Il demeure obligatoire. Cependant, si vous n'avez pas rp pour le mois en cours il vous est possible de recenser une absence.
Nouvelles têtes
Souhaitons la bienvenue à Eve Copeland, Ruby S. Lucas & Thalie O. Lowell qui nous ont rejoint récemment. N'hésitez pas à passer par leur fiche de présentation pour leur souhaiter la bienvenue, ou sur leur fiche de liens.
Le calendrier de l'avent
Il est désormais terminé. Rendez-vous par ici pour découvrir les résultats et récompenses
Son explication sur le comportement des poissons lune m’avait satisfait. Côté bizarreries, il était vrai que certains humains semblaient chercher à se surpasser chaque jour davantage.
« Tu sembles insatiable. »
Passionnée, émouvante, impatiente aussi. Comme si tout pouvait s’arrêter d’un instant à l’autre. Alors qu’elle pouvait vivre bien plus longtemps que nous, humains. Peut-être que nous nous posions moins de questions. Peut-être pensait-elle plus à la mort que nous. Après tout elle avait perdu sa mère étant jeune d’après ce que j’avais compris. Moi aussi. Mais nous le vivions de façon différente. Je me promis de lui faire oublier ce qui pouvait l’être pour qu’elle profite de chaque instant.
Le repas fini, sur le pont, je voyais ses yeux s’illuminer devant mes propositions.
Il fut accordé que nous commencerions par une montée sur la vigie.
Le temps qu’elle aille se changer, je partis chercher deux harnais de sécurité, dont j'en enfilais un que je fixais à ma taille. Lorsqu’elle revint, un sourire s’étala sur mes lèvres.
« Ca te va à ravir. »
Je desserrais néanmoins un cran de sa ceinture. « C’est très joli pour marquer la taille, mais là, nous cherchons le pratique. »
Je fixais l’attache et la corde qui la relierait à mon propre harnais et lui montrais comment le placer tout en l’aidant à le mettre. Comme une culotte sans tissu, il la soutiendrait au niveau du dos et des fesses si jamais elle venait à lâcher prise. Disons qu’elle était assez remuante et vive et enthousiaste au point d’oublier les règles de sécurité ou prêt à se pencher pour toucher un oiseau qui volerait à nos côtés.
Lui prenant la main je la conduisis au pied du filet qui menait à la vigie.
« Tu vas monter devant moi et je serai là pour t’assurer. »
Après avoir vérifié une dernière fois les deux harnais et les fixations, je lui montrais où mettre son pied, sa main, puis ainsi de suite je la guidais. J’étais juste derrière elle, faisant un rempart de mon corps pour ne pas qu’elle tombe. Ce n’était pas évident car les cordes bougeaient sous notre poids, mais peu à peu à nous montions, je veillais à ce qu’elle ne glisse pas. Les bottes prêtées devaient être une chose tout à fait nouvelle pour elle et les vêtements l’encombraient, mais petit à petit nous montâmes en faisant quelques pauses et finalement l’arrivée sur la vigie, le point le plus haut du navire, fut notre récompense.
« On appelle cet endroit la Vigie ou le nid de pie. Une pie c’est un oiseau qui vole tout ce qui brille. »
Je ne savais pas si elle en avait croisés. Le matelot qui était là se fit aussi petit que possible pour nous laisser nous déplacer sur l’endroit destiné à une seule personne.
« C’est étroit mais la vue est magnifique. »
De là elle pouvait voir la mer à perte de vue et au loin une ombre, comme un trait fin. « Ce sont les côtes de Dunbroch. Nous y mouillerons dès demain pour commencer à te faire visiter un village et t’apprendre les us et coutumes des humains. »
Je la laissais profiter pleinement de la vue. Mon matelot était sorti du nid et se tenait aux cordes pour nous laisser plus de place, mais même comme cela n’avions qu’un champ de manœuvre limité.
« Je préfère que nous restions attachés. »
Elle avait un mètre cinquante de corde ce qui suffisait largement à lui permettre de faire le tour du mât. Je la suivais mais je ne voulais pas ôter cette sécurité qui était à mes yeux indispensable.
Curieuse de ce monde si différent du sien ? Comment aurait-il pu en être autrement ? Si les rôles avaient été inversés, j’aurais été plus qu’enthousiaste à découvrir les fonds sous-marins, le palais de son père, son mode de vie….
