Forêt Enchantée, Royaume de Richard Cœur de Lion Des années auparavant.
Le jeune garçon qui errait encore de villes en villes avec son petit groupe de marginaux qui délestaient au passage quelques bourses d'or pour subvenir, était à présent sédentarisé et errait dans les couloirs de pierre de l'imposant palais du roi Richard, que son peuple surnommait avec affection le cœur de Lion, en raison de sa valeureuse prestance et de biens d'autres titres. Ici d'ailleurs, le Lion était bien plus qu'un animal majestueux représentant le pouvoir. Cela les croyances, il était le grand protecteur de la cité, le combattant et le détenteur de la Justice. D'ailleurs, nombreux sont les ordres de chevaliers qui érigent le lion en symbole. Il est le roi des rois, le courage, la vaillance. À n'en pas douter, Richard faisait honneur à ce surnom. Ajoutons à ses qualités, la tolérance et c'est bien cette dernière qui le décida à offrir à un très jeune voleur une seconde chance. Ainsi, au lieu de le condamner, comme l'aurait fait bien des monarques, Richard avait accepté de prendre à sa charge le jeune Robert, qui préférait qu'on le nomme Robin, histoire de se détacher un peu plus d'un passé, pas si éloigné que ça.
Assit sur un banc en pierre, face au trône, Robin semblait songeur. Il tenait entre ses doigts l'ultime présent de Ser Máistir, le médaillon de sa mère. Puis dans l'autre main, l'on pouvait apercevoir, pliée en quatre, la lettre que l'ancien chevalier avait laissée à « son fils » avant son départ vers ce qui semblait être le trépas.
« Robert, mon fils, Je t'ai enseigné tout ce que l'on m'a appris, j'ai œuvré de mon possible pour que tu ne manques jamais de rien. J'ai ainsi exaucé les dernières volontés de ta mère. Mais je ne puis me résoudre à partir avec mes secrets et j'espère que ta mère me pardonnera de ne point respecter cette demande. Je t'ai aimé de ton mon cœur, comme un père doit aimer son fils. Et si les liens du cœur sont incontestables, ceux du sang le sont à l'inverse. Je ne suis pas ton père Robin et j'aurai tant aimé qu'il en soit autrement, mais Dame Fatalité ne semble point de cet avis. Le plus important demeure dans l'amour que j'éprouvais pour ta mère, un amour véritable que je te souhaite de trouver un jour. Un amour qui je l'espère viendra à bout du Mal. J'ai malheureusement échoué dans ce domaine, mais je compte bien réparer les erreurs, crois-moi. Sous peu, l'être qui a détruit nos vies, ne sera plus, je terrasserai le monstre et dans le ciel, la bannière du dragon ne flottera plus. Puisses-tu me pardonner mon fils. Le médaillon de ta mère t'appartient à présent. Elle ne le quittait jamais, prends en grand soin. Ton père »
L'écho laissa entendre des pas qui sortirent Robin de sa lecture. Pour dire vrai, il connaissait tellement bien l'écrit, qu'il n'avait à présent, plus besoin de poser son regard dessus pour le parcourir. Son regard se posa donc sur le nouvel arrivant qui par convenance, l'obligea à se lever. « Non, non reste assis, je t'en prie mon garçon. Nous sommes en privé, tu n'as pas besoin de te plier à ce cérémonial. » Le jeune Robin acquiesça et rangea la lettre avant de remettre le médaillon de sa mère autour de son cou. « Qu'est-ce donc ? » demanda Richard en désignant le précieux bijou que portait le jeune garçon. « -Ce médaillon appartenait à ma mère, c'est mon…c'est l'homme qui m'a élevé qui me l'a offert… avant de fuir. » Richard arrivant à la hauteur de l'adolescent que Robin était alors, prit place à ses côtés. « - Et je suppose que le mot que tu tenais dans l'autre main venait de lui ? » Robin ne put qu'acquiescer à nouveau et tandis l'écrit à son monarque qui l'observa attentivement avant de prendre le temps de lire. « -J'aurai tant aimé ne pas connaître la vérité majesté. Savoir qu'il était mon père me suffisait, mais connaître la vérité… »
« -Tu es en colère n'est-ce pas ? »
« -Oui sir ! »
« - As-tu été heureux avec cet homme ? »
« -Oui, il était bon avec moi, mais… »
« -Alors ne t'échine pas à concentrer toute ta colère sur lui. Si cet homme est parvenu à te rendre heureux n'est-ce pas tout ce qui compte Robin ? Il le dit lui-même, il t'as aimé comme un père. »
« -Non ce n'est pas de l'amour… l'amour est une faiblesse, il… »
