Tout était bien qui finissait bien. En tout cas, visiblement, c'était la happy ending à Agrabah... Jasmine et Aladdin s'était retrouvés, et Jafar avait été mis hors d'état de nuire. Notre cher Isaac était enfin libre de ses mouvements et de cette maudite lampe. Que demander de plus ? A vrai dire, Isaac restait dans ses songes... Pour lui tout n'était pas totalement terminé pour lui mais il voyait aussi une occasion de trouver sa propre fin heureuse. Même après des millénaires d'existence, il y a des choses qui ne s'oublient pas comme la famille et la perte d'un enfant. A vrai dire, il ne savait même pas si son fils était encore en vie après tout ce temps, mais... il sentait qu'il n'était pas mort. C'était comme un instinct paternel, mais où était-il ? La question était encore bien présente et ce n'était que le début de sa quête.
Isaac était sur un balcon en train de scruter le ciel incroyablement bleue d'Agrabah. Il avait sa vieille lampe entre ses mains et jouait avec sans vraiment y penser. La liberté. Il y avait longtemps qu'il n'y avait pas goûté. Ses poignets étaient libres et il ne dépendait plus de cette chose affreuse. Il était d'ailleurs bien décidé pour s'en débarrasser et le plus vite possible. Mais où ? Comment ?
Il entendit une porte s'ouvrir et de son balcon, il vit Razoul, un garde du palais passer en bas... Isaac ne l'aimait pas trop. Il trouvait qu'il n'avait pas vraiment le sens de l'humour et semblait regarder Isaac d'un mauvais œil. Avec plus de dix milles ans d'expérience, Isaac savait qu'il ne devait pas rester sur ses acquis mais il était aussi du genre taquin, ce qui n'était pas au goût de tout le monde et beaucoup se demandaient si Isaac n'était pas en train de se foutre de leur tête. D'ailleurs, aujourd'hui, il avait la liberté de s'adresser aux gens librement non ? Beaucoup de mots libres dans une phrase, mais il n'espérait tellement plus y goûter que se savoir libre était une réelle réjouissance pour lui. Mais la vérité c'est qu'Isaac ne savait pas sur quel pied danser avec lui, sans compter qu'il n'avait pas été le type le plus amical envers son ami Aladdin, et avait même suivi Jafar dans sa tentative de pouvoir. A vrai dire il avait aussi un peu de mal à le voir se promener dans le palais de la sorte. Et comme Isaac se préparait à faire un long voyage, il espérait que Razoul ne comptait pas faire un mauvais coup à son ami en son absence.
Il plissa les yeux et l'observa un instant remonter la grande allée du jardin. Il eut un sourire en coin et finit par s'évaporer dans un nuage bleue pour se retrouver en face directement de Razoul.
" Bonjour mon ami ! "
Les mains dans les poches, il avait un large sourire aux lèvres. L'apparition était surement un peu abrupte. A vrai dire, depuis sa présence au palais, Isaac était réputé pour être souvent complètement à l'ouest et un tantinet déphasé avec la réalité, à croire qu'il fumait le narguilé à longueur de temps. Mais comprenez que les millénaires de solitude, l'asservissement et la douleur de son passé l'avait rendu un peu toqué avec le temps...
" Nous n'avons pas eu vraiment le temps de se présenter. A vrai dire, vous étiez trop occupé à épauler Jafar dans sa quête de destruction et prise de pouvoir. D'ailleurs, j'ai trouvé le Sultan très indulgent envers votre cas. J'aimerai en faire mon propre avis. "
Toujours dit avec le sourire et qui cachait un sous entendu certain, sans pour autant éteindre sa bonne humeur. Celà montrait que même si Génie semblait être benêt, il était loin d'être le crétin qu'on pouvait croire. Il fit ensuite un geste et un pichet rempli d'un liquide frais se matérialisa dans sa main. Non il n'avait rien perdu de ses pouvoirs.
" Il fait chaud à cette heure de la journée. Le soleil tape fort. Une citronnade ? Ca vous évitera d'avoir la bouche pâteuse si on doit converser... "
Il gardait toujours son sourire qui pouvait même se montrer insolent à ce moment précis... ou alors complètement décalé... Quoi qu'il en soit: ronde ou pas, Isaac était bel et bien décidé d'entamer une conversation.
