Je t’emmerde. Voilà ce que j’avais eu envie de sortir à ma mère mais je n’en avais pas pris la peine, je m’étais ruée à l’extérieur et je m’étais jetée dans les bras de mon père. Je m’étais blottie dans ses bras avant qu’il ne comprenne par ma joue rougie que j’avais eu le droit à une gifle de la part de madame le Maire. Comme je m’en doutais, papa était furieux. Depuis mon enfance, j’avais toujours eu un lien très fort avec mon père, il m’avait appris tellement de choses merveilleuses et j’avais beaucoup pleuré quand mon père et ma mère s’était séparés et que j’étais obligée de vivre avec ma mère. Depuis le jour où papa avait été « viré » de la vie de maman et qu’elle m’interdisait de le voir, je lui en voulais énormément et c’est pour ça que je me montrais méchante avec elle. Après tout, elle était la seule fautive, qu’elle s’en veuille à elle plutôt qu’à moi. Et quoi qu’elle fasse, elle n’arriverait pas à me changer, je portais fièrement le nom de Locksley et grâce à moi, papa allait mieux et ça, il faudrait qu’elle s’y fasse. Elle ne pourrait m’empêcher de passer du temps avec lui même si le plus souvent, je faisais le mur pour aller le voir.

Elle avait eu la garde exclusive parce qu’elle était maire de Storybrooke et crainte de tout le monde, c’est pour ça mais si papa avait pu, je suis sûre qu’il l’aurait eu mais vu la garce qui me sert de mère, cela aurait été en vain. La main dans celle de mon père, je me tenais derrière lui alors qu’il haussait le ton fasse à ma mère. Et voilà qu’elle le reprenait aussi. Etrangement, ça me rappelait mon enfance quand je me cachais dans l’escalier quand ils hurlaient l’un sur l’autre. Mais je n’étais plus une enfant, et je ne voulais plus ne pas réagir. Maman venait vraiment de parler d’une procédure d’éloignement ?

« Si tu oses faire ça maman, je te jure que je me casse et que tu me rêveras plus jamais ! J.A.M.A.I.S ! Papa à le droit d’être là si moi je le veux. »

Lorsque ma mère me demanda encore une fois d’aller me changer, j’avais envie de lui répondre mais je compris par le regard de papa que je ferais mieux de l’écouter et me résigna à passer derrière ma mère avant de monter dans ma chambre et de changer ma tenue actuelle contre une robe grise, que j’assortis d’une ceinture caramel et d’une paire de bottines à talons noires. Une veste de blaser par dessus, je détache mes cheveux, enfile mes lunettes et redescends en bas alors que mes parents sont encore en train de s’engueuler.

« J’ai le droit de rester là si ça me chante maman, je crois que t’as oublié que j’ai tout autant le droit d’être avec mon père qu’être avec toi. Et tu sais quoi ?… » j’approche mon visage du sien « Où crois tu que je vais le vendredi soir quand tu me penses à faire mes devoirs à la bibliothèque ? Tu ne peux pas me retenir captive et ça te fais chier de ne pas avoir le contrôle sur moi. »

Je m’approche de mon père.

« Elle sait pour Adie papa, et j’ai cru qu’elle allait mourir sur place. »  

Les travaux, les petits soucis inhérents à cela et au bar quelque peu en perdition. Venait s'ajouter à cela les crises entre mère et fille. Margot entrait de plein pied dans l'adolescence, certainement l'une des périodes les plus compliquée à gérer pour tout bon parent qui se respect. Du-moins quand il le peut. Ne voyant Margot qu'à de rares reprises, je ne pouvais prétendre à une parfaite gestion de crise. Pour l'heure, c'est une autre crise qu'il me fallait gérer et autant vous dire qu'il me serait difficile de prendre des gants, hormis de boxe pour celle-ci. « - Tu veux que je te fasse une révérence aussi ? » lançais-en pliant le genou face à... celle dont on ne doit prononcer le nom. « - Désolé, mais les politesses avec toi c'est pas mon truc ! » Margot glissa sa main dans la mienne et se posta derrière moi. Honteux, je l'étais, car j'aurais quand même préféré lui éviter cette situation. Et voilà qu'elle parlait de mesure d'éloignement. Mon cœur en prit un coup, tandis que Margot, plus sanguine que moi de toute évidence, monta vite en créneau pour faire entendre sa voix. Je devais la calmer, cela n'était pas le bon moment. « - Margot, s'il te plaît ! Calme-toi ma puce ! » Ma voix et mon attitude s'étaient considérablement adoucie à son contact avant de repartir de plus belle pour affronter le dragon. « - Évite les menaces de bon matin, tu veux ! J'ai encore le droit de voir ma fille aux dernières nouvelles non ? Et pour ce qui est de mon langage, j'ai encore le droit de m'exprimer à ma guise et de te faire savoir que je t'emmerde. » Oui, c'est vrai, j'avoue que niveau réparti, j'ai fait mieux, mais là au vu de l'urgence de la situation, je m'exempte de la moindre inspiration.

