Diablo essayait de la mettre en veilleuse, par respect envers sa maîtresse. Cependant, cette bonne résolution devenait un véritable supplice à tenir alors que Regina continuait de jouer l'élève modèle à plaindre. Il ne put s'empêcher de marmonner un commentaire concernant le 'calvaire' que devait être une vie de château. Commentaire qui ne passa pas inaperçu. Il eut un sourire fier en entendant le doux rire de Maléfique. Bien que cette dernière prit la défense de Regina, clairement, c'était lui avait gagné ce round et quel plaisir de regarder leur invité fulminé en essayant de garder son sang-froid. Devant ce spectacle, son sourire prit des teintes railleuses.

Peut-être serait-il retourné à son mutisme, difficilement, mais il l'aurait fait, si sa maîtresse ne lui avait pas demandé son avis. Avec prudence, il se concentra sur la goutte d'eau qui le dérangeait, le fait que sa maîtresse fasse le poison après tout les bons conseils qu'elle avait déjà donné à la demoiselle. Il le formula le plus poliment que possible et le regretta lorsque Regina osa sous-entendant son inutilité. "Tu n'es pas ma reine." Répliqua-t-il, acide, alors que l'apprentie lui demanda de s'adresser à elle avec respect. "Tu es juste jalouse de ne pas avoir de serviteur aussi dévoué." Il n'eut pas besoin d'en dire d'avantage puisque Maléfique prit la parole pour remettre leur invitée à sa place. Le corbeau devenu humain leva fièrement le menton devant les derniers mots qui le concernaient. Pire fléau du royaume, comment ne pas s'en sentir fier ? Il échangea un sourire complice avec sa maîtresse qui avait toujours les meilleurs projets en ce qui concernait la destruction et les vengeances. Il lui était difficile d'imaginer celle qu'il servait dans l'état que décrivit ensuite leur visiteuse, encore plus difficile d'imaginer cette dernière en sauveuse de cette situation.

Diablo ouvrit la bouche pour défendre sa maîtresse mais cette dernière fut plus rapide, déclarant qu'il avait raison et posant une question concernant l'expérience de Regina en matière de poison. La jeune reine vanta le nom de son autre instructeur, ce qui lui fit lever les yeux au ciel avec agacement. Cette fois, il garda ces commentaires pour lui, se concentrant sur des choses plus agréable. La concoction d'un poison lui offrirait pleins d'occasions de se venger et de montrer l'inutilité de cette apprentie. Il préféra garder le silence et planifier sa marge de manoeuvre. Un ingrédient ajouté discrètement, un geste soi-disant maladroit qui renverserait la décoction... Oui, il allait bien s'amuser. Il attendait avec impatience le début de cette leçon, sachant très bien que, même si Regina en rêvait sans doute, elle ne pourra jamais obtenir le fait qu'il teste un des poisons concoctés.

Pire qu’Aurore ? Impossible, rien n’était pire que cette pimbêche trop mièvre et naïve à souhait, elle et son prince de malheur me donnait la nausée juste à les voir ensemble. Sa Blanche Neige aussi pénible soit-elle ne pouvait égaler la blonde qui servait de fille au roi Stéphane ! Ceci dit je me gardait bien de la contredire, sa rancoeur l’empêchait de voir plus loin que sa princesse agaçante, sans compter que malgré tout ce qu’elle pouvait bien dire, elle avait été élevé comme une princesse et elle en avait les manières, chose que ne jouait pas forcément en sa faveur. Rapidement, la situation entre Regina et Diablo s’envenima, le ton monta et je serrais les dents en poussant un grognement agacé, combien de temps allait-il continuer ainsi ? En princesse imbue d’elle-même cette dernière demanda à Diablo un peu de respect et immédiatement celui-ci lui appris qu’il n’avait pas d’ordre à recevoir d’elle. Malheureusement pour elle cette dernière ne s’arrêta pas là, dans l’exploitation de sa colère cette dernière me rappela que c’était elle qui m’avait ramené de l’état végétatif et dépressif dans lequel j’avais sombré après la perte de Diablo, et l’avortement de ma vengeance, mon visage se transformant de colère je sentais le dragon en moi rugir tandis que je claquais du pied en brisant toutes les fenêtres de la salle qui s’enflammèrent en quelques secondes tandis que je sortais moi-même de mes gongs :