En apparence, tout était bien qui finissait bien. Agrabah était de nouveau en paix, le méchant vizir avide de pouvoir avait vu son avidité se retourner contre lui et un vaurien du nom d'Aladdin avait sauvé le royaume en montrant que l'apparence la plus crasseuse pouvait dissimuler un héros (les mauvaises langues diront que trouver une lampe magique aidaient beaucoup).
Razoul avait servi dans l'armée, puis en tant que chef des gardes dans le but que le royaume connaissait un jour cette paix et, pourtant, il n'éprouvait aucune joie devant le calme retrouvé. Bien malgré lui, il s'était laissé berné par les arguments de Jafar. Il avait servi le mauvais camp. Ce fait remplissait un peu plus son coeur de honte à chaque regard croisé qui lui rappelé le rôle qu'il avait joué dans cette histoire. S'il pouvait continuer à faire ces rondes dans le palais, c'était uniquement grâce à la clémence du Sultan. Le chef des gardes se surprenait à regretter de ne pas avoir reçu de punition exemplaire, au lieu d'être heureux d'avoir éviter la prison ou pire. Peut-être qu'ainsi, il aurait pu retrouver une certaine tranquillité d'esprit ? Gagner l'impression d'avoir épongé sa dette ? Il ne le saura jamais, et pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'y songer.
C'est avec de sombres pensées qu'il remonta la grande allée du jardin, jusqu'au moment où le génie apparut brusquement devant lui. Instinctivement, Razoul recula en agrippant la garde de son sabre. Il se détendit un peu en reconnaissant le plaisantin. Un peu seulement, car il se méfiait du génie, surtout de sa magie. Après avoir poussé un bref soupir, qui ressemblait beaucoup à un juron étouffé, il lâcha sa prise sur son arme.
"Évitez d’apparaître ainsi devant les gens, j'ai bien failli vous embrocher sous le coup de la surprise." Avertit-il.
Razoul lança un regard soupçonneux à cette personne, se demandant ce que le génie lui voulait. Son attitude semblait amicale, mais l'instinct du chef des gardes lui souffla que ce ne pouvait pas être aussi simple. La suite de la conversation ne tarda pas à confirmer ce soupçon. Les paroles furent dites avec le sourire tout en soulignant des faits qu'on pouvait qualifier de sensible pour Razoul qui ne put réprimer une légère grimace.
"Je suis très reconnaissant envers le Sultan et j'espère me montrer digne de sa clémence." Commenta-t-il avec prudence qui laissait penser qu'il ne comptait ni se justifier ni s'excuser auprès de son interlocuteur.
Sans l'apparition d'un pichet dans la main du génie, sans doute le chef des gardes aurait esquivé un geste signalant qu'il allait continuer son chemin.
"Sans façon." Répondit-il en regardant la citronnade comme s'il s'agissait d'une manifestation démoniaque. "Si vous voulez converser et vous désaltérez, comme vous dites, je préfère marcher jusqu'à une taverne en ville." Proposa-t-il un peu bourru. Pour joindre le geste à la parole, il reprit la marche. Après quelques pas, il lança tout de même un bref regard en arrière pour regarder si le génie le suivait. "Même si le tavernier crache dedans, je préférerais boire un verre provenant d'un commerce que produit par je ne sais quelle magie." Marmonna-t-il dans sa barbe, se sachant devenu peu populaire aux yeux des habitants d'Agrabah.
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Spoiler:
hrp:désolé du temps de réponse et du fait que se soit court, j'essayerais de faire mieux la prochaine fois :cachecache:
A vrai dire, notre cher génie était connu pour être assez déconnecté de la réalité et pouvait faire des choses qui pouvaient sembler totalement déplacer pour les trois quart des gens. Razoul faisait visiblement parti de cette partie là. Il faut ajouter que notre homme avait le cerveau qui avait été un peu "court-circuité" en aillant passé de très nombreuses années, si ce n'est des siècles, enfermés dans sa lampe sans compagnie ni rien. Un coup à en devenir complètement taré. Celà ne faisait que quelques mois qu'il en était sorti le bougre, cette expérience était encore bien fraîche dans sa mémoire et il lui faudra quelque temps pour s'y remettre... Pas totalement néanmoins, mais afin de revenir sur terre. A vrai dire, il s'en sortait plutôt bien... Bien que parfois on pouvait le retrouver à converser tout seul comme un fou ou à faire l'imbécile avec sa magie. A côté de celà, il restait relativement vif et terre à terre. Il aurait pu être définitivement malade.
