Les récents événements survenus dans le Royaume avaient ébranlé bon nombre d’habitants. Certains se demandaient même s’il ne serait pas préférable de retrouver un monde sans magie, au risque de croiser les inquisiteurs. D’autres avaient fait la promesse de ne plus revivre l’horreur d’une attaque perpétrée par les ogres et faisaient tout leur possible pour sécuriser ce qui pouvait l’être. Les gens avaient surtout besoin d’être rassurés, de savoir qu’on ne les abandonnait pas à un sort funeste. Robin avait bien compris cela et n’hésitait donc pas à parcourir le royaume pour venir en aide aux sujets, les siens qui plus est. Bien qu’il ait encore du mal à se faire à son nouveau statut royal et à toutes les responsabilités qui allaient avec, il s’efforçait de ne rien laisser paraître pour ne pas inquiéter davantage Regina, qui avait déjà beaucoup à faire.
Ainsi, cela faisait des jours que le couple royal voyageait. Robin gardait un œil attentif sur Regina, qui devait encore ménager sa santé après ce qui lui était arrivé. Il veillait donc à ce que son épouse reste modérée, conformément à la promesse qu’elle lui avait faite quelques semaines auparavant. Puis ils se séparèrent, l’un retournant au château et l’autre poursuivant sa garde non loin de là.
Robin était donc fièrement assis sur son destrier qui galopait à vive allure à travers les bois. L’archer se surprit à penser qu’il aurait sûrement été plus rapide avec une voiture, ce qui le fit sourire. Force était de constater que Storybrooke et sa modernité lui manquaient un peu. En effet, il ne pouvait pas profiter des nombreux avantages que lui conférait le monde moderne.
À la nuit tombée, il fit halte dans une taverne qu’il connaissait trop bien. On l’hébergea discrètement pour éviter tout attroupement ou réclamation. Puis le lendemain, il reprit sans difficulté son périple. Après quelques minutes à galoper sur les routes sinueuses du royaume, l’archer s’accorda une petite pause près d’une rivière qu’il connaissait bien. Il en profita pour se rafraîchir et laissa à sa monture la possibilité de se désaltérer et de se nourrir avec l’herbe qui se trouvait à proximité. Ensuite, ils reprirent la route et s’enfoncèrent un peu plus dans la forêt, retrouvant ainsi le chemin menant au palais royal.
Robin tâcha d’apaiser la fougue de son étalon face au palefrenier qui se dressa devant lui. Il quitta son cheval pour rejoindre la cour et l’intérieur du domaine où il fut accueilli comme il se devait par le personnel et, bien sûr, par sa femme qui ne manqua pas de réunir la famille. Assis autour de la table, tous savourèrent un petit déjeuner copieux. Robin échangeait avec chacun, ne cachant pas sa joie de retrouver sa famille après plusieurs jours d’absence. Pendant qu’il discutait avec Roland, son ancien ennemi juré devenu allié, il posa les yeux sur sa fille et lui adressa un sourire tendre.
« — Dis-moi, Lina, aurais-tu quelque chose de prévu pour aujourd’hui ? Peut-être pourrions nous prendre le temps de nous entraîner à tirer sur des cibles. Qu’en penses-tu ? »
A mon réveil, ma première pensée alla à ma famille, comme tous les matins. Ils étaient ce que j'avais de plus précieux et c'était d'eux que je tirais ma force de caractère et mon courage. J'avais crus à un moment que cela s'effriterait au fil du temps après les avoir retrouvé, mais cette satisfaction de les savoir présents dans ma vie restait la même jour après jour. Peut être pas aussi forte que le jour où j'avais retrouvé mes parents, mais après tout cela je ne prenais pas leur présence comme garantie. Était-ce le signe à quel point j'avais été traumatisée d'avoir été séparée d'eux pendant ce qui était 20 années pour moi et Richard? Peut-être. Mais ce n'était pas le plus important, pas pour moi. Non, le plus important était la place que chacun et chacune avait dans mon coeur, une place unique et différente, une place spéciale.