« - Non sans blague, tu ne maîtrises pas les intempéries ? Mince alors, moi qui pensais que tu avais tous les pouvoirs ! Déception quand tu nous tiens ! » Et alors que je pensais tenir le bon bout, bien malgré nous, Margot trahit notre petit secret du vendredi « - Ma puce ! » fis-je entendre « - Le principe d'un secret c'est de le garder pour toi. » Et en pleine confiance, elle se rapprocha à nouveau de moi et me fit savoir avec aplomb qu'elle avait avoué un autre de ses secrets à sa mère. Surprit, je ne pus m'empêcher de poser mon regard sur sa mère, juste pour avoir confirmation. « - Ok, je vois. Je suis là pour faire tampon c'est ça ? »

Parfois, je me disais que si j’avais écouté ma mère, je n’aurais pas tous ces problèmes. En ne me mariant avec Robin, je n’aurais pas eu Margot qui aujourd’hui me rendait chèvre, et je n’aurais pas eu affaire à un ex complètement taré qui me parlait plus mal qu’à un chien. Et pourtant, sans doute un petit côté masochiste, mais je ne regrettais pas ce passé. J’avais été heureuse quelques temps avec Robin, et j’avais été au comble de la joie quand notre fille était venue au monde. Et soudain, quelques années plus tard, tout avait été de mal en pis, sans que nous n’ayons ni l’un ni l’autre eu l’opportunité de pouvoir arranger quoi que ce soit.

Mon ex mari s’était invité, ou plutôt avait profité de l’invitation de sa fille, et étai désormais devant moi. S’il était bien une personne que je ne voulais absolument pas voir, c’était bien lui. Pourtant, il se trouvait là, face à moi et prenait un malin plaisir à mal me parler, un peu comme sa fille. Les chiens ne font pas des chats. Je ne voulais tellement pas voir cet idiot d’ex mari adultère que j’en venais à le menacer avec une procédure d’éloignement. Ma fille commença à monter sur ses grands chevaux, provoquant mon agacement.

- Cette maison est à moi, Margot, à moi, pas à toi, et si je ne veux pas d’individus indésirables, dont ton père fait partie, aux abords, je prendrai les mesures que je veux ! Fin de la discussion.

Je lançai un regard noir au géniteur de ma précieuse fille.

- Si tu veux voir Margot, tu te débrouilles pour le faire en dehors de chez moi ! Je te signale que c’est toi qui t’incruste chez moi sans ma permission, et je prends ça comme une agression parce que tu arrives sur tes grands chevaux en me criant dessus, comme si tu avais le moindre droit à la parole concernant la manière dont j’éduque ma fille. Parce que oui, contrairement à toi, moi j’essaie de lui donner une éducation !

Voilà qu’il recommençait à être grossier. Je roulai des yeux avant de le foudroyer du regard.

- Quelle galanterie, c’est ça qui m’a tout de suite plu chez toi ! C’est vrai, tu m’emmerdes ? Mais personne ne le fais mieux que toi, très cher ! Lâchais-je d’un air dédaigneux. Par ailleurs, je t’ai connu plus imaginatif, tu me déçois.

A ses accusations quant aux travaux, je n’avais fait que répondre la stricte vérité : il fallait les faire sans quoi la chaussée se serait trouvée dangereuse, ce à quoi il me répondit une absurdité dont lui seul avait le secret.

- Bravo, lançai-je en applaudissant trois fois. Très mature, tu m’impressionnes.

