Le sabbat des trois

Ursula et Zelena échangeaient de façon courtoise en apparance, mais tous les coups verbaux semblaient permis. Cela m'agaçait, même si en temps normal, j'étais très habile à ce petit jeu. Mais avec mon petit coma, les maux de tête avaient tendance à facilement revenir, et là, tout ce que voulais, c'était trouver des solutions.

- Il me semble clair tout le monde se méfie de tout le monde, et que c'est probablement ce que cherche à faire la personne à l'origine de tout ça. Comme l'a dit Zelena, Nottingham et Camelot semblent plutôt calmes, mais bien sûr tout reste possible. Le monde est vaste, et de toute façon, ce n'est pas aujourd'hui que nous trouverons la réponse comme par miracle.

Je soupirai en reprenant une gorgée de ma boisson. Tout était effectivement possible, mage ou pas. Je songeai alors à la supposition de ma soeur. La plume de l'Auteur tombée entre de mauvaises mains ?

- Henry l'a toujours... Et je ne pense pas qu'il se soit amusé à écrire avec. Mais je lui poserai la question, par acquis de conscience.

Mieux valait être sûre.

- Et toi Ursula, que te dit ton instinct ? As-tu des suspicions précises ?

Puisqu'elle était là et prétendait vouloir nous aider, autant écouter ce qu'elle avait à dire. Il était difficile pour tout le monde d'avoir une idée précise de toute façon, les possibilités étaient variables.

- Peut-être as-tu un conseil avisé à nous donner ? Robin et moi sommes preneurs de toute idée qui pourrait aider notre royaume à se débarrasser d'un fléau qui affole les habitants.

Parce que les nouvelles se répandaient vite et vu la vaste étendue de la Forêt Enchantée, nous ne pouvions protéger tout le monde aussi facilement. Je me voyais mal loger tous les pécore du royaume dans mon palais. Et puisque notre chère pieuvre donnait des leçons à tout le monde, j'étais curieuse de voir ce qu'elle pourrait proposer de concret. Après tout, peut-être que ses idées seraient avisées et bonnes à suivre, ou au moins s'en inspirer.

Le Sabbat des Trois

Une fois ma question concernant les deux comtés posée, je regarde les deux soeurs pour voir si elles me prennent enfin au sérieux ou si, comme je m'en doute fortement, elles vont encore m'envoyer paître. Surtout la jalouse de service, son teint verdâtre ne trompe personne et son rictus de dégoût à chaque fois qu'elle me regarde non plus.
La maîtresse des lieux, quant à elle, a l'air encore bien marqué par sa rencontre impromptue avec le sol et autres rochers. Forcément, ma chère tantine par alliance recommence à m'aboyer dessus comme si j'étais dure de la feuille ou dure à la comprenette.

Je lève les yeux au ciel afin de lui montrer le peu de considération que je lui porte. Donc, très bien, elles disent avoir surveiller grâce à leurs miroirs et autres bêtes apprivoisées volantes les activités dans toutes les régions du Monde des Contes.
Mais bizarrement, j'ai l'impression qu'elles passent toutes les deux à côté de quelque chose.

Je ne sais pas à côté de quoi, mais on rate tous quelque chose dans cette histoire. Pendant que je poursuis mes réflexions personnelles, la Zelena continue de parler mais, pour moi, elle ne sort qu'ineptie sur ineptie. L'Auteur avec sa plume, n'importe quoi !
Un quidam ayant trouvé la Plume magique, il y a plus intéressant comme histoire à écrire que celle concernant une attaque de villages par des ogres. C'est du réchauffé, tout le monde avait déjà vécu cette histoire il y a des années en arrière.

Elle avait beaucoup plus d'imagination dans le temps, à l'époque où son nom ou la rumeur de son arrivée effrayait n'importe qui dans ces contrées. La seule chose intéressante et intelligente concerne son envie de comprendre aussi pourquoi on avait perdu nos forces après avoir utilisé notre magie contre les ogres.
Heureusement, Regina remet un peu de bon sens dans la conversation en lui confirmant que son fils Henry a toujours la véritable plume de l'Auteur. La voilà maintenant qui essaye de calmer la situation comme si elle veut nous rappeler que nous sommes toutes du même côté.

Et comme pour essayer de confirmer ses dires, madame royale me demande mon avis et ce que peut me dire mon instinct. Elle doit vraiment ne plus savoir vers qui se tourner si elle en est réduit à savoir ce que je pense de toute cette situation.
Je garde le silence quelques instants afin de bien observer les deux soeurs aux expressions totalement différentes que j'ai en face de moi. Il n'y a pas de doute, Regina a vraiment l'air au bout du rouleau et elle semble avoir du mal à se remettre de notre dernière bataille contre les ogres.

"Je pense qu'on passe à côté de quelque chose, un indice qui est sous notre nez à toutes les trois mais sur lequel nous n'arrivons pas à mettre la main."

Je me lève et commence à faire les cent pas, ça m'aide à réfléchir. Je laisse libre cours à mes pensées à voix haute. Dans le passé, cette technique m'avait souvent réussi.

"Ce n'est aucune de nous trois, c'est certain. Sinon, nous ne serions pas là à essayer de trouver le coupable. Cruella ? Non, elle a pour habitude d'utiliser des animaux pour faire ses basses besognes, pas des créatures. Maléfique ? Non plus, elle aurait tout grillé en prenant sa forme de dragon."

