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Libre ! Libre !
Je pouvais sauter, courir, bondir. Mon corps n’avait plus cette lourdeur gauche et ce poids.

Dans ma tête je l’entendis soudain. Comme si elle me parlait.

Beau, je ne savais pas si c’était le cas mais elle était magnifique.
Mentalement, sans effort, je lui répondis.

« Tu es trop belle ! Et je te remercie encore pour ce moment qui n’a pas de prix. »

Je me mis à bondir tout autour d’elle, fébrile de courir  dans la nuit.

« Je me sens libre ! Heureux ! Et ceci grâce à toi ! VIENS ! »

Je partis droit dans la forêt. Mon odorat, ma vue étaient décuplés par rapport à ce que j’avais en tant qu’humain.

J’évitais les racines, bondissait par-dessus les cours d’eau, j’effrayais les hérissons, les mulots, les lièvres qui détalaient sur notre passage.

Soudain un bruissement de feuille m’arrêta net dans ma course. Museau levé, je tentais d’identifier ce  qui se cachait derrière les fougères.
Mes crocs brillèrent à la faveur des rayons lunaires.
Les effluves étaient sauvages, puissantes. C’était une grosse bête qui se tapissait dans un renfoncement.

Jaillissant des fourrés qui le dissimulaient un énorme sanglier fonça sur nous, sans même chercher à réfléchir mon instinct prit le dessus. Je bondis au-dessus de lui en évitant ses défenses et me retournant dans les airs, je labourais des griffes de ma patte avant son dos avant de retomber sur le sol et de rouler sur moi-même pour me rétablir.
Le sanglier fit volte-face et me chargea. J’attendis le dernier moment pour bondir sur un arbre à son côté et prenant appuis sur le tronc, je me propulsais sur son flanc, plantant mes crocs dans sa nuque et mes griffes dans son flanc, ne lâchant plus au risque de me faire écraser s’il se laissait tomber sur moi.

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- C’est avec plaisir que je t’offre ce moment. Et je suis heureuse de te voir ainsi.

Lui aussi sentait ce sentiment de liberté, de bonheur. J’étais vraiment ravie de pouvoir partager ce bien être avec lui. J’étais contente de pouvoir être avec quelqu’un qui me ressemblait, quelqu’un avec qui j’allais pouvoir courir, jouer comme lorsque j’étais plus jeune. Soudainement, il me somma de le suivre et partis en courant dans la forêt. Je partis alors à la même vitesse que lui, le laissant mener la balade, ou plutôt la course.

L’instinct animal faisait ce qu’il avait à faire, m’empêchant de me prendre les pattes sur ce qu’il y avait au sol, me faisant éviter les arbres qui se dressaient devant moi. Je ne faisais qu’un avec la forêt. Avec Killian, que je suivais sans la moindre difficulté.

Et puis soudain, il eut un bruit. Une seconde après, il eut un sanglier devant nous. Il nous chargea. Prête à intervenir, Killian me devança. Je voulais l’aider, mais il avait l’air de très bien se débrouiller tout seul. J’observais ce qui se passait, le laissant mener l’attaquer. Toujours à l’affut pour lui porter secours si besoin. Il n’en était rien. Il était un loup et il savait chasser. Etant un loup plus grand que la moyenne, il était plus simple pour lui de s’attaquer seul à l’animal. J’étais agréablement surprise face à son habilité.

De peur que la proie ne se retourne et ne l’écrase, je vins lui porter main forte. Enfin patte forte. Arrivant du même côté que lui, je saisissais un postérieur du sanglier pour le tirer vers nous et ainsi faire tomber l’animal sur le flanc opposé, l’obligeant alors à s’allonger sur le côté. Je me joignis ensuite à lui pour achever sa victime. Etant presque immobile, je vins m’agripper à son museau avec mes crocs.

- On dirait que tu as fait ça toute ta vie. Pensai-je.

