“Mais qu’est-ce que c’est ce cirque ? Et d’où il vient celui-là ?” Ce fut sur ces mots que j’étais entrée en trombe dans la pièce où se trouvait ma sœur. On était revenues dans le château de la reine Regina depuis un jour ou deux et je ne me remettais toujours pas de l’attaque des ogres. En fait, ce qui me choquait le plus, c’était la voix masculine qu’on avait entendu sortir on ne savait d’où lors de la retraite de ces sales créatures. Ce qu’elle avait dit n’annonçait rien de bon. La guerre ne faisait que commencer.
“Non, mais vraiment ! Je n'y crois pas ! Encore une tuile ! Qui s’est mis en tête de prendre de nouveau les armes contre les habitants de la Forêt Enchantée ? Pourquoi se cacher derrière ces imbéciles d'ogres qui puent ? On ne peut pas nous laisser souffler un peu ? C’est trop demander d'avoir un peu de repos ?”
Je ne décolérai pas depuis la trêve décidée par notre adversaire inconnu. J’étais aussi très inquiète pour les habitants du Royaume bien sûr, mais aussi pour mon ami Richard qui avait été malmené durant cette bataille et surtout pour ma sœur. C’était pour faire un peu le point sur tout cela que je lui avais donné rendez-vous dans un des salons du Palais Sombre. J’avais demandé aux serviteurs du château de préparer du chocolat chaud et de le monter dans la pièce en question.
Je me concentrai afin de servir deux tasses du délicieux breuvage et surtout pour ne pas me brûler avec. Je marchai doucement en direction de ma sœur et lui tendis un des récipients. Je pris place en face d’elle. J’avais l’impression que cela faisait des lustres qu’on ne s’était pas retrouvées toutes les deux toutes seules. Il y avait tellement de sujets que je voulais aborder avec elle. Je n’arrivais pas à tenir en place. Avec ma tasse à la main, je me remis sur mes pieds, fis le tour de la pièce et revins m’asseoir à ma place. Je posai la tasse, puis la repris et en bus une gorgée.
“C’est qui, d’après toi, cette voix menaçante ? J’ai beau me creuser les méninges, je ne me souviens pas d’avoir entendu une seule fois une voix qui y ressemble. Qu’est-ce qu’il veut ? Et Arendelle ? Tu crois que notre peuple est en danger ? Et Kristoff qui est je ne sais où ! J’espère qu’il va bien et qu’il est en sécurité.”
Je ne savais pas pourquoi, mais je pensais de plus en plus souvent à mon mari ces derniers jours. Il me manquait énormément et je m’inquiétais pour lui autant que pour ma sœur Elsa et pour les autres occupants du château de Regina. Je ne tenais définitivement pas en place. Je me remis à faire les cent pas dans la pièce comme quelques minutes avant. Je croisai les doigts pour que ma sœur sut quoi me dire pour me rassurer et me calmer. J’avais besoin d’un plan, d’un bon plan de bataille.
Ma pauvre petite sœur était dans tous ses états, et je ne la comprenais que trop bien. Je l'étais aussi, mais j'étais moins expressive qu'elle. Pourtant, Anna était l'une des femmes les plus fortes que je connaissais, et la voir paniquer me rendait anxieuse. Je n'avais pas encore eu le temps de lui parler de Mérida, du moins de la nature de notre relation et encore fois, le moment n'était pas opportun.
- Calme-toi, Anna, commençai-je d'une voix douce.
À mon tour, je buvais une gorgée de chocolat, cette boisson étant traditionnelle de notre royaume, elle avait le don de nous apaiser l'une comme l'autre. Puis, je reposai ma tasse sur la sous-tasse de porcelaine avant de déposer sur tout sur la petite table devant nous, pour mieux le lever et retrouver ma petite sœur. Je la serrai dans mes bras doucement.
- Je suis sure que Kristoff va bien et qu'il est quelque part en train de venir en aide à des gens... Ou a des rennes.
J'espérais que ma précieuse Anna arrêterait de faire les cents pas.