Mais quand je quand je me préparais, faisant ma toilette, m'habillant et attachant mes cheveux, une autre personne occupait mes esprits. Bien que ma famille me venait en tête tous les matins, il n'y avait qu'une personne qui ne quittait jamais mes pensées, Dorothy. Elle était toujours quelque part dans un coin de ma tête, comme une ombre que j'étais incapable d'oublier et que je n'oublierai jamais. Son souvenir était ce qui me rappelait de ne jamais prendre quoi que ce soit comme acquis, comme "normal". Et bien que persuadée qu'un jour nous nous retrouverions, il m'arrivait d'en douter. Une part de moi se demandait de temps en temps si ce ne serait pas plus facile d'essayer d'oublier. Mais c'était impossible car ça reviendrait à vouloir me séparer de ma peau elle-même.
Je me dirigeai alors vers la tablée familiale où tout le monde était déjà là sauf Robin, mon père. Apparemment, ma maman pensait qu'il reviendrait aujourd'hui ou sinon dans peu de temps. Avant de m'attabler avec eux, je fis le tour pour embrasser chacun et chacune comme un rappel à moi-même qu'ils étaient bien physiquement là. Les derniers évènements me l'avaient rappelé une fois de plus que pour les garder il me fallait me battre jusqu'à risquer ma propre vie. Je m'inquiétais encore de la santé de ma mère, même si elle semblait plutôt bien remise. Et ce fut sur cette pensée que mon père arriva pour nous rejoindre à table. Je ne tentai pas de dissimuler le sourire que me provoquait son retour parmi nous. Après qu'il eut échangé avec plusieurs membres de notre tablée, il me proposa d'aller s'entraîner ensemble, ce qui m'allait totalement ayant simplement prévu de me tenir en forme.
Tu sais que je ne dis jamais non à un entraînement, et puis qui sait, aujourd'hui sera peut être le jour où j'arriverai à dépasser le maître. Si tu te sens d'attaque si tôt après ton retour bien sûr, mon petit papa.
Moi compétitive? Un tout petit peu. Je ne savais pas si j'y arriverais un jour, mais après tout, il n'y avait rien de mal à être compétitive et à vouloir dépasser son maître. J'avais toujours aimé me mettre des défis, parfois un peu trop et c'était une des choses qu'il avait commencé à m'apprendre même si je ne savais pas si je pourrais y parvenir un jour. En lui disant cela je le regardais dans les yeux d'un air pétillant et faisant pivoter dans ma main mon couteau tout en souriant de manière provocatrice. Parfois en le regardant, il m'arrivait même d'avoir un flash du moment où on s'était retrouvé, ce moment où l'on comprit tous les deux en se regardant qui nous étions l'un pour l'autre.
Robin de Locksley
Lost one
♕ Lieu : Le Chateau sombre, dans la Forêt enchantée
Retrouver sa famille après avoir tant crapahuté sonnait comme une récompense bien méritée. Enfin, Robin se sentait à nouveau chez lui et entouré des êtres les plus importants à ses yeux, ceux qui lui donnaient l’impression d’être complet. La notion de « famille » avait une valeur inestimable pour Robin, surpassant tout autre aspect de sa vie. Malgré toutes les péripéties vécues au cours des dernières années, l’archer devenu roi n’oubliait jamais le plaisir qu’il éprouvait à s’asseoir à table en compagnie de sa femme, qu’il continuait de regarder comme au premier jour, et de ses enfants.
Pourtant, tout en observant ses enfants du coin de l’œil, il ne pouvait s’empêcher d’avoir un léger pincement au cœur, en constatant à quel point les jumeaux avaient grandi en quelques mois seulement, alors qu’ils auraient dû souffler leur première bougie. Cette réalisation était douloureuse, tout comme celle de voir Roland qui cherchant à se rendre utile à sa manière, s’était amusé avec la magie et avait pris quelques années en quelques secondes. Mais Robin ne pouvait se résoudre à vivre avec des regrets. Lui et Regina avaient une famille en bonne santé, et il leur restait encore à apprendre à connaître les jumeaux. Cependant, cela ne représentait qu’un petit défi comparé à tout ce qu’ils avaient déjà vécu.