Margot avait finalement obtempéré et s’était changé. J’étais soulagée, on ne parlerait pas de ma fille dans son dos en la qualifiant de gourgandine. C’est alors qu’elle mit sur le tapis une chose que j’ignorais. Je compris bien vite que le vendredi soir, ses soit-disant révisions n’étaient qu’un stratagème pour aller retrouver son père. Là, c’était pire que tout. J’étais blessée à un point… J’avais envie de pleurer. Ma fille me mentait. Quelle soit insolente, encore, je pouvais comprendre, elle était en pleine crise d’adolescence, son père lui manquait, j’étais peut-être un peu sévère… Mais elle me mentait ! Depuis quand ? Même si elle était impertinente, je pensais qu’elle me respectait au moins un peu, mais apprenant qu’elle se jouait de moi depuis… depuis combien de temps d’ailleurs ? Mon coeur de maman volait en mille éclats. Et Robin cautionnait ça, apparemment c’était leur « petit secret ». Bouche bée, je les regardais l’un et l’autre, avant d’encrer un regard noir sur mon ex.

- Et toi ! Toi, tu encourages ta fille à mentir à sa propre mère ? Je te savais un vile manipulateur, menteur, tricheur, mais jamais je n’aurais cru que tu aies un jour la bassesse de faire ça !

J’étais bien plus émue que je n’aurais voulu le leur montrer. Mais hélas, ma voix me trahissais. Je regardais à nouveau ma fille.

- Et toi, Margot… tu me déçois, tu me déçois terriblement. Sache que je suis ta mère, que je t’aimerais toujours quoi que tu fasses, mais qu’aujourd’hui, tu as brisé quelque chose. Maintenant, va dans la voiture.

Elle remettait sur le tapis cette Adie, sa petite amie, apparemment. J’étais presque sure qu’elle faisait ça pour me provoquer. Mais je n’en savais rien, j’étais bien trop chamboulée pour avoir les idées claires. En tout cas, elle semblait heureuse de me voir déçue par son comportement et ses révélations. Robin, quant à lui, se donnait un peu trop d’importance.

- Ne rêve pas, Robin, ne te donne pas plus d’importance que tu n’en as… dis-je avec une voix un peu trop incertaine à mon goût.

Je n’avais qu’une envie, me terrer dans un trou et pleurer sur ma vie de famille minable.

Je ne quittais pas ma mère des yeux, je retenais mes larmes. Oui, je me rendais compte que j’étais allée trop loin. Quelque chose en moi me disait que maman avait de la peine. Je la foudroie du regard. Si elle osais mettre en place une procédure d’éloignement pour que papa ne puisse plus venir, je lui en voudrais plus que je ne lui en veux actuellement. A ses paroles, je ne répondis rien. Je n’avais pas envie de répondre, je ne savais pas quoi répondre d’ailleurs. Après ça, j’étais montée dans ma chambre et je m’étais changée comme me l’avais demandé maman, sous le regard de papa.

J’étais revenue vêtue plus simplement et apparemment, ça semblait correspondre à ce que voulais ma mère. Je lui avais tout dit. Je lui avais avoué que le vendredi soir, je me rendais au bar de papa alors qu’elle me pensait à la bibliothèque, je m’étais presque montrée agressive envers elle et apparemment papa était d’accord avec ce fait, il m’avait de me calmer, je l’avais regardé et je lui avais un petit sourire que lui seul me connaissait. Mon regard croisa celui de ma mère alors que je me tenais aux côtés de mon père. Elle me disait que je l’avais déçue. Que j’avais brisé quelque chose. Mes yeux bleus se perdirent sur le visage de ma mère, je voyais bien que j’étais allée trop loin.

« Il ne m’a poussée à rien du tout maman. C’est moi seule qui ait choisie d’aller le voir sans te le dire. Il ne m’a rien poussée à faire maman. C’est de mon propre gré que je l’ai fait. » lui dis-je simplement avec calme.

Je posais mon regard sur papa, puis à nouveau sur maman et à nouveau sur papa. J’avais moi aussi envie de pleurer parce que cette situation me rappelait un peu trop ce que j’avais vécue quand j’étais petite quand maman avait découvert ce que papa avait fait et qu’ils s’étaient engueulés. Je m’en voulais. Peut-être qu’au fond, ce qui se produisait était de ma faute. Je n’aurais pas dû embêter papa. J’aurais dû simplement obéir à maman et faire genre que j’acceptais le situation mais je ne pouvais plus faire semblant, je ne voulais plus faire semblant.

