Regina Mills

Réconforter une veuve éplorée en prise d’hormone était assez compliquée pour moi. Pourtant, c’était de ma meilleure amie qu’on parlait. Je faisais du mieux que je pouvais pour accomplir mon rôle et être une épaule bienfaitrice et attentive. Elle me donna raison, non pas sans une légère hésitation et je me contentais d’hocher la tête. Comme si cela ne suffisait pas, visiblement une défunte sœur de son ex venait de faire surface. Naturellement, j’avais rejeté cette information sans la moindre hésitation avant de l’écouter avec un peu plus d’attention. Tout était une histoire de tâche de naissance. Des jumeaux alors, sinon par un brillant coup du sort on pouvait bien avoir une même tâche non ? Je contentant d’hocher la tête je ne répondais pas. Je ne voulais pas être cruelle. Je n’avais de frère et sœur, Médusa en avait eu mais vu comment elles avaient fini on ne pouvait pas dire que les liens du sang avaient étouffé ma personne.

Désireuse de la détourner de son sujet de conversation, je lui proposais un repas. Elle était enceinte et l’heure du diner approchait à grand pas. Je me doutais qu’elle devait être affamée. En ce qui me concernait, l’alcool me suffisait, mais je n’étais pas enceinte. Face à sa réaction je riais avant d’ajouter :

« Très chère les lasagnes dans mon congélateur ont été confectionné par tes soins. Je n’ai seulement jamais eu l’occasion de les finir. Je n’aurais jamais osé te proposer des lasagnes de supermarché, je tiens à ma vie. »

Sortant les aliments des placards, je m’appliquais à être une femme au foyer modèle avant que Regina vienne me faire un câlin après avoir posé les tasses dans l’évier. Lui rendant son étreinte, je lui caressais le dos avant de poser un baiser sur sa joue :

« Regina tu es comme une sœur pour moi, une âme-sœur en amitié. C’est le moins que je puisse faire, même si je reconnais que je suis plus douée pour les mises à mort que pour le réconfort. Je serais toujours là pour toi Regi, qu’importe ce que tu feras ou la manière dont tu le feras, je serais toujours de ton côté. »

La relâchant, je lui faisais un clin d’œil avant d’ajouter :

« Je dois t’avouer en revanche que changer les couches d’un gamin ça me fait un peu flipper. »

Continuant de sortir les légumes préalablement émincés mais ne version congelée je les posais sur le plan de travail ainsi que des coquilles Saint-Jacques.

« Tout est sortie, manque plus que la sauce soja dans le frigo ! Si tu peux aller les chercher et pour t’ouvrir l’appétit on peut manger des pistaches ? Elles sont dans le placard au-dessus de la machine à café. Balade à cheval cet aprem ? Sauf si c'est pas compatible avec ta grossesse ? Ou spa chez Elise ? »

Neïlina Kramers

30 janvier.

Être avec Neïlina avait quelque chose de réconfortant, et ce même si l’amie d’enfance de Regina ne partageait pas son avis sur plusieurs points. Néanmoins, l’ancienne méchante reine se sentait soutenue avec cette amie de longue date qui n’avait de cesse de lui rappeler qu’elle serait toujours là pour elle. Que c’était agréable d’avoir retrouvé cette précieuse amie qui était comme une sœur pour elle, cette personne qu’elle chérissait et pour qui elle était prête à tout ou presque. Elle était restée si longtemps sans elle, et cette période était la plus noire de sa vie, celle où tout avait basculé, celle où son coeur avait noirci et où elle était devenue la méchante reine. En fait, toutes deux avaient vu leur destin changer du tout au tout peu après qu’elles aient, par la force des choses, coupé les ponts. Il arrivait à Regina de se demander ce qui aurait pu se passer si elles étaient restées en contact. En posant son regard sur la belle blonde qui avait été depuis bien des années sa meilleure amie, elle se disait que si elles étaient parvenues à ne pas se quitter, peut-être alors que leurs vies auraient été différentes. Peut-être que la Regina nouvellement reine aurait eu la force d’entrer dans cette taverne pour faire la connaissance de Robin, poussée par son amie de toujours. Peut-être que Regina aurait su sauver Anne et l’empêcher de devenir une meurtrière. Peut-être que finalement elles auraient pu se sauver mutuellement, s’empêcher de noircir leurs coeurs et leurs âmes. Mais les choses avaient tourné différemment, et à présent, les voici à Storybrooke, avec leur lourd passé, avec ce lourd présent qui ne demandait qu’à continuer.

