Il s’était passé tant de choses en si peu de temps. Un bref séjour aux Enfers, la mort de Robin, un tour dans les Sept Mers gelées à subir des attaques de titans avant d’enfin pouvoir rentrer, le cœur en miettes. Et de retour à Storybrooke, il avait fallu faire face à la réalité, la si dure réalité que la vie allait devoir continuer. Sans lui. Sans cet homme que j’aimais éperdument, que je n’avais pas su garder, que je n’avais pas su protéger. Et ce n’était pas tout, en voulant retirer le petit Roland des griffes de l’usurpatrice de l’identité de Marianne, je découvris que cette femme était en fait ma sœur. Demi-sœur, pour être exacte. Il fallait que j’en parle à ma mère, mais avant tout, j’avais besoin qu’on me remonte le moral. Bon, j’étais assez pessimiste quant à la réussite parfaite  de cette entreprise, mais j’avais besoin que quelqu’un de proche me dise que ça irait, que je n’étais pas seule. Je ne pouvais décemment pas me confier à mes enfants, bien qu’ils soient assez grands pour comprendre, quel genre de mère serais-je si je devais ainsi les accabler avec mes soucis ? Quant à Neïlina, depuis notre retour, elle ne m’avait pas appelée et j’avais un peu peur qu’elle soit aux prises avec la Méduse, aussi ne voulais-je pas la perturber davantage. Non, j’avais besoin de Durnik. Ce cher « Dudu », comme nous nous plaisions à l’appeler avec Henry depuis quelques années. Il avait suivi mon fils et moi également, et nous étions devenus amis. J’eus la très bonne surprise de constater qu’il n’avait pas changé d’avis sur moi à la levée de la malédiction, là où tout le monde revoyait la méchante reine et voulait ma peau, Durnik était resté cet ami fidèle et m’avait aidée à remonter la pente. Il faisait partie de ceux grâce à qui je parvenais à garder le cap. Mon allié principal dans ma quête de rédemption ayant été Robin, il me fallait absolument quelqu’un à qui parler de lui. Seulement deux jours que nous étions revenus à Storybrooke et j’avais déjà l’impression de devenir folle. C’était bien trop dur de vivre avec ça sur la conscience, c’était trop difficile à gérer de savoir que je n’avais pas été à la hauteur et que si l’amour de ma vie était mort, c’était probablement de ma faute parce que je n’avais pas été capable de le protéger. Je souffrais tant, c’était comme si je recevais la punition de tout ce que j’avais fait de mal, sauf que là, c’était un innocent qui en avait pâti.

Nous étions lundi, je m’étais laissé le dimanche avec les enfants, Henry et CJ, pour essayer de me sentir mieux. Etre en leur compagnie était d’un tel réconfort, mais malheureusement ça ne suffisait pas. Ma famille me semblait incomplète. Je n’avais pas Roland, puisque je n’étais pas légitime pour sa garde étant donné que son père et moi étions séparés officiellement avant qu’il ne décède, et évidemment Robin n’était plus là. Chaque fois qu’Henry ou CJ entrait dans une pièce, j’attendais machinalement que l’un des Locksley suive. Mais non. Evidemment. J’avais besoin de parler à quelqu’un de tout ça, et la personne toute désignée se trouvait être Durnik. En plus d’être un professionnel de ce genre de situation, il était mon ami, et j’avais toute confiance en lui. J’avais donc chargé immédiatement Louise, le vendredi en regagnant la mairie, de me prendre ce RDV crucial pour ma santé mentale et surtout pour que j’évite de replonger.

Ponctuelle comme toujours, j’attendais dans la salle d’attente déserte. Le silence et la solitude ne faisaient pas bon ménage avec mes états d’âme actuels, et comme à l’accoutumée, je commençai à cogiter, revoyant l’image atroce de Robin propulsé dans le Styx par le kraken. Les larmes me montèrent aux yeux avant que je n’entende les pas du psychologue. Je me levai immédiatement en l’entendant prononcer mon prénom et le suivis dans son burea u.

-Bonjour. Merci, articulai-je d’une petite voix étranglée.