Aujourd’hui, le regard de Robin s’attarda sur Lina. Avec ses yeux pétillants et malicieux, elle ressemblait tellement à son père. Conscient qu’il n’avait pas encore passé suffisamment de temps avec elle, l’archer proposa bien sûr à sa fille de l’accompagner s’entraîner avec lui au tir à l’arc après le petit déjeuner. La jolie blonde répondit positivement, ce qui fit paraître un large sourire sur le visage fatigué de Robin.
« — Un jour peut-être. En attendant, je reste le maître », dit-il en l’accompagnant d’un clin d’œil avant de finir son repas. « — Je suis toujours prêt, surtout quand on m’affuble d’un surnom si gentil. » Il échangea un regard complice avec Regina avant de se redresser. « — Allons-y dans ce cas ! »
Le chef de famille quitta la table pour rejoindre les écuries d’un pas rapide. Le palefrenier s’approcha pour préparer la monture habituelle de l’archer, mais celui-ci refusa, sachant que son cheval avait déjà été assez sollicité lors de son précédent voyage. À la place, il proposa de monter sur la jument noire de Regina, qui ne tolérait que sa maîtresse et son époux, tandis qu’une autre monture fut préparée pour la jeune princesse.
« — Je vais t’amener dans un endroit que j’apprécie », déclara Robin, avant de monter sur sa monture et de quitter les écuries à toute vitesse. Cheveux au vent, l’archer savourait à nouveau ce sentiment de liberté qu’il avait tant recherché. Il traversa les bois au galop, lançant de temps en temps un regard bienveillant à sa fille qui le suivait de près.
Après plusieurs minutes de chevauchée à travers les routes sinueuses du Royaume, ils arrivèrent enfin à destination. Par habitude, Robin prit le temps de scruter les environs avant d’attacher son cheval à un arbre, en lui laissant suffisamment de mous pour qu’il puisse se désaltérer dans le lac et brouter l’herbe à sa disposition.
« — Nous allons marcher un peu ! » Sur ces mots, il se mit en marche, s’enfonçant dans la forêt. En moins de cinq minutes, ils atteignirent l’embouchure du lac et la petite clairière située à proximité. Quelques cibles avaient été installées ici et là pour servir de décor.
« — Je viens ici de temps en temps pour ne pas perdre la main. C’est mon petit coin à moi. » Un endroit qu’il avait désormais envie de partager avec sa fille.
Suite à ma gentille provocation, Robin n'avait pas démérité comme je l'espérais. C'était probablement la personne pour qui j'avais le plus d'admiration, même si c'était peut être un peu injuste, car il représentait tout ce que j'aspirais à devenir. Malgré ces gentilles provocations, je doutais d'un jour arriver réellement à sa cheville et encore un moins d'un jour le surpasser sans pour autant ne donner rien que le meilleur de moi-même dans chacun de nos entraînements et exercices dont il avait le secret. Quand mon papa déclara le départ, j'attrapai un dernier bout de pain que j'engouffrai avec l'absence d'élégance qui m'était propre marmonnant la bouche pleine pour exprimer mon accord.
Je le suis en lui emboitant le pas le suivant jusqu'aux écuries où je le vis choisir le destrier de Regina au lieu du sien alors qu'on m'amenait ma monture. Comme à mon habitude je remerciai celui qui l'amena chaleureusement, je respectais fortement la place de chacun et l'entraide que cela représentait à mes yeux. Peut être un reste de cet esprit d'équipage de navire que j'avais expérimenté. Robin m'expliqua que notre destination serait un endroit qu'il apprécie. Je lui répondis rênes en main et pieds à l'étrier.
Un peu de mystère et de suspens donc. Tu sais comment créer de l'anticipation, j'aime ça.
