Les événements s’étaient enchaînés assez vite. Des moins heureux comme des heureux. Emma s’était vue transformée en Ténébreuse, Regina avait accouché de ses jumeaux et fort heureusement ils étaient en pleine santé. Mais au petit matin, quand il avait fallu annoncer la nouvelle à Henry concernant sa mère biologique, la joie s’était envolée. Le jeune pré-adolescent avait souhaité suivre l’ancienne shérif Swan partie alors à Storybrooke. Regina, encore trop fatiguée, n’avait guère pu le suivre tout de suite et avait dû attendre quelques jours avant de négocier avec Robin un prompt retour à Storybrooke, juste le temps de s’assurer qu’il était en sécurité et de pouvoir lui donner un miroir magique. Par la même occasion, elle qui en demandait des nouvelles, l’ancienne maire avait rencontré Emma. Les retrouvailles furent houleuse, la nouvelle ténébreuse était pleine de rancoeur. Au moins n’avait-elle tué personne, c’était déjà ça, mais elle semblait déterminée à refuser toute aide qui se présenterait à elle. D’ailleurs, elle tenait Regina comme partiellement coupable de sa transformation. L’ancienne sauveuse semblait en vouloir à la terre entière, et Regina se sentit obligée d’en parler à Mary-Margaret, et surtout savoir comment cette dernière allait. Elle se mettait à sa place, le choix qu’elle avait dû faire était terrible, et à présent, son ingrate de fille était partie loin d’elle sans se retourner et lui en voulait. Emma ne pouvait résolument pas rester ainsi, il fallait trouver une solution. Quelques jours après son retour, la reine rassembla son courage et alla voir sa belle-fille dans ses appartements, espérant ne pas déranger. Elle toqua à l’épaisse porte de bois et attendit l’autorisation d’entrer. Elle ne savait guère trop comment aborder le sujet, d’autant que Mary-Margaret, elle aussi, se consacrait à élaborer un plan d’action pour reprendre la ville. En tant qu’archère émérite, elle avait beaucoup à apprendre aux volontaires qui venaient s’entraîner chaque jour.
- Bonjour Blanche… je ne dérange pas ? commença-t-elle en refermant la porte derrière elle.
Elle attendit quelques secondes avant de faire quelques pas vers sa belle-fille.
- J’ai à te parler. Est-ce que tu as un peu de temps à m’accorder ?
Regina le savait, connaissant Blanche-Neige, elle ne lui refuserait certainement pas une discussion.
- C’est important… Voilà, comme tu le sais, je suis allée à Storybrooke pour voir Henry l’autre jour. Je n’ai pas vu que lui.
Elle déglutit en fermant les yeux, cherchant la tournure adéquate. Il n’y en avait pas, après tout, à quoi bon tourner autour du pot, Blanche-Neige savait ce que sa fille était devenue.
- J’ai vu Emma. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne s’est pas très bien passé...
Chacun était partie dans une direction et je m’étais retrouvée seule au château de Regina. Ma belle-mère n’était pas du genre à partir sur un coup de tête, mais ce n’était pas de mes affaires. Sans doute m’en parlerait-elle si elle le souhaitait un jour. Je marchais la plupart du temps dans les couloirs en étant pensive. Emma me manquait, j’avais commis l’irréparable et mon pied c’était bien remis de l’incident qui avait coûté tant à ma tendre fille. J’étais mortifié, je n’étais plus que l’ombre de moi-même en ces instants. J’avais certes sauvé la vie de ma fille, mais à quel prix. Qu’est-ce que Rumple allait bien pouvoir me demander pour que je payes ce deal que j’avais passé avec lui? Ces prix sont toujours intenses et douloureux. Il n’oublie jamais un pacte.
