Si les travaux pour réparer les dégâts causés en ville causés par le coup d’état de Frollo – et qui n’avaient pas été pris en charge par aucun des deux maires qui s’étaient alors succédés -, avaient bien avancé et étaient quasiment terminés, une météo désastreuse venait mettre à mal les efforts et le travail des ouvriers. La pluie tombait en trombes causant des inondations sans pareil, et il fallut alors aussitôt organiser avec les forces de l’ordre la sécurité de la ville. Ce fut donc avec une pile de dossiers et de devis à étudier de nouveau que Regina commença sa journée, après avoir déposé elle-même ses enfants à l’école et déposé de quoi manger à Richard qui préférait toujours vivre loin de ses parents, ayant tout de même accepté le chalet de son père parmi ceux des Joyeux compagnons en lisière de forêt. Au moins, peut-être ferait-il confiance à son parrain Petit-Jean. La maire de Storybrooke n’eut cependant pas le temps de s’éterniser sur les pensées tournées vers ses jumeaux, elle avait du pain sur la planche et en avait délégué autant que possible à Wendy, sa nouvelle secrétaire depuis deux mois et quelques, et qui savait se montrer fort efficace. La journée avançait sans que la sorcière ne voit le temps passer tant elle était concentrée. Elle était parfois interrompue par un appel téléphonique filtré par Wendy et qui donc ralentissait ce qu’elle était en train de faire, mais il fallait bien de temps en temps gérer soi-même le stress des gens. Elle leur avait promis protection et paix, et voilà que le déluge s’abattait. Cette pensée la fit soupirer. Le téléphone en provenance de l’accueil sonna à nouveau.
- Oui Wendy ?
La rouquine expliqua qu’une personne voulait la voir, elle disait que c’était important et qu’elle s’appelait Clochette. Regina ouvrit de grands yeux en sentant comme un pincement au coeur.
- Faites-la venir. Et Wendy ? Je ne suis plus disponible pour personne.
Aussitôt, elle se leva et se précipita vers la porte à la rencontre de la fée verte qu’elle n’avait plus vue depuis des années. Lorsqu’elle ouvrit la porte, elle venait d’arriver accompagnée de Wendy. Regina laissa entrée Clochette avant de faire un signe de tête à sa secrétaire et de refermer la porte vitrée.
- Clochette… souffla-t-elle, n'en croyant pas ses yeux. Bonjour, je… je ne m’attendais pas à te revoir un jour, encore moins ici. Viens t’asseoir, je t’en prie.
Elle lui désigna l’élégant canapé qui trônait face à une petite cheminée. La maire de la ville s’approcha.
- Je peux te proposer quelque chose à boire ?
Regina restait un peu sur la réserve, ne sachant pas trop sur quel pied danser.
La voilà dans la rue principale de la ville. Par où commencer ? Regina. Où était-elle actuellement ? Aucune idée. Clochette prit le temps d’observer ce qui l’entourait. La ville était encore dans un triste état malgré toutes ces semaines passées depuis le coup d’état de Frollo et son départ pour New York. De voir autant de dégâts provoqués par la colère et l’envie de vengeance de ses anciens alliés lui retournèrent le cœur. La jeune fée se sentait si coupable de la situation actuelle de Storybrooke, cela lui donnait aussi une plus grande motivation pour aller voir l’ancienne raison de sa souffrance.
En remontant Main-Street, elle passa devant des groupes d’habitants affairés aux travaux de reconstruction. Ils ne faisaient pas attention à cette nouvelle venue, ils avaient suffisamment de problèmes à régler, en plus la maire Mills ne se montrait plus en ville et restait enfermée dans son bureau. Ils auraient voulu savoir si elle allait réussir à gérer tous les dossiers en cours.
« Donc Regina est de nouveau maire, bonne nouvelle ! se disait Clochette. Maintenant, je sais où aller pour la trouver. Direction la mairie ! »
Une fois arrivée sur place, la fée verte se présenta à celle qui semblait être l’assistante de Regina, une certaine Wendy Darling. Ce nom fit tilt dans la mémoire de Clochette mais elle n’y prêta pas attention car pour le moment elle était venue pour une seule mission : demander pardon.
« Je souhaiterais voir madame le maire, s’il vous plait, je m’appelle Clochette et le sujet qui m'amène ici est assez important. »
La rouquine appella donc le bureau de sa patronne. Clochette attendit avec une pointe de stress. Elle se remémora tous les points qu’elle devait dire à Regina pour éviter d’en oublier et d’avoir des regrets par la suite. Quelques instants plus tard, la dénommée Wendy lui demanda de la suivre et l’accompagna devant une porte vitrée qui s’ouvrit au même moment avec dans l’encadrement une belle femme habillée de noir, avec une coupe au carré et un visage empreint de sérénité malgré des cernes dues sûrement à une grande fatigue.
