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Nouvelles têtes
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Le retour de Carrie
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Elle avait peur je le voyais bien et je l'avais senti aussi. Je lui souriais quand elle me sommait de me dépêcher. J'appuyais sur l'accélérateur tout en lui répondant :
« Je vais faire au plus vite oui. »
Je ne voulais pas me faire encore une fois blessé même si je savais qu'elle ne l'avait pas fait exprès. Je roulais rapidement mais tranquillement aussi pour ne pas trop lui faire peur même si je doutais qu'elle puisse ne pas avoir peur. Quand je me garais devant mon immeuble, elle sauta de ma voiture et elle remarqua ma blessure.
« Ce n'est pas grave ça arrive à tout le monde de paniquer. »
J'aurai préféré qu'elle ne s'en rende pas compte mais bon. Je lui souriais puis je la conduisais devant la porte de mon appartement. J'aimais beaucoup mon chez moi même si j'aurai préféré avoir une petite maisonnette dans la forêt. J'en aurai une peut être plus tard quand j'aurai trouvé un terrain à acheter.
« Bienvenue chez moi. Je vais nous commander de quoi manger. Installez vous je vous en prie. »
Je la conduisais dans le salon sobre mais cosy. J'espérai qu'elle se sentirait à l'aise chez moi. Je passais un coup de téléphone pour commander des plats chinois – j'adorais cette cuisine. Mais je pensais à une petite chose... Il fallait que je lui explique.
« Quelqu'un va venir chez moi pour nous livrer à manger. Quand il arrivera il sonnera ça fera ce bruit... C'est normal ne vous inquiétez pas d'accord ? »
Je lui montrais le bruit de ma sonnette puis je retournais dans le salon pour regarder enfin ma blessure. Je ne perdais pas beaucoup de sang donc je ne risquais pas grand chose.
« ça mériterait quand même quelques points de suture... Je demanderai au docteur de passer plus tard dans la journée. »
Pour le moment j'allais juste mettre un pansement dessus histoire de ne pas trop me tâcher. Mais le plus urgent pour le moment était de lui faire visiter mon chez moi. Je joignais mes mains et dans un sourire je lui dis :
« Je vous fais visiter ? »
Je lui souriais et je l'invitais à faire le tour de ma demeure. D'abord je commençais par le salon dans lequel nous nous trouvions. Puis je lui montrais la cuisine, la salle à manger et aussi les deux chambres de l'appartement.
« ça sera votre chambre. »
Il était hors de question qu'elle aille dormir dans un hôtel. Déjà je pensais qu'elle aurait trop peur pour y rester et puis j'avais un côté protecteur envers elle que je ne m'expliquais pas du tout. Je lui souriais puis je continuais la suite de la visite par la salle de bain. Je lui montrais comment fonctionnait la douche puis je prenais de quoi me soigner avant de la laisser dans la salle de bain. Il faudrait qu'on aille faire les magasins pour lui trouver des vêtements aussi. Bon en attendant, je lui trouvais un jogging et un de mes tee-shirt que je lui posais sur son lit. Je retournais dans le salon et je commençais par me soigner un peu.
Aller vite, c’était la seule chose qui m’intéressait. Cette charrette me faisait flipper. Je préférais largement les navires, même les canots étaient moins effrayants et pourtant la première fois où j’étais montée à l’intérieur je ne savais pas nagée et je venais de mourir par la noyade. Dès que la machine infernale fut éteinte je sautais dehors et reprenais ma respiration en respirant l’air extérieur. Ce n’était pas possible. Plus jamais je ne monterais là-dedans c’était mort, ça m’avait rendu malade. Quand Durnik me pardonna pour ma crise de panique alors que pour une fois j’acceptais de m’excuser pour l’avoir blessé, je grimaçais.
