Février 2013

Aussi vite entré, aussi vite ressorti, la honte plein les yeux de ne pas avoir suivi sa partenaire là où elle désirait l’apporter. Il y avait une énorme différence entre être invisible et se faire complètement remarquer dans cette boutique. Quelque chose lui dit que si cela n’avait été du regard presque haineux de la propriétaire il aurait réagi beaucoup moins fortement. Malheureusement pour lui, les bras croisés, la dame lui avait lancer un regard tueur qui l’avait fait reculer en moins d’une seconde. Il entendit la jeune femme rire de la situation, mais il ne s’en énervait pas, il aurait sûrement eu le fou rire lui aussi dans d’autres circonstances. Une fois que ses pieds touchèrent le sol extérieur le vent refit des siennes en poussant dans la direction de la jeune femme. Il eu ce qu’il voulait ce sacripant, en moins de quelques secondes Jack se retrouvait dos au sol avec la blonde au-dessus de lui. Il était décidément surpris, mais son réflexe avait fait en sorte qu’il avait retenue la jeune femme dans sa chute, prenant l’entièreté du coup pour les deux. Les yeux écartillés, il eu un instant de doute, craignant presque qu’elle se mette en colère. Il l’aurait été, mais lui savait que le vent était derrière tout cela, il savait très bien que la brise se prenait un malin plaisir à s’amuser avec eux ce jour-là. Il serait compliqué pour notre esprit d’expliquer pourquoi le vent avait une personnalité et encore moins pourquoi il jouait avec eux. Pour tout vous admettre, Jack n’avait aucune idée de ce qui lui prenait, le vent d’hiver n’agissait pas de cette façon habituellement. Oui il était joueur, mais jamais comme présentement, c’était à croire qu’il voulait passer un message auprès du jeune homme. Alors que Jack s’apprêtait à s’excuser, elle se mit à rire de plus belle, ce qui soulagea immédiatement l’esprit solitaire. Sa fée n’aurait pas compris, elle avait les bébé fées comme acolyte et lui le vent. Comment l’expliquer sans avoir l’air dingue puisque le vent n’avait aucune forme physique? Jack préférait rester silencieux sur ce fait et d’un doux sourire sur ses lèvres vint naitre à son tour un rire. Il y avait bien longtemps déjà qu’il ne s’était pas senti ainsi, il devait admettre que cela lui faisait un bien fou, il se sentait presque de nouveau vivant. La voilà qui disait donc qu’ils devraient débuter par les chaussures et cette réplique vint arracher une grimace au visage de Jack. Le blond n’en avait pas porté depuis sa mort, mais il fallait bien qu’il se fonde dans la masse, il n’avait pas tellement d’autres choix que de se plier à la volonté de la jeune femme. Après tout, s’il lui faisait assez plaisir, peut-être allait-elle accepter de lui acheter un nouveau hoodie. Le sien se faisait vieux, les derniers combats qu’il avait traversé avaient laissés quelques trous au niveau de la capuche, il en nécessitait bien un nouveau.

La jeune femme se relevait en premier et lui tendait la main qu’il prit volontiers afin de reprendre leurs positions respectives. Se passant une main sur la nuque une nouvelle fois pour cacher son inconfort, il suivait la demoiselle sans rouspéter, la laissant l’entrainer par la main. Il souriait en se disant qu’elle frissonnerait surement si elle enlevait un de ses gants, car il savait très bien à quel point sa peau pouvait devenir froide dans les pires journées d’hiver. Une pensée brève qui le fit bien rire de l’intérieur jusqu’à ce qu’il soit dans un magasin de chaussure. Il fit la moue quand le vendeur (un homme de trente ans, cheveux foncés et ventre bedonnant) vint les rejoindre gaiement.

« C’est pour monsieur ou madame? » dit-il doucement avant de descendre ses yeux vers les pieds de l’esprit de l’hiver. Il eu immédiatement un visage choqué et on pouvait facilement lire qu’il se retenait de tout commentaire. Les pensées du vendeur semblaient aller du jugement à la pitié en quelques secondes, mais à la place de parler il pointait simplement la section pour homme.

Jack s’exécutait à pas de loup avant de s’arrêter devant quelques bottines de cuir noir. Il hésitait lors d’un moment, se disant que le look pourrait être pas mal, jusqu’à ce que ses yeux dérives vers la section d’été qui était justement en solde. Des converses, des pumas, bref des souliers d’été qui ne protégeait en rien le pied dans l’épaisse couche de neige. Il prit la première paire qu’il trouvait et collait la semelle à son pied pour vérifier la grandeur. Un échec à prime abord, la chaussure était bien trop petite pour lui, ce qui le peinait presque. Presque, parce qu’il ne désirait pas réellement mettre ses pieds à l’intérieur de ces trucs, mais il devait bien se plier un peu aux désirs de la blonde s’il voulait le hoodie qu’il s’était mis en tête.

Le vendeur revint vers eux et déposait ses yeux sur le choix de Jack. « Monsieur ne préférait pas une botte Italienne de cuir véritable pour l’hiver? Nous avons une sélection complète à l’arrière. » dit-il non sans subtilité. Il tentait de dériver Jack de sa trouvaille, assurément car le prix entre les deux articles changeait de plusieurs centaines de chiffre, mais notre esprit se mit à rire avant de secouer sa tête en négation.

« Je veux celle-là. » il secouait la chaussure de type converse dans ses mains qui avait de magnifiques reliures bleues et blanche. « Vous en avez pour ma pointure en arrière? » Le sourire du jeune homme était toujours aussi immense et le vendeur du se plier à aller chercher la bonne pointure. Il lançait un dernier regard insatisfait à la demoiselle qui le suivait avant de disparaitre en arrière.

« Ça ne te dérange pas, non? » Jack redonnait soudainement son regard vers la demoiselle, avec une voix pleine de suppléance. « Je sais que c’est un soulier d’été, mais c’est moins encombrant. » dit-il simplement en lui donnant un sourire pour la faire craquer. Il préférait et de loin avoir une chaussure légère et le connaissant c’était compréhensible. Il profitait de l’absence du commerçant pour tester plusieurs chaussettes jusqu’à ce qu’il trouve une paire qui lui allait. Le vendeur revint enfin de l’arrière-boutique et en moins de quelques secondes Jack enfilait les souliers qui lui allaient comme un gant. Il n’était pas sûr d’y être amplement confortable, mais c’était peut-être dû aux trois derniers siècles cela dit. Tooth pourrait comprendre, non?

