La chaleur était intenable. Insupportable.  Entouré de flamme, j’avais porté mon bras devant mes yeux. C’était la fin. J’en étais persuadé. J’allais mourir et rejoindre Milah.
Son rire cruel me fit l’effet d’un coup de fouet, piquant ma rage et déjà j’ouvrais la bouche pour l’insulter, la provoquer et ensuite la rendre suffisamment furieuse afin de provoquer son ire et la fin de mes souffrances lorsque tout s’arrêta.
Les flammes avaient disparues et j’eu l’impression que l’hiver s’était abattu sur moi en une fraction de seconde.
Frissonnant, j’abaissais mon bras l’observant avec surprise.

La piètre opinion qu’elle avait de sa fille n’était à mon sens pas justifiée.
J’avais vu Regina faire par la magie des choses extraordinaires.  Horriblement extraordinaires.
Entrevoyant une chance de m’en sortir vivant, je tu mon opinion pour ne pas exacerber son animosité. Maintenant je voulais vivre.  
L'air autour de moi avait repris une température clémente.

Apprenant que le Crocodile avait attenté à sa vie en vain, je m’interrogeais sur la possibilité de changer mon fusil d’épaule. Encore faudrait-il que je puisse lui être d’une quelconque utilité.

Sans même que je n’ai le temps de lui proposer mes services voilà que ce fut elle qui m’offrait son aide.
Je me doutais bien que le prix à payer serait élevé, mais j’étais prêt à tout pour ma vengeance.

Cyniquement, elle me raillait, dans toute sa splendeur, hautaine, moqueuse, néanmoins ma situation ne m’autorisait pas à faire le difficile.
Si le ténébreux me sauvait la vie pour que je puisse lui ôter la sienne grand bien lui fasse, mais je ne lui ferais pas de cadeau, car le sien était fait involontairement. Jamais il ne m’aurait tendu la main. Au contraire, il me l’avait coupée.

A l’offre de la Reine de Cœur s’attachait désormais une condition. Que mon histoire soit suffisamment distrayante ou intéressante pour qu’elle ne décide pas de me faire couper la tête.

Avec un sourire sec, au souvenir des souffrances qu’il m’avait infligé, me redressant, je lui fis face et lui révélais la vérité d’un ton ou flirtait haine et dégoût.

« Le crocodile a arraché le cœur de la femme que j’aimais. Milah, son ancienne épouse qui l’avait quitté pour vivre à mes côtés car elle le trouvait lâche et vil. Nous voulions revenir chercher son fils qu’il a plus tard abandonné contre ses pouvoirs, sur mon navire. Il l’a tué devant mes yeux, à broyé son cœur et m’a coupé la main. »

Elevant mon crochet à hauteur de mes yeux, c’est d’une voix déterminée que je poursuivis.

« Je suis prêt à n’importe quoi pour rendre justice à cette femme qui avait cent fois plus de valeur que lui. N’importe quoi. »

Prêt à me sacrifier, à tuer des innocents, à devenir un monstre si cela permettait d’occire le plus grand monstre qui soit.

Le pirate pourrait être finalement bien utile sous ses airs. En effet, Cora pourrait aider ce dernier à se venger Rumpel pour que ce dernier soit redevable de la sorcière. Mais tout dépendait des circonstances, car en effet, il valait mieux avoir ce pirate en allié, plutôt qu’en ennemi. Elle comptait l’aider à le retrouver en échange d’un service, qu’elle demanderait plus tard. Et évidemment, elle le garderait précieusement en cas de problème dans les temps futur. Enfin, elle comptait lui laisser sa liberté, mais échanger de bons et loyaux services mutuellement, en temps venu.

Cependant, Cora avait quelques coups d’avance, et elle possédait un globe localisant toutes les personnes voulues, et comptait le donner à Rumpel pour qu’il puisse retrouver son fils, elle lui donnerait en temps voulu, évidemment, elle ne savait pas que cela serait dans beaucoup de temps… Donc Crochet et sa vengeance passeraient sûrement après cela…

La reine de cœur écouta attentivement les dires de Crochet, et ne fut pas étonnée de l’histoire : et encore du drama pour le ténébreux. Décidément, il n’était pas chanceux en amour… Enfin, une partie était tout de même ironique : cette pimbêche trouvait le ténébreux vil et lâche, parce que peut-être les pirates étaient signe de loyauté, d’honnêteté et de bonté ? Enfin, elle n’avait pas l’air non plus d’être une lumière celle-là, étonnant même d'avoir pu être amoureux d'une telle idiote, puis de Cora, pensa la reine.

