Ville 2 - 13 blocks

« Ma chérie, je suis tellement heureuse de te revoir, et en même temps, j'ai redouté de te retrouver ici. »

Je la serre dans mes bras, elle est décédée et semble pourtant tout ce qu’il y a de plus réelle.

« Je suis également heureuse de te revoir grand-mère mais je suis triste de te voir ici alors que je te pensais dans un monde meilleur. »

Au fond de mon cœur, je me jura de ne pas repartir d’ici avant d’avoir permis à ma grand-mère de trouver le repos qui lui était destiné, elle méritait de connaître le repos et de ne pas errer ici comme si de rien n’était, je ne pouvais me résoudre à laisser cela tel quel mais apparemment, je devais avant tout fuir pour que l’on soit en sécurité. Grand maman m’expliqua qu’il fallait qu’on fuit car les morts donneraient ce qu’ils peuvent pour pouvoir nous voler notre souffle de vie. Elle me lâche les mains, je la regarde dans les yeux avant de suivre les autres et de murmurer.

« Je t’aime grand-mère… »

Charles montre une rue que l’on finit par suivre avec les autres après que CJ ait tenté d’aider les âmes tourmentées sans succès apparent. Mais Hilda s’occupa de nos tenues et très rapidement, je me retrouva avec un jean chocolat, un tee shirt blanc, un blaser bleu nuit et une paire de mocassins chocolats également. Je fis un léger sourire.

« J’ai déjà moins froid. Merci pour le changement Hilda. » lui dis-je avec un sourire.

Bon à présent, nous devions nous comporter comme des âmes errantes. Ce n’était pas chose facile quand notre cœur bat dans notre poitrine. Mon esprit se portait ailleurs et si dans mon malheur, je retrouvais mes vrais parents ici aussi ? Et si par la faute de la malédiction, mon île avait été détruite ? Je crois que je ne m’en remettrais jamais. Mon regard perdit de sa joie de vivre et étonnement, je ne tarda pas à devenir une âme errante dans ma façon de me déplacer car j’avais des pensées mauvaises. En soit, c’était mauvais mais c’était sans doute le lieu qui m’impacter…

Les habitants nous lancent des regards curieux, comme s’ils sentaient que nous ne sommes pas morts, comme s’ils savaient que nous ne sommes que des visiteurs. Je passe ma main dans mes cheveux, mécaniquement et regarde autour de moi. Un léger frisson parcourt l’échine de ma peau. Toutes ses enseignes en mauvais état, ça faisait froid dans le dos. Mon regard se pose sur la Mairie, c’est moi où tout est vraiment glaçant dans ce lieu. Il y a apparemment eu des combats par ici car la Mairie est dans un piteux état. Je regarde autour de nous.

« Venez, on trouvera sans doute des réponses dans les archives de la mairie. » énonçais-je finalement.

Je me dirige vers la Mairie avec les autres espérant de tout cœur de pouvoir y entrer sans encombres aucunes car je voulais vraiment qu’on puisse partir d’ici au plus vite car d’après grand-ma, on était pas en sécurité ici et encore plus si les gens apprenaient que nous sommes vivants.

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Les filles avaient insisté pour aider les âmes. Charles leur jeta un oeil, tous alignés devant cette cabine téléphonique. Chacun sa merde… La dure loi de la survie. Il reculait d’un pas vers les rues. « Oooh ça va, y’a des gens qui meurent heureux. Je vois pas pourquoi on devrait tirer la tronche. » dit-il en ayant la gueule en biais. C’était pas difficile pourtant chez lui de pas avoir l’air idiot ou heureux. Enfin non, ça l’était. Surtout ne pas avoir l’air con. Il ne savait pas faire. Charles était en tête de peloton. Il était vrai que l’ambiance n’était pas la plus agréable et semblait lourde. Ce qui était atroce c’était le manque de bruit, mais pas comme dans une forêt avant un grand danger plus oppressant comme sur la Lune.

Hilda décida de les habiller. Charles leva un sourcil, ne comprenant pas pourquoi. Et là, vive l’affaire. « Mais ça va pas ! » beugla t-il en se regardant. Il avait une jolie robe à fleur sous son sweat shirt. « Tsss… Laisse tomber. » souffla t-il en commençant un strip-tease dans la rue. Ce n’était pas pour elle. Y’avait souvent un truc qui clochait avec Charles, il le savait. Ça ricochait ou ça marchait qu’à moitié. Tant pis, elle avait essayé. « Heureusement que j’ai eu des baskets ! T’inquiète ça va le faire, j’aurais très bien pu mourir un matin en allant chercher le journal sous le perron. Un pot de fleur qui se décroche et crac la nuque. » Il voyait vraiment pas en quoi une tenue les rendaient plus vivants que mort de toutes les façons et il n’était pas du genre pudique. Pas avec mon corps, c’est sûr.

Ils reprirent la marche. Charles commençaient à être un peu plus sur les nerfs à cause du stress. Pour le coup, il faisait la tronche. Il voulait sortir de là. Il avait eu un doute d’être mort, mais ça les rassurait de voir qu’il n’était pas le seul à se raccrocher à l’idée qu’il était bel et bien vivant. Les regards convergeaient vers le groupe. Devant la Mairie, Charles se sentait comme du gibier en plein milieu d’un champs. Il se rapprocha instinctivement d’Hilda. Son aura de fée qui faisait écho à la sienne sûrement. Au quotidien, quand il a ce genre de grosses emmerdes, il avait Zélie pour s’occuper de tous et surtout de le protéger. Vicky proposa d’entrer dans la Mairie. Charles avait pas trop envie. « Honneur aux dames » fit-il signe de la main à la brune d’y aller, son regard courant sur les autres filles. Il s’arrêta sur CJ. « Eh petite, tu veux pas te sacrifier encore une fois ? Va ouvrir la porte. S’il te plait. On t’achètera des bonbons et le dernier album de Violetta. » Il jeta alors un regard par-dessus son épaule pour regarder leurs arrières. Enfin surtout les siennes.

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