Je me sentais déprimée doucement, je sombrais dans la culpabilité. Je décidais donc de me jetter dans les entraînements de tirs et dans le ménage. Je souriais peu, j’étais dans ma propre bulle, totalement coupé du monde. J’étais donc assise sur mon lit en regardant légèrement le vide en laissant les larmes de culpabilité couvrir mes joues. Il n’était pas là une question d’espoir ou non. J’étais simplement une mère qui avait fait se qu’elle pensait le mieux pour son enfant et qui au final avait le sentiment d’avoir totalement échoué. Ce genre de sentiment que seule les mères peuvent ressentir. J’avais manqué tant d’étapes avec Emma. Ses premiers pas, ses premiers mots, sa première dent qui pousse, son premier dessin, son premier jour de classe, son premier baiser , son premier chagrin d’amour pour ne nommer que ses choses. J’aurais souhaité être la mère à qui elle se serait confié, celle avec qui elle aurait tout partagé, mais non ce n’était pas arrivé. On m’avait retiré ce privilège et pourtant j’avais pardonné à la personne qui m’avait causé le plus de tord dans ma vie. Nous étions même désormais un peu plus proche l’une de l’autre et j’espérais que cela continuerait dans ce sens.
J’entendais toquer à la porte. Je n’avais cependant pas le courage d’aller ouvrir. Je passais simplement une main molle sur mes joues pour enlever les traces de mes larmes. Mes yeux rougis me trahiraient probablement, mais je n’en avais rien à faire. J’avais soigneusement évité ma belle-mère depuis son retour, je n’avais pas le moral et je préférais resté cachée. David étant absent … que pouvais-je faire d’autre.
- C’est ouvert.
Et voilà une visite auquel je ne m’attendais pas. Regina était dans mes appartements et s’avançait vers moi pour discuter. Je ne me levais pas, la regardant et écoutant ses propos sans rien dire. Je penchais finalement la tête légèrement vers l’arrière pour ravaler mes larmes de nouveau naissante qui avait remonté à la surface sans que je ne le veuille. Je tapotais la place à ma droite sur le lit.
- Oh ça … je m’en doute Regina … Si tu savais comme je m’en doute. Assis toi s’il te plait.
Je déglutis pour finalement plonger mon regard dans celui de cette femme qui aurait dut être comme une mère pour moi à une autre époque. Ils étaient remplis de larmes qui coulaient avec douceur sur mes joues.
- Comment une rencontre avec Emma aurait pus bien se passer après se que je lui ai fait Regina? J’ai commis l’irréparable …
Qui de mieux placé que cette femme pour comprendre se qu’était la culpabilité et la souffrance. Elle en avait eu un lot intense. Elle comprendrait ma peine, du moins … je l’espérais.
acidbrain
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
La pauvre Mary-Margaret avait déjà bien dégusté lors de cette affreuse nuit dans les prisons de Camelot, mais Regina ne s’inquiétait pas tant pour le pied meurtri de sa belle-fille. Non, ce qui l’inquiétait, c’était son moral. Sa santé mentale. A cause de ce qu’elle avait demandé à Rumpel et ce que lui s’était permis de faire à Emma. Que n’avait-il pas pu simplement la guérir de manière « classique » ? Non, il avait fallu qu’il la lie à Excalibur – celle épée-même qui avait été la cause de leur présence dans ces geôles puisque cet idiot d’Arthur soupçonnait les anciens habitants de Storybrooke...- et fasse d’elle une ténébreuse. L’épée était brisée et quiconque avait déjà vu la dague du Ténébreux savait désormais que la lame de cette dague n’était autre que la point de l’épée incomplète. Regina se demandait pourquoi Mr Gold était en possession de l’épée du roi Arthur, mais ce n’était guère là son inquiétude principale. D’ailleurs, il s’était immédiatement envolé pour Storybrooke, tout comme Emma. Que mijotait-il ? Deux ténébreux dans la même ville, cela ne disait rien qui vaille…
Avec la permission de la princesse, Regina entra. Elle s’approcha, l’air un peu penaud de tout ce qu’elle avait à lui dire. Mary-Margaret l’invita à s’asseoir sur le lit à côté d’elle, et Regina obtempéra, s’asseyant au bord et se tournant vers elle, lui expliquant qu’elle avait vu sa fille et que ça n’avait pas été bien glorieux. Sa belle-fille s’en doutait et la reine hocha la tête, le regard dans le vague. Elle n’osait pas la regarder, mais il le fallait. Ce visage plein de larmes, auparavant elle se serait tant délectée de cette vision, mais aujourd’hui, cela la touchait et la peinait. Elle compatissait. Elle aussi était mère et dans pareille situation, elle serait aussi anéantie.
