Famille recomposée

Rien, voilà ce à quoi se résumait leur quête. Un « rien » qui avait cependant faillit détruire la vie d'un nombre incalculable de personne. Robin l'avait vu de ses yeux, celle qui se faisait jadis appeler la « méchante reine » était de retour. Bien sûr, il ne dénigrait point son existence, mais jusqu'alors il préférait ne pas y penser, lui qui lui avait par amour, pardonné cette partie de sa vie. Mais hélas, l'enlèvement de leurs enfants, couplé à tout un tas de péripéties, eurent raison des nouvelles résolutions de Regina qui ayant sombré peu à peu dans la colère, avait laissé ses vieux démons se repaître de sa raison allant jusqu'à la conduire à un affrontement sanguinaire avec celui qui fut son ami de jadis. Un affrontement durant lequel et pour la sauver, Robin était parvenu à lui subtiliser son cœur et lui commanda de ce fait, la fin des affrontements. L'accalmie était de retour, bien qu'éphémère si le cœur de Regina lui était restitué. Une perspective ayant accru la culpabilité de l'époux qui ne se sentait que trop indigne d'en être arrivé à de telles extrémités pour protéger les autres, mais plus encore Regina d'elle-même. Mais que pouvait-il faire de plus ? Rien probablement, il devait malgré tout se montrer fort pour les enfants, prendre les bonnes décisions ….et… Ai-je oublié que préciser qu'entre temps, un autre problème était survenu en la personne de Roland, qui pour se rendre utile et à l'abri des regards, avait subtilisé l'un des grimoires de Regina dans son caveau.  Profitant de sa solitude nouvellement acquise, le petit garçon en feuilletant l'épais ouvrage fut surpris de découvrir un trait rouge sur le papier et ne trouva rien de mieux à faire que de lire à haute voix une formule magique qui l'affubla de quelques années supplémentaires. Une joie pour son père qui avait quitté un petit garçon et qui se retrouvait désormais face à un adulte, pourvu de l'esprit d'un enfant. Robin était donc, malgré sa bonne volonté et les efforts qu'il déployait, au bord de la crise de nerfs. Nous sommes dès lors en droit de nous demander si de se rendre au milieu des Sept Mers pour continuer à chercher les jumeaux était une bonne idée. « - Donc tu nous amènes ici, au milieu de nulle part ! Génial, encore un bled à cocher sur notre liste. ! » lança-t-il quelque peu… furibond. « - Où sommes-nous d'ailleurs ? »

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Tant de péripéties, tant de mésaventures, tant de malheurs, à croire que les jeunes mariés vivaient en plein cauchemar. A présent délestée de son coeur qui avait, par ailleurs, considérablement noirci au vu des derniers événements, la reine, que certains appelaient de nouveau et à raison « la méchante reine », se voyait, tant que son mari le possédait, dans l’incapacité de faire le moindre mal. Pourtant, ça la démangeait. La moindre remarque faisait apparaître sur son si joli visage les traits de la colère. Elle souffrait d’avoir perdu ses enfants et rien ne parvenait à l’en guérir. A tel point que ses anciens démons l’avaient rattrapée, l’ancienne « elle » avait refait surface et, se souciant peu de blesser ceux qu’elle aimait, hormis ses enfants, elle avait même failli en arriver à l’irréparable avec Durnik, son meilleur ami depuis une trentaine d’année. Ce n’est que grâce à Robin qui avait réussi à lui arracher le coeur qu’elle s’était vu contrainte d’arrêter le combat. De retour dans le monde enchanté, les deux parents avaient, faute de mieux, repris les recherches. Que pouvaient-ils faire d’autre après tout ? C’était une idée fixe chez Regina, elle le savait, elle ne trouverait de repos qu’une fois que Lina et Richard seraient retrouvés. Deux nourrissons de trois mois, ils ne pouvaient pas être bien loin, et à force d’arpenter les royaumes, ils finiraient bien par mettre la main dessus.

Les voilà, cette fois-ci, à marcher sur les riches des Sept Mers, non loin de la frontière avec leur royaume de la Forêt Enchantée. Ils marchaient depuis un bon moment maintenant, les yeux de la reine regardaient machinalement partout, allant de l’horizon azur au sable à perte de vue. Elle se retournait de temps en temps pour vérifier qu’un détail ne lui avait pas échappé. Soudain, la voix de Robin retentit, une voix qui, avec le temps, s’était endurcie. Machinalement, la belle brune roula des yeux, déjà exaspérée avant même d’avoir entendu la phrase dans son entièreté.