Soupirant, je rentrais à l’intérieur pour prendre mon sac à dos avant de la passer sur mon épaule et repassant vers ma mère.

« Quand comprendras-tu que moi aussi je suis là maman ? Quand comprendras-tu que je veux juste que papa fasse partie de ma vie ? je l’aime maman. je t’aime aussi mais j’ai l’impression que tu me comprends plus. Regarde, j’en ai eu la preuve tout à l’heure. Je… »

Voyant le regard de maman, je compris qu’il fallait mieux que je me taise. Passant devant ma mère, je vins poser un baiser sur la joue de mon père avant de murmurer.

« Je suis désolée de t’avoir fait venir papa. Je viendrais te voir tout à l’heure. »

Descendant les marches du porche, je me rends jusqu’à la voiture de maman avant de monter du côté passager alors que mon regard ne quitte pas mes parents tandis que je mets mes écouteurs pour lancer la musique de mon Ipod.   

 C’était tout simplement invivable, cette situation était horrible, je ne la souhaitais à personne. Revoir Robin en face de moi me rappelait sans cesse ce qu’il avait fait, ce qu’il avait osé me faire alors qu’il prétendait m’aimer et que nous avions un enfant. Et le pire dans tout ça, c’était que ma fille le défendait, toujours, envers et contre tout. Tout ce qu’elle voyait, c’était que je l’avais mis à la porte. Elle ne se rendait pas compte des souffrances que j’avais traversées, combien ça avait été dur pour moi de vivre ça. J’aurais aimé qu’elle me comprenne davantage mais d’un autre côté, peut-être que de ne pas comprendre lui permettait de ne pas souffrir, d’être préservée de tout ça. Je préférais être la seule à en pâtir, je ne souhaitais aucun mal à ma fille, bien au contraire. Alors tant pis, elle me verrait toujours comme l’horrible mégère qui avait jeté son père dehors, mais au moins elle n’aurait pas la terrible désillusion de comprendre que son père avait trahi sa mère.

Voilà à présent que père et fille s’escrimaient à me faire comprendre que Margot avait, en parfaite connaissance de cause, délibérément menti pour aller en cachette retrouver son père tous les vendredis soirs. J’étais outrée, choquée, anéantie d’apprendre que ma propre fille me mentait depuis tout ce temps. Avait-elle si peu de considération pour sa propre mère ? Je croisais les bra,s profondément peinée.

- Et ce petit manège dure depuis combien de temps ? J’aurais dû me douter que tu ne pouvais pas être assez bête pour passer autant de temps à réviser et avoir quand même des résultats aussi médiocres…

Je soupirai de déception. Qu’avais-je fait pour mériter ça ? Robin osa encore une fois prendre la parole et à ce moment-ci, si mes yeux avaient été des mitraillettes, il serait mort transpercé par des milliers de balles.

- Ne t’avise plus jamais de me dire de la fermer, misérable ! Tu ne l’as pas encouragée ? Vraiment ? En tout cas tu ne l’as pas dissuadée, tu ne lui as pas dit de dire la vérité à sa mère, et pire encore, tu l’as laissée venir dans un établissement interdit aux mineurs. Félicitations, tu es à n’en pas douter le père de l’année !

Je les regardais tour à tour, ils ne semblaient voir que ce qui les arrangeait.

- Vous êtes vraiment incroyables tous les deux ! Je ne vous interdis pas de vous voir ! Je ne veux juste pas que tu ramènes ta carcasse d’ivrogne infidèle sous mon toit, et je ne veux pas que tu incites ma fille à la débauche. Alors si tu veux la voir, tu l’emmènes dans des endroits recommandables, pas dans ton minable pub de quartier.