Clochette resta muette à l’apparition de Regina. La personne en face d’elle n’avait plus rien à voir avec celle qu’elle était dans ses souvenirs. Elle l’invita à rentrer dans son bureau avec une politesse qui confirma à Clochette que la méchante reine de son passé n’était plus là. Elle s’installa tranquillement sur l’élégant canapé du bureau et refusa gentiment le verre proposé par la maire. Par où commencer ? Clochette réfléchit quelques secondes puis se lança.
« Bonjour Regina, moi non plus je ne pensais pas te revoir un jour. Pourtant, je suis là devant toi. Je te remercie de me recevoir malgré le passé compliqué que nous avons en commun. Je serai brève et je repartirai loin d’ici après t’avoir dit la raison de ma visite. Voilà un jeton que j’ai reçu juste avant de venir à Storybrooke. 12 mois que je n’ai pas touché une goutte d’alcool d'où mon refus pour le verre que tu m'as proposé. Ce n’est pas évident tous les jours. J’en suis également à l’étape 8 du programme des alcooliques anonymes. Demander pardon à ceux qu’on a blessé. Voilà pourquoi je suis là devant toi aujourd'hui. »
Sous le regard étonné de la sorcière, Clochette lui montra un petit jeton à dominance verte entouré d’un liseré doré et avec un chiffre au centre : le 12. La fée verte reprit son souffle et poursuivit son discours.
« Je te demande pardon parce que je me suis mêlée de ta vie amoureuse contre ta volonté au Royaume Enchanté malgré tes nombreux refus. Je te demande pardon d’avoir voulu me venger de toi quand j’ai perdu mes pouvoirs pour avoir désobéi à la Fée Bleue. Je te demande pardon d’avoir participé au coup d’état contre toi avec le juge Frollo et ses sbires. Je te demande pardon de t’avoir forcé par cette prise de pouvoir à quitter ton domicile et ta vie ici. Tu n’es pas obligé de me pardonner, mais pour moi il était important que je te dise tout cela. Maintenant que c’est fait, je ne te dérange pas plus longtemps et je vais m’en aller. Je vais passer la nuit dans une chambre de chez Granny et je repars pour New York demain matin aux premières heures. Je suis heureuse de savoir que tu as fini par trouver le Grand Amour. Adieu Regina. »
Joignant les gestes à la parole, Clochette se leva et se dirigea vers la sortie du bureau sans se retourner et sans voir l’expression sur le visage de Regina.
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
De toutes les choses incroyables et invraisemblables qu’elle avait vues ou encore qu’elle aurait pu penser lui arriver, jamais Regina n’aurait imaginé qu’une visite de la fée Clochette serait sur la liste. Et pourtant, la fée verte était belle et bien là, face à elle. Une ancienne connaissance, une connaissance passée, d’une autre vie, d’un temps révolu. Si l’ancienne méchante reine faisait tout pour oublier ce sinistre passé, force était de constater que le Destin se chargeait toujours d’en mettre un élément sur sa route. La maire de Storybrooke redoutait un peu ce que la charmante blondinette aurait à lui dire, car elles s’étaient quittées en mauvais terme. La jeune reine de l’époque avait violemment congédié la fée, lui mentant délibérément. Ces souvenirs revinrent dans la mémoire de la brune tandis qu’elle écoutait son interlocutrice débuter son soliloque une fois installée.
Ce qu’elle apprit sur elle l’étonna. Déjà, elle n’avait aucune idée que la fée verte s’était retrouvée elle aussi à Storybrooke. Avait-elle été emportée par le Sort Noir ? Pourtant, au cours des vingt-huit longues années de malédiction, madame le maire ne l’avait jamais croisée. Etait-elle venue avec le chapelier par après, suite à la levée de la malédiction ? Si tel était le cas, Clochette s’était montrée fort discrète, même lorsqu’à l’époque, Gina avait organisé une réunion avec ces personnes fraîchement débarquées du monde des contes pour leur donner quelques tuyaux sur la vie dans le monde sans magie et surtout les avertir de la discrétion à tenir vis-à-vis des personnes n’appartenant pas à leur monde.
