"On ne se libère pas comme ça de son passé. On n'échappe pas comme ça aux sables mouvants de ses obssessions." - Guillaume Musso, l'Appel de l'ange ▬ Regina & Emma
Regina m'assurait que ça n'était pas un drame d'avoir « accidentellement » allumer un feu secondaire, me demandant de recommencer encore et encore, jusqu'à ce que ça devienne un automatisme aussi naturel que de respirer. Seulement, j'étais déjà fatiguée. J'avais l'impression d'avoir été vidé d'une partie de mon énergie et j'étais presque certaine que cela avait directement à voir avec ce que j'avais déjà produit. La magie avait un prix. J'avais appris ça assez vite, ici. Et je ne pensais pas qu'elle était toujours aussi simple qu'elle semblait l'être dans mes mains de Regina ou de Gold.
Malgré tout, je me remis en position, prête à recommencer, mais Regina semblait soudainement plus concentrée sur ce que je lui avais raconté et je me tournais de nouveau vers elle, alors qu'elle émettait déjà des hypothèses qui me semblaient à mille lieux du réel. Je secouais négativement la tête en réponse à sa question. « Non, ça a été la seule et unique fois et Crochet comme moi, on avait vraiment le sentiment que la perle avait une influence sur ma présence... » Elle s'étonna ensuite que Killian avait en sa possession la perle de Mushu, à l'époque. Je dus fouiller dans ma mémoire pour me souvenir exactement des choses, mais finalement, je hochais la tête, pas vraiment certaine, malgré tout. « Il a trouvé un coquillage, une nuit et quand il l'a ouvert, la perle était là. Je ne savais pas vraiment à quel moment il l'a perdu ensuite, mais il ignorait autant que moi d'où elle venait, à ce moment-là. Je ne sais pas s'il a su, ensuite, ce qu'il avait réellement en sa possession... » Je me souvenais qu'il s'était interrogé, me demandant si j'en avais une ou si j'étais liée à celle-ci d'une quelconque manière dont j'aurais été au fait. Il avait été sincèrement ignorant de tout et aussi surpris que moi de ma présence. D'après notre brève discussion dans le château de glace, il avait, lui aussi, fini par se dire que je n'avais peut-être été qu'un rêve...
Elle annonça ensuite que Mushu allait venir, lui aussi, pour s'entrainer et me demanda ce que je voulais essayer de pratiquer avant qu'il n'arrive et je sus que c'était le moment où jamais. Je pivotais donc complètement vers elle et croisais les bras. « A votre tour, plutôt », dis-je en la regardant dans les yeux. Elle n'était pas bien et depuis plusieurs jours, Henry semblait perturbé, lui aussi, mais il n'arrêtait pas de dire que ça n'était pas à lui d'en parler. « Qu'est-ce qu'il se passe, Regina ? Sans vouloir vous offenser, vous avez une tête à faire peur, loin de la classe habituelle que je vous connais depuis que je suis arrivée à Storybrooke. Je ne suis peut-être pas douée pour parler et nous ne sommes peut-être pas des amies, mais votre humeur affecte Henry et s'il y a quelque-chose qui vous tracasse... Peut-être que je suis la personne la plus apte à vous écouter dans toute cette foutue ville... » Je n'étais peut-être pas la plus avenante en disant cela, mais Regina avait autant de tact que moi et notre relation avait toujours fonctionné sur une sorte de tolérance emplie de vérités brutalement assénées. Jouer les Blanche-Neige totalement empathique n'aurait pas plus fonctionné, de toute manière... En premier lieu parce que Blanche-Neige était sa pire ennemie, mais aussi parce qu'elle ne supportait pas l'empathie dégoulinante, encore moins quand elle n'était pas sincère. Autant donc jouer d'honnêteté et lui poser la question aussi sincèrement que possible.
