<>J'avais rejoint la forêt. C'était encore l'endroit où je me sentais le moins mal ces derniers temps. Et puis, j'avais besoin de me dépenser. Rester sans rien faire, attendre que d'autres parviennent à résoudre ce que je ne pouvais résoudre, ce n'était pas mon style. Je détestais me sentir inutile. Et, en cet instant, je l'étais...
Je posais mon épée au pied d'un peuplier. Elle avait bien trop de valeur pour que je l'émousse sans raison. En revanche, ma pauvre dague, trop longue et usée par le temps et le manque d'entretien, ferait bien l'affaire. Je n'allais certainement pas risquer d'abîmer la dague que Petit-Jean m'avait donnée...
Le visage qui s'imprima devant ma mémoire me fit commencer à frapper. Je n'avais pas pris le temps de m'échauffer, ni celui de m'assurer que j'étais bel et bien seule. C'en était top, d'un coup. Il fallait que ça sorte. J'avais, naturellement, toutes les paroles échangées avec lui, qui remontaient. Mais, surtout, les silences. Les erreurs. Les mensonges même, parfois, pour mieux dissimuler tout ce que je ressentais au fond de moi.
Et cette peur, omniprésente. Celle de le perdre. De tout gâcher. De n'en pas valoir la peine. De m'attacher. De le quitter. De le voir me quitter. Lui comme tous les autres... Maël, Robin.
Je poussais un cri, d'impuissance mêlé de douleur, celle d'avoir trop forcé sur mon épaule, déjà fragilisée par des blessures et le temps. Je n'arrêtais pas pour autant, je n'en avais pas fini. Le pauvre arbre ne ressemblait plus à grand chose et il ne tiendrait plus debout pour très longtemps. Me suffirait-il ? Rien n'était moins sûr.
Robin...
D'un coup, je me figeais, le souffle court. La pensée de mon jumeau avait envahi tout mon esprit. Cela m'arrivait, de plus en plus, depuis que nous l'avions ramené de New York. Il y avait eu cette étrange sensation, ce fourmillement déplaisant à la tête, précisément là où je l'avais frappé pour le maîtriser. Puis d'autres sensations, éparses, aussi rapidement parties qu'arrivées. La panique, la peine, le doute. Des flash, vraiment, qui ne duraient qu'un instant, mais plus vivaces que jamais.
Prenant de grandes goulées d'air, je fermais un instant les yeux, comme pour chasser cette communion que, pourtant, je recherchais. Il fallait être patiente, tout le monde me l'avait dit. Et, en toute franchise, j'étais loin d'être celle qui souffrait le plus de l'amnésie de mon jumeau, précisément parce qu'il ne l'avait jamais été, pas vraiment. Nous étions nés du même ventre, mais nous ne savions rien l'un de l'autre, arrachés depuis notre plus tendre enfance.
A présent, j'avais des mots à mettre sur ce manque, incommensurable, qui me déchirait les entrailles. Mais en avais-je seulement la légitimité ?
J'avais encore besoin de frapper et, si ma main avait lâché la dague, elle ne trouva rien de mieux que de prendre le relais elle-même. Au diable les échardes et le sang.
Folle ? Oui, on pourrait le croire, à n'y regarder qu'à une fois...

<>La mémoire telle des vagues se mouvant sur le récif, revenait de temps en temps depuis la visite chez le dentiste, ou en l'occurrence la fée des dents qui au prix de deux molaires, avait permis à Robin d'acquérir deux souvenirs précis de sa vie passée à Sherwood et de celle qu'il menait ici à Storybrooke. Depuis, tout lui revenait en majorité des réminiscences affectives, mais assez pour qu'il s'accapare à nouveau sa vie. Et le revoilà confronté non pas au passé, mais à une révélation délivrée de la bouche de Regina. Robin savait désormais qu'Aeline était sa sœur, jumelle qui plus est. Une connexion qui plus évidence à présent, mais comment lui dire ?  Était-elle déjà au courant ? Regina, le lui avait-elle dit au préalable ? Tant de questions restaient à être éludé, mais c'était sans compter sur Robin la malice, qui avait bien l'intention d'aller à l'encontre de la guerrière. Mais avant tout, il fallait bien s'apprêter, prendre une douche, se pourvoir des vêtements du Robin new-yorkais et prendre la direction du centre-ville. Peut-être faudrait-il à l'avenir songé à s'accommoder du mode de transport actuel et songer à passer un permis afin de pouvoir conduire « une voiture » bien que de toute évidence Robin se soit laissé charmé par les formes généreuses d'une belle mécanique à deux-roues. Il en avait vu pas mal à New-York et trouvait ce moyen de locomotion bien pratique pour le coup.

