J’étais préoccupé, cela faisait plusieurs jours que je n’avais pas vu mon associé, mon ami et amant que ce soit dans l’un des trois cas, il n’avait pas donné de nouvelles non plus. Cela ne lui ressemblait pas, j’avais l’impression qu’il m’évitait et dans notre situation c’était inadmissible. Il savait pourtant qu’il pouvait tout me dire ! Notre relation était basée sur une confiance mutuelle, alors pourquoi ne me parlait-il pas ? Cette situation ne m’annonçait rien de bon, je devais alors vérifier par moi-même ce qu’il en était. Drapé comme un seigneur de haut rang, une belle et longue cape noire sur le dos, une épée à la taille, ça donnait presque l’impression d’avoir un Roi en partance pour une bataille, et c’était peut-être le cas.

Je fis un sort de localisation grâce à notre contrat de sang, puis me mit en route pour enfin connaître la vérité. Je finis par me retrouver sur un chemin de la forêt enchantée. Mais qu’est-ce qu’il fabriquait ici ? Telle était la question qui me brûlait les lèvres. Me plaçant au milieu du chemin, je l’attendais, lui et ses explications, j’avais hâte d’entendre ce qu’il avait à me dire.

Le visage fermé, un masque poli mais froid prit forme en lieu et place de mon habituel sourire lorsque je le voyais. Je voulais une seule chose, la vérité. Le voyant soudain au loin, j’attendis qu’il soit assez proche puis lui lança : « Bonjour associé. Cela fait longtemps n’est-ce pas ? », rien qu’avec cette phrase il comprendrait que ne pas donner de nouvelles n’était pas quelque chose à faire et que j’attendais des explications. Je le fixais, attendant qu’il réagisse de quelque façon que ce soit.

Cela faisait déjà plusieurs jours que je traînais sur les routes du royaume de la Forêt Enchantée. La mort dans l’âme, j’avançais sans vraiment faire attention à ce qui pouvait se dérouler autour de moi. Je me sentais comme un vulgaire moustique emprisonné dans une toile d’araignée dont rien ni personne ne pourrait jamais le dégager. Dans ma tête, je ne cessais de me repasser le scénario de ma rencontre avec cette vieille mégère de Cora. Tenant fermement un couteau sur la gorge d’une main, retenant le cœur de mon enfant chéri dans l’autre, elle m’avait forcé à me mettre à genoux comme le plus fidèle et le plus dévoué des serviteurs. Cette situation me rendait malade ! Une fois de plus, je me retrouvais obligé de tuer pour protéger les personnes que j’aimais !

Depuis ce jour, mon esprit n’était préoccupé que par une chose. Accomplir ma mission au plus vite ! Une épreuve censée mettre ma confiance et mon dévouement à l’épreuve ! Cette situation était véritablement ridicule ! Comment croyait-elle pouvoir s’attacher ma confiance en quoique ce soit ? N’était-elle pas en train de menacer la vie de ma fille ? Ah il était certain que dans les jeux des alliances, il n’y avait qu’Absolem qui avait compris qu’il fallait savoir me caresser dans le sens du poil, au sens propre comme au figuré, pour s’attacher mes faveurs ! Absolem… à l’évocation du nom de mon frère d’âme mon cœur se serrait davantage dans ma poitrine. Cela faisait des jours que je n’étais plus entré en contact avec lui ! Je m’en voulais terriblement, ce d’autant plus que notre relation était capitale dans ma vie en tout ce qu’elle pouvait consister. Mais je ne voulais pas lui en parler. Il était l’un de mes rares amis et si le fait de le mêler à cette histoire pouvait le faire souffrir, je ne me le serais jamais pardonné !

Ce fut une voix qui me tira de mes longues tergiversions, une voix qui j’aimais entendre d’ordinaire mais qui ce soir me semblait être la plus terrible de toutes. Absolem ? Relevant ma tête pour découvrir le visage renfermé de mon associé, je restais un instant figé sur place. Tout dans son attitude et le ton de sa voix ne me disait rien qui vaille. Associé ? C’était bien là le mot qu’il avait employé pour s’adresser à moi ? « Qu’est… qu’est-ce que tu fabriques ici ? » Revenant à mes esprits, je m’écartais de lui et le dépassais dans le but de lui échapper. « Peu importe, après tout ! Tu ferais mieux de retourner d’où tu viens ! C’est vraiment pas le moment… »

J’avais fait le déplacement jusque dans ce lieu pommé et au milieu de nulle part pour que mon associé, mon ami et mon amant me regarde comme si j’étais un fantôme, me demande ce que je faisais ici et même PIRE, il m’avait demandé de retourner d’où je venais que c’était pas le moment. Mais oui, bien sûr, il croyait tout de même pas qu’il allait s’en sortir avec un « Oh oui, pardon de t’avoir déranger » et que j’aillais partir comme ça ?!