- Blanche, écoute-moi.
Pour donner plus de crédit à ses propos, elle lui prit les mains et ancra son regard dans le sien.
- Tu as fait ce que tu pensais le mieux pour lui sauver la vie. Emma est ta fille et tu l’aimes plus que tout, je le sais, je suis mère moi aussi. Et moi aussi je ferais n’importe quoi pour sauver la vie de l’un de mes enfants. Emma est mère elle aussi, sans doute le comprendra-t-elle une fois sa colère passée. Tu ne dois pas t’en vouloir, il n’y avait rien que nous puissions faire, la magie blanche ne suffisait pas, j’ai échoué… J’aurais tant voulu y arriver… Ce qui lui arrive n’est pas de ta faute. Si tu cherches à blâmer quelqu’un, accuse plutôt Rumpelstiltskin.
Ce vile serpent, pourquoi avait-il fait cela ? Il avait sûrement quelque chose de prévu, jamais il ne faisait rien sans une idée derrière la tête.
- Ecoute, je pense que tu devrais lui parler. Tu devrais essayer de lui expliquer à quel point tu étais désespérée, que tu n’étais pas prête à la laisser mourir et qu’à ta place, pour Henry, elle aurait sûrement fait la même chose. Par ailleurs, tu n’as pas demandé à Gold d’insérer les ténèbres au marché, tu voulais juste qu’elle ait la vie sauve. Tu as été victime d’une arnaque !
C’était révoltant. Malgré toutes les promesses qu’il avait faites à Belle, le crocodile continuait à flouer les gens...
Parler à Emma. C’était une chose que je me voyais mal faire dans le cas présent. Ma fille tenterait sans doute de me tuer ou du moins me ferait regretter mon geste. Mais je savais que tôt ou tard je devrais aller à sa rencontre et affronter se qu’elle était devenue… Ma belle Emma si douce nous avait quitter pour laisser place à quelque chose de si sombre. Je me sentais désespérer. Je retirais les larmes de mon visage en les enfouissant le plus loin possible en moi. Regina n’avait pas à me voir si faible, je m’y refusais tout simplement. Je prenais une profonde inspiration avant de lui poser une question que je n’aurais jamais oser lui demander auparavant, mais les choses avaient tellement changées dans un cour laps de temps.
- Si je voudrais mettre Rumpelstiltskin hors d’état de nuire … Quel serait le meilleur moyen Regina?
La vengeance n’était pas mon fort. J’étais plus du genre à pardonner, mais là pour Emma, j’étais prête à tout. J’avais tant perdu au fil des années, il était normal que je devienne un tantinet vengeresse non? J’inspirais doucement avant de secouer la tête pour chasser cette idée. Non, ce n’était pas moi, j’étais plus forte que ça. Je me levais pour aller vers le balcon. Je m’appuyais sur le rebord de la porte ouverte qui donnait une vue splendide sur la forêt enchantée. Je croisais les bras sur ma poitrine dans une pose rempli de nonchalance. Qu’est-ce qui m’arrivait? Je me reconnaissais de moins en moins.
- Oublie cette question. Elle n’a aucun intérêt. Rumple gagnera toujours sur nous. Il a toujours 8 coups d’avance. Cet homme … cette chose … contrôle nos vies et nous privent du meilleur. Ils nous manipulent tous et chacun. Emma est en voie de devenir comme lui et je suis la seule responsable. J’aurais dut spécifier de ne pas user des ténèbres et je ne l’ai pas fait. Je lui ai fais confiance dans un élan de panique et il en a profiter… Enfin … Je n’aurais pas pus faire plus vu les circonstances… Au point où j’en suis rendue, je me rends bien compte que mes moments de bonheur resteront toujours éphémère et de courte durée. La vie me l’a appris rapidement et je ne t’en veux pas. Tu m’as appris à devenir forte.