Madame le maire ne put s’empêcher d’avoir un petit sourire en coin face à la remarque de son amie sur les lasagnes. Celles du congélateur étaient bel et bien des lasagnes maison, et confectionnées par ses soins quelques temps plus tôt.

- Tu me rassures, pendant une seconde j’ai cru que tu me proposais celle de la vieille louve.

Elles se retrouvèrent finalement à la cuisine et la brune ne put s’empêcher de prendre la blonde dans ses bras. Un élan d’affection relativement rare chez elle, voire même chez elles, mais n’étaient-elles pas comme des sœurs ?

- Moi aussi je serai toujours de ton côté, je ferai toujours tout pour te protéger, Neïli.

Alors qu’elles se séparaient, Neïlina souligna le fait que malgré tout, changer les couches n’étaient pas son truc, ce qui fit sourire Regina.

- Rassure-toi, je ne te le demanderai pas. Je suis rodée maintenant avec Henry, même si ça fait quelques années, je pense que ça ne s’oublie pas.

La cuisinière d’un jour avait sorti les ingrédients nécessaires à la préparation et demanda à sa comparse de récupérer la sauce soja avant d’évoquer des pistaches.

- Tu sais me parler, toi.

Regina s’exécuta, prenant la sauce soja et les pistaches. Elle posa le flacon près de Neïlina avant d’attraper un bol propre pour y verser les fruits à coque.

- Oh, je n’y avais pas pensé mais c’est vrai que l’équitation semble déconseillé. En revanche, un spa ça m’inspire bien. Un peu de détente ne nous fera pas de mal, qu’en dis-tu ?

Un spa… Regina avait l’impression que ça faisait des lustres qu’elle n’avait pas eu l’occasion d’aller chez Elise, et pourtant, elle adorait cet endroit.

- J’aime beaucoup les programmes improvisés avec toi.

Regina Mills

Je riais face à son offuscation. Comment pouvait-elle penser que j’aille voir la vieille louve pour avoir des lasagnes ? Elle était capable de m’empoisonner la vieille mégère. Puis, qu’importe ce que les villageois de cette ville pouvaient bien dire, je trouvais en tout état de cause qu’elle était qu’une cuisinière moyenne. Regina était bien meilleure. Ceci-dit je me gardais bien de lui dire. Fallait pas non plus qu’elle ne se sente plus pisser ma meilleure amie. Sans compter, qu’elle serait bien capable de penser que je disais cela uniquement pour la réconforter dans sa peine. Ce qui n’était pas mon genre. Je n’étais pas un faux cul. Je ne donnais pas de compliment sans la moindre raison.

Nous cuisinions désormais des nouilles chinoises dans la bonne humeur après un câlin des plus inhabituels. Elle avait juré qu’elle ferait tout pour me protéger et je savais qu’elle tiendrait promesse et c’était peut-être ça le problème en fait. Je ne voulais pas qu’elle me protège. Pas au périple de sa vie, elle avait des personnes qui comptaient sur elle. Ses enfants avaient besoin d’elle, tandis que moi je mettais un point d’honneur à ne jamais avoir ce type d’attache. Malgré tout quand elle m’avait dit ça j’avais hoché la tête en signe de remerciement avant de l’embrasser sur la joue et nous remettre à notre tâche. J’étais heureuse qu’elle soit enceinte, et j’avais presque hâte de voir son petit monstre sortir de son ventre, juste pour lui apprendre des conneries et faire tourner Regina en bourrique, mais elle devait quand même avoir en tête que je n’allais changer les couches du bambin. C’était strictement exclu, et je lui apprenais avec sérieux ce qui fit sourire Regina. Heureusement, elle ne comptait pas sur moi pour cette part-là de la corvée.