« J’avais oublié combien ce sentiment était horrible »
Confessais-je à demie-voix avant de me redresser pour le suivre à travers les corridors d’une immense maison. Toutes ses portes fermées me rappelaient la maison de Barbe Bleue. Manquait plus qu’il me dise de ne jamais en ouvrir une seule et là je prendrais vraiment mes jambes à mon cou. J’étais déjà à deux doigts. Durnik finissait par ouvrir une porte pour m’inviter à entrer chez lui en me souhaitant la bienvenue chez lui. Me retournant vers lui je laissais esquisser un sourire :
« Merci Durnik, vous n’étiez pas obligé »
C’est vrai. M’inviter à aller chez lui alors que je l’avais menacé à deux reprises, et ceux pendant nos deux rencontres. Je le suivais donc vers un salon qui semblait assez confortable. Il se mit à parler dans un rectangle, et je fronçais les sourcils. Il était fou ! Tout s’expliquait. Il était fou. Est-ce que c’est à ce moment-là que je devais m’enfuir. Je n’eus pas le temps de trouver la réponse à cette question qu’il revint pour m’annoncer qu’une personne allait arriver pour apporter de quoi se restaurer et que je ne devais pas avoir peur. Fronçant les sourcils, je demandais :
« Et vous avez fait ça avec ce truc rectangulaire ? »
Oui, je le prenais pour un grand fou. Surtout quand il me mena jusque devant sa porte pour faire apparaitre un son immonde qui me fit sursauter. Ok c’était quoi ça ? Il m’avait appelé ça une sonnette. Mais c’était immonde. Malgré tout j’appréciais la délicatesse dont il faisait preuve. On ne m’avait jamais ménagé autant alors j’essayais de faire un effort en hochant la tête pour lui signifier que j’avais compris. Nous retournâmes dans le salon et il regarda sa blessure :
« Je suis vraiment désolée … Vous ne pouvez pas faire comme vous avez fait avec moi ? »
Demandais-je tout en lui montrant la petite cicatrice blanche qui était parsemée de sang séché. Après tout s’il m’avait soigné moi, pourquoi ne pouvait-il pas faire pareil pour lui ?
Par la suite j’acceptais de visiter sa maison et comme précédemment je redoutais le moment où il allait me dire que je n’avais pas le droit de pénétrer dans une pièce. Non, je ne voulais pas entendre parler d’interdiction et même si je le suivais docilement, je sentais déjà que je mettais beaucoup de barrière entre nous. Il me montra le fonctionnement de la douche et dès qu’il fut partie je regardais à l’intérieur du pommeau en le secouant. Par tous les diables, mais comment est-ce que c’était possible ça ? Je lâchais le tout quand il revint avec un pantalon étrange et un tee-shirt et les posèrent sur ce qui semblait être ma couche. Je mis quelques temps à réaliser ce qui se passait et finissait par le rejoindre dans le salon où il commençait à se soigner :
« Besoin d’aide ? »
Tout en demandant cela je réajustais mes gants avant de venir timidement vers lui pour m’asseoir face à lui sur mes genoux, mes armes se cognant les unes aux autres. J’avais envie d’essayer de réparer ma bêtise. Je ne savais juste pas comment le faire.
« Ça sera quoi le prix à payer pour cette hospitalité ? »
J’avais demandé cela d’une voix douce. A mon sens tout acte de générosité avait un prix, pour vivre en sécurité sur le Revenge je devais participer à la vie de l’équipage, vivre avec Barbe bleue je devais accepter l’acte sexuelle et accepter ses règles perverses et cette porte fermée, avec Dracula je devais garder le silence, avec les parents de Mina je devais être une lady parfaite. Il y avait un prix à payer pour tout, pourquoi ça serait différent ici ?
Avoir Lucy à la maison c'était étrange. Une partie de moi disait que j'étais en train de tromper Polgara et que ce n'était pas bien. Une autre partie de moi, la petite voix dans ma tête, semblait se réjouir de cette venue. Peut être qu'elle ne voulait pas que je sois si solitaire. Pourtant je ne pouvais pas m'empêcher de reste par moment seul. Je riais quand elle me parla de mon téléphone et je mis quelques secondes avant de pouvoir lui répondre.
« Le truc rectangulaire c'est un téléphone portable. Ça permet d'appeler ses amis ou d'autre personne. C'est un peu comme les lettres envoyées par aigle. »
ça devait être un concept étrange pour elle. Mais je ne pouvais pas le lui expliquer autrement. Elle me demanda pourquoi je ne me soignais pas moi même. Il était vrai que je n'y avais même pas songé.
