Le calme avant la tempête, nul doute que cela résumait parfaitement la situation de nos deux protagonistes, dès lors confrontés à une pluie de flèches. La forêt dense était une toile de sombres ombres et de légères lueurs de lune. Chaque bruissement des feuilles sous le vent, chaque craquement de branche semblait amplifier l’atmosphère tendue.
« — Nous devons rester sur nos gardes, » murmura Robin. « — Ces bandits pourraient tenter une autre attaque, ou pire, ils pourraient essayer de nous encercler. » Il sentit une présence, une légère perturbation dans l’air, et se tourna vers la direction d’où venait la première flèche. Il décida de prendre l’initiative avant que leurs assaillants ne reprennent l’avantage.
« — Reste près de moi, » ordonna-t-il doucement, son regard perçant, cherchant toujours des signes de mouvement. « — Si nous restons ensemble, nous aurons plus de chances de nous défendre. »
Sans attendre de réponse, Robin se mit en mouvement, avançant prudemment d’un arbre à l’autre, utilisant chaque ombre et chaque couverture naturelle à son avantage. Ses années de vie en tant que hors-la-loi l’avaient rendu maître dans l’art de la discrétion et de la stratégie en terrain hostile. Chaque pas était calculé, chaque mouvement mesuré, sa silhouette se fondant dans l’environnement.
En progressant, il entendit un léger bruissement. Instinctivement, il banda son arc et ajusta sa flèche, prêt à tirer. Une silhouette émergea des ombres, mais avant qu’il ne puisse relâcher sa corde, il reconnut la forme d’un cerf effrayé qui s’enfuyait, ses sabots frappant le sol en une cadence désordonnée.
Robin se détendit légèrement, mais resta vigilant. Il savait que les véritables dangers étaient encore là, cachés quelque part dans l’obscurité. Il se tourna vers Mordred, qui le suivait de près, son épée prête à frapper, sa posture trahissant une concentration intense malgré la douleur visible sur son visage.
« — Nous devons trouver un endroit sûr pour la nuit, » murmura-t-il. « — Un endroit où nous pourrons surveiller les alentours sans être vus. »
Continuant à avancer, l’archer trouva finalement une petite clairière entourée d’arbres denses, offrant une vue dégagée sur les environs. Le clair de lune perçait à peine à travers la canopée, projetant des motifs fantomatiques sur le sol. Il fit signe à Mordred de s’arrêter et inspecta les environs pour s’assurer qu’ils étaient seuls.
« — Ici, c’est parfait, » dit-il enfin. « — Nous monterons un camp de fortune et prendrons des tours de garde. Nous ne pouvons pas nous permettre d’être surpris à nouveau. »
Il commença à rassembler des branches et des feuilles pour créer un abri rudimentaire, tout en gardant un œil vigilant sur les bois sombres autour d’eux. Le parfum de la terre humide et des feuilles en décomposition emplissait l’air, une odeur à la fois réconfortante et alarmante dans cette nuit incertaine. Robin savait que la nuit serait longue, mais il était prêt à tout pour protéger Mordred et lui-même. D’ailleurs, il se pencha sur son neveu et sa blessure. « — On devrait désinfecter ça, ne crois-tu pas ? »
La blessure de Mordred saignait encore légèrement, la flèche ayant pénétré profondément. Robin sortit un petit flacon d’alcool de sa besace et imbiba un morceau de tissu avant de l’appliquer délicatement sur la plaie.
« — Ça va piquer un peu, » dit-il en guise d’avertissement. Puis il continua avec précaution, nettoyant la blessure aussi bien qu’il le pouvait dans ces conditions.
