C’est avec beaucoup de fierté que je t’écris cette lettre aujourd’hui en espérant qu’elle te parviendra rapidement. Après des années d’attente, mon cher Neuschwanstein est enfin achevé. Le résultat dépasse de loin toutes mes espérances ! Je souhaiterais tant ce que tu puisses le voir. Après t’en avoir tant parlé cela me ferait extrêmement plaisir de pouvoir te le faire découvrir et ainsi avoir ton opinion qui comme tu le sais à une valeur inestimable à mes yeux. Pourquoi ne viendrais-tu pas passer quelques jours de vacances dans mon palais ? J’ai prévu d’y prendre mes quartiers d’été et je m’y trouverais donc durant quelques mois. Cela te laisserait pleinement le temps d’organiser ta visite. Si cela est possible, je souhaiterais également que Jack puisse t’accompagner. Je serais ravi de pouvoir le revoir ! Réponds-moi dès que tu recevras cette missive… il me tarde tant de connaître ta réponse.
Bien affectueusement,
Ludwig
Cette lettre, je l’avais envoyée il y a de cela plusieurs semaines. La reine voisine avait très vite acquiescé à ma requête ce qui m’avait rendu fou de bonheur ! La construction de mon château avait duré 10 longues années. 10 années durant lesquelles j’avais mis un point d’honneur à peaufiner et superviser chaque détail ! Le résultat en avait largement valu la chandelle. Il me tardait tant de pouvoir faire visiter cette merveille architecturale à toutes les personnes auxquelles je tenais véritablement.
La reine Diazpro faisait partie de mes amis les plus indispensables dans ma vie. Nous nous étions rencontrés par le plus grand des hasards, lorsque lassé de devoir rester constamment enfermé dans mes palais à cause de mon apparence diurne de cygne, je m’étais aventuré au dehors de mes frontières. J’avais volé si loin que j’avais fini par m’égarer sur des territoires inconnus. Affamé et craignant les chasseurs qui sévissaient dans ces contrées en cette période de l’année, je m’étais glissé dans le troupeau d’oies gardé par ma future amie. Protégé et chouchouté, je me promenais parmi les oies durant la journée. Le soir, je me cachais des regards indiscrets pour éviter que mon grand secret sur mon apparence humaine vienne à être percé à jour. Diazpro avait pourtant fini par découvrir la Vérité et avait juré de ne jamais le divulguer.
C’est ainsi que naquit notre amitié qui fut renforcée par une correspondance fournie durant plusieurs années. J’avais même fini par recevoir l’immense honneur d’être convié à sa Cour personnelle. D’ordinaire, j’étais peu friand de ces visites protocolaires. J’avais cependant accepté, tant le besoin de quitter mon royaume se faisait pressante. A ce moment, je vivais quelques-unes des heures les plus sombres de mon existence. Après plusieurs années d’une « vie commune » à la fois heureuse et houleuse, mon écuyer Sébastian von Hönig, grand amour de ma vie, avait finalement choisis de se marier. Imaginer mon Sébastian dans les bras d’une femme m’avait transpercé le cœur. Cependant, j’avais fini par lui accorder cette faveur. Je savais à quel point le projet de fonder une famille était important pour lui. Je laissais donc sa promise lui offrir la vie que je serais à jamais incapable de lui donner !
Avec beaucoup de douceur et de compréhension, Diazpro avait su trouver les mots pour calmer les tourments de mon cœur. Jack n’avait pas été étranger à mon changement d’humeur. Grand, blond aux yeux bleus, ses traits me rappelaient ceux de mon Sébastian. Sensible à son charme, je finissais immanquablement par me rapprocher de lui. Tous les deux m’avaient permis de passer un séjour inoubliable et je m’étais promis de leur rendre la pareille un jour. C’était donc l’occasion rêvée !
Entendant toqué doucement à ma porte, je sortis de mes pensées pour voir Sébastian pénétré dans la pièce. Malgré ce qui s’était passé entre nous, j’avais refusé catégoriquement de lui retirer sa charge auprès de moi. Il m’était d’une aide indispensable et malgré son mariage, les sentiments qui nous unissaient étaient aussi vifs qu’aux premiers jours. "Majesté, la reine Diazpro et son ami Jack Vesallius vous attendent dans le salon !" "Très bien, Sébastian, va les informer que j’arrive tout de suite."
