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Nouvelles têtes
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Le retour de Carrie
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Lucy semblait perturbé par ce que j'avais dit sur le livre qui parlait d'elle. Elle semblait être un peu triste et ça m'embêtait. Je soupirais un peu et je me disais que j'aurai mieux fait de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler.
« La fiction n'est pas toujours le reflet fidèle de la réalité. »
La perception d'une histoire était propre à chaque personne. On pouvait les vivre, les ressentir autrement. Par contre, il était évident que j'avais fait un faux pas en lui donnant mon avis sur le personnage de Dracula.
« Je ne lui cherche pas des excuses. J'expose simplement mon ressenti. »
C'était difficile pour elle d'entendre mon point de vu. Je pouvais le comprendre. Après tout je n'avais pas vécu sa vie donc je ne pouvais pas la juger mais je me devais de lui montrer que ce qu'elle avait été n'était pas que mauvais.
« Et oui. Vous êtes une vraie féministe. »
J'avais toujours admiré Lucy dans cette œuvre. Elle était une femme qui savait ce qu'elle voulait et elle faisait toujours ce qu'elle voulait et c'était vraiment important. Savoir qu'une femme pouvait être forte ça avait fait du bien au genre littéraire. Enfin du moins, c'est ce que j'avais toujours pensé.
« Comme vous voudrez. Je le connais par cœur donc si jamais vous n'en supportez plus la vue, vous n'êtes pas obligé de me demander l'autorisation pour le jeter. »
Si ça pouvait la mettre à l'aise je n'hésiterai pas à le jeter. Peut être que je le ferai quand elle aurait le dos tourné. Je verrai cela plus tard. Je souriais quand elle me demanda s'il y avait des livres sur ma propre histoire. Il y en avait oui. Ça avait été difficiles pour moi de les lire. Ils avaient fait revivre de nombreux souvenirs en moi. Ça m'avait fait plaisir comme ça m'avait fait du mal. Je souriais un peu tristement à mon invitée.
« En effet il y a des livres... Disons qu'il y en a une dizaine. »
Je me levais de mon bureau pour en faire le tour et m'approcher d'elle et de la bibliothèque.
« Ceux sont ceux-ci. »
Je lui montrais les dix livres sur l'étagère. Ça avait été étrange de trouver des livres sur moi. Je les avais lu et je les avais trouvé fidèle à la personne que j'étais. Tout l'amour que j'avais eu pour Pol est dans ces bouquins. Je souriais à mon invitée. Quelque chose me disait qu'elle aurait besoin de les lire pour en apprendre plus sur moi et sûrement pour me faire confiance. Je devais me montrer patient. De toutes les façons, j'avais l'éternité à attendre.
La fiction n’est pas toujours le reflet de la réalité. C’était ses mots. Ils étaient lourds de sens et je me doutais qu’il avait raison. Une part de moi savait que c’était vrai après tout je ne pouvais pas faire autrement. J’avais bien vu que dans ce livre tout n’était pas totalement véritable. De là à accepter l’idée que Dracula était un homme bon à qui il était arrivé de mauvaise chose fallait pas non plus abuser. Durnik continuait de me donner son point de vue et je me contentais de soutenir son regard sans lâcher le moindre mot. J’entendais son point de vu, ce n’était pas non plus la peine d’épiloguer là-dessus pendant une éternité. Je n’allais pas garder mon calme éternellement. Il dévia mon attention en me complimentant sur mon attitude de féministe. J’avais du mal à me voir ainsi, mais en même temps dans notre monde la définition du féminisme devait être légèrement différente aussi je ne m’insurgeais de rien, je préférais attendre de lire la définition avant de lui faire la moindre remarque. Je me contentais donc de lui sourire en hochant la tête avec un signe d’entente.
Il proposait de détruire le livre et étrangement ma première réaction avait été d’être horrifiée par cette alternative. Je détestais ses sentiments que Dracula pouvait créer en moi. Depuis qu’il était entré dans ma vie, il était un ras de marrée, un ras de mare mortel qui avait remis en question beaucoup de chose. Encore maintenant je sentais son emprise sur moi, uniquement avec un simple livre.
« D’accord merci »
Finissais-je par dire sans cesser de regarder le livre du seul homme que j’avais aimé par-delà la raison. Je n’allais pas le jeter, j’allais le lire. Je voulais comprendre. Je voulais savoir ce qu’on avait dit sur mon histoire et ma vie. En revanche, je ne voulais pas que Durnik me voit étudier cet ouvrage. Pourquoi ? Certainement pour ne pas subir d’interrogatoire. C’était ma vie, elle m’appartenait tout comme ma pensée.