- Je sais que la situation est préoccupante, mais nous faisons notre maximum. Des rondes sont organisées tous les jours pour surveiller chaque recoin du royaume. Et nous n'avons aucune mauvaise nouvelle à déplorer concernant les autres royaumes. J'ai pu communiquer avec notre ministre à Arendelle, aucun trace des ogres là-bas. Je leur ai recommandé la plus grande prudence cependant. Mérida a fait de même pour DunBroch. Les miroirs magique de la reine Regina sont très pratiques pour cela.
Je voulais rassurer au mieux ma sœur car je savais que sous le joug de l'anxiété elle était capable de commettre des erreurs.
- Tu vas bien, c'est tout ce qui compte, ajoutai-je en caressant son dos avec tendresse.
Puis, je repartis asseoir.
- Viens donc boire une gorgée de chocolat, ça fait tant de bien.
Elsa savait tout de moi et je voulais croire que je savais tout d’elle. Elle se leva et me prit dans ses bras afin de m’apaiser. Ce câlin eut le résultat escompté et je lui rendis son étreinte. Elle m’avait manqué bien plus que je ne pourrais le dire. On avait été séparées pendant beaucoup trop de temps. Elle m’expliqua les dispositions qu’elle avait déjà prises pour protéger notre peuple et notre Royaume. D’autres souverains avaient l’air d’avoir fait de même chacun de son côté. Pour une fois, je bénissais l'utilisation de la magie et des objets magiques pour alerter rapidement.
Ma grande sœur essaya même de me faire rire en me parlant de mon mari et de son aide fort probable à différentes populations dans le Monde des Contes ou son aide à un troupeau de rennes. Je la regardai et lui fis un timide sourire.
“Oui, tu dois avoir raison. Kristoff doit aider les gens, il a toujours été comme ça. Et il adore aussi être entouré de rennes. Je n’ai jamais compris pourquoi même si j'aime beaucoup Sven. Ils ont une drôle façon de communiquer tous les deux.”
De nouveau, je repartis dans mes pensées, toujours tournées vers mon mari. Peut-être devrais-je aller voir Grand Pabbie pour avoir de ses nouvelles. Il avait toujours été de bons conseils et comme il pouvait voir dans l’avenir, cela nous avait grandement aidé et plus d’une fois. Je me ressaisis. Il était hors de question de quitter la Forêt Enchantée en ce moment. Pas avec la menace des ogres et d’une nouvelle attaque de leur part ou quelque chose de bien plus terrible. Cela me ramena à cette voix que nous avions tous entendu dans le camp provisoire de nos adversaires.
“Tu n’as pas répondu à ma question. Tu as une idée de qui se cache derrière cette voix menaçante ? On peut essayer de faire une liste des potentiels propriétaires, qu’en dis-tu ?”
Je me levai une nouvelle fois et partis récupérer deux feuilles de papier et des plumes. Je sentais que j’avais besoin de faire quelque chose pour ne pas continuellement penser au pire que ce fut concernant mon mari, le peuple d’Arendelle et tous les autres peuples vivant dans ce monde.
“Tiens, cadeau.” dis-je à ma sœur en lui tendant de quoi écrire.
Je repris ma place et pris une nouvelle gorgée de chocolat chaud. Cette boisson avait toujours réussi à me calmer et à me réchauffer. Cette fois-ci, elle me donna de l’énergie pour essayer de résoudre cette énigme qui consistait à découvrir qui nous voulait du mal. Je commençai en faisant la liste des méchants qu’on avait déjà affrontés ainsi que ceux dont j’avais lu les noms dans les nombreux livres que j’avais eu le temps de lire depuis notre arrivée dans le Palais Sombre.
Le chocolat chaud... Heureusement qu'il était là, car sans lui, il y avait fort à parier que nous aurions essuyé une crise. Ma petite soeur était très angoissée avec ce qui venait de se passer, et je ne pouvais que trop bien la comprendre puisque c'était mon cas aussi. Elle était jusqu'à présent mon roc, mais je commençais à réaliser que je lui en demandais beaucoup, même sans le verbaliser. Anna m'avait toujours tellement aidée, et la voir ainsi inquiète pour Kristoff me fendait le coeur. Néanmoins, à sa place si je n'avais pas de nouvelles de Mery, je serais probablement pareille, voire sans doute moins courageuse qu'elle. J'admirais tant ma soeur. Fort heureusement, maintenant j'avais aussi Merida sur qui je pouvais compter et en qui j'avais une confiance aussi aveugle et sans limite que mon amour pour elle. La remarque de ma soeur sur son mari me tira un sourire également. Nous voilà toutes les deux assises et elle me demanda si j'avais une idée quant au détenteur de la voix mystérieuse. Son idée de dresser une liste était bonne. Je pris donc le matériel qu'elle me tendit.