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Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
Emma devait à tout prix y arriver, elle devait être capable de maîtriser sa magie. Et avec une tête de mule pareille, ça n’allait pas être de la tarte (aux pommes), mais Regina était têtue, sans doute autant que la Sauveuse. Et cette dernière parvenait, en insistant bien, à se montrer une élève docile. Aussi, lorsque la belle brune lui demanda de recommencer à enflammer quelque chose qu’elle aurait désigné et non pas au hasard et ce jusqu’à ce que cela lui semble d’une simplicité enfantine, la blonde sembla accepter de s’y plier. Mais la curiosité de l’ancienne reine fut plus forte et elle continua à lui poser des questions, cette fois plutôt dans le but de trouver une raison et une utiliser à la maîtrise de ce genre de rêves qui faisaient réellement voyager. Elle fut quelque peu déçue d’apprendre que ce n’était arrivé qu’une fois. Elle apprit également qu’à cette époque, le capitaine Crochet avait en sa possession la perle de Mushu. Et d’après elle, cette perle magique avait peut-être quelque chose à voir avec sa présence sur le bateau de Killian Jones. -C’est étonnant. Il faudra en toucher un mot à Mushu. Il se peut aussi qu’il s’agisse de la perle d’un autre dragon, ou… d’une huitre ? Si vous me dites qu’il l’a trouvée dans un coquillage…
Perdue dans ses réflexions à propos de cette perle, Regina fut rappelée à la réalité par Emma qui lui balançait un « à votre tour ». Surprise, la maire de Storybrooke arqua le sourcil. Pourquoi ne se contentait-elle pas de rester une sage petite élève qui apprenait la magie ?
-Mon tour de ?
Mais la réponse ne tarda pas à arriver. Emma lui balança de but en blanc qu’elle avait une tête de déterrée. Où était le miroir magique quand on avait besoin d’un avis objectif avant de sortir ? L’ancienne reine leva les yeux au ciel avant de reporter son attention sur Emma qui insistait pour savoir ce qui se passait en prenant Henry pour prétexte.
-Henry va bien ! argua-t-elle.
Elle mettait un point d’honneur à ne pas faire subir sa tristesse à ses enfants. Henry et CJ se montraient adorables avec elle, et elle faisait de son mieux pour ne pas leur montrer la douleur qui la rongeait de l’intérieur. Elle les envoyait souvent passer des soirées chez leurs amis pour pouvoir rester seule chez elle à pleurer, emmitouflée dans ses couvertures, à se poser mille et une questions. Mais Regina connaissait Emma, elle était comme elle, et elle ne lâcherait pas l’affaire. La sorcière soupira et regarda le sol.
-C’est Robin… il… il est parti. Pour faire court, Marianne est revenue d’entre les morts, elle n’était visiblement pas morte, et il m’a quittée pour retourner vivre avec elle aux chalets des Merry-men. Voilà, vous êtes satisfaite ? ajouta-t-elle un peu plus durement qu’elle ne l’aurait voulu en la regardant à nouveau.
Dans ses yeux, on pouvait lire une profonde tristesse et rares étaient les personnes à avoir vu de tels sentiments chez Regina. Elle souffrait à tel point que ça en devenait physique. Elle d’entendre Emma dire qu’Henry était affecté par son humeur l’avait blessée, elle qui faisait tout pour le protéger.
-Je ne savais pas qu’Henry était… affecté. Je ne voulais pas…
Elle en venait même à chercher ses mots, et la fatigue n’aidait pas. Elle était vulnérable à présent et elle détestait cela.
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J'étais certaine que c'était celle de Mushu. Je n'avais aucune preuve et juste mes instincts, mais c'était plus que sûr pour moi. Parce que je me souvenais parfaitement de ce à quoi ressemblait cette perle, comme je me souvenais parfaitement de chaque moment de ce rêve et que la description que Mushu m'avait faite de sa perle quelques semaines plus tôt concordait parfaitement. J'étais donc persuadée que l'on parlait du même objet. J'aurais sans doute dû faire plus attention au précieux objet quand le mini dragon l'avait retrouvé, mais dans le château de glace, j'avais clairement eu d'autres chats à fouetter.
