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Nouvelles têtes
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Le calendrier de l'avent
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Je lui expliquais ce que je faisais en dehors de mon travail et je remarquais qu'elle semblait mal à l'aise. J'oubliais parfois qu'elle n'était pas en ville depuis longtemps.
« C'est un sport que tu joues en équipe avec une balle. Tu as un panier et il faut mettre des ballons dedans. Si tu veux je te montrerais comment on y joue. »
Je lui souriais. Elle tentait de s'intéresser à mon monde. C'était bien. Ça me plaisait énormément.
« J'ai toujours un peu mal... »
Je sentis alors ses doigts sur ma nuque et ça me fit du bien. Elle arrivait à dénouer les muscles de ma nuque. Si j'avais dormi dans le canapé c'était surtout pour qu'elle ne pense pas que je profitais de la situation mais sinon j'aurai bien aimé dormir avec elle.
« Peut être que si je voyais notre monde des souvenirs me reviendraient... ça pourrait être une bonne chose qu'en penses-tu ? »
Je voulais qu'elle comprenne que je n'étais pas contre l'idée de bouger. C'est juste que pour le moment j'avais peur de perdre ce que j'avais parce que je ne savais pas ce que j'avais ailleurs. C'était assez paradoxal au final. Elle me demanda si rater une journée de travail était grave mais quand je sus le nom de son patron je ne craignais pas grand chose.
« Non ce n'est pas grave. Je pourrais appeler ton patron pour lui dire que c'est ma faute mais je connais Monsieur De Sendarie, il n'est pas méchant, il comprendra. »
Oui le psychologue était gentil. Il comprendrait et puis s'il ne comprenait pas ce n'était pas grave. Juliette ne perdrait qu'une journée de travail que je lui rendrais d'une manière ou d'une autre. Je prenais du plaisir à sentir ses mains sur ma nuque. Je me détendais peu à peu.
« Quand à mon travail... C'est mon jour de repos aujourd'hui. »
Je lui souriais. Elle était mignonne d'avoir peur pour mon travail. Je relevais la tête vers elle et je lui souriais.
« Tu veux bien me faire un bisou ? »
Je souriais et j'allais l'avoir mon bisou sauf que le livreur sonna à la porte de ma demeure. Je souriais à Juliette puis prenant mon porte-monnaie j'allais payer le livreur et je revenais avec les pizzas en main.
« A table mon cœur. »
Je lui souriais. Je me rasseyais puis je la faisais s'asseoir sur mes genoux la tête posée tendrement contre son dos.
Il m’expliquait ce qu’était le basket et j’haussais la tête pour lui signifiait que je voulais bien qu’il me montre un jour. Je lui souriais malgré la honte que je ressentais en faisant face à mon manque de connaissance. Mine de rien j’avais toujours était érudite. J’apprenais vite. Je comprenais vite. Seulement l’évolution de cette ville demandait u travail titanesque. Passant derrière lui, je passais mes doigts sur sa nuque avec douceur en lui demandant s’il souffrait toujours. Dès que j’eus sa réponse j’attaquais un massage dont seul moi avait le secret. Je connaissais l’emplacement de ses nuques, je savais où est-ce qu’il se bloquait généralement. C’était simple. J’avais toujours aimé m’occuper de lui, ça n’avait pas changer. Quand il me proposa une solution pour retrouver la mémoire, je lui souriais :
« Oui c’est une très bonne idée tant qu’on se cantonne à notre royaume. Vérone est assiégé par des barbares, c’est pas tellement le moment d’aller faire du tourisme. Si tu veux je t’emmènerais. »
Il n’y avait rien de plus simple que de traverser les mondes, je l’avais fait trois fois. Il me restait encore un haricot magique. Je l’avais planqué dans ma table de nuit au cas où j’en ai besoin à nouveau. J’essayais d’imaginer cette version de mon mari à Wonderland. Face à nos représentations il pourrait voir que je ne lui avais pas menti, mais je savais qu’il aurait du mal à apprécier le pays. La première fois que Roméo avait mis les pieds à Wonderland il avait détesté cet endroit jusqu’à ce qu’il se rende compte que là-bas Alice et moi arrivons à rire à nouveau. Notre bonheur, mon bonheur c’était ce qui l’avait fait aimer le lieu.