Mais Regina n’eut pas le loisir de s’interroger plus longtemps sur le pourquoi du comment de l’arrivée de Clochette à Storybrooke, car d’autres informations suivirent. Elle lui montra un jeton et expliqua son parcours. La maire tombait des nues. Clochette était devenue alcoolique ? La reine était bouche bée. Et voilà que la fée lui présentait des excuses. Alors qu’elle commençait, Regina hochait la tête. Elle avait décrété, depuis la reprise de la ville à Hadès, qu’elle prônait le pardon envers ses ennemis, alors comment pourrait-elle le refuser à Clochette ? Cependant, son visage se figea lorsqu’elle entendit la jeune fée avouer qu’elle avait pris part au coup d’état de Frollo. Comment une fée, bienveillante de surcroît, avait-elle pu prendre le parti d’un être pareil, aussi fourbe que le Mal lui-même pouvait l’être ?
Tout alla si vite, la belle brune n’eut pas le temps d’en placer une que déjà la fée verte se levait pour se diriger vers la porte.
- Attends une minute ! Clochette !
Aussitôt, la maire se leva à sa suite et courut pour se placer devant elle à la porte, afin de lui barrer le passage.
- S’il te plaît… Est-ce qu’on peut discuter un peu ? Je t’en prie… Moi aussi j’ai des excuses à te présenter.
C’était assez difficile pour elle de l’admettre, plus encore après avoir appris sa participation au coup d’état, mais encore une fois, quel genre de dirigeante serait-elle si elle ne s’en tenait pas à ce qu’elle avait promis et si elle ne donnait pas l’exemple ? Clochette avait été largement en droit d’être en colère après Regina, et cette dernière en avait conscience. L’ancienne méchante reine prit alors les mains de la fée.
- Reviens t’asseoir avec moi et… accepte au moins un verre d’eau.
Ça lui faisait bizarre de recevoir de la visite avec de l’eau, mais après tous les efforts que la fée avait dû faire pour atteindre l’année entière de sobriété, il ne fallait pas mettre tout cela à mal. Elle lui lâcha les mains dans l’espoir qu’elle retourne s’asseoir, et alla pour sa part servir deux verres d’eau contenue dans une carafe en verre. Elle les apporta au salon et en tendit un à son ancienne amie.
- Je te dois des excuses, comme je te l’ai dit. Je t’ai menti, je ne suis pas entrée dans la taverne quand tu m’y avais conduite avec la poudre de fée. Et je sais maintenant que j’aurais dû t’écouter, peut-être que bien des choses auraient été différentes. Mais j’ai été lâche, j’avais peur et je le regrette. Je t’ai menti et ai eu des propos très durs envers toi alors que tu ne le méritais pas, alors je te présente toutes mes excuses. Tu es une bonne fée, Clochette, tu as voulu m’aider et j’ai été ingrate avec toi. J’accepte tes excuses également.
Elle se rassit sur le canapé et prit une gorgée d’eau avant de reprendre.
- Je veux également que tu saches que tu es la bienvenue à Storybrooke, tu peux y rester aussi longtemps que tu le souhaites. Et si tu as besoin d’aide ou de quoi que ce soit, j’aimerais beaucoup que tu m’en fasses pas, je suis résolue à t’aider autant que je le pourrai.
La brune replaça une mèche de cheveux derrière son oreille et se décida à laisser libre cours à sa curiosité.
- Pardonne ma curiosité, tu n’es pas obligée de me répondre si tu ne le veux pas, mais comment es-tu arrivée à Storybrooke ? Avais-tu été prise dans le Sort Noir ?
A peine Clochette eut-elle parcouru la moitié du chemin vers la porte que la maire vint se placer entre elle et la sortie du bureau. Que lui voulait-elle ? La fée verte ne pensait pas que la conversation allait durer plus longtemps. Elle ne venait pas pour faire perdre son temps à Regina. Elle voulait juste avancer à son rythme sur le chemin de la sobriété.
L’ancienne méchante reine voulait quand même parler avec elle malgré tout le travail en cours. Elle lui devait des excuses aussi. Clochette était surprise de la tournure que prenait cette entrevue. Son ancienne amie lui prit les mains pour les garder dans les siennes et lui demanda de revenir s’asseoir sur le canapé avec elle et d’accepter un verre d’eau.
Clochette acquiesça d’un léger signe de tête et apprécia sincèrement le geste de Regina de ne pas la tenter avec un verre d’alcool, peut-être deviendra-t-elle une alliée précieuse pour ne pas replonger ? L’avenir est bien mystérieux et plein de surprises. La fée verte prit de nouveau place dans le confortable canapé et regarda la sorcière servir deux verres d’eau à l’aide d’une magnifique carafe en verre finement ciselée. La bricoleuse en elle sut reconnaitre un travail bien fait.