« -Je t'arrête tout de suite Robin, l'amour n'est pas une faiblesse bien au contraire. »
« -Mais voyez donc à quoi ça l'a conduit. »
« -Il y a parfois sur le chemin, des directions à ne pas prendre je te le concède. Mais vois-tu Robin il y a autant de décision qu'il y a d'êtres. Par amour, on peut grandir, l'on peut aussi souffrir, mais quoiqu'il arrive, on en ressort plus fort et grandit crois-moi ! »
« -J'aurai aimé la connaître vous savez ! »
« -Ta mère ?! »
« -Oui ! Mon…père parle beaucoup d'amour dans sa lettre. »
« -Alors ne retiens que ça. Ne garde que le meilleur mon grand, ne laisse pas les ténèbres te consumer, mais plus encore, ne ferme pas ton cœur mon garçon. » Passé sa réplique notre monarque se leva et fit face à son interlocuteur. « - Viens donc au bal que j'organise ce soir Robin ! Ne t'isole pas de la sorte. L'on broie du noir plus facilement lorsqu'on s'isole, crois en ma longue expérience. »
« - D'accord, je viendrais votre majesté ! »
« - Il n'y a rien de mieux que ce genre de festivités pour faire de belles rencontres. »
« -Dois-je me fier à votre longue expérience ? »
« -C'est fort probable. » Les deux hommes échangèrent une fois encore un sourire complice avant que le roi ne quitte la pièce laissant une fois encore le jeune Robin seul à ses réflexions.
Forêt Enchantée, Royaume de Richard Cœur de Lion Des années auparavant.
Cora arrivait finalement au royaume de ce puissant monarque portant le nom de Richard Cœur de Lion. En effet, ils s’étaient rencontrés plusieurs fois et l’homme semblait avoir porté une intention plus que claire envers le physique de Madame Mills. Cette dernière en profita pour quitter son manoir, chez Sir Henry, qui était bien moins puissant que Richard Cœur de Lion, et bien moins riche. Cependant, Cora avait toujours un coup d’avance et préférait ne pas tout laisser tomber avec Sir Henry : Monsieur Cœur de Lion était un homme convoité.
Cora arriva alors au palais, accompagné de sa petite fille Regina alors que l’homme sortait des appartements, il disait à ses domestiques qu’un certain Robin allait venir aux festivités du soir. Il tomba alors nez à nez avec la magnifique femme, dégageant une classe et un charisme certain. Il en fut époustouflé. Cora, dans une moue gracieuse assez inhabituelle le salua :
« Oh Richard, je ne souhaitais pas que vous me voyez dans un état pareil, mais le destin en décide autrement, alors, bonjour monseigneur. » Dit-elle d’une voix mielleuse, elle fit ensuite une révérance avec sa fille tenant sa main.
Richard ordonna de suite d’arrêter en disant qu’il n’était pas nécessaire de faire une révérence, surtout lorsque l’on avait une telle classe et une telle élégance. Il était fou d’elle, c’était indéniable.
« Oh Richard, vous êtes trop bon. »
Par la suite, il dut s’absentait alors que quelques servantes amenaient Regina avec d’autres enfants du château pendant que Cora pouvait se préparer. Elle embrassa son enfant, même si Cora était froide, elle aimait plus que tout sa fille, et essayait, de temps en temps, de lui apporter une certaine touche maternelle. Enfin, pas trop quand-même : l’amour restait une faiblesse, l’individualisme et l’absence même de compréhension ou de sentiments, quels qu’ils soient, devaient être bannis à jamais.
Cora avança ensuite dans les couloirs et tomba sur la salle du trône. Elle congédia les servantes un moment et s’approcha du magnifique trône. « Bientôt, il sera mien. » Pensa l’impitoyable femme. C’était de la pure comédie, elle n’aimait point Richard Cœur de Lion et souhaitait uniquement son trône et plus précisément son immense pouvoir, sans oublier ses nombreux écus. Cora était une diablesse manipulatrice prête à tout pour obtenir le pouvoir, l’argent et des gens sous ses ordres. Elle avait déjà tout cela, mais elle en voulait bien plus, sa situation n’était pas si suffisante.
Elle constata alors avec surprise qu’un jeune-homme était présent, il la fixait. Cora arqua un sourcil, hautaine et dit :
« Excusez-moi jeune-homme mais je ne pense pas que cela soit des manières de regarder une femme. Présentez-vous. »
Finit-elle en détournant le regard dans un geste classe et désintéressé, avant de re-fixer son regard sur le trône.
Forêt Enchantée, Royaume de Richard Cœur de Lion Des années auparavant.