Je savais que je n'étais pas très cool d'utiliser Henry comme excuse pour qu'elle me parle, mais je connaissais assez Regina pour savoir que les sentiments d'Henry comptaient pour elle, plus que ses propres émotions – comme il en allait de même pour moi. Aussi, en disant qu'il en était affecté – ce qui n'était pas faux, même si mon fils faisait tout pour ne pas le montrer – je savais qu'elle finirait par avouer. « Oui, il va bien. », concédais-je, parce que ça n'était pas faux. « Mais vous savez, tout comme moi, que ce gamin est plus malin qu'il ne le faudrait pour son propre bien. Il n'est ni aveugle, ni stupide. Et il vous connaît trop pour ne pas voir que quelque-chose vous affecte. »
Elle expliqua donc. Robin était responsable de son état. En gros, l'ancienne femme, censé être morte, du Merry Men était de retour et il était retourné auprès d'elle sans un regard en arrière. Regina s'excusa presque immédiatement que ses sentiments aient eu un impact sur notre fils et je soupirais, levant les yeux au ciel. « Henry vous aime, Regina. Bien sûr que vous ne voulez pas le blesser et bien sûr qu'il l'est quand vous n'êtes pas bien. Mais il ira bien. Il est fort et il n'est pas pleinement heureux seulement parce que vous ne l'êtes pas non plus. » Henry était très empathique et quand on aimait quelqu'un, on ne voulait que son bonheur. Je n'étais, moi-même, pas pleinement heureuse, parce qu'Henry ne l'était pas, parce que Regina ne l'était pas. De cause à effet, je n'étais pas pleinement heureuse parce que Regina ne l'était pas. Super, vive le mal de tête ! Arrêtes de réfléchir, Emma.
« Et pour ce que je peux me permettre... Je suis désolée pour vous, Regina. Vous ne méritez pas cela. » Je le pensais, sincèrement. Je voyais Regina faire tous les efforts du monde, notamment avec ma mère, qu'elle avait pourtant toujours envie d'étrangler, pour le bonheur de notre fils. Elle prouvait tous les jours qu'elle luttait contre ses instincts d'ancienne méchante reine. Elle ne méritait pas de souffrir encore.
Je ne savais pourtant pas vraiment quoi dire d'autre. Je n'avais jamais été douée avec les mots. Pas plus qu'avec les sentiments et Regina et moi étions loin d'être des amies proches. Je ne me sentais donc aucunement légitime pour dire les mots qui la soulageraient. Je n'avais pas la moindre idée des bons mots, de toute manière.
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Normalement, maintenant, Mushu aurait dû être comblé. Il avait retrouvé sa perle, signe qu'il pouvait reprendre sa vie et son aspect habituel. Pourtant, il était toujours à Storybrooke, toujours humain. Pourquoi ? À partir de quel moment son plan parfait avait dérapé pour aboutir à ce sac de noeud habituel ? Il l'ignorait. Pire, il ne pouvait désigner arbitrairement un coupable à qui mettre tout sur le dos. Certes, il avait retrouvé sa perle, mais, à cause du miroir, il n'était pas vraiment redevenu le petit lézard rouge sympathique en la ravalant la première fois. Plutôt la version haut dessus, largement haut dessus. Rien que cette expérience avait considérablement refroidi (sans mauvais jeux de mots) sur son attention de l'avaler à nouveau. Ensuite, il avait eu son retour au salon de thé. Au lieu d'être accueilli en héros, Rozen, lui avait réservé un accueil assez contradictoire, l'arrosant d'eau glacé avant de lui offrir son plat préféré. Robin n'avait pas été d'une grande aide pour expliquer ce mystère, préférant parler de coeur. Le jour suivant, son habitante préférée du pays des merveilles avait disparue, suite à une mésaventure de haricot magique. Au final, Rozen était revenue (Juliette aussi, accessoirement, oui, elle avait été emmené dans cette escapade surprise), l'avait embrassé, sûrement sous le coup de l'émotion. La joie d'être enfin rentré ou quelque chose dans le genre. Certainement.
En bref, depuis qu'il avait retrouvé sa perle, sa vie s'était considérablement compliqué au lieu de s'arranger. De sorte que, il ne pouvait plus se permettre de faire l'autruche. Il devait demander de l'aide. Pas au sujet de ces sentiments, ça, il s'évertuait à faire comme si le baiser échangé n'avait jamais eu lieu pour ne pas mettre son amie dans l'embarras. C'était plutôt d'un point de vue magique qu'il avait besoin d'aide. Il ne pouvait pas continuer à avoir peur d'utiliser la source de sa magie, au risque de faire flamber à nouveau l'appartement lors de sa prochaine crise de panique. Bien sûr, ce n'est pas ainsi qu'il présenta la chose lorsqu'il alla trouver Regina. Mushu parla de la différence de magie qu'il existait entre leur monde et celui-ci et suggéra que, peut-être, il aurait besoin d'une petite remise à nouveau.
