Encore une famille qui souhaite essayer de me prendre en charge, n’ont-ils donc pas compris que je voulais, que je préférais rester seule et non entourée de sourires factices ? J’avais essayé, avant, mais maintenant je connaissais un peu tous ces gens et je n’avais plus envie de jouer à leur jeu malsain, alors j’avais prit mes affaires, le tout tenait dans un sac à dos certes un peu rempli mais bon, je ne voulais rien laisser puis j’étais partie… Ce n’était pas la première fois, mais ça faisait toujours un petit quelque chose, comme si je n’avais toujours pas trouvé ma place, l’endroit où je veux être, l’endroit où je suis destinée à vivre.

Tant que je ne trouverai pas cet endroit, comme le héro de mon livre de poche, alors je continuerai à m’enfuir jusqu’à ce qu’il m’arrive quelque chose, ou alors que je trouve la terre promise. J’étais partie le plus discrètement possible par la fenêtre de « ma chambre », puis j’avais couru le plus loin possible, le plus vite possible. Pour finir dans les buissons d’une maison dont les habitants semblaient absents, du moins j’espérais, au moins le temps que mes poursuivants cessent les recherches ou alors qu’ils aillent ailleurs.

Je ne bougeais pas, faisant la statue dans mon buisson protecteur, mon sac sur le devant, le serrant de toutes mes forces, je ne voulais pas y retourner, jamais, je voulais qu’on me laisse tranquille tout simplement, c’était pas si dur non ? Pourtant à croire qu’ils étaient plus hargneux que d’habitude beaucoup semblaient être à ma recherche. Je ne savais pas où j’avais atterrit mais je n’allais pas tarder à le savoir...quelqu’un était dans le jardin et semblait m’avoir repérée, je me figeais alors espérant être tombée sur « quelqu’un de bien », pour une fois...

Moi qui pensait tomber sur quelqu’un de bien, je fus servie, j’étais plutôt pétrifiée étant tombée sur un homme assez grand armé d’une pelle de jardin et qui avait failli l’utiliser. Si mon sac avait été vivant, il ne l’était plus à l’heure qu’il était tellement je le serrais fort, encore la rencontre bizarre de l’homme dans le jardin et les personnes qui me recherchaient activement, je ne savais pas ce qui allait se passer.
J’étais tellement surprise et assez terrorisée, du coup je comprenais pas tout, juste « raton-laveur », donc j’avais du manquer une partie de la conversation mais tant pis. C’est le moment que choisit mes poursuivants pour demander à l’inconnu s’il n’avait pas vu une jeune fille. Je retins alors mon souffle, restant cachée un maximum, me demandant ce qui allait se passait mais déjà je pouvais me faire le film : il voulait que je parte, donc, il était logique qu’il me livre à mes poursuivants, pourtant, ce n’est pas ce qu’il a fait. Il avait secoué la tête négativement, les mettant sur une mauvaise piste. Je soufflais doucement, lorsqu’il se mit à ma hauteur.

Je m’enfonçais un peu plus dans le buisson, ne sachant pas quoi faire d’autre, je le regardais dans les yeux, enfin j’essayais, il semblait pas très content, enfin, il avait un air grave sur le visage mais au lieu de me dire de partir avant de lui attirer encore plus d’ennuis, il me dit de partir en direction du garage au bout de trois pour me cacher. Très vite. Je regardais alors l’homme, puis son garage, puis re-l’homme, j’hésitais, mais c’était peut-être pour le mieux, alors lorsqu’il me dit « trois » je sortis le plus vite possible direction le garage. Je ne savais pas me défendre ou me battre, mais courir, ça je savais faire ! Je me cachais alors près de la porte du garage, recroquevillée contre moi-même, me demandant qui était le grand monsieur.

J’étais franchement pas rassurée, c’était la première fois que je voyais ce monsieur et notre rencontre se faisait dans son jardin, lui me menaçant avec une pelle. J’avouais qu’il y avait mieux comme rencontre, toutefois au lieu de me dénoncer, il avait choisi de m’aider un peu ce qui n’était pas un choix très sage compte tenu du fait qu’il cachait à présent une mineur en fugue…
Si lui avait décidé de m’aider, moi j’avais fait le choix de l’écouter, et du coup, je me retrouvais dans son garage, ça s’annonçait comme une vieille série policière : une enfant décède dans un garage un coup de pelle dans le crâne. Je frissonnais, et si c’était un psychopathe ?