Robin ne supportait que très peu les mondanités, mais ne pouvait en vouloir à son roi de s'y prêter de bonnes grâces. Et puis, c'était selon lui une bonne façon de s'enquérir des préoccupations de ses sujets. Bien que de primes abords, les personnes invitées à ces soirées, ne soient pas les plus à plaindre. Un fait, que le jeune et intrépide Robert, délesté de ce prénom pour le diminutif qu'on lui connaît à présent, c'était empressé de signaler à Richard sans prendre la moindre pincette, cela va de soit. Une entreprise qui avait d'ailleurs heurté les quelques « vieux » conseillés du Roi amusait par l'audace de son petit protégé. Une intervention rafraîchissante qui inspira le monarque au point d'ouvrir les portes du château à tous les sujets désireux de venir festoyer, des costumes furent même mit à disposition. « Sa bonté le perdra » put entendre Robin suite à la décision du roi. Son sens non mesuré du propos et son impétuosité auraient eux aussi pu avoir raison de lui, si le jeune adolescent ne s'était pas retenu. Au lieu de ça, il se contenta de passer devant les deux dénigreurs appuyant sur eux un regard qui en disait long sur le fond de ses pensées, puis il s'en alla se préparer pour faire honneur à son roi. Robin ignorait alors que ce soir, il n'était pas le seul à vouloir faire honneur à Richard Cœur de Lion, mais à l'inverse de lui, les attentions de l'invitée n'étaient aucunement louables. D'ailleurs, l'invitée en question, avait à l'occasion rencontrait le bon roi à plusieurs reprises, s'assurant ainsi que ce dernier ne demeure pas indifférent à sa présence. Une information qui échappait au jeune Robin qui achevait de regagner ses appartements pour y enfiler sa tenue.
Il était tôt, trop pour que les invités fassent leur arrivée, mais Robin était prêt. Pourvu de son costume rouge et, or, il prit le temps de s'observer dans le miroir « -Ne suis-je pas ridicule !? » lança-t-il pour lui-même en soupirant. Mais il fallait le faire, ces festivités semblaient tenir à son monarque et puis ne lui devait-il pas cela au vu de tout ce qu'il lui avait offert depuis son arrivée au château. Bien plus qu'un roi, Richard faisait office de père pour Robin. Un lien que l'absence d'héritier pour le roi, rendait encore plus fort. De ce fait, le jeune adolescent ne ménageait pas ses efforts pour faire plaisir à Richard, quitte à faire des choses qui ne l'inspiraient que très voire trop peu et le bal en faisait partit. Soufflant une dernière fois, face au miroir, Robin quitta sa chambre pour rejoindre la salle où devait se tenir le bal. Les servantes étaient déjà l'œuvre, le sourire aux lèvres, car elles aussi aimaient les festivités au palais. Robin se permit de prendre un raisin avant de continuer à marcher dans les couloirs jusqu'à rejoindre la salle du trône délestée de la moindre présence humaine, ça, c'est ce que le futur archer croyait. Quelle ne fut pas sa surprise en y découvrant, près du trône, une femme qui prenait un peu trop ses aises aux yeux du protégé de Richard, qui en silence, continuait à observer la femme sans lui faire part de sa présence. Ce n'est que lorsqu'elle détourna le regard du trône pour le poser sur le nouvel arrivant, que ce dernier sortit de son silence.
« -Excusez-moi, mais si l'on parle de politesse, je me permets de douter quant à vos intentions. Ne vous a-t-on jamais dit que ça ne se fait pas d'occuper la salle d'un trône qui n'est pas le nôtre. Et qui plus est, étant familier des lieux, je peux prétendre à ne pas devoir me présenter. Dans ce cas de figure, c'est vous l'étrangère non ? C'est donc à vous de vous présenter madame » lança-t-il sur un ton semblable à celui de la femme qui étayait sa méfiance. Mais déjà, le regard de l'inconnue se posait que le trône de Richard Cœur de Lion.
Forêt Enchantée, Royaume de Richard Cœur de Lion Des années auparavant.
Cora observait la sublime salle du trône, elle le touchait de ses magnifiques mains. Elle pensait, « bientôt il sera miens ». Elle prenait alors une coupe de vin dans ses mains. Si l’on devait la comparer à quelqu’un de connus dans un autre monde, on prendrait Cersei Lannister. Toujours hautaine et méprisante, elle obtenait toujours ce qu’elle désirait. Et elle savait qu’elle allait obtenir ce trône. Cependant, elle ne se doutait pas que la chose qui allait lui l’en empêcher se trouver juste derrière elle.