« Ceux-là sont trente dollars, mais si vous changez d’idée j’ai encore des bottes italiennes pour uniquement six cent dollar. » dit le commerçant qui ne démordait pas de son idée, mais malheureusement pour lui l’adolescent était tout aussi borné. Ignorant complètement les paroles de l’homme, Jack se retournait vers la blonde en regardant encore ses chaussures avec curiosité.

« Merci. » dit-il en enlaçant de nouveau la blonde avec une aise qui lui était propre. Il vint déposer un baiser sur sa joue pour ensuite la regarder droit dans les yeux. On aurait pu croire qu’ils étaient parfaitement accommodés un à l’autre d’un regard extérieur. Si l’esprit pensait encore être en présence de sa fée, il ne se gênait aucunement pour rattraper le temps perdu. Puis aussi vite qu’il l’avait enlacé il la relâchait. « Ensuite? Quel est le programme?» dit-il alors soudainement en se demandant ce qu’elle avait prévu d’autre avec lui.

Février 2013


Une fois relevé, le vent ne les ennuya plus. Du moins, pour l’instant. Sélène entraina donc Jack en lui prenant la main vers la boutique de chaussures. Une fois à l’intérieur, les deux jeunes gens sont rapidement rejoins par un vendeur peu sympathique selon la blonde. Pourtant, il avait le sourire aux lèvres mais c’est le fait qu’il ait appelé Sélène « madame ». A croire qu’une fois qu’on ait dépassé les dix-huit ans, on n’a plus le droit de se faire appeler « mademoiselle » mais « madame ». Est-ce qu’elle avait une tête de madame elle ?
Lorsque le vendeur baissa les yeux sur les pieds nus de Jack, il avait vite compris pour qui était destiné les achats. D’un geste de la tête, il désigna la direction de la section pour homme. La jeune fille se contenta d’un sourire avant de se diriger là-bas tout en tenant toujours la main de son compagnon de shopping. En flânant un peu dans les rayons, ils s’arrêtèrent devant une paire de botte. Tandis que Jack les regardait, l’écrivaine regardait de son côté. Elle n’était pas trop pour des bottes italiennes d’un cuir particulier car ça coutait toujours cher. Une fois, elle avait été en Italie et elle avait halluciné pour le prix d’une simple paire de ballerines.
Finalement, le garçon aux cheveux blancs semblait plutôt porter son choix sur une belle paire de converses. Sélène regarda aussi ce type de basket. Elle adorait en porter du printemps jusqu’à la fin de l’automne. Après, ça devenait un peu trop froid pour elle.
« Monsieur ne préférait pas une botte Italienne de cuir véritable pour l’hiver? Nous avons une sélection complète à l’arrière. » répliqua le vendeur peu après.
En elle-même, la demoiselle se dit que c’était peut-être des chaussures où le garçon se sentait à son aise, que ce soit des bottes ou des converses. Mais elle ne serait pas étonnée s’il prenait des converses. Là-dessus, elle le comprendrait tellement bien car dès la fin de l’hiver, elle se promit de s’en acheter. Ça lui manquait un peu trop. Et sans aucune surprise, ce fut ça que l’esprit de l’hiver opta. Oh oui, une bleue et blanche.
« Ça ne te dérange pas, non? » fit Jack vers elle. « Je sais que c’est un soulier d’été, mais c’est moins encombrant. »
Il n’avait pas besoin de la faire craquer. Elle comprenait parfaitement bien. Et puis, elle n’avait pas non plus précisé que ça devait être absolument des chaussures d’hiver. Si elle n’avait pas froid en cette saison, elle aurait fait de même.
- Le plus important, c’est que tu te sentes à l’aise dedans et crois-moi, par expérience, on est vraiment à l’aise dedans !
« Ceux-là sont trente dollars, mais si vous changez d’idée j’ai encore des bottes italiennes pour uniquement six cent dollar. » lâcha le vendeur.
Combien pour des bottes italiennes ? Six cent dollar ? Mais elles étaient encore plus chères ici qu’en Italie ! Malheureusement pour le commerçant, ce fut les converses qui furent choisies. D’ailleurs, Jack enlaça Sélène en la remerciant. Encore une fois, ça ne la dérangeait pas du tout ce genre de contact avec lui et quand il déposa un baiser sur la joue, on aurait presque pu apercevoir quelques petites teintes roses sur son visage.
- Y a pas de quoi ! lui répondit-elle en souriant.
« Ensuite? Quel est le programme?»
- Je pensais aux habits ! Je crois que ton hoodle a besoin d’être remplacé par un neuf !
Comme il l’avait relâchée après l’avoir enlacée, elle lui attrapa le bras pour continuer leur shopping et le vent resta sage jusque là.

Février 2013

En prenant une énorme respiration, Jack se dit que l’idée des souliers n’était pas si mauvaise après tout, en les regardant bien il pourrait même se faire à l’idée de les porter chaque jour. L’adolescent n’avait pas de gêne, il se foutait bien du vendeur qui tentait de pousser sa vente, faisant à sa tête allant jusqu’à lui envoyer un sourire complètement hypocrite. S’il ne voulait pas non plus créer de dispute, il n’hésiterait certainement pas à intervenir si le commerçant allait trop loin dans sa tentative de persuasion. À plusieurs reprises déjà Jack lui avait répondu du revers de la main, sans paraitre insolent pour autant, juste assez pour lui faire comprendre que la seule opinion qui comptait pour le moment était celui de la blonde. C’était quand même elle qui payait après tout, il devait donc se référer à son opinion dès qu’un achat se présentait à eux, ce même si un peu inconsciemment il tentait tout de même de prendre les items les moins chers possible. Si la fée, enfin il croyait encore être en présence de Toothiana, se montrait généreuse il n’allait pas non plus abuser de son hospitalité ainsi que de sa patience à son égard. Une question lui vint en tête alors qu’ils étaient au comptoir de la caisse, au même moment où le vendeur faisait sa dernière tentative de vente qui fut reçu par un silence destructeur. Pourquoi Sélène? Enfin, la question était maladroite, mais pourquoi Tooth avait choisit ce nom? L’adolescent aux cheveux de neige se demandait même si elle l’avait choisi elle-même. Sans trop comprendre pourquoi il imaginait son amie avec un nom humoristique se reliant de près ou de loin aux dents. Cette question vint lui effleurer l’esprit une simple seconde et il choisi de le balayer comme un simple hasard afin de ne pas s’attarder sur ce qui ne le regardait pas. Après tout elle ne voulait même pas lui avouer son identité devant public pour le moment alors ce n’était pas l’instant idéal pour ce genre de questions. Il soupirait simplement des narines en ignorant le commerçant et enlaçait une seconde sa collègue avant de déposer un baiser glacé sur sa joue tiède. Elle souriait, juste avant de lui répondre qu’il serait une bonne idée de remplacer son hoodie, affirmation qu’il n’irait certainement pas contredire. Un sourire lui fendit dans les joues, il était beaucoup trop satisfait d’obtenir ce qu’il désirait, il avait hâte de voir le choix qui s’offrait à lui. Il pensait probablement garder celui-ci par nostalgie, mais sans plus, il était temps qu’il se débarrasse de ses vieux vêtements. Son pantalon remontait quand même à l’époque coloniale, lors des premières colonies d’Amérique, disons qu’un changement serait absolument le bienvenu.