« Je te crois sur parole »

Notais-je avec gentillesse avant de lui proposer d’attaquer les pistaches et cette dernière m’apporta ce que je souhaitais. Je commençais à cuisiner mes fameuses nouilles chinoises tout en cherchant une activité compatible avec son état. Je faisais revenir les légumes dans le wok tout en mettant l’eau à bouillir.

« Merci je sais que je suis un génie ! Va pour le spa ça nous fera du bien de nous occuper un peu de nous. »

Lui souriant je mettais les nouilles chinoise à bouillir et les laissais cuir pendant cinq minutes en piquant une pistache.

« Tu as quelqu’un pour t’aider avec les enfants ? »

Demandais-je tout en finissant le plat et en mélangeant tous les ingrédients entre eux en assaisonnant tout en y introduisant la sauce soja. Une fois que tout était prêt je m’humectais les lèvres avant d’annoncer avec fierté :

« C’est prêt »

Prenant deux bols destinés à la dégustation de ce type de plat je les plaçais sur l’îlot centrale avant d’ajouter deux baguettes et de sortir les verres à vin. Un verre de vin blanc pour moi et de l’eau pour Regina j’annonçais :

« Ça ne vaut pas tes lasagnes, mais c’est un des rares plats que je réussis. Tu m’en diras des nouvelles. »

Neïlina Kramers

30 janvier.

Cuisiner des nouilles chinoise, ou plutôt regarder Neïlina cuisiner des nouilles chinoises, voilà bien une activité que Regina n’avait encore jamais faite. Il était rare qu’elle déjeune ou dîne chez son amie, en général, elles privilégiaient les restaurants, ou alors la gérante du Libertease venait au 108 Mifflin Street. La maire de Storybrooke se demandait même si son amie savait cuisiner. Mais il semblait que oui, et ça sentait divinement bon. Quelques pistaches dévorées sans sommation plus tard et une séance de spa organisée, le repas semblait bientôt prêt, du moins ce qui accompagnerait les nouilles.

- Je vais appeler Elise pour lui dire qu’on viendra cet après-midi.

Regina retourna sa main et fit apparaître son téléphone portable, par pure flemme de retourner au salon pour récupérer son sac, puis elle chercha dans son répertoire le numéro du salon. Regina annonça à Elise qu’elle et Neïli souhaitaient réserver le spa et la gérant lui donna un horaire. La brune acquiesça avant de raccrocher.

- Quinze heures, dit-elle, plutôt satisfaite.

C’est alors que Neïlina lui demande si quelqu’un l’aidait avec les enfants. Regina fut un peu déstabilisée par cette question. A vrai dire, elle ne se l’était jamais posée.

- Eh bien… tu sais ce sont des ado, alors si je leur prenais une baby-sitter, j’aurais un peu peur des représailles. Ils sont assez autonomes, je dois dire.

La maîtresse des lieux annonça fièrement que le repas était prêt. ça avait l’air délicieux, vraiment, et l’estomac de Regina lui fit savoir qu’il ne comptait pas se contenter de quelques pistaches. Elle se saisit alors du verre d’eau que Neïli lui servit et trinqua avec elle.

- Tu plaisantes, ça a l’air divinement bon. Ne sois pas si dure avec toi-même. Et puis les lasagnes, c’est vraiment pas sorcier à faire. Je peux t’apprendre si tu veux.

Après avoir délesté son verre d’une gorgée, la belle brune attrapa de la paire de baguettes que son amie avait mis à sa disposition.

- Tu peux… m’enseigner comment utiliser ces baguettes absolument pas magiques ? Dit-elle avec un petit air dérouté. Je dois reconnaître que ça manque de resto asiatiques à Storybrooke. Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de m’entraîner.

Observant son amie faire, elle tenta de reproduire le procédé, non sans difficulté.

- Ok, je vais donc faire preuve de prudence… dit-elle en attrapant une serviette qu’elle posa sur ses genoux avant de se saisir à nouveau des baguettes.

