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Nouvelles têtes
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Le calendrier de l'avent
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Mon poing s’était écrasé sur son nez, lui faisant pisser le sang. Le craquement qui avait accompagné cet acte m’avait apporté une jouissance non dissimulée. Le sourire affiché sur mes lèvres soulignait encore ce sentiment.
De mon crochet, je le maintenais devant moi, juste à la hauteur suffisante pour que mon poing puisse lui asséner les coups qu’il méritait.
Un uppercut dans l’estomac lui coupa le souffle, suivit de plusieurs autres. Ses yeux semblaient vouloir sortir de ses orbites. De sa bouche ouverte s’écoulait un mélange peu ragoûtant de sang et de bave mélangée et un nouveau coup de poing bien placé dans sa mâchoire lui renversa la tête en arrière en lui faisant sauter quelques dents.
Le jetant au sol, ce furent alors mes bottes qui le firent gémir au fur et à mesure du martellement de ses côtes.
Fou de rage, je ne pouvais m’arrêter. Il avait osé l’insulter. La traiter de pute. Elle ! Ma sœur de cœur. Je n’accepterai jamais qu’on lui porte atteinte. De quelque façon que ce soit.
A demi-inconscient, des larmes coulaient de ses paupières déjà gonflées.
D’un regard glacial, je balayais la salle, une mèche de cheveux collée par la sueur sur mes yeux.
« Si quelqu’un a encore quelque chose à dire sur la dame, j’attends ! »
Ma voix était glaciale, froide. Et je n’attendais qu’un geste, une parole, un regard pour repartir de plus belle. L’homme à mes pieds tentait de ramper pour s’écarter. D’un violent coup de botte, je l’envoyais à un bon mètre de moi, cette fois inconscient pour de bon.
Dans l’auberge, on aurait entendu une mouche. Nous venions juste d’entrer lorsqu’un connard avait lancé « Elle prend combien la pute ? » Il regretterait à jamais ses paroles que je lui avais fait ravalées avec les intérêts.
Encore six mois écoulés… Mais le Revenge avait été retardé par une tempête. J’étais arrivée au port de rendez-vous en pleine nuit, alors que j’avais pour habitude d’arriver dans l’après midi accompagné du Soleil. Cette fois, il faisait nuit noir, rendant la manœuvre d’amarrage moins simple, retardant mes retrouvailles avec mon frère. Une fois que tout avait été fait, je pris tout de suite le chemin vers son navire comme la dernière fois. Après de chaleureuses embrassades, je lui fis comprendre qu’après ma longue traversée, j’avais faim.
Ayant apprécié la cuisine d’Olaf, nous nous étions rendus dans son auberge. Et ça me faisait plaisir de revoir le cuisinier qui était toujours d’humeur festive. Alors je pensais que la soirée se passerait tranquillement, tout avait dérapé en une fraction de seconde. Les quelques mots d’un inconnu avait tout fait basculer. Personnellement, je ne m’étais jamais souciée de ce genre de propos. Un simple regard, et j’avais la paix. Autant dire que les yeux de la louve en faisaient reculer plus d’un. Mais Killian ne l’avait pas entendu de cette oreille… Jouant du poing, du crochet et des coups de pied, il avait mis l’inconnu à terre, et le ruait de coups.
- Killian ! ça suffit ! Il a compris ! Il ne le redira pas ! Arrête !
Rien n’y faisait, il ne voulait pas cesser de frapper celui qui m’avait insultée. Il ne pouvait pas. Pourtant, j’essayais de le retenir, mais son bras glissait toujours entre mes doigts lorsqu’il attaquait. Il se stoppa un instant pour menacer toute l’assistance. Je n’étais pas sûre que ça soit une bonne idée… Et ça risquait de porter préjudice à Olaf qui avait assisté à la scène, impuissant. Un dernier coup de pied, et l’inconnu perdit connaissance.
- C’est bon… C’est fini…
Je lui pris doucement la main… Mais je vis alors quelques hommes se lever. Sans doute des alliés, ou des amis du marin qui était à terre… Eh merde…
J’en vis un porter sa main à sa ceinture. Sans réfléchir un instant, sachant ce qu’il souhaitait faire. Je tirais mon pistolet plus rapidement. Ce fut rapide et précis : une balle entre les deux yeux. Il était tombé, raide mort. Il restait de deux ses camarades encore debout.