- Pour commencer, nous ne sommes pas au milieu de nulle part mais à la frontière entre les Sept Mers et la Forêt Enchantée. Ensuite, vas-tu aussi me reprocher de chercher nos enfants ? Si tu ne voulais pas venir, tu pouvais rester à picoler à la taverne, au lieu de me faire la morale. Mais je vois que ces temps-ci tu ne sais faire que ça. «  Regina, il ne faut pas arracher les coeurs. Regina, il ne faut pas utiliser la magie. Regina, il ne faut pas faire de mal à Durnik. Regina, il ne faut pas gronder Roland d’avoir fouiné dans tes affaires. Regina, il ne faut pas chercher les enfants ». Tu sais quoi, fais mieux, je t’en prie ! Qu’est-ce que tu suggères ? Je n’ai pas utilisé la moindre magie, je n’ai plus de potion de localisation, je suis obligée de faire comme le commun des mortels avec cette… foutue carte !!

Carte qu’elle lui jeta au visage, complètement exaspérée. Elle souffla bruyamment avant de croiser les bras. Son regard se radoucit soudain, comme si l’ancienne Regina avait refait son apparition, se rendant compte de ce qu’elle venait de faire.

- Excuse-moi, Robin je… je n’aurais pas dû….

Elle se rapprocha de lui, l’air un peu penaud.

- C’est cette situation… Je veux tellement les retrouver, j’ai si peur qu’il leur arrive malheur.

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Robin ne le montrait pas, sûrement cette fichue fierté masculine, mais l'enlèvement des enfants avait eu raison de sa patience et accru son désamour pour la magie. Car oui, il en était sûr, quelque chose de magique était à l'origine de l'enlèvement de leurs petits. Mais plus encore, il se sentait coupable de ne pas avoir su les protéger, comme un père aimant se doit de le faire. Il avait failli et à cela s'ajoutait la transformation du petit Roland, qui semblait immuable puisqu'il était tout bonnement incapable de se rappeler ce qu'il avait lu. Le voir ainsi désespérait Robin, qui n'avait déjà pas profité pleinement de ses premières années de vie lorsqu'il était emprisonné. Il vivait mal la situation et avait un peu tendance à se renfermer sur lui-même ça et le fait que Regina devienne incontrôlable suite à la disparition des jumeaux. Certains se plaisaient à dire qu'elle montrait enfin son vrai visage et l'affublaient à nouveau de son ancien surnom. Robin faisait au mieux pour lutter contre ça, jusqu'à atteindre ses limites. Il avait trop peur de la perdre, tellement qu'il était prêt à utiliser la magie pour tenter de la préserver et c'est ce qu'il fit en lui volant son cœur, qu'il conservait précieusement dans une bourse en cuir. Il se refusait à l'utiliser contre elle pour lui dicter quoique ce soit, sauf si bien sûr, elle redevenait dangereuse et pour elle et pour autrui.

Robin avait donc accepté de la suivre aux confins de leur royaume. Même s'il possédait son cœur, il ne pouvait la laisser aller n'importe où seule et contrairement à ce qu'elle pensait de lui, il n'était pas décidé à lâcher l'affaire. Sans surprise, les tensions regagnèrent du terrain entre les deux époux en proie chacun à une crise de nerfs d'un degré différent. A son tour, Regina y alla de sa petite diatribe à laquelle Robin répondit aussitôt. « - Je ne te reproche pas de chercher nos enfants, je ne me le permettrais pas bon sang ! » Mais de toute évidence, elle n'en avait pas fini avec lui. « - Pardon ? Resté picoler à la taverne ?C'est à ça que tu me résumes, à un vulgaire poivrot qui n'a rien de mieux à faire que de picoler ? Et excuse-moi d'essayer de te raisonner parce que tu as un peu perdu la boule récemment non ? Tu crois que je me suis tourné les pouces moi aussi ? J'ai l'impression que c'est ce que tout le monde pense et ça commence à me courir ! » Pour traduire sa colère, il ne trouva rien de mieux que de balancer la carte qu'elle venait de lui jeter au visage. « - Je ne suis pas un faire-valoir ! » commença-t-il « - Je me démène moi aussi pour retrouver nos enfants. Ce n'est pas ce que je voulais. Je rêvais d'une vie normale moi, avec une famille. C'est trop demandé d'avoir ça, d'être heureux, sans que du jour au lendemain l'on vienne tout vous prendre sans raison. Tu m'as blessé Regina. Je ne suis pas le genre de type qui picole dans les tavernes parce qu'il est désemparé. » Il ne la vit même pas s'approcher « - Moi aussi j'ai peur, j'ai peur de ne pas les trouver. Je suis un père indigne, ce n'est pas nouveau. Mais je les voulais tellement ces bébés et maintenant ils ne sont plus là et me voilà réduit à devoir garder ton cœur avec moi pour que tu ne sombres pas à nouveau. Génial c'est quoi la suite? »