Alors qu’il me passait devant, je lui pris le bras, le forçant à s’arrêter et à me regarder dans les yeux, une bonne fois pour toute ! Jamais au grand jamais Hayden ne m’aurait parlé de la sorte, il devait forcément s’être passé quelque chose, ou alors il était devenu fou et là je ne pouvais pas faire grand-chose pour lui. Le fixant droit dans les yeux tout en le tenant fermement, je lui dis : « Non. Je ne partirai pas avant de savoir ce qui se trame ici. Et ne dis pas rien car tu as évité mon regard et ce n’est pas ton genre de m’envoyer sur un lit de ronces... ».

Je me rapprochais alors de son oreille et ajoutais « je suis venu pour toi de nouveau et je ne repartirai pas sans toi. », si ça c’était pas une preuve qu’il était plus qu’un vulgaire associés, qu’un intermédiaire, je ne savais pas ce qu’il lui faudrait. M’enfin, j’avais la nette impression que c’était plus grave que tout ce que je pouvais imaginer… « Fais-moi confiance, et parles-moi », ajoutais-je enfin pour qu’il comprenne que quoi qu’il allait se passer, il serait obligé de me passer sur le corps (pas de la façon la plus agréable qui soit).

Absolem ! Pour quelle raison fallait-il que sur toutes les personnes que je désirais fuir en ce moment, se soit lui qui finisse par me rejoindre ? Je m’étais montré cruel avec lui. Rien ne justifiait que je lui adresse de telles paroles ou que j’adopte une pareille attitude. Rien n’excusait mon silence prolongé ou mon désintéressement total des affaires pour me concentrer sur mes problèmes personnels. Il était logique qu’Absolem se pose des questions sur ma situation ! Je ne pouvais cependant m’empêcher de me demander si je devais cette visite surprise au mécontentement de mon associé ou à l’inquiétude sincère de mon ami et amant. Après tout qu’importe celui qu’il tentait d’être à cet instant car ni l’un ni l’autre n’obtiendrait satisfaction !

Tentant de m’écarter de lui, je sentis son bras s’écraser sur le mien. Sans tenter de m’arracher à son emprise, je restais à ses côtés. Mon regard restait malgré tout fuyant et maladroit. Je n’avais pas la force de soutenir son regard ! Je l’entendais mais l’écoutais à peine, trop préoccupé par mes propres réflexions. Mon ami me suppliait alors de m’ouvrir à lui, de lui expliquer de quoi il en retournait. Il lui semblait évident que l’homme qui se tenait devant lui n’avait rien à voir avec celui auquel il était attaché. Je ne réagis cependant qu’au moment où il s’approcha de mon oreille pour m’offrir une confidence de loyauté qui me fendit littéralement le cœur. « Abby ! je… » Non je refusais de craquer, je ne pouvais pas me le permettre. Pourtant mon air décidé fondait comme neige au Soleil et il ne pouvait plus lire dans mon regard que le désespoir d’un homme au bord du gouffre.

Clignant un instant les yeux, je repris mon souffle et ma contenance. « Te faire confiance ?... Et si je ne me confie pas à toi tu vas me faire quoi ? Me rappeler que selon l’alinéa 2 de notre contrat je suis tenu de te prêter ma confiance absolue, c’est ça ? Et que si je ne respecte pas cette clause tu vas m’envoyer la tête la première brûler pour l’Eternité dans les flammes de l’Enfer ? » Me rendant compte de l’absurdité de mes propos, je me plaquais une main devant le visage pour me calmer. Il était passé où l’orateur brillant que j’étais d’habitude ? Caché derrière cette espèce de loque humaine que j’étais à présent ! Je sentais mes yeux lentement s’embrumer de larmes sans que je ne puisse les en empêcher. Je relevais un regard attristé vers Absolem. « Je te demande pardon, je ne sais pas ce que je raconte… Ecoute, ce n’est pas contre toi ! J’ai de très gros ennuis mais il faut que je les règle seul ! Si j’échoue… » Je soupirais lourdement « Si j’échoue, des personnes auxquelles je tiens énormément auront à le payer. Je ne veux pas que ton nom vienne grossir la liste. Je ne veux pas qu'elle te fasse du mal ! »