La mort semblait être devenue ma compagne depuis quelques mois. Elle s’était incrustée dans mon sillage, insidieusement. J’avais fait un pacte avec Regina pour tuer sa mère en échange de son aide pour tuer le ténébreux. Pour cela j’avais ôté la vie à mon père afin de lui prouver ma détermination, même si c'était plus compliqué que ça, puis j’avais tenté de faire ma part du marché sans me douter que Cora retournerait ainsi la situation. Durant ces six derniers mois j’avais fait en sorte de ne pas penser à Anne. Cela aurait été trop pénible. Cela aurait pu retenir mon bras. J’avais même hésité à me rendre à notre rendez-vous. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. C’était les murmures que j’entendais sur le Jolly Roger. J’étais hanté par mes actes même si je faisais tout pour refouler.
Anne avait donc retrouvé un frère distant. Plus froid. Elle aussi était fatiguée et la nuit étant tombée à son arrivée avait dissimulée en partie l’ombre douloureuse du remord que je ne pouvais pas lui cacher.
J’avais été telle une poudrière et ce simple manque de respect à son égard avait été l’étincelle.
Maintenant il y avait un mort. Je me plaçais devant ma sœur faisant rempart de mon corps. Mon poing serré le long de mon corps laissait s’échapper gouttes après gouttes le sang de celui que j’avais presque tué. Défiant les deux hommes qui hésitaient, j’attendais immobile. Auraient-ils levés d’autres armes, je n’aurais pas bougé. J’appelais la mort. Celle qui pourrait soulager ma souffrance.
Au lieu de cela, ils baissèrent les yeux, se précipitèrent vers les corps à mes pieds et l’emportèrent hors de l’auberge.
Olaf s’approcha de moi. « La garde va venir. »
Sa voix me paraissait lointaine. Je n’osais regarder Anne.
« J’assumerai. »
Ma gorge était sèche.
Les clients reprirent leurs occupations. Je me dirigeais vers la table que les trois hommes avaient abandonnée. Avec le mort au sol, ses doigts toujours crispés sur son arme. Je me laissais tomber pesamment sur l’une des chaises de bois encore chaude.
Il était différent. Je ne saurais pas dit pourquoi, mais il était différent. Habituellement attentionné, doux, chaleureux, je le trouvais froid, distant, malheureux… Il s’était passé quelque chose pendant ces six mois, et je voulais attendre d’être assis devant un bon repas, au chaud chez Olaf pour tenter de savoir ce qui lui arrivait, savoir si je pouvais faire quelque chose pour apaiser sa peine. Mais ça ne s’était pas passé ainsi.
Une phrase avait suffi pour renverser la situation. Tout avait été calme, et il avait fallu qu’un inconnu ouvre sa bouche pour que tout dégénère. Killian avait été incontrôlable. Il avait quasiment frappé un marin à mort. Il gisait sur le sol, inconscient. Ça aurait pu s’arrêter là, mais des hommes avaient voulu défendre leur camarade. J’avais été plus rapide. Si nous avions un individu blessé, maintenant, nous avions un mort sur les bras. Réflexe de pirate qui allait sans doute faire venir la garde du port attirée par le bruit du coup de feu. Je me retrouvais alors avec Killian devant moi, devenant un mur entre moi et les deux derniers courageux qui avaient fini par partir la queue entre les jambes en emmenant leur ami gravement blessé. Mon frère n’allait pas bien… Il me rappelait l’image que je me renvoyais dans le miroir dans les jours les plus sombres de mon existence. Ces jours où je souhaitais arrêter de me batte…
Olaf vint nous voir pour nous dire que la garde allait venir. Je le savais déjà. Mais je ne m’attendais pas à la réaction du capitaine Crochet. Il assumerait la conséquence de ses actes. Il s’installa à la table libérée par ceux qui avaient fui. D’un regard entendu avec l’aubergiste, je suivis le pirate.
- Mais qu’est-ce que tu racontes ?! Comment ça tu assumeras ?! T’es un pirate, oui ou non ?! Tu vas te laisser arrêter comme ça ?! Tu n’as jamais dit de telle ânerie ! Lève tes fesses et sortons par derrière !
Il fallait que je découvre ce qui lui était arrivé pour essayer de l’aider. Je n’étais pas sûre que c’était en lui passant un savon qu’il allait se reprendre. Je n’avais pas réfléchis.
