La Forêt enchantée Peu avant la première malédiction
Il pleuvait encore sur le royaume devenu encore plus morne suite au mariage de Blanche Neige et de son prince. La méchante reine y avait fait une apparition remarquée et offert son cadeau dans une mise en scène dont elle seule en avait le secret. À présent, loin des festivités, le royaume tout entier se laissait gangrener par la peur. Il était question d'une malédiction, certains évoquaient même de la magie noire et la plupart commençaient déjà à perdre espoir.
« Mère ! » À peine éclairée par la lueur des bougies, une jeune demoiselle, pourvue d'un tissu humide, s'approcha de sa mère qui n'avait de cesse de tousser. Son front ruisselait de sueur, laissant présager une forte fièvre. Comme toujours, la jeune fille œuvra à apaiser les maux de sa mère. Elle déposa le linge sur son front et lui prit la main en lui répétant que tout allait bien se passer, mais au fond d'elle, la jeune fille redoutait déjà de voir la mort si proche de sa mère. « Écris ! » lança sa dernière prise de quelques tremblements. La demoiselle intriguée, retira aussitôt sa main « Qu'est-ce que tu racontes ? » La vieille femme réitéra son ordre en désigna du bout du doigt ce qui se trouvait sur la table de chevet. « Qu'est-ce que tu veux que j'écrive ? » Intriguée, elle obtempéra quand même et attrapa le plume et le parchemin qu'elle plaqua contre son genou.
« Mère ? »
« Je ne veux pas emporter mon secret dans la tombe ! »
« Mais de quoi tu parles ? Serait-ce la fièvre qui te fait délirer ? »
« Non ! Non ! Non ! Je suis encore consciente. Il faut que tu m'écoutes avec attention d'accord. Je vais m'en aller, ce n'est plus qu'une question de temps et nul doute qu'il m'en reste très peu. »
« Que dois-je écrire alors ? »
« Deux prénoms ! Aeline et Robert »
« Qui est-ce ? »
« Les fantômes d'un passé qui me hante sans cesse. Jadis, j'ai aidé une femme à donner la vie. C'était deux très beaux bébés si tu savais, une fille et un garçon. Mais ces enfants n'étaient point le fruit d'un amour. Leur mère était brisée et déjà morte dans son âme. J'ai pris la fille pour lui trouver un doux foyer. Et je l'ai retrouvé des années plus tard. »
« Aeline ? »
« Oui, c'est ça »
« Et Robert est son frère ? »
« Oui, il l'est. Ils ont tous les deux la même marque de naissance. La forme est semblable à celle d'une demi-lune »
« Tu veux que je retrouve Aeline et Robert ? »
« Je veux que tu les unisses. Il ne faut pas briser le lien entre deux jumeaux, jamais. »
« Et ce Robert, tu l'as revu ? »
« Non, mais j'ai ouïe dire que celui qui l'a élevé l'a abandonné. Maistrir était un noble chevalier, tu sais. Il aimait Fiona si sincèrement. Tous les deux auraient dû se marier et vivre heureux. Mon ange, s'il te plaît ! » Elle lui prit à nouveau la main et la serra dans la sienne mobilisant ses dernières forces. « Trouve et réunis les ! Ainsi, je partirais en paix. »
« D'accord, je te le promets. » Le regard embrumé par les larmes, la jeune femme serra un peu plus fort la main de sa mère. Cette dernière s'éteignit quelques heures plus tard peu avant que la malédiction n'emporte tout sur son passage.
Il aimait les groseilles et elle aussi de toute évidence. Un autre point commun qui s'ajoutait à une liste déjà bien fournie. « - Maintenant que vous m'y faites penser, il est vrai que leur apparence joue contre elles. Je me souviens du nombre incalculable de fois, où il m'a fallu faire entendre à mes compagnons d'infortune, que ces baies en plus d'être délicieuses, ne les empoisonnerait pas. « La nature recèle mille et un trésor, à condition de savoir chercher » Mon père disait souvent ça lorsqu'il m'entraînait dans les bois durant nos promenades. Il m'a enseigné à apprivoiser la nature tout en la respectant. La mère nourricière dans toute sa splendeur. Les fraises et mûres n'en demeurent pas moins délicieuses, mais plus rares à débusquer que les baies sauvages n'est-ce pas ? Vous aussi vous avez passé du temps en pleine nature à ce que je vois ! »
Son sourire, tel une éclaircie chassant les nuages, parut l'espace d'un instant. Les desserts arrivèrent ensuite, toujours dans une parfaite synchronisation. La jeune serveuse s'appliqua à servir convenable les tartes et retourna jusqu'au comptoir où l'une de ses collègues lui confia un autre bon.