Et c'est quelque peu soucieux, qu'il quitta l'imposante demeure de style victorien, de Madame le Maire pour regagner le centre-ville. Il portait encore les stigmates de la dernière attaque. Robin serra la mâchoire, il sentait la colère l'étreindre au moment même où Aeline exultait sa rage tout contre un pauvre arbre dans la forêt. La colère enivrante, mais tout aussi douloureuse qui ramenait Robin à de mauvais travers acquit dans le fin fond des enfers. À son tour, il devait l'évacuer, au risque de perdre pied. Il commença donc à courir, un peu beaucoup, avec ardeur et vitesse. Très vite, il quitta le centre-ville pour rejoindre la route qui le menait vers la sortie de la ville, mais aussi et surtout vers les chalets. Sur sa route, il croisa plusieurs compagnons, leur salut tombant dans le vide, tandis que le voleur continuait à cracher ses poumons. Son périple le mena jusqu'au fin fond de la forêt où les clameurs d'une jeune femme en colère happèrent toutes son attention. La main tremblante sans qu'il ne sache pourquoi il avança en direction des cris. Aeline était bien là, à s'acharner à la main sur son arbre. Robin comprit alors pourquoi la douleur venait de l'assaillir de la sorte. Était-elle folle ? On aurait pu le croire en l'observant, cependant l'archer mieux que quiconque savait qu'il n'était nullement question de folie, mais bel et bien d'un lâcher prise.

« - Aeline ! » tenta-il alors en s'approchant avec prudence. « - Je pense que tu devrais calmer ton ardeur, tu risques d'y laisser ta main et je suis sûr que tu en as besoin ! Peut-on parler s'il te plaît ? » tenta-il toujours avec prudence en continuant à se rapprocher.

Nous avons tous des points de rupture. Certains parlent "d'un" point de rupture, mais c'est une illusion. Il est plus d'une raison de craquer et plus d'une façon de le faire. En ce qui me concerne, je dois avouer que cela implique généralement de la violence. Envers moi-même, des objets inertes ou des personnes non innocentes.

_ Aeline !

Cette voix...
Malgré le torrent qui me submergeait, je la reconnus instantanément. Je me figeais sous l'effet de la surprise et pris une profonde inspiration. Après avoir fermé un instant les yeux, je me retournais pour aviser mon jumeau qui approchait avec une prudence évidente. J'eus un sourire, amusée de le voir agir ainsi, avant de réaliser que mon allure de folle furieuse ne devait pas rassurer un être normalement constitué. J'eus brusquement honte de m'être laissée emportée.
Je m'étais crue seule pourtant...

- Je pense que tu devrais calmer ton ardeur, tu risques d'y laisser ta main et je suis sûr que tu en as besoin !

Je ne portais pas un regard vers mes phalanges, je sentais l'odeur du sang.

_ Robin, lançais-je sans trop savoir quoi dire. Je ne t'avais pas vu...

Il était très proche à présent. C'était une des rares personnes avec qui cette proximité n'était pas quelque chose de dérangeant. Il me demanda si on pouvait parler, j'acquiesçais avant de formuler la réponse, faute d'avoir pleinement retrouvé mon souffle.

_ Bien-sûr, approuvais-je avant de me diriger vers ma bouteille d'eau. Je t'écoutes. Tu dois avoir pas mal de questions.

Il semblait aussi troublé que moi.

_ Désolée d'avoir dû t'assommer l'autre jour, lançais-je, parce que c'était vrai. Ca va la tête ?

Je me retins de justesse d'ajouter "et le reste ?". Une chose après l'autre.