« Si je pourrai. Mais je n'aime pas vraiment utiliser ma magie tout le temps et puis ce n'est pas grave. »
Je haussais les épaules. Je suivais toujours ce que ma femme me disait avant. Elle m'avait toujours dit de ne pas utiliser la magie pour rien et puis ça allait se soigner tout seul. Je n'étais pas sur le point de mourir. Je lui avais fait la visite de la maison avant de retourner dans le salon histoire de me soigner un peu. Je pensais qu'elle irait prendre une douche mais visiblement non puisqu'elle me rejoignit rapidement et me proposa son aide. Je ne voulais la froisser mais j'étais capable de me soigner tout seul... cependant....
« Pourriez vous me passer un peu de désinfectant ? »
Je lui montrais le flacon de désinfectant et je le prenais quand elle me le tendit. Je mettais un peu de liquide sur de la gaz et je la passais sur ma blessure en grimaçant un peu. Oui les hommes sont des bébés quand ils sons blessés. Elle me surprit quand elle me demanda un peu sur la défensive ce qu'elle devrait faire pour rester ici. Elle n'avait pas besoin de payer quoi que se soit.
« Il n'y a aucun prix. Vous pouvez partir quand vous voulez, vous pouvez rester le temps que vous voulez. Vous êtes ici chez vous. »
Je ne voyais pas pourquoi j'allais lui demander quelque chose en contre-parti. Elle faisait ce qu'elle voulait après tout et puis elle était armée donc je ne voulais pas la provoquer non plus. Et puis je n'étais pas le genre d'homme qui demandait des contre-partis pour ma protection. Loin de là. J'allais continuer mon petit discours quand j'entendis la sonnette retentir.
« J'y vais ne vous dérangez pas. »
Je me levais et j'attrapais mon porte-monnaie afin de payer le livreur. Je refermais ma chemise avant d'ouvrir la porte et de discuter quelques minutes avec le livreur. Je tendais de l'argent au livreur et je lui disais de garder la monnaie avant de refermer la porte. J'avais les cartons de pizza dans les bras et je les posais sur la table basse du salon avant d'aller dans la cuisine pour chercher des assiettes et des couverts. Je souriais à Lucy en lui montrant les cartons.
« Allez y mangez. Vous n'avez pas besoin de m'attendre. »
Je ne savais pas depuis combien de temps elle n'avait pas mangé et puis pour le moment je voulais surtout qu'elle prenne ses marques avant de commencer par lui poser plus de questions sur le pourquoi du comment de sa venue à Storybrooke.
Il avait réussi à prévoir de quoi manger avec son petit truc rectangulaire ? J’avais bien entendu ? Le regardant comme s’il était fou, je lui demandais des explications. CE monde était vraiment étrange. J’étais là depuis même pas une journée et je sentais déjà que j’allais nager dans un océan d’interrogation pendant un bon moment. Patient, Durnik m’expliqua et je l’écoutais, en me mordant la lèvre. C’était quand même assez étrange. Malgré tout je me contentais d’hocher la tête je lui demanderais comme ça fonctionnait vraiment une autre fois parce que là j’avais eu assez d’émotion pour l’instant. Puis, mon attention avait été détournée sur la blessure que je lui avais infligée. En voyant le filé de sang s’écoulait de sa blessure je sentais la culpabilité me reprendre. Cette sensation était assez désagréable d’ailleurs, il y avait bien longtemps que je ne l’avais pas ressenti.
« La mienne non plus était pas grave, … »
Déclarais-je en m’approchant de lui en lui proposant mon aide. J’avais vraiment besoin de me racheter et ce pour une raison assez inconnue. Contre toute attente il accepta et me demanda de lui passer le désinfectant. Grimaçant un instant, je profitais du fait qu’il me montrait le flacon pour lui donner, le voyant grimacer je demandais :
« Ça vous fait mal ? Y a quoi dans ce flacon ? »
C’était la grande interrogation, il dégageait une odeur acide, qui ne donnait pas envie de l’utiliser. Même si dans l’acidité, je trouvais une légère familiarité avec le rhum des terres du sud.
