Emma, tout comme Regina, ne semblait pas prête à céder le dernier mot, même si madame le maire savait que pour l’instant, c’était la shérif qui était décisionnaire. Ca la rendait malade, mais elle devait accepter les désidératas de la mère biologique d’Henry. La jolie blonde lui rebalançait dans les dents le coup du chausson aux pommes qui lui était destiné et qu’Henry avait croqué pour prouver à sa mère biologique que la magie existait. Regina s’en était voulue longtemps, déjà, à cause d’elle, son fils avait été en danger, et en plus, si elle s’était abstenue, Emma serait partie, tout simplement. Mais ça avait été plus fort qu’elle, son côté rancunier avait encore une fois pris le dessus et elle avait voulu lui montrer qui était le boss… Et elle avait été prise à son propre piège, Emma avait accompli sa destinée et levé la malédiction. L’ancienne méchante reine leva les yeux au ciel, se retenant de répondre encore une fois. L’intervention de son ancienne belle-fille lui permit de ne pas en remettre une couche. Blanche, comme toujours, se montrait neutre et essayait de trouver le bon côté de chaque chose. Elle soulignait très justement que jusqu’à présent, Regina avait pris soin d’élever Henry du mieux qu’elle pouvait, et qu’il n’avait manqué de rien. Qu’elle l’aimait tout comme Emma l’aimait. Madame le maire hocha la tête, surprise de voir que Mary-Margaret prenait sa défense. Mais toute aide était bonne à prendre.

-Merci, souffla-t-elle à l’intention de Blanche.

Emma, qui semblait s’être calmée, reprit alors la parole dans un petit soliloque révélateur de ce qu’elle pensait. Regina tiqua en l’entendant dire « mon fils ». Pourtant, elle avait raison, il était aussi le sien même si la simple idée de le reconnaître lui donnait la nausée, c’était cependant la vérité. La sorcière écouta donc l’autre mère de son fils parler jusqu’au bout, se retenant de rétorquer à tout va en entendant les propos qu’elle tenait. Profiter d’avoir Henry pour le prendre et l’emmener loin ? Mais quelle idée ! Et où irait-elle ? Contrairement à Miss Swan, Regina ne connaissait pas le reste du monde sans magie ! Elle en était sortie une seule fois, dans l’unique but d’adopter le bébé qu’ELLE avait abandonné après l’avoir mis au monde ! Intérieurement, l’ancienne reine bouillonnait, mais Blanche continuait à essayer d’apaiser les choses. Comment faisait-elle ? Le positivisme n’avait jamais été le fort de Regina, c’était plutôt évident.
Secouant la tête pour remettre ses cheveux en place, ses mains toujours autour de la tasse de café que lui avait faite sa belle-fille. La maire de Storybrooke prit une lente inspiration, fermant les yeux quelques secondes pour essayer de se calmer et ne pas exploser au visage d’Emma.

-Je vous le prouverai. N’ai-je pas déjà commencé ? Si je n’avais pas changé, je ne vous aurais pas laissé le choix. Croyez-moi, ça me coûte beaucoup de seulement l’apercevoir. Je comprends, reconnut-elle. Je n’accorde pas ma confiance facilement, moi non plus.

C’était vrai. Alors, effectivement, elle pouvait comprendre le point de vue d’Emma. Cela n’empêchait pas que de s’entendre être traitée de la sorte lui faisait mal, et ne pas voir Henry aussi souvent qu’elle le souhaitait lui brisait le cœur. Elle se tourna vers Blanche qui avait alors déclaré qu’il ne fallait pas obliger Henry à choisir l’une de ses mères.

-Je ne veux pas qu’il en choisisse une au profit de l’autre. Je veux qu’il puisse aménager son emploi du temps comme il le souhaite.

Elle plongea son regard dans sa tasse de café et l’en délesta d’une gorgée. C’était tellement difficile pour elle d’être en position de faiblesse, c’était vraiment un cas de figure inédit pour elle. La belle brune regarda alors Emma dans les yeux, cherchant des réponses.

-Bon, alors concrètement, que faisons-nous maintenant ? Comment va-t-on s’organiser pour cette semaine ?

Emma n’avait pas accordé beaucoup de choix. Aller chercher Henry à l’école et le ramener directement chez les Charmant, et rester avec lui jusqu’au diner. Super ! Et passer une après-midi avec lui dans le week-end, mais seulement dans un lieu public. Bon, il faudrait s’y plier, et Regina espérait réellement que rapidement, la shérif changerait d’avis. La maire de la ville avait demandé à le récupérer à la sortie des cours le mardi soir, et passer le samedi après-midi avec lui, mais Emma n’avait pas encore donné son accord, et l’ancienne méchante reine ne partirait pas d’ici sans savoir exactement comment allait s’articuler cette semaine à venir. Hors de question qu’un cafouillage lui fasse manquer une seule minute avec son fils.