La chose vous direz-vous, mais Cora ne considérait pas cette personne comme un humain, même pas comme un roturier : il était l’un de ses pires ennemis, et pourtant, ce n’était encore qu’un enfant… Elle se retourna alors, lui demandant de se présenter. Il répondit sur un ton inacceptable, Cora serra fort sa main alors qu’un vase à l’autre bout de la salle explosa : elle ne supportait pas qu’on lui tienne tête. Elle regarda la vase en faisant semblant de ne pas comprendre ce qu’il se passait. Elle s’approcha alors du jeune-homme d’un air méchant, avant d’essayer d’adoucir son visage. Elle le regarda de haut en bas, puis de bas en haut, avant de dire :
« Je ne sais qui vous a élevé pauvre jeune-homme, mais on vous apprendra très vite que ce ne sont pas des manières de parler à une femme tel que moi. Mais qu’il en soit ainsi, je suis Madame Cora, bientôt femme de Monsieur Richard Cœur de Lion. »
Elle tourna le regard, buvant une gorgée dans son verre en marchant vers de magnifique vitraux, certains montrant des images de guerres, d’autres des portraits des souverains du royaume. La belle jeune-femme gardait du coin de l’œil le jeune-homme, et dit :
« Je ne suis donc pas une étrangère, cependant, vous, qui êtes-vous pour me parler ainsi ? Bien plus qu’un domestique j’imagine, à en voir votre accoutrement bien trop sophistiquée pour votre… Votre façon d’être. »
Forêt Enchantée, Royaume de Richard Cœur de Lion Des années auparavant.
La salle du trône n'était pas la pièce que Robin préférait. Grande et froide malgré les somptueux vitraux, les lieux n'en demeuraient pas moins austères aux yeux de Robin. C'est ici, entre autres que les petites gens viennent s'adresser au roi, ici que la misère apparaît pour supplier, par le biais de quelques doléances, le monarque. Ici que les autres, ceux et celles pourvus d'une cuillère en or dans la bouche depuis leur tendre enfance, se tordent de rire à observant ceux et celles qui à l'inverse sont nés avec une cuillère en bois dans la bouche. C'est ici que deux mondes se rencontrent, deux mondes inconciliables en somme. Et c'est donc ici, que le roi est amené à prendre parfois de pénibles décisions pour assurer la pérennité de son royaume. Parfois, il est juste pour satisfaire les cuillères en bois, puis parfois injuste pour plaire aux cuillères en or. La scène du trône est de ce fait le théâtre d'un jeu qui oscille entre la justice et l'injustice. Et même si l'on ne peut nier la majesté des lieux, pour Robin cela n'en demeurait pas moins le théâtre d'un jeu de pouvoir qui en plus d'être incompréhensible, le dépassait. Toutefois, il lui arrivait de temps à autre, lorsque personne ne s'y trouvait, d'y passer en coup de vent. Incapable de savoir pourquoi, il se sentait irrésistiblement attiré par le trône, comme si c'était dans son sang, dans ses gênes.Pourtant, Máistir, l'homme qu'il considérait encore comme son père, n'avait aucune filiation avec un quelconque monarque… Alors, peut-être, était-ce dû à un tout autre facteur. « Je ne suis pas ton père Robin et j'aurais tant aimé qu'il en soit autrement, mais Dame Fatalité ne semble point de cet avis (…) sous peu, l'être qui a détruit nos vies, ne sera plus, je terrasserai le monstre et dans le ciel, la bannière du dragon ne flottera plus. » Les mots issus de la lettre du chevalier, hantaient encore l'esprit de Robin qui avait gardé la lettre et le médaillon de sa mère. Malgré ça, il s'interdisait d'aller plus loin dans son raisonnement. Il ne voulait pas savoir malgré les éléments plus qu'éloquents concernant l'identité de son véritable père.
