront toujours une influence sur ton peuple, lui répète-t-on souvent. Régina parla ensuite de son père, qui apparemment était un voyageur. De famille plutôt aisé à en voir les vêtements de la belle. Et puis, tout le monde ne peut pas avoir de monture dans les environs.

« Protégé par un enchantement ? » répéta Catalina, apparemment emballée de parler de magie. La petite adorée la magie et affectionnait particulièrement les visites de sa marraine la fée qui lui montrait quelques tours de passe-passe. « C’est rassurant, cela veut dire que nous sommes en sécurité ici. » ajouta la princesse avec un petit sourire.

La suite ne fit qu’agrandir le sourire de Catalina alors que Régina lui proposait de devenir son amie et de se retrouver le plus souvent possible ici.  Elles allèrent s’asseoir côte à côte sur un tronc couché alors que la brunette lui demandait si elle avait appris des tours à sa jument. Elle secoua la tête négativement.

« Et toi ? » demanda-t-elle curieuse de voir. Si elle posait cette question, c’était qu’il y avait anguille sous roche n’est-ce pas ?!

Après ceci, Catalina se rappela qu’elle avait fait un gâteau et qu’elle pouvait le partager avec sa nouvelle amie si cette dernière en voulait. C’était un gâteau au yaourt, tout simple, mais très moelleux. Elle croqua dans un bout pour lui montrer qu’il n’y avait aucun danger. On ne savait jamais sur qui on pouvait tomber après tout.

« Ah bon tu ne fais rien avec ta mère ? » demanda-t-elle surprise. « Peut-être qu’il vous faut trouver un centre d’intérêt commun. » ajouta la blondinette en lui faisant un sourire réconfortant. « Et tu sais, à mon avis, aucune mère n’aime que sa fille fasse du cheval. » plaisanta Catalina. Après tout, c’était trop dangereux à leurs yeux et pourtant… C’était tellement agréable ! On se sentait enfin libre… Tout du moins, c’était ainsi que le vivait Catalina. Son amie la questionna alors sur ce qu’elle aimait faire ce qui l’amusa beaucoup. Elle fit mine de réfléchir. Elle aimait tellement de choses en réalité.

« Et bien… J’ai beaucoup faire de la musique aussi. » avoua-t-elle. « Je joue du piano… J’aime… Me balader dans les champs pour cueillir des fleurs et.. j’aime manger ce que je cuisine. » ajouta-t-elle dans un rire discret mais communicatif. « Et toi ? A part le cheval ? » demanda-t-elle, curieuse d’en apprendre un peu plus sur sa nouvelle amie.

Mais déjà l’heure tournait. Catalina savait qu’elle devait rentrer pour éviter que tous les gardes du château ne soient réquisitionnés pour partir à sa recherche. Seulement, la jeune fille avait tellement envie de continuer à discuter avec Régina que cela lui fendait le cœur. Après avoir discuté de leurs intérêts, la blondinette soupira.

« Je dois y aller… Sinon mon père…. Mon père va se faire un sang d’encre. » lui dit-elle en esquissant un petit sourire triste. Elle s’avança donc vers son fidèle destrier qui c’était bien reposé depuis qu’elle était arrivée et monta sur son dos. Elle regarda alors Régina avec un sourire.

« Je suis contente d’avoir fait ta connaissance Régina… » lui avoua-t-elle. Elle hésita quelques secondes, ne voulant pas imposer sa présence à la jeune fille. « Du coup, on se voit demain ? Même heure, même endroit ? Enfin si cela te va toujours… » demanda-t-elle un peu penaude.

C’était que Catalina n’avait pas du tout confiance en elle et elle n’avait pas d’amis alors forcément… Mais étonnement, elle avait ce pré-sentiment, cette drôle de sensation que quelque chose venait de naître entre elles. Un lien qui se solidifierait avec le temps. Lorsque sa nouvelle amie lui annonça qu’elles se voyaient demain, le sourire de la blondinette s’élargit de plus belle. Elle lui répondit donc à demain et partit au trot retourner chez elle.

Quelle joie que d’apprendre à connaître cette charmante blondinette de son âge qui s’avérait fort sympathique. Déjà un point commun dans l’amour de leurs montures respectives, car ce n’était pas tous les cavaliers qui aimaient les chevaux et les respectaient. Regina était avide d’en apprendre plus sur sa nouvelle amie, pour une fois que sa mère n’était pas là à la sermonner que la curiosité est un vilain défaut… Catalina expliqua qu’elle bénéficiait pour ses sorties de la protection d’une personne dont elle préféra taire le nom. La brunette hocha la tête en souriant.

- Mon père fait pareil quand mes cheveux sont défaits.

Elle sembla rassurée d’apprendre que ce petit coin de verdure paradisiaque était protégé. Enfin, seules les armes ne pouvaient y entrer, les personnes, elles, bien intentionnées ou non, le pouvaient. Mais Regina ne voulait pas inquiéter sa nouvelle amie. Elle eut un petit rire enjoué quand Catalina lui demanda si elle avait appris des tours à son cheval. Elle se leva et s’approcha de l’étalon.

- Rocinante, recule.

Elle lui fit un geste de la main et le cheval recula de quelques pas. Il était très difficile de faire faire une marche arrière à un cheval, c'était un des exercices de dressages les plus compliqués.

- Rocinante, debout !

Un autre geste, le cheval se cabra avec aisance et grâce.
Encore un autre et il lui tendit son antérieur, tel un chien. La jeune fille le gratifia d’un sucre avant de retourner joyeusement vers son amie qui partageait avec elle son gâteau délicieux.

- Oh tu sais, c’est très difficile de trouver des intérêts communs avec ma mère… J’en ai plus avec mon père.

Elle ne put qu’acquiescer, il était vrai qu’une mère de bonne famille ne voyait jamais d’un très bon œil que sa fille fasse du cheval… surtout à califourchon.
Voulant en savoir plus sur la blondinette, Regina lui demanda ce qu’elle aimait faire. C’était intéressant.

- J’aime aussi la musique mais je ne suis pas très douée, alors j’écoute mon père jouer du piano. J’aime bien chanter avec lui aussi. J’aime apprendre des tours à Rocinante avec Daniel, que j’aime beaucoup aussi…

Regina se sentit rougir à ces mots. C’était la première fois qu’elle le disait à voix haute à quelqu’un.

- Daniel est notre palefrenier. Il m’a beaucoup aidée à m’améliorer en équitation. Il connaît si bien les chevaux.

Catalina semblait, elle aussi, être très proche de son père, elle ne voulait pas l’inquiéter et l’adolescente trouva cela touchant. Elle ne pouvait que comprendre son état d’esprit. Elle non plus n’aimait pas inquiéter son père.

- Oui, je comprends. Rentrons, cela vaut mieux. Je ne dois pas être en retard pour le thé. Ma mère y tient.

A son tour elle se leva, époussetant sa tenue, et hocha la tête avec un grand sourire.

- Oui, avec plaisir, demain, même heure. Merci Catalina. A demain !

Elle alla récupérer les rênes de son cheval, rajusta la sangle de la selle et fit un dernier signe de la main à sa nouvelle amie et sa monture avant, à son tour, de quitter les lieux. Un bon petit galop jusqu’à la maison, où elle retrouva Daniel aux écuries.