Conviés en début de soirée, je ne les avais pas rejoints tout de suite. Me sentant étrangement mal après ma métamorphose en humain, j’avais souhaité rester au calme quelques instants. D’ordinaire, accueillir les invités ne faisait pas partie des fonctions de Sébastian. J’avais cependant tenu à ce qu’il soit mon ambassadeur auprès de mes amis. Après tout, qui mieux que lui saurait trouver les mots qu’il fallait pour les accueillir. N’était-il pas l’une des rares personnes à être au courant de mon secret ?
Après avoir fini de m’habiller, je descendis jusqu’au salon. Un grand sourire apparut sur mes lèvres lorsque je les aperçus tous les deux. M’approchant de Diazpro, je lui fis un baise-main de rigueur. « Ma chère amie, je suis si heureux de te voir ici ! Je te suis très reconnaissant d’avoir pris le temps de me rendre visite malgré ton emploi du temps chargé. » Je souris alors tendrement à Jack « Mais ma joie n’aurait jamais été aussi grande si tu n’avais pas fait partie de cette expédition, mon très cher Jack. »
HRP:
Petite vidéo du château pour te donner une idée du décor de Neuschwanstein
La journée avait commencé sur les chapeaux de roues. La veille, Ludwig nous avait donné plusieurs instructions pour préparer la venue de ses futurs invités ; la reine Diazpro et son inséparable compagnon Jack Vesallius. Ce serait la première fois que ses amis viendraient visiter le château de Neuschwanstein tout juste terminé. Leur séjour se devait donc être un éblouissement de chaque instant. Comme il ne pourrait être présent durant la journée, Le Roi me chargea de m’occuper moi-même de leur emploi du temps. Cela n'était pas vraiment surprenant. Après tout, je connaissais le Roi et ce n’était pas la première fois qu’il se permettait d’outrepasser mes fonctions de maître d'écurie royale pour me proposer des missions de confiance. Je m’en sentais d’ailleurs très flatté. Cela prouvait que malgré tout ce qui s’était passé entre nous, Ludwig avait toujours foi en moi. De mon côté, je ferais tout pour satisfaire les désirs de mon Roi qui régnerait toujours discrètement dans mon cœur, d’une manière indéfectible.
L’heure étant venue. Après avoir prévenu le Roi de leur arrivée, je descendis accueillir les invités. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres lorsqu’ils apparurent au milieu du vestibule. Ignorant tout de la magie de l’amie si précieuse de sa Majesté, leur arrivée fut remarquée et plusieurs domestiques restèrent figés et très surpris. « Allons donc messieurs, est-ce ainsi que l’on se doit d’accueillir une personne royale ? Chargez-vous donc de leurs bagages. » Celui qui venait de prononcer ces mots n’était autre que le fidèle Fritz Mayr, major d'home du Roi. Je profitais donc de ce moment pour rejoindre les nouveaux-venus. Très attaché à mes fonctions, je saluais le Reine d’une profonde révérence même si nous avions depuis longtemps passé le cap des simples politesses. « C’est un immense plaisir pour moi de vous accueillir ici, Majesté ! Le Roi avait tant hâte de vous revoir. » Après tant d’années d'une liaison amoureuse semi-secrètes avec Ludwig, j’avais pris l’habitude de différencier les convenances liées à mon travail et le plaisir. Ce n’était cependant pas le cas de Reine d’Oz qui après ses salutations m’enlaça. Ce geste d’affection fit naître un immense sourire sur mes lèvres. Je serrais ensuite la main de Jack.
Lorsque La Reine Diazpro s’enquit de sa santé, je fus saisi d’une envie de lui dévoiler la Vérité. Je connaissais bien Ludwig et je savais que ce dernier aurait sans doute esquiver le problème avec douceur, comme il avait prit l’habitude de le faire. Vivre dans le Rêve était devenu plus important pour lui que cette Réalité trop douloureuse. D’un geste du bras, je les invitais tous deux à rejoindre le salon. Ainsi, je pourrais me confier plus discrètement. « Vous connaissez notre Ludwig, Votre Altesse, tant qu’il peut s'amuser avec ses châteaux, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes… Il en vient même à ignorer volontairement les œillères qu'il a devant les yeux. » Une fois arrivé dans la pièce, je me penchais à son oreille pour poursuivre mes explications. « La Vérité c’est que le gouvernement cherche à le destituer de ses fonctions, aidé en cela par le baron Otto von Rotbarth et la Reine des glaces devenue l'alliée du minsitre… Je commence sincèrement à craindre pour la vie de mon Roi. Et je ne suis pas le seul ! » Je soupirais alors légèrement, songeant aux paroles que je venais de prononcer avec un profond sentiment de peur et de tristesse. « S’il lui arrivait quelque chose… Je n’ose même pas y penser… Je tiens tellement à lui… ». Avant de prononcer les mots que j’avais juré de scellés à jamais dans mon cœur, j’aperçus Ludwig descendre les escaliers et choisis alors de m’effacer.