Une fois la plaie désinfectée, l’ancien héros de Sherwood la banda fermement avec un morceau de tissu propre. « — Ça devrait tenir jusqu’à ce qu’on trouve de meilleurs soins, » dit-il en terminant son bandage. « — Si j’avais eu frère Tuck sous la main, outre la dégustation d’une excellente cuvée, il nous aurait sûrement trouvé la bonne plante pour amoindrir la douleur. »
Ainsi, c’est ici qu’ils décidèrent de s’installer pour la nuit. Robin se cala contre un arbre, ses sens en alerte, prêt à réagir au moindre signe de danger. Le silence de la forêt était à peine troublé par le chant des grillons et le bruissement des feuilles. La nuit promettait d’être longue et incertaine, mais pour l’instant, ils avaient un moment de répit.
L'attaque semble passée, mais nous savons l'un comme l'autre qu'il vaut mieux rester prudent quand la tempête semble passée. Plus encore quand nous sommes face à un ennemi invisible que nous n'avons pu ni identifier, ni dénombrer. Si Robin ouvre la marche de son arc, je le suis de près, armé de mon épée, gardant ma main droite rendue inutile ou presque serrée autour du pommeau de ma dague, permettant de laisser mon bras reposer, même s'il lui faudra davantage de soins que cela. Ca peut attendre, la plaie est handicapante, mais pas létale.
Robin se mettant en alerte subitement me fait relever mon épée en position d'attaque, prêt à assurer ses arrières au besoin. Mais l'archer finit par relâcher la corde de son arc alors qu'il devient évident que la menace attendue ne surviendra pas. J'acquiesce, gardant mon épée en main, quand il me dit qu'il nous faut trouver un endroit où passer la nuit, et le laisse continuer en avant. De nous deux, il est clairement celui qui s'y connait le mieux en matière de forêts, alors autant le laisser mener. Jusqu'à ce qu'il semble satisfait de l'endroit trouvé, une clairière où la lumière de la lune parvient à filtrer à travers les branches d'arbres suffisamment épais pour former une palissade naturelle sur son périmètre. Je ne suis pas un expert, mais si j'avais eu à m'arrêter seul dans ces bois, c'est effectivement un endroit qui m'aurait semblé intéressant.
"Cela me semble idéal, en effet."
Une fois certains que les lieux sont surs, je replace mon épée dans son fourreau, avant de prendre, enfin, deux minutes pour m'asseoir contre le tronc épais d'un arbre et laisser mon esprit se concentrer sur ma blessure, à laquelle je m'intéresse semble-t-il au même instant que Robin, qui revient avec quelques branches pour monter un abri temporaire. Etant un adepte de la chirurgie à la tronçonneuse, comme diraient ceux de Storybrooke, j'accepte de le laisser se charger des soins à accorder à ma plaie.
"J'ai connu bien pire, fais toi plaisir."
Ce qui n'empêche pas une bonne grimace de s'afficher sur mes traits quand il applique son tissu imbibé d'alcool sur ma plaie. Le bandage serré fort autour de mon bras me soulage instantanément ou presque, et je pose mon autre main sur celle de Robin quand il achève son rafistolage de fortune.
"Merci. Pour tout."
Aussi bien les soins prodigués que l'acceptation de mon histoire, de mon passé, de mes origines et de ce que je compte en faire ou non. En général, les gens vous cataloguent avant de vous connaitre, avec un passif tel que le mien. Robin a su voir au delà, et je ne demande qu'à apprendre à le connaitre davantage rien que pour cela. Lui, et la reine qui l'a choisit pour époux, sans nul doute une autre femme de bien à n'en pas douter.
"A notre prochaine rencontre, présente moi ce "frère Tuck" alors. Rien que pour sa cuvée. Et peut-être pour ses plantes."
Je dois avouer que je le laisse volontiers prendre le premier quart, l'adrénaline redescendant avec l'affaiblissement de la douleur. A dire vrai, si je m'endors immédiatement malgré la situation précaire où nous nous trouvons, sa main sur mon bras (le bon) me tire immédiatement du sommeil, ma main se posant immédiatement sur la garde de ma dague jusqu'à ce que je l'identifie. J'acquiesce silencieusement, n'ayant pas besoin de mots pour nous comprendre, alors que je prends mon quart à mon tour.