Je finissais par le questionner sur le prix que je devais payer pour son hospitalité et une fois de plus il me surprit en m’apprenant qu’il n’en avait pas. De quel endroit venait-il ? Il était tellement différent de tous ce que j’avais rencontré avant lui. Avant de pouvoir lui faire la remarque, un bruit strident retentissait et je sursauter avant de me rappeler que c’était normal. Durnik se rhabilla et alla ouvrir avant de revenir quelques minutes après. Ce dernier me tendait un plat avec des baguettes et heureusement que sur le Revenge j’avais côtoyé des chinois qui s’étaient amusés à m’apprendre l’art de manger avec des baguettes. Une tâche qui avait été rude et assez drôle je devais l’admettre.
« Merci »
Ouvrant le drôle de carton, je le regardais faire. Il semblait assez doué pour se soigner. Mangeant un peu pour éviter qu’il ne s’inquiète, avec la dextérité d’une professionnelle des baguettes je finissais par demander :
Il était vrai que sa blessure n'était pas très impressionnante mais j'avais ressenti le besoin de la soigner. Elle ne devait pas beaucoup souffrir mais ce n'était pas ça le fond du problème. J'avais voulu qu'elle soit rassurée immédiatement qu'elle voit que je ne lui voulais pas de mal. Cela m'avait paru très important. La mettre en confiance. Je lui souriais et je posais ma main sur son poignet.
« Mais vous aviez besoin d'être rassurée. »
Je n'avais pas fait cela pour me montrer supérieur à elle. J'avais vraiment fait cela pour la rassurer. C'était tout ce qu'il comptait pour moi. Je sortais ma main de son poignet pour lui demander le désinfectant. Je commençais à soigner ma blessure puis je me dis qu'il faudrait vraiment que j'appelle ce nouveau médecin qui s'était installé en ville : le docteur Jekyll pour me faire des points.
« C'est un désinfectant. Ça pique toujours. Mon épouse disait toujours que les médicaments ne pas être bons sinon les patients les utiliseraient tout le temps. »
Je n'avais jamais eu beaucoup de mal à parler de mon passé même si ça me faisait du mal d'y repenser. Je n'avais même pas fait attention que j'avais évoqué mon épouse. De toutes les façons Lucy n'avait rien à craindre. Malheureusement Polgara n'était plus de ce monde et même si ça avait le cas je l'entendais déjà dire qu'elle aiderait avec plaisir ce petit oisillon perdu. Je me levais pour aller récupérer notre commande puis je lui tendais un plat. J'avais sorti des couverts au cas où elle ne savait pas se servir des baguettes. Moi même je ne savais pas m'en servir alors je prenais directement une fourchette histoire de ne pas me ridiculiser. Je pensais la question de son invitation chez moi terminée mais elle me posa une nouvelle question :
« A vrai dire je ne sais pas. Je n'ai juste pas envie de vous laisser seule »
C'était ça le plus étrange. Je ne voulais pas qu'elle soit seule. J'avais lu en elle la détresse et je ne voulais surtout pas la retrouver. Je désirais juste qu'elle soit heureuse. Même si la voix dans ma tête se mit à rire à cela et que ça aurait du me mettre sur une piste ce ne fut pas le cas. Je voulais juste qu'elle soit bien actuellement du moins.
« Je ne vous obligerai à rien. Vous êtes ici chez vous et si vous voulez repartir de Storybrooke... Je vous aiderai. »
Cela me ferait mal au cœur je le savais déjà mais je savais surtout qu'on ne pouvait pas forcer une personne à rester si elle ne le voulait pas. Je mangeais un peu avant de reposer mon plat et de me lever.
« Je vais aller me changer. Faites comme chez vous. »
Je lui souriais avant de me diriger vers ma chambre pour prendre des vêtements plus j'allais sous la douche. Je me demandais si Lucy allait rester chez moi mais c'était aussi comme un premier test. Si elle partait je savais au fond de moi qu'elle ne me ferait jamais confiance. Je prenais mon temps sous la douche puis une fois séché et habillé, je sortais de la salle de bain avant de retourner dans le salon me demandant toujours si elle serait là.