Afin d’étayer ma curiosité, mais surtout de détourner la conversation vers un sujet plus léger je demandais si lui aussi il avait des livres à son effigies et il alla m’en chercher une dizaine.
« Oh ça en fait des choses à raconter »
Notais-je en regardant les couvertures.
« Sont-ils fidèles à la réalité ? »
J’étais complètement dépassée par cette notion de livre écrit pour parler d’un passé qui aurait dû rester dans notre jardin secret, cette pensée me poussa à demander à voix basse :
« Y a-t-il un livre sur Barbe bleue ? »
C’était sans doute la partie qui me faisait le plus peur, Barbe Bleue mon époux, car oui il était l’homme que j’avais épousé était toujours mon époux quoi que j’en dise …
Lucy semblait aimer la lecture. Elle aurait de quoi faire ici chez moi. De plus j’achetais souvent de nouvelles œuvres. J’aimais passer du temps à lire. Cela me permettait de me reposer et de ne plus penser à rien. La lecture était une échappatoire à la vie qui était parfois un peu trop dure ou réelle. De plus j’avais été surpris de voir qu’on avait raconté ma vie dans des livres. Mais ce qui m’avait surpris le plus c’était la fidélité de la chose à croire qu’ils avaient été écrits pas quelqu’un que je connaissais. Je regardais Lucy toucher aux livres et je souriais. j’avais assez confiance en elle pour lui confier mon histoire. C’était étrange. Vraiment étrange comme sentiments.
« Oui ils le sont. Il sont fidèles peut être même un peu trop parfois. »
Je souriais un peu tristement. Il y avait des aspects de ma personnalité dans ces livres que j’aurai aimé passer sous silence mais d’un autre côté ils étaient aussi ce que j’étais donc au fond peut être que c’était un mal pour un bien. Lucy me demanda alors s’il y avait un livre sur Barbe bleue. Oui je l’avais lu il y a longtemps.
« Barbe bleue... »
Je passais une main dans ma barbe avant de me diriger vers la bibliothèque. Je passais mes doigts sur différentes couvertures : Orgueil et Préjugés, Raisons et Sentiments, Le Songe d’une nuit d’Eté, Hamlet… Jusqu’à finir par arriver sur le livre que je cherchais pour Lucy.
« Ah le voilà ! Tenez. »
Je le sortais de la bibliothèque puis je le tendais à Lucy. Je ne vis pas immédiatement le trouble dans ses yeux. Je ne l’aperçus que lorsque je me rasseyais à mon bureau. J’osais alors lui poser une question :
« Une de vos connaissances ? »
Je ne voulais surtout pas la mettre mal à l’aise mais j’avais aussi besoin d’un savoir un peu plus sur elle. Si je voulais que ça marche il fallait que ça soit dans les deux sens. Elle ne devait pas avoir de secret pour moi ou du moins pas de gros secrets. Je ne voulais pas tout savoir d’elle mais juste les grandes lignes. Après tout je ne connaissais rien d’elle et elle pouvait très bien être une Milady de Winter par exemple. Non Durnik, tu lis beaucoup trop de livre et puis elle ne pouvait pas être mauvaise. Au fond de toi, tu le sentirais si elle était mauvaise.
Laissant un sourire étirer mes lèvres je regardais la couverture des nombreux ouvrages qui parlaient de la vie de l’homme qui m’accueillait et demandais avec un air légèrement taquin :
« Vous avez donc de sombre secret qui sont révélés dans ses ouvrages ? ou juste une facette peu gracieuse que vous préfériez cacher au monde ? »
Automatiquement, je sentais mon regard se détourner vers le livre qui portait le nom du seul homme que j’avais aimé. Je pouvais faire ma maline je ne valais pas mieux. Du peu que j’avais parcouru dans ce livre, j’avais pu constater que le portrait qu’on me dressait était pas vraiment glorieux. Cependant, je ne méritais pas qu’on cache la vérité au profit d’une vérité plus acceptable. Superficielle, bornée, orgueilleuse, capricieuse et légèrement nymphomane, je l’avais été avant de devenir l’animal sauvage et dangereux que j’étais devenue.