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Depuis son retour (forcé) à Storybrooke, la vie de celui qui se faisait appeler Rick à New-York, avait semblerait-elle pris une tournure inattendue. Une histoire sans fin, à multiples rebonds, une histoire de fous à laquelle les autres voulaient y croire, mais pas lui. Regina n'avait d'ailleurs, malgré sa grossesse, pas ménagée ses efforts pour lui faire entendre raison et pour que l'homme qu'elle aimait tant consente à ne plus la regarder comme une étrangère. C'était, semblerait-il perdu d'avance, Rick était un coriace, aussi têtu que pouvait l'être Robin et au vu de son passif aux Enfers, avoir du caractère était une nécessité pour survivre aux multiples tortures infligées. Cependant (une formule plus agréable que la petite conjonction de coordination dont l'on abuse) dans son carnet d'adresse, du moins dans celui qui se fait appeler Mr Gold, une personne qui dans l'autre monde se faisait appeler la fée des dents. Et comme son titre l'indique, les dents semblaient être sa spécialité. Le robuste Rick/Robin, touché quelque part par la détresse de son hôtesse, avait de ce fait accepté de la suivre jusqu'au cabinet de cette fée des dents. Au prix de deux quenottes, l'archer fut affublé de deux souvenirs qui tels les dominos, en firent tombés d'autres. Doucement, mais sûrement Rick redevint Robin. Il n'en demeurait pas moins encore légèrement marqué par son séjour au Tartare, mais il était là, bien là à la grande joie de Regina. Désormais, il le savait, c'est une toute autre personne qu'il s'était décidée à retrouver. Un être dont il avait appris l'existence avant de « périr » et dont il n'avait malheureusement pas découvert l'identité. Désormais, c'était chose faite et c'est pourquoi il se lança à la recherche d'Aeline, sans en parler à Regina au préalable, puisqu'elle lui avait formellement interdit de quitter la demeure au risque de se faire repérer par Frollo.

Robin était donc là où semblait être sa place et au contact de la Nature, telles des réminiscences, une multitude de souvenirs refit surface, avant qu'il ne trouve la guerrière dévouée à une toute autre activité que la recherche. La colère défigurait son corps, ses coups, son être tout entier et c'est donc avec une infime prudence que l'archer s'avança en se faisant entendre au préalable. Elle s'arrêta presque aussitôt en posant son regard sur sa main, en effet en bien mauvais état. « - Certes, tu ne m'as pas vu, mais moi si, je t'ai même entendu à dix kilomètres à la ronde » Il en profita pour se rapprocher un peu plus tout en restant sur ses gardes. Aeline était semblable à un animal sauvage effarouché par la lueur des phares, sa dangerosité n'en demeurait pas moins accrue. Finalement, la distance parvint à être réduite sans casse, Aeline attrapa sa petite bouteille d'eau pour se désaltérer tandis que l'archer s'asseyait sur la souche morte d'un arbre qui l'était tout autant. « - Si j'ai des questions ? Ah oui, tout un tas, malheureusement les personnes susceptibles d'y répondre sont toutes mortes » Belle entrée en matière songeait-il après coup. La jeune femme fit quant à elle ses excuses ce qui étonna le voleur qui ne se souvenait plus du coup porté en traître à New-York. « - Tu as de la chance, je ne m'en souviens pas de ce coup. Je me souviens juste de la bosse que je me suis traînée après. Mais bon, puisque c'était pour la bonne cause, je ne peux pas t'en vouloir. J'étais trop hargneux, j'imagine ! Je le suis encore, mais avec modération et sans amnésie cette fois. Non en fait, plus sérieusement, je suis venu te trouver parce que je sais qui tu es, je me rappelle du médaillon et quand Regina m'a dit que tu avais la même marque de naissance, c'est devenu plus qu'une évidence. Et puis quelques souvenirs me sont revenus, des impressions. Je suis troublé en ta présence et jusqu'alors j'étais incapable de me l'expliquer, maintenant, c'est clair, on dirait »

C'était une sensation très étrange que de me retrouver aussi proche de lui. A présent que je savais qui il était, toute ma grille de lecture était chamboulée. Avant, j'avais perçu un lien particulier entre nous, une attraction physique mais non amoureuse, quelque chose que je ne savais pas définir (et pour cause...). A présent, je savais mais, pourtant, cela ne me facilitait pas la tâche.
Je crois, au contraire, que je savais encore moins comment j'étais censée me comporter...

« - Certes, tu ne m'as pas vu, mais moi si, je t'ai même entendu à dix kilomètres à la ronde »

Que répondre à cela ? Avec n'importe qui d'autre j'aurais sans doute répliqué de manière acerbe et envoyer bouler le malotru témoin d'un moment de faiblesse. Mais avec lui c'était différent. Cela me gênait qu'il sente que je n'étais pas au meilleur de ma forme, mais mon instinct de préservation n'était pas aussi élevé qu'avec les autres.
Ce qui le rendait sans doute plus dangereux pour moi que n'importe qui, songeais-je avec un brin d'amertume.