Et il ne me faut pas attendre longtemps pour qu'un bruit d'approche clair et peu discret se fasse entendre. De quoi me faire me relever, dégainant mon épée hors de son fourreau pour réceptionner la menace... qui s'avère n'être que mon cheval, loin d'être la discrétion absolue, qui nous a apparemment retrouvés. Je me saisis des rênes de ma main la plus faible, gardant l'attention rivée sur les alentours, des fois que sa course aurait été suivie.
"Et ton copain, il se trouve où lui?"
Je passe une main sur son chanfrein avant de rejoindre mon oncle, souhaitant éviter qu'il ne rajoute une flèche sur la pelote d'épingles qu'est déjà ma selle.
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Robin de Locksley
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♕ Lieu : Le Chateau sombre, dans la Forêt enchantée
Le silence de la nuit enveloppait la clairière, seulement perturbé par les bruits naturels des bois. Robin, toujours en alerte, scrutait les ombres avec une intensité calculée. La lumière de la lune, filtrant à travers les branches épaisses, créait des motifs changeants sur le sol, ajoutant une dimension presque mystique à leur environnement. Les feuillages bruissaient sous le souffle du vent, une mélodie nocturne qui, paradoxalement, amplifiait le calme tendu de leur situation.
L’ennemi juré du shérif de Nottingham se dirigea vers les limites de la clairière, ses mouvements fluides et silencieux trahissant des années d’expérience et de vigilance. Chaque pas était mesuré, chaque geste précis alors qu’il inspectait minutieusement les environs, cherchant le moindre signe d’une présence hostile. Le sol humide, l’odeur de la terre et des feuilles en décomposition, tout cela faisait partie de son monde et il ne boudait pas son plaisir de le retrouver.
Il revint près de Mordred, constatant que son neveu avait trouvé un certain réconfort, malgré la douleur visible sur son visage. L’archer savait que le repos serait essentiel pour la récupération de son neveu, mais il ne pouvait ignorer la possibilité d’une nouvelle attaque. Il prit donc la décision de monter la garde pour le premier quart, laissant au brun ténébreux le temps de récupérer ses forces.
« — Repose-toi maintenant, » murmura-t-il à Mordred, sa voix douce mais ferme. « — Je veillerai sur nous. »
Il s’installa contre un arbre, ses sens en alerte, l’arc à portée de main. Le temps s’étira, chaque minute semblant durer une éternité alors qu’il écoutait attentivement les bruits de la forêt. Le chant des grillons, le bruissement des feuilles, tous ces sons familiers et apaisants dans un autre contexte, étaient maintenant des rappels constants du danger potentiel qui les entourait.
Les yeux de Robin parcouraient sans cesse la lisière des arbres, sa vision perçant l’obscurité à la recherche de tout mouvement suspect. Il repensait aux événements récents, à l’attaque soudaine et violente, aux flèches sifflant dans l’air.
Le temps passa et, finalement, il sentit que Mordred se réveillait, prenant la relève sans un mot. Robin hocha la tête, un bref sourire de reconnaissance sur ses lèvres. Il savait que son interlocuteur comprenait l’importance de la vigilance, même dans ces moments de répit.
Puis il se leva doucement, laissant son neveu à son tour de garde. Il se déplaça sans bruit vers le cheval de Mordred, vérifiant son état et ajustant les rênes pour s’assurer qu’il était prêt à repartir rapidement en cas de besoin. La forêt restait silencieuse, mais Robin ne se laissait pas tromper par cette tranquillité apparente.
Il revint près de l’arbre où il s’était assis auparavant, s’installant pour un repos léger, toujours prêt à réagir au moindre signe de danger. Ses pensées dérivaient vers les bandits qui les avaient attaqués. Ils devaient avoir une raison pour cette embuscade, et Robin savait qu’il devrait découvrir la motivation derrière cette agression. Mais pour l’instant, l’objectif principal était de survivre à la nuit.