Regina Mills

Faire à manger pour Regina ne m’était jamais arrivée. En réalité je ne cuisinais pour personne enfin sauf une fois pour Romain, mais en vingt-huit ans ça ne compte pas. Généralement, je préférais me faire livrer, mais là j’avais choisi la seconde option. Cuisiner. L’odeur des aliments qui cuisent lui ferait du bien j’en étais persuadée. De fil en aiguille, nous planifièrent une petite après-midi détente, et Regina se chargea d’appeler Elise pour réserver le spa. Y avait plutôt intérêt qu’elle ne sape pas nos plans la rouquine, songeais-je tout en m’appliquant à mélanger les aliments entre eux. Ma meilleure amie finissait par raccrocher et m’annonça l’heure à laquelle nous pouvions y aller. Lui souriant, j’hochais la tête.

« Parfait ça nous donnera le temps de nous préparer »

Je lui souriais en ajoutant les sauces pour donner le dernier coup d’éclat à mon plat tout en demandant si elle avait de l’aide pour gérer les enfants. Ils avaient beau être des adolescents, ils avaient besoin d’une présence parentale, surtout depuis qu’une des figures parentales était morte. Face à sa réponse je riais un peu en imaginant CJ s’insurgeait devant la présence d’une nourrice :

« Oui en effet, ça ne devrait pas trop lui plaire »

Mon plat étant fin prêt j’arrêtais la gazinière, et sortait deux bols achetés spécialement pour la dégustation de ce genre de mets.

« Tu peux toujours essayer, mais je te laisse le monopole des lasagnes. Je ne pourrais jamais t’égaler à ce niveau très chère. »

Notais-je tout en mettant la table en sortant les baguettes chinoises, et du vin pour moi, ainsi que du jus de fruit et de l’eau pour elle juste au cas où. Je ne m’attendais pas que Regina ne sache pas utiliser ce genre d’ustensile et je riais à sa remarque en la regardant avec tendresse.

« Tu vas voire c’est simple, commence par les tenir comme ça »

Je lui montrais, la laissant les placer avant de poursuivre dans le vide :

« Maintenant pour saisir les aliments tout se fait avec les doigts de cette manière »

Je lui montrais avant de recommencer avec les nouilles chinoises pour lui montrer en réelle application.

« Si tu n’y arrives pas te prends pas la tête, je te prendrais des couverts traditionnels. »

Ajoutais-je avec bienveillance tout en me servant un verre de vin

« Tu veux quoi comme boisson ? »

Neïlina Kramers

30 janvier.

Neïlina avait su détendre son amie, qui en arrivant était au trente-sixième dessous. A présent, elles s’apprêtaient à passer à table pour, un peu plus tard dans l’après-midi, se rendre au spa. Une idée géniale de la belle blonde qui avait immédiatement fait mouche chez Regina. Elles parlèrent un peu des enfants, Regina souligna qu’ils étaient un peu grands pour avoir une baby-sitter, d’autant qu’à presque quinze ans, CJ ne serait sans doute pas très encline à accepter cela. Voir Neïli rire était réconfortant. La maîtresse des lieux sortit ensuite rapidement de quoi mettre sa préparation, qui sentait divinement bon, de manière élégante.

- Très bien, chacune sa spécialité. Je n’ai jamais cuisiné ce que tu viens de faire, ça sent vraiment très bon.

Une fois installée, Regina dut rien reconnaître qu’elle n’avait jamais eu l’occasion d’utiliser des baguettes. Elle demanda donc de l’aide à son amie qui la rassura sur la simplicité de l’utilisation avant de lui montrer les bases. Voilà bien longtemps que l’ancienne méchante reine ne s’était pas retrouvée à être une sorte d’élève.

- Non, non, j’y arriverai, ne t’en fais pas.

Elle s’appliqua donc à imiter son hôtesse. Le premier essai ne fut pas concluant et l’une des baguettes lui échappa. Fronçant légèrement les sourcils, la brunette la récupéra et recommença. Cette fois, ce sont les nouilles qui lui échappèrent, fort heureusement, elles étaient retombées dans le bol. Le troisième essai fut le bon, elle parvint à se saisir des aliments. Satisfaite, elle releva la tête vers son amie qui venait de lui demander ce qu’elle voulait boire.

- De l’eau, ça ira très bien, merci belette. Tu as vu ? Dit-elle avec un petit sourire en montrant ses baguettes qui tenaient les nouilles.

Elle les porta ensuite à sa bouche pour y goûter, et il fallait reconnaître que les saveurs étaient à la hauteur de l’odeur : c’était tout simplement délicieux.