Alors que j’étais venu le retrouver, pour au moins avoir une explication, je ne lui demandais pas de tout plaquer ce qu’il était en train de faire, non, je voulais juste savoir, j’étais à la fois curieux mais surtout très inquiet de son comportement et pour tout vous dire, ses réponses, sa façon de me parler, de me repousser me rendais encore plus inquiet. Je lui demandais de me faire confiance, qu’il pouvait tout me dire non ? Et alors que l’espace d’une seconde je crus qu’il allait s’ouvrir à moi, l’instant d’après il se ravisa et sorti des absurdités sans nom. Si je n’avais pas mon regard plongé dans le sien à cet instant, je n’aurai pas su quelle détresse était en train de s’emparer de mon ami.

Ce n’est que lorsque je le regardais, plus calme, haussant un sourcil à sa remarque de le faire brûler en Enfer, qu’il changea à nouveau. Il était déboussolé et ça faisait mal à voir, mon merveilleux orateur avait disparu pour laisser place à l’ombre de moi-même. Une pâle copie qui, autrefois n’aurait jamais tenu devant moi. Néanmoins je fus quelque peu rassuré de retrouver un semblant de la personne qu’il était et ne pas complètement me mettre à l’écart, de toute façon...il n’y arriverait pas.

« Parles-moi de tes problèmes. Il n’y a rien que nous puissions résoudre ensemble, alors pourquoi me repousser Haydy ? », puis enlevant délicatement sa main de devant le visage, je lui caressais la joue, le regardant dans les yeux, ceux-ci brûlaient d’une forte intensité « Les ennemis de mes amis sont mes ennemis, tu te rappelle ? Alors quoi qu’il se passe tu dois m’en parler, je ne partirai pas sans savoir. »

Je me sentais si pathétique, si loin de l’homme que j’étais ordinairement. Si Absolem n’était pas intervenu, j’aurais tracé mon chemin sans me poser de question. J’aurais su conserver ce calme et cette résignation qui étaient d’ordinaires les miennes. Mais là, planté devant mon frère de sang, j’avais soudainement perdu toute contenance. Je me sentais perdu entre l’envie de lui dire la vérité et le devoir qui était le mien de le protéger. J’avais débité des paroles sans queue ni tête, adopté une attitude si désespérée… je ne pouvais être surpris qu’Absolem se fasse d’autant plus de soucis pour moi.

J’avais eu beau le mettre en garde, je compris que rien ne pourrait jamais le faire partir d’ici ! Il se disait prêt à marcher à mes côtés et à m’aider si j’en ressentais le besoin. Tout chez lui témoignait de sa sincérité et de son profond engagement. Fatigué de faire semblant, je posais une main sur celle qui me caressait la joue et m’approchais de lui. Je laissais alors mon front se coller en douceur contre le sien. Durant quelques instants, je restais là sans rien dire, laissant quelques larmes couler silencieusement sur mes joues. Raccordant ma respiration à la sienne, mes battements de cœur avec les siens, je tentais de retrouver mon calme ! Puis après quelques instants, je repris enfin la parole. « Je ne sais pas ce que j’ai fait au monde pour mériter un ami tel que toi. » Relâchant mon emprise, je reculais et essuyais mes dernières larmes. « Très bien je vais tout te dire ! ».

Je posais alors une main sur son épaule. « Mais il faut que tu me promettes une chose ! Ce combat c’est avant tout le mien… Je ne veux pas que tu interviennes ! » Je plantais alors mes yeux dans les siens, imaginant déjà quelle serait sa réponse. « Et si malgré tout je ne peux pas te faire entendre raison, si tu décides de m’accompagner, jure-moi que tu n’insisteras pas si la situation devient désespérée. Ce n’est pas à toi de payer pour mes erreurs ! » Je jetais un regard autour de nous, scrutant les bois et espérant éviter toutes oreilles indiscrètes. « Est-ce que tu pourrais nous emmener dans un endroit plus calme ? J’ai peur qu’on soit entendu ou aperçu par ici ! »

Hayden n’avait pas besoin que je le secoue, non il n’en était pas là et même si j’avais envie de le prendre par les épaules et de le secouer jusqu’à ce qu’il me dise enfin ce qui n’allait pas. Je ne fis rien, j’attendais, patiemment que mon âme frère se décide enfin de me faire part de ses tourments.
Il arrivait peu à peu à retrouver contenance, tout doucement, je le laissais faire, espérant qu’il me reviendrait comme avant, je n’aimais pas trop le voir de la sorte. C’était insupportable que l’un de mes proches soit dans un tel état ! Il devait bien y avoir quelque chose que je puisse faire non ?