Cependant il y avait une chose que je savais qu’importe ce que ce Bram Stocker avait écrit il n’avait pas tout révélé sur moi. Sinon pourquoi est-ce que l’histoire de Barbe bleue n’était-elle pas reliée à celle de Dracula ? D’ailleurs avait-il un récit dédier à ses exploits ? Face à cette question je préférais la poser avant de prendre le risque de me retrouver face à face avec un livre portant le nom de mon second bourreau et de l’homme qui devait encore rêver de m’accrocher à son mur en compagnie de ses six autres femmes. Visiblement, mon mari avait bien un livre à son effigie car Durnik commençait sa recherche tandis que j’étais prise d’une bouffée de dégout. C’était la première fois depuis bien longtemps que je n’avais plus songé à ce mari que j’avais pris pour sauver les fesses de la fille de la famille qui m’avait logé pendant ma recherche d’identité.
Après quelques secondes de recherche il annonça qu’il l’avait trouvé et je sentais le poids de mon passé peser sur mes épaules. Face à ce nouveau livre je sentais un trouble bien différent de la curiosité que j’avais ressenti en trouvant celui de Vlad. JE laissais la question de Durnik en suspend pendant une bonne minute tandis que mon visage se tordait de dégout face à la page de garde du livre de Charles Perrault.
« Mon mari »
Lâchais-je en un souffle de dégout comme si c’était la pire insulte qu’il existe. L’ouvrage était moins long que celui de Dracula et étrangement il me dégoutait plus que celui de mon premier amour.
« Je suis la septième femme qu’il a épousée et la seule qui lui a échappé, mais vous devez certainement le savoir vu que vous possédez ce livre… »
Laissant un rire sombre s’échapper de mes lèvres, je me laissais m’enfoncer dans le siège de Durnik en continuant de regarder les deux ouvrages de ma vie l’un à côté de l’autres.
« Je n’ose même pas imaginer ce que vous pensez de moi maintenant »
Me mordant la lèvre, je relevais mes grands yeux bleus vers lui en ajoutant :
« Vous devez certainement regretter de m’avoir recueilli ? »
Lucy semblait tout à coup beaucoup moins sûre d’elle. Elle était triste et je pouvais lire à son visage que c’était en rapport avec les histoires dont nous avions parlé. Elle était donc déjà la fameuse Lucy, elle sublime et envoutante rousse qui avait mis le grappin sur un vampire avant de succomber. Mais qui était-elle dans cette histoire ? Barbe bleue. C’était un homme sanguinaire. Je ne l’avais jamais aimé et me dire qu’il vivait vraiment me faisait froid dans le dos. Je l’écoutais me parler et j’eus un pincement au coeur quand elle m’avoua qu’elle était la septième épouse. Donc elle avait été mariée deux fois. Cela me gênait et pourtant je ne savais pas comment l’expliquer. Un jour je comprendrais que c’était de la jalousie mais pour le moment je ne voyais rien du tout à part le fait qu’elle me semblait très voire même trop jeune pour avoir été mariée deux fois déjà. Je fus sorti de mes pensées quand elle fit une affirmation qui m’arracha un petit rire.
« Je ne regrette rien. »
Ce n’était pas mon genre de regretter des choses.
« Je le répète Lucy vous êtes la bienvenue ici. Cette maison est désormais la votre et vous ne me devez rien. »
Je ne voulais pas qu’elle pense que j’allais lui demander quelque chose en échange parce que c’était totalement faux. Elle était libre de ses mouvements et elle pouvait faire tout ce qu’elle voulait sous mon toit. Bon bien sur elle ne devait pas ramener d’homme ici parce que bon j’avais quand même une petite fierté mais je ne me sentais pas du tout de lui donner des consignes. Elle était assez grande pour savoir quoi faire et puis je me doutais qu’elle ne ferait pas une telle bourde. Elle avait assez de savoir vivre. Je reposais mon stylo sur mon bureau et je rangeais les papiers que j’avais dérangeais.
« Tout le monde à son passé qu’il soit bon ou mauvais.C’est ce passé qui forge notre avenir. Je n’ai pas à vous juger tout comme vous ne me jugerez pas j’en suis certain. »
Je me levais alors de mon bureau et je sortais de la pièce tout en lui adressant un sourire. Elle était chez moi et quelque chose s’apaisa dans mon coeur. Je ne savais pas du tout pourquoi j’avais fait cela et je présentais que j’aurai beaucoup de soucis avec Lucy mais je ne regrettais en rien ma décision loin de là même.
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Lun 4 Juin - 16:24