Alors qu’il fermait les yeux, prêt à céder à un sommeil léger et vigilant, il pensa à son vieux compagnon, frère Tuck. Une vague de nostalgie le traversa, mais il la repoussa rapidement. Il y aurait du temps pour les retrouvailles et les souvenirs, mais seulement après avoir assuré la sécurité de Mordred et la leur.
Robin hocha la tête en silence lorsqu’il vit Mordred prendre la relève, confiant dans les compétences de son neveu. Sentant la fatigue le gagner, il s’installa contre un arbre, l’arc à portée de main, prêt à réagir au moindre signe de danger. La vigilance constante des dernières heures commençait à peser sur ses épaules. Ainsi, il ferma les yeux, se laissant emporter par le doux murmure de la forêt. Le chant des grillons et le bruissement des feuilles créaient une berceuse naturelle. Ses pensées vagabondèrent brièvement vers frère Tuck et les moments plus paisibles passés ensemble, avant que le sommeil ne l’emporte complètement.
Le sommeil de Robin était léger, chaque bruit de la forêt passant à travers sa conscience comme un fil ténu. Malgré la fatigue, il restait alerte, prêt à se réveiller au moindre signe de danger. Pourtant, ce repos, même fragmentaire, était nécessaire pour recharger ses forces. Quelques heures plus tard, il se réveilla en sursaut, alerté par un bruit distinct et inhabituel. Mordred, qui montait la garde, était déjà debout, l’épée en main, se préparant à faire face à la menace. L’archer se redressa, prêt à l’action, mais il s’avéra que le bruit venait du cheval de son comparse, qui avait retrouvé son maître.
« — Bon retour, brave bête, » murmura Robin, soulagé de voir que le cheval avait survécu et les avait retrouvés. Il se leva lentement, s’approchant de Mordred et de l’animal, tout en gardant un œil vigilant sur les environs. « — Ton compagnon est un bon signe. Avoir nos montures avec nous sera un atout précieux. »
Il tapota le flanc du cheval avec affection avant de se tourner vers le guerrier à ses côtés. La fatigue était encore présente sur le visage de son neveu, mais l’apprenti roi savait que l’endurance de ce dernier était remarquable.
Le temps passa lentement, chaque minute marquée par le murmure des feuilles et les cris lointains des animaux nocturnes. Robin restait immobile, ses sens en alerte, prêt à réagir au moindre signe de danger. Ses pensées retournaient sans cesse à l’attaque précédente, cherchant à comprendre les motivations de leurs assaillants et à anticiper leurs prochaines actions.
Le ciel commençait à s’éclaircir légèrement, annonçant l’approche de l’aube. Robin sentit une vague de soulagement le traverser. Une nouvelle journée allait commencer, et avec elle, de nouvelles opportunités de déjouer leurs ennemis et de trouver un refuge plus sûr à Camelot. Dès lors, il était évident, qu’il ne fallait plus traîner.
Le retour de Argo est en effet un bon signe. Je doute fort que nous ayons pu atteindre la cour de Camelot avant le prochain coucher de soleil s'il nous avait fallu poursuivre à pieds, et il est évident que le cheval de Robin seul n'aurait pu nous porter tous deux bien longtemps.
"Argo a été le compagnon de nombreuses batailles. Même une malédiction et un séjour en Enfer n'auront pas su nous séparer." Je retire l'une des flèches plantées dans le cuir de ma selle, sur laquelle je passe les doigts pour juger les dégâts malgré la pénombre. Note à moi-même, passer chez un bourrelier ne sera pas du luxe. D'accord, peut-être que si, vu à quel point la qualité de l'harnachement de ma monture ne correspond pas à mon rang. Mais si j'ai bien une coquetterie, c'est bien d'équiper proprement mon cheval. Même si ma selle doit valoir celle d'un roi. "D'ailleurs, le défi serait plutôt de l'empêcher de me rejoindre, parfois." Une autre flèche retirée de l'une de mes sacoches, celle-ci, et je passe la main sur le poil sombre de mon cheval pour m'assurer qu'aucune de leurs sœurs ne l'a transpercé.