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Un petit coup de pouce de sa part pour mettre à terre le sanglier qui grognait et se débattait, voyant sa dernière heure venue.
Je ressentais une puissance, un sentiment de force et de contrôle jamais connu auparavant.
Glissant ma gueule au niveau de sa gorge, je lui arrachais la jugulaire  avant de lever  ma gueule vers le ciel étoilé et la Lune pour pousser mon cri de victoire.
Peu à peu les yeux de notre proie devinrent vitreux au fur et à mesure que la vie quittait son corps alors que ses pattes étaient encore agitées de soubresauts nerveux.

« C’est quelque chose que je ne connaissais pas mais je ne sais pas si je pourrai désormais m’en passer. »

Mon ventre se mit à gronder et j’attaquais alors l’une de ses cuisses bien charnues, la peau écartée du bout de mes dents, la viande chaude fut le meilleur met dévoré depuis longtemps. Chaud, doux et avec suffisamment de caractère pour rendre cela intéressant.
Je me délectais de ce repas. Heureux comme jamais. J’avais eu ma chasse. Avec ma compagne et bienfaitrice.
Alors que j’avais avalé quelques bouchées une détonation explosa non loin et un éclat de pierre jaillit à un mètre de nous.

« UN HUMAIN ! »

Je n’étais plus humain, j’étais loup et désormais les humains faisaient partie des ennemis.
Une deuxième déflagration retentit et cette fois ce fut le crâne du sanglier mort qui accueillit la balle tandis que nous étions éclaboussés de sang.

Mon envie était de les empêcher de nous voler notre proie, mais je gardais conscience que les balles pouvaient être meurtrières et la salive d’Anne ne pouvait pas tout guérir.

Grognant je me mis devant elle. Ils étaient trois, les deux premiers rechargeaient, le troisième nous visait. Ils étaient à trente pas de nous séparés entre eux d’une dizaine de mètres. Nous ne pourrions tous les avoir.

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La mise à mort fut assez rapide et Killian semblait plutôt heureux de sa première prise. Pour une première fois sous forme de loup, je trouvais qu’il se débrouillait très bien. Trop bien même… Peut-être avait-il été un loup dans une autre vie. Qui sait ? Il se plaisait tellement à être animal, qu’il ne savait pas s’il pourrait s’en passer.

- Je ne suis pas sûre de pouvoir t’avoir des biscuits à chaque fois, mais je ferais en sorte de t’en ramener le plus souvent possible.

Si dans les bibelots magiques que je rapportais à la sorcière, rien ne lui plaisait, elle ne me donnerait aucune pâtisserie. Mais en six mois, j’aurais forcément le temps de trouver quelque chose, non ? Enfin, ce n’était pas le moment de se poser des questions, mais de dîner. Le sanglier était mort, et Killian avait déjà attaqué une cuisse. Mon ventre criant aussi famine devant le festin devant moi, je m’attaquais à au morceau qui aurait servi à faire un beau filet chez le boucher. Mangeant tranquillement, je fus alertée par un bruit de pas. Levant le nez de mon repas, je n’eus pas le temps de voir les chasseurs qu’un coup de feu se fit entendre. A quelques mètres près, l’un de nous deux aurait été blessé. Voire pire.

Nous n’eûmes pas le temps de réagir qu’un deuxième chasseur tira. Ce fut la tête du sanglier qui fut touchée. Ils étaient trois en tout. Il fallait réfléchir à quelque chose et vite. Crocs sortis, Killian grogna en se plaçant devant moi.

- Va-t-en !

Tout se passa ensuite rapidement.
Instinct animal et réflexion humaine travaillent à l’unisson.
Sans plus attendre, je partis sur le côté droit pour attaquer l’un des chasseurs positionné à l’extrémité. Lui bondissant ensuite dessus, écrasant son crâne sur le sol. Je repris forme humaine pour lui arracher son arme des mains. Il avait fini de recharger son fusil. Visant le chasseur le plus proche, je le touchais en pleine tête.

Il en restait un debout, toujours en possession de son arme.