Le jeune garçon qui longeait l'imposant couloir de pierres dans son costume flambant neuf, s'autorisa donc un petit passage par la salle du trône et se retrouva de ce fait, à observer l'autre personne qui avait semblerait-elle décider d'élire domicile sur le trône. Il existait un nombre incalculable de conspirateurs aspirants à poser leurs fesses sur ce trône, mais rares étaient les conspiratrices. À n'en pas douter, le jeune archer se trouvait en présence de l'une d'entre elles. Comment ne pouvait-elle pas l'être au vu de son attitude ? Silencieux, l'apprenti chevalier continuait de ce fait à observer cette femme pourvue de rouge et d'ambition à en juger par sa façon de frôler le trône du bout des doigts. Elle le voulait, c'était certain et c'est ce constat qui incita Robin à sortir de son silence pour faire savoir à l'intruse qu'elle n'avait rien à faire en ces lieux. La veuve « rouge » en se tournant plus hautaine que jamais, donna davantage de crédit à la théorie formulée dans la tête du jeune archer. Avant même que Cora ne prenne la parole, un vase explosa, Robin tourna aussitôt la tête pour identifier l'origine de ce bruit. Il était loin de se douter que cette chère Cora en était l'origine. Aussitôt, la demoiselle à la chevelure flamboyante reprit le dessus et s'adressa au jeune garçon, plus hautaine que jamais. Robin qui n'était pas du genre à lâcher l'affaire renchéri sur ses premiers mots crachant lui-même son propre venin. « - A une femme tel que vous ?! Je ne ploie pas le genou devant des conspirateurs « Madame » ! » Le regard noir et la mâchoire serrée, il était prêt à en découdre, mais ça, c'était avant que Cora n'abatte sa carte maîtresse.
« -Madame Richard Cœur de Lion ? » La demoiselle qui avait repris son verre en main, le délesta d'une bonne gorgée. Plus triomphante que jamais, elle se permettait même de narguer son interlocuteur qui l'accabla aussitôt « -Vous mentez ! Je ne vous ai encore jamais vu ici, ni même avec le Roi. Comment pouvez-vous de ce fait prétendre l'épouser ? Et par pitié cessez de jouer sur les mots. Vous voulez savoir qui je suis ? Et bien, je vais vous le dire ! Je suis celui qui vous mettra des bâtons dans les roues madame Cora ! » conclu-t-il avec conviction.
Forêt Enchantée, Royaume de Richard Cœur de Lion Des années auparavant.
[justify]« Moi, une conspiratrice ? Oh mais mon enfant, tu ne sais point à qui tu parles, je te conseille vivement de ployer le genou face à moi, parce que tu risquerais bien de le regretter, petit ingrat ! »
D’exprima Cora, indignée d’un tel comportement : elle était une dame tout de même, une grande dame promise à faire de grandes choses. Terribles, certes, mais de grandes choses. Ce jeune-homme ne savait point à qui il se frottait, car il venait de toucher à des tentacules dont le mot vénéneux ne correspondait même pas : Cora était la méchante parmis les méchante, il ne valait mieux pas se frotter à elle.
Son verre à la main, le roturier s’exprimait d’horreur en relevant les mots de Cora, en la traitant de menteuse. Hors d’elle, Cora commença à monter dans les tours :
« Peut-être parce que Monsieur Cœur de Lion a autre chose à faire que de me présenter à de petits larbins sans intérêt tel que toi. »
La suite de la phrase du jeune homme était le goutte de trop, elle laissa tomber son verre par terre, s’explosant en mille morceaux dans un bruit terrible : ce bruit, il était capital. Il venait d’annoncer le déclenchement d’une haine profonde entre deux individus, une haine qui allait durer des années durant, bien plus que ce que les deux personnages ne pouvait l’imaginer : la haine entre Robin et Cora venait tout juste de débuter.
La femme s’approcha de lui, furieuse. Elle fit fermer les portes grâce à la magie, et le jeta par terre violemment d’un seul geste de la main. Elle rouvrit les portes, regardant l’enfant d’un regard satisfait, et dit :
« Mais je t’en prie mon chéri, essaies. » Dit-elle d’une voix vénéneuse et provocante.
La magie était le moyen de puissance de Cora, elle lui devait absolument tout : son pouvoir, sa richesse, tout. Même si une partie d’elle était redevable au ténébreux, elle avait presque tout fait seule. Lisant livres sur livres à propos de la magie, elle possédait même quelques armes secrètes ne manquant plus qu’à être essayées. La femme regarda le jeune homme de son regard hautain, d’autant plus approfondi par le fait que Robin était à terre, et répara son verre à l’aide de la magie, se resservant un verre de vin, l’air satisfait.
Forêt Enchantée, Royaume de Richard Cœur de Lion Des années auparavant.