Il voulait savoir quel métier est-ce que je faisais ici et je lui répondais avant de lui demander conseil. Je ne connaissais pas encore tous les rudiments du monde du métier ici. J’avais bien compris qu’il était nécessaire pour vivre correctement, mais de là à connaitre les règles qui y étaient applicable, fallait pas trop m’en demander. Tout en continuant mon massage, qui faisait son effet vu que je sentais ses muscles se détendre quasiment entièrement, je lui embrassais la nuque :
« Je ne me cacherais pas derrière toi. Je le ferais, mais merci d’avoir proposé »
Il avait raison Durnik était un homme gentil et compréhensif, sa patience était sans faille. Je l’appréciais beaucoup. Je savais qu’il me laissait passer beaucoup de chose et je lui en étais reconnaissante. En revanche la supérieure de Romain était beaucoup moins cool. M’inquiétant des ennuis que j’aurais pu lui causer avec Regina, je laissais échapper un soupir en apprenant qu’il ne travaillait pas aujourd’hui :
« Tant mieux »
Il relevait sa tête vers moi et mes mains glissèrent sur ses pectoraux. Il me demanda de lui faire un bisou et je souriais avant de me baisser pour répondre à se requête avant qu’une personne ne sonne à la porte. Rapide il sauta sur ses jambes et alla à la porte, tandis que de mon côté je tentais de zieuter pour voir qui s’était. Bon la confiance était un peu fébrile je devais l’admettre. Je me sentais ridicule en le voyant revenir avec des pizzas. LE temps qu’il arrive je rangeais la table du petit déjeuné pour laisser de la place aux cartons avant de finir poser sur ses genoux. Je sentais sa tête se poser contre mon dos et ma main caressa sa cuisse
« Si y a bien un truc de ce monde qui pourrait me manquer dans le nôtre c’est la pizza. C’est vraiment trop bon ça ! »
Décrétais-je tout en lui tendant la boite en rajustant ma position en me mettant à sa perpendiculaire pour lui simplifier la tâche.
« Bon appétit mon amour »
Avant qu’il n’attaque ses boites, je lui prenais le menton tendrement entre mes doigts et lui faisait le bisou qu’il m’avait réclamé avant de se jeter sur le livreur de pizza. Tiens-en voilà une bonne idée, jouer les livreuses. Un sourire amusé et machiavélique se gravant sur mes lèvres j’attaquais ma part. Ok je devais avouer qu’il m’avait ouvert l’appétit.
Elle semblait contente que je veuille aller dans notre monde mais moi je voyais plus ça comme un moyen de me rappeler des choses. Peut être que je ne retrouverai jamais mon cœur alors il fallait que je trouve un autre moyen de me rappeler.
« D'accord. Nous pourrons prévoir cela. »
Je souriais puis je la laissais me faire un massage. Elle avait des doigts de fée. Elle craignait pour mon emploi mais même si Regina semblait dure elle avait quand même un bon fond et je pouvais moduler mes horaires comme bon me semblait.
« De toutes les façons si tu as un soucis avec De Sendarie je pourrais toujours aller le voir. »
Je savais que le psychologue avait peur de moi. Je l'avais vu une fois quand j'avais accompagné Regina... Enfin ce n'était pas moment de penser à lui. Je me détendais sous son massage puis je lui réclamais un baiser avant que le livreur n'arrive. Je me levais pour aller payer notre commande – parce qu'il était hors de question que mon épouse paie quoi que se soit. Je posais les cartons sur la table basse puis
« On pourrait amener la recette. Je veux dire ce n'est pas compliqué à faire je te montrerai si tu veux. »
Je savais faire des pizzas donc je pourrais lui montrer comment en faire et puis si les pizzas lui manqueraient moi ça pourraient me rappeler ce que j'abandonnais pour elle. Je n'avais pas encore pris de décision finale mais je pensais de plus en plus à aller dans son royaume. Peut être que je m'y plairais au final.
« Parle de moi de notre monde. »
Si je voulais m'y rendre il fallait que j'en sache un peu plus sur ce monde qui semblait tant lui tenir à cœur. Plus j'en saurai moins je serai surpris et peut être qu'elle serait fière de m'avoir à ses côtés. J'avais soif de savoir et elle était la seule à pouvoir répondre à mes questions sur notre monde. Pour le moment c'était général mais les questions précises pourraient venir par la suite.