« Pas folichon aujourd'hui ! »
« Je ne te le fais pas dire ! »
« Ah, ce cher Robin est de retour. C'est qui celle-là ? » Et alors que la collègue s'apprêtait à lancer quelques commérages dont elle avait le secret, la jeune femme qui venait de servir deux tartes fut alors prit d'une hésitation. « Robin comme Robert ? »
« Euh, ouais, j'imagine que c'est son prénom pourquoi ? »
« Non pour rien, je ne sais pas juste comme ça »
« C'est l'ex de Regina, tu savais ? Le moins, que l'on puisse dire, c'est qu'elle ne se refuse rien » Elle repartit alors laissant le soin à sa collègue d'observer la table de Robin et d'Aeline qui dégustaient tranquillement leur dessert loin de se douter qu'ils avaient face à eux, la fille de la femme qui avait aidé leur mère à les mettre au monde.
« - Je me suis plutôt bien acclimaté pour ce qui est de la nourriture je dois l'avouer. Je suis content que ça vous plaise. » Et alors que la douceur sucrée semblait ravir de palais de chacun de nos deux protagonistes, Robin, sans prendre de pincettes (pour ne pas changer) osa le sujet épineux de la rencontre avec son meilleur et plus fidèle ami. Plus que suicidaire, il était curieux de savoir comment se passer la cohabitation entre Aeline et Petit Jean tout deux pourvu d'un caractère volcanique. « - Des échanges étranges ? » reprit l'archer amusé par la gêne que laissait paraître son interlocutrice. « - Tant que ça ? » Elle se mit alors à rire, chose qui attendrit le voleur, qui avait compris qu'il n'était pas dans les habitudes de la jeune demoiselle de faire preuve d'autant d'humanité. « - Aller, dites-moi, je veux savoir ça m'intrigue »
Impatient, le voleur réitéra sa demande et lorsqu'enfin la guerrière entreprit de lui répondre, Robin ouvrit les écoutilles afin de s'enfoncer dans une écoute quasi-religieuse du récit d'Aeline. L'archer ne put s'empêcher de sourire, il n'en doutait plus à présent, cette fille avait du caractère, au moins autant que lui. « - L'homme le plus grand et le plus fort, c'est tout Petit Jean ça ! J'imagine qu'il a dû se sentir honoré, mais quelque peu désarçonné de devoir combattre une demoiselle ! Lors de notre première rencontre, il était aussi question d'un combat et de termes fleuris, je le confesse. Il portait les couleurs de l'ennemi, mais pas leur conviction. Nos geôliers ne voulaient pas se salir les mains, alors ils ont naïvement cru qu'en nous plaçant dans la même cellule, nous nous entretuerions. J'avoue que malgré ma véhémence, je n'étais pas en état de combattre. Il n'aurait fait qu'une bouchée de moi c'est évident. Au lieu de ça, nous nous sommes découverts, il m'a inspiré à livrer de beaux discours, nous étions deux âmes en peine, nous sommes devenus deux hommes sans chaînes et des amis pour toute une vie. Il était et demeure un frère pour moi. Quand j'ai cru le perdre, j'ai senti une part de moi disparaître. Il a son petit caractère, c'est un fait, mais la fidélité est l'une de ses plus belles qualités. C'est un engagé, un guerrier un vrai, mais aussi un homme bien. C'est drôle, je décèle un peu de ça en vous, en plus de nos nombreux points en commun » Un sourire franc teintait les lèvres de Robin tandis que la serveuse continuait à les observer. Le portable de l'ancien voleur se mit alors à sonner l'obligeant à mettre un terme à l'échange. Sur son passage, il renversa malencontreusement le fourreau d'Aeline qui se baissa aussitôt pour le ramasser. « - Je suis désolé… je reviens ok ? » Sans plus attendre il s'en alla pour décrocher cela devait être important puisqu'il ne connaissait pas le numéro. De son comptoir, notre chère serveuse observa avec attention Aeline qui en se baissant laissa paraître sa marque de naissance.