« Je suis au courant de l’histoire du fils de Rumpel en effet, mais je ne savais pas que sa femme l’avait largué pour quelqu’un de beaucoup plus jeune… Enfin, Rumpel joue, comme d’habitude, sa drama queen et s’attise les foudres du publique… », elle but dans sa tasse de thé avant de continuer : « Je comprends votre désir de vengeance, mais je dois vous poser la question : comment comptez-vous vous y prendre pour le tuer, ou quelque soit la vengeance que vous voulez qu’il subisse ? »

Demanda-t-elle d’un regard sous-estimateur, le capitaine était peut-être beau et grande gueule, il ne faisait clairement pas le poids face au ténébreux : Cora avait failli le tuer d’un seul geste, comment comptait-il s’y prendre face à Rumpel ? Le sourire aux lèvres, Cora dit :

« Vous semblez déterminé très cher… Je connais Rumpel depuis très longtemps, je peux peut-être vous aider… Mais tout d’abord, il faut que vous sachiez quelque-chose, vous allez avoir besoin de beaucoup d’alliés ou du moins au moins un très puissant, et vous devez connaitre ses moindres faiblesses pour pouvoir les exploiter. »

Cora faisait claire allusion à elle-même : elle était d’une puissance extraordinaire, en voulait terriblement à Rumpel de l’avoir éloigné de sa fille, et elle connaissait le ténébreux presque comme sa poche, ayant vécu avec lui.

Finalement, ma situation ne semblait pas aussi perdue que je l’avais pensé au premier abord.
La Reine de Cœur semblait disposée à m’aider à atteindre mon but, nourrissant pareillement un certain ressentiment face au crocodile.

Sa question était légitime. Je l’aurai également posée si j’avais appris que quelqu’un requerrait mon aide pour une aventure aussi périlleuse.
Mon poing se serra alors que j’imaginais déjà son vilain cou entre mes mains.
Sachant qu’il me fallait la convaincre, je capitulais et lui avouait mes connaissances sur le sujet, au risque d’attiser sa convoitise et de rendre mon aide inutile hormis pour jouer les petites mains afin qu’elle ne salisse pas les siennes.

« Je sais d’où il tire son pouvoir et j’ai quelque chose pour le neutraliser. »

Je me passais nerveusement la langue sur les lèvres. Je ne lui faisais pas confiance. Mais pour voir encore le jour se lever demain, il me fallait lui montrer que je savais ce que je faisais.

« Je sais que si j’entre en possession de la dague où est inscrit son nom, je pourrai l’anéantir et pour annihiler ses pouvoirs, j’ai une substance des plus efficaces. »

Je pensais bien sûr à l’encre de Seiche.
Le flacon se trouvait en sécurité dans une cache du Joly Roger. Maintenant je n’oubliais pas que mon navire se trouvait toujours sur les septs mers et moi dans ce monde. Mais comme Regina avait réussi à m’envoyer ici, je comptai bien sur Cora pour faire de même.
Il y a toujours de solution.
Il suffisait de constater ce qui s’était passé sur cette dernière demi-heure  pour avoir foi en la chance.
Le destin semblait avoir des plans pour moi et cela ne passait pas par ma mort. Du moins pas tout de suite.

« En ce qui concerne ses autres faiblesses, je doute que l’amour fasse partie de celle-ci. Des rumeurs avaient évoquées une liaison avec une femme du nom de Belle, mais je n’ai aucune idée de  la véracité de cette information. »

Avec amertume, le regard noir, je repris.

« Ce que je sais, pour l’avoir constaté de mes propres yeux, c’est qu’il n’a pas hésité à arracher le cœur de sa propre femme, celle à qui il avait jurés son amour, et qu’il a abandonné son fils quand il a dû choisir entre celui-ci et le pouvoir. Cela démontre tout à fait sa faible capacité à aimer. »

Ma haine se nourrissait de mon ressentiment à son égard et enflait chaque fois un peu plus dès que je pensais à lui.  Cela semblait ne jamais pouvoir s’arrêter, mais en fait je savais au fond de moi ce qui éteindrait ce feu dévorant. La mort du crocodile. Voire la dernière étincelle de vie mourir dans ses pupilles et si possible en une longue et lente agonie. Douloureuse au possible.

Ayant compris le message, j’opinais de la tête.

« J’entends votre offre et bien sûr je sais que votre aide, même si elle sert vos intérêts, aura un prix. »

Je la laisse libre de me le révéler ou de garder pour plus tard la contrepartie qu’elle désire obtenir.
Déjà, je  m’en sors en vie et avec une aide pour réaliser ma vengeance.
Cessant de me projeter dans l’avenir, je reviens à l’instant présent.