Le rendez-vous avait été pris en forêt. Pourquoi toujours la forêt ? La première fois qu'il y avait été, on lui avait tiré les oreilles pour cela (le fait d'y être allé pour fouiller les tentes de merry-mens devait y être pour quelque chose) et maintenant, on l'y invitait. L'Asiatique avait cessé de se questionner sur la logique de ce monde.
En bon élève, Mushu s'était rendu avec un peu d'avance. Il était proche du lieu de rendez-vous lorsqu'il entendit son nom. Instinctivement, il ralentit le pas pour se faire plus discret. Comment ça ? Il faudra en toucher un mot à Mushu ? Parler de quoi ? Tout aussi instinctivement, en entendant parler de sa perle, il vérifia qu'il l'avait bien dans sa poche. Comme s'il avait cru que le simple fait d'entendre une autre personne en parler aurait téléporter l'objet ailleurs. Ce ne fut pas le cas et il étouffa un soupir de soulagement. Cependant, cela ne répondait toujours pas à pourquoi on parlait de lui. Sa curiosité était piquée, aussi s'adossa-t-il derrière un arbre afin d'espionner un peu la conversation. Enfin, il ne voulait pas VRAIMENT espionner, c'était juste qu'il était à porter d'oreille de la conversation et que... s'il restait silencieux, et bien, il pourrait écouter la suite.
Malheureusement, la suite ne parla absolument pas de lui. À la place, il se retrouva piéger dans une discussion sentimentale. Le pire, c'est qu'il allait être obligé d'attendre qu'elle se finisse pour se montrer, sinon cela serait terriblement embarrassant. L'ex-dragon prenait donc son mal en patience en attendant le bon moment. Du moins, c'était son intention initiale. Regina parlait de Robin. Mushu se retrouva obligé d'intervenir.
"Il a fait quoi ?!" S'offusqua-t-il, oubliant qu'il n'était pas censé être là. Aussitôt, il sortit de sa cachette pour exprimer son mécontentement. "Comment a-t-il osé ? Après tout les discours selon lesquelles je devais avouer mes sentiments à Rozen, parce que lui, sa rencontre avec vous était la plus belle chose qui lui était arrivé de sa vie et j'en passe." Raconta-t-il avec de grand geste, ignorant complètement et volontairement que son intervention tombait comme un cheveu sur la soupe. "Quel culot ! Je vais lui dire ma façon de penser à cet archer de pacotille !"
En fait, il était tellement emporté dans son discours qu'il en avait oublié la raison de sa présence ici. Jusqu'au moment où il réalisa la présence d'Emma. "Oh. J'ignorais qu'il s'agissait d'un cours collectif." Commenta-t-il, surpris. Plutôt une mauvaise surprise. Il ne tenait pas vraiment à avoir un témoin de ces tentatives d'utilisation de la magie.
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Regina Mills de Locksley
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Emma avait réussi, elle avait fait parler Regina sur ce qui n’allait pas, et autant dire que cela tenait de l’exploit puisque madame le maire n’était pas du genre à s’épancher sur ses petits tracas. Bien que là, en l’occurrence, il s’agisse de gros soucis personnels. Mais comme la Sauveuse l’avait implicitement souligné, elles avaient un enfant en commun et Henry souffrait de voir l’une de ses mères souffrir. Regina s’en voulait qu’à cause d’elle, son précieux petit prince puisse être malheureux. Elle s’en voulait aussi d’avoir dû cracher le morceau devant Emma. Elle n’avait pas à savoir ça, personne n’avait à le savoir. Malheureusement, Storybrooke était une petite ville, l’ancienne reine était un personnage public et tout le monde avait su qu’elle s’était mise en couple avec Robin, alors forcément, tout le monde finirait par apprendre leur rupture en le voyant désormais au bras de Marianne. En y pensant, la belle brune sentit son coeur se serrer à nouveau. Comme elle aurait voulu disparaître en cet instant précis.
Alors que la shérif Swan lui faisait montre de toute sa compassion, et sans doute sa pitié, ce que Regina détestait, le nouvel élève fit son arrivée, démontrant au passage qu’il avait tout entendu de la conversation, ce qui ne plut guère à la professeure d’un jour. Le dragon redevenu humain vociférait, extrêmement mécontent d’entendre que son mentor en relation amoureuse avait mis un terme à sa relation avec l’ancienne méchante reine. Cette dernière croisa les bras, à la fois gênée et plutôt énervée de constater qu’une autre personne allait être au courant et surtout de cette manière.