« Très bonne idée. » dit-il la joie dans la voix en se laissant agripper par le bras. Les deux jeunes se déplacèrent donc jusqu’à une boutique de vêtement tout de même à la mode pour Storybrooke. Ce n’était pas du dernier cri de marque, rien qui ne remplace les boutiques de New York que Jack avait visité par curiosité dans son monde, mais c’était juste assez pour que ses yeux s’illuminent en voyant le choix qui se présentait à lui.  « Je peux tester un jeans? » dit-il à haute voix sans qu’on ne puisse distinguer s’il l’avait pensé trop fort ou s’il désirait réellement être entendu. Il déposait son bâton à l’entré du magasin afin de ne pas s’en encombrer lors des essayages, ce qui selon lui était un choix judicieux, même s’il se sentait mal de laisser son compagnon à une distance qu’il considérait irraisonnable. Sans attendre il se mit devant les divers pantalons pour homme, quoi que ses choix s’arrêtaient sur des pantalons fait à la taille, ‘’Skinny’’ selon l’étiquette. Il souriait bêtement en comparant son pantalon actuel avec ceux-ci du regard, voyant qu’au fond la coupe n’était pas tellement différente, le matériel quant à lui était grandement évolué depuis les années.

Quelques minutes après qu’ils aient mis les pieds dans la boutique, quatre pour être précis, une vendeuse (sûrement dans la vingtaine) vint les rejoindre avec un sourire bien plus accueillant que la dernière boutique. « Monsieur magasine pour sa copine? » dit la jeune femme qui ne pensait pas mal faire en les détaillants du regard. Elle mettait une main sur sa hanche en tiltant sa tête pour les observer un peu plus longtemps, croyant dur comme fer qu’ils formaient un couple.

Jack ne se rendit pas immédiatement compte de ce qui venait de se dire puisque ses doigts détaillaient un jeans noir. Il était tellement captivé qu’il ne répliquait même pas, laissant amplement place à la blonde, afin qu’elle puisse riposter à la vendeuse qui attendait là en piquet afin d’obtenir une réponse. L’adolescent se mit à chercher parmi les tailles et ses yeux tombaient de temps à autres sur les prix. Soixante dollars, pas trop mal, mais ça restait vachement cher. Il sentait que l’élévation de la facture irait avec le service à rendre, ce même si elle avait affirmé plutôt qu’il ne lui devrait rien. Sans trop réfléchir il enlevait son hoodie devant tout le monde, après peut-être qu’il ne comprenait simplement pas l’existence d’une cabine d’essayage, puis s’apprêtait à détacher son pantalon quand la vendeuse eu un hoquet de peur.

« Monsieur! » dit-elle plus fort qu’elle ne l’avait désiré. Elle lançait un regard accusateur vers Sélène, à en croire que c’était de sa faute s’il n’avait aucun code social, avant de se croiser les bras attendant une réaction. Jack était simplement stupéfait, arrêté sur le vif dans son geste, il fixait crédulement les deux jeunes femmes.

« J’ai fait quelque chose de mal? » osait-il prononcer aux suites de la réaction. Il se penchait pour reprendre son hoodie, sans pour autant le remettre sur sa personne, détaillant du regard les nombreux clients qui ne savaient pas où se mettre. Certaines filles rigolaient dans un coin en pointant Jack, elles ne devaient pas être âgées de plus de douze ans, certaines d’entre elles prirent même des photos avec leurs téléphones. Jack se grattait la tête avec son bras libre, l’autre étant prix par Sélène. Il ignorait tout bonnement ce qui avait causé un tel effroi chez la vendeuse.

Février 2013

On ne pouvait pas dire que le vendeur était assez compréhensif sur le choix d’achat de Jack. Après tout, le client n’était-il pas roi ? Finalement, ils eurent ce qu’ils voulaient, enfin ce que le jeune homme désirait et ils quittèrent aussitôt la boutique. Sélène fit remarquer qu’il serait peut-être temps de remplacer le pull à capuche du garçon. Ce dernier était du même avis qu’elle mais entre nous, c’était justement ce qu’il voulait. Ils se dirigèrent ensuite vers une prochaine de boutique, cette fois-ci de vêtements à la mode. Jack semblait curieux de tout, y compris l’idée d’essayer un jeans. C’est vrai qu’il n’avait pas jamais dû en mettre le pauvre. Au moins, c’était l’occasion rêvée pour lui. Sélène était réellement ravie de pouvoir l’aider et lui faire découvrir des nouveautés.
« Je peux tester un jeans? » demanda-t-il.
- J’allais justement te le proposer !
Le jeune homme laissa son bâton à l’entrée du magasin. L’écrivaine n’était pas certaine que ce soit la meilleure idée qu’il ait eue. Il était Jack Frost et son bâton était une partie de lui et de ses pouvoirs. Espérons que personne n’allait le lui prendre comme une bande de gamins par exemple. Une fois à l’intérieur, elle laissa son camarade regarder par ce qu’il pouvait lui plaire et ce fut un jeans. Quelques minutes après, une vendeuse vint à leur rencontre.
« Monsieur magasine pour sa copine? » demanda-t-elle.
- Hein ? fit Sélène.
Elle n’avait pas du tout compris ce qu’avait voulu dire la jeune femme, bien qu’accueillante. En même temps, la belge ne connaissait pas toutes les expressions américaines comme ils ne devaient pas connaître les expressions belges. Elle observait un peu la vendeuse sans faire trop attention à ce que faisait Jack.
- C’est bon, on va se débrouiller ! dit-elle, espérant que l’autre s’en irait.
Mais ce ne fut pas le cas car quelques secondes après, elle se mit à crier avant de lancer un regard mauvais sur la blonde. Celle-ci porta son attention sur Jack qui, en fait, venait de retirer son haut et s’apprêtait enlever son pantalon. Le pauvre ne comprenait pas ce qu’il avait fait de mal, étant donné qu’il n’avait guère l’habitude de faire du shopping.
« J’ai fait quelque chose de mal? » demanda le blondinet, un peu inquiet.
- En fait, il y a des cabines pour essayer les vêtements pour voir s’ils vont ou pas ! lui expliqua Sélène.
Pendant que le garçon reprit son vieil hoodie, la jeune fille l’entraina vers les cabines d’essayages. En passant près des gamines de douze ans, elle leur jeta un regard noir. Elles devraient avoir honte de se moquer ainsi des gens et les pointer du doigt. Il y avait une cabine de libre.
- C’est ici que tu mets ce que tu veux essayer et là tes affaires actuelles. Quand tu te déshabilles, il faut fermer le rideau. Et quand t’as mis les habits à essayer, tu rouvres pour que je donne mon avis. Enfin, si ça te dis.
Elle lui fit un grand sourire, son idée de départ qui lui revint en tête, à savoir l’embrasser, mais elle s’obligea à ne plus y penser. Elle laissa le jeune homme essayer ses futurs vêtements à son aise, attendant à côté.