Je secouai la tête, complètement abasourdie. Voilà qu’il lui parlait comme si elle avait quatre ans, et le pire dans tout ça, c’était qu’elle obtempérait. Si je m’étais amusée à lui parler de la sorte, Margot m’aurait sûrement vociféré au visage qu’elle n’était plus une enfant. Enfin, Robin dit quelque chose de sensé, il expliquait à sa fille qu’elle devait faire ce stage, ce que ce serait utile pour son futur, et finalement, ma princesse obéit et finit par rejoindre la voiture. Les bras m’en tombaient. Je la regardai s’éloigner tandis que Robin restait planté devant moi. Je posai finalement mon regard sur lui. Comment avions-nous pu en arriver là ? D’un amour si passionnel et inconditionnel à une haine si féroce ? A son tour, il tourna les talons.

- Robin… commençai-je, poussée par je ne sais quelle force idiote. Je… merci de lui avoir fait entendre raison.

Je ne quittais pas ma mère des yeux avant de reprendre la parole, consciente que j’étais sans doute allée trop loin, que ce n’était pas une bonne journée qui s’annonçait. Que je m’étais pas levée du bon pied comme on dit mais c’était de plus en plus courant en ce moment.

« Depuis le début du premier trimestre. » énonçais-je à ma mère, maintenant incapable de lui mentir. Et comme nous étions au début du troisième trimestre, je la laissais compter. Cela faisait plusieurs mois. J’eu envie de lui tirer la langue lorsqu’elle énonça que je n’étais pas assez bête pour autant réviser et avoir des notes catastrophiques. Y’avait qu’en tir à l’arc et en sport que j’avais de bons résultats. Poussant un soupir, je vins à faire comprendre à maman que c’était moi et moi seule qui avait décidée d’aller voir papa les vendredis soir et ça n’avait rien arrangé du tout.

Je n’osais plus rien dire en voyant que j’avais l’impression de ne rien arranger à chaque fois que je prenais la parole. J’avais pris mon sac et j’avais embrassée mon père, me blottissant dans ses bras. Consciente que je le reverrais de toute manière et avait approuvé sa demande d’un simple signe de tête. J’allais faire le stage même si ça voulait dire côtoyer ma mère toute la journée et le soir et si ça présageait également une punition à la hauteur de mon attitude et connaissant ma mère, quand elle disait punition, ce n’était pas à moitié même à l’approche de mes seize ans. Quel malheur que la majorité soit à 21 ans en Amérique. Finalement, j’étais allée attendre maman dans la voiture et j’avais regardé papa partir. J’avais mis mes écouteurs dans mes oreilles et lancée ma playlist alors que maman me rejoignait dans la voiture.

Je tenta un regard vers elle avant de me contenter de regarder le paysage extérieur quand elle posa son regard sur moi, sentant que ça n’allait pas être une très bonne journée pour moi. Le mieux que j’avais à faire encore, c’était de rester avec mes écouteurs dans les oreilles et espérait que ma mère ne soit pas trop « cruelle » avec moi pendant cette première journée de stage. La voiture démarra et ma mère quitta l'allée, direction la Mairie.    

J'avais mal, autant qu'un animal blessé qui se prend les phares d'une bagnole en pleine poire, avant de pousser son dernier souffle. Regina avait raison, comment pouvais-je lutter contre ça. J'avais commis des erreurs, beaucoup d'erreurs, tellement que je ne pouvais décemment prétendre au titre de père de l'année, c'était évident. Commençons par l'éducation ! J'arrivais à peine à tenir mes fins de mois. Certes, j'étais propriétaire, mais les charges, les salaires, ainsi que tout ce qui était inhérent au bar, me coûtais cher et les rentrées étant moindres, je ne pouvais prétendre à vivre aussi bien que mon ex-femme. Je ne pouvais lui en vouloir, elle avait travaillé pour ça, avait, je suppose, trimé, comme tout à chacun pour avoir ce poste. Je ne pouvais de ce fait, être amer à son encontre. Finalement le seul fautif, c'était moi et moi seul. Et de ce fait, je devais en payer le prix, tout en pensant avant tout, au bien de Margot et si pour cela, je devais abaisser la tête et accepté de me prendre toutes les insultes de sa mère en pleine tronche, je l'acceptais. Pour Margot, rien que pour elle, cette magnifique petite fille qui faisait ma fierté, ma seule vraie réussite dans ce monde et bon dieu que je l'aimais jusqu'à me renier moi-même. « - Hey, tu te calmes deux secondes hein. Déjà pour commencer, elle n'est pas venue au pub, mais chez moi. Je suis peut-être bête, si ça te fait plaisir de le penser, mais pas au point de laisser notre fille entrait dans le pub, du moins pendant les horaires d'ouvertures.