- Très bonne idée. Je dois retrouver Mery... enfin la reine Merida, pour en discuter. Si j'ai déjà une liste grâce à toi, ce sera d'une grande aide. Je ne sais pas qui cela pourrait être... Les seuls vrais ennemis que nous avons eu étaient Hans et ses ambitions... Crois-tu que sa famille soit encore une menace ?
Je m'étais reprise avec le nom de ma bien-aimée... Ce n'était probablement pas le moment que je lui explique mon idylle avec la merveilleuse reine de DunBroch. Anna semblait bien trop préoccupée et je ne voulais pas avoir l'air insouciante... Et pourtant, par tous les dieux, comme j'aurias aimé l'être !
- Tiens, en parlant de cadeau, la reine Regina m'a donné des miroirs magiques, pour communiquer. Je voudrais que tu en aies un, afin que même si nous sommes loin, nous puissions nous parler et nous voir.
C'était un peu le Skype du monde des contes. Je tendis donc à ma soeur l'un des miroirs à main posés sur le guéridon à côté de moi. L'autre serait pour Merida évidemment. Je ne savais pas si elle comptait retourner à DunBroch suite aux événements avec les ogres mais dans le doute, je préférais m'assurer que nous puissions rester en contact.
- Alors, tes idées pour la voix ? demandai-je, prête à écrire.
Pendant que je commençai à rédiger ma liste, ma sœur prit place sur le canapé en face de moi et fit de même. Ce fut à ce moment-là qu’elle me posa une question qui me rappela la plus grosse erreur que j’eus presque fait il y avait plusieurs années de cela. Hans. Hans des Mers du Sud, mon ancien fiancé, celui qui avait essayé de me séduire pour monter sur le trône d'Arendelle. Hans et ses douze frères, tous aussi plus belligérants les uns que les autres. Pouvaient-ils vraiment être derrière toute cette mascarade ?
“Je ne pense pas que ce malotrus ou un autre membre de sa famille soit derrière cette attaque avec les ogres. Notre adversaire est plus subtil et plus solitaire que Hans ou un de ses frères. Et puis, il a eu recours à la magie, chose que ne ferait jamais mon ancien fiancé ! Rappelle-toi sa réaction quand il a découvert tes pouvoirs !”
Non, ça ne pouvait pas être lui derrière cette voix menaçante, j’en étais convaincue. Même si cela m'aurait fait plaisir de lui botter à nouveau son petit derrière de faux-jeton aussi férocement que la première fois. Je n’aimais pas la violence, j’aimais encore moins la guerre mais Hans ou son évocation avait toujours eu tendance à me faire sortir de mes gonds depuis le jour où il s’en était pris à ma sœur. Heureusement que je ne l’avais pas épousé !
En parlant de ma sœur, voilà qu’à son tour elle m’offre un petit cadeau. Un des nombreux miroirs magiques de la reine Regina afin de rester en contact où que nous nous trouvions. J'acceptai son présent tout en espérant intérieurement de ne jamais avoir besoin de m’en servir. D’abord, parce qu’il fallait faire appel à de la magie et que je n’étais pas très enchantée quant à cette perspective. Ensuite, si nous devions communiquer grâce à eux, ce fut uniquement parce qu’on ne se trouverait plus ensemble et pour moi, c’était impensable.
Je fis semblant ensuite de ne pas remarquer la familiarité qu’elle affichait encore en évoquant la reine Merida. Elle me cachait quelque chose concernant leur relation mais je n’arrivais pas à savoir laquelle. Tout ce que je voyais, c’était que ma grande sœur chérie était plus lumineuse et plus joyeuse en sa présence. Cela me suffisait pour le moment. Ce n’était pas vraiment le moment de lui faire une crise de jalousie, nous avions besoin de tout le monde dans cette guerre.