Besoin d’être rassurée ? J’haussais un sourcil peut convaincu. Il me prenait pour une femme fragile à sauver ? Ok quand on s’est retrouvé (si on peut dire ça comme ça) je n’étais pas dans un état de calme intense, cela dit on venait de me faire lire dans son esprit et concrètement je n’avais pas besoin de ça. Piquer dans ma fierté je ne pouvais m’empêcher de remettre les choses en place en précisant avec un ton légèrement orgueilleux :
« Je ne suis pas une jeune fille en détresse, je ne suis pas une princesse à sauver ou ce genre de connerie qui est monnaie courante dans notre monde… Si vous pensez cela vous vous trompez largement sur mon compte ! »
Il aurait pu me cracher à la figure que j’aurais eu une meilleure réaction. Il fut un temps où j’étais une femme en détresse, une mondaine attachée aux apparences et aux soirées guindées, une femme qui aimait se faire voir, se faire aduler et surtout qui avait besoin d‘un homme pour la protéger. Cette femme était morte. Elle était faible, tout comme ma seconde version qui dans sa renaissance était complètement perdue et en proie à un sentiment d’urgence qui lui faisait peur et qui la pétrifiait. Certes les soirées mondaines étaient plus mon activité favorite mais j’avais une fois de plus plongée tête première dans le piège de l’homme protecteur qui assurait une bonne situation de vie. Il m’avait fallu deux mort et trois naissances pour comprendre que cela était inutile et que pour survivre dans ce monde il fallait s’en référer qu’à soi-même. Je n’avais pas besoin d’être rassurer, me répétais-je avec mauvaise-foi avant de détourner l’attention sur sa blessure à lui. Blessure que j’avais causé et dont j’avais honte, notamment parce qu’elle était la preuve que je n’étais vraiment pas à l’aise dans ce nouveau monde. Il me demande de lui donner un certain flacon et je m’exécutais en le questionnant sur son contenu une fois que je le voyais grimacer de souffrance. Ce dernier me donna une explication simple et je comprenais que cela éviter la gangrène, en gros ça devait être un truc un peu comme le rhum. En cas de grosse blessure on en versait un peu (fallait pas gaspiller la marchandise) sur la plaie pour la nettoyer.
« Pol c’est ça ? »
Demandais-je en me souvenant de cet étrange rêve que j’avais fait. J’avais mis des semaines à m’en remettre et à essayer de trouver une explication passable avec Anne, en vain.
« Vous avez fini par la retrouver ? »
Questionnais-je une fois de plus avant de m’expliquer :
« La dernière fois qu’on s’est vu vous m’aviez confondu avec elle, une fois que vous m’avez fait repartir sur le Revenge, est-ce que vous êtes parvenu à retrouver votre femme dans cet amas de gens ? »
Cette question m’avait hanté pendant des semaines. Il semblait aimer sa femme plus que tout au monde, jamais je n’avais vu un homme aussi attaché à sa femme. Même Crochet et Anne, mes deux références en matière de relation ne lui arrivait pas à la cheville. Pourtant ils s’aimaient, malgré tout ce qu’ils pouvaient bien affirmer en face de moi ou en face des autres. Un jour ils comprendraient et finiraient par l’assumer et l’équipage du Jolly et du Revenge fera une super fête. J’avais hâte en avance.