La blonde fut arrachée à sa contemplation par des aveux auxquels elle ne s’attendait pas. Ainsi, elle avait eu trop peur pour entrer dans la taverne et parler ainsi à l’homme au tatouage. Ce n’était pourtant pas le discours qu’elle lui avait tenu à ce moment-là. Cela expliquerait pourquoi Regina avait réagi aussi durement quand elle était venue aux nouvelles au palais. Quel choc ! Voilà maintenant qu’elle lui proposait de rester en ville et de l’aider à s’intégrer.
Clochette était abasourdie, comment pouvait-elle lui pardonner toutes les souffrances qu’elle avait provoqué ou qu’elle avait aidé à lui faire subir ? Serait-ce le destin qui donnerait une seconde chance à la jeune femme de se montrer courageuse et à la hauteur de son rôle de fée ? Peut-être pourrait-elle se montrer digne de son rang et de ses pouvoirs ? Oui, Regina lui offrait bel et bien une seconde chance dans ce monde, dans sa ville.
La maire poursuivit la conversation jusqu’à aborder un sujet un peu sensible : son arrivée à Storybrooke et en question subliminale, qu’avait-elle pu faire depuis ? Clochette, après quelques secondes de réflexion, décida de lui dire toute la vérité. Quitte à rester ici, autant être honnête avec elle.
« Je suis arrivée en ville grâce au Chapelier Fou. Je l’ai rencontré pour la première fois au Pays Imaginaire. C’est l’exil qu’avait choisi la Fée Bleue pour moi après lui avoir désobéi et t’avoir aidé. » La blonde sentit un léger malaise emplir la pièce. Elle poursuivit son récit afin de le dissiper rapidement.
« Bien malgré lui, il m’emmena au Pays des Merveilles où il me présenta à Cora, la Reine de Cœur. » Le malaise revint bien plus vite qu’elle l’aurait voulu. « Après avoir réalisé quelques missions pour elle, j’ai retrouvé Jefferson pour lui demander de me faire quitter les lieux, Ingrid et son pouvoir me faisaient très peur. » Elle vit de la compassion dans les yeux de son interlocutrice. Tout le monde avait eu peur de la Reine de Glace…
« J’ai atterri dans la forêt où je suis tombée directement sur le juge Frollo. Il a su me séduire et me rallier à sa cause. A ce moment-là, je t’en voulais encore énormément, tu étais pour moi la raison de ma déchéance, de la perte de mes pouvoirs, de mon exil loin de mon cocon. Ma cure de désintox m’a permis de comprendre que j’en étais la seule responsable, uniquement moi et mes choix. »
Clochette suspendit son discours le temps de boire une gorgée de son verre. Se souvenir de ce passé compliqué était très douloureux pour elle. Pourtant elle se sentait de plus en plus apaisée que son histoire avançait.
« Le juge comprit rapidement l’intérêt de m’avoir dans ses rangs. J’ai toujours été une grande bricoleuse, il s’en est servi pendant plusieurs semaines, m’interdisant de parler à qui que ce soit sauf à lui. Jusqu’au jour du coup d’état, je suis restée cachée dans la forêt. Le jour J, j’ai pu enfin entrer dans la ville et aider dans la limite de mes capacités ceux que je croyais bons.
Quand ils ont commencé à tout casser, j’ai pris conscience de mon erreur mais il était trop tard. Tu étais partie je ne sais où avec une grande majorité des habitants. J’ai appris par ceux qui étaient restés que tu avais trouvé l’amour avec un homme ressemblant trait pour trait à celui de la taverne. J’ai commencé à culpabiliser.
Pour essayer d’oublier tout ça, ce que je t’ai fait subir, les dégâts causés à la ville, j’ai bu, du rhum, beaucoup de rhum. Plus je buvais, plus le vert de ma tenue devenait terne. La prise de conscience s’est faite suite à une apparition dans un songe de la Fée Bleue. Je suis partie le lendemain en direction de New York pour me faire soigner. Dix-huit mois plus tard, me voilà.
J’accepte tes excuses comme tu as accepté les miennes. Je veux bien rester quelques jours en ville pour la découvrir, vous aider à poursuivre les travaux de restauration. On verra ensuite si je peux m’intégrer dans son fonctionnement et parmi sa population. »
La Fée Verte avança vers son ancienne ennemie pour la prendre dans ses bras et lui faire un câlin des plus chaleureux. Une page était enfin tournée, une nouvelle restait à écrire. Deux petites questions taraudaient quand même la jolie blonde.