- Neïli, tu m’épates, dit-elle après avoir avalé sa bouchée.

Elle reposa les baguettes et se saisit du verre d’eau que la belle blonde venait de lui servir.

- Ne dis plus jamais que tu es une piètre cuisinière, ce repas est à tomber. Je suis sure que tu es capable d’accomplir d’autres exploits culinaires.

Passer du temps avec Neïlina lui rappelait le bon vieux temps et combien elles avaient été proches. Durant leurs sorties à cheval, elles se confiaient tout, leurs rêves, leurs espoirs, leurs vies chez leurs parents. A présent adultes, ces habitudes revenaient peu à peu, Regina savait qu’elle pouvait tout confier à Anne et ce sans être jugée, même si à présent, elles ne pensaient plus toujours de la même manière l’une et l’autre.

Regina Mills

Je regardais Regina galérer avec les baguettes, et prenais le temps d’y apprendre avec toute la patience que je possédais tout en la rassurant sur le fait que je pouvais lui sortir des couverts plus traditionnels. Comme le pressentais, Regina refusa la proposition et persévéra jusqu’à ce qu’elle y arrive et que je l’applaudisse amusée. Lui servant de l’eau, je la regardais faire :

« Félicitation ma loutre, je savais que t’y arriverais »

Alors que Regina goutait, je m’étonnais à être stressé comme si je jouais ma vie sur ce plat. J4étais tellement habitué à ce que Regina cuisine des choses excellente que je ne trouvais pas ma propre cuisine si extraordinaire. Faut dire que c’est toujours meilleur quand c’est les autres qui réalisent le plat. Lorsqu’elle disait que je l’épatais je souriais avec fierté.

« Merci je suis contente que tu aimes »

Face à sa remarque je riais avant de voir une gorgée de vin. Vin que Romain m’avait offert pour une de nos soirées, malheureusement il n’y en aurait plus, il avait fini par faire son choix. J’avais toujours su qu’il repartirait vers sa reine au grand cœur.

« Ô ne pari pas trop vite, je suis aussi capable de tout faire bruler, je voulais m’appliquer ça aide déjà »

Déclarais-je amusée. Après toutes ses années de séparations je n’aurais jamais cru que notre amitié puisse être encore plus forte que lorsque nous étions enfant. Certes nous ne pensions plus réellement de la même manière elle et moi, elle devenait progressivement une « héroïne » tandis que je continuais à pencher dans la balance de la méchante, mais qu’importe. Finalement même quand nous nous exaspérions l’une l’autre on finissait par se comprendre.

« Tu penses que si l’une d’entre nous avait fui ses responsabilités pour retrouver l’autre notre destin aurait été différent ? Depuis que j’ai recroisé le frère Roland aux enfers je n’ai de cesse de me le demander. Si on avait été ensemble est-ce qu’on aurait fait les mêmes choix que ceux qu’on a fait ? »

C’était une question existentielle, j’en avais parfaitement confiance, mais revoir le seul homme qui ne m’avait jamais vraiment aimé de manière inconditionnelle m’avait bouleversé. Contrairement aux autres, je n’avais pas pu converser sereinement avec lui. Je n’avais pas pu savoir pourquoi cet homme de foi n’avait jamais trouvé la paix. Que faisait-il en enfer ? Lui qui ne méritait qu’une chose le paradis ? Il m’avait sorti de la rue et même si pendant un temps je lui en avais voulu pour m’avoir laissé partir avec les De Winter, je savais qu’il n’avait pas eu le choix. On ne disait pas non à mon père adoptif sans en payer le prix.

Neïlina Kramers

30 janvier.
Regina mettait un point d’honneur à toujours essayer et ne pas abandonner, même pour les choses les plus futiles comme apprendre à manger avec des baguettes. Après plusieurs tentatives, elle parvint à se saisir correctement des aliments. Certes, elle n’était pas encore très à l’aise avec ce procédé qui lui paraissait étrange, mais au moins, les nouilles n’avaient pas atterri par terre ou sur ses genoux. Neïlina la félicita et un petit sourire entendu était apparu sur les lèvres de madame le maire qui put enfin déguster le plat divin préparé par sa meilleure amie. Et c’était à se damner, elle ne se priva pas pour le lui faire remarquer, espérant qu’elle prendrait davantage confiance en elle en matière de cuisine, puisqu’elle était capable d’accomplir des merveilles, la preuve en était de ce repas.