« Et pour votre fille ? Regina. Que comptez-vous faire ? »

Peut-être est-elle déjà au courant de l’échec de son plan. Peut-être nous fait-elle surveiller ?
C’est bien à ça que servent les miroirs magiques.  A ça et à passer d’un monde à l’autre non ?

Ses « très cher » étaient méprisants dans sa bouche. Assénés, l’un après l’autre. Ainsi était Cora. Fière. Puissante. Sûre d’elle et de son pouvoir.
Néanmoins trop d’assurance mène à la chute inévitable.
Je l’avais vu bien des fois. Et même si elle doutait de la possibilité de ce que je détenais, moi je n’en doutais pas.
Si l’encre que m’avait offerte Ariel pouvait annihiler les pouvoirs d’un dieu, alors le Crocodile ne pourrait pas faire mieux.

« Il y a toujours un ténébreux pour en remplacer un autre n’est-ce pas ? Et un jour un autre prendra sa place. »

Rumple n’était pas invincible. Le croire était stupide. Il fallait être aveugle pour le croire. Ou désespéré. Elle n’avait rien d’un être désespéré, se pouvait-il qu’elle soit aveuglée ? Par l’amour ?
Devant cette idée fugitive, un  sourire se peignit sur mes lèvres devant le ridicule de cette possibilité.
Et pourtant.
Elle parlait beaucoup d’amour. Elle devait en manquer. Cela avait peut être conduit cette femme à devenir ce qu’elle était.
Depuis toujours j’avais considéré que tout être agissait en fonction de son besoin de reconnaissance, de son besoin d’être aimé et de son manque de confiance. Voici les trois clés qui gouvernent le monde. En avoir conscience c’était avoir la possibilité de contrôler son destin.

« Regina m’a promis de m’aider dans ma quête pour le retrouver  et le tuer. »

Qu’elle m’ait jeté en pâture ne m’étonnait pas plus que ça. J’avais autant de valeur pour elle que pour sa mère.

« Peut-être savait-elle ce qui allait arriver et voulait-elle juste se rappeler à vous. Vous envoyer un message pour tester vos réactions. Pour que vous cherchiez à la retrouver et que vous alliez sur son terrain. »

Je n’avais jamais eu un égo démesuré, même s’il m’était souvent arriver de fanfaronner. C’était l’une de mes forces. Je ne me sentais pas concerné lorsqu’une personne qui se sentait supérieure tentait de me rabaisser. Je me contentais de l’observer et de m’amuser de sa frustration de ne pas parvenir à me briser.
Le crocodile avait tenté de le faire. Il m’avait cru anéanti après la mort de mon amour, après m’avoir coupé la main. Mais comme après la mort de mon frère Liam, cela n’avait fait que me donner plus de force, plus de volonté pour faire changer les choses. Et changer les choses commençait par le tuer lui.

« Quant à ce cafard, peu importe le temps que cela prendra. Il mourra. Je suis prêt à faire ce qui doit être fait. Comme vous l’avez compris, ma fidélité va à celui ou celle qui me permettra d’atteindre mon but. »

Elle devait bien sûr s’en douter. Par contre que j’affiche officiellement ma position et que je sois aussi franc pourrait la surprendre.
J’ai toujours assumé mes actes et ma volonté d’agir.

Crochet venait tout juste de toucher un point vrai, et Cora comprenait vite que cette dague était le seul moyen de le battre : avoir le ténébreux sous tutelle finissait toujours par se retourner contre soi, hormis avec cette dague. Cependant, si il y avait bien une exception à a règle, une personne qui avait pu faire ce qu’elle voulait avec Rumpel, c’était bien Cora…

« Oui, mais nous avons un problème très cher… Un ténébreux ne peut être tué qu’avec sa dague, et celui tuant ce ténébreux, devient le ténébreux lui-même. Admettons, si je tue Rumple avec cette dague, ou vous le faites, et bien vous deviendrez, ou je deviendrais le ténébreux. C’est à double tranchant. »

Cora n’avait pas encore tout perdu pour essayer de voler les pouvoirs de Rumpel : elle jugeait le jour où il était temps de s’attaquer au ténébreux le jour où sa fille l’aura pleinement abandonnée, le jour où elle lui tournerait complètement le dos, où les choses seraient irrattrapables… Pour le moment, elles l’étaient, et tout allait s’arranger, c’était une certitude.

