J'ai cru morte toutes les parcelles de mon passé ✘ Juliette

J'ai cru morte toutes les parcelles de mon passé

Juliette & Odette

Le soleil commence doucement à se coucher alors que je regarde le ciel, barbotant sur le lac si je puis dire ça comme ça. Je ne comprends pas. Pourquoi ne puis-je pas arrêter tout ça ? Pourquoi cette malédiction ne s’arrête pas. Je soupire en fermant les yeux alors que les premiers rayons de lune se montrent et touchent mes plumes. Un amas lumineux m’entoure de toute part avant que je ne reprenne forme humaine. Il fallait absolument que je puisse remettre la main sur ce médaillon, sans quoi je n’arriverais pas à gérer cette fichue transformation. Il fallait absolument que je puisse le faire, je le voulais absolument.

Je respire longuement et monte sur le bord du lac avant de m’asseoir sur le sol, ma chevelure blonde tombant en cascade sur mes épaules. Je lève le regard vers le ciel et ce dernier se perd dans la contemplation des étoiles. Ce monde n’est pas le mien et pourtant je m’en sens si proche. Assise, seule, je laisse mon esprit se perdre dans mes souvenirs. Pas les miens. Ceux de Geneviève. Enfin dans un sens, ce sont mes souvenirs mais aujourd’hui, je tentais d’oublier cette partie de ma vie parce qu’elle était loin d’être rose et mes soeurs me manquaient atrocement. Tout cela était de la faute de Regina mais aujourd’hui, tout allait mieux. Enfin, entre elle et moi je veux dire. Je ne lui en voulait plus. Je me lève, prenant appui sur mes deux mains avant de me mettre à marcher, laissant le vent s’engouffrer dans ma chevelure, me refroidissant légèrement.

Je croise les bras sous ma poitrine. Je continue de marcher sans rien dire. J’écoute juste le monde qui m’entoure. Mes yeux bleus se rouvrent alors que j’observe le monde qui m’entoure. Mais alors que j’étais seule, enfin que je me pensais seule au bord du lac, je bouscule une jeune femme et baisse le regard « Je suis désolée, je ne regardais pas où j’allais. » m’excusais-je à la jeune femme avant de lever le regard vers elle. Elle me rappelait quelqu’un mais je n’arrivais pas à me souvenir qui. C’était ma mémoire, mes souvenirs me jouaient des tours de temps à autre. Je pensais trop à mon ancienne vie. Mais cette jeune femme, elle m’était familière, comment pourrais-je remettre un nom sur son visage ? Je respire longuement et reprends la parole « Pardon mais…on se connaît ? » demandais-je.

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J'ai cru morte toutes les parcelles de mon passé

Juliette & Odette

Romain s’était effondré de sommeil en rentrant de sa journée de travail. Je savais qu’il faisait cela pour nous assurer une vie sereine et en sécurité à Athénais et moi. Il craignait qu’un jour je lui reproche de nous avoir fait revenir dans cette ville pour mettre au monde notre enfant, mais je me gardais bien de lui faire la moindre remarque. Il se donnait à deux cents pourcents pour que tout se passe à ravir et avec l’annonce de cette prophétie qui annonçait la trahison d’une personne de mon entourage, je préférais rester ici tant que je n’en saurais pas plus sur la véracité de cette prophétie. Après un léger massage, mon mari s’était donc effondré et dormait paisiblement. Je l’avais regardé un long moment avant d’écrire une lettre à ce dernier au cas où je ne perde la vie lors de mon accouchement. Qu’importe combien il me vendait les performances médicales de ce monde, je ne pouvais pas m’empêcher de craindre le pire. Lors de la rédaction de ma lettre, dans laquelle j’avais essayé de coucher tous ce dont j’avais envie que Roméo lise de ma part avant que je ne disparaisse à jamais je la cacheter avec mon sceau royal et la glissais dans une enveloppe et écrivais le nom de mon mari sur cette dernière. Je la cacher jusqu’à ce que je ne trouve l’identité de mon messager en cas de malheur. L’identité de ce dernier était primordiale, il fallait que Roméo l’apprécie autant que moi pour qu’il ne lui fasse aucun mal. Mon bébé bougea dans mon ventre et je le caressais et sortais à l’extérieur pour prendre l’air :

