Samedi ! L’un des jours que CJ adorait et pour cause, c’était le week-end. Mais contrairement à ce qu’elle vivait avant avec son grand-père, elle ne pouvait pas trop trainer au lit le matin sinon, elle n’allait plus rien avoir pour déjeuner. Elle se leva donc, à contrecœur, regrettant le temps où elle pouvait se lever à presque midi. Une fois prête, elle alla donc déjeuner, jetant parfois un regard autour d’elle. Elle avait pris le risque de se faire passer pour l’une de ces réfugiés afin d’échapper à l’orphelinat. Mais elle n’avait pas très bien compris en quoi ils avaient fui. Une fois, elle avait discuté avec un asiatique à qui elle avait aidé à faire ses boutons de chemise. La conversation avait dérivé au final vers le disney Mulan. En général, l’adolescente mangeait toujours toute seule. Oh, parfois, il lui prenait de se taper l’incruste auprès de quelques autres jeunes avec qui elle allait à l’école mais elle s’isolait rapidement pour soit lire son vieux livre de conte, soit pour écrire car son plus grand rêve, c’était d’être écrivaine ou alors, elle était sur son ordinateur portable entrain de surfer sur le net (qu’elle captait un peu mal en fait et cela avait le don de l’énerver).

Début d’après-midi, elle était dehors, assise sur l’une des marches de l’escalier extérieur du couvent, entrain de lire un vieux roman qu’elle avait emprunté à la bibliothèque de l’école : « La légende du roi Arthur ». Elle connaissait l’histoire par cœur mais elle adorait la relire à plusieurs occasions. Arthur était l’un de ses héros préférés depuis l’enfance. Elle avait même suivi une série anglaise sur internet, « Merlin » mais la série était sur le point de s’arrêter étant donné que c’était la dernière saison. Merlin était aussi un de ses héros, tout comme ce cher Robin. Côté princesse, elle avait une grande admiration pour Belle et Merida, celles-ci prônant que tout le monde pouvait être maître de son propre destin. CJ aimait bien cette idée. Et puis, dans la « Belle et la Bête », la jeune fille aimait le côté romantique de la demoiselle qui tombe amoureuse d’une bête hideuse alors qu’en réalité, c’était juste un être humain qui avait une différence. Selon elle, ça prônait la tolérance envers l’inconnu, ne pas se fier à la couverture d’un livre par exemple. CJ avait tenté d’aller plus loin que l’apparence d’autrui mais parfois, ce n’était pas facile. Cela faisait plusieurs minutes que la gamine de quatorze ans était là lorsque quelqu’un sembla attira son attention. Elle releva son nez du bouquin et remarqua enfin l’adulte devant elle. D’un grand sourire chaleureux comme elle avait l’habitude d’avoir, elle prit la parole :

- Bonjour ! Je peux vous aider ?

La dame que CJ avait devant elle était très belle. On aurait presque dit une reine des temps modernes. Si seulement la jeune fille savait mais mon petit doigt me dit qu’elle finira par le savoir un jour ou l’autre. La gamine avait adressé un charmant sourire que Regina lui rendit en lui tendant la main.

Regina : -Bonjour jeune fille. Je suis Regina Mills, le maire de Storybrooke.
- Enchantée madame ! Moi c’est Cassandra Jane Alexanders mais vous pouvez m’appeler aussi CJ. D’ailleurs, on m’appelle plus CJ que Cassie ou Cassandra ou Jane ou les deux !