Cora sourit à l’émission de l’idée du pirate. Mais elle ne partageait néanmoins pas son avis, elle pensait que Regina avait justement peur de quelque-chose, peur que sa mère revienne pour mettre sa pagaille. Elle dit à Crochet :

« Non, elle ne cherche pas que je vienne sur son terrain… Au contraire. Elle veut m’en éloigner, car elle prépare quelque-chose, et elle ne voudrait sûrement pas que j’y sois dedans. Et vous savez quoi Crochet, c’est exactement ce que je vais faire. » Elle fit apparaître une image de sa fille dans le miroir juste à côté de son trône, et dit : « Cela fait des mois que j’observe de temps en temps ma fille, si je n’ai pas vu votre rencontre, j’ai bien vu qu’elle préparait un coup avec Rumpel, le ténébreux. J’ai au regret de vous annoncer qu’elle ne veut pas le détruire, bien au contraire, elle a besoin de lui. Elle va lancer un sort dans un monde dépourvu de magie, là où les fins heureuses seront anéanties, et les mémoires détruites. J’ai une proposition à vous faire Crochet. » Elle enleva l’image de sa fille sur le miroir et se retourna vers le pirate : « Rumpel sera dans cette malédiction. Libre à vous d’y participer pour tenter de le détruire, néanmoins, en l’absence de fins heureuses et de votre mémoire, la tache risque d’être plus compliquée que prévue. Alors, ce que je vous propose, c’est de rester ici au Wonderland, attendre bien gentiment la fin de la malédiction, et enfin, aller dans ce monde, et détruire tout ce que l’on a détruire. »

Elle prit le temps de répondre à sa dernière phrase, en disant :

« Je m’engage à vous aider à tuer Rumpel, je vous garantie que je suis la seule personne apte à le défier, et à le battre, à le manipuler. Je suis la seule à l’avoir déjà fait. »

Que la dague soit le seul moyen de tuer le crocodile, je n’en étais pas aussi sûr qu’elle.
Avec l’encre que m’avait donnée Ariel, je pourrai lui ôter tout pouvoir. Il serait un  homme comme les autres et je  pourrais même le tuer de mon seul crochet.
Peut-être me trompais-je. Mais qui ne tente rien n’a rien. Pirate un jour, pirate toujours, j’étais de ceux qui allaient vers l’avant sans trop regarder aux conséquences. Je ne reculerai pas.

Pour ne pas me trahir et révéler mon atout, j'abondais dans son sens.

« Et bien je vous laisserai le tuer pour que vous deveniez la ténébreuse. Je n’ai rien contre vous et si j’ai tenté de vous assassiner c’était uniquement en échange de l’aide que Regina m’avait promise. »

Elle ou une autre, que m’importait.
Je n’étais pas assoiffé de pouvoir, je souhaitais juste me venger et vivre ma vie. Ou mourir. Peut m’importait.
L’image de Anne flirta dans ma mémoire. J’avais promis de prendre soin de moi comme elle avait promis de prendre soin d’elle.
Mes lèvres se crispèrent légèrement, si je ne revenais pas elle m’en voudrait.
Pour elle, je ferai l’effort de tenter de m’en sortir vivant, mais si je n’avais pas le choix, j’espérais qu’elle comprendrait.

Les révélations de Cora me tirèrent de ma courte absence.
Un monde sans magie ? Une proposition ? Attendre durant la malédiction et ensuite le détruire ?

Mes yeux se mirent à briller de convoitise, un sourire s’épanoui sur mes lèvres.

« J’ai attendu déjà bien des années alors quelques une de plus… Je suis votre homme. »

J’étais prêt à accepter ses conditions pour qu’il paie.
Sa dernière phrase me troublait pourtant.

« Me raconterez-vous comment vous l’avez dupé ? J’imagine que vous ne l’avez pas déjà tué n’est-ce-pas ? »

Aurait-il ressuscité ? Il ne pouvait être immortel.
De toute façon s’il l’était j’en profiterai pour le tuer encore et encore, de toute sorte de manières différentes, cela ne ferait qu’accentuer mon plaisir et prolonger son agonie.
Une fois à ma merci, il ne s’en sortirait pas.

« Savez-vous quand sera lancée la malédiction ? »

J’aurai voulu prévenir Anne, Ariel, mettre à l’abri mon équipage.
Je doutais de n’avoir la possibilité de le faire. Pourrais-je lui demander de les protéger aussi ?
Compte tenu de son caractère, je doutais qu’elle soit d’humeur encline à offrir son aide.
Il était déjà étonnant qu’elle me fasse à moi cette proposition.

Avait-elle peur d’être seule ?
J’étais suffisamment réaliste pour ne pas croire que seul mon charme avait agi sur elle.
Je voyais néanmoins une autre option. Même les plus grands ont besoin de petites mains, d’alliés. Me trouvait-elle digne d’en faire partie ?
Je n’en aurai pas mis ma main à couper.