“Alors, voyons voir qui j’ai sur ma liste.” commençai-je en lisant mes notes. “Jafar, Scar, Dr Jekyll ou Mr Hyde - je les confonds toujours ces deux-là - pourquoi pas un mauvais tour de M. Rumplestiltskin. J’avais marqué le dieu Hadès mais comme Zelena est venue nous aider ça m’étonnerait que ce soit lui. Sinon, en relisant les diverses histoires de guerres à travers les âges, il y aurait le roi Arthur. Ou sinon, vraiment quelqu’un qu’on ne connait pas ou qui viendrait d’un conte oublié... Je vais continuer à réfléchir un peu.”
Je posai quelques instants mon papier et mon stylo afin de me saisir de ma tasse encore bien remplie de chocolat bien chaud. Rien de tel pour aider à réfléchir !
J'étais extrêmement préoccupée par cette nouvelle menace qui pesait, mais j'essayais au maximum de garder mon calme, car je sentais l'anxiété de ma petite sœur, er Anna pouvait être vraiment intense en pareil cas. Je voulais l'apaiser, je l'aimais plus que tout et je voulais son bien-être avant tout. Encore une fois, sa vivacité d'esprit me surprit agréablement. Elle etait déjà prête à faire des listes de potentiels propriétaires de la voix terrifiante qui nois avait déclaré la guerre et donc celui qui contrôlait les ogres.
Anna m'expliqua que selon elle il ne pouvait s'agir de Hans ou sa famille. Je hochai la tête pensivement alors qie déjà, ma sœur griffonnait sur son parchemin. Pour ma part je laissai la plume effleurer le bas de mon visage, je songeai à Mérida. Que faisait-elle ? Elle aussi se questionnait-elle sur le coupable de nos ennuis présents ? Comme c'eût été drôle si elle faisait la même chose. Je l'imaginais avec son air pensif qui la rendait si touchante quand elle réfléchissait, si bien qu'un léger sourire s'était dessiné sur mes lèvres au moment où ma chère Anna rompit le silence pour énumérer les noms de sa liste.
Aussitôt, je repris mon sérieux er m'avançai un peu au bord de mon siège pour prendre éventuellement des notes. Je fus étonnée de l'étendue de la culture de ma petite sœur à propos des méchants ayant semé la terreur dans d'autres royaumes. Le nôtre avait été prospère depuis longtemps mais ce n'eut pas été le cas des autres.
- Tu m'impressionnes Anna. Je crois que Jafar d'Agrabah est une bonne piste, il a pratiqué la magie. Scar non, aussi il me semble peut-être éloigné de ce genre de chose. À moins qu'une personne sans magie ait décidé d'y avoir recours... Auquel cas, il peut s'agir de n'importe qui.
Ma dernière phrase fut ponctuée d'un soupir quelque peu désespéré.
- S'il s'agissait tout simplement d'un ennemi de ce royaume ? Il faudrait remonter dans l'histoire de la Forêt Enchantée. Savoir ce qui causa la toute première guerre des ogres.
Voyant ma sœur reposer son matériel d'écriture, j'en fis de même et repris ma tasse de chocolat pour l'en délester d'une gorgée. Je brûlais de parler de Mery à Anna.
- Anna ? Pouvons-nous faire un aparté quelques instants ? J'aimerais que tu me donnes ton avis à propos d'une personne.
Anna avait toujours été la personne la plus importante de ma vie, et à présent qie Mérida était là elle aussi, je voulais m'assurer qu'Anna l'apprécie, et qu'elle comprenne aussi que ma belle rouquine ne prenait en aucun cas sa place.
J'étais plutôt satisfaite de ma liste. Mes nombreuses heures passées à la bibliothèque du château d'Arendelle et du Palais Sombre auront au moins servi à l'établir. Mais, plus je la lisais, plus j'avais peur. Beaucoup des noms inscrits effrayaient n'importe quel habitant du Monde des Contes rien qu'à leur évocation.
Ils avaient tous une réputation bien établie et c'était rarement pour leur bonté ou pour des actes de générosité de leur part. Je me demandais encore et encore à chacune de mes lectures qui pouvait bien être derrière l'attaque des ogres que nous venions de subir.
Elsa me tira de mes réflexions personnelles en me félicitant pour mon travail. Je lui souris timidement, sentant le rouge qui me montait aux joues. Son commentaire concernant la magie et son utilisation par n'importe qui me fit frissonner et la couleur de mes joues vira au blanc des sommets enneigés de notre royaume. Nous n'étions pas plus avancées qu'au début de notre conversation. Ce constat me rendit à la fois folle de colère et complètement désemparée.