« Assez ! J’ai l’impression d’être en face de deux enfants ! Si j’avais voulu avoir des enfants et occuper le poste de shérif entre eux, je les aurais fait ! Cessez donc de vous comportez comme des enfants ou Diablo tu finiras transformer en souris et Regina tu seras priée de quitter ma demeure ! De plus, c’est grâce à ton aide que j’accepte de te donner la mienne, donc je te serais gré de bien vouloir me respecter et accepter les critiques qui te sont fait ! Ici tu n’es plus une princesse, ni même une future reine ! »

Ma crise passé, je les regardais l’un après l’autre avec un air sévère, tandis que Diablo la ramenait pour essayer de trouver la cause de la jalousie de Regina, d’après lui elle était jalouse de ne pas avoir de serviteurs à sa hauteur. Une hypothèse banale mais qui pouvait tenir la route, épuisée je lui lançais un regard furibond pour le soumettre au silence. Avant de lever les bras pour éteindre les flammes et redonner leur place au fenêtre brisé avant de passer une de mes mains sur mes cornes :

« Donc avant que cela ne dégénère nous en étions au plan de bataille afin d’exercer ta vengeance Regina, et donc nous nous sommes d’accord pour que tu confectionnes des potions destinées à tuer les personnes chères au coeur de ta douce belle-fille. »

Résumais-je avant de faire apparaitre une table remplie de fiole vide, d’ustensiles et d’ingrédients en tout genre tel que de l’aconit tue loup, des larves de grenouille, des écailles de dragon, sang de vierge, et autres chose plus ou moins connue, ainsi qu’un grimoire contenant quelques recettes. Désignant la table d’un geste de la tête j’ajoutais :

« Regina va donc chercher une potion intéressante et tente de la confectionner ! Diablo en ce qui te concerne ta mission sera de trouver dans le villages quelques gueux susceptible de faire des cobayes intéressant. Si tu pouvais choisir des proches du roi Stéphane tu serais un amour, et fait vite comme ça on pourra faire une pause en allant chasser l’homme ! »

Sur ses mots, je rendais sa forme originel à Diablo avant de lui ouvrir une fenêtre pour qu’il puisse s’envoler vers sa mission. Une fois ce dernier disparu, je me retournais vers Regina :

« As-tu trouvé quelques choses d’intéressant ? »

A chaque fois qu’il ouvrait la bouche, Diablo se montrait plus insupportable encore aux yeux de Regina qui se disait qu’il avait surement atteint le niveau le plus ; Et chaque nouvelle fois lui donnait tort. Comment faisait-il ? Alors qu’elle lui demandait un peu de respect au vu de son rang royal, ce petit insolent avait rétorqué qu’elle n’était pas sa reine. Il se trompait, elle était, de par son mariage avec le roi Léopold, reine de tout le royaume de la Forêt Enchantée, qui englobait aussi les terres où vivaient Maléfique et ceux qu’elle détestait comme la fameuse Aurore et son père le roi Stéphane. La jeune reine soupira devant tant de bêtise et de stupidité, avant d’éclater de rire face à la réaction puérile du corbeau.

-Jalouse de … ça ? lança-t-elle en le désignant d’un regard méprisant. J’ai des dizaines de serviteurs, misérable volatile, et tous prêts à donner leur vie pour moi. Ne sois pas si bête.