Quand Razoul lui dit qu'il aurait pu l'embrocher à faire des apparitions comme celle-ci, Isaac se mit à rire ouvertement en regardant son arme.
" Ha ca ? Ce n'est qu'une petite arme de mortel, elle ne me ferait même pas une égratignure... "
Celà pouvait être considéré comme une chance mais pour pour un génie comme lui, c'était une malédiction. Il avait pensé à se donner la mort plusieurs fois quand il était enfermé dans sa lampe et qu'il broyait du noir loin de son fils... Il était en sa seule compagnie et il avait tenté plusieurs fois de mettre fin à sa vie sans résultat. Mais ceci est une autre histoire.
Isaac vit que Razoul semblait assez distant avec lui. En même temps, notre génie lui avait mis sous le nez ses erreurs du passé... Oui, le sultan était bon, mais Isaac était méfiant. Il le détailla alors qu'il refusa son pichet avant de lever un sourcil tout en souriant largement et niaisement.
Il jeta le pichet en l'air qui se dématérialisa en dodelinant la tête comme un gosse, toujours le sourire aux lèvres. Il ajouta pourtant pour se défendre.
" Ne vous méprenez pas. On ne peut pas créer des choses à partir de rien. Ma boisson était faite de citrons d'un pays lointain dont vous ne connaissez pas le nom mais qui produisent les meilleurs qu'il soit, et d'eau fraîche que j'ai prise d'une oasis non loin de là. Je n'ai eu qu'à les rassembler mais va pour l'auberge ! "
Il lui emboîta le pas rapidement en le rattrapant, trottinant presque. Il réalisa alors ce qu'il avait dit avant:
" Pourquoi diable le tavernier crache-t-il dans ses boissons ? C'est un peu répugnant non ? Après, je connais une très bonne auberge et le tavernier ne crache pas dans ce qu'il sert... Il fait des cocktails à tomber par terre... Enfin... Si il est encore en vie. Ca fait au moins... "
Il commença à compter sur ses doigts qui se démultiplièrent un instant et qui pouvaient apparaître comme un mirage. Isaac secoua sa main pour qu'elle reprend sa forme initiale, et comme si cet acte de magie n'était pas voulu. Il grimaça un instant:
" ... tout ca au moins... Ouais... Non... Je crois qu'il est mort. Bon... Je trouve qu'il fait trop chaud pour marcher moi... "
Sans attendre, il posa une main sur l'épaule de Razoul et ils se téléportèrent directement face à une Auberge en ville. Pas forcément la plus classe mais Isaac donna un coup de coude à Razoul en ajouta:
" ... Ils ont de jolies filles... Ca fait longtemps que je n'ai pas approché de jolies filles... Allez... Je paye ma tournée ! Compte ca comme un vœu gratis l'ami !! De toute manière, je suis libre alors je peux faire ce que je veux. "
Il fit apparaître quelques pièces d'or qu'il enfourna dans la poche de Razoul. Il avait bien l'intention de discuter avec le soldat, et pour celà, il était prêt à donner un peu de magie en retour. Réticent ou pas... Il s'avança jusqu'à l'entrée en faisant un petit pas de danse joyeux.
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Spoiler:
HJ: T'en fais pas, avec la FACTS, je te comprends. Et pour la longueur, je trouvais ton post très bien. Bon, Isaac fait un peu des siennes là xD Mais il vient tout juste d'être libéré et il veut en profiter. Sans parler de son côté maboul qui est encore bien présent. Oui, j'ai aussi fait bien exprès de bien utiliser la magie. xD J'espère que ca te plaira.
Dans le domaine des mauvaises idées, apparaitre soudainement en face d'un homme armé figurerait sans doute à une bonne place si quelqu'un s'aventurait à faire une liste. Razoul, la main encore sur la garde de son arme, se remettait encore de la surprise de cette apparition soudaine. Pendant ce temps, le génie se mit à rire devant sa mise en garde, ce qui n'aidait pas vraiment le chef des gardes à se décrisper.