« Je ne t'ai même pas proposé d'aller prendre une douche. Si tu as besoin vas y. Je te prête de mes vêtements. »
Je ne savais pas pourquoi mais je l'imaginais porter mes vêtements souvent. Je lui souriais avant de prendre une nouvelle part de pizza. La faim commençait par s'amoindrir mais bon j'avais encore de quoi caler plusieurs parts. Je lui souriais puis je lui volais un morceau de sa pizza dans un rire.
Répondais-je tout en souriant. J’étais heureuse qu’il s’intéresse un peu de l’endroit où je venais. C’était la première fois qu’il faisait ça. Est-ce la conséquence de m’avoir vu en train de lui résister la veille ? Je n’en savais rien. Certainement. Ou peut-être qu’il faisait son possible pour se montrer agréable ? Beaucoup de questions me saisissaient mais je ne cherchais pas vraiment à obtenir de réponse. Autant profiter de ce moment de calme que notre partie de jambe en l’air avait engendré.
Nos journées de travails respectifs commençaient à me poser un problème alors je le questionnais. J’acceptais mes défaillances. Je les acceptais sans le moindre problème. Il suffisait simplement que je sache comment agir en fonction afin de ne pas commettre plus d’impair que ce que j’en faisais déjà.
« Merci chéri, mais je devrais pouvoir m’en sortir »
Je ne tenais pas à être le genre d’employée qui se cache derrière les muscles de son mari pour justifier ses absences. J’avais toujours assumé mes actes, ma beuverie de la veille aussi. D’ailleurs j’allais vraiment devoir retrouver Marianne pour m’excuser de l’état dans lequel je lui avais rendu son mari. Nul doute que si une femme avait osé s’enivrer ainsi en compagnie de Roméo j’aurais déjà pété un plomb et elle aurait certainement perdu sa tête. Peut-être que je devais prendre petit-jean avec moi histoire qu’il puisse prendre ma défense si son autre amie sortait de ses gongs ? Quoi j’avais dit que j’assumais seule tout le temps ? Non déconnons pas je savais faire la part des choses, quand la cause est trop ardue je savais m’en référer aux autres. Je n’avais jamais rencontré cette Marianne, alors savoir que la première image qu’elle aurait de moi était celle-là me contrariait un peu. La demande de mon mari me sorti de mes pensées et je cessais mon massage pour venir poser ses mains sur ses pectoraux afin de réaliser sa demande avant que la sonnette ne retentisse. Naturellement mes criantes de revoir la blonde ressurgirent et je ne pus m’empêcher d’espionner avant de me calmer en voyant les pizzas dans ses bras. Rangeant la table du salon du mieux que je pouvais je fus emmenée par ses soins sur ses genoux.
« Je veux bien que tu me montres ! »
Répondais-je en lui souriant tendrement. Le fait qu’il se projette dans l’avenir avec moi me rassurait. Il avait beau m’avoir servi de belle parole une partie de moi refusait encore d’y croire entièrement. Ce dernier me demanda de lui parler de Wonderland et je souriais une fois de plus en lui tendant la boite de pizza avant d’en prendre une.
« C’est l’endroit le plus magnifique que je connaisse. Là-bas la nature change de couleur tous les mois, elle vit et s’exprime aux grés de ses humeurs et du temps qui passe. Ces terres regorgent de magie et de beauté. Il n’est pas étrange de croiser des lepreuchones ou des fées en train de se chamailler près des cascades. D’ailleurs proche du château un peu à l’ouest il y a une magnifique cascade entourée par des cerisiers sauvages. Les habitants du royaume aiment beaucoup boire le thé et c’est à Wonderland qu’on fait le meilleur, même s’il faut se méfier de ce que l’on boit si on ne veut pas avoir de mauvaises surprises. »
Je riais un cours instant avant de manger un bout de pizza.