L'impétueux soldat, appelait lui aussi à faire de grandes choses, était loin de se douter qu'il avait face à lui bien plus qu'une vile manipulatrice. La fête battait son plein alors que dans la salle du trône, les deux antagonistes se livraient à une violente joute verbale. L'avantage, en termes d'expérience allait à Cora qui semblait parfaitement maîtriser la situation. Cependant, la fougue inhérente à la jeunesse de Robin était un facteur à prendre en considération. D'autant plus que le jeune homme semblait bien plus rusé qu'il ne le laissait paraître. « -Oui une conspiratrice. Voulez-vous que je vous en fasse la définition puisque de toute évidence vous ne semblez, vous en accommoder. » Le regard toujours aussi sombre, le jeune homme n'était prêts à lui concéder aucune victoire et se fichait bien de la vexer. Quelque chose de mauvais émanait de cette femme, il en était certain. D'autant plus que Richard, qui n'avait pas pour habitude de le préserver de ses secrets, n'avait jusqu'alors jamais évoqué une quelconque Cora Mills, ce qui semblait bien curieux pour une femme qui se prétendait en être la prétendante. « -Le petit ingrat que je suis, vient de vous faire savoir qu'il ne ploiera jamais le genou face à vous. Vous n'êtes point ma reine, je n'ai en conséquence aucune obligeance à votre égard. » Était-elle indignée ? À n'en pas douter, après tout qui ne le serait pas face à un jeune garçon aussi rustre et malavenant auprès d'une invitée. Cependant, tout cela n'était qu'une mise en bouche et le roturier qui semblait titiller la patience de Cora monta lui aussi dans les tours.
« -Si vous connaissiez le roi comme vous le prétendiez, vous seriez qui je suis. Votre ignorance sur ma personne prouve bien que vous n'êtes rien de plus qu'une énième catin attirée par le pouvoir et qui est à n'en pas douter prête à tout pour poser son postérieur sur ce trône. Les femmes comme vous sont légions ici. » L'intervention de Robin à peine achevée ; la femme en rouge laissa tomber son verre qui s'écrasa aussi contre le sol laissant échapper les quelques traces de vins que contenait encore le récipient. Le regard de la fille du meunier était au moins aussi menaçant que celui de Robin qui malgré la menace à venir, n'était aucunement prêt à lui céder du terrain. Il s'apprêtait d'ailleurs à dégainer l'épée qu'il portait à sa taille au moment même où Cora s'avança vers lui. D'une main, elle fit claquer les portes de la salle qui se refermèrent avec fracas. Surprit Robin se tourna pour s'enquérir de l'identité de potentiels nouveaux arrivants. Mais rien, il était toujours seul avec la dénommée Cora qui d'un autre signe de la main, expulsa son nouvel ennemi au sol. L'épée de Robin se retrouva à quelques mètres de lui qui comprit alors qui était à l'origine de la fermeture des portes. « -Sorcière ! Vous êtes une odieuse enchanteresse ! » La peur se mêla aussi à la colère, car jamais encore, Robin n'avait croisé sur sa route, une enchanteresse où autre pratiquante de magie. Le jeune garçon fixa à nouveau son épée, alors que Cora prenait soin d'ouvrir à nouveau les portes, deux gardes s'approchèrent dès lors. Craignant pour leur sécurité plus que pour la sienne, Robin se releva aussitôt et se plaça devant son épée pour pouvoir la récupérer le plus discrètement possible.
« -Rien messire ! Il ne se passe rien. Je conversais avec cette… Dame qui s'apprêtait d'ailleurs à quitter la salle du trône. N'est-ce pas ? » Il lança un regard appuyé à Cora, les deux gardes en firent de même avant de se décider à reprendre leur place hors de la salle. Robin en profita pour reprendre son épée et la replaça dans son fourreau sans quitter Cora du regard. « -Les sorcières, nous les brûlons sur un bûcher ici ! Ne l'oubliez pas à l'avenir ! » Plus menaçant que jamais, et ce, malgré la peur qui l'avait envahi au moment de la révélation, Robin prit soin de laisser la femme passer devant lui. Loin de se douter que Cora avait déjà commencé à charmé Richard qui sous peu, ne verrait clair que par elle.
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Le petit ingrat énervait de plus en plus Cora, elle commençait à perdre patience. D’où sortait ce jeune-homme : il ne valait rien. Tout le monde valait bien moins que Cora, tout le monde était bien plus faible qu’elle, pas parce qu’elle possédait la magie de son côté, mais parce qu’elle ne possédait aucune conscience. Si elle s’écoutait pleinement et ne se contrôlait pas, elle serait en train d’arracher tous les membres du jeune homme avant de les livrer en cadeau à ses vulgaires parents, ou proches, car les idiots comme lui ne possédaient sûrement pas de parents, il ne valait rien jusqu’au bout. Elle garda cependant la tête froide, en disant :
« Oh mais trésor, un jour, tu ploieras le genou. Et ce jour-là, ce sera celui de ta mort. J’en fais ma mission. »
Un sourire sadique et maléfique se dessinait sur son visage : Cora était une folle furieuse. Elle imaginait sa mort, comment ses jours allaient-ils se finir ? Il fallait quelque-chose d’original, elle réservait toujours pour ses pires ennemis les morts les plus terribles. Elle rit lorsqu’il dit qu’elle était une catin, Cora était tout sauf cela, c’était une certitude. Elle s’approcha du jeune-homme en disant :
« Mon pauvre chéri, je suis bien pire que toutes les femmes qui sont passées par ces portes. Ces catins sont bien différentes, car elles ne sont pas aussi intelligentes que je le suis. J’aurais l’amour et le cœur de votre cher roi, tu verras. »
Elle fit ensuite sa petite démonstration de magie, devant les yeux, comme à son habitude, apeurée de son ennemi. Elle rit face à lui, il était si ridicule avec sa petite épée. Robin regarda son épée, elle arqua un sourcil : si il pensait réellement qu’un bout de métal allait courir à sa perte ? Il se mettait bien le doigt dans l’œil.