« C'est elle ! » lança-t-elle alors que l'archer revenait précipitamment pour rejoindre sa table « - Veuillez me pardonnez je dois m'en aller. Mon fils n'est pas allé à l'école, je dois le retrouver ! » Il sortit de quoi régler le repas et déposa le tout sur la table. « - Je suis vraiment désolé. Il faut toutefois qu'on se revoie, c'est indéniable ! Et si jamais vous cherchez Petit Jean, il est près de la forêt. Au revoir Aeline ! » Il lui sourit une dernière fois, avant d'enfin mettre les voiles loin de se douter que d'ici peu, il se retrouverait dans les tréfonds de l'enfer persuadé d'avoir non pas une jumelle, mais un jumeau.
Ma remarque le fit réfléchir sur les baies et il se rangea à mon idée, posant une question dont il avait déjà la réponse.
_ Oui, beaucoup de temps. Et encore à présent. Je m'y sens plus à l'aise que... Dans cette ville.
Oui, ce n'était pas tant la ville en général qui me gênait. Dans la Forêt Enchantée, mais dans un environnement urbain plus familier, j'avais aimé à évoluer en profitant de tous les avantages, négligeant les inconvénients. Mais, dans cette ville en particulier, je n'y arrivais pas. Le bruit, ces voitures, tout... J'étais mieux dans la forêt, même privée de tout confort. Puis, plus rapidement que je ne l'aurais voulu, revint le sujet épineux de Petit-Jean. Un frisson me parcourut l'échine rien qu'à repenser à cet instant, à l'échange qui avait suivi le combat. Malgré tout ce que j'avais pu en dire sur l'instant, il avait pris soin de moi et sans chercher à profiter de la situation, ce qu'il aurait pu tenter de faire. Il y avait une réelle bienveillance chez lui, derrière un sourire de carnassier et un oeil appréciateur sur mes courbes... Oh, je ne vais pas m'en offusquer, j'avais, moi aussi, laissé traîner mes yeux.
_ Disons que je suis bien trop sobre pour que vous puissiez espérer plus de confidences, mais sachez qu'il ne semblait pas si désarçonné que cela, certainement parce que je n'ai rien d'une demoiselle. Et puis, il a vite jaugé à qui il avait affaire et il n'a gagné que parce que j'étais déjà blessée avant de commencer..., me contentais-je de répondre.
S'il s'était agi d'un autre que Robin, j'aurai probablement balancé sèchement que ça ne le regardait pas mais, étrangement, sa curiosité ne m dérangeait pas. Au contraire, et comme je l'avais sous-entendu, je sentais qu'avec un petit coup de main du destin, j'aurais pu me laisser aller à quelques confidences dans une conversation future. Parler avec Robin était simple. Je ne percevais aucun jeu dans ses mots, rien qu'une attitude franche du collet et des échanges sains. Il expliqua ensuite comment il avait été amené à rencontrer Petit-Jean et je l'écoutais avec un large sourire, retrouvant dans ses mots des choses qui me rappelait mes propres souvenirs. Nous avions eu la même impression de l'homme, même si nous l'avions connu dans des circonstances diamétralement opposées. Cela me conforta dans l'idée que je m'étais faite du guerrier et ça piqua un peu plus mon envie de reprendre contact avec lui... Même si cette envie ne compensait pas encore la crainte de toutes les conséquences que cela pouvait avoir. J'allais répondre lorsque le téléphone sonna et l'attention de mon interlocuteur se détourna. Je patientais un peu puis dus bien m'avouer déçue de le voir disparaître peu après.
_ Je comprends tout à fait, assurais-je, aussi sincère qu'il l'était. J'espère que nous allons avoir l'occasion de nous croiser prochainement.
Il fila rapidement et me laissa avec une étrange sensation. Cet échange m'avait un peu apaisée et, surtout, il avait trompé ma solitude. J'étais légèrement moins sur la défensive quand la serveuse revint vers nous.
_ Merci, je ne veux rien de plus, lui indiquais-je poliment.
Mais je sentis qu'elle avait quelque chose à me dire, sans oser le faire. Croyant deviner ce qu'elle avait sur le coeur, j'ajoutais avec un sourire.
_ Ne vous inquiétez pas, si vous avez des vues sur lui, je vous le laisse. Ce n'est pas du tout mon type.