- Eh bien ton application a payé, ma belette. Je suis sure que tu peux faire plein d’autres choses tout aussi délicieuses.

Regina imaginais néanmoins sans peine son amie face à un feu de cuisine causé par une erreur d’inattention. Elle-même, au début de la malédiction, avait dû apprendre à cuisiner, chose qu’elle n’avait jamais faite de sa vie étant donné qu’elle avait toujours eu des serviteurs pour accomplir ce genre de besogne. Mais faire de la cuisine était ce qui s’apparentait le plus à faire de la magie, suivre ne recette c’était comme suivre les instructions d’un grimoire, alors, la méchante reine s’y était plongée et y avait pris goût, puisque délestée de ses pouvoirs.
Le repas allait son train lorsque soudain, Neïli posa une question que Regina se posait sans cesse. Leur destin aurait-il pu être différent si l’une d’entre elles s’était décidé à rejoindre l’autre ? Leurs choix auraient-ils été différents ? La belle brune posa ses baguettes, plongeant son regard dans celui de son amie.

- Tu sais que je me suis maintes fois posé la question depuis que nous nous sommes retrouvées.

Neïlina avait été confrontée à son passé, durant leur passage aux Enfers, et cela avait laissé ses marques. La main de Regina se posa sur celle de son amie.

- Je pense qu’en effet, tout aurait pu être différent. Je pense qu’être à tes côtés m’aurait empêché de commettre autant d’atrocités, j’en suis convaincue. Je ne sais pas si j’aurais pu t’aider et te rendre heureuse avec mes conseils, mais je sais que ta simple présence m’aurait aidée à surmonter les épreuves que j’ai endurées. Et peut-être que j’aurais écouté la fée Clochette si tu m’y avais poussée, et que j’aurais rencontré Robin plus tôt.

La maire de Storybrooke secoua doucement la tête.

- Avec des « si », on referait le monde. On ne peut pas changer le passé. J’ai fait beaucoup d’erreurs, dont celle de ne pas avoir davantage cherché à te retrouver, laissant les viles conseils de ma mère m’appesantir. Mais je me dis que puisque nous ne pouvons pas revenir en arrière, il faut que nous trouvions dans notre présent les choses positives qui ne seraient pas arrivées si nous avions agi différemment. Par exemple, moi, je n’aurais pas Henry ni CJ.

Regina espérait de tout son coeur que son amie parvienne à trouver à son tour quelques éléments positifs de sa vie actuelle pour palier les erreurs du passé qui auraient pu être évitées.

Regina Mills

Le repas se passait bien et pour mon plus grand bonheur Regina l’appréciait. Fallait dire que j’en avais fait bruler des aliments avant de pouvoir les cuire à la perfection et savoir les assaisonner correctement. Avoir passé le plus clair de son temps entouré par des serviteurs n’était pas une très bonne chose quand on devait être autonome et survivre autrement qu’avec des plats tout préparés. Vers la fin du repas je me permettais de poser une question qui me titillait depuis notre retour des enfers. Depuis que j’avais croisé le regard du prêtre qui m’avait sauvé, je ne pouvais m’empêcher de me demander si les choses auraient pu être autrement si l’une ou l’autre aurait abandonné sa vie pour se retrouver et s’unir dans l’adversité. J’aurais été la mieux placé pour faire ce pas, mais j’avais tellement craint mon pseudo père que je n’avais pas su m’enfuir. J’avais été enfermé dans cette relation avec Athos. Une relation qui me comblait de joie, mais qui possédait une énorme ombre aux tableaux : mon mari ne savait pas qui j’étais en vérité. S’il avait su peut-être que les choses auraient été différente entre nous aussi.
Regina s’était elle aussi souvent posée la question, ce qui me rassurait en parti. Au moins je n’étais pas complètement folle. Non tu es juste terriblement pathétique, si ça servait à quelques choses ce genre de question ça se saurait ! Grimaçant un cours instant je m’étirais la nuque en demandant à Médusa de garder ses réflexions pour elle.