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Regina était ainsi, quand elle était excédée, les paroles qu’elle prononçait allaient parfois par delà sa pensée et étaient blessantes, et ce même vis-à-vis de l’homme qu’elle aimait plus que tout. Car oui, malgré ce qui leur arrivait, malgré les différents qui avaient eu lieu ces trois derniers mois, les disputes, les coups bas, la reine aimait son roi d’un amour fou, tout aussi intense que cette folie qui s’était emparée d’elle après la disparition des jumeaux, faisant renaître la méchante reine de ses cendres. Pourtant, parfois, la Regina qui avait tout fait pour sa rédemption faisait sa réapparition. Mais il suffisait d’un rien pour que l’accalmie ne cesse et que les ténèbres reprennent leur place.

- Je ne te résume à rien, qui pourrait résumer le parfait héros, de toute façon ? Je n’en ai pas le droit, n’est-ce pas ? Par contre toi, tu as tous les droits. Moi je ne peux pas arracher de coeurs pour avoir de simples réponses mais toi tu peux arracher le mien pour entraver mes actions.

Elle le foudroya du regard lorsqu’il déclara qu’elle avait perdu la boule ces derniers temps. Pourtant, c’était vrai.

- Merci, c’est charmant. Oh je t’en prie, cesse de me comparer à ce « tout le monde » qui ne veut rien dire. Je n’ai pas dit que tu te tournais les pouces, j’ai juste dit que bien souvent tu me critiquais sans pour autant proposer autre chose.

A son tour, Robin jeta la carte qu’elle venait de lui envoyer au visage d’un geste rageur. Ils n’avaient que cela pour se repérer, aussi, la méchante reine s’empressa de la ramasser.

- Évite de détruire ce qui nous permettra de rentrer, s’il te plaît !

Et voilà qu’il partit dans une émouvante tirade qui, dans les premiers mots, tira un roulement d’yeux à la reine, mais qui finit par la toucher un peu. Elle avait fait quelques pas pour se rapprocher de lui avant de n’être qu’à quelques centimètres à présent.

- Je ne voulais pas te blesser, je n’aurais pas dû dire ça. Robin, moi non plus je ne voulais pas que tous ces malheurs nous tombent dessus, et pourtant c’est le cas. Ça ne sert à rien de remuer le passé, mais ce « nous » heureux que nous formions me manque.

Elle glissa sa main dans la sienne avec délicatesse, laissant choir la carte sur le sable.

- Tu n’es pas un père indigne, dit-elle en cherchant son regard et posant son autre main sur sa joue. Je ne te laisserai pas dire une telle chose, c’est faux. Tu aimes tes enfants de tout ton coeur et c’est tout ce qu’un enfant demande. Tu connais des parents qui ne font pas d’erreurs, toi ?

Posant sa joue contre celle de Robin, Regina fit glisser sa main le long de son buste pour approcher les poches intérieures de sa tuniques.

- Quant à mon coeur, si c’est un fardeau trop lourd, peut-être pourrais-tu me le rendre ? susurra-t-elle dans un murmure avant de lui attraper le lobe de l’oreille, espérant qu’un peu de séduction endormirait sa garde. Ça fait combien de temps ? Bien trop, non ?