« Il y a aussi une certaine folie dans ce monde, mais c’est une folie qui est revigorante et rafraichissante. »
Laissant échapper un soupir d’aise, je revenais à l’instant présent, oui ce monde était en tout point différent à celui dans lequel on vivait et c’était peut dire mais qu’importe pour l’instant je faisais avec. Mangeant un autre bout de pizza, je gardais le silence un cours instant en réfléchissant à ce qu’il voulait savoir avant qu’il ne me parle de la douche. Il est certain que j’aurais une meilleure apparence une fois douchée :
« Merci j’irais tout à l’heure ça te permettra de réfléchir à ce que je vais pouvoir te piquer »
J’avais toujours aimé lui piquer ses vêtements. Notamment parce qu’ils portaient son odeur mais aussi par pur acte de possessivité. Je me demandais s’il s’en rappelait sans pour autant lui demander. Je ne voulais pas être la prise d’une déception. Ce fut quand il me piqua un bout de pizza en riant que je riais :
« Voleur »
Piquant à mon tour dans sa part je le regardais avec provocation. Avant de finir ma pizza en me la jouant à la Cléopâtre avec une grappe de raisin. Je préférais largement ne pas me disputer avec lui.
« Qu’est-ce que tu voulais connaitre sur notre monde précisément ? »
Je lui souriais quand elle me disait qu'elle se débrouillerait avec son employeur. Elle savait qu'elle pouvait compter sur moi si elle le voulait. Je pensais qu'elle arriverait à s'en sortir sans moi mais si elle avait besoin elle pouvait compter sur moi et c'était le principal. Je lui proposais ensuite de lui montrer comment faire une pizza. Elle semblait enthousiaste à l'idée que je lui montre ça. Mais ce qui me tracassait le plus c'était de savoir comment était notre monde. J'avais l'impression qu'elle était très contente que je m'intéresse à notre monde. J'écoutais avec attention tout ce qu'elle me disait me demandant si c'était réel ou non. Quand elle me parlait de couleurs changeantes ou de thé je souriais. J'avais l'impression de connaître tout cela sans pouvoir mettre des images dessus. Malgré ses explications, il y avait une question qui me torturait l'esprit. Je fuyais son regard avant de demander :
« D'accord... Est-ce qu'ils m'aiment ? Je veux dire notre peuple... »
J'avais peur qu'ils ne m'aiment pas ou pire qu'ils ne m'aient pas cherché. Je me demandais comment ils avaient pu ne pas me retrouver avant vingt huit ans. Je me demandais aussi pourquoi je n'avais aucun souvenir d'eux et pourtant je ressentais au fond de mon esprit qu'ils étaient importants pour moi tout autant qu'ils sont.
« Est-ce qu'ils m'ont cherché ou voulaient-il seulement me remplacer ? »
J'avais lu beaucoup de livre à Storybrooke et j'avais vu aussi beaucoup de film et de série. Souvent les femmes ne pouvaient pas régner seules et on leur cherchait un nouvel époux rapidement. C'était même déjà cité dans la plus vieille histoire du monde : l'Odyssée.
Je me changeais les idées quand je lui dis qu'elle pouvait utiliser mes vêtements ce qui semblait la ravir. Parfait un sujet en moins de dispute.
« Mon placard à vêtements est tout à toi. »
C'était sincère. Si j'avais retrouvé le sourire, je fus surpris quand elle me demanda ce que je voulais vraiment savoir sur notre monde. C'était toujours la même crainte au fond de moi : ne pas être à la hauteur.
« Je voulais savoir comment j'étais perçu là-bas. Est-ce qu'on m'attend ? Est-ce que j'ai des raisons d'y retourner ? »
Je me sentais bien à Storybrooke et je ne me voyais pas quitter la ville pour le moment. J'avais un bon travail, j'avais une situation ici. J'avais de nouveau ma femme... J'avais tout ce qu'il me fallait ici pourquoi changer de monde ?
Parler de notre royaume me faisait du bien. Tant de personne se méprenait sur le pays des merveilles, tout le monde le croyait horrible à cause de Cora et de la réputation qu’elle avait mais de l’autre côté du labyrinthe là où aucune carte sur patte patrouillait c’était magique et majestueux. Un royaume à notre image, à noter que c’est les mages qui disent cela pas moi pour me jeter des fleurs. Enfin bref, je tentais de lui donner une bonne image de notre royaume bien qu’aucune description puisse être assez précise et fidèle pour le retranscrire à la perfection. Romain de son côté m’écoutait en mangeant sa pizza avec un air attentif. Je voyais bien qu’une chose le chagrinait mais je n’arrivais pas à savoir quoi. Je n’avais pas parlé des animaux qui parlaient, ni des chenilles géantes, encore moins les champignons ou encore mes aigles géants. J’avais quand même fait attention à ne pas trop ébranler son esprit cartésien.