_ J'avais besoin de décompresser, grommelais-je simplement. Il paraît que ça se fait de temps à autre et j'ai préféré opter pour un tronc plutôt qu'une personne.

Dans la forêt Enchantée, j'aurais simplement trouvé un pauvre type dans une taverne et j'aurais attendu qu'il franchisse la limite pour le lui faire payer. Dans ce microcosme qu'est cette ville, c'était impossible. Et puis, traîner dans les tavernes n'était plus trop mon truc à présent.
Je lui ouvris la voix pour poser des questions, il enfonça une porte ouverte en arguant que toutes les personnes pouvant répondre étaient mortes. Je saisis la brèche et fonçais droit dedans.

_ Tu les as connu, toi ? Nos...

Avec un temps de retard, je réalisais que si je savais qui il était, il n'en allait sans doute pas de même. Alors parler des parents n'était pas le plus adapté. Avant que je n'ai le temps de me fustiger, il avoua savoir qui j'étais, ce qui me soulagea grandement. Le pauvre avait déjà beaucoup de révélations à encaisser, la plus grosse (no offense @regina Mills) était sans doute le ventre de sa compagne, qui ne cessait de gonfler.
Enfin, avant son aveu, il avait déjà répondu sur sa bosse. Ma main trouva machinalement mon propre crâne, au même endroit, celui qui m'avait chatouillé sans raison. Enfin, si, je devais sûrement virer un peu dingue avec toute cette histoire... Je ne répondis rien là dessus parce qu'il n'y avait pas grand chose à ajouter. Et je me gardais bien de poursuivre sur le côté hargneux, je ne tenais pas à ce qu'il me demande ce qui m'avait mise dans cet état.
D'ailleurs, la douleur à ma main allait crescendo...

_Non en fait, plus sérieusement, je suis venu te trouver parce que je sais qui tu es, je me rappelle du médaillon et quand Regina m'a dit que tu avais la même marque de naissance, c'est devenu plus qu'une évidence.

_ Une évidence, il faut le dire vite. Je ne m'en suis toujours pas remise et pourtant j'avais plus d'indices que toi encore ! Je crois que je voulais juste ne pas comprendre...

Ne pas admettre que le prix pour me découvrir un frère était d'en perdre un autre. Mais je n'allais certainement pas l'énoncer à voix haute.

_ Et puis quelques souvenirs me sont revenus, des impressions. Je suis troublé en ta présence et jusqu'alors j'étais incapable de me l'expliquer, maintenant, c'est clair, on dirait.

_ Des souvenirs ? Lesquels ?

Je lui avais coupé la parole, je me repris aussitôt. Ce n'était pas mon genre de perdre pied mais j'étais à bout, physiquement et mentalement. Sauf que cela ne devait pas entrer en ligne de compte. Il avait bien plus à gérer sans que j'en rajoute.

_ Désolée... Je t'en prie, continue.

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Dorénavant, au fait de sa gémellité, Robin voyait en cette rencontre, les retrouvailles après une longue séparation. Mais plus rien n'était pareil et maintenant les masques tombaient un à un. Cette faiblesse apparente ne semblait déranger l'archer à l'inverse de la guerrière sûrement pas encore prête à se laisser désarmer aussi facilement. Pourtant, il le fallait, puisqu'elle venait d'être prise sur le fait. Robin, conscient du fait que la situation puisse être tendue, tenta un léger sourire qui, il l'espérait, apaiserait d'hypothétiques tensions. « - Effectivement, on décompresse de temps en temps, c'est même préférable pour évacuer la pression. Et d'après ce que j'ai compris des règles en vigueur, les bourres piffes sont moyennement tolérés, toutes les agressions physiques pour dire vrai. C'est très codifié comme tu as pu le remarquer, mais si un voleur de mon envergure a pu parvenir à s'adapter, je ne désespère pas de voir une guerrière comme toi fumer un jour le calumet de la paix. D'ailleurs, je me souviens de ce qui me semble être notre première rencontre. Les rôles étaient inversés. » Et sans plus attendre, tandis que la demoiselle se désaltérait, l'archer prit place sur la première souche à proximité. Il était intrigué plus encore depuis qu'il était au fait de leur lien. Il l'observait sous toutes les coutures, pour se trouver quelques similitudes. Il devait reconnaître qu'en terme de caractère, ils divergeaient, celui d'Aeline étant plus affirmé que le sien. Un constat qui le fit sourire malgré tout, un sourire qui s'éclipsa lorsque la blondinette elle aussi avide de réponses, osa demander à son frère jumeau s'il avait connu leurs parents.