Il n’y avait aucune accusation dans mes propos. Je vivais avec mon passé et j’avais le moral dans les chaussettes. Je n’avais qu’une envie par moment c’était de disparaître totalement. David n’aidait en rien avec son absence. Mon ton était monotone, le genre de ton que j’emploie rarement devant les autres mise à part devant mon mari. Je levais les yeux vers ma belle-mère en attendant de voir son air sans bouger de ma position. Oui, Blanche Neige devenait … corrompue par ses émotions. Elle devait le sentir avec ses pouvoirs. Cette rage, cette douleur et cette vengeance qui me consumaient doucement comme un venin coulant dans mes veines.
acidbrain
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
Regina sentait la détresse de Mary-Margaret. La princesse était forte et le montrait extérieurement, mais à l’intérieur, la reine pouvait sentir combien le combat des émotions faisait rage. Elle-même avait vécu de terribles moments et savait combien il était difficile de lutter parfois. Elle lui conseilla alors d’aller voir Emma, d’essayer de lui parler, parce que c’était toujours mieux que de ne pas la voir du tout, et que de ce fait, cela lui montrerait que malgré l’erreur qui avait été commise, sa mère ne cherchait que son bien. C’était vrai, et si l’ancienne sauveuse n’était pas aveuglée par les ténèbres, elle le verrait aussi : Blanche aimait sa fille plus que tout, c’était une évidence. Néanmoins, la belle-fille de Regina ne lui répondit pas et se contenta d’une question que jamais elle n’aurait cru entendre de la bouche de la princesse au coeur pur. L’ancienne méchante reine écarquilla les yeux et en voulant répondre, se retrouva en fait bouche bée quelques secondes à cause du choc. Elle se reprit tandis que la jolie brune se levait de son lit pour s’avancer vers la fenêtre ouverte sur son balcon. Regina allait répondre, la suivant à quelques pas de distance, mais Mary-Margaret reprit la parole avant elle. Elle semblait si désabusée. Regina croisa les bras, s’adossant à son tour contre le mur, dos à la vue sur la forêt, de profil par rapport à sa belle-fille.
- Je comprends, je t’assure. Mais chercher des noises à Rumpelstiltskin est vraiment la dernière chose à faire. Je pense qu’il vaudrait mieux essayer de ramener Emma sur le droit chemin tant qu’on le peut encore. Et je suis sure sure qu’on le peut. Encore une fois, tu ne dois pas t’en vouloir, tu as fait ce que tu pouvais dans le peu de temps imparti.
Personne n’avait aucune idée à ce moment précis de combien de temps il restait à Emma. Elle aurait très bien pu trépasser dans les minutes qui arrivaient, et sa mère avait fait ce qu’elle avait jugé opportun, Regina la comprenais. Elle baissa le regard vers le sol quand Mary-Margaret évoqua leur passé commun, un passé où la reine n’avait eu de cesse de la traquer pour se venger de la mort de Daniel. A présent, elle s’en voulait et elle savait mieux que personne que la vengeance ne menait à rien de bon. L’ancienne enseignante aussi le savait.
- Blanche, tu le sais, tu m’as vue… La vengeance ne sert à rien. Oublie cette idée, concentre-toi sur ta fille, va la voir, va voir Henry. C’est ta famille qui compte, pas le crocodile. Emma a beau dire, elle a besoin de toi. Ne te laisse pas atteindre par des paroles qu’elle pourrait prononcer sous le joug des ténèbres, accroche-toi à la lumière qui est en toi et que tu lui as transmise, il n’y a que comme ça qu’elle reviendra.
Je faillis éclater de rire devant les propos que me balança ma charmante belle-mère. Je n’eus qu’un sourire sarcastique avec un petit rire pouffé qui l’était tout autant. Je m’approchais d’elle avant de la regarder en penchant la tête sur le côté. Cette femme … Elle était la base de toute cette souffrance qu’était la mienne. Elle était mon bourreau et Rumple semblait avoir donné le coup de grâce avec se qu’il avait fait.