Elle ne se rendit pas compte qu’elle venait de donner un indice même si la Maire savait déjà la vérité. CJ ignorait qui étaient la véritable identité des habitants de Storybrooke et comme elle restait fidèle à elle-même, elle ne se cachait pas. D’ailleurs, il fallait bien le reconnaître mais elle était la seule à avoir un ordinateur portable et un téléphone portable contrairement aux réfugiés du monde des contes. Déjà, ça avait donné un petit indice à la mère supérieure et il était donc normal qu’elle ait prévenu Regina. Celle-ci lui tendit ensuite le plat qui contenait la tarte aux pommes. L’adolescente le prit mais attendit que la jeune femme vienne s’asseoir à côté d’elle, lui disant au passage que Sotrybrooke était une petite ville où il n’était pas rare que la maire ne sache pas ce qu’il s’y passait. Le cœur de CJ fit presque un sursaut. Aie aie ! Ça ne sentait pas bon là !

Regina : -Je me suis dit, étant donné que tu n’es pas d’ici, qu’une tarte aux pommes te ferait plaisir pour te souhaiter la bienvenue.
- Oh merci beaucoup !

La jeune fille prit une part avant de manger un bout qu’elle trouva délicieux. Cela lui rappelait d’ailleurs les tartes aux pommes qu’elle faisait avec son grand-père. A la pensée de ce dernier, son sourire s’effaça légèrement. Son grand-père lui manquait horriblement. Puis, la maire lui demanda d’où elle venait, faisant remarquer qu’elle était un peu jeune pour voyager seule avant de lui demander où était sa famille. Là, la gamine perdit complétement son sourire. Si elle disait la vérité, elle allait à coup sûr finir dans un horrible orphelinat.

- De Boston !

Elle hésita un instant avant de continuer mais bizarrement, elle qui était parfois de nature méfiante, elle sentait qu’elle pouvait faire confiance à la jeune femme bien qu’elle avait toujours peur de finir à l’orphelinat. Poussant un soupir et regardant le sol, elle continua :

- Je ne connais pas mon père, ma mère est morte quand j’avais 5 ans et mon grand-père est mort il y a environ six mois. Oh s’il vous plait, ne m’envoyez pas dans un orphelinat aussi horrible que la famille d’accueil où j’étais avant. Ils m’avaient privé de mon ordinateur et du livre de conte de ma mère ! En plus, j’ai eu un camarade de classe qui vivait dans un orphelinat et il parait que c’était horrible ! Par contre, elle est super bonne votre tarte aux pommes ! Vous y avez mis quoi dedans ? De la cannelle ?

On ne pouvait pas dire que CJ était méfiante là, livrant sans problème son identité avec même une certaine naïveté et innocence. La jeune femme à côté d’elle continua à se montrer d’une grande gentillesse avec elle, ce qui avait pour effet de mettre l’adolescence en confiance. Au contrairement à l’actuelle shérif, CJ était loin d’être une emmerdeuse. Enfin, ça dépendait pour quoi mais pour mettre du bordel dans une ville par exemple, ce n’était pas son genre. Elle préférait plutôt la discrétion. Ben disons que là, c’était plutôt raté ! La détresse de la petite demoiselle semblait avoir touché la maire. En même temps, qui ne le serait pas ? Il est vrai que si la mère supérieure aurait été mise au courant dés le départ, ni elle ni Regina ne se serait inquiétée de la présence de la jeune fille.

Regina : - Boston? Ce n'est pas la porte à côté... Ne t’inquiète pas, mon but n’est pas de te nuire. Nous allons trouver une solution, d’accord ? Mais pour ça, il faut que tu me fasses confiance. Tu veux bien ?

CJ fit un oui de la tête avant de finir son morceau de tarte qui était vraiment délicieux. Son compliment pour la tarte fit apparemment plaisir à Regina. Celle-ci la remercia, rajoutant que son fils adorait la cannelle au point qu’il en mettait régulièrement dans son chocolat chaud. Le regard de CJ s’illumina à nouveau, suivi d’un grand sourire sur son visage.

- Oh comme moi ! Mon grand-père aussi adorait la cannelle ! Par contre, maman, je ne sais plus ! Je devais être trop petite pour m’en rappeler. Vous avez déjà fait de la compote de pommes à la cannelle ? C’est délicieux ! Papy en faisait souvent !