Tour à tour, elle nous regardait, l'espace d'un instant, j'avais l'impression de retourner à l'école et d'être pris la main dans le sac par l'institutrice, bien décidé à me sermonner. Ce rôle allait parfaitement à Regina, n'en doutons pas ! Sauf que les pédagogues ne cherchent pas délibérément à blesser leurs élèves, enfin, je crois. « - Hey redescend de tes grands chevaux, tu veux ?! Je n'ai pas bus une goutte depuis cinq ans... Et puis merde, je ne vois pas pourquoi j'essaie de me justifier avec toi, de toute façon quoique je fasse, ça n'est jamais bien » Cora devait être contente, elle qui depuis le début, me considérais comme un raté notoire. Quelle connasse celle-là ! « - Bref, j'ai donné pour aujourd'hui » Puis, par la suite, je me suis pourvu de raison, non sans mal pour convaincre Margot d'être polie et d'écouter son odieuse mère. C'est dans ces moments-là, que je pense gérer et que je prends très au sérieux mon rôle de père. Ma petite puce, ayant grandi trop vite, accepte la dernière étreinte et rejoint la voiture, tandis que moi, le cœur lourd, je rejoins ma moto avant d'être arrêté dans ma course.

« - Si c'est pour me rabaisser encore, passe ton tour ! » dis-je en m'asseyant « - J'ai donné pour aujourd'hui » Et là ô miracle, un « merci » semble sortir de sa bouche pulpeuse. « - Je suis peut-être un raté pour toi, mais je fais quand même ce que je peux pour être un bon père. Elle doit faire ce stage, alors qu'elle le fasse. » J'enfile alors mon casque actionne la pédale « - Et juste pour ta gouverne, je ne t'ai pas trompé. » Mais pourquoi tu dis ça ? Tu n'en ai peut-être même pas sûr. Démarre et tire-toi, c'est préférable. Et c'est ce que j'ai fait, tel un chevalier solitaire, ivre de nouvelles aventures.

Margot était partie dans la voiture, obéissant enfin, et c’était le coeur lourd que je la regardais s’éloigner, comme une horrible métaphore de notre relation. Elle s’éloignait de moi depuis si longtemps pour se rapprocher de son père. Pourquoi ? Je ne parvenais pas à comprendre. Pourtant, ma fille était intelligente, comment pouvait-elle se faire berner par le cliché du « gentil parent » qui accepte tout pour se faire mieux apprécier ? Ne voyait-elle pas que tout ce que je faisais, je le faisais pour elle ? Visiblement non. Mais pourtant, j’avais l’intime conviction que c’était ainsi qu’il fallait procéder.

Je passais alors toute ma rage sur son père, cet homme que je voyais depuis un peu plus de cinq ans sous un autre jour, qui était passé en un claquement de doigts du soleil de ma vie à la pire raclure qui soit. Comment avais-je pu autant me tromper sur lui ? Ma mère avait raison depuis le début, aveuglée par l’amour, je ne voyais rien. Je ruminai à présent ce que je venais d’apprendre et qui m’avait mise à terre. Ma fille me mentait depuis des mois, ma propre fille ! Même moi je n’avais pas fait cela à ma mère, et pourtant, dieu sait que nous avions des relations autres que conflictuelles, c’était un euphémisme. Robin me rassura au moins sur un point, il ne la faisait pas aller dans son pub. Ceci dit, pouvais-je le croire ? Après tout, il mentait comme un arracheur de dents, depuis cinq ans et demi il essayait de me faire croire qu’il ne m’avait pas trompée alors que tout s’accordait à faire penser le contraire, y compris les rumeur. Ma mère avait raison, il n’y a jamais de fumée sans feu. Mais d’un autre côté, j’aurais entendu des ragots si ma fille avait été aperçue dans un pub. Robin se débattait encore, essayant de contrer mes arguments et je le regardai, sourcils froncés.

- Je n’ai que faire de tes foutues justifications, c’était il y a cinq ans et demi qu’il fallait bien te comporter. Tant mieux si tu es guéri, et ne t’avise pas de replonger.