« Ne t’en fais pas Athénais, quoi qu’il advienne ton papa et ta maman t’aimeront toujours. Je dois juste faire les choses bien au cas où tout ne se passe pas comme on le souhaite »

Murmurais-je avant que Dawn ne glapisse au-dessus de ma tête. Offrant à mon aigle une bourrasque de vent dans laquelle il pouvait voler comme il le souhaitait je lui souriais et le laisser m’accompagner lors de ma promenade. La nuit commençait à pointer le bout de son nez et mon champ de vision dans cette ville s’amoindrissait alors je prenais la vision de mon aigle qui se contentait par conséquent de voler juste au-dessus de ma tête afin que je puisse voir tout ce qui m’entourais. Alors que j’arrivais sur les berges du lac, alors que je regardais sur la droite, une personne me bouscula sur la gauche et je tombais à terre. Ce geste mit Dawn dans une colère noire et il me reprit ma vision pour foncer droit sur la jeune femme qui était en train de s’excuser :

« STOP Dawn, c’était un accident »

Mon aigle dévia sa position et je lui présentais mon bras pour qu’il se pose dessus, avant de mettre par pur automatisme ma main libre sur mon ventre avant de regarder plus précisément la demoiselle qui me demandait si on se connaissait. Les courbes de son visage me rappelaient vaguement les miens, ou encore ceux de ma mère, mais je refusais de laisser mes pensées se diriger vers la femme qui m’avait donné la vie.

« Pardonnez mon aigle, il prend son rôle de protecteur un peu trop au sérieux lorsque mon mari n’est pas avec moi. »

Commençais-je en souriant avant de poursuivre :

« Je ne pense pas, où peut-être en ville mais nous n’avons jamais eu le plaisir d’être présenté : Je m’appelle Juliette White-Queen et vous êtes ? »

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Juliette & Odette

Il faudra vraiment que j’apprenne à regarder devant moi quand je marche. Alors que je venais de reprendre forme humaine après avoir passé toute la journée sous ma forme de cygne, je bouscule quelqu’un et la fait chuter sur le sol avant de m’en vouloir la seconde d’après. Son aigle m’avait fait peur mais la jeune femme me rassura rapidement. Mon coeur se remit à battre à un rythme normal avant que je ne lui fasse un sourire.

« Il n’y a pas de soucis, j’avoue que j’ai été surprise sur le coup mais…ça va. » lui dis-je.

Mon regard se posa sur la jeune femme, ses traits me semblaient familiers. Comme s’ils étaient l’image d’un passé qui m’était trop lointain pour m’en souvenir, comme si l’idée même qu’elle puisse faire partie de mon passé soit une idée sans liens, sans vérités. Pourtant, j’ai l’impression qu’elle m’est familière, ses traits sont assez similaires aux miens et j’ai l’impression d’avoir déjà vu son regard. Elle a peut être raison, sans doute en ville et puis, je m’en souviendrais si je l’avais vu ailleurs non ? Je respire longuement et lui sourit avant de répondre à mon tour.

« Enchantée Juliette, je m’appelle Odette White, enfin dans le monde des contes, je m’appelle Geneviève mais aussi Odette…enfin c’est une longue histoire. » déclarais-je.

Oui je m’appelais aussi Geneviève mais étais-je capable de continuer à porter ce nom ? Pouvais-je continuer à me dire que j’étais toujours la septième des douze princesses ? Mes soeurs étaient prisonnières dans cet univers qui d’un beau royaume était devenu une prison. J’ignorais si elles étaient encore en vie, j’ignorais si je les reverraient un jour. Mon regard se perdit à regarder la jeune femme.

« C’est étrange…Vous me rappelez vraiment quelqu’un. » dis-je, ignorant qui elle pouvait bien me rappeler.

Dans mon esprit vagabond se dessinait l’image d’une enfant qui regardait ses soeurs jouaient avec une autre jeune fille, un peu plus grande que moi. Je revoyais maman et une autre jeune femme qui lui ressemblait un peu. Cette image s’embrouilla bien rapidement dans mon esprit avant que je ne réagisse.