Un immense sourire s’afficha sur mes lèvres lorsque j’aperçus enfin celle que j’attendais depuis des jours. Diazpro était enfin arrivée. Ma Diazpro ! Mon éternelle et tendre muse inspiratrice. Je me réjouissais tant à l’idée de pouvoir partager quelques soirées en sa compagnie. J’étais également ravi de revoir le très élégant et raffiné Jack qui n’avait rien perdu de sa prestance naturelle. Je ne manquais alors pas de saluer mon amie comme se devait de le faire un gentilhomme bien né. Je souris à ses premières paroles. « Et pourtant mon élégance semble bien pâle en comparaison de ta beauté, ma très chère amie ! Je te remercie pour ta fidélité, cela me touche énormément. » Mes salutations à Jack l’avait fait légèrement fait rougir ce qui avait pour résultat de le rendre encore plus adorable que d’accoutumée. Je ne manquais pas de rire à son trait d’humour.
Et enfin l’heure tant attendue était arrivée. J’avais enfin le droit au premier des compliments de la part de mon amie. Cette fois-ci, ce fut à mon tour de rougir, très touché par ses éloges. S’il était une personne dont l’avis m’importait plus que tous, c’était bien elle. J’étais ravi que les premières pièces de mon palais qu’elle avait pu observer l’avait déjà séduite ! « Et tu n’as encore rien vu… Ce palais recèle tant de merveille ! J’en suis extrêmement fier… c’est ma plus belle réussite ! ». D’un œil affectueux, je la regardais scruter les alentours. Elle semblait ne pas pouvoir se lasser de ce magnifique spectacle. « J’ai vraiment hâte de vous faire découvrir tout le château. » Alors que je m’apprêtais à les emmener avec moi dans les étages, Diazpro m’interrompit en s’acquittant de ma santé. Laissant un moment ce beau rêve derrière moi, j’effectuais alors mon devoir d’hôte. Relâchant les mains de mon amie, je pointais du bras les canapés du salon et les invitais à s’asseoir. « Tu as raison, nous aurons tout le temps pour les visites ! Est-ce que vous voulez boire quelque chose avant que nous ne passion à table ? » J’écoutais leur réponse et tournais ensuite mon regard vers Sébastian pour lui ordonner de nous ramener une bouteille. Je pris ensuite mes aises et consentis enfin à répondre à la question de Diazpro. « Je vais bien. Très bien même… Comment cela pourrait-il en être autrement dans mon paradis suspendu ? » Bien sûr, ce n’était pas tout à fait la Vérité. J’avais parfaitement des obstacles qui se dressaient sur ma route. Cependant, je ne voulais pas les ennuyer avec des considérations politiques. N’étions-nous pas là pour nous amuser après tout ?
Dès son apparition, La Reine Diazpro que je rencontrais dans le hall d’entrée du palais, se montra d’une humilité très touchante. Réalisant la surprise qu’ils avaient pu causer à leur apparition, elle se confondit en excuse devant les serviteurs qui venait de se faire houspiller par leur supérieur. C’était une chose que j’appréciais grandement chez cette Reine du pays voisin. Tout comme Ludwig, elle n’a jamais semblé apprécié l’aspect trop cérémonial de la Cour et traitait ses serviteurs avec une grande humilité. Il n’était pas étonnant, compte tenu de cet aspect, que les souverains c’était très vite liés d’amitié. J’étais également ravi de la voir si rayonnante et si heureuse de se trouver là. Jack semblait partagé son enthousiasme.
