J'essayais de m'efforcer à ne plus poser de questions. Cependant, pour une fille comme moi, qui avait toujours aimé voyager et découvrir de nouvelles choses, c'était plutôt difficile de s'arrêter. Je bus encore une gorgée de mon chocolat chaud. Ma tasse s'était vidée à une vitesse folle et j'envisageais sérieusement de m'en refaire un, rien que pour pouvoir occuper mes mains et pouvoir prendre une gorgée lorsque je ne savais pas quoi dire. Finalement, je posais la tasse sur la table, évitons l'abus.
- C'est super gentil, mais j'adore voyager en sac à dos ou en van. En revanche tu pourrais me faire visiter ? Je ne sais pas du tout ce qu'il y a à voir à Vérone…
Je la regardais, mais je sentais que mes défenses tombaient au fur et à mesure. Elle avait l'air de bien connaître Juliette, qui était plutôt quelqu'un de discrète, alors je pouvais sans doute lui faire confiance, non ?
- Tu trouves ? J'ai l'impression qu'elle pourrait être bien pire. Après tout, ça fait longtemps qu'ils ne se sont pas vus, ça paraît normal qu'ils veuillent passer du temps ensemble. Et certains couples sont bien plus insupportable et excessif alors qu'ils se voient tout le temps, dis-je en rigolant.
Franchement, je ne sais pas ce qui m'a prise de me mettre à danser comme ça sur la table. Ca devait être les nerfs qui avaient lâchés d'une façon assez originale. Je crois qu'une part de moi-même avait espérer qu'elle se joindrait à moi, rien que pour me sentir un peu moins ridicule, mais elle était restée bien sagement assise dans le canapé. Est-ce que c'était gênant ? Peut-être… Oui bon d'accord, c'était ultra gênant ! Au final, on réussit à reprendre le cours de la conversation comme si rien ne s'était passer. Je rigolais franchement à sa remarque. Regina, une sorcière ? Je n'aurais sans doute pas dit mieux !
- Tu m'étonnes ! Ça ne m'étonnerait pas qu'elle prépare des filtres d'amour bizarres dans le sous-sol de la mairie ! Je devrais peut-être explorée, si ça se trouve je trouverais des choses intéressantes sur la maire de la ville !
Je lui souriais d'un sourire qui atteignit mes yeux et non plus seulement ma bouche. Finalement, je l'appréciais bien. Elle pouvait être marrante. D'ailleurs, je ris à gorge déployée à sa dernière remarque.
- Des sorcières ? Tu veux dire : ces femmes avec un nez crochu, un chapeau pointu, une verrue et qui touillent des potions bizarres à base de bave de crapaud dans un chaudron en riant à vous faire froid dans le dos ? Non, je ne crois pas à leur existence… Enfin du moins, rien ne m'a jamais prouvée le contraire.
Je la regardais d'un air perplexe. Pourquoi ce brusque changement d'attitude ? Un coup, on riait ensemble et l'instant d'après elle était devenue ultra-sérieuse et je ne pouvais plus détacher mon regard d'elle.
▽ Presque toutes les injures sont vengées, tandis que la plupart des bienfaits sont oubliés ; c'est que dans la malheureuse nature humaine, la reconnaissance est un fardeau, et la vengeance un soulagement.
L'heure de la gentillesse avait sonné sa fin. J'en avais assez. Ça me donnait envie de vomir. J'étais fatiguée de jouer ce rôle. J'avais obtenu la confiance de la fille aux cheveux multicolores et ça avait été facile. L'histoire de Vérone, de lui faire visiter et toutes ses conneries avaient eu l'effet escompté. Louise me proposa une alternative et je souriais en posant ma main sur son bras :
" Vendue "
Mensonge, naturellement, jamais je ne prendrais le risque de passer la frontière de Storybrooke, je savais que Regina avait piégé les lieux, et que toute personnes appartenant aux mondes des contes qui passaient les limites de cette ville se retrouvaient amnésique et en proie à l'histoire qu'ils avaient cru la leur pendant vingt-huit ans. Certes, l'amnésie ne m'avait jamais saisi, mais je ne préférais pas tenter le coup. Encore moins pour jouer les Béa et faire visiter une stupide ville à cette demoiselle. La discussion dériva sur Juliette et son mari qui en réalité c'étaient violements disputés, et depuis Juliette boudait chez les Merry-Men mais qu'importe. Comme toujours Louise lui trouvait plus d'une excuse au comportement de sa colocataire. Sa détermination à faire de la reine blanche une sainte, me faisait sourire et jouant encore un peu mon rôle j'haussais les épaules pour lui donner raison. Le cas Juliette et Roméo m'importait peu, ça me permettait seulement à aborder le sujet Regina sur le plateau. J'arrivais même a placé le mot sorcière dans la discussion et Louise fut assez réceptive malgré un léger étonnement.
" Je suis sûre que tu trouveras des choses fascinantes dans les sous-sols ou dans son caveau ! "
Glissais-je tout en souriant et lui accordant un clin d'œil. Ô oui ça serait elle qui me ramènera mon cœur. Elle et personne d'autre cette fille était douée et je saurais trouver de quoi la motiver quitte à user de menace envers sa douce Juliette. La question de Louise me fit rire. Me retournant vers elle je murmurais :
" Et si je te disais qu'elles peuvent avoir la même apparence que toi et moi ? "
Me mordant la lèvre avec un air enfantin, je gloussais un instant avant de prendre son verre des mains pour le poser sur la table basse avant d'ajouter à cette dernière en prenant possession d'une partie de son esprit :
" Tu ne vas pas paniquer, tu vas seulement écouter. "
Je savais que cette dernière m'obéirait, je lui avais seulement retirer la capacité d'avoir peur et de partir en courant, à côté de ça elle était capable de tout faire exactement comme avant. Lui souriant une fois de plus je me levais en dévoilant sans le moindre tact.
" Ma chère Louise, tu t'es fait rouler dans la farine par Regina. La magie existe, les sorcières existent et les contes de fée aussi. Ta vérité a été mise à mal par ta patronne mais ne t'en fais pas ma jolie je suis là pour tout faire rentrer dans l'ordre. "
Souriant une fois de plus à cette dernière je m'asseyais sur la table basse devant elle et posa mes mains sur ses tempes en murmurant d'une voix légèrement machiavélique :
" Attention ça va faire mal "
Lever un charme d'oubli était toujours douloureux pour celui qui en avait été la victime, mais je m'en fichais. Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, je brisais le sortilège de Regina, un jeu d'enfant. La libérant de l'étreinte de mes mains je lui laissais le temps de se remettre de ses émotions en demandant consciente qu'elle avait certainement compris que je n'étais pas la cousine de sa colocataire.