Alors mon meilleur ami accepta de me dire tout ce que je voulais savoir mais pas ici, oui, ses conditions je les mettaient seulement dans un coin de ma tête. Rien ni personne ne pouvait m’arrêter lorsque j’avais une idée en tête. S’il ne voulait pas que j’intervienne alors il faudrait qu’il s’occupe de mon cas avant. Mais en attendant, je réfléchissais à un endroit, nous étions dans la forêt enchantée donc, un endroit… Je nous téléporta dans un rouge de fumée rouge et nous arrivâmes devant une petite maison, très petite maison qui ne payait pas de mine, au milieu de nulle part.

C’était l’un de mes petit secret, je m’ouvris la paume de la main et fit tomber un peu de mon sang dans un tronc d’arbre mort, se qui désactiva mes protections et laissa dévoiler une vraie petite maison, je fis signe à Hayden d’entrer puis je le suivis. Même si cela faisait longtemps que je n’étais pas venue mais tout était propre et dans l’ordre, c’était coquet, plein de goût, mais je me recentrais sur mon ami, m’asseyant sur le canapé de la pièce à vivre : « Je t’écoute Hayden et n’omet aucun détails, ne me mens pas, je le saurais... », lui dis-je alors, impatient de connaître la raison de son état.

Lentement mais sûrement, Absolem était parvenu à m’apaiser ! Après avoir passé un sale quart d’heure à lutter contre mon infinie tristesse, je me sentais prêt à aller de l’avant. Une chose était cependant certaine, Absolem ne me lâcherait pas avant d’avoir le fin mot de cette histoire. Connaissant la patience et la détermination de mon frère d’âme, j’étais tout aussi persuadé qu’il ne prendrait aucun des engagements que je lui avais fait promettre. En fait, le simple fait qu’il ne m’ait pas répondu prouvait que j’avais raison. Mais s’il pensait que j’étais prêt à risquer sa vie pour moi, il se fourrait le doigt dans l’œil !

Je lui avais demandé de trouver un endroit plus intime, à l’abri des regards ou des oreilles indiscrètes. Connaissant Cora, elle avait sans doute mis en place un système d’espionnage pour suivre chacun de mes déplacements… sans doute encore l’un de ses satanés miroir. Il valait donc mieux pour nous de trouver un lieu qui pourrait être protégé de la magie. J’étais toujours aussi préoccupé de savoir que je mettais mon associé, ami et amant dans la confidence ! Qui sait ce que Cora pourrait lui faire si elle l’apprenait.

M’accrochant à lui, je le laissais nous mener dans l’endroit qui lui semblait le plus approprié. C’était une charmante petite maison dont l’accès ne pouvait être ouvert que par le sang du maître des lieux en personne. Décidemment, je ne me lasserais jamais de ses petits tours de passe-passe ! Même si aujourd’hui, le cœur n’était pas vraiment à la fête…

A peine entré dans la bicoque, Absolem s’installa sur le canapé. Par automatisme, je m’assis à ses côtés. Je pris le temps de la réflexion… par quoi devais-je commencer ? Cora ? Mélanie ? Ne sachant vraiment quoi faire, je sortis de ma sacoche un petit miroir de poche que je tendis à mon ami. « Il fallait que je te montre ça ! » Ce miroir magique me permettait de voir ma fille lorsque je le désirais. C’était un présent que j’avais exigé de Cora, ainsi je serais persuadé qu’elle resterait en vie tant que je servirais Cora. « Elle est vivante ! Ma fille est vivante… »

Absolem savait sûrement que je faisais référence à Mélanie. Cela faisait partie de mes petits secrets d’amant échangé sur l’oreiller dès le premier soir. Cependant, l’histoire était bien différente. A l’époque, j’étais persuadé qu’au moment de fuir le manoir le démon Belzébuth l’avait emporté avec lui jusqu’aux Enfers. Or, il n’en était rien. « C’est Jasper mon major d’home qui est venu m’annoncer la nouvelle ! Il a passé des semaines à chercher partout dans le Monde des Contes une personne capable de nous aider à rompre cette malédiction. Il est revenu avec une diablesse à l’air angélique. Elle a permis de faire sortir ma fille de sa prison, mais à un prix terrible ! » Je me relevais dès lors du canapé, commençant à faire les cents pas dans la pièce. « Elle lui a arraché le cœur et l’a envoyé dans un autre royaume qu’elle seule connait… cette femme est le diable incarné ! » Puis soudain, je me tournais vers Absolem « Est-ce que tu as déjà entendu parler de la Reine Cora de la forêt Enchantée ? »