J'étais le genre de femme à partir du principe qu'il faut se serrer les coudes entre nous, mais uniquement si la donzelle en face de moi n'est pas trop cruche. Dans ce cas, je la laisserai se débrouiller toute seule. C'était peut-être méchant, mais j'estimais que, moi, on ne m'avait jamais protégée à outrance et que j'avais appris à me débrouiller. Je le voyais presque comme un service rendu. Je finissais la dernière bouchée et elle n'avait toujours pas bougé. Croisant à nouveau son regard, elle se lança.
_ Excusez-moi, je le voulais pas déranger, mais j'ai vu votre tâche de naissance...
Aussitôt, je portais la main au creux de mon dos avant de me souvenir que je n'avais rien à cacher.
_ Il faut que je vous parle. Vous m'accordez 5mn ?
Curieuse, j'acquiesçai en me demandant ce qu'elle me voulait. Je l'écoutais avec attention avant de me braquer totalement devant son histoire capillotractée et sa conclusion non moins délirante. Je me relevais sans la laisser terminer.
_ C'est... N'importe quoi !
Rejetant en bloc l'idée avant qu'elle ne s'implante dans mon esprit, je partis sans demander mon reste. Robin ? Mon frère ?
Allongée dans mon lit, je me laissais aller à la lassitude. C’était mon jour de congé aujourd’hui, et Louise n’avait pas réussi à prendre son jour. Comme souvent Regina n’avait pas voulu lui laisser sa journée. Résultat, je me retrouvai seule et déprimée dans mon apparemment. J’aurais pu sortir pour aller voir les Merry-Men, ou encore Belle, mais je n’avais pas envie d’être boulet. Chaque fois qu’ils me voyaient, je me retrouvais toujours ensevelie par mes remords, mes doutes et mes peurs. Ça en était assez. Je ne voulais pas être le boulet de l’histoire et c’était ce que j’étais depuis que j’étais arrivée à Storybrooke. Alors oui je restais tranquillement dans mon appartement, enfermée dans ma chambre à brouiller du noir, en repensant à ma dernière soirée avec mon mari. Cette fois tout était terminée et j’avais du mal à me faire à cette idée. Les mots avaient dépassé mes pensées, mais je ne pensais pas que ce soit le cas pour lui. Quoi qu’il en soit j’allais devoir prendre une décision, rester à Stroybrooke ou rentrer dans notre monde avec Dawn. Penser à mon aigle me reconnecta immédiatement à ce dernier, il volait. Je ressentais le vent qui s’engouffrait dans son plumage. Fermant les yeux de bien être, je sentais un sourire étirer mes lèvres. Jusqu’à ce que ce dernier n’attire mon attention sur quelque chose. Sentant son angoisse je rouvrais les yeux et lui demandait de me donner la main afin que je puisse voir ce qu’il voyait. Naturellement, ce dernier s’exécuta et je quittais automatiquement ma chambre pour me retrouvais au-dessus des arbres de la forêt de la ville. Nous étions sans doute vers le puit à souhait. Je ne cherchais pas à savoir l’endroit exact où nous étions, d’ailleurs Dawn me recentrait d’une simple pensée m’indiquant l’endroit où regardait en réajustant au passage notre vision. C’est à ce moment là où je la vis, Aeline, cette agaçante femme elle était au côté de Robin. Automatiquement mon sang ne faisait qu’un tour, demandant à Dawn de s’avancer, je tentais de juger de la dangerosité de la situation tout en me redressant d’un coup sec. Je n’avais pas confiance en cette femme. Si elle faisait quoi que ce soit contre lui j’aurais vite fait d’intervenir. Ils conversaient tranquillement, je regrettais que la surface de vol ne soit pas plus dégagée et que Dawn ne pouvait pas voler plus proche d’eux sans se mettre en danger. Forte-heureusement l’ouïe de mon aigle n’était pas trop mauvaise aussi comme un murmure distant je parvenais à entendre le ton de la conversation. Arrivant au moment où ils parlaient de Petit Jean, je fronçais les sourcils avant de sentir le mal-être me saisir je n’avais pas à entendre cela, mais je voulais m’assurer que Robin irait bien. Ce n’est que lorsque j’entendais ce dernier dire qu’il partait chercher Roland que je donnais l’ordre à Dawn de revenir vers moi et lui rendais la vision. La décoration de ma chambre me frappa de plein fouet et je me relevais rapidement enfilait une veste et sortait pour rejoindre Dawn.