Il referma la porte et m’embrassa familièrement, il était l’une des rares personnes à se permettre une bise amicale avec moi. J’aurais eu envie de le serrer dans mes bras mais je restai figée, revoyant sans cesse cette image de Robin disparaître dans les flots de ce fleuve damné. Je ne relevai même pas cet affreux diminutif que « Dudu » ne plaisait à me donner à chaque fois. Je me contentai de m’asseoir sur l’extrémité gauche du canapé. J’avais tant à lui dire et à la fois si peu, tout l’ensemble de mon malheur se résumait à une seule phrase, que je ne tardai pas à prononcer.

-Robin est mort.

Voilà, je l’avais dit. Je n’avais pas encore osé regarder Durnik dans les yeux, mais une fois cette phrase lâchée, je relevai la tête vers lui, le regard brillant de tristesse, mes larmes menaçant de tomber à tout instant.

J’étais bouleversée, c’était le moins que l’on puisse dire. Durnik m’installa dans ce canapé que je connaissais maintenant très bien. Je prenais toujours la même place, machinalement. Et puis j’avais trouvé la force de le dire, d’avouer à mon ami, plus qu’à mon psy, la dure réalité qui me frappait de plein fouet. Je l’avais perdu. Et je me sentais coupable. Aussitôt, il vint se mettre près de moi pour me prendre dans ses bras. Je n’avais plus la force de résister, alors pour la première, je craquai devant quelqu’un, je m’effondrai littéralement en larmes dans ses bras. D’ordinaire, j’arrivais à me retenir, à attendre d’être seule chez moi ou dans mon caveau, mais devant mon meilleur ami, nul besoin de masque. Il était le seul, avec Neïlina, à me voir toute entière, sans que j’eus besoin de me cacher derrière mon image de femme forte et indestructible. Mes deux meilleurs amis le savaient, c’était faux. J’avais besoin de Neïli, mais depuis ces quelques jours où nous étions rentrés, je n’avais guère eu de nouvelles et je n’osais pas prendre les devants. Pas encore. Incapable d’arrêter mes larmes qui tombaient sur l’épaule du psychologue, je me mis à hoqueter en essayant de payer.

-Je n’ai pas su… le protéger. C’est de ma faute. Le kraken, il l’a… projeté dans le Styx. Son âme est perdue à jamais, et c’est de ma faute ! Pourquoi ? Pourquoi je l’ai laissé ? Qu’est-ce que je peux être bête !

Je me séparai doucement de lui, rompant son étreinte pour passer mes mains sur mon visage, essayant de sécher mes larmes. Je pouvais sentir la main réconfortante de mon ami dans mon dos. Il n’avait pas son pareil pour apaiser de sa simple présence les gens, le Sort Noir avait rudement bien fait les choses en lui donnant la profession de psychologue. Il se proposait de m’aider avec les enfants, à la maison, mais mon esprit était ailleurs et je revoyais encore et encore ces terribles images de Robin balayé par le tentacule du kraken, le faisant ainsi voler telle une balle de tennis pour choir dans le fleuve maudit. Le regard perdu dans le vide, je secouais lentement la tête, me répétant dans un murmure ces mots :

-Je l’aimais et je l’ai laissé mourir… Je l’aimais… et je l’ai laissé mourir…

Je vis alors une boite de mouchoirs se présenter devant moi et en saisis un pour m’essuyer les yeux et les joues. Je ne pouvais décemment pas rester dans cet état. Durnik souleva une question à laquelle j’avais vaguement pensé, refusant jusqu’alors de la considérer. La paperasse. L’enterrement. Il fallait organiser les funérailles de Robin. Je tournai un regard brillant de larmes vers lui.

-C’est vrai, tu voudrais bien m’aider ? demandai-je d’une petite voix étranglée par l’émotion.

Je détournai le regard, secouant la tête, comme si cette réalité ne pouvait être vraie.

-Jamais je n’aurais cru avoir à organiser ses funérailles. Pourquoi lui ? Pourquoi ce n’est pas moi qui ai péri à sa place ? Henry et CJ sont grands, ils n’ont pas besoin de moi… Alors que Roland…

Soudain, je revoyais le visage de l’usurpatrice et regardai à nouveau Durnik.