- Tu sais … Cette pomme aurait dût me tuer quand je l’ai mangé. L’espoir est mort en moi, tout ce que j’aime ne reste pas ou bien disparait dans la corruption des ténèbres. Je suis sensé être Blanche-Neige, celle qui rallie les cœurs et qui soutient par-dessous tous ces convictions d’amour. Tu as gagné à un point que tu n’imagines même pas Regina et je ne t’en veux même pas.
Je haussais les épaules à la fin de ma phrase. Les larmes n’étaient plus pour l’instant j’avais une idée bien à moi dans ma tête. Je me dirigeais vers l’éternelle carafe de vin que je demandais depuis des jours. Je me versais une coupe sans en offrir à mon ancien bourreau. Elle en prendrait si elle en avait envie. Après tout, j’étais chez elle et non chez moi. Où étais-ce réellement chez moi ? Je bus d’un train le vin. Robin n’avait pas pu grand-chose lui non plus, mais avait su me distraire. Il était sans doute le seul que je pouvais désormais considérer comme mon ami, mais pour combien de temps. Je devais trouver un moyen de retourner à Storybook.
Je faisais tourner le liquide rouge dans la coupe de métal avant de regarder de nouveau Regina. Elle devait savoir par quel moyen je pouvais regagner cet endroit.
- Dis-moi comment je peux regagner Storybook. Si tu ne veux pas m’aider je trouverai quelqu’un qui le fera.
J’étais ferme et directe dans mes propos. Je ne me reconnaissais plus du tout. Où était la Blanche-Neige de jadis qui répandait l’espoir et l’amour ? Qui avait foi dans ses convictions ? Elle s’était éteinte après le départ de David, il n’y avait aucun doute là-dessus. Je me transformais en se que je détestais le plus. Après tout, ce que l’on déteste chez les autres est en nous non? Il me semblait avoir entendu cela quelque part. Je regardais mon arc posé dans son coin. Regina allait soit tenter de me résonner encore un peu ou bien elle allait accepter ma demande. Dans un cas, comme dans l’autre ce ne serait pas une partie de plaisir.
acidbrain
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
Il était difficile de remonter le moral de Blanche-Neige, celle qui prônait l’espoir comme un étendard, une philosophie de vie, semblait à présent en proie aux mêmes vieux démons qui avait régi la vie de sa belle-mère durant bien longtemps : le pessimisme et la souffrance. Regina ne comprenait que trop bien et c’était pour cela qu’elle essayait de la conseiller de son mieux pour l’aider à remonter la pente. Mais visiblement, il était aussi difficile lui faire entendre raison que ça l’avait été pour la méchante reine. Où était David quand on avait besoin de lui ? Sa femme était en détresse, sa fille était une ténébreuse, et le prince charmant n’avait rien trouvé de mieux que de mettre les voiles. Sois beau et tais-toi… Rien de mieux. Si Robin lui faisait un jour un coup comme ça, pour sûr qu’il passerait un sale quart d’heure.
- Cette pomme ne devait que t’endormir, n’oublie pas que je ne peux pas te tuer, tenta-t-elle pour désamorcer un peu les tensions.
Mais Mary Margaret semblait décidément bien trop sombre. Comment aurait-il pu en être autrement. - Non, c’est faux, je n’ai rien gagné du tout. Tu as survécu à bien pire que ça.
La suivant du regard, elle la vit se servir une coupe de vin. La reine espérait que sa belle-fille ne deviendrait pas alcoolique, ce n’était pas le moment. Machinalement, Regina s’empara de la bouteille et d’une coupe propre à son tour.
- Puisqu’on en est là… ça fait bien trop longtemps que je n’ai pas bu, commenta-t-elle.
Et de s’en servir une bonne dose avant de vider la coupe. Elle regarda ensuite la princesse avec étonnement.
- Pourquoi ne voudrais-je pas t’aider ? As-tu perdu l’esprit ? Voilà bientôt un quart d’heure que je te dis d’aller retrouver ta fille pour lui faire entendre raison. Bien sûr que je vais t’aider à regagner Storybrooke. Je t’ouvrirai un portail avec l’aide de la sirène, ou je te trouverai un haricot magique. Oui, je dois en avoir encore de la réserve de Storybrooke. Viens, je vais t’en donner deux.