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Je ne voulais pas qu’elle se mette en danger. Je ne savais même pas quel était le prix de ce biscuit.
Je remettais à plus tard le sujet trop heureux sur le moment.

Avec entrain nous mangions tous les deux la viande chaude du sanglier goûteuse et ferme à souhait.

L’arrivée des hommes avait tout gâché.
Son ordre m’avait tétanisé. Je n’envisageais même pas de l’abandonner là et pourtant j’avais dit que je ferais ce qu’elle voudrait.
Tout alla très vite, elle se jeta sur l’un des hommes et reprit sa forme pour pouvoir se servir de l’arme du chasseur contre son comparse. Mais il en restait un et il la mettait en joue.
En deux bonds je fus sur lui et lui arrachait un morceau d’épaule en hurlant mentalement.

« ON NE TOUCHE PAS A ANNE ! »

Le coup de feu parti vers le ciel et de la crosse, il tenta de m’assommer mais je l’évitais facilement. Malheureusement, je jouais de malchance et glissant sur son sang qui couvrait maintenant le sol à ses pieds, je glissais et me retrouvais sur le flanc.
C’était un solide gaillard qui en temps normal m’aurait dépassé de deux têtes. Une force de la nature. Sortant une dague, il se jeta sur moi et un corps à corps s’ensuivit. Lui tentant de me planter sa lame dans le corps et moi cherchant de mes crocs sa gorge.
Nous roulions au sol, emmêlés dans un combat où l’issue serait la mort d’un des deux participants.

Soudain je ressentis une brûlure cuisante  au niveau de la cuisse arrière. Un jappement de douleurs et de surprise mêlée avait jaillit de ma gorge. Il avait tiré d’une de ses bottes un petit couteau acéré et maintenant était armé de deux lames.

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Le repas était servi. Killian avait su chasser comme s’il avait été loup depuis toujours. C’était plaisant à voir. J’étais avec l’un des miens. J’étais heureuse d’être dans cette forêt avec lui. Cependant, cet instant de bonheur ne dura qu’un court instant. Des chasseurs étaient arrivés, et ils voulaient faire de nous des descentes de lit.

Bien évidemment, il était hors de question de me laisser faire, je ne laisserais personne me menacer, et encore moins menacer Killian. J’ordonnais à celui-ci de s’enfuir. Il m’avait promis de m’obéir. Il devait s’en aller. Tout en laissant l’instinct de la louve travailler, je joignais la réflexion de l’humaine pour parvenir à mettre hors d’état de nuire les deux premiers humains. Sous forme humaine, je me sentais plus vulnérable, mais j’avais accès à mes armes…

Le loup gris était toujours là, et il avait attaqué le dernier chasseur en me voyant en danger. Un coup de feu partit. Affolée, je regardais la scène, soulagée de voir que le coup était parti vers le ciel. Killian avait réussi à lui saisir l’épaule, mais son adversaire était tenace, et voulait l’assommer. Tout en les observant, je me relevais et pris le pistolet à ma ceinture. Le duel entre l’animal et l'homme faisait rage… Aussi proches l’un de l’autre, j’avais peur de toucher mon frère… J’avais du mal à les distinguer.

Je sentis mon regard changer, ma vue s’affuter. Visant le bipède, hésitante, le jappement de douleur de Killian me décida. L’humain hurla de douleur lorsque la balle traversa son poignet, faisant ensuite pendouiller sa main de façon affreuse. Profitant de cet instant de surprise, et de douleur de la part du chasseur, je repris forme de louve pour lui foncer dessus, l’éloignant ainsi de sa proie pour ensuite lui arracher la tête d’un coup de crocs.

La gueule sanglante, je me tournais vers Killian. Furieuse.

- Je t’avais dit de t’en aller ! Tu avais promis !

Je m’approchai ensuit de lui pour regarder sa blessure… Je repris forme humaine, crachant le sang que j’avais encore dans la bouche. J’examinais délicatement sa blessure à sa cuisse. En colère.