Elle n’eut guère le loisir de continuer puisque bien vite, la maîtresse des lieux les rappela à l’ordre. Et elle avait raison, leur comportement était enfantin et Regina se surprit à en avoir honte. Elle n’avait pas été élevée ainsi. Maléfique résuma parfaitement la situation. Il fallait que la jeune reine apprenne à confectionner des poisons, c’était la base pour une bonne sorcière. La belle brune hocha la tête en signe d’acquiescement, et la sorcière fit apparaître une table visiblement pourvu du nécessaire pour fabriquer des potions. Le regard de Regina s’illumina. Le but était proche, elle allait apprendre. Sans attendre, suite à l’ordre de sa nouvelle professeure, elle se rendit à la table et se saisit du grimoire. Elle feuilleta les pages, regardant les noms des potions et leurs effets. Il y avait de quoi faire froid dans le dos, mais en même temps c’était fascinant pour la jeune apprentie qu’elle était. Après une dizaine de secondes de recherches, il lui sembla trouver le poison idéal. Sourire satisfait aux lèvres, elle ouvrit grand l’ouvrage qu’elle posa sur un pupitre et commença à rassembler les ingrédients nécessaires. C’était un peu comme faire un gâteau. Sa cuisinière lui avait appris, quand elle était plus jeune, à faire de la pâtisserie. Evidemment, cela n’avait pas été du goût de Cora, mais au moins, ça lui servait aujourd’hui. Les ingrédients présents dans les fioles avaient, pour beaucoup, un aspect répugnant. Son regard et son expression faciale marquait d’ailleurs ce qu’elle pensait de ce que contenait les récipients de verre qu’elle déplaçait avec mille et une précaution pour rassembler tous les ingrédients nécessaires.
Soudain, Maléfique s’adressa à nouveau à elle et Regina releva le nez en direction de la sorcière, souriante.

-Je le crois. La potion qui fait flétrir la peau et ensuite les organes. Il est dit que la victime finit par mourir en s’étouffant sans que rien ne puisse lui venir en aide.

Ce devait être horrible de se dessécher de l’intérieur, mais après tout, l’entourage de cette petite peste ne méritait-il pas cela ? Et Blanche-Neige ne méritait-elle pas aussi de voir ceux qui lui étaient chers mourir devant son regard impuissant ?

Qu'elle s'en prenne à lui 'passait' (avec de gros guillemets tout de même) mais que leur visiteuse ose tenir tête à sa maîtresse ! Regina ne manquait pas d'impertinence. D'habitude, Diablo aimait retrouver ce genre de trait de caractère chez quelqu'un, mais ici, il trouvait cela terriblement agaçant. À son tour, il oublia toute prudence en répondant coup sur coup à la reinette de pacotille. Il ne vit que trop tard les signes que cette prise de bec était aller trop loin. Maléfique frappa du pied, les vitres se brisèrent et la salle s'enflamma. Diablo se tut immédiatement et baissa les yeux dans une attitude docile digne d'un gamin en train d'être grondé après avoir été pris sur le fait. Ce qui illustrait et appuyait parfaitement le début du sermon reçu où Maléfique, arrivée au bout de sa patience, les traita d'enfant.

"Je m'excuse, maîtresse, je me suis laissé emportant à cause de l'ingratitude dont fait preuve notre invité." Se défendit-il en s'inclinant légèrement.

Certes, il aurait fait n'importe quoi pour voir Regina partir, mais pas au point de finir transformer en souris ! Il se redressa lorsque sa maîtresse ramène la pièce à son état initial et reprit la conversation là où elle s'était arrêtée. Le résumé fait, elle fit apparaître une table contenant tout ce qui fallait pour fabriquer une grande variété de potions. À force d'avoir vu sa maîtresse l'oeuvre, Diablo arrivait à reconnaître certains ingrédients et quelques possibilités de mélange. De base, son projet était de saboter discrètement les tentatives de Regina afin que sa maîtresse comprenne que celle-ci n'avait rien à faire ici. Hélas, son projet tomba vite à l'eau puisqu'on lui ordonna d'aller chercher des victimes potentielles pour les essais. Ses intentions étaient-elles si prévisibles ?

Diablo s'inclina en signe d'obéissance avant de reprendre sa forme de corbeau. Il s'envola avec élégance vers la fenêtre non sans passer au ras de la tête de Regina avant de partir, ce qui lui permit de jeter un bref coup d'oeil pour lire la page du grimoire qui retenait l'attention de l'apprentie. Oh, alors elle allait essayer cette potion ? Très bien, il allait trouver des cobayes en conséquences.