"Mais oui, tu as raison. N'importe qui peut utiliser la magie ou contrôler quelqu'un qui sait l'utiliser. Qu'est-ce qu'on va faire ? Comment va-t-on trouver celui qui est derrière tout ça ? Je sais ! Je vais retourner dans la bibliothèque du château et me plonger dans tous les livres, tous les contes et toutes les histoires qui s'y trouvent !"
J'étais prête à y aller à l'instant même. Ce fut alors que ma grande soeur eut une idée qui pouvait me permettre de mieux orienter mes recherches. Celui derrière la première guerre des trolls, pourquoi n'y avais je pas pensé plus tôt ? Ce pouvait-il que notre ennemi fut le même qu'à cette époque-là ? Ou peut-être un de ses descendants, ou de ses disciples ou de ses protégés ou quelqu'un ayant entendu l'histoire et trouvant le subterfuge intéressant ? Ca ajoutait tellement de personnes à la potentielle liste des responsables !
Instinctivement, je m'étais levée du canapé et avais recommencé à faire les cent pas dans la salle. Je me sentais tellement impuissante et inutile et inquiète et en colère. Je n'arrivais à me concentrer sur quoique ce fut. Cette histoire n'avait aucun sens pour moi et je n'aimais pas être autant dans l'inconnu. Je regardai ma soeur, ma grande soeur qui était toujours aussi sereine qu'à son habitude sur le même canapé que depuis le début de notre conversation.
L'expression de son visage que je venais de capter me fit m'arrêter net dans mon envie de tracer un sillon sur le sol en marchant de long en large. Il y avait quelque chose qui la tracassait ou qu'elle voulait me dire mais je voyais qu'elle hésitait à m'en parler. Je retournai m'assoir en face d'elle et pris une nouvelle gorgée de chocolat chaud. Allait-elle enfin me dire pourquoi elle passait autant de temps avec la reine Merida ? Loin de moi alors que nous avions été séparées si longtemps ?
Je l'écoutais attentivement. Elle souhaitait mon avis concernant une personne. Elle qui avait toujours su cerner les gens dès son premier regard posé sur eux, elle qui m'avait évitée de faire une grosse bêtise il y avait tant d'années de cela. La personne en question devait vraiment être spéciale pour qu'elle n'eût plus confiance en elle et qu'elle me demandât mon opinion. Ou étais-je complètement à côté de la plaque et elle soupçonnerait un des habitants du château d'aider le méchant lanceur d'ogres ?
"Tu veux mon avis ? Sur une personne ? A moi qui ai voulu me marier à un imposteur quelques minutes après l'avoir rencontré ? D'ailleurs je ne t'ai jamais assez dit merci pour m'avoir évité la pire erreur de toute ma vie. Mais si c'est ce que tu souhaites, j'essayerais d'être la plus objective possible concernant cette personne."
Je regardai droit dans les yeux Elsa, attendant avec impatience qu'elle prononçât le nom de cette personne quelle qu'elle fut.
Plus nous y réfléchissions et plus la question de l'auteur des attaques, du moins le commanditaire de celles-ci, semblait épineuse. Pensant à voix haute, j'avais émis le postulat que même une personne initialement non dotée de magie aurait pu prendre possession d'un artefact lui permettant de contrôler les créatures telles que des ogres. Aussi, si tel était le cas, il pourrait alors s'agir de n'importe qui. J'eus l'impression que cette idée faisait paniquer encore plus ma petite soeur. Puis, j'exposais le fait qu'il faudrait peut-être se pencher sur l'Histoire de ce royaume avec ses précédentes guerres, choses dont ma précieuse petite Anna voulut s'enquérir dans les livres de l'immense bibliothèque de ce palais.
- C'est une excellente idée. Je suis sure qu'il y aurait des indices à explorer... Et si ce n'est pas cela, au moins une piste sérieuse sera écartée pour pouvoir se pencher sur une autre sans le moindre doute.