« Que t’est-il arrivé quand tu as quitté Storybrooke au moment du coup d’état du Juge Frollo et en quoi puis-je t’aider à partir de maintenant ? »
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
Il n’était as question pour Regina de laisser son ancienne amie filer comme une voleuse alors qu’elle aussi avait des excuses à lui présenter. Et puis face à la sincérité de la fée, la maire de la ville avait cette curiosité et cette envie de savoir ce qu’elle était devenue durant tout ce temps. Il s’était tout de même écoulé une trentaine d’années mine de rien. Après avoir à son tour présenté ses excuses en bonne et due forme, la belle brune écouta le récit de la fée verte. Jefferson était donc celui qui l’avait emmenée, cela voulait dire qu’elle était arrivée en même temps que Robin et ses joyeux compagnons, et encore tant d’autres. Pourtant, elle ne l’avait pas vue parmi cette foule de personnages de contes paniqués qui avaient fui leurs contrées pour échapper à Ingrid et qui étaient soudain confrontés à d’autres sources de stress avec ce monde si différent du leur. Regina hocha la tête, elle comprenait parfaitement que Clochette ait eu peur d’Ingrid et son pouvoir. Cette sorcière avait été en mesure de geler plusieurs royaumes et de soumettre même les âmes les plus revêches à ses moindres désirs, voilà de quoi effrayer les plus téméraires. Ainsi donc, Frollo montait son coup depuis très longtemps…
Et je n’ai rien vu venir… pesta intérieurement la reine.
- Tu n’as pas à t’en vouloir, tu as été manipulée, il a joué sur ta colère et s’en est servi pour te rallier à sa cause. Il est fin manipulateur, j’ai cru en ses capacités de juge au début et je l’ai engagé au tribunal.
Tout cela pour se faire trahir à la première occasion. Regina était profondément touchée par l’histoire de la blondinette, car elle n’était pas sans lui rappeler la sienne. Elle aussi avait été manipulée par un homme puissant qui avait appuyé là où ça faisait mal pour la rallier à sa cause et se servir d’elle. Rumpeltiltskin avait fait d’elle la méchante reine et lui avait fait lancer le sort noir.
- Je t’admire beaucoup Clochette, tu as su te relever, faire un incroyable travail sur toi-même. Si tu es d’accord, j’aimerais beaucoup que nous essayions de retrouver cette belle entente que nous avions. Tout est de ma faute, et je voudrais tant t’aider aujourd’hui. Je suis certaine que tu serais heureuse ici. Tu seras rapidement appréciée de beaucoup de monde. Tu as vécu recluse bien trop longtemps, il te faut découvrir les beaux aspects de cette ville.
Regina la vit avancer vers elle pour la serrer dans ses bras. Elle lui rendit son étreinte avec un sourire chaleureux.
- Tu es une vraie fée, Clochette, et sûrement la plus courageuse de toutes car il faut un sacré courage pour admettre ses erreurs et les réparer à tout prix. Je suis très heureuse que tu aies décidé de le faire.
Puis, la fée verte lui posa deux questions.
- Pour tout te dire, si j’ai quitté Storybrooke, c’était uniquement pour protéger mes enfants, dont ceux à naître. J’étais enceinte de mes jumeaux et très fatiguée. Pour tout te dire, avant d’apprendre ma grossesse, je croyais Robin mort, tu as peut-être entendu parler de ses funérailles malgré ta réclusion avec Frollo ? Il est tombé dans le Styx, au royaume des Enfers, et au final, sans le vouloir, c’est ma mère Cora qui lui a sauvé la vie. Elle lui avait arraché le coeur pour le contrôler et l’obliger à me quitter. Nous le croyions tous mort, alors qu’il avait réapparu à New York, amnésique. J’ai dû enterrer un cercueil vide, Petit Jean a repris Roland, et malgré la présence de mes deux grands, Henry et CJ, j’étais au trente-sixième dessous. La fée bleue est venue m’apprendre ma grossesse miraculeuse et cela m’a permis de tenir le coup. Quand j’ai retrouvé Robin et que je l’ai ramené, Frollo a profité de cette absence pour mettre en place la finalité de son coup d’État. Robin venait de revenir, sa mémoire était à peine revenue, j’étais fatiguée et affaiblie, nous ne pouvions pas nous battre tout de suite, alors nous avons décidé de partir dans la Forêt Enchantée, invitant les habitants de la ville qui le souhaitaient à nous suivre. Certains ont pris cela pour de la lâcheté, mais c’était de la prudence. Nous avons profité d’une petite accalmie là-bas pour nous reposer. Nous nous sommes mariés, puis Richard et Lina sont venus au monde.
