Je la suivis jusqu’au bar et attendis patiemment que le barman nous servent et qu’elle me donne le verre demandé. Etrangement, les coutumes de la ville qui ne plaisaient pas à mon père étaient très vite acquises. C’était plutôt une bonne chose, et comme ça je pouvais m’amuser un peu. Même quand Antonia n’était pas d’accord avec mes jeux un peu particulier. Elle ne savait pas ce qu’elle perdait à être aussi sage. Au moins, je ne finis pas ronde comme une queue de pelle moi… Rabat-joie…

Très vite, je me retrouvais avec la verre entre les mains, j’en bu une gorgée en écoutant madame Kramers. Elle voulait connaitre mes véritables motivations, pourquoi je voulais danser maintenant. La réponse à la question était assez simple, et j’avais l’impression qu’elle le saurait si je mentais. Mais ce que j’allais dire n’allait peut-être pas lui plaire. Alors rentrons… Comme ça tu ne diras rien.

- Je suis à Storybrooke depuis quelques mois seulement, il m’a fallu un certain temps avant de m’adapter, de comprendre les mœurs et les coutumes de ce monde. Il a aussi fallu que je découvre votre établissement... Quant à ma réelle motivation… Je veux me faire plaisir et aussi faire enrager mon père…

Et tu veux prouver à tout le monde que c’est toi qui est la plus forte ! Si tu étais plus combative, tu réussirais peut-être à prendre le dessus, mais ce n’est pas le cas. Je bus une seconde gorgée de mon verre. Finalement, la patronne des lieux voulait bien me voir danser pour elle avant l’arrivée des clients. J’avançais doucement dans mon affaire ! Je bus mon verre d’une traite et sourit.

- Alors je peux commencer maintenant. Vous avez des demandes particulières ou je laisse libre cours à mon imagination ?

 
Elle ne semblait pas mal prendre le fait que je faisais tout ça pour contrarier le juge Claude Frollo. Mon père pensait qu’il parviendrait à me contenir un jour. Il se tromperait, je refusais de me laisser faire et de lui obéir au doigt et à l’œil comme le faisait Antonia. J’essaye d’être quelqu’un de bien. Pas moi. La vie de ma « sœur » était d’un ennui mortel, elle ne savait pas s’amuser, elle devait apprendre à se détendre un peu et à profiter de la vie. En gros, elle devait prendre exemple sur moi.

Je levais mon verre avec elle et bus mon verre d’une traite lorsqu’elle m’invita à montrer de quoi j’étais capable. Je savais que je saurais la surprendre, je surprenais toujours avec mon visage angélique. Je commençais à aller vers la scène lorsqu’elle me demanda si je voulais une musique particulière pour m’accompagner. Je lui fis un sourire.

- Non, ça devrait aller sans. Ainsi, vous verrez mes talents sans fioritures autour.

Oui, j’étais sûre de moi, mais ça, c’était habituel. Il ne fallait jamais laisser la place au doute ou à la peur. Il fallait essayer les choses, se lancer. Même dans nos projets les plus fous. Je montais tranquillement sur la scène en enlevant mes chaussures. Allez Antonia… Chante-moi quelque chose, ces chansons toutes douces dont tu as le secret. S’il te plait. Non… Antonia ! Chante ! J’entendis alors la douce voix de mon autre moi dans ma tête. Pour suivre ses douces paroles, je commençais par quelques pas de danse très classique, parfaits dans la technique. Ma robe bleue nuit très fluide ondulait autour de moi, et bout de quelques minutes je fis taire ma sœur pour partir sur des pas plus modernes, sensuels et provocateurs, créant une certaine surprise. Avec discrétion, j’ouvris la fermeture sur le côté de la robe pour la faire tombée comme par magie. Continuant ensuite à danser avec passion et énergie.

Une fois terminée, mon regard se posa sur madame Kramers.

 
Quelques pas de danse très classique pour ensuite tomber dans des pas de danse bien plus sensuels et provocateurs. Je maitrisais toute les danses, et j’aimais danser. Je le faisais avec le cœur et avec passion. Lorsque je m’arrêtais, mon regard était tourné vers Neïlina, je voulais savoir ce qu’elle en pensait. Ses applaudissements me donnaient une petite idée de son avis : elle était un minimum contente de mon numéro. Ça me fit sourire. Apparemment, j’étais surprenante, ce qui n’était pas pour me déplaire. Pour la remercier du compliment, je lui fis une petite révérence. En ramassant ma robe pour me rhabiller, elle me demanda si j’étais capable de travailler en équipe, car je devais prouver que je pouvais danser avec d’autres personnes. Ça, je n’en étais pas sûre. J’avais toujours eu les premiers rôles, je dansais jamais avec les autres, mais je dansais devant les autres. S’il fallait le faire, je le ferais.