La fatigue pèse sur mon esprit, mais j'ai bien assez dormi pour cette nuit. A dire vrai, je ne dormirai pas davantage avec la menace qui pèse sur nous, alors autant écouter l'aube qui se lève à l'est et reprendre notre route. Cela aura peut-être le bon goût de nous permettre de distancer l'ennemi, s'il souhaite nous pourchasser davantage. Alors, quand Robin donne le signal du départ, je vérifie les sangles de Argo avant de remettre le pied à l'étrier, flattant son encolure avant de le laisser caler son pas sur celui de la monture de Robin. Mon cheval sait aussi bien être le calme et la tempête, sans doute un peu à l'image de son cavalier, mais dans le cas présent, c'est le calme qui l'emporte, et de loin.
"Je m'écarterai de ta route quand nous serons en vue du château. Mais je connais une auberge, à quelques lieues de là. J'y ferai une halte, si l'envie te dit de m'y rejoindre."
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Robin esquissa un léger sourire en écoutant les paroles de Mordred. La fidélité d’Argo et l’assurance tranquille de son neveu apportaient un réconfort bienvenu, surtout au seuil d’une journée qui s’annonçait incertaine, marquée par les épreuves de leur périple. L’archer flatta le flanc de sa propre monture, son regard se perdant dans la forêt qui s’éveillait doucement autour d’eux. Le silence de la nuit s’effaçait, laissant place aux premiers chants d’oiseaux et à la clarté timide de l’aube qui se déployait sur la végétation encore humide.
Avec une vigilance minutieuse, Robin vérifia que son arc et ses flèches étaient bien en place, prêts pour toute éventuelle confrontation. Ils devaient quitter la clairière sans tarder pour éviter d’attirer l’attention. Les paroles de Mordred résonnaient toujours en lui : une halte à l’auberge serait une pause bienvenue, bien qu’il reste sur ses gardes, conscient des dangers qui pourraient les y rattraper. Pour l’instant, sa priorité demeurait claire : atteindre Camelot.
Robin tapota l’encolure de son cheval, murmurant des encouragements, avant de jeter un coup d’œil à Mordred. L’endurance de son neveu ne cessait de l’impressionner, et il lui adressa un signe de tête respectueux.
« — Alors, partons, » murmura-t-il d’une voix basse mais ferme. « — L’aube est de notre côté ; avançons avant que nos ennemis ne reprennent notre piste. »
À peine avait-il terminé qu’il talonna sa monture, l’incitant à adopter un trot régulier. Leur progression, bien qu’assez rapide pour distancer les menaces, restait contrôlée afin de ménager les chevaux pour la journée à venir. La forêt défilait autour d’eux, chaque arbre et chaque ombre semblait épier leur passage, mais l’archer demeurait en alerte, tous ses sens aiguisés comme la corde tendue de son arc.
Le sentier se réduisait en un étroit chemin, bordé de fougères et de branchages qu’ils esquivaient habilement. La lumière croissante perçait le couvert végétal, facilitant leur orientation, et Robin jetait des regards fréquents derrière lui, s’assurant qu’ils n’étaient pas suivis. Il s’attarda brièvement sur les empreintes laissées sur la terre humide, puis reprit la route, déterminé à brouiller leur piste du mieux qu’il pouvait.
Arrivés à une légère pente, il ralentit et leva la main pour signaler la prudence. Il savait que le terrain à découvert offrait une vue dégagée, mais cela les rendait également vulnérables aux regards indésirables. Il s’arrêta un instant, scrutant les alentours, les yeux aux aguets pour la moindre anomalie. Rassuré, il hocha la tête et reprit leur progression.