Elle reprit une gorgée d’eau. La vie dans la Forêt Enchantée ne fut pas de tout repos malgré tout.
- Comme tu le sais, Emma est devenue ténébreuse aussi. Encore un tour de passe-passe de Rumple. Elle est rentrée à Storybrooke et j’ai dû laisser Henry la suivre, j’étais déchirée. Et après quelques semaines, les jumeaux ont disparu. J’ai complètement perdu les pédales, j’étais prête à torturer des gens pour avoir la moindre information qui me permettrait de retrouver mes bébés. Robin a été courageux de me supporter, il aurait pu me quitter, j’ai même cru qu’il le ferait. J’ai été horrible avec lui et avec tout le monde, je m’estime heureuse aujourd’hui d’avoir encore une fois été pardonnée. J’ai appris une chose néanmoins, c’est qu’il ne faut pas prendre les choses pour acquises. Les ténèbres ne sont jamais bien loin et il faut se montrer vigilent.
Puis elle esquissa un sourire.
- Tu veux m’aider ? Sois heureuse. Crée-toi une belle vie, fais ce que tu aimes. As-tu une idée d’un métier que tu pourrais exercer ici ?
Clochette était devenue aussi curieuse que Regina au fil de la conversation. Elle sentait doucement renaître au fond d’elle le lien d’amitié qui les liait à l’époque où elles vivaient toutes les deux au Royaume Enchanté. Finalement, il serait peut-être possible de retrouver la complicité d’autrefois. Cette éventualité laissait la fée verte un peu perplexe. Arriveront-elles l’une et l’autre à vraiment oublier toute cette histoire, les raisons de sa colère pour l’une, la confession de la trahison pour l’autre ?
La blondinette secoua la tête pour essayer d’oublier cette question. L’avenir était toujours flou vu que le présent n’était pas plus certain. Elle se concentra à nouveau sur sa conversation avec la méchante reine. Celle-ci était justement en train de lui raconter son départ de Storybrooke après le coup d’état du juge.
Beaucoup trop d’informations arrivaient en même temps aux oreilles de la jeune fée. Elle se fit un résumé rapide dans sa tête. L’homme au tatouage de lion n’était autre que le célèbre Robin des Bois. Oui, malgré son exil forcé par la Fée Bleue et sa mise à l’écart par Frollo, elle en avait entendu parlé, de ses exploits dans le Royaume Enchanté, de sa disparition mystérieuse dans le Royaume des Enfers suivie de ses obsèques dans ce monde. Cora, la Reine de Cœur de son souvenir, était dans le Royaume d’Hadès elle-aussi, aurait-elle succombé à Ingrid, la Reine de Glace ?
Elle continua à écouter la maire dans son récit. Alors, comme ça, elle était maman d’une grande tribu : 4 enfants en tout. Clochette en était complètement abasourdie. La méchante reine sombre et froide de son passé avait véritablement disparu pour laisser place à une mère aimante et attentionnée.
Pendant que son interlocutrice prit le temps de reprendre son souffle et de boire une gorgée d’eau, la Fée Verte sentit une énorme culpabilité monter en elle. En aidant le juge Frollo à prendre le pouvoir, elle était tombée encore plus bas qu’elle ne le pensait. Elle avait été la cause de beaucoup de douleurs et de soucis pour de nombreuses personnes. Sa soif de vengeance l’avait aveuglé plus qu’elle ne pouvait se l’admettre et l’avouer ouvertement. Elle constata aussi en observant Regina la tristesse et la fatigue dans ses yeux en repensant à ce retour au Royaume Enchanté. La vie là-bas n’avait pas dû être simple tous les jours pour eux.
Les informations les plus incroyables recommençaient à sortir de la bouche de la maire. Emma Swan, celle qu’on lui avait présenté comme étant la sauveuse et qui avait permis de briser le Sort Noir, avait basculé dans les ténèbres à cause du terrible Rumplestilskin. Même chez les fées, il avait depuis des temps immémoriaux une mauvaise réputation. Ce simple villageois avait préféré le pouvoir et la magie plutôt que sa famille.
Clochette eut un sentiment de compassion en apprenant la disparition des jumeaux et la séparation avec son fils adoptif. Elle en avait vraiment bavé pendant ces dernières années, cette conclusion donna envie à la jeune fée de rester un peu plus longtemps que prévu quand elle avait pris la décison de revenir dans cette ville pour faire amende honorable. Elle voulait l’aider encore plus à présent. Justement, voilà que l’ancienne reine lui demanda quel métier elle souhaitait exercer en ville.