Février 2013

La vendeuse restait les bras croisés en fixant les deux jeunes gens. L’adolescent aux cheveux de neige restait planté là, une main sur la corde permettant de détacher son pantalon et l’autre encore prisonnière de sa collègue. Il ne comprenait simplement pas ce qu’il faisait de mal, d’où sa question, il n’avait sincèrement aucune idée du geste qu’il avait posé qui avait provoqué une telle réaction chez la femme. La femme voulu répliquer à nouveau, mais la demoiselle qui l’accompagnait fut plus rapide et assurément plus douce que ce que la commerçante avait prévue. Celle-ci hochait simplement la tête et se retirait du duo pour enfin les laisser tranquille le temps qu’ils finissent leur shopping. Elle gardait tout de même un œil aux aguets envers le jeune homme qui faisait preuve d’indécence. La pauvre n’avait aucune idée de l’identité de l’esprit solitaire. Il ne faisait absolument pas exprès de provoquer et dans d’autres circonstances cette situation lui aurait assurément arraché un fou rire. Malheureusement, dans la situation où il n’était qu’avec sa fée, le stress constant de retrouver les autres légendes pesait encore sur ses épaules. Il avait hâte d’entamer la fameuse discussion qui était longuement dû, celle qui expliquerait à Jack pourquoi elle refusait d’admettre qui elle était en public. Était-elle en danger? Tooth ne lui semblait aucunement tendue, enfin Sélène, même qu’elle prenait cette situation à la légère. Il se disait qu’au vue de l’aise qu’il avait rapidement ressentie en son égard il devait avoir raison en tout point sur son identité. Quelle autre raison dans ce monde aurait-il pu avoir? Ce n’est pas comme s’il se tenait juste aux côtés de son grand amour.  C’est alors que la blonde à ses côtés lui expliquait ce qui se passait rapidement avant de l’entrainer avec elle vers les fameuses cabines. Jack tiltait sa tête de curiosité, mais n’allait pas non plus s’obstiner avec les gens, il soupirait donc sa défaite avant d’entrée dans ladite cabine.

Il terminait donc son geste précédent et enfilait de suite le jeans noir qu’il avait remarqué plutôt. Quelque chose clochait, enfin le matériel n’était pas aussi confortable qu’il l’aurait cru à certains endroits, peut-être était-ce la taille qui était trop ample pour lui. L’adolescent ouvrit le rideau, une main tenant le pantalon qui tentait de glisser, avec un sourire bête au visage. « Je ne crois pas avoir pris la bonne taille… » dit-il simplement en regardant aux alentours si la vendeuse était encore présente. « Peux-tu vérifier ce qui me faudrait? » dit-il à Sélène avec un sourire un peu plus charmant quoi que gêné. Il se mit à tourner sur lui-même avant de trouver l’étiquette et de lui montrer la taille actuelle qu’il avait choisi.

Ses yeux dérivèrent alors vers une pile de vêtements ‘’abandonnés’’ par d’autres clients. Ils devraient être replacés en magasin bientôt, mais ils avaient été laissés là à disposition des autres clients. Sans se changer, il se rendit vers celle-ci et y plongeait la main disponible afin d’y sortir un hoodie noir dépourvu de logo. Ses yeux s’illuminaient aussitôt alors qu’il ressentait le même bonheur que la dernière fois qu’il avait emprunté le sien à très long terme. Il prit un chandail blanc très simple pour aller avec ses choix et retournait vers la cabine. Sans trop attendre il enfilait le t-shirt simple et passait ses doigts sur le tissu. Ce n’était définitivement pas désagréable comme sensation dans le fond, le coton n’était pas trop chaud, juste assez doux pour qu’il puisse le porter.

« Monsieur a trouvé ce qu’il voulait? » dit la voix de la vendeuse qu’il croyait disparu dans le magasin. Jack fit immédiatement le saut en se retournant, remarquant qu’il avait complètement oublié de refermer le rideau en s’habillant, ce qui pouvait expliquer les bras croisés de la femme. Voyant qu’elle n’obtenait absolument aucune réponse de la pars du jeune esprit, elle roulait des yeux de désespoir et soupirait de plus belle. « Quand vous serez prêt je serai à la caisse. » dit-elle en tournant des talons pour enfin quitter la scène.

Jack fini par tester un autre pantalon qui cette fois-ci lui allait comme un gant avec la ceinture assorti. Il se pavanait donc devant la fée, tentant de la faire rire un peu en faisant semblant de tomber avant de se rattraper à la dernière seconde, puis il eu le réflexe de prendre appui sur son bâton. « Oh c’est vrai, il est à l’entrée! » dit-il frénétiquement en regardant le vide. Il mettait donc les mains sur ses hanches avant de regarder la blonde avec un sourire sincère. « Alors? Pas trop mal? » dit-il simplement en se pointant du regard. Essentiellement Jack avait choisi des articles simples, les prix n’étaient pas exorbitants, il avait bel et bien les goûts d’un adolescent en plus d’en être un en matière de style. Il fut enfin temps d’essayer le nouveau hoodie, après de longues minutes de délibération intérieure sur la couleur qu’il devrait choisir, sachant qu’il favorisait de loin le bleu au noir. Au final il prit la décision de tenter le coup. Ne sait-on jamais ce que l’avenir nous réserve. Doucement, il mit sa tête sous le vêtement et s’installait à l’intérieur de celui-ci comme on s’installe dans une maison. Il prenait le temps de le découvrir, de pars sa douceur et son matériel, étudiant chaque recoin de celui-ci comme s’il avait sa propre personnalité. (Les fans des livres Harry Potter auraient pu confondre cette scène avec celle de la boutique d’Ollivander. Jack donnait autant d’importance à son hoodie qu’un sorcier en aurait donné à sa baguette magique. Cela faisait partie du personnage après tout, alors quand on y pensait ce n’était pas si étrange que cela. ) Une fois enfilé l’adolescent redonnait un regard curieux envers la blonde, aucun sourire n’était présent sur son visage, il semblait pensif.