- T’es un homme de parole, non ? Tu as promis de venger Milah… Si tu te laisses prendre tu ne pourras pas tenir ta promesse… Tu as promis de ne jamais m’abandonner, alors tiens ta promesse… Et si tu te laisses condamner, je te suivrais… Parce que si tu as blessé quelqu’un ici, moi, j’ai tué le mort à tes pieds.
J’aurai voulu qu’elle parte. Je ne voulais pas me battre contre elle. Lui en parler.
Ses paroles à un autre moment auraient pu me toucher. Me piquer dans mon orgueil et me faire bouger. Mais pas là. Je levais un regard vide vers elle. Vide de volonté. Vide de courage. Vide de pulsion de vie. C’était presque comme si je la regardais déjà de l’autre monde. Ne le voyait-elle pas ? Comme si déjà je n’étais plus là.
Un homme de parole. Oui. Je l’avais été. Je ne savais franchement plus si je l’étais dorénavant. Un parricide par contre si.
« Tu ne seras pas impliquée. C’était de la légitime défense en ce qui te concerne et tous ici pourront en témoigner. »
Et moi alors ? En vérité il y’avait eu agression. Ce n’était pas pour ça que l’on pendait un homme. D’autant plus s’il n’y avait personne qui portait plainte. Une jolie bourse pourrait arranger tout ça si je le voulais. Ce ne serait pas la première fois. Mais je n’avais pas envie de lutter.
« Je ne peux fuir. Le Jolly Roger ne peut partir cette nuit et j’en suis le capitaine. Tu connais beaucoup de pirates dans ce port avec un crochet ? »
J’étais reconnaissable comme le loup blanc. Et en ce soir cela m’arrangeait bien. Pour la première fois je lui mentais. Je prenais un prétexte pour me faire punir. Pour expier le crime que j’avais promis.
« J’aimerai que tu t’en ailles. »
Mes paupières s’étaient closes. Je ne pouvais croiser son regard. Je ne pouvais la laisser lire en moi. Ma peau était glacée mais moins que mon cœur. Mon poing sur la table était serré au point où les jointures en étaient blanchies.
Comment avait-il pu changer autant en seulement six mois ? Qu’avait-il fait pendant mon absence pour être ainsi ? Il fallait impérativement que je sache ce qui s’était passé. Et pour y arriver, il fallait que je fasse en sorte de le faire sortir d’ici. Le temps nous était compté, la garde allait arriver. Si les trois compères allaient se plaindre, il fallait faire d’autant plus vite…
- Si tu te laisses prendre… Je me laisserai prendre avec toi.
Perdre encore une personne ? Hors de question. J’avais trop perdu par le passé pour le laisser partir lui aussi. Je le défendrais bec et ongles. Ou plutôt, crocs et griffes. S’il fallait dévorer toute la garde pour ensuite ramener le capitaine Crochet à son navire, je le ferais.
- Penses-tu que ton équipage te laisserait arrêter ? Secoue toi, Killian !
Il voulait que je m’en aille ? Avec mon naturel esprit de contradiction, je n’avais qu’une envie : faire l’inverse. Au vue de la situation, c’était inenvisageable de le laisser ici.
- Non, je ne m’en vais pas sans toi.
Tirant une chaise, je m’assis à sa table. Bras croisés. Bien décidée à faire ce que je voulais. S’il devait tomber, je tomberais avec lui. Je n’avais certes pas dit mon dernier mot, mais pour l’instant, je restais là. Jetant un bref regard à Olaf, alors que Killian veillait à éviter mes yeux.
- Non, je ne te pardonne pas. Que ferais-tu si c’était moi qui étais de prise avec mes regrets et mes remords ? A regretter encore une fois de ne pas avoir pu protéger William ? Me laisserais-tu toute seule ? Me laisserais-tu marcher jusqu’à la corde ? Me laisserais-tu me sentir responsable de la mort de mon petit garçon ?
Je me revoyais très bien sur le bateau avec Noa, lui demandant de mettre fin à mes souffrances… Je me revoyais face au miroir, à me demander pourquoi je continuais de lutter…
La porte s’ouvrit. La garde était facilement reconnaissable par rapport aux autres individus qui fréquentaient l’auberge. Par le passé, la louve n’avait pas pu se manifester pour protéger ceux qu’elle aimait. Aujourd’hui, elle avait tendance à échapper bien trop facilement au contrôle de l’humaine. Debout devant Killian, crocs sortis, je grognais sur les nouveaux arrivants.