-Ça va, remettez-vous, ce n’est pas vous qui vous êtes fait larguer, je pense que ça ne devrait pas vous empêcher de dormir ! Lâcha-t-elle en roulant des yeux.
Elle nota cependant que Robin avait dit à Mushu que sa rencontre avec elle était la plus belle chose qui lui soit arrivé. Ce détail, encore un, ne faisait qu’ajouter à la confusion des événements. Comment, après tout ce qu’ils avaient partagé, une demande en mariage et autant de déclarations d’amour, avait-il pu tracer un trait sur leur relation, ne souhaitant même plus lui adresser la parole ? Regina soupira silencieusement et voulut changer de sujet. Elle en profita donc pour rebondir sur les révélations de Mushu.
-Ah oui, vous et Rozen alors ?
L’asiatique avait enfin réalisé qu’ils étaient tous là pour autre chose que parler coeur.
-Bien, maintenant, peut-être allons-nous pouvoir poursuivre ? J’ai une idée, vous allez travailler ensemble. Mushu, vous allez créer des flammes, tâchez d’en maîtriser la taille. Et vous Emma, après dix secondes, vous essaierez de les éteindre. Nous allons déjà laisser Mushu se concentrer et s’entraîner quelques instants. En attendant, Emma, essayez de vous concentrer. Je vais vous apprendre la téléportation. Ça peut vous être utile.
A ces mots, Regina leva les mains et disparut dans un nuage de fumée violette pour réapparaître derrière Emma.
-Il vous faut beaucoup de concentration, du moins au début. Visualisez l’endroit où vous voulez vous trouver. Au début, nous travaillerons sur de courtes distances. Je veux que vous vous téléportiez derrière cet arbre, là.
Elle lui montra du doigts un arbre situé à une petite dizaine de mètres.
-Allez-y.
Elle jeta un œil à Mushu également pour voir s’il s’entraînait.
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C'était réellement injuste, après tout ce que Regina essayait de faire pour se racheter une conduite. Elle méritait mieux que des souffrances perpétuelles. Mais la vie était une garce. J'en étais la preuve vivante. Déjà bébé, j'avais eu droit à tout le négatif. Des parents qui m'abandonnent, des inconnus qui me trouvent sur le bas côté d'une route, les pires familles d'accueils jusqu'à ma dernière fugue du système, un premier amour qui m'avait conduit en prison, encore mineur et enceinte... s'il y avait un retour de karma dans l'histoire, au vu du mien pour être seulement née, elle pourrait souffrir encore mille ans avant de trouver la paix. D'un côté, j'espérais vraiment que ce n'était pas ce qui entrait en compte dans le bon et le mauvais de nos vies. Sinon, elle comme moi étions fichus !
Mais avant que Regina ne puisse m'enguirlander pour me faire ravaler une quelconque pitié qu'elle aurait lu dans mes yeux ou que je puisse la devancer en lui disant que je n'étais que compassion, Mushu fit entendre sa voix, vociférant contre le voleur au cœur d'or. J'eus envie de rire quand Regina lui rappela que ce n'était pas lui, mais elle qui avait été abandonné par l'homme qu'elle aimait, mais ravalait mon rire quand elle parla de la relation amoureuse que le dragon entretenait visiblement, désormais. Je n'avais aucune envie qu'on revienne à parler de mon pirate... Enfin du pirate que je connaissais... Enfin de... Bref. Je préférais largement qu'on se concentre sur la magie, pour l'heure. Et même les heures d'après, en fait. « Bonjour à vous aussi, Mushu. »
Heureusement, Regina semblait avoir les mêmes ambitions et nous donna rapidement les consignes pour que l'on arrête de discuter comme une bande de vieilles copines et qu'on se concentre sur l'objectif du jour. Après l'allumage de feu, l'ancienne Méchante Reine me demanda de travailler la téléportation. Je n'étais pas certaine de savoir comment m'y prendre, pas plus que pour les flammes, mais j'avais déjà compris un peu comment cela fonctionnait. Je fis donc mon maximum pour me visualiser là où elle m'avait dit, derrière cet arbre, mais je n'étais pas d'une grande efficacité. Je me concentrais tellement que j'en avais mal à la tête, une fois de plus, mais je restais obstinément à la même place, au point que j'en vins à me dire qu'il serait clairement plus efficace que j'y aille à pied. Sauf que c'était un entraînement. Comme apprendre à ramper avant de pouvoir courir et que j'étais loin de pouvoir prétendre à un marathon si je n'étais même pas capable de bouger d'un millimètre.