Ah, qu’est-ce qu’elle l’adorait son papy. Il faut dire, c’était la seule famille qui lui restait jusqu’il y a encore six mois. L’adolescente était pourtant persuadée qu’il allait se remettre, même si les médecins n’étaient pas fort optimistes. Cependant, le problème avec eux, c’était qu’ils ne disaient pas la vérité à CJ. Elle avait prié pratiquement tous les soirs pour que son grand-père guérisse vite pour rentrer à la maison mais hélas, ses prières n’ont pas été entendues. Et il faut dire aussi qu’elle avait commencé à craindre les hôpitaux, ne faisant plus du tout confiance aux médecins.

- Il s’appelle comment votre fils et il a quel âge ?

Elle espérait un peu qu’il soit d’environ son âge, ce qui ferait qu’elle ne se sentirait pas trop toute seule.

- Je peux reprendre un morceau ? C’est trop bon !

La maire sourit à nouveau à CJ, attendrie par sa joie de vivre si l’on peut dire, rajoutant qu’elle avait en effet déjà fait de la compote de pommes à la cannelle et qu’elle en avait justement mis dans la tarte. Était-ce un geste maternel ou sans doute par habitude que Regina avait avec son fils mais CJ fut un peu surprise de la voir remettre une de ses mèches derrière son oreille, dégageant ainsi son visage que l’on pouvait mieux voir. La dernière personne qui avait fait ce genre de geste, c’était sa défunte mère aussi loin que remonte les souvenirs de CJ. La petite apprit que le fils de la maire s’appelait Henry et qu’il allait bientôt fêter son douzième anniversaire, ce qui voulait dire qu’il avait deux ans de moins qu’elle. Pour CJ, c’était court comme différence d’âge mais il devait être sympa selon elle. Déjà pour aimer la cannelle, il devait être sympa. Regina lui demanda à son tour quel âge avait-elle.

- Quatorze ans depuis le 16 aout ! Alors il est plus jeune que moi votre fils !

Elle était très fière en disant ça car elle avait son anniversaire la veille de celui de son grand-père et même s’il lui manquait, elle n’avait pas été triste de fêter son anniversaire, fêtant également celui de son papy malgré son absence.

Regina rit légèrement quand CJ lui demanda si elle pouvait encore prendre un morceau, lui disant que la tarte était rien que pour elle mais qu’elle ne devait pas se rendre malade. Cela fit plaisir à la petite d’apprendre qu’elle avait fait cette tarte rien que pour elle. Finalement, ils étaient vraiment sympas dans cette ville.

- Oui, il y en a un mais faudra mettre mon nom dessus ! Ya une bande de garçons qui viennent se servir pendant la nuit et j’ai pas envie qu’ils viennent manger ma tarte !

Il s’agissait des garçons perdus, enfin pas tous mais CJ ne savait pas encore qui ils étaient. Elle avait pour l’instant juste des doutes à cause de Mushu quand ils avaient parlé de Mulan. A la fin de la conversation, elle ne savait plus s’ils avaient parlé du disney ou de la vraie Mulan. La jeune femme lui posa ensuite pas mal de questions auxquelles elle répondit tout de suite.

- Ben si je ne me trompe pas, ça fait trois semaines aujourd’hui. Oh oui elle est trop cool votre ville ! ça change des grandes villes. C’est petit, plus calme, tout le monde se connait plus ou moins, c’est chouette ça !

Par contre, pour ce qui était des choses étranges qu’elle aurait constaté, à part avec l’étrange conversation avec ce Mushu, elle n’en avait remarqué aucune. Elle fit un « non » de la tête. En même temps, elle ne voulait pas que le pauvre chinois ait des ennuis si c’était bel et bien le dragon de Mulan. Elle l’adorait beaucoup. Il la faisait souvent rire quand elle regardait le film.