« Je crois qu’ici on connaît une partie de mon histoire grâce au Lac des Cygnes, par la musique d’un certain Tchékovsky. J’ai déjà écoutée sa musique une fois… » dis-je soudainement.

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Juliette & Odette

Dawn avait failli éviscérer la demoiselle qui m’avait fait tomber et de devais avouer que son comportement m’inquiétait. Notamment parce que je savais que j’en étais la principale responsable, plus le terme de ma grossesse arrivait et plus je sentais les angoisses liées à l’accouchement croitre en moi. J’essayais de les canaliser, de les taire, principalement pour éviter d’inquiéter mon mari. Malheureusement, je n’avais pas besoin de parler pour communiquer avec mon aigle. Il était dans mon esprit et ressentait tout ce que je ressentais. Certes quelques fois cette idée m’avait gêné, comme par exemple lorsque je venais d’atteindre l’orgasme avec mon mari, mais qu’importe. Dawn savait que plus les jours passaient et plus j’avais peur. Caressant gentiment les plumes de mon aigle, je lui demandais de se calmer en le rassurant sur le fait que j’allais bien par la pensée tout en l’excusant auprès de la jeune femme. Heureusement cette dernière se montra compréhensive et m’assura qu’elle allait bien. C’était déjà une bonne chose, bien que mon aigle me fît bien comprendre d’un simple regard que c’était le moins qu’elle pouvait faire. Préférant ignorer le côté vindicatif des pulsions de mon animal de compagnie, je choisissais de me présenter.

« Guenièvre »

Murmurais-je en un souffle, mon esprit s’évadant vers mes souvenirs de vacances d’enfances et d’adolescence que j’avais passé avec les enfants de la sœur de ma mère, loin de tous les protocoles de Vérone.

« Pardonnez-moi, ce prénom m’a rappelé une jeune fille de mon passé, mais Guenièvre est un nom commun. Je suis enchantée de vous connaitre. »

Elle ne pouvait être cette demoiselle, d’ailleurs si tel était le cas où était ses sœurs ? Jamais au grand jamais elles ne se seraient séparées. Si son visage m’était familier c’était parce qu’on avait dû se croiser à de multiples reprises dans les rues de Storybrooke ni plus ni moins. Il devait en être pareil de son côté, car même si je lui rappelais quelqu’un je ne pouvais pas trouver de meilleure explication. D’ailleurs la suite de sa présentation me conforta dans cette idée, le lac des cygnes, en effet j’en avait entendu parler et pour cause, l’histoire sur le cygne noire et le cygne blanc m’avait tout de suite intrigué. Le rappel qu’il faisait à ma propre vie en tant qu’esclave m’avait poussé à en savoir davantage.

« En effet, j’ai écouté sa musique, c’est une merveille et le spectacle l’est tout autant. Je n’aurais jamais imaginé que cette histoire fut inspirée de fait réel. »

C’était vraiment une drôle de conception ce monde, j’avais beau le savoir, je m’étonnais toujours du plagiat que certains auteurs s’étaient permis de faire sur nos vies. Cette intrusion et ces adaptations étaient tout aussi valorisante qu’elles pouvaient être répugnantes parfois. Soudainement, je me demandais si l’histoire relaté dans ce spectacle était véridique ou complètement romancée pour plaire aux gouts du jour.

« Même si j’ai toujours du mal à accepter le fait que William Shakespeare se soit approprier une partie de mon histoire, je dois avouer qu’on connait mes « aventures » par le biais du récit de Roméo et Juliette. Une seconde partie figure également dans les écrits de Lewis Carroll, Alice aux pays des Merveilles. »

Expliquais-je, avant de recommencer à caresser mon aigle. Bientôt il serait prêt pour revoler à nouveau, bien entendue il n’irait pas bien loin, mais au moins il avait arrêté de toiser la prénommée Odette avec son regard furibond.