« Cette combinaison ne fait pas un peu…sombre? » dit-il doucement, sans vouloir brusquer la jeune femme, tandis qu’il faisait référence à leur vieil ennemi. Un pantalon noir, un hoodie noir, ce n’était décidément pas dans la palette habituelle de Frost. Il penchait simplement sa tête sur le côté en observant la réaction de la jeune femme par rapport à son questionnement actuel.

Février 2013

Une fois dans la cabine d’essayage, Jack mit le pantalon qu’il avait choisi mais ce dernier parut glisser. Il demanda à Sélène si elle pouvait regarder après un autre avec la bonne taille. Il se tourna d’ailleurs pour trouver l’étiquette avec la taille qu’il avait prise.
- Pas de soucis ! Je vais voir ça ! lui répondit-elle en souriant.
Pendant que le jeune homme porta son attention sur une pile de vêtements mis de côté, la demoiselle alla voir pour un jeans plus à la taille du garçon. Bizarrement, ça lui plaisait bien de du shopping avec Jack alors qu’à la base, elle était tellement difficile pour s’habiller mais aider quelqu’un d’autre lui plaisait. Et puis, elle se sentait bien en sa présence et il fallait l’avouer, il était vraiment beau garçon. C’était un peu comme s’ils se connaissaient depuis des années. D’un autre côté, c’était un personnage qu’elle aimait beaucoup parce qu’il était marrant et elle aimait bien quand il charriait le lapin de Pâques en le traitant de kangourou. En y repensant, elle ne put se retenir de sourire intérieurement. Même le Pére noël, elle l’aimait bien. Maintenant qu’elle savait que Jack existait, peut-être qu’elle se remettrait à croire à nouveau au Père noël. Cela faisait une petite quinzaine d’année qu’elle n’y croyait plus du tout.
Elle ramena donc le nouveau jeans à Jack qui avait trouvé un t-shirt blanc mais qui avait oublié de fermer le rideau. La vendeuse était encore là, un peu énervée mais ça, Sélène s’en fichait.
« Quand vous serez prêt je serai à la caisse. » lâcha la vendeuse avant de partir.
C’est ça ! Retourne à ta caisse ! T’es payée pour ça de toute façon !
- Tiens, j’ai trouvé celui-là ! dit la blonde en tendant le jeans au garçon.
Il l’essaya et apparemment, celui-ci lui allait parfaitement. D’ailleurs, l’adolescent se pavana devant et on peut dire qu’il arrivait à la faire rire.
« Alors? Pas trop mal? »
- Ça change mais il te va bien !
Parfois, c’est dans la simplicité que l’on trouve ce qui nous va le mieux et où l’on se sent bien. En jetant un regard extérieur, Jack et Sélène partageaient quelques points communs comme ce goût pour la simplicité. Mais aussi pour l’amusement, un amusement simple, pas forcément aller en boîte de nuit par exemple mais un amusement que l’on trouve dans la vie de tous les jours. Et puis, la jeune fille, bien qu’entrée depuis un petit moment dans l’âge adulte, restait une éternelle adolescente. Elle n’aimait pas trop jouer les adultes mais quand c’était nécessaire, elle le faisait. Les responsabilités, très peu pour elle. Ça, c’était pour les adultes et celui qui était le plus adulte, c’était bien son frère. Heureusement qu’elle l’avait pour veiller sur elle.
Vint enfin l’essayage du hoodie. Lorsque Jack rouvrit le rideau, on pouvait voir qu’il était entièrement vêtu de noir à l’exception du t-shirt qui était blanc. L’esprit de l’hiver semblait pensif. Il demanda si ça ne faisait pas un peu trop sombre.
- Ben, noir ça passe avec tout mais l’ennui, c’est que je trouve que ça cloche un peu avec tes converses qui sont bleue et blanche. Ça serait peut-être mieux un pull à capuche plus clair et peut-être bleu. Je vais aller voir s’il y en a pas un !
Elle retourna dans les rayons sous le regard de la vendeuse qui se demandait quand est-ce qu’ils allaient finir. Quand ça sera le moment !
Finalement, Sélène trouva un hoodie d’un bleu presque similaire que l’ancien de Jack, quoiqu’un peu plus clair. Ça devrait faire l’affaire et il était du même style que la version noire. Elle revint vers le garçon avec l’habit. Étrangement, la jolie blonde avait de nouveau l’envie irrésistible d’embrasser le gardien de l’amusement. D’habitude, elle n’avait pas ça, même avec si le garçon lui plaisait.
- Tiens !
Elle le laissa changer de pull et attendit le résultat.

Février 2013

« Je t’attend sagement! » dit-il joyeusement après que la jeune femme ait proposée d’aller lui chercher un pull qui lui irait mieux. Il n’osait pas réellement dire un seul mot de plus, baissant sa tête lors d’un instant afin d’admirer le combo qu’il revêtait.

Elle avait bien raison, les converses n’allaient certainement pas avec la noirceur du reste. Après avoir enfiler le hoodie d’un noir jet, Jack prit un regard beaucoup moins assuré dans le miroir, comme si quelque chose de grave venait de se produire. Il fronçait un peu des sourcils, incertain, l’obscurité de sa tenue lui rappelait un vieil ennemi depuis longtemps oublié. Cette mémoire soudaine n’était pas pour le rassurer, puisque avec la mémoire venait de nouveau la crainte qui le traversait depuis son arrivée en ville. Où étaient-donc les autres gardiens de l’enfance et pourquoi restaient-ils cachés? S’il croyait avoir trouvé la fée, il se dit que bien d’autres gardiens étaient encore quelque part dans cette ville qui lui paraissait immense lors de ses recherches. Il mit une main sur sa poitrine, tandis que Sélène n’était pas encore revenu, serrant ses doigts autour du tissu alors qu’il ressentait presque une douleur poignante. Il inspirait profondément, fermant les yeux, ne désirant surtout pas se laisser abattre si facilement. Encore une fois l’homme de la lune avait envoyé Jack avec si peu de mots, juste assez pour qu’il comprenne sa mission, mais son silence restait poignant. S’il perdait foi en lui-même, il craignait qu’il ne resterait absolument plus personne pour le soutenir cette fois, même sa fée au plumage coloré n’y pourrait rien. Il gloussait simplement en ouvrant ses yeux à nouveau, tentant tant bien que mal d’effacer son regard concerné, essayant de reprendre un sourire aussi faux soit-il. Il retirait le hoodie noir de ses épaules, espérant que le geste prendrait avec lui ses pensées les plus sombre, mais ce ne fut malheureusement pas le cas. C’est à peu près à cet instant que la blonde refit surface, il était donc temps pour lui de jouer un peu la comédie, ne voulant pas gâcher sa journée avec son humeur.