Finalement il finissait par me livrait son interrogation et je fus surprise par cette dernière. Quelle question bien entendu qu’ils l’aimaient. Comment pouvait-il en être autrement. Je finissais d’avaler le bout de pizza que j’avais pris en cherchant son regard. Alors que je posais la part de pizza que j’avais en main dans sa boite ce dernier posa une autre question qui me mit à terre. Il avait donc retenu que ça. J’aurais mieux fait de ne pas y dire. Posant deux doigts sous son menton avec tendresse je le forçais à relever la tête avant de répondre :
« Notre peuple t’aime. Ils t’idolâtrent même, quand tu as disparu ils ont été dévastés. La moitié de notre armée a immédiatement commencé à se déployer aux quatre coins des terres quand je suis revenue sans toi. Ils n’ont pas attendu que j’en donne l’ordre. L’autre moitié gardait les terres et les mages espéraient que je ne craque pas et je ne mette pas le royaume à feu et à sang en perdant le contrôle de ma magie… »
Lui souriant assez tristement, je devais l’avouer, ce souvenir n’étant pas un des plus joyeux que je possédais, je poursuivais :
« Ils n’ont pas essayé de te remplacer. Tu crois quoi que je suis partie me battre toute seule contre les armées ennemis avec mes aigles ? Je sais que je suis puissante mais de là à décimer à moi toute seule une armée de plusieurs centaines d’hommes c’est un peu trop. »
Je laissais échapper un léger rire avant de continuer :
« Ils se sont battus avec moi pendant des années, pas uniquement pour me protéger ou parce qu’ils en avaient reçu l’ordre. Ils se battaient pour toi. Ils ont commencé à te chercher un remplaçant uniquement lorsque les combats se sont trop rapprochés et surtout le jour où j’ai failli y laisser ma vie. Cette fois-là avait été celle de trop. Ils ne voulaient plus prendre de risque, mais ils ne te cherchaient pas un remplaçant de gaité de cœur. »
Sans compter qu’ils savaient comment j’allais les recevoir, mais je me gardais bien de le dire. Il n’avait pas besoin de savoir ça. Il en savait largement assez. La discussion dériva vers un sujet plus léger concernant son placard et le fait qu’il était à moi et je souriais avant de l’embrasser tendrement :
« Je crois que tu ne sais pas à quel point c’est dangereux de me dire ça »
Je riais légèrement et déposais un nouveau baiser sur ses lèvres :
« Merci »
M’humectant les lèvres, je reprenais la part que j’avais commencé et reposé un peu plus tôt pour la finir avant qu’il retourne sur le sujet de discussion que l’inquiétait. Je redoutais la dispute à ce sujet.
« Tu es perçu comme étant un roi bon et généreux. Ils apprécient ton implication dans ta mission et on confiance en ton jugement. Ils ont passé vingt-huit ans à t’attendre. Même si je dois t’avouer qu’une grande partie d’eux te crois mort, et pense que je suis folle d’être partie dans cette ville pour chercher un fantôme. Ils se trompent, mais ce n’est pas leur faute, c’est long vingt-huit ans Romain … »
Baissant les yeux, je laissais échapper un soupir avant de poursuivre :
« Je ne peux pas te dire si tu as des raisons pour y retourner. Il n’y a que toi qui est capable de répondre à cette question. Tu as une vie ici, des habitudes, des amis, … Il n’y a que toi qui peux répondre à ça en ton âme et conscience. »
Le choix devait être draconien je le reconnaissais. Je n’aurais pas aimé le prendre. Il avait son travail, ses habitudes, ses amis même son amante. Cette pensée me fit détourner les yeux, je ne devais pas recommencer avec ça. Je ne voulais pas rallumer une dispute.
Je l'écoutais me raconter ce que mon peuple avait fait pour moi et ça gonflait mon cœur de joie jusqu'à la seconde partie de son discours où elle m'avoua qu'ils avaient tout simplement perdu espoir et qu'ils m'avaient effectivement bien cherché un remplaçant. Même si je pouvais les comprendre je ne voulais pas l'accepter. En plus pour le coup, je ne relevais même pas qu'elle avait failli perdre la vie. J'étais juste déçu.