Comme je le pensais, arrivés en haut du mât, sur le nid de pie, elle fut conquise par ce qu’elle découvrit. Moi-même je ne me lassais pas de voir la mer nous entourer. Cela n’avait rien d’un paysage monotone, chaque jour cette capricieuse étendue d’eau salée nous offrait un visage différent. Immobile et placide en certains moments, d’huile lorsque le vent était absent. Elle devenait alors aussi entravante que de la glace nous emprisonnant en nous empêchant d’avancer. Démontée et furieuse en d’autres périodes. Elle jouait alors avec le Jolly Roger comme avec une coquille de noix, nous obligeant à lutter contre des murs liquides déchaînés qui ne demandaient qu’à nous engloutir pour nous garder au plus près de son sein à jamais, afin d’offrir un abri aux poissons, aux coraux et aux coquillage. Et puis en cet instant elle revêtait sa plus belle parure diamantine, un vent léger poussant nos voiles, le clapotis des vagues venant jouer une douce musique contre les pans de bois de la coque, l’écume moutonnante galopant en une chanson dont elle connaissait seule la partition. Oui la mer était hypnotisante, réconfortante, magnifique.
L’arrivée d’Euréka me tendit un peu. Je n’aimais pas cet oiseau, si on pouvait appeler tel quel ce volatile déplumé. Il resta quelques instants face à elle et je suppose qu’ils devaient se parler, j’en profitais pour demander à la vigie ce qu’il avait noté pour l’instant. Rien d’inhabituel.
Lorsqu’il repartit alors que je m’apprêtais à lui proposer de redescendre, j’entendis soudain de ses lèvres s’échapper une mélodie indescriptible qui fit naître en moi une chaleur douce et agréable comme je n’avais jamais ressenti de toute ma vie. Plus rien n’existait alors. Si la mer m’avait toujours parût envoutante et hypnotique, là j’étais complètement subjugué par cette voix, par ce chant. Je me serai damné pour elle. Je ne comprenais rien. Plus rien n’existait que cette voix, cette complainte triste et pleine d’espoir en même temps qui charmait mon cœur, mon âme et tout mon être. J’étais envouté.
Lorsqu’il cessa, je ressentis comme un mal-être, une déchirure, un manque. Comme si on m’avait arraché une partie de moi-même. Je mis quelques instants à reprendre mes esprits. Ma gorge était sèches, mes mains brûlantes. La vigie semblait dans le même état d’esprit. Je jetais un regard en bas en me retenant au mât, sur le pont les hommes semblaient hagard, les femmes les regardaient étrangement. Elles ne semblaient pas avoir été touchées par l’envoûtement.
« Je crois qu’il vaudrait mieux vous abstenir de chanter ce soir pour notre santé. »
J’étais repassé au vouvoiement, comme si par cette démonstration de son pouvoir, Ariel avait mis une barrière entre nous. Chacun retrouvant sa place. Elle la fille du roi des sept mers, la sirène, et nous de simples humains, pirates qui plus est.
Elle avait chanté sans se rendre compte des conséquences sur nous autres humains. Sa tristesse était palpable et mon cœur se serra. Devant son impatience à redescendre, je l’aidais en l’assurant pour ne pas qu’elle tombe. Dès que nous mîmes pied sur le pont elle s’enfuit vers ma cabine comme si elle avait le diable à ses trousses. Malgré mon envie de la suivre immédiatement, il me fallut quelques instants pour calmer les hommes et les rassurer. Ils ne lui en voulaient pas mais étaient effrayés.
Dès que je pus je la rejoignis. Je la trouvais juchée sur une chaise, en tailleur, position que je doutais être confortable, mais qui semblait lui convenir. M’approchant, je tendis une main que je posais sur son épaule.
« Hey. Tu n’as pas à être désolée. Ton pouvoir est très puissant, mais tout va bien. Tout le monde va bien. »
J’avais repris le tutoiement, en me forçant un peu. Il ne fallait pas mettre de barrière, elle n’avait pas besoin de ça. Je n’eus pas le temps d’en dire plus que je sentis les flots claquer de façon plus vive sur les flancs du Jolly Roger. Soudainement, elle sortit rapidement de la cabine et je lui emboîtais le pas. Dehors, alors que le ciel était clair, les vagues claquaient violemment contre la coque du navire, faisant grincer les cordes et le bois.