Il fit le tour par l'extérieur pour entrer ensuite dans une autre partie du château. On pouvait l'appeler 'la salle des gardes' mais cela donnerait trop d'honneur à ces occupants. Des petits monstres plus bête que leurs pieds, mais qui savait obéir et plutôt coriace lorsqu'il fallait passer à l'action. Diablo croassa bruyamment pour alerter les occupants de la pièce. Il fit un tour complet au ras du plafond et sortit en émettant un nouveau 'croah'. Le message était simple à comprendre, même pour des débiles comme eux : suivez-moi. De toute façon, Diablo ne venait les voir que pour deux choses : lorsqu'il fallait défendre le château et quand il fallait chercher des prisonniers.

Les premières victimes correspondirent aux directives de Maléfique à savoir des proches du roi Stéphane. Ce choix aurait pu suffire. Toutefois, Diablo se permit de glisser deux coriaces dans le tas avant d'indiquer qu'ils pouvaient rentrer. Un pochtron d'une taverne qui se vantait d'avoir l'estomac le plus solide du pays (et le corbeau en avait vu la preuve durant un pari stupide lancé dans une taverne) et un garde ayant la réputation d'avoir la peau aussi solide que le rock. Si ces intentions étaient trop évidentes, il pourra toujours prétexter que c'était pour aider Regina à s'améliorer. Ça ne lui ferait pas de mal d'affronter un échec ou deux à cette petite peste.

Diablo s’excusait et j’haussais la tête en signe d’accord, j’entendais ce qu’il me disait. Il était déjà pardonné mais je ne voulais pas lui faire ce plaisir. Il savait que je l’aimais comme un fils et il en jouer, surtout en la présence de Regina. J’avais décidé de faire l’impasse sur les remarques désolantes de Regina à l’attention de mon corbeau.

« Je te serais gré de ne pas remettre en cause mon jugement Diablo ! Ne me force pas à le répéter tu me connais assez pour savoir que je hais cela.»

Le sujet devait être clos. Il ne menait à rien et je n’étais pas un shérif, ni leur mère. Regina était là pour un but précis et j’avais une dette envers elle. Que Diablo veuille l’entendre ou non, j’étais contrainte de l’aider et c’est ce que je ferais. Elle deviendra une sorcière et une bonne sorcière et après tout sera régler entre nous. En voyant Diablo me chercher des cobayes je lui redonnais sa forme originel et le laissais gérer. Tout le monde savait que quand il croissait, ils devaient le suivre aussi sot soit mes gardes. Une fois Diablo partie, je me retournais vers Regina et faisais apparaitre un florilège d’ingrédient pour la confection de potion accompagnés par un grimoire. L’observant en train d’étudier la tablé, je lui laissais un bon moment de réflexion avant de lui demander si elle avait trouver quelque chose d’intéressant. Le choix que m’offrait la future méchante reine me fit sourire avec un air maléfique.

« Une de mes préférées, très bon choix Regina partant sur celle-là… »

Faisant disparaitre tout le ingrédient inutile à la confection de cette dernière d’un geste impérieux de la main.

« Tu as devant toi tous les ingrédients nécessaires à la confection de la potion de flétrissement et de dessèchement. L’unique chose que tu dois savoir c’est que tu dois suivre à la lettre les instruction du grimoire. Faire une potion est à la portée d’un enfant, mais prend garde si tu la fait trop chauffé ou que tu te trompe dans l’ordre des ingrédients, elle peux te sauter au visage et ton oeuvre se retournera contre toi… »

Mes recommandations données je la laissais s’approcher en la surveillant d’un coin de l’oeil, naturellement je ne la laisserais pas commettre la moindre bêtise mais un peu de pression n’avait jamais fait de mal à personne. Diablo ne devrait plus tarder. Trouver des prisonniers et des victimes n’étaient pas bien compliqué.

« Regina, si tu as besoin de moi fait le moi savoir »

Annonçais-je avant de détourner le visage vers l’extérieur en entendant du bruit. Diablo revenait avec plusieurs victimes.

Ingratitude, ingratitude… il pouvait bien parler celui-là ! Pourquoi n’était-il pas resté sous sa forme de corbeau ? Regina se demandait comment une femme de la prestance de Maléfique pouvait supporter un être aussi insignifiant et stupide. Mais enfin, sa maîtresse lui avait confié une mission et le volatile reprit sa forme originelle pour quitter les lieux. La jeune reine ne put s’empêcher de sourire, ravie de ne plus l’avoir sous les yeux. Et surtout, il s’était pris une remarque. Bien fait pour lui.