« Ça ne marche pas », souffla-t-elle, frustrée contre elle-même.
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Mushu avait opté pour une méthode subtile, attendre la fin de la conversation avant de sortir de sa cachette, histoire de ne pas trahir qu'il écoutait (sans le vouloir) depuis un bon moment. Un plan parfait qui tomba à l'eau à cause du sujet de la conversation. Alors que le nom de Robin, l'Asiatique n'avait pas pu s'empêcher d'intervenir comme si c'était lui qui était la victime du drame énoncé. Il n'en revenait pas du culot de l'archer, qui se permettait de rompre avec Regina après tout les discours sur l'amour véritable. Comme à son habitude, il n'hésita pas à partager le fond de sa pensée.
"Non, mais, vous l'auriez entendu..." Continua Mushu, malgré le commentaire de Regina. "A déclarer que ce qu'il avait ressenti pour Marianne n'était rien comparer à ce qu'il éprouve pour vous et voilà que monsieur fait machine arrière. Quel toupet !"
Bien sûr, comme à son habitude, sa langue fourcha sur un sujet qu'il n'avait pas voulu aborder en évoquant les conseils de Robin concernant Rozen. Évidemment, ce détail ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd.
"Oui... Enfin... Non. Là n'est pas la question !" Répondit-il, un peu pris au dépourvu, priant le Grand Ancêtre pour ne pas rougir comme un collégien. "N'avez-vous pas une leçon à donner ?" Coupa-t-il. Lui qui adorait pourtant être le centre de l'attention fit un geste, histoire de signaler qu'on pouvait changer de sujet.
Parlons-en, justement, de la leçon. Mushu constata qu'il ne serait pas le seul élève, ce qui l'ennuyait. "Oui, bonjour. Désolé, c'était de la surprise et non de l'impolitesse. Ce n'est pas que cela me dérange que vous soyez là, mais, qu'est-ce que vous faites là ? " Ajouta-t-il à Emma. Durant son séjour à Storybrooke, il n'avait pas arrêté de dire que sa magie déficiente était dû à l'absence de sa perle et que tout irait mieux lorsqu'il l'aura récupéré. C'était chose faite depuis un certain temps. Comment allait-il pouvoir justifier un éventuel résultat décevant, après tout ce qu'il avait dit ? Pire, et s'il redevenait horriblement dangereux comme dans le château d'Ingrid ? Il n'avait plus fait usage de l'objet magique depuis. Bref, il sentait son estomac se nouer à cause du trac. Une appréhension qu'il essaya de masquer en croisant les bras et en se concentrant sur les explications de Regina.
"Je n'ai pas besoin de m'entraîner. Je suis un dragon depuis un siècle, le feu, c'est la moindre des choses qu'on puisse faire." Riposta-t-il, sur la défensive. "Ce n'est pas parce que j'ai carbonisé l'appartement que tout d'un coup, je dois m'entraîner." Poursuivit-il en mimant des guillemets avec ces doigts en prononçant le verbe entraîner. Il voulut enchaîner sur une démonstration, mais n'obtenu qu'une flammèche ridicule. Mushu se racla la gorge, visiblement embarrassé. "J'ai juste besoin de... D'un petit échauffement, sans mauvais jeux de mots." Expliqua-t-il platement, avant de jouer les élèves dociles.
L'ex-dragon s'écarta et tourna le dos à la leçon de téléportation, histoire de camoufler un maximum ces propres résultats en cas d'enchaînement d'échec. Il se secoua les mains, tel un athlète s'apprêtant à soulever un poids démentiel, tout en prenant une grande respiration. Il se répéta en boucle ce qu'il avait déclaré quelques instants plus tôt : les flammes, c'était la base pour un dragon. La base. Enfantin. Honte et déshonneur à lui s'il en était incapable !