Bon, j'espérais qu'elle était un peu apaisée car à présent, je voulais lui parler de Merida. Le simple fait de penser à elle fit naître un léger sourire sur mes lèvres, mais avoir l'avis de ma soeur m'angoissait aussi un peu. Je savais Anna extrêmement franche et entière... Que penserait-elle de la situation ? Alors que je lui exposais ce que j'attendais d'elle, à savoir son avis sur une personne, sa réponse me fit légèrement rire, une main devant ma bouche.
- Tu as parcouru bien du chemin depuis, ma soeur. Tu n'es plus cette jeune fille naïve sortie d'années d'isolement.
Ce confinement de plusieurs années, par ma faute, avait fait beaucoup de mal à Anna, j'en avais conscience, et je savais que je n'aurais jamais assez de toute ma vie pour me rattraper. Ce qui me consolait, c'était qu'elle avait trouvé son grand amour en la personne de Kristof, quelqu'un de bien. Prenant mon courage à deux mains, je me raclai la gorge, soutenant le regard de ma petite soeur qui semblait impatiente.
- Que penses-tu de la reine Merida ?
Mon coeur s'emballa soudain. Qu'allait-elle me dire ? Je savais qu'elles s'étaient croisées brièvement à quelques reprises, et il m'avait semblé que, nous voyant ensemble, Anna sembla blessée que je ne passe pas ce temps avec elle. Officiellement, Mery et moi prétextions devoir parler de nos royaumes, et cela semblait plausible, mais il y avait tellement plus... À présent, je ne concevais plus ma vie sans elle, c'était tout simplement impossible. Je l'aimais, je savais maintenant ce que c'était que ce sentiment que l'on disait plus fort que tout, qui était la plus puissante des magie. Je le comprenais.
Je vis ma sœur rire à l'évocation de mon manque de discernement concernant Hans. Cela faisait bien longtemps que je ne l'avais pas vu aussi heureuse et cela me faisait du bien de voir un peu de légèreté dans ces moments sombres et incertains. Elsa me dit que j'avais bien grandi depuis cet épisode de notre passé et tout ce temps à l'isolement dans le palais. Il était vrai qu'à cette époque, mes seuls amis étaient les tableaux accrochés dans les couloirs et les montagnes de livres que je lisais et relisais dans la bibliothèque d'Arendelle.
La mort de nos parents nous avait aussi fait mûrir beaucoup plus vite - beaucoup trop vite - et il nous fallait nous serrer les coudes et se faire confiance. Ma grande sœur avait eu plus de mal à se confier à moi et moi j'avais peut-être trop envie de croire et faire confiance à n'importe qui. Heureusement malgré tout qu'elle fut là et ainsi m'éviter de faire la pire bêtise de ma vie. Toute cette histoire m'avait aussi permis de rencontrer l'homme de ma vie, le bon cette fois-ci, mon mari, mon confident, mon meilleur ami, mon Kristoff. Qu'est ce qu'il pouvait me manquer affreusement !
Je me concentrai à nouveau sur Elsa. Je voyais bien qu'elle cherchait comment aborder le sujet qui lui brûlait les lèvres depuis quelques minutes. Elle se racla la gorge et me donna enfin le nom de la personne sur qui elle voulait mon avis. Il s'agissait bien de la reine Merida. Mais pourquoi avait-elle autant besoin de connaître mon opinion sur une souveraine avec qui notre royaume faisait du commerce ? Voulait-elle savoir comment mon passage à DunBroch durant mon voyage de noces s'était passé ?
Je réfléchis quelques instants à ce que j'allais pouvoir bien dire concernant la souveraine rouquine sans montrer ma jalousie qui se pointait à chaque fois que je voyais ma sœur avec elle.
"Tu sais, je ne la connais pas beaucoup. Elle a été très accueillante avec Kristoff et moi quand nous sommes arrivés dans son Royaume pendant notre lune de miel. Je l'ai trouvé très à l'écoute de son peuple et prête à tout pour le protéger ainsi que sa famille. Mais tu dois mieux la connaître que moi, tu passes beaucoup de temps avec elle ces derniers temps... Je veux bien comprendre que vous devez parler de nombreux sujets notamment concernant la sécurité de vos royaumes ainsi que les échanges commerciaux déjà mis en place et de potentiels nouveaux. Mais on a été éloignées si longtemps ! J'aimerais bien passer un peu plus de temps en ta compagnie afin de rattraper tout le temps perdu... Je ne sais rien de la façon dont tu es arrivée à Storybrooke ni quand tu es arrivée, ta nouvelle vie à New York pendant la malédiction des Inquisiteurs... On s'est à peine vues depuis qu'on s'est retrouvées dans la Forêt Enchantée il y a quelques semaines."