Dans la continuité des questions qui me tracassaient je finissais par demander à Durnik pourquoi il était aussi prévenant avec moi. Je n’étais rien pour lui, on ne pouvait même pas dire que j’étais une vague connaissance étant donné qu’on s’était vu dans un rêve abstrait. Sa réponse ne m’apporta pas grand-chose. Il ne savait même pas pourquoi il agissait ainsi. Grimaçant je me retenais pour ne pas hausser les sourcils. C’était vraiment étrange qu’il souhaite ça alors que je n’étais rien de plus qu’une inconnue. Je songeais aux mots qu’il prononçait en mangeant dans le récipient qu’il m’avait donné et avec les ustensiles qu’il avait fournis. Il était même prêt à m’aider à repartir sur le Revenge si je le désirais, et ceux sans la moindre contrepartie ? Une fois de plus une petite partie de moi doutait qu’on puisse être aussi généreux, bien que la majeure partie de mon esprit tendît à croire ses mots. A défaut de savoir quoi dire j’hochais la tête en restant silencieuse en me contentant d’hocher la tête. Il annonça qu’il allait se changer et une fois de plus je répondais en un hochement de tête et il disparut. Je finissais donc mon repas avant d’aller de me décider à faire le tour des lieux, il me l’avait rapidement fait, et une pièce avait attiré mon attention. Il me semblait qu’il avait appelé ça son bureau, mais il était rempli d’ouvrage. Rapidement, je me retrouvais à l’intérieur, et regardais les livres avec un léger sourire. Durant toutes mes vies, j’avais aimé lire. Sur le Revenge j’avais mis en parenthèse cet hobbies et j’avais plus concentré mes efforts sur les ouvrages magiques pour la bonne et simple raison que je me concentrais à essayer de comprendre et contrôler ma magie. Après avoir parcouru la bibliothèque du regard, je tombais nez à nez avec un ouvrage possédant le nom de mon premier tortionnaire : Dracula. M’asseyant dans le sofa je commençais à lire poussé par un élan de curiosité anxieuse.
Elle prenait mal ma réflexion et pourtant je n’avais pas fait cela dans le but de la blesser. Elle avait l’apparence d’une femme forte mais je me doutais qu’au fond d’elle elle était comme un animal sans défense. Cependant j’avais pu constater qu’elle était une femme forte et ça me plaisait.
« Je n’ai jamais dit que vous étiez une jeune femme sans défense. Avoir besoin d’être rassurée ne veut pas dire que nous sommes faibles. »
Je souriais rassurant. Je ne voulais pas qu’elle prenne mal mes paroles. C’était juste une constatation. Elle finit par me poser des questions sur ma femme. C’était légitime. Elle avait le droit de savoir.
« Oui Pol. »
Parler de Polgara me faisait du mal mais je devais lui parler. Je me devais d’être transparent avec elle. Lucy le méritait.
« Non je ne l’ai pas retrouvé. Elle ne voulait sûrement pas me voir. J’ai pu discuter un moment avec ma belle-mère et elle a confirmé ce que je savais au fond de mon cœur… Polgara est morte et tout notre avenir ensemble aussi. »
Ça avait été dur à encaisser mais c’était comme cela. Je devais aller de l’avant et c’est ce que je faisais petit à petit.
« Mais je sais aussi qu’elle veut que je continue à vivre et que si je la rejoignais maintenant elle ne voudrait plus de moi. Elle me prendrait pour un lâche. »
Je lui souriais un peu tristement avant de lui annoncer que j’allais me doucher. Toutes ces péripéties m’avaient donné chaud et en plus l’odeur du sang sur ma peau commençait par m’incommoder. Je la laissais tranquillement pour me rendre dans la salle de bain.
Je prenais mon temps sous la douche. L’eau chaude me faisait du bien et remettait mes idées en place. Quand j’eus fini ma douche, je me séchais et je m’habillais. J’enfilais une nouvelle chemise mais avant je refaisais mon pansement. Puis j’enfilais un pantalon noir. Je restais pieds nus. Si j’avais envie de sortir je me chausserais à ce moment-là. Je sortais de la salle de bain pour retourner dans le salon où je ne la vis plus. Je sentais mon cœur faire un bond dans ma poitrine puis je me mis à faire le tour de la maison pour m’assurer qu’elle n’était pas dans une pièce différente. Je fus soulagé plus que je ne l’aurais cru quand je la vis dans le fauteuil de mon bureau. Je souriais en coin en restant dans la cadrant de la porte.
« Que lisez-vous ? »
Je me penchais pour voir le nom sur la couverture. Je souriais. C’était un de mes livres préférés. J’aimais beaucoup la dévotion de Harker pour Mina mais aussi tout l’amour que pouvait avoir Dracula pour sa défunte épouse. C’était beau et tragique.
« Oh Dracula. Une œuvre majeure. Un très bon livre. De bons personnages. Une histoire à la fois belle et terrible. »
Oui c’était un livre qui m’avait marqué. Je rentrais dans le bureau et j’allais m’asseoir dans ma chaise de bureau avant de prendre quelques papiers. Je devais travailler un peu quand même. Je prenais mes lunettes pour les mettre sur mon nez.