La première flamme ne méritait même pas d'être nommé flammèche. Mushu en serra les poings de rage et se mordit la lèvre afin d'étouffer un cri de frustration. C'était tellement injuste comme résultat ! Il recommença encore et encore, de plus en plus irrité de ces piètres performances, et, à mesure que sa frustration augmentait, la taille de la flamme produite augmentait. Sauf qu'il s'en moquait, il était trop énervé, contre lui, principalement, pour ressentir du soulagement de ce progrès. Pour lui, l'amélioration entre deux essais était ridicule, au point qu'il essayait encore et encore, sans se soucier du résultat et des conséquences d'une flamme trop intense.
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Pourquoi avait-elle hérité de tels élèves ? Qu’est-ce qui lui avait pris d’avoir cette idée de dispenser des cours de magie à ces deux-là ? Ah oui, la sécurité de la ville. Une ville de laquelle elle aurait volontiers disparu si elle n’avait pas sur place des personnes qui lui étaient chères.
Mushu avait fait irruption et quand enfin il s’était calmé, Regina avait donné les consignes à chacun : pour Emma ce serait la téléportation, ce qui l’aiderait à canalyser ses émotions, et pour le dragon, ce serait des révisions sur le feu. La Sauveuse essayait de se concentrer, mais le mentor de Mulan voulait encore jouer les fortes têtes. L’ancienne reine lui fit son regard le plus noir. N’avait-il pas déjà suffisamment parlé ?
-Il me semble que vous avez tout dit. Ai-je bien entendu le mot « carbonisé » ? Faites ce que je vous dis ou sinon je me fais un collier de cette perle qui vous est si précieuse !
Alors qu’il s’exécutait, la ridicule flammèche qu’il fit apparaître fit sourire Regina. Ce fut bien le premier moment un peu amusant depuis des jours, pour elle.
-C’est ça, marmonna-t-elle alors que le jeune dragon prétendait devoir s’échauffer un peu.
Madame le maire reporta son attention sur la blondinette qui se plaignait que ses efforts pour se téléporter ne fonctionnaient pas. La belle brune soupira.
-Je vous montre. Ça doit faire ceci.
D’un mouvement du poignet, elle les téléporta toutes les deux derrière l’arbre en question.
-Je n’ai jamais prétendu que ce serait simple. Vous avez maintenant conscience de la magie qui est en vous, il vous faut la canaliser pour pouvoir l’utiliser selon vos désirs, et non l’inverse.
Elle laissa le silence s’instaurer pour qu’Emma puisse à nouveau se concentrer, et en voyant de loin Mushu pester sur ses efforts, bien qu’au moins, ses piètres flammes aient enfin commencé à prendre en intensité, l’ancienne méchante reine eut une idée. Un petit sourire en coin se dessina sur ses lèvres.
-Il vous faut peut-être une source de motivation.
Elle se rapprocha d’Emma et les fit toutes les deux disparaître sous un nuage de fumée violette pour réapparaître en pleine ligne de mire des nouvelles flammes de Mushu qui cette fois gagnaient en distance. Si Emma ne faisait rien dans les trois secondes, elles se retrouveraient toutes les deux brûlées au second degré, au moins. Pour une Sauveuse, n’était-ce pas une source de motivation suffisamment importante ? Regina espérait ne pas avoir à utiliser son pouvoir de guérison sur elle et son élève, pourvu seulement que celle-ci fasse montre du talent qui était le sien, mais réellement bien enfoui.
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J'étais bien moins empressée que Mushu à fustiger l'ancien voleur. Même si je ne trouvais pas correct ce qu'il avait fait et même si j'étais peinée pour Regina, cela ne me concernait pas. J'étais bien loin de connaître les détails de son histoire d'amour avortée et je n'étais pas une intime de l'ancienne Méchante Reine. Je n'avais pas à juger, ni son ancien compagnon, ni elle. Je ne pouvais que dire que j'étais désolée pour elle. L'asiatique était moins discret sur son avis, mais j'avais fini par m'y habituer. Mushu ne portait pas Robin dans son cœur, ce n'était une surprise pour personne et le dragon n'était pas non plus le plus discret qui soit. Ce comportement n'avait donc rien de surprenant, même si pour moi, il n'était pas adapté. Heureusement, Regina était assez forte pour gérer le dragon de poche.