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Une détonation ! Les traits de l’humain se contractèrent sous la douleur avant qu’il ne soit écarté de moi et tué. Je n’avais pu terminer mon combat  et j’en ressentis un sentiment de frustration qui disparut sous la colère qui émanait d’Anne.
La douleur était forte mais supportable.

Je n’avais pas promis, j’avais juste dit que je le ferai. Soulever ce point ne ferait qu’envenimer la situation.

Baissant le museau, piteux,  je lui fis une moitié d’excuse.

« Je suis désolé. »

Je l’étais réellement, mais pas que.

« Mais si c’était à refaire je le referai. Je ne pouvais pas le laisser te faire du mal. »

Il l’avait eu dans sa ligne de mire.
Imaginer qu’elle aurait pu mourir me rendait malade. Cela me faisait encore plus mal que cette blessure à la cuisse.
Elle pouvait dire ce qu’elle voulait, il en était ainsi.

« Franchement. N’aurais-tu pas fait la même chose à ma place ? »

Je connaissais la réponse et je voulais qu’elle l’admette.

« Ce n’est pas ma première entaille et ce sera loin d’être la dernière. »

Pas dans nos vies. Nous ne vivions pas dans de douillets châteaux entourés de soie et de coton.
Nous combattions, croisions le fer et les crocs. Impossible de rester impassible devant l’injustice ou de fermer les yeux quand l’un des nôtres était en danger.

« J’ai promis de veiller sur moi, mais j’ai aussi promis de veiller sur toi. Ne me demande pas de te faire passer après moi. »

Mon regard dans le sien, j’essayais de lui faire comprendre mon point de vue.
Je suis sûr qu’elle aurait agi pareillement. Jamais elle n’aurait fuis et laissé le chasseur me tirer dessus. Nous le savions tous les deux.

En me relevant et en faisant le fier, même si je sentais un liquide chaud couler sur mes poils, et que la douleur était bien présente, je lui dis.

« Ce n’est rien. Une simple égratignure. »

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J’attendais un “mais” après ses excuses, je savais qu’il allait rajouter quelque chose. Même sous forme humaine, je pouvais l’entendre, le comprendre. Je ne disais rien, je l’écoutais tout en regardant sa blessure, vérifiais que ce n’était pas profond et que rien ne s’était logé dans la plaie. Il était désolé, mais il était prêt à recommencer s’il le fallait. Il ne voulait pas qu’il m’arrive quoi que ce soit… Comme je voulais qu’il ne lui arrive rien… Il me demanda alors si je n’aurais pas fait la même chose si les rôles avaient été inversés. Bien sûr que j’aurais fait pareil…

- Oui, j'aurais fais comme toi... Mais j’ai de l’expérience en tant que louve… Et je peux jouer avec ma forme humaine et ma forme de animale… Connaissant la faculté des hommes à viser dans le noir, je suis sûre qu’il ne m’aurait même pas eue…

Oh que c’était moche de mentir, et comme c'était orgueilleux de ma part. Non, je n’étais sûre de rien, surtout que dix mètres, ce n’étaient pas grand-chose. Il m’aurait touchée, sans me tuer. N’empêche que… j’avais plus de chances de m’en sortir que lui...

- Si nous pouvions limiter le nombre d’entailles, ce n’est pas plus mal, tu ne trouves pas ?

On se blessait facilement sur nos navires, pendant les abordages, les tempêtes, alors autant essayer de nous ménager lorsque nous mettions pieds à terre. Même si le risque zéro n’existait pas. Il me rappela alors la promesse qu’il m’avait faite. Je le regardais et lui caressais délicatement le flanc.

- Je ne te le demanderai pas, mais j’aimerais bien que tu te fasses passer avant moi…

Continuant de caliner d’une main et d’examiner la blessure de l’autre, il se leva soudainement, fier comme un paon en disant que ce n’était rien. Arquant un sourcil, je le regardais septique après avoir vu le sang continuer de couler.