« Avant de prendre un travail plus pérenne et de me fixer définitivement en ville, je désirerais t’aider à finir les travaux de reconstruction. Tu sais, je suis plutôt une bonne bricoleuse, avec trois fois rien je suis capable de faire de véritables prouesses. Je voudrais également faire connaissance avec les autres habitants afin de voir s'ils m'acceptent malgré mon passé et voir si je me sens à l'aise et à ma place parmi vous. Je souhaiterais aussi pour le moment m’installer dans une petite maison histoire d’y mettre mon atelier. J’en ai vu une en arrivant ici, pas en très bon état mais ça me suffira largement pour commencer. » Elle vit Regina sourire et acquiescer doucement. « Saurais-tu par hasard si en ville il existe des réunions pour les alcooliques anonymes, car j’ai besoin de ces réunions pour continuer à avancer et pour ne pas replonger. »
A son tour, Clochette sourit. Toute cette entrevue lui avait fait comprendre beaucoup de choses sur elle –même, sur ses erreurs, sur le mal qu’elle avait pu faire autour d’elle. Une partie de son sentiment de culpabilité acceptait de partir de son être comme si ce temps passé en compagnie de Regina fonctionnait de la même manière qu'un antidote sur un corps malade. La vie était en train de lui donner une seconde chance, à elle de savoir la saisir et de ne pas se rater cette fois-ci. Pour guérir enfin une bonne fois pour toute.
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
Qui aurait cru que ces deux-là se seraient retrouvées et, prêtes à se pardonner, parviendraient à rétablir aussi facilement le dialogue ? N’était-ce pas à cela que l’on reconnaissait la véritable amitié ? Regina était ravie de cette surprise, même si elle déplorait le fait que Clochette ait traversé des déboires aussi graves que de l’alcoolisme. Mais à présent que la fée verte était de retour et que la maire de la ville savait ce qu’elle traversait, elle se promit intérieurement de tout faire pour l’aider, comme la blondinette avait voulu le faire lors de leur rencontre.
L’ancienne méchante reine accepta donc d’expliquer quel fut son parcours de vie depuis la prise de pouvoir de Frollo. Un récit un peu long et pénible sur certains détails, mais Clochette avait le droit de savoir, elle-même avait été très honnête avec la brune, alors cette dernière se devait de faire de même. A présent, les choses étaient à plat, chacune savait ce qu’avait traversé l’autre. Regina proposa donc tout naturellement à la fée verte de rester un peu en ville, qui sait, peut-être qu’elle s’y plairait suffisamment pour y construire sa vie. Aussitôt, la blondinette proposa son aide pour les travaux. La maire de Storybrooke afficha un grand sourire.
- Quelle merveilleuse idée ! Ils seront ravis d’avoir une paire de bras supplémentaire, d’autant plus si tu es une bricoleuse avertie ! Et effectivement, cela te permettra de rencontrer du monde ! J’en parle à Robin ce soir, il sera enchanté. Tu pourras venir directement sur le chantier principal demain matin, ils sauront t’indiquer quoi faire selon tes facilités.
Il était toujours plaisant d’avoir des volontaires, et dans cette ville, la solidarité avait sa place.
- Crois-moi, les gens sont enclins au pardon. Regarde-moi, avec tout ce que je leur ai fait, je ne suis toujours pas sur un bûcher… Et j’ai instamment demandé après la guerre, qu’aucune représailles ne soient lancées et que tout le monde fasse la paix et se pardonne. C’est donc aussi valable pour toi. Personne ne t’en voudra d’autant que tu as été honnête en avouant tes méfaits, et tu regrettes sincèrement, cela se voit.
Clochette expliqua alors où elle souhaitait s’installer. Regina visualisait de laquelle elle parlait, à sa connaissance, elle n’avait jamais été habitée.
- Cette petite maison à la limite de la ville et de la forêt ? Tu seras bien là-bas. Si tu veux, je viendrai t’aider à la remettre en ordre, il faudra aussi changer les serrures parce que je n’ai aucune idée d’où la clé se trouve.
Puis elle posa une question plus sérieuse, concernant les réunions des alcooliques anonymes. Madame le maire hocha la tête.
- Oui, il y en a. Attends… dit-elle en ouvrant tour à tour les tiroirs de son bureau à la recherche de flyers.
Elle fouilla quelques secondes avant de trouver le bon.
- Voilà, tiens, tu devrais trouver ce dont tu as besoin.