Il posa la pelle à côté de moi avant de me dire que je pouvais l’utiliser pour me défendre, je regardais la pelle, puis mon « sauveur du dimanche », puis je ne le lâchais pas des yeux. Il m’invita presque à le suivre dans sa cuisine, pour manger et même s’il essayait de détendre l’atmosphère, je restais immobile, le souffle léger, un peu court. Dès qu’il fut parti, je ne sus pas trop quoi faire, dehors on me cherchais toujours, et dedans, bah je savais pas trop à qui j’avais à faire. Mais j’avais une pelle ! Je posais doucement mes affaires, les laissant assez en évidence pour que je puisse partir en courant, puis au bout d’un long, très long moment, je me décidais enfin, pelle en main (elle était lourde!), me dirigeant sans (ou presque) bruits vers la porte qu’il avait emprunté. Au moindre bruit suspect, au moindre geste j’étais prête à lui jeter ma pelle dessus et à m’enfuir en toute hâte.

Il était prévenu, j’étais armée et prête à m’en servir si c’était un détraqué !

Je n’étais pas encore arrivée à la dite cuisine, j’étais dans un genre de couloir, c’était assez étroit et dans un sens ça me faisait vraiment flipper, sérieusement c’était un peu une scène de film d’horreur où la musique s’arrête et où un truc sa surgir de n’importe où et me faire peur comme pas possible. Je tenais fermement ma pelle trop grosse et trop lourde pour moi lorsque le pire arriva ! IL s’avança dans le couloir me faisant sursauter et manquant de me faire lâcher mon arme, j’avais les larmes qui me montaient aux yeux après tout mon scénario catastrophe dans ma tête dotée d’une sacrée dose d’imagination.

Un pas nous séparait, enfin un pas pour lui et au moins deux pour moi, ce n’est qu’à son premier geste que je parti en flip total, lui balançant la pelle de toute mes forces et en partant en courant, aussi vite que possible, récupération mes affaires et me rétamant sur le sol du garage au passage, me laissant un peu sonnée pour le coup. Mes larmes étaient bien là, mais plus pour la même raison, j’avais le bras et les genoux égratignés, preuve de ma maladresse et de mon incapacité à fuir correctement une situation déjà désastreuse. J’essayais de me remettre debout lorsqu’il réapparut...

Ça faisait mal et j’étais en colère contre moi de pas être douée à ce point, c’était pas la première fois que je m’étalais, pas la dernière non plus, alors entre ma maladresse légendaire et mon sens de l’orientation déplorable c’était juste si j’arrivais à pas me tuer par accident. M’enfin, après avoir entendu le monsieur à la démarche pas contente du tout soupirer sur mon incompétence, il m’embarqua sans aucun mal sous son bras alors même que j’essayais de me dégager. Ça y était, c’était fini, il allait me manger comme dans le conte d’Hansel et Gretel, en fait c’était une vilaine sorcière qui mangeait les enfants !

Je fermais les yeux tandis qu’il me déposa sans ménagement sur une chaise dans la fameuse cuisine où il devait faire cuire les enfants ! Puis contre toute attente, il me disputa, ce qui me fit me sentir toute petite, je m’enfonçais sur ma chaise espérant qu’elle pourrait me sauver de sa colère, j’oubliais le temps d’un instant que je pissais le sang, genoux, bras, ah oui un peu paume de la main aussi. J’écoutais en silence le monsieur, je retenais une chose « les gens avec des gâteaux c’est bien » donc les gens sans gâteaux… Bref. Il me coupa une nouvelle part et je le regardais avec des yeux rond, un peu statufiée, ne bougeant pas et ne parlant pas… Il me fit glisser l’assiette mais mon regard passait de lui à l’assiette, sans discontinuer jusqu’à ce que finalement la douleur revienne me rappeler que courir et tomber ça fait mal ! Je grimaçais puis inspectais les dégâts toute seule, me détournant de la part de gâteau et du monsieur le temps de voir le résultat de mon sprint. Pour la classe je dirai 5/10 mais pour la gamelle je dirai bien 11/10...