Moi ? Jalouse de la relation entre les deux reines ? Mais, complètement ! Elsa devrait vouloir passer du temps avec moi ! J'étais sa petite sœur, celle qui l'avait sauvé à deux reprises dans notre jeunesse. D'abord de mon ex fiancé, puis d'elle-même quand elle s'était trop plongée dans le passé du côté d'Ahtohallan. Certains jours, je ne savais même pas si elle était dans le palais ou en balade dans la forêt, si elle était en réunion ou si elle dégustait un chocolat chaud sur une des terrasses.
Je me cachai le visage dans les mains et me levai pour tourner le dos à Elsa afin de ne pas lui montrer les larmes qui commençaient à couler le long de mes joues.
J'avais enfin posé cette question qui me brûlait les lèvres depuis bien longtemps, et j'étais suspendue à celle de ma petite sœur, afin de connaître son avis sur la femme qui faisait battre mon cœur. Il battait d'ailleurs très vite à ce moment précis. Pourquoi appréhendais-je la réponse d'Anna ? On ne pouvait qu'aimer Mérida, elle était parfaite. Gentille, dévouée, intelligente, drôle, aimante... Je ne lui trouvais que des qualités. La voix d'Anna brisa le silence. Elle commença par le répondre qu'elle ne la connaissait pas très bien, puis me parla de son séjour à DunBroch avec Kritoff. Je souris en l'entendant dire que la reine rousse de mon cœur les avait nie ma accueillis, qu'elle était aimée de son peuple. Mais la suite des propos de ma sœur me fit perdre peu à peu mon sourire. Sans doute était-ce cela que j'appréhendais. Anna semblait me reprocher, gentiment bein sûr, le temps que je passais avec Mery. Je sentís mon cœur se serrer car je sentais que cela lui faisait de la peine. Et j'aimais Anna plus que tout, lui causer de la peine était la dernière chose au monde que je voulais.
- Oh... murmura-je tandis qu'un léger nuage se forma au-dessus de ma tête, faisant tomber des flocons sur moi.
Je vis ma sœur se tourner et...
- Oh non, Anna... Tu pleures ?
Je me levai immédiatement pour venir lui faire face et passer mes bras autour d'elle. Une douce étreinte, tandis que moi aussi, les larmes commençaient à monter, faisant briller mes yeux d'émotion.
- Je suis désolée ma sœur, je ne voulais pas que tu te sentes délaissée. Je t'aime tellement. Je te demande pardon.
J'étais désemparée, j'avais blessé ma petite sœur rien qu'en étant avec la personne que j'aimais... Y avait-il une solution à cela ? Comment pouvais-je faire ? Que devais-je lui dire ? Je n'avais jamais vécu une telle situation, aussi étais-je complètement perdue.
- Si tu veux, prenons le temps de tout nous raconter, d'accord ? Je vais t'expliquer comment en suis arrivée à Storybooke, et aussi ma vie à New York ork, même si elle n'est pas très reluisante. Et tu feras pareil. Est-ce que tu veux que nous fassions cela ?
J'avais pris avec douceur son visage entre mes mains, cherchant son regard. Je l'invitais à se rasseoir avec moi, sans quitter sa main que je venais d'attraper en douceur.
- Je t'ai fait chercher de partout, et quand tous mes émissaires m'ont dit qu'ils n'avaient aucune trace de toi, dans aucun royaume, mais que plusieurs m'ont parlé de ce monde sans magie, j'ai immédiatement cherché à me gagner moi-même. J'ai eu recours au sous-marin d'un capitaine, et un portail dans l'eau. C'est ainsi que nous sommes arrivés à Storybooke. Et par chance, tu y étais aussi. Mais immédiatement, il y eut cette histoire avec les Inquisiteurs. Je dois dire que je ne comprenais pas bien les tenants et aboutissants. Mais après ces deux ans à New York, je comprends mieux le fonctionnement qui avait cours à Storybooke.