« Mais ils ont perdu espoir et m'ont abandonné. »
C'était la finalité de cette histoire au fond. Ils m'avaient abandonné quand ils avaient cessé de croire que je pouvais être en vie. C'était un constat très dur à admettre pour moi qui m'était toujours imaginé au service de la communauté. Je me sentais trahi et humilié aussi. Ils avaient pris la décision de me railler de leur vie. Alors pourquoi ne pourrais-je pas prendre la même décision ?
Juliette détourna mon attention quand elle me parla de mes vêtements. Je voulais bien tout lui donner. De toutes les façons je pourrai toujours aller en acheter d'autre si jamais elle en prenait trop mais vu sa taille de guêpe je doutais qu'elle puisse porter l'ensemble de mes vêtements.
Malgré toute la légèreté de cette conversation je ne pouvais pas m'empêcher de revenir au sujet qui m'inquiétait le plus. Au fond j'avais toujours eu peur de ne pas être à la hauteur ou qu'on m'oublie parce que c'était ce que mes parents m'avaient toujours dit. J'avais vécu dans l'absence d'un père qui était mort beaucoup trop tôt et par une mère qui par moment était beaucoup trop protectrice puis totalement indifférente. Même si je ne m'en souvenais plus, je sentais que j'avais toujours cette fracture en moi et quand Juliette évoqua les vingt huit ans passés je ne pus retenir un soupire franc et légèrement désespéré.
« Je ne veux plus en parler. »
Je n'avais pas dit cela méchamment c'était juste que c'était très dur à entendre. Vingt huit ans. C'était long oui. J'avais passé vingt huit sans sans savoir qui j'étais et maintenant c'était limite un reproche. Oui je savais que je n'avais pas été là et ça m'angoissait déjà assez qu'on m'ait remplacé alors... Si ça se trouvait elle avait repris un mari ou pire elle avait eu un mari était tombée veuve et elle avait eu des enfants avec cet homme... Oui je délirais mais je me sentais comme une bête acculée.
« Je sais que je veux être avec toi. L'endroit m'importe peu. »
Même si pour le moment je ne voulais clairement pas remettre les pieds dans un pays qui avait tout simplement pris la décision de me rayer de leur vie sans être sûr que j'étais bien mort. Je sentais ma mâchoire se contraster face au constat et d'un coup j'enroulais mes bras autour de la taille de Juliette et je la serrai fort dans mes bras. Je posais mon front sur son épaule et je ne compris pas pourquoi mais je me mis à pleurer contre son épaule. Je me sentais triste et affreusement seul tout à coup comme si je venais de perdre une partie de mon âme en constatant que pendant vingt huit je n'avais été personne.
La conclusion de mon mari sur le fait que notre peuple avait perdu espoir et l’avait abandonné me brisa le cœur. Je voulais répliquer, lui dire qu’il se trompait mais il avait en partie vrai. Ils avaient fini par lâcher l’affaire et comment leur en vouloir ? Vingt-huit ans à chercher un fantôme c’était long, plus qu’il ne pouvait l’imaginer. J’avais parfois perdu espoir, jamais longtemps, et pour cause dès que j’osais me laisser aller à la négativité, les ténèbres me saisissaient et les enfers se déchainaient autour de moi. Vivre sans lui me plongeais dans les ténèbres alors je n’avais pas d’autres choix que de choisir de continuer à cultiver l’espoir qu’il soit quelque part. J’avais fini par avoir raison. Malgré les reproches et les disputes qui s’étaient soldées par une prise de pouvoir et une obligation à mon peuple de se soumettre et de se taire, j’avais la preuve que j’avais eu raison. Je connaissais assez mon mari pour savoir que tous fusaient à des centaines de kilomètres heures dans sa tête. Mon esprit était partagé, oui notre peuple avait merdé, mais je pouvais les comprendre, et d’un autre côté j’étais enragée à l’idée qu’ils n’aient pas cru un peu plus en ma parole. Les voir me regarder comme si j’étais folle m’avait aussi beaucoup affecté. Je me doutais que s’était cette même souffrance qui l’animaient et j’étais assez prise au dépourvu. Je ne savais pas quoi dire ou faire pour la diminuer, aussi une part de moi était rassurée quand il décréta qu’il ne voulait plus en parler. Quel était bonne l’idée ! La fuite n’était pas tellement une solution pérenne surtout avec nous, a un moment ou à un autre ça nous retombait à la gueule et là c’était trop tard, mais tant pis. Ça me donnera au moins le temps de cogiter correctement à ce que je pourrais dire pour essayer de le réconforter. A défaut d’avoir les bons mots, je me contentais d’être douce avec lui avant de sourire face à sa conclusion.