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Il l'aimait encore malgré ce qui se passait, malgré les regards noirs, malgré les paroles blessantes, mais il ne parvenait à rester silencieux face aux diatribes de Regina et il n'hésita point de ce fait à surenchérir. « - Arrête donc avec ta satané ironie, tu sais très bien que je ne suis pas parfait, inutile d'enfoncer le clou. Et si j'ai fais ça c'est pour toi, pour ne pas réduire à néant tout ce que tu as accomplis. T'en rends-tu compte au moins ? J'ai fais ça pour te protéger Regina, parce que je ne veux que ton bien. » Et il est vrai, même si elle ne voulait pas l'entendre, qu'elle avait perdu la boule et qu'il n'existait de toute façon, aucune autre formule pour mieux résumer la situation. Cependant, l'archer s'en voulait l'espace d'un instant d'avoir peut-être été blessant à son encontre. « - Ca me fait autant de mal qu'à toi Regina. Ce ne sont pas juste des critiques. Je ne veux pas que tu perdes le sens des réalités. J'ai besoin de toi, je ne veux pas te perdre! » Son regard parlait pour lui et trahissait son appréhension qui, il l'espérait, pouvait encore toucher Regina. Mais la colère le gagna ensuite tant son impuissance était grande. Il envoya donc valdinguer la carte au grand dam de Regina qui réalisa après coup qu'elle l'avait sûrement blessé. Sans se méfier, il la laissa approché et se laissa bercer par ses mots et la promiscuité. « - Je ne voulais pas te blesser et bien sûr que ce « nous » me manque plus que de raison. » Il ferma les yeux lorsqu'il sentit sa main se glisser dans la sienne. Grand dieu que ce genre de contact lui manquait tout comme ses rassurantes paroles. « -Tu le penses vraiment ? » réitéra-t-il en plongeant son regard dans le sien « - Toi aussi tu aimes nos enfants de tout ton cœur et… » Il commença à sentir sa main glissait le long de son buste. Aussitôt, il serra la mâchoire et son regard se fit d'acier, il venait de comprendre et la réplique suivante le délesta du moindre doute. « -Comment oses-tu ? » Il la repoussa aussitôt en prenant soin de ramasser la carte « - Ne m'approche plus si c'est pour te jouer de moi ! » Plus que la colère, la déception l'envahit aussitôt et il reprit la route pour mettre le plus de distance possible entre eux.

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« Viens frérot, je t’offre à boire. »

Je descends du navire en compagnie de mon frère avant de nous rendre dans la taverne la plus proche qu’il y avait. Sur les rives des Sept Mers, prenant limites aux frontières de la Forêt Enchantée. Mon arc en main et mon carquois sur mon dos, je pousse la porte de la taverne. Ma main bandée par un tissus blanc, je souris à mon frère. J’étais tellement chanceuse d’être la petite soeur de ce beau garçon. M’approchant du comptoir, je commande deux bières et je donne une petite somme en pièces d’or au tavernier avant de m’asseoir à une table libre en compagnie de mon frère.

« On est à la frontière de la forêt enchantée. » lui dis-je avec un sourire.

Savait-il ce que je signifiais ? Je veux retrouver nos parents, je pense que mon grand-frère en a conscience, c’est aussi pour cela que j’ai voulu que nous naviguions jusqu’ici. Buvant une grosse gorgée de bière, je ne compte pas le temps qui passe et au bout d’une bonne heure, je quitte la taverne en compagnie de mon frère avant de poser mon regard sur deux personnes qui semblaient loin de leur royaume. J’en avais sensation. Je donne un coup de coude à mon frère avant de prendre l’une de mes flèches car le couple commençait à s’approcher d’un peu trop près. Mais ils avaient des bijoux, de beaux vêtements, et ne sommes nous pas pirates mon frère et moi ? Je souris avant de courir et grimper sur une hauteur alors que mon frère glisse presque dans l’ombre pour s’approcher lui aussi du couple. Avant qu’ils ne puissent faire quoi que ce soit, je lance une flèche qui frôle la tête de la femme.

« Mes flèches atteignent toujours leur cible. Donnez-nous vos bijoux et votre argent et on ne vous fera pas de mal. » énonçais-je, une seconde flèche arquant mon arc.