"Et bien, égratignure ou non, cela me dérangerait de vous embrocher, alors si vous pouviez cesser d’apparaître ainsi..." Argumenta-t-il avec le plus de diplomatie possible. Peut-être que cela ne le dérangerait pas autant qu'il le déclarait, cela dit... Cependant, dire quelque chose comme 'puisque cela ne vous fait rien, laissez moi essayer, ça me fera un bien fou' n'était pas le meilleur moyen de commencer une discussion.
Après on se demandera pourquoi il se méfiait autant de la magie ! Comment pouvait-on faire confiance à une personne aussi étrange que celle qui avait surgi devant lui ? Pourtant, aussi étrange soit-il, le génie avait réussi là où lui-même avait échoué en participant à faire régner la paix à Agrabah. Un constat mit en évidence par les remarques de son interlocuteur. Sur la défensive, Razoul exprima sa reconnaissance envers la clémence du sultan. Une clémence qu'il savait ne pas mériter.
L'Agrabien regarda le pichet apparu par magie comme s'il s'agissait d'une apparition provenant des enfers. Il était vraiment hors de question de boire une chose matérialisée ainsi ! Razoul expliqua ce point de vue avec un peu plus de tact, bien que son aversion pour la magie était visible sur son visage. Aussitôt, le pichet fut jeté en l'air, par réflexe, Razoul eut un mouvement pour empêcher le récipient de se briser, mais l'objet se dématérialisa avant qu'il ne le touche. Le chef des gardes se redressa en poussant un soupir agacé tandis qu'Isaac gardait le sourire.
De toute évidence, cette conversation n'allait pas être exempte de magie, ce qui l'agaçait par avance. En fait, s'il avait pu retourner à sa ronde, il en aurait été ravi, mais faire changer d'avis son interlocuteur semblait aussi difficile que lui demander d'arrêter de surprendre les gens avec ces tours de passe-passe. Razoul proposa un cadre plus terre-à-terre pour leur discussion, comme de marcher jusqu'à l'auberge. Il écouta à peine les explications du génie concernant l'origine du piquet et de son contenu, préférant commencer sa marche vers les portes du palais.
Razoul lança un bref regard perplexe lorsque le génie réagit avec un temps de retard à sa précédente réflexion. Son interlocuteur était vraiment difficile à saisir, il pouvait appuyer sur des vérités dérangeantes puis, l'instant d'après, faire des remarques d'une naïveté enfantine.
"C'est ce que les gens font lorsqu'il se retrouve obligé de servir une personne qui leur déplaît." Expliqua-t-il, tout en se demandant si son interlocuteur ne le savait pas déjà, mais jouait les idiots pour l'ennuyer. Le chef des gardes allait ajouter quelque chose, mais il s'interrompit brutalement en voyant les doigts de la main du génie se multiplier. Razoul assista à ce nouvel exploit magique jusqu'à ce que le phénomène se dissipe lorsque le génie secoua la main. Impossible de se concentrer sur autre chose ou de se rappeler ce qu'il s'était apprêté à dire.
D'ailleurs, son interlocuteur ne lui laissa pas le luxe de retrouver ces mots ou de commenter avec quelle insouciance Isaac évoqua l'éventualité de la mort d'une connaissance puisque le génie lui posa une main sur l'épaule et aussitôt, ils se trouvèrent à destination. Razoul fit quelques pas en arrière, il avait l'attitude de quelqu'un qui avait raté une marche. Pendant ce temps, le génie lui donna du coup de coude en faisant apparaitre des pièces qu'il ne tarda pas à mettre dans la poche du pauvre chef des gardes. L'Agrabien n'en pouvait plus de cette déferlante de magie. Il ne savait plus s'il devait être choqué ou en colère. Il brûlait d'envie de jeter les pièces offertes avec la même virulence que si elles étaient chauffées à blanc. Oui, il ne savait pas ce qui le retenait de joindre le geste à la pensée, peut-être à cause d'une vague notion de politesse qui ne voulait pas disparaître, malgré l'étrangeté de son interlocuteur du jour.
"Très bien, je suppose que je dois vous remerciez." Marmonna-t-il avec réticence en suivant le génie, mais avec un pas beaucoup moins joyeux que ce dernier.
Plus que l'éventualité de subir la magie du génie pendant toute la durée de cette discussion, Razoul s'inquiétait surtout de l'accueil qu'il recevrait en entrant. Peut-être s'inquiétait-il pour rien. Il l'espérait.
A vrai dire Isaac était tellement habitué à utiliser la magie que pour lui c'était comme respirer, il le faisait sans vraiment se poser de questions. Mais si celà pouvait enquiquiner Razoul, celà était la bienvenue. Oui, il était bizarre parfois, et il gardait cette réputation là. Il s'en fichait après tout.
Après s'être téléporter avec son interlocuteur près de l'auberge sans plus attendre, il avança des pièces au garde. Il vit qu'il les accepta à contre-coeur. Après lui avoir lancé un dernier sourire, il continua sa route jusqu'à l'intérieur du lieu. Il souleva un rideau aux couleurs vives avant de s'avancer au milieu de la pièce. Il observa avec intérêt l'endroit, alors qu'une douce musique orientale se faisait entendre. L'endroit disposait d'une sorte de cours centrale où des danseuses faisaient leur show. Isaac eut un large sourire alors qu'il s'avança jusqu'à une table basse et s'assit sur un des coussins posés là. Il fit ensuite un geste à Razoul pour qu'il prenne place à son tour.
" Et bien... Il y a de l'ambiance ici, je crois qu'on va bien s'amuser. Faites vous plaisir mon ami ! "
Il espérait aussi pouvoir profiter de sa nouvelle liberté et rattraper le temps perdu, car il faut se rappeler qu'Isaac n'avait pas toujours été un génie mais bel et bien un homme qui pouvait côtoyer ce genre d'endroit. Il leva la main pour attirer l'attention, et se commanda un vin assez coûteux et fit signe à Razoul pour qu'il fasse sa commande aussi.
Ensuite, il fit apparaître quelques coussins supplémentaires et se cala confortablement, avant d'attraper le tuyaux d'un Narguilé qui se trouvait là et qui commença à fumer de manière totalement magique. Isaac dont le sourire ne l'avait jamais quitté, eut un rire ouvert et chaleureux. Il montra aussi rapidement une des danseuses en ajoutant:
" Elle me rappelle une danseuse que je connaissais quand j'étais encore humain. Elle s'appelait Amosis. Elle pouvait faire des prouesses avec son corps. "
Il accompagna sa fin de phrase en roulant des yeux, d'une manière qui voulait tout dire. Il proposa ensuite le narguilé à Razoul, histoire de partager un peu. Il le regarda ensuite longuement silencieux avant de se redresser et lui demanda:
" Razoul... Depuis combien de temps vous êtes à Agrabah ? Être garde ne doit pas être une vie facile... Mais c'est parce que vous l'avez choisi non ? C'est le principe d'être libre... Comme le moment où vous avez servi Jafar... "
Son sourire s'était effacé un instant, mais il se reprit rapidement après avoir tiré longuement sur son nargilé:
" Je ne suis pas là pour juger mais pour comprendre. On a tous nos ambitions et nos erreurs de parcours... Je suis loin d'avoir été un saint de mon côté, j'ai fait pas mal de choses dont je ne suis pas fier par le passé... Mais il serait fâcheux qu'il arrive quelque chose à mes amis pendant ma prochaine absence... Je veux juste mettre les choses au clair... "
La fumée du tabac l'entoura et il s'amusa à faire des dessins dedans. Avec un peu d'observation on put voir le visage familier de l'ancien vizir se dessiner alors qu'il se changea en serpent et Isaac le fit totalement disparaître en attrapant sa création dans sa main et en l'écrasant.
Razoul se remettait à peine de cette démonstration de magie excessive qu'une autre crainte l'attendait : Celle du regard des autres. Il espérait craindre le pire pour rien, ou peut-être était-ce la clémence reçue par son Sultan qui le poussait à croire qu'il recevrait ce qu'il mériterait via d'autres mains. Oui, le chef des gardes n'avait pas tenu le beau rôle dans cette histoire de grand vizir avide de pouvoir et il en avait conscience.
Fort heureusement, cette crainte ne se concrétisa pas. Tout au plus, il reçut un ou deux regards appuyés témoignant que certains clients le reconnaissaient avance que ceux-ci ne retournent à leur préoccupation. Razoul étouffa un soupir de soulagement. Suivant son excentrique guide du jour, il lança un regard plus militaire sur les lieux, en contraste parfait avec celui empli de curiosité du génie. L'Agrabien, lui, donnait l'impression d'analyser les potentielles zones d'embûches de l'endroit plutôt que d'en apprécier les performances des charmantes danseuses. Il ne se détacha de cette 'inspection' que lorsque son interlocuteur l'invita à prendre place sur des coussins.
"Vous en profiterez certainement assez pour deux." Répondit-il alors que le génie l'incitait à se 'faire plaisir'.
Razoul n'oubliait pas que le génie désirait parler et il soupçonnait que le sujet de cette discussion serait moins sympathique que la première impression le laissait supposé. Aussi, restait-il sur la défensive.
Désirant tout de même faire bonne figure, il passa également la commande d'un vin, bien qu'il optât pour un choix moins coûteux que celui demandé par le génie. C'est alors qu'une nouvelle démonstration de magie mit à mal ses motivations d'être moins à cran. Cette fois, ce fut des coussins supplémentaires qui apparurent dans le but d'améliorer le confort d'Isaac et un Narguilé qui se mit à fumer de sa propre initiative (du moins, c'est ce qu'un oeil novice en aurait dit). Razoul contenir le recul instinctif qui avait crispé ces muscles. Il s'empêcha également de pousser un autre soupir. La conversation s'annonçait épuisante si elle devait être ponctuée continuellement de magie dont il avait horreur.
Ravi de pouvoir se concentrer sur quelque chose de normal, le chef des gardes regardant la danseuse désigner par Isaac. Que pouvait-il ajouter au commentaire fait par le génie ? Cela ressemblait beaucoup à une anecdote dont lui seul pouvait en rire. Avec un geste de la main et un hochement de tête négatif, Razoul refusa silencieusement la proposition de son interlocuteur concernant le Narguilé. Le genre de geste qu'un policier du monde moderne aurait pu faire accompagnant la remarque : jamais en service... Malgré le fait que l'Agrabien avait commandé du vin.
L'avantage quand on se retrouvait dans un lieu si animé, était que les termes 'silence gênant' ne pouvaient s'appliquer, ou alors, très difficilement. On ne pouvait pas non plus parler de silence brisé lorsque la personne qui vous faisait face reprenait la parole.
Razoul lança un regard lourd à Isaac, comme s'il cherchait à cerner son interlocuteur sans y parvenir. Malgré cette petite pique finale concernant Jafar, il était tout de même soulagé que le 'noeud du problème' soit finalement abordé.
"J'y suis né, pour tout dire." Répondit-il avec franchise. "Ou plutôt je suis originaire d'un village se trouvant à la frontière." Corrigea-t-il avec un geste vague dans une direction qu'il espérait être la bonne. "J'ai rejoint la capitale pour entrer dans la garde."
Avant qu'il ne puisse répondre à la dernière remarque, Isaac avait poursuivit. Razoul se contenta alors de serrer les gents en entendant la suite, tout en assistant au petit tour de fumée du génie. Il reconnut le serpent et l'Agrabien ne put s'empêcher de crisper les poings devant cette vision.
La surprise lui décrispa les poings devant l'annonce d'un éventuel départ du génie. Cependant, il ne manifesta pas cet étonnement à voix haute, plus concentrer sur un autre sujet. "Bien, vous voulez mettre les choses au clair, Soit !" Lâcha d'un ton un peu bourru. "Le village dont je vous parlais a été rasé par des bandits. Ma famille a été massacrée. J'étais à la capitale pour suivre ma formation quand cette tragédie est arrivée. Il ne restait rien à mon arrivée, j'ai..." Il marqua une pause et baissa la tête un instant avant de reprendre. "J'ai à peine reconnu ma famille quand j'ai trouvé leurs dépouilles. Je n'ose imaginer ce qu'ils ont pu subir." Souffla-t-il dans un murmure. La tristesse fut rapidement effacée pour retrouver tout son mordant habituel. "Je ne vous dis pas cela pour obtenir votre sympathie ou votre pitié. Oui, j'ai cru les paroles de Jafar parce qu'il promettait une Agrabah débarrassé de la vermine. Je l'ai aidé. Je ne le nierais pas. De là, à dire que je le referais si tout recommençait..." Il fit une grimace en reniflant. "Hé bien, cet Aladdin a sauver le royaume, me montrant que j'avais tort de mettre tous les vauriens dans le même sac." Conclut-il presque à contrecœur, comme le ferait quelqu'un qui avait toujours du mal à admettre avoir tort. Surtout qu'il avait entretenu cette conviction concernant la vermine depuis des années.