Les gardes entrèrent alors, Robin se releva devant le sourire moqueur de Cora. La reine, plus hautaine que jamais, ne lacha même pas un regard aux gardes, s’approchant du jeune-homme et dit :
« Ce ne sera pas un bûcher qui me tueras, tu peux en être certain trésor, ni ta petite épée ridicule, si tu penses qu’un bout de métal ou un petit feu peut me tuer, tu es bien ridicule. »
Ce que ce Robin ne savait pas, c’était que Cora avait déjà pris un malin plaisir de se mettre dans la poche Richard Cœur de Lion, désormais, ou très bientôt fou amoureux d’elle : la terrible sorcière répandait son venin à une vitesse vertigineuse.
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La magie ! Voilà un domaine que Robin exécrait jusqu'alors. Mais cette détestation s'amplifia suite à sa première rencontre et confrontation avec Cora dans la salle du trône. Le jeune homme qu'il était alors, n'était pas encore le soldat émérite et le grand voleur que l'on connaît tous. Il n'était à cette époque, qu'un jeune adolescent, solitaire, abandonné par son père et livré à lui-même. Durant des jours et des jours, sa vie ne se résuma à rien de plus que la survie. Le vol, qu'il considérait comme une activité, devint dès lors son moyen de subsistance. Et ses talents incontestés le délestèrent très vite de sa solitude au profit de la vie de bohème passée en compagnie d'une troupe itinérante. Cela ne dura qu'un temps, avant qu'il ne rencontre, celui qui achèverait de changer sa vie et sa destinée. Bien plus qu'un monarque pour Robin, Richard était ce père qu'il avait perdu en cours de route, l'instigateur d'une révélation, le porteur de valeurs qui forgeront le jeune garçon et feront de lui un héros. L'attachement de Robin pour Richard n'était donc plus à prouver et malgré son jeune âge, Robin était prêt à combattre ceux et celles désireux d'attenter à la vie du monarque. Mais comment combattre un ennemi tel que Cora, qui se joue des mots autant que des apparences pour séduire l'indomptable monarque, qui était jusqu'alors réfractaire à l'amour, si ce n'est celui de son peuple. Bien sûr, le monarque, bien que valeureux n'en demeurait pas moins un homme. On lui connaissait quelques maîtresses attitrées, du moins c'est ce que les langues bien pendues laissaient entendre. Mais Robin lui, appréhendait une vérité que peu pouvait se targuer de connaître. Le cœur de Lion avait un jour battu, tellement fort qu'il était difficile d'imaginer le voir battre à nouveau à une telle intensité.
Cora était une femme dont la beauté ne pouvait être niée, mais il se dégageait de cet être un quelque chose de maléfique tout aussi visible. La soif de pouvoir se lisait dans son regard, une soif inaltérable d'ambition, une quête sans repos pour atteindre le sommet quitte à écraser les autres. Cora était de ceux et celles qui naissent en bas pour mourir en haut à n'en pas douter. L'ambition créée des monstres et Robin faisait face à l'un d'entre eux. Pouvait-il cependant la combattre alors qu'il ne disposait pas des mêmes armes ? Le doute l'avait envahi tel le poison qui saccage toute une récolte. Mais il ne pouvait se résoudre à abandonner son roi qui en cédant aux charmes de la sorcière, courrait à sa perte. Alors il mobilisa une dernière fois son audace et laissa entendre sous la forme d'une menace, son envie de jouer les troubles-fêtes dans les plans machiavéliques de la sorcière. Cette dernière ne tremblait pas, bien au contraire. Il faut dire que Robin au vu de son jeune âge, ne représentait aucune menace, il n'était rien de plus qu'un grain de sable sur lequel Cora n'hésiterait pas à souffler en cas de besoin. L'adolescent la regarda alors s'éloigner certain de la recroiser. Un bûcher ne serait suffire, c'était désormais une certitude, il fallait dès lors trouver ce qui pourrait causer la perte de cet être et pour se faire, il lui fallait s'imposer.