« L’histoire vous plait ? »
Si elle aimait la lecture elle avait de quoi faire ici. Au moins je pouvais constater qu’elle se sentait déjà à l’aise chez moi et c’était plaisant.
Le roman de ma première vie entre les mains, je me retrouvais en train de trembler légèrement. Comment était-ce possible ? Mon premier réflexe fut de m’asseoir dans le sofa avant de ramener mes jambes sous mes fesses pour ouvrir ce recueil. Les premiers mots que j’y trouvais me ramenait douloureusement quelques mois avant que j’apprenne que j’étais un phénix. Lisant en parallèle les lignes de ce livre, je m’humectais les lèvres les vrais passages de ma vie me revenant en souvenir. Ce Bram Stocker avait pas eu tort, il avait grossièrement raison mais les liens qui unissait les personnages entre eux était plus profond que ce qu’il ne le décrivait. Devant chaque nom que je lisais je revoyais un visage, et mon cœur se serra en lisant celui de Mina Harker, une pointe de regret m’anima face à celui d’Arthur Holmwood, mon premier fiancé. L’homme avec lequel j’avais couché pour la première fois. Cet homme que j’aurais aimé, mais pour lequel j’avais ressenti qu’une brève amitié. Et enfin celui de Vlad Tepes, Dracula cet homme qui m’avait fait vibrer, qui m’avait consumé en me jouant la comédie de la passion avant de me vider de mon sang et me laisser pour morte dans mon lit. Les souvenirs défilaient, et ma colère grimpait en flèche envers ses personnes qui avaient rythmés ma première vie. J’en voulais tout particulièrement à mon pathétique fiancé qui n’avait pas su attiser mon amour et qu’il avait donc fini par me pousser dans les bras de Dracula. La voix de Durnik me sortait de mes sombres souvenirs et je relevais la tête vers lui. Ce dernier répondait à sa question seul, tandis que de mon côté je m’appliquais à revenir dans son bureau pour réussir à parler à nouveau. Refermant le livre pendant qu’il me parlait de la beauté de l’histoire je laissais échapper un sourire triste avant de pouffais un court instant :
« Je connais déjà l’histoire. »
Prenant une grande inspiration, je laissais mon doigt caresser la vieille couverture du bouquin pour sentir les lettres de mon premier tortionnaire naitre sous mes doigts :
« C’est la mienne »
Lâchais-je en posant le livre sur son bureau. Laissant échapper un léger rire bien que je fusse plus perturbée qu’amusée par la situation, je relevais les yeux vers lui :
« Mon nom est Lucy Westenra, je suis cette fille qu’il n’a pas réussi à transformer en vampire, enfin sauf si dans cette version-là de l’histoire le comte Dracula y arrive, mais en réalité ce n’est pas le cas. En réalité il m'a seulement vidé de mon sang. Je n'ai jamais saisi la beauté de l'histoire navrée ... »
Mon regard balayant les autres livres de son bureau je demandais :
« Qui est ce Bram Stocker ? Pourquoi a-t’il écrit sur ça ? »
J’avais rejoint Lucy dans mon bureau et je la regardais un moment avant de lui parler. Elle m’intriguait ainsi assise dans le fauteuil de mon bureau. Alors que je lui parlais de la beauté de l’histoire, je vis apparaitre un sourire triste apparaitre sur le visage de la jeune femme. Mon visage resta neutre et je croisais mes mains sur le bureau comme je pouvais le faire en consultation par ensemble.
« La votre ? »
J’avalais difficilement ma salive. Je savais qu’il y avait beaucoup d’histoires, de contes de ce monde qui étaient vraies mais je ne pensais pas que Dracula avait vraiment existé. C’était fascinant… Bon je ne devais pas le montrer.
« Je vois… »
Ma voix était neutre mais je commençais par mieux comprendre son comportement. Elle était une femme qui avait souffert plus que de raison visiblement. C’était étrange. Mais elle était en vie alors que normalement elle était morte dans l’histoire enfin dans cette version.