Inquiet comme toujours pour mon Roi et la politique du royaume, je n’avais pu m’empêcher d’en faire la remarque à la Reine. Je lui laissais alors me saisir les mains dans un geste qui se voulait rassurant. Elle me répondit alors avec beaucoup de courage, exprimant par là-même toute la hargne qu’elle pouvait nourrir contre la Reine de Glaces. « Vos propos sont extrêmement touchants, Majesté. J’admire votre force de caractère et votre loyauté. J’imagine que votre royaume a également à souffrir des exactions de ce monstre. Nos terres sont déjà gelées et recouvertes de neige, si cela continue le peuple va commencer à mourir de faim ! » Je soupirais légèrement et poursuivait mon discours. « La réalité c’est que le seul moyen pour le Roi de revenir dans la capitale de Bravia pour faire entendre sa voix… que le peuple sache qu’il se tient derrière lui et qu’il ne craint pas ses ennemis. » Je hochais la tête à plusieurs reprises. Le comportement indolent du monarque avait tendance à fortement m’agacer. « J’ai essayé de lui en parler à plusieurs reprises mais sans succès. Il ne veut pas entendre raison. Sans compter que depuis… depuis mon mariage… il m’écoute encore moins que d’habitude ! ».
La Reine proposa alors d’offrir l’asile politique si jamais les ennemis de Ludwig s’en prenaient à lui. Je souris alors très reconnaissant. « Je vous remercie milles fois, Votre Altesse. Il faut beaucoup de courage pour promettre de lui tenir tête. Mais nous ne voudrions surtout pas abuser de votre hospitalité… surtout pas avec les graves conséquences que cela entraînerait pour votre royaume ». Je soupirais légèrement avant de reprendre. "Je vous demande pardon, votre Altesse. Je ne devrais pas vous ennuyer avec des problèmes qui ne vous concerne en rien. Après tout, vous êtes en vacances. Je vous présente mes excuses.
A mon arrivée, j’avais bien perçu les quelques mots échangés entre Sebastian et nos invités. Je n’y avais cependant pas prêté attention. Parler de politique était déjà pour moi une horreur en soi. Accueillir des invités de cette manière était vraiment mal placé. S’il s’y prenait aussi mal lorsqu’il parlait aux membres de mon gouvernement, il n’était pas surprenant que ces derniers puissent vouloir me détrôner ! J’hésitais à faire la remarque à mon écuyer préféré lorsque je rejoins le groupe mais je préférais finalement ne rien dire. Accueillant les invités comme il se devait, j’étais ravi de voir ma gardienne d’oie se comporter avec moi dans une telle familiarité. C’était tout ce que je souhaitais de la part d’une rencontre entre vieux amis. Ne pouvant m’empêcher de faire quelques compliments sur mon merveilleux château, je déclarais être impatient de pouvoir leur faire la visite. Diaz prit ses paroles aux mots et lorsque je proposais à mes amis de boire un verre, Ma nymphe inspiratrice rétorqua qu’elle préférait partir à la découverte de mon paradis suspendu. Sautant sur mes deux jambes, je la regardais avec une excitation dans les yeux semblable à celle d’un enfant. « Très bien dans ce cas, ne perdons pas de temps ! ». Diaz proposa à Jack d’aller les voir les extérieurs du château en compagnie de Sabastian. Nous les rejoindrions plus tard. Un peu anxieux à l’idée de laisser les deux blondinets ensemble, je les regardais s’éloigner sans les quitter du regard.
Ce ne fut qu’au moment où je les perdus de vue que je reportais mon attention vers ma Reine de cœur. Je souris jusqu’aux oreilles lorsqu’elle déclara vouloir passer du temps avec moi uniquement. « Il est vrai qu’il y a longtemps que nous n’avons pas eu l’occasion de discuter vraiment tous les deux. J’ai tellement de choses à te dire. Mais d’abord… » Tel un vrai gentilhomme, je lui tendis le bras pour notre balade. « Je t’ai promis de te faire visiter un château, non ? Alors dis-moi par quoi veux-tu commencer ? La salle de séjour, la salle des chanteurs, la salle des héros… oh non attends, j’ai une excellente idée. Suis-moi ! » Alors que nous avancions tous deux au travers des couloirs du château, je ne manquais pas de commenter chacune des décorations ou peinture qui croisaient notre route.