Finalement, je réalisai que c’était grâce à lui que Margot avait obtempéré, et comme je voulais lui montrer que moi, j’étais capable de politesse même envers quelqu’un que je détestais, et que je savais reconnaître les points positifs, je le remerciai tout en avançant à mon tour dans l’allée. Il s’installa alors sur sa moto – comme je détestais ces engins !- et m’objecta qu’il ne m’avait pas trompée, tandis que je posais ma main sur la poignée de ma portière. Cette phrase m’arrêta dans mon élan quelques secondes. Pourquoi essayait-il encore une fois de nier ce que tout le monde savait ? Je ne pris pas la peine de répondre et entrai dans ma Mercedes, bouclai ma ceinture et mit le contact.

Le trajet, certes court en voiture, jusqu’à la mairie fut silencieux. Margot avait ses écouteurs dans les oreilles, et moi je ressassais sans cesse cette conversation. Nous arrivâmes finalement et sortîmes de la voiture. Claquant la portière, je regardai ma fille.

- Bien, je n’ai pas envie de t’avoir sous le nez aujourd’hui, il va me falloir un peu de temps avant de tolérer ta présence, alors tu seras au standard de l’accueil avec Amélie. Gare à toi si j’apprends que tu as fait des siennes. Sois exemplaire et ne me fais pas honte. Si tu désobéis, crois-moi, tes menaces de te tirer sans que je ne te revoie, c’est moi qui les mettrai à exécution en t’envoyant en pension très loin d’ici jusqu’à ta majorité.

Voilà qui la ferait peut-être réfléchir.

- Je veux que tu apprennes qu’un lieu de travail n’est pas une cour de récréation. Fais preuve de sérieux s’il te plaît.

Puis, sans attendre, j’entrai dans la mairie, déverrouillant la porte puisque j’étais, évidemment, la première arrivée.

Le coude posé sur la portière de la voiture, je regardais le paysage défiler. Le trajet certes court jusqu’à la mairie fut silencieux. Ma mère me laissait tranquille avec ma musique et je dois dire que malgré la chanson de Rachel Platten qui s’écoulait dans mes oreilles, je ne pouvais cesser de penser à cette conversation. Je crois que j’avais pété un câble. Oui, j’avais pété un câble et ma mère avait été la seule fautive. Après tout, c’était de sa faute mais peut-être que… Peut-être qu’elle aussi elle souffre de l’absence de papa. J’avais onze ans quand il est partit, quand ils se sont séparés. Je souffrais de l’absence de papa, c’est pour ça que j’allais le voir le vendredi soir mais c’est vrai que j’aurais peut être dû dire la vérité à maman.

Sur ce point, Adie avait raison quand elle m’a dit que ma mère finirait par le savoir. Après tout, les mères ne sont-elles pas faites pour tout savoir ? Maman se gare, j’éteins mon iPod et enlève mes écouteurs avant de glisser ce dernier dans une des poches de mon sac à dos avant de le passer sur mon dos. Je vins à lever le regard vers ma mère. Le même regard que mon père, un regard bleu, envoutant. Il va sans dire que pour mes yeux, je tenais vraiment de mon père. Bon, elle ne voulais pas me voir mais sa menace me fit faire une grimace. M’envoyant en pension loin de Storybrooke, ça voulait dire ne plus revoir Adie, non c’était pas envisageable.

« Je me conduirais bien. » déclarais-je à ma mère.

Je m’entendais assez bien avec Amélie, la connaissant, je savais qu’elle comprendrait que quelque chose n’allait pas avec ma mère mais pouvais-je en parler librement ? Après tout, tout le monde savait que mes parents se détestaient mais pouvais-je dire que moi ? J’en souffrais atrocement ? ma mère l’avait-elle simplement compris ? Alors qu’elle ouvre la mairie, je me dirige vers le standard de l’accueil avant de poser mon sac au pied de la chaise sur laquelle je vins m’asseoir.

« Rassures-moi, j’ai quand même le droit de garder mon portable non? »

Non parce que déjà que ce stage s’avérait atrocement chiant, si en plus, je ne pouvais même pas envoyer de sms à Adie, c’était le summum du chiant. Mais vu mon attitude, je me doutais que ma mère n’allait pas me laisser tranquille.