« Ça tombe bien je veux la même chose »
Décrétais-je avec un sourire aimant, je me gardais bien de dire qu’en ce qui me concernait mon lieu de destination favori serait notre royaume. Il avait pas besoin que j’en rajoute une tartine, d’ailleurs avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit je le sentais se tendre de tout son long. Sa mâchoire se serra et je redoutais le pire, sans comprendre pourquoi d’un coup il était en colère. Oui j’étais loin de me douter qu’il ferait une chose que je l’avais vu faire qu’une seule fois et encore je l’avais juste surpris en douce quand il croyait que je dormais quelques jours après qu’il m’eut sorti de mon enfer. Il pleurait. Il pleurait en serrant mon corps son visage contre mon épaule. Je mis quelques secondes avant que tous mes neurones se captent, heureusement mon corps avaient lui était plus rapide et mes bras le serraient. Mon visage était chatouillé par sa tignasse rousse que j’embrassais tendrement tout en le réconfortant avec quelques caresses :
« Chut … je suis désolée mon amour »
Je n’aurais pas dû lui dire qu’une grosse partie de notre peuple le croyait mort. J’avais voulu jouer la carte de l’honnêteté résultat il était malheureux. Le voir ainsi à cause des réactions de notre peuple me mettait en colère. Je choisissais de le réconforter avec des caresses, je connaissais ses points sensibles, et je m’appliquais à lui montrer que j’étais là.
« Je t’aime, on ne sera plus jamais séparé, c’est juré, ça va aller mon amour ! »
C’était les seuls mots que je parvenais à prononcer, que je l’aimais et que tout allait aller mieux. Je restais contre lui à le caresser et lui murmurer des mots doux jusqu’à ce qu’il se calme et que ses sanglots se tarissent. J’attendais une minute avant de reprendre la parole pour murmurer avec tendresse :
« Tu viens avec moi sous la douche ? Ça nous fera du bien »
Ca j’en étais certaine, et je devais avouer que je n’avais pas envie de le laisser seule de peur qu’il se remette à pleurer et que je ne sois plus là pour le réconforter.
J'avais beau être une montagne de muscles parfois j'avais des faiblesses. Je ne m'en souvenais plus mais j'avais été faible trois fois dans ma vie tout en comptant cette fois-là.
La première fois c'était quand j'avais retrouvé Juliette. Je l'avais sauvé du bordel et... Elle n'était plus ma Juliette. Elle n'était plus ma femme elle avait perdue toute sa bonté. Elle n'était qu'un animal blessé et je ne savais pas comment je pouvais faire pour la sauver de ses propres démons. J'avais pleuré cette fois-ci. J'avais pleuré plusieurs fois durant cette période. J'avais pleuré parce que je n'avais pas su LA protéger.
La deuxième fois c'était à la perte de notre bébé. J'avais pleuré autant pour notre fils que pour ma femme qui était au bord de la folie. Je n'avais là encore pas trouvé comment faire pour les sauver. J'avais enterré notre fils seul et ma femme était partie en criant vengeance. J'avais pleuré parce que je n'avais pas su LES protéger.
La troisième fois.... C'était plus étrange. Je ne savais pas du tout pourquoi je pleurais. Je pleurais juste parce que je ne pouvais pas faire autrement. J'avais mal au cœur. J'avais l'impression que j'avais perdu une partie de mon âme. J'avais l'impression que quoi qu'elle me dirait je ne pourrais pas le supporter. Mon peuple m'avait tourné le dos et ça me faisait mal au cœur. Je n'avais pas été assez bon avec eux pour qu'ils m'oublient ? Je n'avais pas été un bon roi pour qu'ils veuillent me remplacer ? Oui ils m'avaient cherché mais ils avaient abandonné. Ça me tuait. J'avais l'impression que mon cerveau allait exploser. Alors je pleurais. Oui je pleurais tout simplement. J'avais mon nez dans le cou de mon épouse et je la serrais fort contre moi. Je me laissais aller contre elle, ne retenant pour une fois pas mes larmes. J'étais comme un gamin à qui on venait de dire qu'il n'avait jamais été à la hauteur.