Elle savait que Hadès avait lui aussi ce genre de souci d’addiction mais qu’il s’en sortait bien, Zelena le lui avait dit. Peut-être qu’elle l’y verrait, mais ce genre de réunion étant « anonymes », Regina ne se sentait pas la légitimité de donner les noms des personnes qu’elle connaissait qui y allaient. Clochette le verrait par elle-même.
- Laisse-moi te dire que je suis très fière de toi, Clo. Je suis certaine que tu feras de grandes choses dans cette ville et pour cette ville.
Le sourire ne quittait plus les lèvres de Regina qui était heureuse du retour de la fée verte.
A l’annonce de ses capacités de bricoleuse, Clochette vit un énorme sourire éclairé le visage de Regina ainsi que du soulagement sur ses traits. Elle lui avoua que toute aide était la bienvenue en ce moment, les travaux ne devaient pas avancer assez vite à son goût. Il fallait juste à la jeune fée de se présenter le lendemain au chantier le plus important. Elle lui dit également qu’elle se chargeait de prévenir son mari, Robin donc, de la proposition de la jeune fée.
Clochette était vraiment heureuse de cette avancée, elle allait enfin se rendre utile pour cette ville et permettre d’effacer les stigmates du passé auxquels elle avait participé malgré elle. Elle sentait que c’était aussi un moyen de racheter sa faute vis-à-vis de la ville de Storybrooke mais également vis-à-vis de Regina. Oui, vraiment, il y avait peut-être moyen de vivre une belle vie ici avec des jours heureux à passer en charmante compagnie.
L’ancienne méchante reine devait deviner les pensées qui traversaient l’esprit de son interlocutrice. La petite blondinette se sentit rassurée par les paroles de Regina, le pardon était d’usage et fortement recommandé et mis en application par tous les habitants de la ville. Finalement, dire la vérité et confesser ses fautes était la meilleure idée qu’avait pu prendre la Fée Verte après celle de vouloir se faire soigner en dehors de Storybrooke.
Une autre bonne nouvelle suivit assez rapidement : Clochette avait le droit de retaper et de vivre dans la petite maison qu’elle avait vue en arrivant. Elle allait pouvoir se construire son nouveau cocon. Elle n’avait pas besoin d’une grande demeure avec pleins de pièces, juste de quoi pouvoir installer son petit atelier pour bricoler en toute tranquillité. La position de la maison était aussi stratégique, proche de la forêt et de sa tranquillité sans être trop loin de la ville et donc des activités et ses commerces.
« Oui c’est de cette petite maison dont je te parlais tout à l’heure, dit-elle à Regina, je te remercie de bien vouloir me la laisser. Je sens que je pourrai m’y sentir comme chez moi en peu de temps. J’accepte volontiers ton aide pour ranger un peu l’intérieur et faire du tri. Ça nous permettra aussi de continuer de papoter et de se voir en dehors du tumulte de la ville et de tes obligations. Pour les serrures, ne t’inquiètes pas, je bricolerai quelque chose pour les remplacer ! » Elle finit sa phrase en lançant un clin d’œil amusé à son interlocutrice qui lui rendit par un sourire.
En abordant le sujet sensible des réunions des alcooliques anonymes, la maire chercha dans son bureau quelque chose qui pourrait aider la jeune fée. Elle finit par lui tendre un flyer avec pour entête le symbole des AA. C’était une bonne élue qui était devant Clochette, elle avait à portée de main tout ce qu’il fallait pour faciliter la vie de ses concitoyens quelle que soit leur problématique. Elle prendrait le temps de le lire plus tard, tranquillement en solo.
« Je te remercie pour ces informations qui vont beaucoup m’aider à avancer. Déclara-t-elle. Tu fais vraiment tout pour que je me sente à l’aise dans cette ville et j’apprécie grandement le geste. J’essaierai d’être à la hauteur de cette confiance que tu mets en moi et de ne pas te décevoir. Mes derniers doutes s’envolent doucement, je vais rester un peu dans cette ville que je n’ai pas eu le temps de correctement apprécier lors de mon dernier séjour ici. »
Clochette vit Regina avec un sourire franc et sincère sur le visage, elle ne put s’empêcher de faire de même. Elle avait peut-être fait le plus dur en venant tout avouer à l’ancienne méchante reine. La complicité qui les liait en d’autres temps et dans d’autres lieux était en train de revenir comme si elles ne s’étaient jamais quittées. C’était sur cette pensée positive que Clochette prit congé de la jolie brune pour partir découvrir la ville, le soleil brillant dehors était propice pour une belle balade.