Sans attendre, elle posa son verre vide sur un chevet et prit le bras de la princesse pour l’entraîner avec elle dans les couloirs en direction de ses appartements. Là, elle ouvrit un coffret posé sur sa coiffeuse et en sortit deux haricots translucides.
- Voilà. Fais-en bonne usage, tu n’es pas sans savoir qu’ils sont rares. Va retrouver Emma, mais sois prudente, prépare bien ce que tu vas dire, car d’une part, elle t’en veut, et d’autre part, ses réactions peuvent être dangereuses, sans forcément qu’elle ne le veuille. Les pouvoirs qui sont en elle désormais sont immense et chaque utilisation de la magie va noircir son coeur, et plus elle l’utilisera, plus il sera difficile de la ramener à la raison.
Regina soupira.
- Je sais que mes paroles ne sont pas rassurantes, mais je sais que tu es assez forte pour entendre la vérité, alors fais ce qu’il faut, je sais que tu en es capable. Si quelqu’un peu sauver Emma, c’est bien toi, et personne d’autre.
Elle posa les deux haricots dans les mains de sa belle-fille et la fit refermer ses doigts autour.
- Sois concentrée au moment de le lancer, et pense très fort à l’endroit où tu veux aller. Essaie de le visualiser, et donne son nom oralement si tu le souhaite. Bon courage.
Regina se prenait une coupe de vin avec moi. Les temps avaient bien changés. Je n’avais pas envie de la tuer et elle n’avait pas envie de faire de même avec ma personne. J’avais un léger sourire finalement. Cette femme avait réellement changé dans le bon sens et moi je me sentais partir dans l’autre. J’ignorais qu’il restait des haricots magiques ici. Mon ancienne belle-mère avait plus d’un tour dans son sac. Je terminais mon verre pour la suivre dans les couloirs du château jusqu’aux appartements de cette dernière. Je restais au milieu de la pièce en observant la décoration. Elle était à l’opposé de la mienne, sombre et baroque alors que j’étais pastel et champêtre.
Je ne voulais pas regarder dans les effets personnels de Regina, j’allais donc regarder la vue en écoutant à demi ce que cette dernière me disait. La forêt qui s’étendait à perte de vue me rassurait dans un sens. La vue était magnifique. Je reprenais mes esprits alors que les haricots étaient posés dans mes mains. La rareté de ces derniers les rendaient hautement dangereux. Personne ne devait savoir que j’en avais en ma possession. - Crois moi Regina, je mettrai tout en œuvre pour sauver Emma.
Je baissais le regard pour regarder les mains de cette femme que j’avais tant craint. C’était le geste qu’une mère aurait fait pour sa fille et elle ne savait probablement pas l’importance ainsi que la portée de ce geste en cet instant. Mes yeux se levèrent lentement vers la reine en face de moi. Je me sentais comme la petite fille que j’avais été après la perte de ma mère, sauf que cette fois c’était ma famille que j’avais perdu en un sens.
- Tu crois qu’elle redeviendra comme avant? Bien qu’elle n’ait jamais été la petite princesse que j’aurais souhaité. Elle est devenue une femme forte avec du ressentiment comme jamais. J’espère qu’un jour , elle nous pardonnera David et moi de l’avoir envoyé dans ce monde pour lui sauver la vie. Je ne pouvais pas me résoudre à la laisser mourir là-bas … Pas après avoir été séparé durant toutes ces années.
Je sentais mes pensées se bousculer. Je retirais mes mains de celle de Regina pour la prendre dans mes bras avec émotion. Je le serrais fort. - Merci Regina de m’offrir cette chance et de me ramener sur le droit chemin. Je ne devrais pas sombrer dans une telle noirceur et dans la colère, mais je me sentais si seule … Je ne sais ce qui se serait produit si tu n’étais pas venue me rejoindre …
Au fond , elle resterait toujours ma seconde mère.