Je ne voulais pas qu’elle soit emprisonnée par ma faute, mais je la savais suffisamment têtue pour le faire juste pour me forcer à faire ce qu’elle voulait.
« C’est du chantage. »
Bien sûr. A cause désespérée tous les moyens sont bons. Mon équipage ferait ce que je lui ordonnerai. Je le savais. Ils m’avaient vu dépérir depuis plusieurs mois. Depuis mon retour de chez Cora. Je n’avais plus envie de me secouer. Je me sentais fatigué. Epuisé. Je voulais juste dormir pour oublier.
Son refus de me laisser provoqua une contracture de ma mâchoire bien visible. Je voulais que tout cela finisse.
Elle trouva bien sûr les mots qui faisaient mouche. Ceux qui pouvaient me toucher mais qui étaient encore loin de parvenir à me faire changer d’avis. Evidemment, si les rôles étaient inversés je ne l’aurais pas laissée faire. Je l’aurais chargée comme un sac sur mon épaule et je l’aurai emmenée dans un endroit où j’aurai pu lui donner une fessée bien méritée pour la secouer avant de lui faire l’amour avec tendresse. D’un geste de la main comme pour chasser une mine inopportune, j’écartais ses questions. Les paupières toujours closes. « Tu connais déjà toutes les réponses, mais je n’ai pas envie d’en parler. »
Je n’en pouvais plus. Je voulais juste que cela cesse. De quelques manières que ce soit. Définitivement.
La porte s’ouvrit et la salle se figea alors que je me dressais brusquement ayant senti Anne se transformer en louve. C’était indescriptible. Un changement que j’avais perçu même les yeux fermés.
« Non ! »
Je posais ma main sur son garrot. Lentement je passais devant elle alors que les gardes levaient des arbalètes de poings vers nous.
Fixant dans les yeux les forces de l’ordre, je parlais à voix haute.
« Il s’agit de légitime défense. J’ai eu une altercation avec l’un de ses camarades et il a tenté de nous tirer dessus. Toute la salle est témoins. Son arme est encore dans son poing. »
Olaf acquiesça et les arbalètes s’abaissèrent.
Sortant une bourse d’une poche, je la lançais à celui qui semblait être le chef.
« Pour le déplacement. »
Puis me retournant vers la louve, je demandais en la fixant d’un regard vide et d’une voix sans âme.
Oui, du chantage et alors ? J’étais pirate… Je n’étais pas du genre à suivre les règles de bonne conduite. Je voulais tout bonnement obtenir ce que je voulais. Et là tout de suite, je voulais le secouer un peu, comprendre ce qu'il se passait. Parce qu’il y avait forcément quelque chose. Pour essayer de le réveiller de cet état second, j’essayais de lui faire comprendre que ma réaction était légitime. Si les rôles étaient inversés, il ferait en sorte de me sortir de mes sombres pensées… Hors de question de le laisser se rendre.
- Je t’en prie… Parle-moi… Que se passe-t-il ? Que s’est-il passé ?
Pas le temps pour les réponses. La garde était arrivée. Bien évidemment, ce fut la louve qui avait réagi la première. Elle avait pointé le bout de son museau avant que je ne puisse réagir. Instinct de survie, l’envie de protéger les siens, que sais-je ? Elle avait voulu agir, et elle était là, face aux gardes. Heureusement, j’étais toujours là, ce n’était pas juste la louve qui était présente. L’animal était physiquement là, mais c’est l’humaine qui dirigeait. Un simple « non » de la part de Killian avait suffi à arrêter mon envie première. Sa main sur mon garrot me retenait, mais je savais que si quelque chose ne me plaisait pas, il ne pourrait pas me retenir.
Le capitaine Crochet glissa doucement devant moi… observant la scène, je restais attentive, prête à contourner mon frère et bondir sur le garde s’il venait à arrêter le pirate. Ça n’arriva pas. Une brève explication sur la légitime défense, une bourse donnée et l’affaire était réglée.
Le regard bleu océan se posa sur moi… Il était éteint, il manquait quelque chose… Sa joie de vivre habituelle, et même sa haine envers le Crocodile semblait avoir disparu. Un petit gémissement sortit de ma gueule, des excuses et une pointe d’agacement parce que je ne comprenais pas. Je m’approchai et lui donnai un petit coup de langue sur les doigts, forme d’affection version louve. Doucement, je glissais ma tête sous main, réclamant quelques caresses. Délicatement, je saisis sa cape entre mes crocs et l’entrainait dehors avant de prendre forme humaine pour lui prendre la main.