« Dans cette version là vous devenez un vampire et votre fiancé accompagné de Jonathan et Van Helsing vous a libéré en vous tuant. »
Je lui souriais un peu tristement. Je ne savais pas si ça pouvait lui remonter le moral mais en tout cas je ne devais pas lui mentir. C’était comme cela. Elle me demanda pourquoi Bram Stocker avait écrit cela. Je ne pouvais pas parler pour un autre homme. Je laissais mes yeux dans le vide et je m’appuyais contre le dossier de mon fauteuil.
« Je pense qu’il y a une morale dans cette histoire. »
Je reposais mon regard sur elle. Il fallait que je m’explique sur ce que je venais de dire.
« Dracula n’est pas qu’une bête. Il souffre de la mort de sa femme et fait des choix totalement dépourvus de sens. Quand il retrouve Mina il a l’impression de retrouver ce qu’il a perdu et c’est pourquoi il agit comme cela. Je me fais surement l’avocat du diable mais il y avait une très grande souffrance derrière la bête sauvage… »
Oui c’était ce que j’avais ressenti quand j’avais lu le bouquin.
« Quant à vous… Lucy… Vous êtes la première femme de la littérature à être indépendante. Vous avez inspiré des milliers de jeunes femmes et provoqué je pense de nombreuses révolutions. »
Oh oui Lucy était une féministe et je trouvais ça très drôle de me retrouver devant la première féministe du monde.
« Si ce livre vous gêne je peux le jeter. Certes le passé nous aide à nous construire à grandir… mais parfois il est aussi bon de le mettre de côté. »
Et puis ce n’était qu’un livre pour moi et je ne savais pas pourquoi mais j’avais l’impression que je me devais d’être les plus charmants et attentionnés avec elle comme si on forme me poussait à être avec elle quoi que je veuille.
La surprise se lisait sur le visage de mon hôte. Il ne s’était pas douté que je puisse venir de cette histoire. Il s’asseyait en face de moi pendant que je reposais le livre en démantelant certainement sa vision de l’histoire en lu présentant à façon dont ça s’était réellement passé, en tout cas avec moi. J’ignorais ce qu’il était advenu du reste des personnes qui avaient rythmé ma vie lorsque nous étions dans le domaine de Dracula, dans cette contrée nommée Transylvanie. Un lieu où je n’irais plus jamais. J’écoutais Durnik me racontait la version de Bram Stocker de mon histoire. Laissant échapper un léger rire, je sentais mes sourcils se hocher :
« Dans cette version au moins il se soucie de moi »
Lâchais-je avec une légère amertume. Mon fiancé avait été un homme parfait, mais il avait cédé quand il avait vu que je m’intéressais à Dracula. Il n’avait rien fait pour me retenir ou encore tenter de faire naitre une passion qui était absente depuis nos fiançailles. Un mariage d’arrangement, pas un mariage d’amour, y avait-il eu au moins un peu d’amitié entre nous ou était-ce qu’une pitrerie de plus de ma première vie ?
Mon hôte me ramena à lui en me disant qu’en son sens il y avait une morale à cette histoire. Fronçant les sourcils, je levais les yeux sur lui légèrement contrarié. Une morale. Je l’écoutais malgré mon envie de lui ordonner de se taire, je l’écoutais avant de laisser échapper un léger rire, un rire sombre :
« Navrée mais je ne suis pas capable de lui trouver des excuses pour ce qu’il m’a fait… »
Baissant les yeux je lui rendais son le moral plombé. Retenant un soupir j’écoutais ce dernier ma parler de mon personnage et sourirait timidement :
« Ah bon ? »
J’avais du mal à y croire, moi avoir inspiré des tas de femmes ? J’avais été la pire des connes en mon sens. Comment pouvais-je être un exemple ? Quoi que peut-être que les femmes avait appris qu’il valait mieux être fidèle plutôt que d’aller dans d’autre bras, même s’ils étaient plus sexy et ténébreux.
« Non, il est à vous, il ne sert à rien de le jeter. »
Répondais-je à sa proposition avant de croiser les bras contre mon buste en regardant les livres avant de demander :
« C’est pareil pour vous ? Vous aussi vous avez un livre qui conte votre histoire ? »
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Dim 8 Avr - 13:42