« Oh! C’est génial, j’adore cette couleur-là! » s’exclamait-il joyeusement en se retournant afin de mettre le nouveau pull sur sa personne. Il ressemblait effectivement à son ancien, à quelques détails près, mais rien qui ne fut réellement choquant pour tout dire. Il comparait les deux de mémoire et on n’y verrait que du feu. Jack se fit un malin plaisir à souffler sur la manche de son nouveau hoodie qui se glaçait aussitôt, formant des cristaux de glaces sur les rebords, ce qui lui remit enfin un sourire plus sincère aux lèvres. Il se sentait déjà accoutumé à ce nouveau vêtement et sur cette pensée il ouvrait les rideaux pour présenter le résultat à la blonde.

Au début, il restait un peu immobile devant elle, admirant lui-même la nouvelle combinaison qui était terriblement mieux que la précédente. Ce moment fut d’assez courte durée puisqu’il se plaçait à quelques centimètres de sa personne avant de prendre ses mains et de les poser sur son torse (par-dessus le tissu bien sûr). Il souriait bêtement avant de ricaner un peu, son regard plongeant dans celui de la jeune femme alors qu’il oubliait presque tous ses soucis. « C’est agréable au toucher, non? » dit-il encore une fois dans la plus grande des innocences. C’était à se demander s’il ne faisait pas un peu exprès de sous-entendre une phrase provocante, surtout qu’il n’en était pas à sa première fois dans la journée. Faisait-il exprès? Alors ça, seul lui pourrait vous le dire, mais rien ne semblait l’indiquer si on croisait son regard. Il était sincèrement et simplement heureux pour la première fois depuis qu’il avait débarqué dans cette satanée ville. Il n’avait pas vraiment eu la chance d’être content, la peur d’avoir perdu Jamie ainsi que Sophie l’avait paralysé depuis deux longs mois, ajouter à cela son incapacité de retrouver ses collègues. En cet instant précis, alors que les mains de la blonde étaient délicatement pressées contre son poitrail, il se sentait simplement bien. Plus d’inconfort, plus de peur, juste un bonheur qui s’était fait longuement attendre.

Il s’éclaircissait alors la gorge, remarquant qu’il avait fait durer ce moment un peu trop longtemps, devenant inconfortable dans la longévité de l’acte. L’esprit relâchait donc les mains de sa partenaire et se reculait d’un pas avant de passer une main sur sa nuque pour se détendre de lui-même. « On ferait mieux de se presser la caissière nous fixe du regard. » dit-il avec gêne alors que la vendeuse était revenue dans le décor. Il ne fallait pas lui en vouloir, Jack avait tout de même fait preuve d’indécence publique, pour qu’ensuite les deux jeunes prennent la totalité de leur temps dans les cabines. Ils avaient sûrement élevé des soupçons auprès de l’autre femme quant à leurs intentions, ce que l’esprit pouvait comprendre, même s’il pensait qu’elle ne perdrait pas à avoir un peu plus confiance en ses clients. Sans un mot de plus l’adolescent se rendit au comptoir de service et son regard dérivait vers l’entrée où fort heureusement son bâton n’avait pas bougé d’un poil. Il s’en voyait soulager, mais n’allait pas le rejoindre immédiatement, restant avec la blonde lors de l’achat puisque la caissière avait tout de même besoin des nombreuses étiquettes sur son corps. Un mince cent vingt dollars, même avec les converses le prix était moins cher que les fameuses bottes italiennes du dernier commerçant, mais le montant sur la facture ne plaisait pas tellement à l’adolescent. Il se dit qu’il rendrait service à la jeune femme, qu’elle le désire ou pas, d’une façon ou une autre afin de payer sa dette.

Au besoin, la prochaine fois, il irait simplement voler les morceaux de linge nécessaire. Pas que le vol à l’étalage soit son activité favorite, mais étant itinérant dans cette ville depuis deux mois, il avait acquis quelques nouvelles techniques pour parvenir à ses fins. Des croissants, des cafés, il en avait volé des petits repas perdus sur une table avant de disparaître dans la forêt. Tout ceci n’avait pas de nouveauté pour l’esprit, puisque des années auparavant il avait emprunté à long terme son vieux hoodie, la différence étant que s’il se faisait prendre cette fois il risquait une nuit en prison. Est-ce que ça l’inquiétait? Non, pas plus qu’il le fallait, il pensait pouvoir se débrouiller seul sans trop de problème. Seul, pensait-il, plus maintenant. Son regard revint vers la demoiselle alors qu’il reprenait son fidèle acolyte et qu’il sortait de la boutique accompagnée de celle-ci. Il n’était plus seul, plus maintenant qu’il avait retrouvé sa fée, cette pensée le soulageait tout de même un peu.  Le jeune homme se léchait alors les lèvres, sentant la soif le gagner, il se dit qu’il ne serait pas désagréable de passer au Granny se prendre un café. En espérant bien sûr que personne ne le reconnaisse. En sortant à l’extérieur il remarquait que le temps s’était refroidit, ce même si le vent était devenu calme, juste assez pour qu’il remarque que les gens claquaient des dents autour d’eux. Dans un geste qui se voulait chaleureux, il reprit la main de la blonde, mais son regard s’arrêtait sur ses doigts blancs comme de la porcelaine. Il ne pouvait pas la réchauffer, ni elle, ni personne d’ailleurs. Un petit soupire vint sortir de sa bouche avant qu’il ne se retourne vers le reste de la rue. Les gens y continuaient leurs quotidiens respectifs, mais Jack remarquait surtout qu’aucun regard curieux ne se déplaçait dans sa direction, à croire que ce simple accoutrement les bernait tous.  Le vent avait eu une bonne idée de le retenir un peu plus longtemps auprès de la jeune femme, sans lui Jack serait disparu dans la poudrerie des heures plutôt, il aurait continué d’attirer des regards douteux à cause de ses pieds nues. L’environnement était aussi calme qu’au début, la femme au chapeau semblait encore sur sa poursuite, des enfants jouaient à se lancer des boules de neiges avec vivacité et le reste n’était essentiellement que des passants pour la plupart souriant.  C’était une journée froide, mais bonne non le moindre, lui-même devait admettre qu’elle était meilleure que bien d’autres. L’esprit solitaire pris une grande respiration avant de trainer sa partenaire sans un mot vers le Granny qui était juste de l’autre côté de la rue.