- Je sais danser devant un public… Danser avec d’autres filles, je n’en sais rien, je ne l’ai jamais fait avant. Quant à devenir la nouvelle étoile de ses lieux… J’en serai plus que ravie.

S’il fallait danser avec d’autres personnes pour en arriver là, j’étais capable de ranger mon orgueil de côté pour une soirée. Par contre, je devais la prévenir de quelque chose avant tout, je voulais être un peu honnête. Pour une fois… En sachant de quoi est capable le juge, elle ne sera que plus capable de nous protéger contre lui…

- Je dois par contre vous prévenir que si mon père l’apprend, il sera furieux et il pourrait venir ici pour me ramener de force chez moi.

 
Apparemment, le travail de groupe était obligatoire. Soit. Je ferais en sorte de m’intégrer un minimum dans ce cas. Ensuite, je comptais bien les écraser une par une pour avoir ma place et avoir la place de l’étoile du Libertease. J’étais persuadée que je saurais captiver l’attention des spectateurs, je ne me faisais aucun souci pour ça. La seule chose qui m’inquiétait, c’était notre père. Il était capable de venir me chercher et de me ramener à la maison par la peau du coup devant tout les clients de madame Kramers sans scrupule. Et il aurait bien raison. Tu fais n’importe quoi. Rappelle-toi bien que s’il venait me chercher, je te laisserai ma place. Alors fais attention à ce que tu dis ou ce que tu fais. Cependant, la propriétaire du club semblait ne pas se soucier de mes craintes. Elle était persuadée que le juge ne parviendrait pas à ses fins. J’espérais qu’elle avait raison. Je connaissais mon père, et je savais de quoi il était capable. Mais je voulais bien lui faire confiance sur point là. Je n’avais pas le choix.

Elle me demanda alors si je voulais toujours danser pour elle. Un sourire vint naitre sur mon visage. La réponse était évidente.

- Rien ne me ferait plus plaisir. Je veux toujours danser pour le Libertease.

Je retournais à sa hauteur, contente de la tournure que prenaient nos échanges. Si je venais surtout pour défier mon père, je restais heureuse de pouvoir danser devant un public.

- Que voulez-vous que je fasse maintenant ?

Autant savoir à quoi m’attendre, savoir si je devais travailler maintenant, savoir si les autres demoiselles étaient arrivées pour faire connaissance. Ou que sais-je encore. C’était qu’on pouvait faire beaucoup de choses avant l’arrivée de ses clients.

C’était parti ! J’étais de toute évidence embauchée ce qui me faisait réellement plaisir. Antonia pouvait bouder, râler, ça ne changerait rien du tout. J’étais déterminée à danser pour ce club, et à faire ce qui me plaisait. J’espérais que j’allais pouvoir danser longtemps, tout dépendrait du temps que prendrait mon père pour comprendre mon petit tour. Et même s’il le découvrait, je n’étais pas sûre d’arrêter de danser ici.

- Trois soirs par semaine, c’est possible ? Mardi, jeudi et samedi.

Parce que les autres soirs m’appartiennent. Estime toi heureuse que je te les laisse. Je continue à dire que ce n’est pas une bonne idée tout ça. Arrête de t’inquiéter. Je savais ce que je faisais. Madame Kramers était connue pour être une femme influente avec un certain pouvoir. Pour l’instant, le juge n’avait que peu d’importance en ville, il ne pourrait rien faire. Il fallait que ça dure ainsi.

- Je veux bien rester ici pour m’échauffer si vous me le permettez.

Plus j’étais loin de chez moi, et mieux je me portais. Si je pouvais danser ici, je préférais de loin rester. Il fallait se familiariser avec les lieux et voir ce qui était possible de faire. Je me demandais quand même comment les autres demoiselles allaient m’accueillir.

- Je vous remercie madame Kramers.

Je la laissais vaquer à ses occupations avant d’aller m’échauffer. J’avais bien envie de m’amuser avec la barre de pole dance. Il n’y avait pas ça dans le monde des contes, mais ça me plaisait beaucoup. Pouvoir être un instant dans les airs, créer de nouvelles choses… C’était génial.