La main de Regina se posa sur la mienne et je souriais en l’écoutant. Elle parla à nouveau de Robin et je me mordais la lèvre. Oui peut-être qu’elle aurait écouté Clochette et qu’elle aurait eu droit à plus de bonheur. Peut-être même que Robin serait encore en vie. Mais comme elle disait avec des « si » on referait le monde. Ses mots étaient lourds de sens, je ne pouvais les réfuter aussi je me contentais d’hocher la tête. À là je note que tu es d’accord alors que c’est grosso modo ce que je t’ai dit tout à l’heure, mais quelle mauvaise foi ça fait peur à voir je te jure. Retenant un soupir à l’attention de Médusa, je prenais une inspiration :

« Oui tu as raison tu aurais pas tes deux enfants adoptifs »

Mais moi qu’est-ce que j’avais en plus ? Pas d’enfants, plus de mari, cette vie ne m’avait donné que du matériel. Malgré cette réflexion amère, je répondais avec un sourire :

« Et moi le Libertase »

C’était l’unique chose qui me tenait vraiment à cœur. Ce club me sauvait de bien des manières. Il était mon purgatoire, mon havre de paix, ma forteresse.

Neïlina Kramers

30 janvier.

La dégustation fut momentanément interrompue par des questions sommes toutes existentielles mais qui méritaient d’être posées à voix haute, puisque l’une et l’autre des deux protagonistes se les étaient posées à plusieurs reprises. Que ce serait-il passé si elles s’étaient retrouvées avant ? Les possibilités étaient infinies. Regina essayait, malgré son chagrin, de ne pas penser à ce qui aurait pu se faire, parce qu’à part se faire du mal, ça ne faisait rien d’autre. Elle expliqua à son amie, avec une sagesse sortie d’on ne sait où, qu’il fallait se focaliser sur les choses positives. Elle-même s’étonnait parfois. Certes elle avait fait bon nombre d’erreurs, elle avait fait du mal autour d’elle, mais à présent elle s’était repentie, elle avait changé, et des choses bien lui étaient arrivées et étaient toujours là : ses enfants, Henry et CJ. Neïlina avait le Libertease. Regina sourit. Elle admirait son amie et l’acharnement qu’elle mettait dans son travail. Celle qui était habitée par l’esprit de la Méduse était, selon la maire de la ville, un véritable exemple pour toutes les femmes de ce monde. Indépendante, forte, autonome, elle savait ce qu’elle voulait. Son club était extrêmement bien tenu, elle avait bon nombre de personne sous sa coupe et gérait son affaire d’une main de maître.

- Tu es une femme d’affaires remarquable, nota la brunette.

Elle avait remarqué également quelques petits rictus sur le visage de son amie.

- Elle te tourmente toujours ? Demanda-t-elle alors en parlant de Médusa, sur un air plus sérieux.

Regina avait voulu aider son amie, quelques temps auparavant, et ça s’était mal terminé. L’effet contraire s’était produit. Lorsque l’ancienne méchante reine avait accroché le bracelet anti-magie au poignet de la belle blonde, l’esprit de la méduse avait pris le dessus. Depuis, Regina réfléchissait toujours au moyen de débarrasser Neïli de ce parasite qui lui pourrissait la vie, sans, pour le moment, avoir trouvé de solution.
Le repas finalement touchait à sa fin. Il serait bientôt l’heure de se rentre à l’institut de beauté tenu par Elise Blucat.

- On prend ma voiture ? Demanda finalement Regina après avoir aidé son amie à débarrasser.

Voilà bien longtemps qu’elle n’avait pas passé un moment aussi agréable, et avec tout ce qui lui était tombé dessus, Regina s’était mise inconsciemment à penser que ça ne lui arriverait sans doute plus.

- Je te remercie, Neïli, pour ce délicieux repas. Est-ce tu voudras venir déjeuner avec moi la semaine prochaine ? On pourrait se faire ça une fois par semaine ?

Mettre en place de nouveaux rituels, voilà qui peut-être pourrait lui venir en aide pour se faire à cette nouvelle vie sans Robin.