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J'ai cru morte toutes les parcelles de mon passé

Juliette & Odette

« Oui ? » répondis-je instinctivement lorsqu’elle murmura mon nom avant de me rendre compte que ce n’était pas à moi qu’elle parlait. Je me mordis l’intérieur de la lèvre, me rendant compte de mon erreur. J’écoutais attentivement la jeune femme même si je ne pouvais pas m’empêcher de la relooker, elle me faisait véritablement penser à une image de mon passé et c’était assez perturbant. « Moi aussi. » lui dis-je avec un sourire lorsqu’elle m’annonça être enchantée de faire ma connaissance. J’appréciais ces délires de la vie qui nous permettent de faire la rencontre de personne qu’on ne pensait pas voir dans notre vie, où ce fabuleux destin qui ramène sur notre route des personnes que l’on croyait perdue à tout jamais. Ne pouvant m’empêcher de quitter la jeune femme des yeux, je lève ma main vers mon cou avant de respirer longuement en sentant l’absence de mon cristal. Je savait pertinemment où il se trouvait et le fait qu’il soit là bas m’ennuyait au plus haut point parce que sans ce fichu cristal, je ne pouvais gérer ma transformation et être cygne le jour ne me plaisait aucunement. Mais peut être qu’il existait un autre moyen de rester humaine ? Il fallait que je demande de l’aide à Regina.

Je ramène mon regard vers la jeune femme après que je lui ai énoncé que dans ce monde, on connaît mon histoire grâce aux musiques de Tchaikovquelquechose, je n’ai jamais réussi à l’écrire correctement. La jeune femme me fait comprendre qu’elle n’aurait jamais imaginé que l’histoire du Lac des Cygnes puisse être inspirée d’une histoire vraie « Et pourtant, il faut croire que toute histoire à une source véridique sur certains points, oh bien sûr, il y a certains faits dans le spectacle qui ne coincide pas véritablement avec les faits qui se sont produits dans ma vie mais ça, Tchaikovski ne pouvait pas en avoir connaissance. » déclarais-je. Je pris enfin le courage de m’approcher un peu plu de la jeune femme, ne craignant plus son aigle qui continuait tout de même à me regarder avec un regard dur mais pouvait-il en être autrement ? Au moins, je savais qu’il veillait sur elle et ça semblait la réconforter alors souâtes. De plus près, son regard fut comme un coup en plein coeur, certains de mes souvenirs encore flous me ramenait à l’oreille une voix, une voix que je connaissais. La voix d’une demoiselle que j’avais côtoyée par le passé, surtout lorsque maman était en vie. Mais à l’époque, elle avait l’âge de la plus âgée de mes soeurs. Se pourrait-il que ?… Non si c’était le cas, je l’aurais reconnu tout de même. Je m’enfermais dans cette idée que ma vie était finie quand mes soeurs disparurent dans notre monde qu’on disait magique.

Pourtant cette idée que cette voix fluette soit la même que cette jeune femme ne cessait de m’intriguer et le fait en plus qu’elle m’annonçait que son histoire concordait avec les récits de Roméo et Juliette commençait véritablement à me faire dire que la jeune femme ne pouvait m’être si inconnue que cela « Juliette…J’ai toujours aimé cette histoire. J’ai connu dans mon passé une jeune fille qui portait votre nom… Oh bien sûr, elle était plus âgée que moi, elle devait avoir l’âge de mes plus grandes soeurs, moi j’étais plus proche de sa petite soeur. » déclarais-je « J’ai eu le plaisir de lire Alice au Pays des Merveilles, c’est une oeuvre que j’aime énormément. » déclarais-je avant d’ajouter « C’était le livre préféré de ma grande soeur Courtney. » dis-je en m’asseyant sur le banc à côté de nous avant de lever le regard vers Juliette « Comme je vous l’ai dit, le Lac des Cygnes ne conte qu’une partie de mon histoire, mon histoire avec Rothbart, Odile et le Prince Siegfried… Il n’est pas dit dans cette oeuvre que je suis prisonnière d’une malédiction qui fait que je suis cygne le jour et jeune femme la nuit. Il n’est pas non plus écrit dans cette oeuvre qu’à l’origine, je m’appelle Geneviève et que je suis la septième princesse d’une sororité de douze princesses. Mais qu’aujourd’hui, je suis plus seule au monde que jamais. »

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