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A peine délivrée de l'un de leurs adversaires, la soeur cadette de Richard voulait déjà l'inviter à boire des verres dans la taverne qu'ils fréquentaient habituellement. Tout le long du trajet du retour, elle lui avait parlé de retrouver leurs parents, de ce qu'elle ferait s'ils le retrouveraient. De ses attentes, de ses rêves avec eux. Lui la laissait parler. Ce sujet était souvent le centre de leurs disputes car le frère aîné avait un tout autre point de vue sur leurs géniteurs et il ne paierait pas cher pour qu'ils restent aussi loin possible qu'ils ne l'étaient ces dernières années ! Ce n'était plus maintenant qu'ils avaient besoin d'eux, le duo s'était formé et débrouillé depuis leur fuite du château de la fée qui les avait kidnappé. Quelle meilleure preuve que cette dernière pour dire qu'ils n'avaient pas besoin d'aide, ni de parents pour les surveiller ? Le sorcier l'écoutait alors sans vraiment l'écouter, ponctuant ses phrases de quelques petites mots pour qu'elle se sente écoutée et qu'elle puisse s'épanouir. Tant qu'elle ne le faisait pas plus de deux fois par semaines, ça ne lui cassait pas les couilles... Ce qui n'était pas le cas dernièrement. Elle avait ses périodes, ça partait et ça revenait, sans raisons réelles.

Le grand châtain soupira lorsque leurs marins annoncèrent l'arrivée. Toute folle, Lina se précipita sur le pont avec vitesse en énergie alors que lui la suivait tranquillement. Ils étaient enfin de retour sur terre. Richard n'eut pas le temps d'aller soulager sa vessie que l'archère le prit par le bras pour l'attirer le plus rapidement vers leur repère de la région. Après une bonne quinzaine de minutes de marche, le duo inséparable franchit la porte et alla s'installer sur une des tables libres. Celle qui était à ses yeux comme sa seule famille encore vivante alla chercher au comptoir de quoi boire, le pirate ne se faisait aucun soucis, elle avait du caractère et avait déjà remis plusieurs fois des ivrognes à leur place ici-même pour avoir écopé d'une certaine renommée qui faisait que les hommes ne l'approchaient plus. Elle revint avec deux pintes et commença à lui discuter à nouveau de leurs parents, ce qui fit tourner les yeux de Richard qui se retint de lui dire ce qu'il pensait vraiment.

Comme toute discussion à sens unique, elle dura un bref instant - beaucoup trop long aux yeux du châtain, et ils repartirent déjà rejoindre le bateau. Sur le chemin du retour, ils furent plus calmes. Jusqu'à ce qu'ils entendent des bruis, un couple qui se disputait au vu du ton de la voix. Un coup de coude dans les côtes, cela veut dire que la petite à une idée. Richard la voit tirer une flèche de son arc et bander ce dernier dans leur direction. Pas besoin de paroles pour savoir ce qu'elle avait en tête quand je vis les bijoux de la dames et les habits qu'ils portaient. Drôles de textures Pensa-t-il en voyant leur pantalon.
Il eut tout juste le temps de se mettre à couvert que Lina rentra dans l'action, tirant une flèche tout prêt du visage de l'inconnue avant de sonner l'habituelle demande, ce qui lui donna le temps de se repositionner.
A son tour, il sortir de sa cachette et, avec l'un des sorts qu'il avait appris, fit s'envoler l'arc de l'homme qu'il ne connaissait pas afin d'éviter qu'il ne puisse l'utiliser contre eux.
- Je vous conseille de lui obéir... Elle a mauvais caractère... Elle tiendrait ça de sa mère à ce qu'il parait ! Lança-t-il dans les airs pour tenter de les intimider alors qu'il dégaina son épée courte.
C'était une des boutades qu'il lui lançait quand il en avait marre de ses plaintes et de ses piaillements de fille. Richard n'était bien sûr pas au courant qu'ils étaient en train de faire face à leurs réels parents et que sa blague n'était qu'un très faible euphémisme de la réalité.

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La situation était délicate. Regina était en perpétuel combat, déjà contre elle-même pour tâcher de contenir la méchante reine, mais ce combat s’avérait de plus en plus perdu au fil du temps, si bien qu’elle cessait de lutter rapidement. Puis avec son entourage à cause précisément de cela. Robin était le premier à en pâtir, mais depuis qu’il lui avait ôté son coeur, la reine avait l’impression de moins souffrir. Non pas que le sort de ses enfants lui était égal, loin de là, mais la souffrance se faisait moins sentir.