J’avais peur de faire preuve d’honnêteté sur mes occupations en ces temps peu glorieux. Mais je me promis que je m’y efforcerais malgré tout. « Ce… ce que j’ai fait ? Et bien j’ai profité de passer du temps dans mes palais. Je passe la plupart de mes soirées à me balader à cheval ou alors à regarder des pièces de théâtres ou des opéras privés… Cela fera partie de votre programme de vos soirées ici… Oh et puis j’ai déjà posé les bases pour la conception d’un palais digne d’un château des Milles et une Nuits. J’espère pouvoir commencer les travaux l’année prochaine. »
Diazpro m’interrogea alors sur Sébastian et me fit part de ses éternelle inquiétudes à mon égard. Oh bien sûr, ces dernières étaient amplement justifiées. Je ne cessais de faire des cauchemars et de réclamer sa présence à mes côtés lorsque je dormais. Seule ce dernier parvenait encore à me rassurer face à mes angoisses. Je souris alors tristement. « Ce brave Sébastian, il ne cessera jamais de se faire du souci pour moi ! Cela dit, ne croit pas ce qu’il peut te raconter, je ne suis pas en danger. Il était inutile de t’inquiéter pour rien… C’est vrai que de l’avoir à mes côtés n’est pas toujours facile. Mais il aurait injuste de ma part de le renvoyer à cause de son mariage. De toutes manières, ce n’est pas comme si nous avions véritablement été en couple un jour ! Un couple d’hommes… ce serait d’un ridicule ! » Je n’en pensais naturellement pas un traitre mot ! Cependant, à force d’entendre notre entourage nous sortir les mêmes discours on finit par s’en persuader soi-même. « J’ai fait la connaissance de Frau von Hönig, c’est une personne adorable. Je leur rends souvent visite lorsque nous sommes à Berg, dans la villa que je leur ai offerte pour leur union. Ils ont eu un adorable petit garçon dont je suis le parrain. Donc non… tout se passe très bien ! » Légèrement perdu dans mes pensées, je reportais mon attention vers Diazpro. « Mais je ne fais que de parler de moi. Et toi alors, comment vas-tu ? Que t’est-il arrivé de beau dans la vie depuis la dernière fois que nous nous sommes vus ? »
Mes retrouvailles avec Diazpro étaient des plus joyeuses. Je me réjouissais de revoir mon amie et je me sentais revivre à l’idée de pouvoir à nouveau discuter avec elle. Il est vrai que cela faisait très longtemps que je n’avais pas eu le loisir de profiter de sa compagnie. Je me promettais donc que chaque journée serait une vraie réussite. Je tenais beaucoup à faire de son voyage en ces terres un rêve éveillé pour qu’elle n’en garde que des bons souvenirs. Je répondis donc à sa remarque, le sourire aux lèvres. « Comment pourrais-je oublier ma très chère gardeuse d’oies ? Ne t’inquiète pas, je sais que je n’ai pas eu une conduite exemplaire ces derniers temps mais je ferais mon possible pour me faire pardonner… d’où votre séjour ici que je vous souhaite inoubliable ! ».
Son séjour ici était également l’occasion de lui faire découvrir mon palais et les merveilles qu’il recelait. Il ferait après tout partie intégrante de ce songe… un décor de rêve pour un voyage qui le serait tout autant ! Je rougis légèrement lorsque Diazpro annonça sa volonté de pouvoir voir dans mon regard cette lueur de plaisir qui accompagnerait la description de mon palais. « Très bien dans ce cas, nous nous rendrons à la salle des héros. Il se trouve que j’ai une charmante surprise qui t’y attends ! Mais je ne t’en dirais pas plus avant que nous n’y arrivions… »
Je l’entraînais alors tout excité au travers des différentes pièces, ne manquant jamais d’agrémenter chacune de commentaires passionnés. Je lui parlais un peu de ce qu’il y avait de nouveau dans ma vie et notamment de mes projets architecturaux. En réalité, j’en avais deux qui étaient pour le moment en préparation. Le premier était un magnifique palais des Milles et une Nuits auquel je fis référence. « C’est cela même… je trouve que les peuples des pays du Sud ont beaucoup de talents pour ce qui est de construire des édifices et je compte bien leur rendre hommage en faisant découvrir leurs prouesses architecturales. J’espère vraiment que j’aurais l’occasion de te le faire visiter un jour. Je dois également ajouter que ces derniers temps, j’ai de l’inspiration… » Je pensais bien évidemment à cette fameuse maison de jeu que mon cher Absolem m’avait demandé de réaliser pour lui. Je n’en avais parlé à personne pour le moment. Un roi qui s’abaissait à devenir le vassal d’un inconnu pouvait perdre toute crédibilité. Pourtant, je connaissais mon amie et je savais que jamais elle ne me jugerait pour cela. « Dis est-ce que… est-ce que je peux te confier un secret ? »
La situation dériva lentement vers mes problèmes de cœur. Diazpro avait tout à loisir de me juger à ce propos. Après tout, elle savait pour quelle raison j’avais choisi de me réfugier temporairement dans son royaume. Cependant, je n’étais pas du tout d’accord avec elle. Mer penchants sexuels étaient pour moi un véritable problème et malheureusement je m’étais laisser embrigader par les propos on ne peut plus blasphématoire de mon entourage. En parfaite confidente, mon amie me confia alors que le plus important était l’amour que nous pouvions ressentir l’un pour l’autre. Qu’importe les barrières qui se dresseraient contre nous. Je la regardais alors tristement. « Diazpro, tu es une idéaliste ! Mes sujets ne pourront jamais tolérer un amour défiant outrageusement leur morale ! Je suis Roi et je dois donc me plier aux règles de l’opinion publique, même si ces dernières sont injustes… » Je soupirais légèrement et adoptais alors une mine plus réjouie. « Mais et toi… est-ce que tu as fini par rencontrer l’âme sœur ? Dis-moi tout, je suis curieux ! ».