Dès qu'il fut en selle, il s'élança sans ménagement. Je fis de même prenant un plaisir unique à maintenir le galop dans son sillage. Je ne savais pas qu'est ce qui me comblait le plus entre traverser la forêt sur ce sentier au rythme des enjambées effrénées de ma monture et passer du temps avec mon père. Les deux avaient un effet émotionnel très important et précieux à mon cœur. Et les deux en même temps me donnait une sensation de bien être presque indescriptible de simplicité. Je le vois régulièrement jeter un regard vers moi et quand nos regards se croisent, c'est cette complicité singulière qui s'exprime sans qu'aucun mot ne soit prononcé à laquelle je ne peux que lui offrir un sourire débordant de cette complicité.
Le trajet est relativement court, et en descendant du cheval, comme par automatisme, j'observe la manière de faire de Robin pour la reproduire à l'identique tout en analysant pourquoi il faisait ainsi. Pourtant depuis le temps, c'était quelque chose que j'avais appris, mais ce besoin de faire mes preuves me poursuivait comme un fragment de ce traumatisme d'avoir été si longtemps séparée de lui et de Regina. Il allait nous falloir marcher un peu me dit il. Je remis en place mon arc et mon carquois pour m'assurer qu'ils étaient bien en place avant de suivre Robin avec une petite remarque ironique.
Après vous, "Maître".
Cela me faisait rire et quand je trouvais quelque chose qui m'amusait, j'avais souvent du mal à ne pas répéter cela un nombre de fois qui pouvait être un peu trop grand au goût de certains et certaines. Ca n'avait que rarement pour effet de m'en dissuader malheureusement pour eux. Après quelques minutes de marche dans la forêt, la vue de ce lac et cette clairière était très plaisante et capta mon attention avant de repérer les diverses cibles installées dans le décor. Le fait qu'il décide de partager cet endroit spécial à ses yeux était un cadeau magnifique qui m'émouvait plus que n'importe quel objet. Sans vraiment y réfléchir j'entourai son bras des miens en me collant à lui et murmurai dans une voix plus émotionnelle que j'aurais voulu laisser paraitre.
Merci de le partager, Papa.
Après un instant, par une certaine timidité ou juste un engouement à m'entraîner avec lui, je rompus ce contact, sortis mon arc et attrapai une flèche que je faisais tourner autour de mes doigts avec dextérité. Je le regardai avec cet enthousiasme et cette passion dont je débordais dans ce genre de moment.
Comment veux tu procéder? Chacun à son tour? En même temps? Compétition ou pas compétition?
Robin de Locksley
Lost one
♕ Lieu : Le Chateau sombre, dans la Forêt enchantée
Se retrouver à l’extérieur, immergé au cœur de la nature, était une expérience enivrante qui éveillait tous les sens. Là-bas, loin de toute pollution, on respirait l’air pur de ce monde préservé, remplissant ses poumons d’une fraîcheur vivifiante. Le vent, tel un doux souffle, caressait délicatement le visage, apportant avec lui les doux parfums de la terre et des fleurs sauvages environnantes. Puis, il s’intensifiait, se transformant en une brise revigorante qui s’engouffrait dans les cheveux et animait les feuilles des arbres dans une véritable symphonie naturelle.
Les rayons du soleil perçaient à travers le feuillage dense, créant des jeux de lumière éblouissants qui dansaient sur la peau, réchauffant chaque pore. Cette lueur chaleureuse était comme une caresse de la nature elle-même, réveillant une sensation de bien-être et de connexion profonde. C’était un émerveillement de voir la nature dans toute sa splendeur, un spectacle qui transportait l’esprit vers des temps révolus, évoquant l’époque où Robin était le hors-la-loi le plus recherché de Nottingham et de ses environs, vivant en harmonie avec la forêt et ses secrets.
L’atmosphère qui régnait ici était empreinte de quiétude et de mystère. Les chants mélodieux des oiseaux s’élevaient dans l’air, formant une symphonie naturelle dont les notes résonnaient en harmonie avec le cœur de Robin. Il s’imprégnait de ces mélodies enchanteresses qui semblaient révéler les secrets de la nature. Les parfums enivrants des fleurs sauvages égayaient les clairières, ajoutant des touches de couleurs vives à ce tableau naturel. Leurs senteurs suaves se mêlaient, créant un bouquet olfactif enchanteur qui flottait dans l’air.
En levant les yeux, Robin contemplait les majestueuses cimes des arbres, qui se dressaient fièrement comme les gardiens immuables de cette nature sauvage. Leurs branches entrelacées formaient un toit verdoyant qui filtrait la lumière du soleil, créant une danse d’ombres et de lumières sur le sol tapissé de mousse. Chaque pas résonnait doucement dans cet écrin naturel, accompagné par le murmure délicat d’un ruisseau cristallin serpentant avec grâce dans un coin isolé.
Après quelques minutes au galop, Robin et Lina parvinrent à l’embouchure d’un lac qui barrait leur chemin. Ils décidèrent alors de le contourner pour rejoindre un endroit particulier que Robin souhaitait faire découvrir à sa fille. Dans cette escapade, il ressentit une profonde fierté de passer du temps avec elle, de partager ces lieux qui lui permettaient de rester en communion avec la nature, loin des tumultes du royaume. C’était un moment privilégié où père et fille se rapprochaient, partageant un amour commun pour la beauté sauvage et intemporelle de cet environnement naturel préservé.
La blondinette semblait émue de ce partage et n’hésita pas à se rapprocher de son père pour passer son bras autour du sien, un contact qui émut l’archer qui tâcha, par pudeur, de ne rien laisser paraître.
« — Je crois que je ne suis jamais venu ici avec ta mère. Il faut dire que le tir à l’arc n’est pas sa spécialité », confia-t-il avec un brin de nostalgie. En pénétrant la clairière où se trouvaient quelques cibles, on comprenait rapidement en quoi cet endroit était si particulier pour l’un des meilleurs archers du royaume, voire le meilleur. La clairière elle-même était comme un sanctuaire pour Robin. L’odeur des cibles en bois imprégnait l’air, mêlée à l’odeur naturelle de la végétation environnante. Les arbres majestueux formaient un écran protecteur, offrant une intimité sereine à cet endroit spécial. Les rayons du soleil filtraient à travers les feuilles, créant des taches de lumière qui dansaient sur l’herbe verdoyante. Les cibles étaient disposées avec précision, offrant différentes distances et niveaux de difficulté.
Pas peu fier, Robin sortit tout ce dont ils auraient besoin pour s’exercer au tir à l’arc. Mais il était évident que, parmi les deux archers, c’était Lina qui semblait la plus exaltée. On pouvait voir à travers la manière dont elle faisait tourner sa flèche entre ses doigts, à quel point sa dextérité était grande. Elle partageait avec son père la passion de la compétition, une flamme qui brillait dans ses yeux et la rendait prête à relever tous les défis.
« — Et si tu commençais par me montrer de quoi tu es capable, ma grande ? » proposa-t-il avec un sourire bienveillant.
La forêt était un milieu naturel qui avait quelque chose de très spécial pour moi, come si elle avait été témoin d'étapes très importantes de ma vie. La première forêt était celle qui m'avait vu naitre ici même, entourée d'une famille aimante bien qu'il ne fallut pas longtemps pour qu'une sorcière nous prive de celle-ci. La deuxième forêt importante dans ma vie et celle de mon frère, ce fut celle qui entourait notre prison imposée par cette sorcière et surtout celle que nous avions du traverser pour nous enfuir. La troisième forêt ayant compté était celle sur une île des Sept Mers où je fis la rencontre de Dorothy, celle qui avait rapidement pris place dans mon cœur comme la raison même de chacun des battements de celui ci et de mon existence. La dernière forêt ayant été témoin d'un moment important de ma vie fut celle entourant le chemin où mon frère et moi avions retrouvé nos parents en voulant les détrousser. Chacun de ces moments étaient gravés dans ma mémoire pour différentes raisons. Et chaque forêt et chacun de ses arbres me donnait ce sentiment de garder une trace de chacun de ces souvenirs ayant forgé qui j'étais aujourd'hui.
Et aujourd'hui ce que mon père me partageait me donnait l'impression que c'était une forêt qui verrait quelque chose qui comptait beaucoup pour moi, le lien que je partageais avec celui qui était autant mon mentor, mon modèle, mon partenaire que mon géniteur et paternel. Je me laissais imprégner de chaque son, chaque odeur, chaque image qui s'imprimait au travers de mes yeux en plus de l'ambiance qui régnait en cet endroit qui représentait déjà beaucoup à Robin, et donc à moi aussi de par son partage. Dès que nous avions mis pied à l'étrier, c'était cette magie qui singulière qui s'était emparée de moi un peu comme celle d'un animal dans son milieu naturel, là où il devait être. Pour moi c'était ça la magie plus qu'une boule de feu, ou alors la lueur que je pouvais voir dans les yeux de mon père quand il jetait un coup d'oeil vigilant derrière lui et tout ce que j'avais l'impression qu'on arrivait à se dire par ce simple échange visuel plus riche que n'importe quel discours. Le moment ou nous étions arrêtés je n'avais pas simplement attaché mon cheval à la manière de Robin, j'avais eu des gestes affectueux envers ce fier destrier pour le remercier de m'avoir porté jusqu'ici et quelque chose dans ces yeux me donnaient l'impression d'être connecté à lui.
Je ne montrais pas toujours mes sentiments ou pas avec tout le monde, mais je ne pus m'empêcher d'exprimer à mon père l'émotion que cela provoquait en moi de me partager un tel endroit. Il me partagea même qu'il n'était jamais venu ici avec ma mère, ce qui rendait son geste encore un peu plus spécial, comme un secret entre lui et moi. Cela comptait énormément pour moi d'avoir une relation spéciale avec chacun d'eux, quelque chose de sincère et de profond afin de ne pas laisser cette peur lancinante de les reperdre un jour qui m'accompagnait tout au long du temps qui passait. Et même sans cela, l'endroit et la manière dont Robin l'avait aménagé était un véritable paradis pour l'archère que j'étais qui y voyait le plus parfait des terrains d'entraînement et même de jeu. Tout en laissant mon regard observer chaque détail de ce qui m'entourait et en rompant le contact physique avec mon père, je répondis à sa remarque.
Elle a d'autres spécialités, mais le tir à l'arc c'est plutôt notre truc à nous.
J'avais cru sentir qu'il ne voulait pas s'émouvoir comme je le faisais et je voulais respecter cela et ne pas le forcer bien que cela me procurait une grande satisfaction d'avoir un père avec qui je pouvais partager cette passion. Mon imagination travaillait à plein régime en observant autour de moi et pour la stimuler encore plus j'avais sorti mon arc. Une combinaison presque infinie de possibilités d'entraînement, c'était ça que je voyais en regardant autour de moi et je sentais l'excitation de la nouveauté et de l'évolution que cela pourrait m'offrir qui me réchauffait les muscles de mon corps. J'avais demandé à Robin en manipulant une de mes flèches dans mes doigts comment il envisageait de procéder. Une manière de lui exprimer mon enthousiasme tout en lui manifestant que je le laisserais être le guide de ce petit sanctuaire exaltant. Il m'engagea à lui montrer ce dont j'étais capable, je lui fis un grand sourire plein de malice et d'assurance tout en encochant la flèche que je tenais en main, impatiente de lui montrer mes talents.
Mais avec grand plaisir, mon petit paternel.
Alors que je bandais mon arc, préparant mon premier tir, mon sourire disparut laissant place à une concentration imperturbable. Un long souffle de respiration précéda le début des festivités pendant lequel mon regard organisa l'ordre dans lequel attaquer chacune des cibles que je me prévoyais de toucher. J'avais décidé de choisir les plus difficiles selon mon appréciation, décidée à l'impressionner. Mes mouvements se succédèrent avec une vitesse qui n'était pas de la précipitation et une fluidité organisée qui suivait l'enchainement que je m'étais fixé. Je dois avouer que certaines cibles étaient plus difficiles que je ne l'avais anticipé et que je reconnaissais mon ardeur qui pouvait manquer de tempérance dans cette surprise que j'aurais dû anticiper au vu du talent de mon paternel. Une fois que je terminai cette exhibition je pris un instant pour voir le résultat global et j'étais à la fois contente et en même temps j'aurais aimé faire mieux pour impressionner mon mentor. Je me tournai alors vers lui avec un sourire en coin mon arc pendant dans une de mes mains et l'autre posée sur ma hanche.
Alors quel est votre verdict Maître archer?
Bien que je le taquinais avec ce titre, j'avais une réelle admiration et un profond respect pour la maîtrise de mon père à l'arc. Je savais que j'étais d'un grand talent mais sa maîtrise avait quelque chose que je trouvais hypnotisant et à laquelle j'aspirais d'atteindre un jour. J'avais mes défauts et je les connaissais et je savais ou pensais savoir du moins ce que je devais travailler pour progresser et peut être un jour rivaliser avec lui.
Robin de Locksley
Lost one
♕ Lieu : Le Chateau sombre, dans la Forêt enchantée
La forêt, symbole ultime de la nature sauvage, tenait une place vitale dans le cœur de Robin. Bien plus qu’un simple refuge, c’était un véritable sanctuaire où il avait découvert les secrets de la survie. Au sein de cette vaste étendue verdoyante, Robin avait appris les secrets de la discrétion, la maîtrise de l’arc et l’art de se fondre dans l’environnement. Chaque recoin de cette nature luxuriante était devenu son terrain d’entraînement, lui permettant de développer son agilité, de se nourrir des ressources offertes par la terre et de vivre en harmonie avec le royaume végétal et animal.
À travers les profondes frondaisons et les sentiers sinueux, Robin avait patiemment perfectionné son agilité, ses sens aiguisés par le murmure du vent dans les arbres et le chant des oiseaux. Les arbustes touffus et les ronces épineuses, tout comme les cascades cristallines et les clairières baignées de soleil, étaient les caractéristiques marquantes de son refuge secret. Les arbres majestueux se dressaient comme des gardiens silencieux, leur feuillage dense formant un dôme protecteur au-dessus de la canopée. Les rayons dorés du soleil filtraient à travers les branches, créant des jeux de lumière qui dansaient sur le sol jonché de feuilles mortes. Les troncs noueux étaient recouverts d’une mousse veloutée, témoins muets des siècles écoulés. Les chants mélodieux des oiseaux, tels des messagers ailés, emplissaient l’air de symphonies naturelles, tandis que le parfum enivrant des fleurs sauvages se mêlait aux effluves terreux d’humus et de bois humide.
Pour Robin, cette forêt était bien plus qu’un simple refuge. C’était un abri vital qui lui permettait d’échapper aux griffes du prince Jean et de ses sbires, en particulier le sinistre shérif de Nottingham. Dans cet écosystème luxuriant, chaque arbre, chaque buisson et chaque cours d’eau étaient des alliés précieux dans sa quête de liberté et de justice. Les secrets et les recoins cachés de la forêt devenaient les gardiens de sa sécurité, lui offrant des abris sûrs pour élaborer ses plans audacieux et protéger ceux qui avaient besoin d’aide.
Maintenant, Robin avait décidé de partager ce trésor naturel avec sa fille bien-aimée, Lina. Chaque pas était un pas vers la connaissance, chaque instant passé ensemble était une précieuse leçon transmise de génération en génération. L’arc était le lien tangible qui les unissait dans cette nature sauvage, un lien que Lina confirma par elle-même peu de temps après que Robin eut constaté que le tir à l’arc n’était pas la spécialité de Regina.
« — Effectivement, ta mère a bien d’autres qualités que celles du maniement de l’arc. Elle projette des boules de feu comme personne ! » renchérit l’archer en esquissant un léger sourire. Ainsi, les chants des oiseaux se mêlaient aux bruissements des feuilles et au doux murmure d’un lac, créant une symphonie naturelle. Les fleurs sauvages s’épanouissaient dans une explosion de couleurs vives, offrant un tableau d’une beauté éblouissante qui insufflait une inspiration vivifiante à Robin avant que les choses sérieuses ne commencent.
Effectivement, les deux Locksley n’étaient pas là seulement pour profiter des trésors de la nature et de sa quiétude. Il était question d’un entraînement officieux, et désormais armé de leurs arcs, chacun avait à cœur de montrer de quoi il était capable. Par galanterie et curiosité, l’ancien voleur laissa le soin à sa fille de commencer.