- Tu ne me perdras pas ! Ne sais-tu pas qu’il en faut plus pour se débarrasser de moi ? ironisa-t-elle.

Quelque part, au plus profond d’elle, Regina était désolée d’en être arrivée là, mais il lui semblait que le chemin pour faire marche-arrière était bien trop loin, impossible à atteindre. Que faire alors, comment agir autrement que ce dont elle avait eu l’habitude durant si longtemps, une facilité qu’elle croyait salvatrice au vu des difficultés qui avaient déjà cours dans sa vie. Elle était aussi désolée d’avoir poussé Robin dans ses retranchements, l’obligeant à agir en usant de magie, chose qu’il haïssait plus que tout. Mais ne serait-ce pas se montrer faible que de l’admettre ?

- Bien sûr que je le pense, finit-elle par admettre.

Il lui manquait, c’était un fait. Toutes ces tensions les trois derniers mois étaient invivables, le bonheur si durement acquis semblait désormais si loin.
Alors qu’elle tentait un rapprochement, le peu de confiance qu’elle était parvenu à rétablir sembla s’effriter rapidement. L’archer avait senti la main de son épouse qui fouinait un peu trop à son goût. Il venait de la repousser et elle resta plantée quelques secondes à le regarder s’éloigner en pestant, mi-déçue d’avoir loupé sa tentative, mi-amusée par sa réaction. Elle finit par disparaître dans un nuage de fumée violette pour réapparaître devant lui, l’empêchant de continuer à avancer.

- Pourquoi penses-tu toujours que je me joue de toi ? C’est ridicule ! Tu n’as qu’à m’obliger à dire la vérité si tu ne me crois pas, tu as mon coeur, tu peux le faire. A moins que tu n’aies peur d’un peu trop aimer tout ce pouvoir ? finit-elle par demander avec un petit sourire.

Alors qu’elle s’apprêtait à reprendre la parole, son attention fut attirée par autre chose et d’un réflexe, elle attrapa au vol une flèche qui passait tout près de son visage. Le regard noir, elle fusilla de ses pupilles une jeune archère qui se permit des propos qui n’étaient pas sans rappeler ceux de Robin. La méchante reine eut un sourire carnassier. Enfin un peu d’action. Elle retourna sa paume droite après avoir lâché la flèche et fit apparaître une boule de feu tandis que des flammes dansaient dans son regard. Voilà de quoi se défouler, ça tombait à pic.

- Petite effrontée, tu n’as aucune idée de ce que tu viens de faire…

Alors qu’elle s’apprêtait à lui balancer une boule de feu en plein visage, un jeune homme du même âge de la blondinette fit son apparition et désarma Robin. Regina fronça les sourcils et poussa par magie et avec violence les deux gamins avant de faire réapparaître l’arme de Robin.

- Vous êtes venus en meute ? Comme c’est intéressant ! ricana-t-elle.

Elle regarda Robin, s’attendant à ce qu’il la réprimande, mais c’était de la légitime défense.

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C'était une sale période pour l'archer au grand cœur qui se voyait pourvoir de beaucoup trop de responsabilités et qui sentait le contrôle lui échappait peu à peu. Il aimait Regina corps et âme, il n'en doutait pas une seule seconde et pour elle, il était prêt à tout. Pour preuve, il lui avait arraché le cœur, utilisant au passage une potion qu'il avait lui-même concocté. Une preuve d'amour au vu de la haine et du dégoût qu'il éprouvait pour la magie. Un acte réfléchi, mais dont il ne se pardonnait pas l'emploi. Il essayait toutefois de se convaincre, en se répétant sans cesse qu'il avait sauvé des vies et préservait celle de son épouse en agissant de la sorte. Ainsi privée de son cœur, la méchante reine n'était donc plus une menace, mais toujours assujettie à sa noirceur passée, elle mettait à mal la patience de l'archer qui tâchait de rester fort, mais qui savait ses limites presque atteintes. Et que dire de la ruse de Regina pour récupérer son cœur ? Se sentant trahit par la main baladeuse de son épouse, il ne fallut pas longtemps au voleur pour se dégager et mettre ce qui lui semblait être une distance convenable entre eux. C'était sans compter sur la reine, qui réapparut face à lui l'empêchant de progresser et de mettre plus de distance entre eux. « - Parce que tu n'as pas cherché à te jouer de moi ? