Naturellement que j’avais raison, je n’avais pas besoin que blondinette acquiesce, mais elle le faisait et je la laissais faire. Je devenais un peu laxiste avec cette jeune fille, mais que faire d’autre elle était le seul lien qui pourrait me permettre de revoir Modred un jour. Morgause, n’allait pas se laisser faire, la retrouver allait être compliqué, sans compter que si un jour cela arriverait je ne prendrais pas ma forme de dragon pour la tuer, je resterais bien humaine et j’y arracherais son maudit coeur de la poitrine pour lui faire bouffer. Elle ne méritait que ça. Elle méritait une mort lente et douloureuse. Elle avait entendu ma promesse divine, je le savais entrer dans l’esprit des gens était une de mes spécialités. Aurait-elle peur ? Allait-elle rire ? Je le vérifierais un jour mais entre nous, s’il y avait une seule personne en capacité de rire entre elle et moi à l’issue de ce combat se sera moi, moi et uniquement moi. Aussi je me retrouvais a expliquer le principe même de cette malédiction à Raiponce, et cette dernière eu la délicatesse de ne pas me servir le discours féérique que tout le monde pouvait être aimé et qu’on avait tous notre grand amour qui se balade quelque part. Si elle avait fait ça je lui aurais arraché la langue ! S’en doutait-elle ? J’espérais pour elle.

Au lieu de poser des questions sur Modred ou pire sur moi, elle s’attaqua à une chose que je maitrisais beaucoup plus : la magie. Ecoutant ses interrogations avec attention, je laissais mon regard se poser sur sa chevelure, ok elle avait des cheveux qui s’illuminaient. Soit, c’était cool, inutile, mais cool, et elle pouvait éventuellement guérir des blessures. Haussant les sourcils, je faisais apparaitre un couteau de cuisine dans ma main et me coupais profondément la paume de main sans le moindre ménagement ou once d’hésitation. Le sangs s’écoulant rapidement sur la table je tendais ma main vers la demoiselle :

« Tu n’as qu’à essayer et tu sauras ! Le sort noir n’altère pas les performances magiques, mais ce monde par contre oui. La magie est aléatoire et beaucoup moins puissante ici que dans notre monde. Je ne peux savoir si ta magie est toujours opérationnelle, pour savoir faut tester donc vas y. »

Le sujet dériva sur Modred une fois de plus, j’avouais que j’étais une mère indigne. C’était l’impression que j’avais, après tout j’avais oublié mon enfant pendant des années. Il m’avait fallu une photo pour tout faire remonter, mais j’aurais pu passer toutes l’éternité à ignorer que mon fils avait survécu. Écoutant ses paroles, je souriais avant d’écouter ses propos. Elle était coiffeuse. Etrangement je trouvais que ce métier lui allait bien. Après tout sa vie tournait autour de ses cheveux, être coiffeuse était donc une évidence. Cette malédiction avait bien choisi le métier de ses habitants, c’était parfois marrant à voir comment un simple sort pouvait révéler la vraie nature des gens.

« Je suis anesthésiste dans l’hôpital de la ville, mais comme tu peux t’en douter, personne sait qui je suis et personne sait quel visage est vraiment le mien. Je tiens sincèrement à ce que ça reste ainsi Hannah. On est toujours d’accord sur ça ? »

Le regard de la princesse se pétrifia un court instant lorsqu’elle me vit me couper la paume de la main. Que pensait-elle ? Que j’étais une petite chose fragile qui craignait la lame d’un couteau ? j’avais connu pire comme douleur, mais je ne relevais pas, lui tendant la main avec patience. Finalement, Hannah se décida enfin à dérouler ses cheveux sur tout un côté, pour les poser sur ma plaie et chanta sa chanson. Après quelques mots, je vis ses cheveux s’illuminer sur toutes leur longueur pour soigner la plaie, enfin ça s’était la théorie la plus parfaite. Attendant patiemment que cette dernière finisse son tour de passe-passe, je fus agréablement surprise lorsque je n’apercevais plus la moindre trace de sang ou d’ouverture sur la plaie. Face à son sourire je comprenais qu’elle était fortement fière d’elle. Je ne pouvais m’empêcher de sourire, la naïveté de cette fille faisait son charme je devais l’admettre. Je ne comprendrais jamais cette façon de voir les choses, mais qu’importe. D’ailleurs je m’appliquais à lui rappeler les règles de bases. Je voulais que ça s’encre bien dans sa tête de blonde. Cette dernière m’inspirait confiance, mais on n’était jamais trop prudent.

« Comment ça il s’était blessé en montant dans votre tour ? Mais il n’y avait pas de porte ? »

Bon d’accord cette question était stupide, il y avait forcément une porte, mais pourquoi mon fils se ferait chier à grimper à un mur s’il y avait une porte. Satanée Morgause ! Si elle n’avait pas bloqué sa magie et séparé de moi il aurait été un dragon et aurait su voler ! Un tel incident ne se serait jamais produit.

« Non, merci je n’ai pas soif »

Reprenant mon apparence de couverture, je jetais un œil au miroir avant d’ajouter :

« Je devrais m’en aller. Je dois y aller. Je place ma confiance en vous Hannah, ne me décevait pas. »