A présent, les choses sérieuses pouvaient commencer, la jolie brune avait pour mission de choisir une potion en cherchant dans les grimoires mis à sa disposition par Maléfique. Du choix, il y en avait, mais la jeune reine opta pour celui de la flétrissure interne et externe. Voilà qui horrifierait la jeune princesse Blanche et lui créerait un traumatisme le temps qu’elle puisse enfin la tuer. Elle souffrirait, c’était certain. Quand Maléfique la félicita pour son choix, annonçant que c’était l’une de ses potions préférées, Regina se sentit gonfler de fierté. La professeure approuvait, et elle lui laissait les ingrédients à disposition pour pouvoir faire la potion. Il ne fallait pas la décevoir. La jeune fille écouta attentivement les recommandations et mises en garde de la sorcière qui expliquait qu’une mauvaise manipulation ou une erreur dans l’ordre des ingrédients ajoutés et tout serait non seulement fichu, mais en plus elle risquait de se retrouver victime de la potion. Regina hocha la tête et prit sur elle pour se montrer confiante. Elle lut et relut encore l’ordre d’exécution des étapes avant de se lancer.
Alors que la brunette avança sa blanche main pour se saisir d’un bécher, Maléfique lui annonça qu’elle était là en cas de besoin. Regina tourna la tête vers elle et lui sourit en hochant la tête.

-Merci beaucoup.

Puis, elle suivit les instruction. Première étape, verser un peu d’eau dans le bécher et la faire bouillir. Elle le déposa donc sur un support avant d’allumer une flamme en-dessous. Puis, une fois à ébullition, il fallait y verser une substance verte au nom imprononçable. Lorsqu’elle retira le bouchon de liège, l’odeur émanant du verre manqua de lui faire lâcher la fiole, mais elle resta suffisamment concentrée pour n’en rien faire et verser les cinq gouttes gluantes demandées. Puis il fallait retirer le récipient du feu. Avec une énorme pince en bois, elle se saisit avec délicatesse du bécher et le déposa de côté. Elle mit ensuite dans un petit chaudron une certaine quantité d’un liquide violet par-dessus lequel il fallait saupoudrer un peu d’une certaine poudre dorée, fort jolie soit dit en passant, avant d’enfin y verser la première préparation qui avait refroidi. L’odeur désagréable se dissipa. Il fallait encore remuer avec une spatule en bois, ce que la reine fit. Lorsqu’elle la ressortit, le bout était rongé par la potion et les yeux de la jeune fille s’écarquillèrent. Elle se tourna vers Maléfique, le regard interrogateur. Elle avait suivi à la lettre les recommandations du grimoire et logiquement, c’était terminé. Etait-ce normal ?

Il avait dépassé la limite et s'en était excusé. Il s'en voulait autant à lui-même qu'à l'intruse de ce fait. Il ne voulait pas donner l'impression de remettre en doute le jugement de celle qu'il servait, même s'il ne comprenait pas ce que sa maîtresse pouvait trouver à l'intruse. À ces yeux, Regina était sans saveur et sans intérêt, avec des ambitions de pauvrette par dessus le marché. C'était la jalousie qui dictait ce jugement hâtif. Dire que son plan de base était de faire des remarques discrètes et d'essayer de faire réaliser à sa maîtresse que Regina n'était pas un bon choix d'apprentie. Un plan qui demandait une finesse dont il s'était montré incapable tant la nouvelle venue l'agaçait à chaque parole prononcée. Par conséquent, il n'y avait rien d'étonnant à ce que ces intentions finissent par être aussi clair que le jour.