« - Nos parents ! Tu peux le dire, tu sais, ce n'est pas un sujet tabou bien que délicat. Pour moi, l'histoire est un peu comme un puzzle difficile à reconstituer. Une difficulté qu'il faut outrepasser pour avoir des réponses. » Il se souvint alors de l'homme qui l'avait élevé avant de l'abandonner et malgré la douleur du souvenir, l'histoire méritait d'être racontée. « - J'ai été élevé par messire Maistrir. C'était un ancien chevalier employé par lord Robert, le père de Fiona, notre mère. Je ne les ai pas connus, je sais juste que le drame les a frappés. Maistrir m'a élevé comme son fils durant de longues années, il m'a même affublé de son nom pour rendre le mensonge plus crédible, un nom que je possède encore. » Bref instant d'amertume, avant qu'il ne reprenne son récit. « - Puis un beau jour, il a disparu, j'étais à peine adolescent. Durant des jours et des jours, je l'ai cherché pour enfin atterrir dans une taverne où le tenancier m'a transmis une missive qui m'était adressé. Je me souviens encore de chaque mot tant je l'ai lu et relu. » Il se tue l'espace d'un instant, la blessure était encore vive. « - Il m'a avoué qu'il n'était pas mon véritable père, qu'il a été incapable d'exaucer les dernières volontés de ma mère qu'il a aimée d'un amour véritable, mais un amour qui n'est pas venu à bout du Mal qui le dévorait. Il voulait réparer ses erreurs, terrasser le monstre qui avait détruit sa vie et celle de ma…de notre mère. Il parlait de la bannière d'un dragon qui ne devait plus flotter dans le ciel. Je n'ai compris que plus tard de quoi il était question. Il m'a ensuite offert ce médaillon, celui que tu lorgnais de toute évidence. » L'archer qui prenait sur lui, poussa un long soupire qui trahissait la détresse qui empourprait ce cœur renouvellement acquit. « - Lorsque je l'ai retrouvé aux enfers, dans l'Underbrooke, j'ai compris qu'il avait failli et qu'il était mort évidemment. Il m'a offert un parchemin, que j'ai ouvert par la suite. C'était une lettre de notre mère, sa dernière lettre avant qu'elle ne mette fin à ses jours. Et c'est là que toutes les pièces du puzzle ont commencé à s'emboîter. J'ai compris dès lors qu'il y avait un deuxième enfant, que je n'étais plus seul. J'ai alors cru qu'il s'agissait d'Arthur, que j'avais rencontré avant de devoir fuir notre royaume suite à l'avènement d'Ingrid. Son père portait un blason, celui d'un dragon. Je n'ai compris que plus tard de quoi Maistrir parlait dans sa lettre. Uther Pendragon était le seigneur de guerre qui a réduit en cendres le village de notre mère. Il est aussi celui qui a mené l'homme que je considérais comme un père vers la mort. À l'époque où j'ai rencontré Arthur, il a lui-même comprit qui j'étais et m'a dès lors banni de son royaume. Il craignait sûrement que je lui vole son trône. J'imagine que le bon roi des angles ne s'est pas gêné pour neutraliser tous les bâtards de son père et… » Il se tue aussitôt en se rendant compte de ce qu'il venait de dire. « - J'ai accepté la punition et c'est comme ça que je me suis retrouvé, faute de mieux, dans l'ancien château du Ténébreux à fuir une nouvelle malédiction. »

S'épancher de la sorte sur le passé fut plus dur qu'il ne l'aurait imaginé et quelque part, peut-être inconsciemment, il regrettait d'avoir recouvré presque totalement la mémoire. Mais il le fallait, cette souffrance était nécessaire pour avancer, pour avoir la force de se construire un avenir, d'écrire une nouvelle page sans oublier les chapitres passés. « - Des souvenirs, j'en ai, mais tout n'est pas encore revenu. Je te l'ai dit, je me souviens de notre première rencontre et de ces étranges sensations qui m'assaillaient en ta présence. J'imagine que le fait d'être des jumeaux nous pourvoit d'un lien particulier qui justifie toutes ces étranges sensations. Je suis même prêt à parier que toi aussi tu avais mal au crâne après m'avoir assommé. Je me trompe ? »