-Tu ne sais pas tout. La Marianne qui était revenue et pour qui Robin m’avait quittée… Ce n’était pas sa femme. C’est une sorcière qui a pris son apparence. Et cette sorcière dit être ma sœur.

Je nageai dans la tourmente la plus totale, tout me tombait dessus en même temps.

C’était si difficile. Ne rien dire était dur, en  parler était dur, je ne savais plus que faire pour que cette affreuse douleur me quitte. J’avais donc pensé qu’en parler à mon meilleur ami et thérapeute ne pouvait que m’aider à aller mieux. Mais Durnik confirma mes craintes : j’allais souffrir t m’en vouloir encore longtemps. M’aurait-il prétendu le contraire que je ne l’aurais pas cru de toute façon. Et par la même occasion, je découvrais un passage tragique de la vie de mon vieil ami. Il avait perdu sa famille, sa femme et sa fille, tout comme moi, impuissant face à la mort inéluctable. Bouche bée, je le regardais, mes larmes continuant de couler silencieusement le long de mes joues.

-Oh… Durnik je suis désolée, je ne savais pas.

Le pauvre. Lui, un homme bon, il ne méritait pas cela. Moi, je méritais de souffrir, mais pas lui. Pourquoi donc la vie se montrait-elle aussi cruelle envers ceux qui n’avaient rien fait pour mériter cela ? Egal à lui-même, Durnik me proposa de m’aider pour la fastidieuse paperasse et honnêtement, ça me soulageait d’un poids. J’avais tant à faire, tant de choses auxquelles penser, et si quelqu’un pouvait m’aider, ce n’était pas de refus. Il le savait, ce n’était pas mon genre de demander de l’aide, d’ailleurs rarement dans ma vie on m’avait aidée, mais aujourd’hui, j’étais vraiment reconnaissante d’avoir un ami tel que lui sur qui compter. Il sécha mes larmes, j’essayais de me calmer, cela ne me ressemblait pas de pleurer ainsi devant les autres. Même si Durnik n’était pas un simple « autre ». Malgré tout, j’avais été élevée ainsi. Lorsque j’avais perdu Daniel, ma mère m’avait interdit de pleurer en public parce qu’une future reine ne se comportait pas ainsi. J’avais appris à maîtriser mes larmes malgré mon jeune âge à l’époque. Pourquoi ici et maintenant n’y arrivais-je plus ? J’en venais à vouloir échanger ma vie avec celle de Robin qui, selon moi, méritait bien plus de vivre que moi-même, mais le psychologue me rappela bien vite à l’ordre. Je me contentai de hocher la tête. Mon pauvre petit Roland. Je ne pouvais même plus l’avoir à la maison puisque légalement, je n’avais aucun droit sur lui, d’autant que son père et moi étions séparés au moment de son décès. Mais Durnik avait raison, le fils de Robin aurait le soutien de tous les proches de son défunt père, il était tant aimé. A commencer par Petit Jean et Juliette.

J’en vins rapidement à lui parler de celle qui s’était faite passer pour Marianne et qui prétendait être ma sœur. Je devais absolument confronter ma mère pour en avoir le cœur net, mais je n’avais pas encore eu le courage de le faire. J’aurais aimé parler à Neïlina avant cela. Mais depuis notre retour, je n’avais pas encore eu de ses nouvelles et j’avais un peu peur qu’un froid ne s’installe entre nous. Je savais qu’elle culpabilisait de la mort de Robin, mais pour moi, elle n’avait rien à se reprocher. Ce n’était de la faute de personne, si ce n’est celle du kraken.

-Je ne sais rien de cette femme, je n’ai vu son vrai visage que quelques instants, si tant est que ce soit vraiment son apparence qu’elle ait pris. Nous nous sommes… battues, elle m’a avancé que nous étions sœurs et puis elle a disparu. Il s’agirait de Zelena, la méchante sorcière de l’Ouest. Je crois que son royaume s’appelle Oz. Une grande rousse aux cheveux longs. Je n’en sais pas plus.

Je récupérai la tasse de café qu’il me tendit et me réchauffai les paumes dessus. Il me demandait ce qu’il pouvait faire pour moi, et honnêtement, à part remonter le temps ou me ramener Robin, des choses impossibles même pour le Ténébreux, je n’en savais rien.