Au final, on lui avait confié une mission, cherché les futurs cobayes. Le corbeau était ravi d'avoir une excuse pour se dégourdir les ailes loin de cette insupportable apprentie. On aurait pu croire que cet éloignement mettrait à mal ces projets de sabotage et, il est vrai que c'est ce qu'il avait cru dans un premier temps. Les premières minutes, il les avait passé à ruminer tout en allant chercher quelques sous-fifres pour l'accompagner dans sa tâche, ne se privant pas de donner quelques coups de bec rageur sur le casque des plus lent. Un geste mesquin qu'il arrêta dès qu'ils approchèrent d'un village. D'un coassement, il ordonna aux sbires de s'arrêter. Ces idiots seraient utiles pour ramener les cibles, mais pour débusquer les cobayes idéals, il fallait finesse et discrétion.

À présent véritablement seul, Diablo avait eu tout le loisir de réfléchir et de laisser descendre sa colère et sa frustration concernant l'apprentie. Il avait pu voir la potion visée en volant au-dessus du grimoire avant de quitter la pièce. Que faire de cette information ? Que pouvait-il faire qui mettrait Regina dans l'embarras sans provoquer la colère de Maléfique ? La réponse lui apparut rapidement évidente : il allait trouver des personnes qui risquaient de corser le résultat. On ne pourrait pas lui reprocher de faire de l'excès de zèle, n'est-ce pas ? Il estimait que cela ferait du bien à cette pimbêche de Regina d'échouer.

L'oiseau inspecta les alentours avec cette idée en tête. Il essaya de se consacrer à sa mission en empêchant son esprit de dériver vers ce qui pouvait se tramer au château pendant son absence. Diablo trouva d'abord un pochtron dans une taverne qui se vantait d'avoir l'estomac le plus solide du pays (et le corbeau en vit la preuve de ces yeux lorsque ces amis ivrognes lancèrent un défi à l'humain pour prouver ces dires). En osant espionner dans les alentours du château du roi Stéphane, il trouva un garde ayant la réputation d'avoir la peau aussi solide que le rock. Surement un atout solide pour l'ennemi de sa maîtresse. Ainsi, il suivrait également la recommandation de Maléfique sur le choix des cobayes. C'était parfait ! Est-ce que deux sujets d'expérience suffiraient ? Dans le doute, il chercha d'autres personnes susceptible de présenter des difficultés à cette leçon, moins fort que les deux sujets de choix qu'il venait de repérer afin de noyer le poisson, cela dit, mais assez pour qu'on remette en doute les compétences de Regina et non lui si les choses se passaient mal. De mauvaise grâce, il inclut une personne parfaitement ordinaire hormis son issu noble, un membre de la cours du roi Stéphane, dans sa liste.

Lorsqu'il eut repéré qui il voulait, le corbeau opéra plus ou moins de la même manière : isoler sa cible de différente façon, jusqu'à l'endroit où attendaient les sbires sous ces ordres. Au final, six victimes assommés et ligotés furent porter jusqu'à la demeure de leur maîtresse. Diablo ouvrit la marche, ou plutôt vola devant, impatient de voir le résultat de son choix.

Il vola le long des couloirs qu'il connaissait par coeur jusqu'à revenir dans la pièce où avait lieu la leçon. Diablo annonça son arrivée avec un bref croassement, mais le bruit de pas régulier des sbires transportant leur encombrant 'paquet' avait dû les alerter avant. Avec autant de grâce qu'il était possible à un corbeau, il alla rejoindre sa maîtresse. En jetant un coup d'oeil à la leçon en cours, il vit le bout rongé que tenait Regina. Ah, peut-être qu'il n'aurait même pas à s'en mêler pour cette leçon sois un échec !

D’un œil distant je regardais Regina faire sa potion. Elle ajoutait les éléments avec précision et précaution. Elle prenait son temps ce qui était bien. L’espace d’un instant je croyais qu’elle allait y arriver, d’ailleurs j’avais même arrêté de la surveiller et regardais plus par la fenêtre pour sonder la forêt le plus simplement du monde. Diaval était jaloux, je le voyais bien mais je ne comprenais pas pourquoi il se mettait dans des états comme ça pour cette adolescente. Une odeur de cannelle cramé me chatouillant les narines, je me retournais et regardais la potion prendre une couleur noire. Elle s’était ratée. Voyant la tête que Regina faisait en ressortant la spatule en vois du chaudron, je retenais un léger rire. Apercevant Dablo au coin d’un couloir, je faisais apparaitre un prisonnier que je plaçais devant Regina :