« Un petit café, ça te dit? » prononçait-il enfin lorsqu’ils furent devant le fameux restaurant hotel.

Février 2013

Etant partie après un autre pull à capuche pour Jack, elle revint avec un bleu clair. Pendant qu’il essaya le vêtement, elle mit ses gants temporairement dans son sac. Pour trouver le même pull mais d’une couleur différente, elle avait dû les enlever. Par contre, elle qui n’avait encore jamais vue de la vraie magie, elle ne pouvait pas voir le garçon souffler sur les manches mais lorsqu’il ouvrit le rideau, elle remarqua le gèle sur les manches. En tout cas, le résultat était très joli. Il n’y avait pas beaucoup de changement mais ça donnait à Jack un côté un peu plus moderne. Le seul changement était en fait la paire de converses. C’était déjà une petite amélioration.
Tout à coup, il lui prit les mains pour les poser sur son torse, enfin au-dessus du tissu. Elle put sentir enfin le froid de la peau du jeune homme. Cependant, la chaleur lui monta une nouvelle fois aux joues. Encore plus quand elle croisa son regard.
« C’est agréable au toucher, non? » dit-il.
- Hein euh oui ! ça me donne envie d’avoir le même !
Ce rapprochement ne l’aidait pas trop à oublier l’envie de l’embrasser. Mais pourquoi elle avait ça ? D’habitude, c’était au bout de quelques jours et non le jour-même où elle tombait sous le charme. Ça prenait toujours du temps pour qu’elle ait envie d’embrasser un garçon. Pourquoi avec lui, c’était différent ? Ce fut comme si son cerveau se déconnectait car elle commença à se pencher vers le garçon. Était-ce un coup de chance ou non, ce dernier s’écarta en relâchant les mains de la jeune fille.
« On ferait mieux de se presser la caissière nous fixe du regard. »
Comme réponse à la vendeuse, Sélène lui lança un regard noir. De quoi se mêlait-elle ? Ils avaient le droit de traîner dans les cabines. En Belgique, ils n’auraient jamais eu de vendeur sur le dos ainsi. Niveau respect de la vie privée, ça laissait un peu à désirer en Amérique. Finalement, ils se rendirent à la caisse où l’écrivaine paya les achats. Cent vingt dollar en tout. Boh, ce n’était pas la fin du monde. Avec tous les livres qui se vendaient bien que ce soit en Europe et maintenant en Amérique, en plus des produits dérivés. Elle était encore loin d’arriver à la fortune de J.K Rowling mais tant que l’on la laissait écrire, c’était le principal.
Une fois dehors, Jack récupéra son bâton. Heureusement, il n’avait pas bougé. Par contre, le temps s’était un peu plus refroidit. Sélène ressortit tout de suite ses gants pour les remettre et se protéger du froid. Elle eut bien fait car quelques secondes après, l’esprit d’hiver lui reprit la main avant de l’entrainer plus loin, devant la façade du Granny café.
« Un petit café, ça te dit? »
- Chocolat chaud plutôt ! Je ne suis pas très café ! lui répondit-elle en souriant mais en ne lâchant pas sa main.
Ils rentrèrent dans le café et prirent place à une table. Sélène salua chaleureusement Granny, ainsi que quelques clients du café qu’elle voyait régulièrement depuis son arrivée. Même le docteur Hopper et son chien Pongo. Une fois assise, une serveuse vint prendre leur commande.
- Pour moi, ça sera comme d’habitude et pour mon ami euh un café … Tu veux avec ou sans lait ton café ?
Quand elle parlait de « comme d’habitude », c’était un chocolat chaud fort chocolaté. Elle aimait sentir le chocolat dans le fond de la tasse. C’était encore meilleur quand il était frais.

Février 2013

En sortant de la boutique l’adolescent sentie la tension qui s’était créé entre les deux s’évanouir quelque peu. Quelque chose qu’il ne comprenait pas réellement venait de se produire dans les cabines d’essayages ou plutôt quelque chose avait passé tout près de se réaliser. Jack se souvenait très bien de la toute dernière conversation qu’il avait eu avec la gardienne des souvenirs, juste avant qu’elle ne soit prisonnière du sort noir, avant qu’elle ne disparaisse dans ce monde sans magie. Il se souvenait de la question qu’elle lui avait posée, du silence qui en était résulté, il avait été incapable de placer des mots sur ce qu’elle désirait entendre. Il aurait très bien pu répondre des mots, mais il savait que ceux auxquels il avait pensé lui aurait déplu, voilà pourquoi un lourd silence vint naitre entre eux. Ce silence avait perduré pendant toute la malédiction qui les avaient accablés et encore aujourd’hui il se refusait d’y penser. Il serrait la main de la jeune femme, le regard distant, tentant de ne pas être trop pensif. Comment ne pas l’être? Comment ne pas réfléchir à tout ce qui s’était produit entre eux? Il aurait pu vous décrire chaque seconde qui s’était écoulée entre son sourire radieux et la tristesse qui s’était éprise d’elle. Il pouvait vous dire à quel moment il avait senti le cœur de la gardienne se briser, ses espoirs qui tombaient au fond du ravin sous leurs pieds, la pauvre avait souffert ce jour-là par sa faute. Vous savez ce que Jack avait ressenti en échange? Rien. Il était inoccupé de sentiments, même la culpabilité n’avait pu le rejoindre, il était tout simplement vide d’émotion envers cette scène. En y repensant, des années par après, la situation délicate se voyait grandement changée alors que cette fois ci c’était lui qui se retrouvait triste de sa propre réaction. Sa perception était différente, il comprenait maintenant qu’il avait mal réagit, que des mots auraient été préférable même s’ils s’avéraient être un refus des sentiments qu’elle avait envers lui. Tout sauf un silence de plus de trente ans aurait été préférable. Enfin, il se réjouissait de voir qu’ils n’avaient en rien perdu de leur proximité malgré tout, même s’il s’attendait encore au moment fatidique où cette discussion viendrait refaire surface. Alors, maintenant que vous savez tout cela, comprenez-vous pourquoi Jack avait préféré briser leur proximité soudaine en donnant toute son attention à l’autre femme dans le magasin?