Il me demanda soudainement ce que je faisais là et je le regardais une seconde avant de rouler des yeux. « Si ça peut vous rassurer, je ne savais pas non plus que j'intégrais une classe. Je pensais avoir des cours particuliers. » J'avais trop l'impression d'être à l'école, tout d'un coup. Le professeur strict, l'élève fanfaron qui perturbait la classe toute entière, et ma parfaite incompétence... J'avais fugué de l'école plus encore que des différents foyers que j'avais arpenté, tant et si bien qu'à 14 ans déjà, plus aucun responsable de foyer ne se formalisait du fait que je n'étais pas scolarisée. De toute manière, ils avaient déjà assez à faire entre les fugues et les arrestations pour vol à l'étalage. J'étais ce qu'ils appelaient « une cause perdue ».
En élève appliquée, toutefois, je tentais de suivre la consigne, sans grand succès, tandis que le clown, lui, expliquait son inaptitude par un manque d'échauffement. Décidée à accélérer les choses, Regina nous téléporta droit dans la ligne de mire des flammes du dragon. « Reginaaaa », la prévins-je, alors que les flammes approchaient, ne me laissant que trois secondes pour agir. Je n'arrivais pas me téléporter. Comment voulait-elle que je nous sauve toutes les deux ? Deux secondes... Non, tous mes efforts ne servaient à rien, je voyais les flammes s'approcher et j'étais juste désemparée. Une seconde... Je levais les mains et les flammes butèrent contre un bouclier de protection, s'échappant à droite et à gauche, la chaleur seule nous parvenant sur la peau. A force de repousser les flammes, je lançais le bouclier en direction de Mushu qui s'envola dans les airs. « Merde... », soufflais-je en accourant soudainement vers l'homme. « Hey ? Ça va ? »
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Dim 22 Oct - 23:17
Emma devait à tout prix y arriver, elle devait être capable de maîtriser sa magie. Et avec une tête de mule pareille, ça n’allait pas être de la tarte (aux pommes), mais Regina était têtue, sans doute autant que la Sauveuse. Et cette dernière parvenait, en insistant bien, à se montrer une élève docile. Aussi, lorsque la belle brune lui demanda de recommencer à enflammer quelque chose qu’elle aurait désigné et non pas au hasard et ce jusqu’à ce que cela lui semble d’une simplicité enfantine, la blonde sembla accepter de s’y plier. Mais la curiosité de l’ancienne reine fut plus forte et elle continua à lui poser des questions, cette fois plutôt dans le but de trouver une raison et une utiliser à la maîtrise de ce genre de rêves qui faisaient réellement voyager. Elle fut quelque peu déçue d’apprendre que ce n’était arrivé qu’une fois. Elle apprit également qu’à cette époque, le capitaine Crochet avait en sa possession la perle de Mushu. Et d’après elle, cette perle magique avait peut-être quelque chose à voir avec sa présence sur le bateau de Killian Jones.
Normalement, maintenant, Mushu aurait dû être comblé. Il avait retrouvé sa perle, signe qu'il pouvait reprendre sa vie et son aspect habituel. Pourtant, il était toujours à Storybrooke, toujours humain. Pourquoi ? À partir de quel moment son plan parfait avait dérapé pour aboutir à ce sac de noeud habituel ? Il l'ignorait. Pire, il ne pouvait désigner arbitrairement un coupable à qui mettre tout sur le dos. Certes, il avait retrouvé sa perle, mais, à cause du miroir, il n'était pas vraiment redevenu le petit lézard rouge sympathique en la ravalant la première fois. Plutôt la version haut dessus, largement haut dessus. Rien que cette expérience avait considérablement refroidi (sans mauvais jeux de mots) sur son attention de l'avaler à nouveau. Ensuite, il avait eu son retour au salon de thé. Au lieu d'être accueilli en héros, Rozen, lui avait réservé un accueil assez contradictoire, l'arrosant d'eau glacé avant de lui offrir son plat préféré. Robin n'avait pas été d'une grande aide pour expliquer ce mystère, préférant parler de coeur. Le jour suivant, son habitante préférée du pays des merveilles avait disparue, suite à une mésaventure de haricot magique. Au final, Rozen était revenue (Juliette aussi, accessoirement, oui, elle avait été emmené dans cette escapade surprise), l'avait embrassé, sûrement sous le coup de l'émotion. La joie d'être enfin rentré ou quelque chose dans le genre. Certainement. 