« Quand tu rajoute la poudre de dent d’elfe il faut retirer le chaudron du feu. Faire chauffer la poudre lui retirer ses vertus de flétrissements »

Expliquais-je avec patience avant de me mettre derrière on prisonnier et donc devant Regina pour poursuivre :

« Souhaites-tu voir ce que ton essai raté peut faire ? »

Au vu de ce qu’il avait fait à la cuillère en bois ça pouvait s’avérer intéressant enfin elle ne serait pas aussi efficace que celle qui mangeait les chairs humaines, mais il n’empêche qu’elle pouvait tout de même le faire souffrir. C’était également un test que je proposais à Regina pour voir si elle était réellement prête pour vivre dans la noirceur. Généralement, passer ce cap était complexe. Ne pas être capable de passe ce cap était normal, j’avais moi-même eu du mal à le passer il m’avait fallu plus d’une épreuve pour tourner le dos.au poison que représentais l’espoir pour épouser le chaos et la souffrance. Avec un léger sourire mesquin je donnais au prisonnier l’apparence de blanche neige, cette petite princesse aux visage rond et avec un regard tendre.

« Peut-être qu’ainsi tu seras plus motivé ? »

Laissant échapper un soupir je claquais dans mes doigts pour lui rendre son apparence en ajoutant :

« Ou bien peut-être que tu veux que je te raconte son histoire ? Dis-moi tout »

Face à elle mon prisonnier pleurait en parlant dans son bâillon. Quel horreur il me faisait vraiment pitié.

Satisfaite de ne plus avoir le stupide volatile dans les pattes, Regina s’était concentrée sur la mission confiée par sa nouvelle professeure de magie, Maléfique, à savoir préparer la potion indiquée. Elle suivait méticuleusement les indications, relisant plusieurs fois chaque ligne pour être sure de ne rien oublier. C’était bientôt prêt, elle remua une dernière fois, comme indiqué sur le grimoire, quand Diablo revint. Ce n’est que lorsqu’elle sortit la spatule en bois qu’elle constata que quelque chose était étrange. Peut-être était-ce normal, mais il lui fallait une confirmation. Maléfique se leva et s’approcha pour lui dire qu’elle aurait dû retirer le chaudron du feu avant d’ajouter la poudre. Bouche bée, déconcertée, Regina se sentait mal.

- Mais… ce n’était pas écrit sur les recommandations ! Dit-elle en vérifiant une dernière fois. Comment aurais-je pu le savoir ?

Evidemment, quand on connaissait la formule et qu’on pratiquait cette potion depuis longtemps, on le savait… Pourquoi la sorcière n’avait-elle pas écrit cette précision ? Savoir que le corbeau avait pu assister à un léger échec la mettait hors d’elle intérieurement. Pourtant, cela avait l’air efficace puisque le bois avait été rongé. C’était même terrifiant de voir cela. Combien de temps pouvait résister la peau humaine ? Maléfique lui demanda alors si elle voulait voir ce que cette erreur pouvait faire. La jeune reine se demanda s’il s’agissait-là d’une question piège. Interdite, elle fixait son regard dans celui de son enseignante qui alors s’amusa à transformer le premier prisonnier pour qu’il ait l’apparence de la princesse Blanche-Neige. Le visage de Regina se renfrogna en un rictus de colère avant que le prisonnier ne retrouve son apparence, pleurnichant, baragouinant des propos incompréhensibles derrière son bâillon. Agacée, Regina finit par hocher la tête avec une longue hésitation.

- Très bien, très bien ! Montrez-moi ce que cela peut faire. Si… si je comprends bien, l’effet est moins subtil mais malgré tout le résultat est tout aussi probant, n’est-ce pas ?

Puisque ce que l’on voulait était voir se flétrir la peau… Cette potion, vu moins la version de Regina, semblait faire tout fondre sur son passage. La brunette se saisit de ce qui restait de la spatule en bois, du côté sain et appuya le bout encore enduit de liquide visqueux contre la joue du prisonnier qui se mit à hurler de douleur. Aussitôt, elle retira le manche en bois de son visage, presque en sursautant.