-Je ne sais pas, Durnik. Je n’en ai pas la moindre idée, j’ai l’impression que le temps tourne au ralenti, je suis complètement… perdue. J’ai vraiment peur de… redevenir comme avant. J’ai cette colère en moi qui me ronge, j’ai peur de ne plus rien contrôler et de tout perdre.

A ces mots, mes yeux se posèrent sur la tasse dont le café était entré en ébullition. Je m’empressai alors de reposer le récipient sur la table avant ce serrer mes mains ensemble.

J’avais appris à l’instant le bien triste passé de mon ami. Jamais je ne me serais doutée qu’il était aussi abîmé que moi. Cet homme avait une telle dignité, un tel sang froid. Non pas que j’en manquais, mais il cachait réellement bien son jeu. Il semblait réussir à vivre avec son douloureux passé, s’accommoder des pertes qu’il avait subies, et j’enviais cet état. Cela me confortait dans l’idée que c’était alors sans doute possible pour moi de faire de même. Ce ne serait pas facile, ça, j’en avais conscience.

Comme à chaque visite, je me confiais à Durnik en ce qui concernait ma vie et ce qui allait ou n’allait pas. En l’occurrence, en ce moment, rien n’allait. Outre la perte de Robin, j’avais donc fait la connaissance de Zelena qui disait être ma sœur. Une bien troublante révélation qu’il me faudrait bien vite mettre au clair avec ma mère. Mais je n’avais pas le coeur à avoir une discussion houleuse, je voulais avoir du soutien avant, parler à des proches qui seraient de bons conseils, et outre Neïlina, Durnik était la personne la plus adaptée. Il se proposa d’essayer d’en savoir plus à son sujet.

- Je ne voudrais pas qu’elle s’en prenne à toi en le découvrant. Elle est dangereuse tu sais, j’en aurais encore des ecchymoses si je ne maîtrisais pas le pouvoir de guérison. Quant au fait que ce soit potentiellement ma sœur, ceci accentue le fait qu’il n’y aura justement aucun terrain d’entente… Tu ne connais pas les Mills. Nous avons un sens de la famille très particulier. Ma mère m’a forcée à épouser un homme qu’elle a failli elle-même épouser dans sa jeunesse et qui aurait largement eu l’âge d’être mon père, elle m’a poussée tellement à bout que j’ai essayé de l’assassiner… Tu vois un peu ? Cette femme a les mêmes gênes que nous et elle a usurpé l’identité de Marianne pour s’accaparer Robin, je n’ose pas imaginer ce qu’elle a pu faire d’autre. Penses-tu vraiment que j’ai envie de négocier avec une telle personne ? J’ai juste envie de lui régler son compte…

A ces mots, je sentais que je dérapais, j’avais reposé ma tasse de café qui était entré en ébullition suite à ma colère grandissante à force de parler de cette saleté de sorcière. Je fis donc part à mon ami de mes inquiétudes concernant ce que je pourrais faire et surtout celle que je pourrais redevenir. La méchante reine ne demandait qu’à exploser, j’avais terriblement peur de ce dont j’étais capable, mais Durnik me rassura, du moins s’y employa en me prenant les mains et ayant des paroles sensées. Je le regardai en acquiesçant d’un hochement de tête.

- Oui, s’il te plaît, dis-moi comment tu fais.

Il avait raison sur un point : avant, je ne me serais pas posé de question. Avant, je souffrais et quand je croisais quelqu’un qui semblait un peu trop heureux, si mon humeur n’était pas au rendez-vous, je tuais la personne sans sommation. J’avais fait un carnage lors d’un mariage de paysan le jour de l’anniversaire de la mort de Daniel, alors que je me rendais sur sa tombe. J’avais été horrible. Aujourd’hui, je ne ferais certainement pas cela, mais j’avais peur que si l’on me pousse un peu trop, je ne laisse déferler la noirceur que je retenais.

- On peut aller détruire quelque chose ? Ça me semble efficace. On pourrait aussi aller boire du whisky. Ou les deux.