Alors, main dans le gant, ils se rendirent au Granny quelque peu de force. L’esprit de l’hiver ne voulait surtout pas que sa fée gèle sur place, le froid étant maitre de la ville pour le moment, ce même si pour lui il n’y avait absolument aucune différence. Une fois que la cloche sonnait par-dessus la porte du restaurant, la serveuse se tournait immédiatement vers eux pour leur faire signe qu’elle serait là dans une minute, l’adolescent laissait donc la blonde choisir leur place. Il vit la jeune femme saluer des gens avec une aise complète, ce qu’il pouvait comprendre en sachant qu’elle vivait littéralement ici, mais son regard se hâtait sur lesdites personnes. Il était curieux de savoir s’il ne pourrait pas reconnaitre quelqu’un dans le lot. À sa grande déception il n’avait aucune idée de qui ils étaient, enfin mis à part Pongo, mais qui n’aurait pas reconnu le dalmatien? La serveuse vint enfin à leur table et sortie son carnet afin de prendre la commande. L’adolescent aux cheveux de neige offrit un sourire charmeur à la serveuse avant de réfléchir à sa commande.

« Un double espresso, noir, sans rien d’autres. » dit-il après avoir consulté le menu sans aucune discrétion. Il n’avait jamais testé le breuvage et se languissait presque de tester cela aujourd’hui. Ce n’était assurément pas sa meilleure idée, l’énergie en bouteille qu’il allait prendre risquait fortement d’être catastrophique plus tard, mais qui ne tentait rien ne pourrait jamais savoir. Jack regardait la serveuse quitter, elle s’activait comme une fourmi le ferait avant l’hiver, il la voyait sauter de table en table avec une aisance impeccable. La femme se rendait au comptoir pour faire ses commandes, puis elle était de retour entre les tables, puis elle retournait en cuisine prendre des repas. Il s’impressionnait à la voir bouger aussi rapidement, elle paraissait presque flotter au-dessus du sol et pourtant il y avait une certaine grâce dans tous ses mouvements. Il se dit qu’il serait bien amusant, un autre jour, de revenir créer une mince couche de glace sur le sol afin de tester si ses pieds allaient réellement se déposer sur le carrelage du restaurant.

Il redonnait son attention à la blonde après deux longues minutes d’observation. Au même moment la serveuse déposait les breuvages respectifs aux deux avant de disparaitre de nouveau derrière son comptoir. Jack prenait une première gorgée sans trop réfléchir. L’espresso était brûlant, corsé, amer et il retenait tout ce qu’il pouvait afin que son visage ne démontre pas la grimace qui avait envie de faire. Il déposait sa tasse, se passait une main sur la nuque, puis il plongeait ses yeux dans ceux de la blonde. Elle semblait beaucoup plus satisfaite que lui par son choix, ce qui lui dit penser qu’il demanderait le breuvage ‘’d’habitude’’ lors de sa prochaine visite.

« Alors…» dit-il d’une voix douce, comme s’il marchait sur un terrain dangereux. « Que fais-tu depuis que tu es en ville Sélène? » Il n’osait pas tomber dans le vif du sujet en moins de quelques secondes. On pouvait percevoir son hésitation, il se retenait évidemment de dire ce qu’il avait en tête, comme s’il avait peur de la froisser avec sa question. Il restait donc sur celle-ci, une main jouant avec sa tasse qui sans qu’il ne s’en rende compte se glaçait doucement sous le contact de sa peau.

Février 2013

Ils étaient arrivés au Granny où ils prirent place à une table. Une serveuse était venue prendre leur commande. Sélène lui fit qu’elle prenait comme d’habitude, c’est-à-dire un chocolat chaud fort chocolaté. Puis, elle s’était tournée vers Jack pour qu’il puisse dire ce qu’il voulait. Il commanda un double expresso noir. Eh ben, il allait un peu trop direct avec le café. Mais bon, on ne pouvait pas savoir si on aimait sans y avoir goûté avant. Pendant que le jeune homme observait un peu les clients et les employés, la belge enleva ses gants pour les remettre dans son sac. La serveuse revint à ce moment-là avec les commandes. Sélène était bien plus prudente que Jack pour boire son chocolat chaud. Le garçon s’était brûlé la langue en buvant une première gorgée. La blonde fit plus attention en soufflant plusieurs fois avant de tenter de boire une gorgée. Encore une fois, l’esprit de l’hiver passa une main dans sa nuque. A force de l’avoir vu faire ça toute l’après-midi et également dans le film, la demoiselle comprit vite qu’il était gêné. Il ne faut pas croire mais elle était une grande observatrice. Sans doute que le café n’était pas comme il s’attendait. D’un autre côté, c’était certainement sa première tasse de café.
« Alors…» commença le gardien d’une voix douce.
Sélène reposa sa tasse pour le regarder droit dans les yeux, curieuse de ce qu’il allait dire, croisant les bras. C’était une de ses positions habituelles. Même debout, elle ne savait pas quoi faire de ses bras, donc elle les croissait. Cependant, un peu moins depuis quelques années.
« Que fais-tu depuis que tu es en ville Sélène? ».
La jeune fille perçut un peu d’hésitation dans la voix du garçon. Elle ne comprit pas trop pourquoi et c’était sur un ton des plus sincères qu’elle lui expliqua donc, sans se douter qu’elle allait briser un espoir qu’il avait depuis le début de leur rencontre. Elle se mit à l’observer avant de répondre, remarquant qu’il jouait avec sa tasse et là, elle vit enfin quelques traces de gèle sur le tasse de café. Étrangement, elle avait envie de toucher les doigts du garçon, prenant le risque de finir avec les doigts gelés mais elle n’osa pas. Rien qu’en restant à côté de lui, non seulement elle se sentait bien en sa présence mais en plus, il lui donnait envie de faire des choses qu’elle pensait avoir envie de faire tout de suite avec un mec. Reportant son attention sur le visage du bel esprit, elle ne put s’empêcher de loucher sur les lèvres de ce dernier. Mais qu’est-ce qu’elle avait à la fin ?
- Eh ben, j’écris, je visite un peu la ville parce que je ne suis pas du coin. En fait, je suis de Belgique à la base. Avec mon frère Jérôme, on s’était décidé de faire un road trip en Amérique. Et je suis tombée sous le charme de cette magnifique petite ville. Et toi ?
Elle ne lui dit pas qu’elle était écrivaine mais ça, on s’en fichait un peu.