Quand je finis par me calmer je l'entendais me dire qu'il serait bien qu'on aille prendre une douche. J'étais vidé. Peut être qu'une douche pourrait m'aider effectivement.
« D'accord. »
Je me levais en la faisant doucement de mes genoux. Je me dirigeais, les yeux dans le vide jusqu'à la salle de bain. Je me déshabillais et j'entrais dans la douche. J'ouvrai l'eau chaude et l'eau froide pour trouver la bonne température puis je laissais l'eau couler sur ma peau sans bouger.
« J'ai l'impression qu'on m'a retiré un partie de mon âme. Je venais juste d'accepter que javais une femme, que j'étais roi et qu'il y avait du monde qui... était censé compter sur moi. »
C'était un constat dur à faire. Je fermais les yeux. Si seulement je pouvais oublier un peu cette histoire. Juste pour retrouver le sourire. Juste pour que ma femme ne puisse plus me voir aussi faible.
Je détestais le voir ainsi. Je détestais le voir souffrir et être complètement impuissante face à sa détresse. Je n’aurais pas dû lui dire. J’aurais simplement dû me taire et le lui dire uniquement ce qui lui aurait fait du bien de l’entendre. Je faisais de mon mieux pour le consoler mais je n’étais pas capable d’atténuer sa peine ce qui me rendait dingue. Après plusieurs minutes, il finissait par se calmer. Ses larmes se calmèrent, mais ma colère envers les personnes responsables de son malheur ne parvenait pas à s’apaiser. Je leur en voulais. Je leur en voulais de ne pas m’avoir cru et d’avoir choisi de me voir comme une folle que comme étant celle qui détenait la vérité. Quand j’eus compris qu’il s’était calmé, je lui proposais d’aller se doucher ensemble, notamment parce qu’un peu d’eau chaude pourrit lui faire du bien, mais surtout parce que je ne voulais pas le laisser seul, même le temps d’une douche. Il accepta et je souriais en le laissant me reposer à terre. Tel un zombie, il se mouvait jusqu’à la salle de bain et je le suivais inquiète. Il se déshabilla et malgré la situation des plus tragique, je ne pus m’empêcher de le mâter avant de moi-même me déshabiller pendant qu’il réglait l’eau et qu’il s’y glissait dessous. Pour la première fois de la journée je croisais mon reflet dans le miroir et j’avais honte de ma chevelure. Un réel carnage, songeais-je avant de rentrer dans la douche avec lui. Dès que je fus derrière lui, il s’exprima à nouveau et je sentais mon visage se décomposer. Heureusement il me tournait le dos. L’enlaçant j’embrassais son dos en fermant les yeux tout en laissant mes mains caresser ses abdos avant de trouver place sur ses hanches :
« Je suis désolée Romain. Je n’aurais pas dû te le dire, … Je ne voulais pas te faire souffrir. »
Une fois de plus j’embrassais son dos avant de poser mon front sur ce dernier pour ajouter :
« Le jour où j’ai appris qu’Alice était la cible d’une prophétie où l’issue menait à un combat à mort, j’ai été prise d‘une puissante crise de panique. Ce jour-là, après m’avoir ramené tu m’as dit que s’il le fallait pour que j’arrête de penser à ça et qu’Alice soit en sécurité, nous pouvions partir. Partir loin de Wonderland dans une nouvelle contrée où personne ne nous connaissait. »
M’humectant les lèvres, je marquais une légère pause avant de poursuivre :
« Tu m’as dit ce jour-là que rien ne t’importait plus que moi. Tu avais choisi d’arrêter de gouverner alors que tu aimais cela pour moi si je te le demandais. J’ai refusé de partir, mais en me disant cela tu avais apaisé mon esprit et mon âme. »
L’embrassant une fois de plus je libérais ses hanches pour caresser ses muscles :
« Je t’aime plus que notre royaume. Tout ce qui m’importe c’est toi, si tu me le demandes je tournais le dos à ma couronne. Je pensais ce que je t’avais dit tout à l’heure quand je t’ai dit que je voulais être avec toi, peu importe le lieu. Je t’aime, je sais que ça ne répare pas la souffrance que tu ressens mais je t’aime.
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Sam 7 Avr - 21:40