« Danse démon ! Je sais qui tu es ! Je t'ai reconnu. Tu es le mal, je te nome ennemi ! »
Forêt Enchantée, Royaume de Richard Cœur de Lion Des années auparavant.
Alors que je venais tout juste d’arriver à Salem, enfin, cela faisait quelques mois déjà mais bon, j’ai reçu un faire-part m’informant que mon frère aîné, Maistrir, était décédé. Je suis devant mon ancienne nourrice, qui m’informe cette horrible nouvelle, je ne peux évidemment pas m’empêcher de fondre en larmes : même si cela faisait des années que l’on s’était pas vu, Maistrir était mon frère, celui qui a tenté de m’empêcher de sombrer dans l’alcool et dans ce milieu vicieux qu’est la prostitution. Je ne peux pas dire le contraire, ce milieu est horrible et rempli de corruption, de malhonnêteté et de méchanceté… J’en suis sorti grâce au ténébreux, au terrible prix de ma fille…
Mon frère m’a empêchée d’avoir cette vie, en vain, et nous avons perdu contacts. Ma nourrice est elle aussi très âgée, et va sûrement mourir d’un jour ou l’autre, peut-être que sa dernière mission est de me réunir moi et mon frère pour une dernière fois… Après-tout, ce serait une belle mission, et une belle histoire à raconter… Ma foi, ne divaguons pas. Je ravale mes larmes comme je peux avant que cette femme ayant la peau sur les os me donne une autre lettre de Maistrir en personne. Mon magnifique visage se décompose encore plus qu’il ne l’est déjà, j’ouvre la lettre, m’attendant au pire :
« Chère Rita, ma petite sœur, j’espère que tu apprécies finalement ta vie de débauche et de « richesses », que tu as finalement pu trouver ton bonheur, celui que tu cherches tant. Je t’écris finalement pour te demander une dernière chose, tu restes et tu resteras la femme en qui j’ai le plus confiance, et j’ose espérer, que si ce que je te demande, tu le feras, cela te changera un tant soit peu.
Je vais partir combattre, tu n’as pas besoin de savoir ni les raisons, et ni contre qui, je ne veux point que tu fasses de représailles, avec ton caractère de feu. Mais je risque peut-être de périr, de perdre la vie… Alors je te demande une chose ma chère sœur, je te demande de prendre soin de mon très cher fils, Robin, au cas où si je décède.
Et si tu reçois par malheur cette lettre, c’est que je suis décédé, alors s’il te plait, occupes-en toi, et si tu ne veux pas le garder, trouves-lui un foyer stable, et sans risque… Il se nomme Robin. Je t’ai également fait parvenir une flèche, il al reconnaitra dès qu’il la verra.
Je t’aime, ton cher frère, Maistrir. »
Mes larmes coulent à flot… Mais que dois-je faire ? Partir aider ce garçon que je ne connais absolument pas, ou rester ici à Salem tranquillement et paisiblement dans mon grand confort. Mais, je pense que le mieux est d’aller le voir. Pourquoi ? J’ai déjà perdu une fille, gâcher la vie d’un enfant, je dois être certaine que ce Robin soit apte à vivre dans de bonnes conditions. Pourquoi je ne le garde pas ? J’ai ruiné la vie de ma propre fille, je ruinerais la sienne si je l’élevais moi-même…
Je décide finalement de partir vers l’adresse que ma nourrice m’a donné, à bord d’un magnifique carosse violet, accompagnée de mes gardes, je me dirige vers le royaume de Mr. Cœur de Lion, je l’ai rencontré à une réception il y a un mois chez madame Delatour, une veuve puissante du pays. C’est un homme adorable et respectable, pas un de ces connards prétentieux qui essaient d’abuser de leurs pouvoirs pour t’écraser, ou même plus. Je ne m’étalerai pas sur le sujet.
Arrivant au palais, je suis dirigée par des servants, semblant connaître ce cher Robin. Je croise une magnifique femme brune, hautaine comme le monde passer à côté de moi. Je murmure pour moi « Conasse ». J’entre dans une salle et voit un petit garçon, cela semble être lui, Robin. Mon regard s’illumine, ce garçon est donc l’héritage de mon frère… Un petit sourire en coin se dessine sur mon visage, et je demande :
« Bonjour, et désolée de te déranger jeune-homme… Je voulais juste savoir, tu es bien Robin ? »