J’écoutais ensuite la Reine avec la plus grande des attentions. Apparemment, la Reine des Glaces avait également posé des problèmes dans leur royaume. La seule différence c’était peut-être que mes gens, vivant dans les Terres du Nord, étaient bien plus habitués au climat hivernal. Nous savions comment survivre par ce froid glacial et les provisions ne manquaient pas. Cependant, elles restaient sous le contrôle de mon Premier Ministre et je ne savais vraiment si je pouvais me fier ou non à cet homme. Les problèmes du royaume me semblaient également si loin de moi. Je posais alors une main rassurante sur celle de mon amie. « Je suis vraiment désolé de l’apprendre… Je crains que rien ne sera simple tant que cette mégère fera peser son pouvoir sur les royaumes. Cependant, si la nourriture vient à vous manquer, je pourrais peut-être vous en envoyer. Nous possédons de grandes réserves dans nos greniers et je serais ravi de pouvoir vous en faire profiter ! N’hésite donc pas à me dire. » Je restais cependant curieux lorsque Diazpro me parla de l’homme avec lequel elle était en affaire. « Par simple curiosité, qui est l’homme avec lequel tu es entrée en affaire ? » je jetais alors un regard emplis de compassion à son encontre. « J’espère vraiment que ton royaume pourra retrouver son bien-être. Je suis sincère ! Je le souhaite pour tous les royaumes vivant sous le joug de cette sorcière ! ».
La Souveraine souhaita alors que nous changions de sujet. A cela, je ne pouvais que lui donner raison ! Il était grand temps que nous nous livrions à cette petite visite guidée ! « Tu as raison… il me tarde tant de te le faire visiter ! Et je suis tout à fait d’accord avec tes projets. Après tout, tu sais à quel point j’exècre tout ce qui peut être en lien avec ce maudit protocole ! » J’arrêtais ma marche à la hauteur de cette fameuse salle. « D’ailleurs nous voici devant la salle des héros. » Je lui présentais la salle d’un mouvement de la main, l’invitant ainsi à rentrer ! La salle était très longue, plus d’une vingtaine de mètres. Elle comportait de nombreux tableaux des héros de mythologie que j’avais admiré depuis ma plus tendre enfance. Au fond de la pièce se trouvait un autel tout particulier et c’était là que je voulais entraîner mon amie. « Pour la suite, je te demanderais de fermer les yeux ! Je tiens à ce que ma surprise soit totale ! ». Je lui pris alors le bras, la guidant sur les quelques mètres qui la séparait de notre destination. « A présent tu peux ouvrir les yeux." L’autel était entouré de cinq vitraux qui représentaient des décors champêtres rappelant l’endroit où nous nous étions tous deux connus. Chacun d’entre était séparé par une colonne en forme d’oie ou de cygne. Le vitrail du milieu représentait lui la magnifique souveraine qui se tenait à mes côtés, parée de ses plus beaux atours. L’autel était une fontaine surmontée d’une statue d’une gardeuse d’oie indéfinissable au pied de laquelle reposait un cygne. « Je me devais de rendre hommage à la plus grande héroïne d’une manière toute particulière. Tu ne le penses pas ? »