C’était difficile, vraiment. Emma s’était révélée être une louve protectrice à l’excès envers Henry, ce qui avait le don d’agacer Regina puisque s’il était bien une et une seule personne qui n’avait rien à craindre d’elle, c’était son fils. SON fils, qu’elle avait élevé pendant une dizaine d’années alors que la sauveuse l’avait abandonné. Elle ne lui avait pas volé, et pourtant, c’était juste l’impression qu’elle avait en discutant avec la shérif. Néanmoins, et peut-être grâce aux interventions de Mary-Margaret qui faisait de son mieux pour apaiser les mœurs, Emma commençait à se montrer raisonnable en lui accordant ce qui était ridiculement insuffisant, mais qui constituait un bon début pour une mère qui n’avait plus vu son fils à moins de vingt mètres depuis deux longues semaines. Aller le chercher un soir dans la semaine et le ramener directement chez les Charmants, et avoir le samedi après-midi. C’était peu, c’était beaucoup trop peu, mais l’ancienne reine le savait, elle n’avait pas le choix, et même si ça la rendait folle, elle devait s’y plier, elle qui n’avait jamais plié devant personne ou presque.

Puis, lorsqu’elle avança ses arguments pour lui démontrer qu’elle méritait sa confiance, qu’elle était digne de pouvoir l’avoir avec elle sans que quiconque s’inquiète, qu’elle avait changé, qu’elle faisait des efforts pour supporter cette situation, Emma alors s’empressa de dire qu’elle savait, et surtout qu’Henry était fier d’elle et qu’il le disait. Il le disait, vraiment ? Aux Charmants ? A son autre mère ? Soudain, Regina sentit une vague d’émotion étreindre son cœur. C’était sans doute la chose la plus gentille que la Sauveuse ait pu lui dire depuis qu’elle la connaissait. Henry était fier de Regina, il voyait les efforts qu’elle faisait. Si elle s’était trouvée seule, madame le maire aurait probablement versé une larme, mais elle s’était toujours interdit de montrer ses émotions en public… sauf peut-être la colère. Aussi, son cœur s’était-il trouvé étreint lorsqu’elle entendit l’autre mère de son fils transcrire les paroles d’Henry. Un petit sourire ému se dessina sur les lèvres de la belle brune et des yeux s'étaient mis à pétiller tandis qu'elle laissait tomber un peu ses barrières.

-Oh… il a dit ça ? Eh bien je… j’aurais aimé l’entendre de sa bouche, mais… merci.

Ca lui avait fait plaisir, c’était indéniable, et ça l’encourageait à continuer aussi. Ce genre de petite victoire lui montrait qu’elle avait eu raison de ne pas s’entêter dans la voie de la noirceur et de faire l’effort de prendre le difficile chemin de la rédemption. Il fallait continuer, Henry comptait sur elle, et elle avait trop besoin de lui, de lui dire qu’elle l’aimait, de le serrer dans ses bras.

La shérif alors expliqua le plan, qui parut tout à fait sensé. Elles feraient ainsi pour cette semaine à venir, Regina irait chercher Henry le mardi soir et le ramènerait chez les Charmants, puis elle l’aurait le samedi après-midi. Elle respecterait à la lettre les horaires et montrerait à Emma qu’elle pouvait avoir confiance en elle. Et elles aviseraient pour la semaine suivante. Le cœur regonflé par les déclarations qu’Henry avait faites, Regina hocha la tête en souriant. Mary-Margaret, l’éternelle optimiste, renchérit en disant qu’elle espérait qu’à l’avenir ils pourraient dîner tous ensemble, comme une vraie famille. L’ancienne reine se sentit un peu mal à l’aise à l’idée de s’incruster au milieu de ce tableau de parfaite famille aimante, mais pourquoi pas les inviter chez elle, elle disposait de la plus grande (ou presque) maison de la ville et sa salle à manger devait faire la taille de l’appartement des Charmants.

-Vous pourrez tous venir dîner un soir, quand vous voudrez, il suffit de me donner vos disponibilités. Peut-être d’ici un mois ou deux ?

La princesse avait raison, Henry serait probablement heureux de cette initiative, mais il ne fallait pas mettre la charrue avant les bœufs. Il fallait que chacun prenne ses marques avec toute cette nouvelle organisation. Terminant la tasse de café que Mary-Margaret venait de lui resservir, Regina la reposa sur le comptoir.

-Bien, je pense avoir assez abusé de votre temps et de votre hospitalité. Merci Mary-Margaret pour le café.

Puis elle reposa son regard sur Emma, tâchant de se montrer la plus amicale possible.

-Merci Emma. Je vous revois mardi soir, ici même, avec Henry qui aura fini ses devoirs.

Puis elle regarda à nouveau Mary-Margaret qui venait de proférer un vœu des plus souhaitables en effet, qu’ils soient tous heureux à Storybrooke.

-J’y mettrai un point d’honneur, lança-t-elle avec sincérité.

A présent la main sur la poignée de la porte, l’ancienne reine les salua une dernière fois avant de quitter l’appartement. Cette discussion, qui avait été un peu tendue au départ, s’était soldée sur un bon début pour planifier l’avenir. Il faudrait en passer par là.