« — Eh bien, vas-y ma belle, surprends-moi ! » Il se décala légèrement pour lui laisser de la place tout en l’observant attentivement. Son enthousiasme débordant était plaisant à voir. Puis, il laissa ses yeux se perdre sur la posture de la blondinette et la façon dont elle tenait son arc. Dès qu’elle eut bandé la corde de son arme, le sourire laissa place à la concentration. Elle était déterminée à ne pas faire de la figuration et voulait faire de son mieux. Et voilà, quelques secondes plus tard, les flèches se mirent à filer à travers l’air avec grâce, se dirigeant vers les cibles disposées, frôlant les branches et disparaissant dans la pénombre de la clairière. Lina n’avait pas choisi la facilité pour cette démonstration.
La plupart des flèches se plantèrent au bon endroit, mais certaines, peut-être trop éloignées, échappèrent à l’œil de lynx de Lina. Elle était encore jeune et peut-être trop audacieuse. Mais cela n’était pas plus mal pour Robin, qui reconnaissait en elle le fort caractère de sa mère. La jeune femme acheva donc sa démonstration avant de se tourner vers Robin, qui était resté silencieux et observateur jusqu’à présent.
« — Tu as une très bonne base, c’est indéniable », commença le professeur, toujours sur le côté, l’arc en main. Il observa attentivement les quelques rares échecs de son élève d’un jour, car il prenait à cœur le rôle que Lina venait de lui donner, malgré les taquineries apparentes de la demoiselle.
« — Le maniement de l’arc requiert beaucoup de subtilité, contrairement au maniement de la magie ou d’une autre arme », poursuivit-il. À son tour, Robin prit place et observa les cibles que Lina n’avait pas touchées. « — Avoir une bonne posture est primordial pour tirer des flèches à longue distance. Assure-toi d’être droite, les pieds écartés à la largeur des épaules. Le poids de ton corps doit être réparti de manière uniforme. Assure-toi aussi d’avoir les épaules détendues et la colonne vertébrale droite. » Joignant les gestes à la parole, l’ancien voleur s’exécuta et banda sa toute première flèche.
« — Pour tirer ta flèche, tu dois utiliser la force de ton corps, mobiliser les muscles du dos, les épaules et les bras pour étirer la corde de l’arc, plutôt que de simplement utiliser la force des bras. En faisant cela, tu généreras plus de puissance et de vitesse pour atteindre des distances plus grandes. »
Ainsi, il tira sa première flèche, qui vint se loger au cœur d’une des cibles les plus éloignées. Puis il se remit en position pour viser la suivante, mais prit le temps de l’observation cette fois-ci, afin de donner plus de crédit à sa nouvelle leçon.
« — Ne te précipite pas, car ce n’est pas une course. Il faut que tu sois capable de faire abstraction de tout pour pouvoir te concentrer sur la nature. Elle est ton alliée, si tu consens à lui prêter attention. Ferme les yeux l’espace d’un instant et ressens les choses. Il est important que tu apprennes à tenir compte du vent, surtout lorsqu’il s’agit de tir à longue distance. Le vent peut dévier la trajectoire de ta flèche, ajuste donc ta visée en fonction de sa direction et de sa force. »
Il se tut à nouveau, ferma les yeux, prit une grande inspiration, resta immobile l’espace d’une seconde, puis tira pour loger une fois de plus sa flèche au cœur de l’une des cibles les plus éloignées.
« — Ajuster la hauteur de ta visée est une bonne technique également lorsqu’il s’agit de cibles éloignées. Apprends à estimer la distance et à ajuster l’angle de tir en conséquence. Par exemple, si tu tires sur une cible plus éloignée, vise légèrement plus haut pour compenser la courbe descendante de ta flèche. Allez, essaie à nouveau ! » Le maître archer d’un jour reprit sa place sur le côté, laissant à nouveau tout l’espace nécessaire à Lina.
« — Ne te précipite pas, ma grande, ce n’est pas une course ! »