Une fois installés tous les deux sur le canapé, je laissais Haydy me dire ce qui se passait, il sorti alors un petit miroir en m’annonçant que sa fille Mélanie était vivante ! Une véritable surprise puisque personne n’avait retrouvé sa trace et que mon ami l’avait cherchée et pensait même qu’elle était avec mon imbécile de frère ! J’étais surpris, mais je le laissais continuer, car ce n’était pas la seule annonce qu’il avait à faire, sinon il n’aurait pas été dans un tel état, il aurait plutôt été heureux à l’idée de la retrouver !

Il m’expliqua qu’ils avaient retrouvé la jeune fille et qu’elle avait été délivrée par une autre femme qui elle ne s’était pas contentée de les aider. Non elle avait prit le coeur de la fille de mon ami et je devais dire que cela me semblait quelque peu familier, tout en laissant cette idée dans un coin de ma tête, je me dis que déjà sa fille était encore en vie, prisonnière mais en vie, dans un royaume inconnu. Je réfléchis un peu alors que mon interlocuteur me révélait l’identité de la fameuse femme diabolique : Cora… Me demandant si j’avais déjà entendu parler d’elle. C’est dans ces moments là que l’on ne contrôle pas toujours bien ses réactions, je parti alors d’un petit rire nerveux avant de lui répondre : « Si je connais cette diablesse ? Ohhh que oui, Haydy tu es allé te frotter à une femme bien dangereuse... ». Je soupirais, la tâche allait s’avérer assez ardue pour le coup, Cora n’était pas une adversaire plaisante, plutôt quelqu’un qu’on évitait ou qu’on se mettait dans la poche, elle n'était pas réputée pour sa gentillesse, c'était même plutôt le contraire...

« Que t’as-t-elle demandé en échange de la vie de ta fille ? », lui demandais-je alors le plus sérieusement du monde, car si elle avait fait cela c’était bien pour une raison...

A peine installé, j’avais commencé à me confier à Abby. Il y avait tellement de choses à dire sur cette affaire. Choisissant de commencer par parler de Mélanie, je lui transmis les informations remises à jour sur mon enfant. Contrairement à ce que j’avais cru durant des années, elle n’était pas morte mais retenue prisonnière par l’une des Reines les plus dangereuses et manipulatrices du Monde des Contes. Cora… à l’évocation de son nom je me tournais vers mon associé afin de savoir s’il la connaissait. Absolem était en affaires avec un grand nombre de personnes ici-bas et aurait pu pleinement tirer profit de cette Reine qui n’avait pas froid aux yeux.

C’est alors que mon ami éclata de rire et je ne pus m’empêcher de lui adresser un regard meurtrier. Croyait-il réellement que c’était la bonne attitude à adopter dans un pareil moment ? Était-ce ma faute à moi si Jasper, qui durant des années avait joué auprès de moi le rôle si capital que possédait aujourd’hui Absolem, avait pu se montrer aussi naïf. « Et tu trouves cela drôle, toi ? Je n’y suis pour rien si Jasper est tellement naïf qu’il donne à tout le monde le bon dieu sans confession sans se poser la moindre question… ». Bien sûr, il restait la question du lien entre Cora et Absolem qui me préoccupait mais je gardais cette question pour plus tard.

Continuant à faire les cents pas dans la pièce, j’écoutais avec attention la question d’Absolem. « Elle veut faire de moi son larbin, sa marionnette… ma réputation de meurtrier m’a précédé et je suis devenu son bras armé. J’ignore ce qu’elle a derrière la tête, elle n’a sûrement pas déposé toutes les cartes qu’elle a en main. Pour le moment elle m’a demandé de commettre une série de meurtres pour prouver ma fidélité envers elle… Dix meurtres basés sur l’idéologie bien pompeuse des « Dix commandements » et dont le cœur des victimes lui permettra d’obtenir bien plus de pouvoirs qu’elle n’en a actuellement. » Après ce discours, je retournais m’asseoir auprès de mon ami. « Je me retrouve pieds et poings liés, comme je le suis avec ton frère et je ne vois pas comment m’en sortir. »