J’avais peur que Durnik ne prenne pas au sérieux la menace que pouvait représenter cette Zelena que nous ne connaissions pas encore assez pour être surs de quoi que ce soit. Cependant, mon ami m’assura qu’il était capable de se défendre tout seul. J’ignorai s’il était réellement aussi puissant ou bien s’il ne s’agissait là que de fierté masculine. Toujours était-il que je n’avais absolument pas envie que la situation se prête à le vérifier. Il fallait neutraliser la sorcière. Je laissai entrevoir clairement que mes sombres pensées m’amenaient à vouloir tout simplement l’occire en bonne et due forme pour ce qu’elle avait osé nous faire. J’étais persuadée que c’était de sa faute si Robin m’avait quittée. J’ignorais que la situation était en réalité un peu plus complexe. Mais en tout cas, cette Zelena s’était jouée de nous et j’avais passé les heures les plus noires de ma vie depuis qu’elle avait débarqué, sous l’apparence de Marianne.

- Tu as raison, j’en ai conscience… dis-je à mi-voix.

L’idée de Durnik d’aller briser des objets pour se calmer les nerfs me sembla plutôt bonne. Vu que j’avais envie de tout faire brûler ou exploser, autant concentrer ma colère sur des choses inutiles que sur la ville. Je le laissai donc s’emparer de ces objets qu’il disait ne pas du tout aimer, et finis par le suivre hors du cabinet. Nous utilisâmes sa voiture et il nous conduisit dans la forêt. Je restai silencieuse tout le trajet durant, le regard perdu dans le vague. Je ne revins à la réalité que lorsque la voiture de mon ami s’immobilisa. Nous sortîmes et je le suivis, il semblait savoir où il voulait aller. Il nous fit arrêter quelque part non loin de là où il avait garé son véhicule et je le vis installer toutes ses babioles à une certaine distance. Il revint et passa derrière moi pour m’expliquer ce qu’il attendait de moi. Cela semblait simple en apparence, mais je savais combien j’aurais du mal à mettre des mots sur mes maux, tout simplement parce que je n’étais pas habituée à m’épancher sur mes douleurs. Avoir des amis sur lesquels compter était quelque chose d’assez nouveau pour moi, j’avais passé la plus grande partie de ma vie seule, dans un isolement que je m’étais moi-même forgé, refusant d’accorder ma confiance à qui que ce soit. Je regardai Durnik prendre place à côté de moi et me donner l’exemple. Je compris par la même occasion combien lui aussi était brisé par la perte d’êtres chers. Je constatai également l’étendue de son pouvoir. Par de simples mots, il avait pu briser à distance ce vase. Quelle sorte de magie était-ce là ? Je ne connaissais pas ce procédé et ma curiosité était piquée. Mais mon ami et psychologue ne m’avait pas amenée ici pour discuter magie. Je tournai alors mon regard vers la rangée de vases et autres objets que Durnik avait disposés en ligne à plusieurs mètres de nous. Mon regard s’assombrit et je retournai ma main droite, paume vers le ciel, faisant apparaître une boule de feu. J’avais la gorge nouée et j’avais du mal à déglutir, mais mon ami attendait de moi que je respecte ses consignes. S’il le disait, c’était que ça devait aider, et je voulais vraiment que ça marche, je voulais aller mieux. J’avais du mal à m’exprimer soudain, mes mâchoires étaient contractées mais il fallait que je le fasse. Je devais dire ce qui me faisait le plus mal ? Tant de choses me faisaient mal, en vérité.

- Mon âme-sœur, l’homme que j’aime est mort sans que j’aie pu rien faire pour l’en empêcher.

Je projetai alors la boule de feu sur l’un des vase qui se brisa en mille morceaux, les débris les plus gros restant enflammés au sol. Je portai alors mon attention sur un second bibelot juste à côté du premier.

- Tu m’as privée des derniers jours de Robin

D’un geste de la main droite, j’envoyais valser cet objet contre l’arbre le plus proche avec violence, tant que la première couche d’écorce du chêne s’arracha.

- J’ai une sœur qui me veut du mal et ma mère n’a pas pris la peine de m’en parler.

A ces mots, je projetai de mon autre main un rayon de magie qui brisa en deux, comme on aurait déchiré une feuille de papier, un troisième objet. Je souffrais d’encore tellement de choses, mais ces trois événements étaient les principaux détails qui noircissaient le tableau de ma vie.