- Mais le nom de votre ville est marrant, ça fait presque storybook si l’on retire le r à la fin.

Pour madame le maire, les choses commençaient à devenir compliquées au fil de la conversation. Le cas CJ Alexanders comme elle l’appelait désormais était vraiment un cas … des plus compliqués. Comment vouloir expulser une aussi adorable jeune fille comme elle ? En plus, qui n’a plus de famille ? Madame le maire, vous pensez à ce que je pense ?

En attendant, après avoir appris que des jeunes garçons venaient se servir dans le frigo pendant la nuit, elle confirma qu’il valait mieux en effet que la petite mette son nom sur la tarte. Mais pas de panique en ce qui concernait de garder un secret, Peter Pan avait été très stricte avec ses garçons perdus et même si CJ réussit à les avoir en les torturant de manière douce (oh juste en les attachant pour les empêcher de bouger pendant qu’elles les chatouille.), ils ne cracheraient pas le morceau. En même temps, ils savent ce qui les attend, aussi bien avec l’ancienne méchante reine qu’avec leur chef !

Regina était étonnée que cela fasse trois semaines que CJ était à Storybrooke. Il faut avouer que l’adolescente avait été bien discrète pendant ces trois semaines. Déjà, elle n’était pas arrivée tout de suite au couvent car une habitante l’avait hébergée chez elle pendant trois jours et pour lui éviter des ennuis, CJ avait préféré partir. Si en ce moment, la gamine avait les yeux remplis d’émerveillement, qu’est-ce que ça allait être quand elle découvrira la vérité. La maire dut parler d’un sujet un peu plus délicat, comme par exemple les personnes qui devaient les rechercher car elle lui rappela qu’elle était encore mineure et on ne laissait en général jamais un mineur sans un tuteur. Les enfants ne pouvaient pas vivre tout seul.

- Oui je comprends.

La jeune fille avait à nouveau un peu perdu son sourire. Si la maire lui parlait de ça, c’était qu’un jour, les services sociaux allaient la retrouver et même si elle continuait ses études, il est vrai qu’elle n’avait pas de tuteur légal. Elle songea un instant aux sœurs mais ça n’irait pas. Il faudrait qu’un habitant de la ville devienne son tuteur ou l’adopte. Son imagination se mit alors en marche et en y réfléchissant bien, la maire faisait la candidate parfaite ! Après tout, elle était venue en quelque sorte s’assurer que tout se passait bien pour la petite, elle lui avait même fait une tarte aux pommes rien que pour elle, elle avait un fils de presque le même âge qu’elle – et comme elle a toujours rêvé d’avoir un petit frère, ça serait super génial pour elle – et en plus, c’était la maire de la ville. Il y avait de grandes chances pour qu’elle soit prise au sérieux par les services sociaux si elle leur disait que CJ allait bien mais pour avoir plus de preuves de bonnes volontés, il faudrait aussi que l’adolescente ait de bonnes notes à l’école. Dans la moyenne, ça allait en général mis à part en math et en science. Il faut croire que ce sont les bêtes noires de pas mal d’élèves de nos jours !

- Et vous connaissez pas quelqu’un qui pourrait m’adopter ? Parce que j’adore cette ville, elle est trop chouette et ouais, je trouve qu’elle est mieux que Boston ou du peu que je me souviennes de New York et en plus, vous pouvez pas savoir comme c’est perturbant de changer d’école en cours d’année ! J’ai déjà eu ça à cinq ans, j’ai eu ça y a quelques mois et ça fait trois semaines que j’ai repris l’école et en plus, y a un projet trop cool pour le cours de sport qui est prévu et je voudrais pas le rater. Il parait qu’on va avoir cours de tir à l’arc et j’ai pour l’instant de bonnes notes, sauf en math et en science. Il faudrait que je demande à quelqu’un pour m’aider dans ces matières et je fais mes devoirs quand il faut, je suis très sage en général et … Et puis voilà !