"Il est dommage que vous deviez partir." Avoua-t-il avec franchise. "Mais je ne peux vous reprochez de vouloir profiter d'une liberté retrouvé." Razoul garda pour lui que, ce qui le chagrinait vraiment, c'est que lui-même songeait à partir. Le départ du génie signifiait un défenseur en moins pour son royaume natal.
Avec le temps Isaac avait appris à devenir méfiant. Ce n'était pas par méchanceté qu'il avait invité Razoul ici dans cette taverne mais bel et bien pour tester l'homme et voir à quel point il était fiable ou non. Il était vrai qu'il avait servi Jafar et celà faisait un on prétexte pour le surveiller.
Malgré tout, Isaac essayait de détendre l'atmosphère. Il savait qu'abattre une trop grande pression n'était pas profitable et il espérait, par ses propositions, que Razoul baisse sa garde. Visiblement le garde refusait les plaisirs que pouvait lui apporter le lieu. Isaac appréciera donc seul d'agréables compagnies et d'autres consommations euphoriques. Mais à côté de celà, Isaac ne pouvait s'empêcher de chercher Razoul en utilisant ses pouvoirs. Il savait que celà risquait d'être contre-productif, mais il ne pouvait pas s'en empêcher.
Isaac finit par lancer le sujet et commença à poser des questions directes et franches à l'homme. Autant aller directement au but. Ses paroles allèrent presque jusqu'à une certaine menace et Isaac avait bien fait comprendre à Razoul qu'il disposait encore de ses pouvoirs de génie et qu'il n'aurait aucun scrupule à s'en servir si il venait à arriver quelque chose à ses amis. Il ne s'attendait pas à la réponse de Razoul.
Isaac l'écouta attentivement et il aurait dû se douter que quelque part, il n'avait pas eu un passé facile. Mais lui non plus n'en n'avait pas eu un des plus brillants. Il resta interdit un instant avant de se racler la gorge et lui répondre en toute franchise.
" Je vois... Mais je reste quand même méfiant... Mes décennies sur cette planète m'ont appris à le devenir. Je suis sincèrement désolé pour votre famille et vous pouvez me croire sur parole. " Il soupira. " Je n'ai pas non plus eu un passé des plus sympathiques. Ma femme est morte, fille de Pharaon... J'étais du sang des esclaves... et j'ai dû abandonner notre fils dans un autre monde pour le sauver de ce souverain sans pitié. Devenir génie n'était pas un choix mais une malédiction pour moi. C'est redevenir un esclave, alors que la solitude vous détruit votre mental petit à petit, enfermé dans une lampe de quelques centimètres. Après on me reproche d'être cinglé parfois, mais je m'en sors pas trop mal en fin de compte. "
Il fit un large sourire figé et écarta les yeux dans une grimace toute sauf naturel et un peu dérangeante.
" Vous savez, Razoul, si je pars ce n'est pas par plaisir. Oui, je suis heureux d'avoir retrouvé ma liberté, mais je dois finir ce qui a commencé il y a des lustres de celà. Je pense que j'ai trouvé ma place, ici, à Agrabah et pour tout vous avouez... le gamin, Al', m'a redonné un espoir que j'avais perdu depuis des décennies. Je crois en une fin heureuse aujourd'hui. " Il eut une exclamation alors que son regard se perdit et ajouta. " Et je n'étais pas si différent que lui quand j'étais gosse, mais mon histoire a pris une autre tournure... Mais j'ai foi de penser que ma fin n'est pas encore écrite. Pensez celà Razoul... Ca vous évitera de prendre le mauvais chemin par la suite. Croyez en vous et pas aux promesses des autres... "
Peut être se montrait-il un peu plus conciliant avec son interlocuteur au final.