- J’aimerais savoir ce qu’il se passe… S’il te plait… Mais je veux aussi te montrer quelque chose… Tu me fais confiance ?
Ma main sur son garrot était juste posée. Je savais très bien que je ne pourrais pas l’empêcher de bondir et de faire un carnage si elle le voulait. Si elle ne se contrôlait plus. Je puisais aussi à ce simple contact, mes doigts sur son poil, la force « d’arranger les choses » même si en vérité j’aurais préféré être jeté en prison pour expier.
Dans ce port, je connaissais les autorités. J’avais des appuis. Seul moi et mon silence aurait pu me faire condamner.
La louve glissa sa tête sous ma main et instinctivement, je lui offris une caresse avant que ma main ne repende inerte à mon côté. Les regards des autres clients étaient lourds, l’atmosphère pesante. Tiré par ses soins hors de l’établissement, je la suivi. Ombre de ce que j’avais toujours été.
Reprenant sa forme humaine Anne me posa de nouveau des questions auquel je n’étais pas prêt à répondre. Puis elle m’offrit une échappatoire que je saisis au bond. Cela me donnerait le temps de chercher encore et encore ce que j’allais lui dire. Sans dire un mot je la suivi, d’un pas lent et sans entrain. J’aurai aimé qu’elle me conduise à la mort, mais je doutais que cela ne soit sa surprise.
Une goutte d’eau s’écrasa sur mon visage et je levai les yeux vers le ciel, accueillant cette pluie froide, presque glaciale. Souhaitant au fond de moi-même que ces larmes du ciel puissent laver la noirceur de mon âme.
Je ne méritais pas l’attention qu’elle me portait. Je lui faisais perdre son temps. Je ne voulais pas non plus l’entraîner dans ma chute. Elle n’avait pas à endurer la souffrance. Baissant la tête, je ruminais. Ne pouvant penser à autre chose qu’à ce qui s’était passé quelques semaines auparavant.
Ce n’était pas une vraie caresse qu’il m’offrait, il le faisait par habitude, parce qu’il fallait le faire. Tant pis, je m’en contenterais pour l’instant, ce n’était pas le plus important. Il fallait qu’il aille mieux, qu’il redevienne lui. Pour essayer de lui changer les idées un instant, je le fis sortir de l’auberge avant de reprendre forme humaine pour lui demander de me parler, de se confier. Il restait silencieux. Je l’invitais alors à me suivre, à me faire confiance. J’avais peut-être quelque chose pour que ça aille mieux. Pour un petit moment en tout cas.
Lui prenant la main, je l’emmenais vers le Revenge. Je n’osais pas le lâcher de peur qu’il m’échapper, de le perdre d’une façon ou d’une autre. Sans un mot, je montais avec lui sur mon navire. Mes matelots ne demandèrent rien, ils continuèrent leurs tâches.
Je fis entrer Killian dans ma cabine. Comme toujours, mon bureau était noyé sous des documents, des objets. Mes étagères débordaient de souvenirs. Le reste était impécable.
- Tu te souviens de ce que j’ai dit ? Les loups se sentent plus libres, plus forts, ils sont moins soumis à la raison, et au coeur...
Lui lâchant délicatement la main après voir déposé un baiser sur ses doigts, j’ouvris le coffre au pied de mon lit pour prendre un bocal de biscuits.
- Une heure... Un biscuit te permet d’être un loup pendant une heure. Tu veux essayer...?
J’avais passé un marché avec une sorcière pour pouvoir avoir ces gâteaux. En échange d’une fournée, je devais lui fournir de la bave, et elle avait le droit de me prendre des objets magiques que je pillais... C’était plutôt cher payé à mon goût, mais je n’avais pas réussi à mieux négocier.
- Et ta main ne sera pas un handicap... Les loups n’ont pas besoin de leurs quatre pattes, ils se débrouillent très bien sur trois pattes... J’ai essayé.
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![[/!+18][Flashback] On ne touche pas à Anne... Icon_minitime1](https://2img.net/i/fa/m/icon_minitime1.gif){kind=icon}
Mar 30 Jan - 22:06