- Rien hein ? J’appuyais alors volontaire sur la blessure, pas trop fort mais assez pour faire mal. ça, c’est pour m’avoir désobéi et pour m’avoir fait peur…

Après quoi, je me changeai en louve pour venir soigner la plaie d’un coup de langue. La plaie se referma doucement...
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Je ne pouvais la faire passer après moi.
Depuis Milah, elle était celle qui m’avait redonné goût à vivre. Qui m’avait donné un autre but que la vengeance.
Je détournais la gueule pour éviter son regard.

En me levant, j’espérai juste faire le brave pour atténuer sa colère et son inquiétude, mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle appuie sur ma blessure.
Mes babines se relevèrent sous la douleur, faisant luire mes crocs.
Me retournant vers elle, je lui lançais un peu sèchement.

« C’est pas comme ça que le nombre d’entailles va se limiter. »

Bienveillante, elle me soigna ensuite et dès que la plaie fut fermée, je me mis à me dégourdir les pattes, à courir, puis je l’entraînais avec moi.

« Viens. On va ailleurs. Les coups de feu peuvent attirer du monde. »

Je ne voulais pas que l’on soit dérangé. Je voulais que l’on puisse profiter un peu tous les deux de la nuit.
En flairant les odeurs de la forêt nocturne, je cherchais un cours d’eau et allait m’y baigner pour ôter toute trace de sang sur mon poil.

Je n’avais plus mal et maintenant propre je revins vers elle pour lui lécher la gueule et jouer avec elle.
Lui mordillant légèrement une épaule, le cou… Je jouais à la titiller, à l’aiguillonner et à repartir très vite avant qu’elle ne m’attrape. A bondir, me cacher, puis surgir derrière un tronc.

Oublié les derniers évènements ne comptait plus que nous. Elle. Moi. Notre complicité et notre affection.

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Il pouvait ronchonner, râler, montrer les crocs, je savais très bien que la plaie était profonde et douloureuse. Ce n’était pas rien comme il le disait… Pour lui donner une leçon, j’aurais pu laisser la plaie sans soin, mais ça m’aurait fait mal au cœur de le voir boiter sans pouvoir profiter de son heure. Je repris ma forme de louve pour guérir la blessure. La plaie se referma vite. C’était comme si ça n’était jamais arrivé. Seul les trois corps laissaient à entendre que nous avions été attaqués.

Killian retrouva son entrain. Il se remit à courir sous mes yeux alors que je vérifiais que sa patte n’était pas soumise à une quelconque faiblesse. Il n’en était rien et il avait raison : la partie de chasse avait pu attirer quelques curieux, alors je suivis jusqu’au cours d’eau. Alors qu’il allait faire trempette, je me désaltérai tranquillement, tout en restant attentive à ce qu’il se passait autour. Je n’avais aucune envie de croiser d’autres chasseurs nocturnes.

C’est alors qu’il vint me lécher la gueule, avant de me taquiner. Sortant de temps en temps les crocs pour le croquer à mon tour, il filait toujours avant que je ne puisse l’attraper. Tout en restant à l’écoute de ce qui se passait autour de nous, j’entrais dans son jeu. Je le poursuivais, faisais mine de le chasser, d’être surprise par ses bonds. Doucement, il me fit oublier l’attaque des trois humains, m’aidant à me détendre et à profiter du moment.

- Tu es un louveteau ! Tu joues comme eux ! Le taquinai-je.

Ça faisait longtemps que je n’avais pu jouer avec un autre loup, que je n’avais pas pu poursuivre et mordre comme quand j’étais enfant. Ça me manquait.

Doucement, je le mordillais à mon tour, l’attrapant doucement le cou, parfois les flancs, le bousculant, l’attaquant gentiment… Parfois un peu plus violemment sans que ça soit volontaire. Emportée par l’élan, il m’arrivait parfois de lui rentrer franchement de dedans, je finis par le tomber. Le regardant de haut, la tête penchée sur le côté, je vins ensuite lui lécher la joue.

- Je t’ai eu ? J’ai gagné le jeu ? Demandai-je joyeusement.