Face à ses questions, je secouais la tête. « Je ne connais pas ces fonds interdits, c’était la route la plus courte pour rejoindre la terre et te faire découvrir la vie humaine. »
J’étais réellement de bonne foi. Je ne voulais pas qu’elle en doute. Sur son visage je pouvais lire la peur, la tristesse du souvenir de sa mère et tout à coup surgirent des tréfonds de l’océan de gigantesques monstres qui éclaboussèrent le pont de gerbes d’eau salée.
Me précipitant sur Ariel, je lui saisis le poignet au moment où elle tentait de sauter par-dessus bord.
« NON ! »
L’attirant à moi, elle se retrouva dans mes bras et je la serrai contre moi. « Tu ne te sacrifieras pas. Tu ne mourras pas. Appelle ton père ! »
Me tournant vers mon quartier maître, je lui criais un mot, d’un signe de tête il acquiesça et fila.
Au-dessus du Jolly Roger se dressaient les monstres d’eau. Les membres de mon équipage étaient tous à leurs postes prêts à en découdre mais contre ces êtres magiques que faire ? Si le roi des océans intervenait je risquais gros, il pourrait croire que j’avais conduit sa fille sciemment ici. Bien que ce soit de la pure folie. Mais j’étais prêt à courir le risque.
Il me fallait maintenant gagner du temps. Me plaçant devant Ariel, sans lâcher son poignet pour ne pas qu'elle fasse de bêtise, je m'adressais aux créatures.
« QUE VOULEZ-VOUS ? »
Ondulant, les monstres dominaient le Jolly Roger de plusieurs dizaines de pieds.
« LAISSEZ-NOUS PASSER ! »
Si j’avais été à la place du dieu de la mer, j’aurai gardé un œil sur ma fille. Il ne restait plus qu’à espérer qu’il ait fait de même car je craignais que la magie en ma possession ne suffise pour remporter cette bataille.
Tout c’était passé tellement vite. L’arrivée des monstres, la démonstration de leur puissance et de leur haine envers les sirènes. Moi qui faisait comme je pouvais pour protéger Ariel et enfin l’arrivée de son père. Après s’être débarrassé de nos agresseurs il tourna son courroux vers moi, je me décalais de mes hommes au cas où il me foudroie de son trident afin qu’il ne blesse pas mon équipage. Sa fille sût trouver les mots qu’il fallait car il regagna la profondeur des eaux non sans me fusiller du regard. S’il avait pu me réduire en cendres nul doute qu’il l’aurait fait. Nous n’étions pas amis. C’était indubitable. Poussant un soupir de soulagement, je fis signe à mon quartier maître pour lui faire comprendre que tout danger était écarté et il retourna rapidement à ma cabine ranger ce qu’il y avait pris. M’approchant d’Ariel je replaçais de mon crochet l’une de ses mèches derrière son oreille et lui sourit. « Oublies tout ça. Je ne peux transformer le passé, mais nous allons profiter pleinement de ces quelques jours qui nous sont offerts pour te faire découvrir les beautés humaines. »
L’habituer au mode de vie, à ses particularités, pour la préparer au jour où elle retrouverait Eric. La raccompagnant dans la cabine, je lui offris ma couche pour qu’elle puisse se reposer.
« Je t’invite à faire une sieste, quand tu te réveilleras tu prendras ton premier cours de danse, puis nous dînerons, seuls ou avec l’équipage comme tu le souhaiteras et nous te conterons quelques histoires pour te familiariser avec les vies des hommes. Ensuite nous dormirons et demain matin nous parviendrons aux côtes où nous débarquerons avec une barque. Je louerai un équipage, chevaux et carriole puis nous passerons deux jours à terre. Enfin je te ramènerai à la plage où tu pourras rejoindre ton père par le chemin qu’il te conviendra. »
Le programme s’avérait chargé mais le temps nous était compté. La visite d’un village pour lui montrer le quotidien des gens du peuple, la présentation au seigneur de la région que je connaissais et avec qui j’entretenais de bonnes relations, il nous inviterait probablement au souper et ainsi elle pourrait observer la vie dans un petit château, et la découverte des paysages champs, fleurs, forêts et collines qui seraient sûrement différents des paysages sous-marin qu’elle connaissait déjà. « Est-ce que cela te convient ? »
J’attendais son approbation, j’essayais de faire au mieux mais je ne connaissais rien en la psychologie des dieux/sirènes et poissons.