A l'évocation de mes anciennes acolytes, je ressens une petite pointe de nostalgie. Cela fait longtemps que je ne les avais pas vues et je peux affirmer aujourd'hui qu'elles me manquent.
Nous étions imbattables ensemble. Ce n'est pas pour rien que ce cher Rumple avait fait appel à nous pour récupérer la capsule contenant le Sort Noir. Mais tout ça, c'était il y a bien longtemps maintenant.
Je reprends le cours de ma réflexion.

"Qui est connu pour ne jamais se salir les mains ? Qui utilise toujours des êtres moins intelligents pour faire la guerre à sa place ? Ca ressemble beaucoup aux habitudes de Jafar ou de Scar. Et pourtant, je n'arrive pas à m'enlever de la tête que le coupable est bien plus proche de nous..." Je marque une pause, une idée vient de germer dans mon esprit. "Vu que vous surveillez régulièrement avec vos miroirs et autres créatures volantes, ça ne vous dérange pas si je surveille depuis l'océan ?"

Je n'attends même pas leur réponse, je pars m'isoler quelques instants afin de discuter avec mes chéries. "Flotsam, Jetsam, allez fouiner un peu partout où vous pouvez vous rendre. S'il y a quoique ce soit de bizarre, prévenez moi."

Je reviens ensuite prendre ma place sur le canapé avec les deux soeurs.

Le sabbat des trois

Le Sabbat des Trois

Depuis que je suis revenue m'installer dans la même pièce que les soeurs Mills, je m'aperçois que l'ambiance n'est plus la même. Zelena est installée toujours à sa place. La seule chose qui a changé depuis tout à l'heure, c'est la disparition de son verre à vin.
Maintenant, Madame je-ne-sais-pas-cacher-ma-jalousie ne sait plus quoi faire de ses deux mains. Et à son expression, je vois bien qu'elle s'ennuie au plus haut point depuis qu'elle a arrêté de boire.
Pourvu que l'envie ne lui prenne pas de me lancer une boule de feu ou de m'arracher le coeur. Je rigole doucement à l'idée intérieurement.

Regina, quant à elle, devient de plus en plus pale. Je ne suis pas sûre qu'elle tienne encore longtemps si notre conversation s'éternise. Elle fait vraiment pitié à voir.
J'intercepte un des serviteurs de la maîtresse des lieux et lui glisse une commande un peu spéciale à l'oreille. En attendant qu'il revienne avec ce que je lui ai demandé, j'écoute sa majesté.

Elle reconnait ses limites quant à sa connaissance de tous les méchants potentiellement présents dans notre monde et dans les autres. Elle veut également savoir si c'est notre cas ou si nous savons pertinemment qui est où parmi nos congénères.
Je lui fais signe non avec la tête. Je me suis absentée du Monde des Contes bien plus longtemps qu'elles deux réunies.

Je repense à mon départ forcé pour New-York avec pour seule compagnie un oeuf et une fan de fourrures. Je n'ai toujours pas digéré le choix des Charmants.
Cette décision qui m'a valu plus de trente années d'exil loin de mon antre et du Royaume des 7 Mers. Voilà justement Regina qui parle de ces "supposés" héros qui peuvent faisant de mauvaises actions.

"Tu peux tout de suite ajouter sur la liste ta chère belle-fille et son mari pas si charmant que ça. Je leur dois trois décennies de vie minable dans la ville de New-York à cause d'une mauvaise action de leur part... Mais oui, tu as raison. Si on envisage cette hypothèse, le champ des possibles devient encore plus vaste qu'il ne l'était jusqu'à présent."

Le serviteur revient avec un plateau rempli de tout ce que je lui avais demandé. J'écoute d'une oreille la suite des propos de la fan de pommes, je me concentre surtout sur le mélange que je suis en train de faire.
Je n'ai pas envie qu'on m'accuse d'avoir voulu empoisonné la reine qui plus est dans son palais. Elle envisage donc d'envoyer des volontaires dans les villages qui ont été attaqués afin de prendre des renseignements.

Elle se range donc à mon avis, nous passons à côté de quelque chose ou de quelqu'un. Qui est donc ce mystérieux personnage responsable de nos déboires récents ? Je finis de préparer ma mixture et je la tends à Regina.

"Va pour les volontaires ! il nous faut des réponses ! Et spéculer comme on le fait depuis tout à l'heure ne sert à rien. Il nous faut des preuves solides avant d'accuser n'importe qui de n'importe quoi. N'est-ce pas Zelena ?
Vas-y, Regina, bois ce verre ça te fera du bien, tu es plus blanche que Blanche-Neige elle-même. Je ne vais pas t'empoisonner. Si je dois de nouveau me battre contre toi, je préfère que tu sois au top de ta forme. Là, ça serait trop simple et beaucoup moins drôle.
Si vous ne voyez pas d'objections, je vais rentrer dans mon antre. N'hésitez pas à me faire part de toute information nouvelle concernant cette affaire. Mesdames."

Je me lève, les salue promptement de la tête et sors du château par la grande porte. Je me sens moi aussi fatiguée et cette conversation n'a répondu à aucune de mes questions. Bien au contraire, elle en a levé de nouvelles...