L’archer gardait le silence, laissant le chant des oiseaux et le craquement occasionnel des branches remplir l’espace. Par moments, un rayon de soleil perçait à travers les arbres, projetant un éclat doré sur leurs visages, et une étrange sérénité envahit Robin. Ce genre de voyage lui rappelait une époque où il parcourait librement les bois de Sherwood, mais l’urgence de leur mission ramenait sans cesse son esprit aux dangers présents.
Après un moment, ils atteignirent une clairière plus ouverte, où les herbes hautes ondulaient sous la brise matinale. L’ancien voleur s’arrêta, inspectant les environs avec méfiance, mais tout semblait calme, sans aucun signe d’ennemi. Il se tourna vers Mordred, une détermination gravée sur son visage.
« — Nous approchons de Camelot, » murmura-t-il, en ralentissant sa monture. « — Je crois qu’il est temps que nos chemins se séparent temporairement, non ? »
D’un geste assuré, il réajusta son arc et les flèches dans son carquois, puis prêta l’oreille, attentif au moindre bruit suspect. Le vent s’était levé légèrement, et Robin nota que son orientation avait changé. Ce détail, anodin pour d’autres, était un avantage pour dissimuler leur odeur et compliquer la tâche de tout traqueur expérimenté susceptible de les poursuivre.
Robin donne le signal du départ, et sur cette indication, je met le pied à l'étrier pour m'installer de nouveau sur la selle de mon cheval, retenant péniblement une grimace quand je tire sur mon bras blessé dans l'effort. Une fois en selle, je cale ma main sur le pommeau pour soulager mon bras, maniant mes rênes de ma main libre alors que nos montures prennent le trot tranquille décidé par Robin. Une allure qui nous permet d'avancer sans toutefois épuiser nos montures, l'idéal, même si ce n'est pas l'allure la plus confortable qu'un cheval puisse offrir à son cavalier.
Le sentier serpentant dans les arbres semble interminable, chaque arbre finissant par ressembler à son voisin et au voisin de son voisin, le ciel assez peu visible à travers les branches pour que l'orientation du soleil ne nous soit guère utile. Mais la logique veut que si sentier il y a, c'est qu'il mène quelque part. Et effectivement, après une chevauchée rendue calme par l'extrême vigilance de mon oncle et mon manque évident d'attention, moi qui profite du manque d'animation pour somnoler sur ma selle entre deux branches qui me volent dans la figure, je reprend pleinement conscience quand l'archer arrête soudain sa monture, m'intimant la prudence d'un geste. A présent parfaitement éveillé, je prend ma part de vigilance, l'autorisant inconsciemment à baisser la sienne s'il le désire.
Quelques temps plus tard, nous atteignons une clairière ouverte qui ne m'est pas inconnue. A une époque, quand certains de ces arbres étaient plus jeunes, on pouvait discerner les plus hautes tours du château depuis ce point légèrement surélevé. Robin arrêtant sa monture, j'en fais de même avec Argo, hochant la tête quand il me dit que c'est ici que nos chemins se séparent. Je le pense également. Me tournant légèrement sur ma selle, j'offre ma main à mon oncle, un salut autant qu'une promesse de retrouvailles à venir, peut-être prochainement, peut-être sous d'autres hospices. Seul le temps nous le dira.
"Il est temps en effet. Je te souhaite d'atteindre tes objectifs avec Guenièvre. Je... évite d'évoquer ma présence dans les parages, s'il te plait. J'ai encore bien trop de choses à régler de mon coté avant d'affronter cette part de mon passé."
Les salutations achevées, je fais tourner bride à Argo avant de le lancer au galop dans les fougères, dans la direction d'un village de ma connaissance, assez proche du château pour en apprendre les rumeurs, assez loin pour éviter de croiser certains de ses chevaliers dès la première tournée.