Enfin, on en venait au coeur de la discussion, à la réelle motivation qui se cachait derrière cette invitation surprise. Car Razoul n'était pas dupe, il avait senti dès le départ que le génie voulait obtenir quelque chose ou, au moins, mettre les points sur les i. Peut-être était-ce lui qui extrapolait trop. Il n'en revenait toujours pas d'avoir bénéficié de la grâce du Sultan et encore plus de conserver son poste. Peut-être qu'il espérait entendre quelqu'un lui dire qu'on ne lui pardonnera jamais ce qu'il a fait. Lui-même n'en était pas certain.
L'Agrabien se soumit à un jeu difficile, évoqué son passé. Comme il le signala vite, ce n'est pas dans le but d'obtenir de la pitié de la part de son interlocuteur qu'il évoquait le sort funeste qui toucha sa famille, mais afin d'expliquer pourquoi il détestait autant ce que Jafar appelait de la vermine, et ainsi comment il en était venu à croire les beaux discours du Grand Vizir. Razoul pouvait admettre ses erreurs, bien qu'il était encore assez difficile pour lui de reconnaître les mérites de ce vaurien nommé Aladdin. Combien de fois ce filou lui avait échappé sur la place du marché ? Et maintenant, Aladdin était le héros d'Agrabah. Difficile d'admettre ces torts concernant ce sujet, pourtant, il devait admettre à contre-coeur que le jeune homme lui avait prouver qu'un vaurien pouvait cacher des qualités insoupçonnées.
"Vous avez parfaitement le droit d'être méfiant." Réagit-il à la première réaction d'Isaac. Il comprenait, il n'y avait aucune garantie qu'il n'ait inventé tout cela pour endormir la méfiance de l'autre. Razoul écouta la suite, tel un coupable écoutant le verdict du juge. Oui, le génie pouvait parfaitement tenir ce rôle si l'envie lui en prenait. Il pourrait changer le chef de garde en n'importe quoi ou l'exiler magiquement n'importe où, s'il estimait avoir le droit ou le devoir de le faire, ou même simplement par facétie. Il était suffisamment puissant pour cela et c'est ce qui l'empêchait de totalement se détendre. Une autre raison qui rendait l'Agrabien autant sur la défensive. Bref, il s'attendait à tout, sauf à ce qui allait suivre. Razoul ne put cacher sa surprise en découvrant que le génie avec une famille.
"Je... Je suis désolé de l'apprendre, j'ignorais que vous aviez été humain avant d'être un génie." Réagit-il encore sous le coup de la surprise. Sous le coup, il se sentit un peu stupide et ne sut quoi ajouter. Tout ce qu'il connaissait sur ces êtres magiques se limitait aux superstitions des anciens.
L'Agrabien essaya de regarder son interlocuteur en prenant en compte ces nouvelles informations, essayer de le voir sous un oeil différent, mais c'était difficile. L'étrange grimace que fit Isaac ne l'aidait pas beaucoup.
Fort heureusement, la conversation se porta sur le départ du génie. Aussi étrange et déstabilisant que pouvait être cette personne, Razoul regrettait ce départ qui signifiait une grosse perte pour les défenses d'Agrabah si une nouvelle menace devait surgir. Un réflexe de soldat de toujours redouter le pire qui mettait à mal ces propres projets de départ. Le chef des gardes ne fit aucun commentaire concernant les fins heureuses. Personnellement, il n'avait jamais cru à ce concept encore moins réfléchi à ce que pouvait être la sienne. Une Agrabah en paix, certainement. N'était-ce pas ce qu'il vivait ? Pourtant, il ne se sentait pas spécialement heureux. Razoul balaya cette pensée.
"Je prends note du conseil, merci." Répondit-il avec un hochement de tête en guise de remerciement. Il se força à sourire. "Et je vous souhaite bon voyage par avance, j'espère que vous trouverez ce que vous chercher." Il était assez maladroit dans ces propos, n'ayant pas l'habitude de tels amabilités, mais il était sincère. Il se redressa légèrement, comme s'il allait aborder un sujet moins amical. "Concernant Agrabah, soyez assurer que si un danger devait survenir, ce ne sera pas de mon fait, vous n'êtes pas le seul à avoir des projets de voyage." Avoua-t-il finalement. Bien que l'annonce de départ du génie glissé une hésitation dans son projet, était-ce prudent de partir maintenant ?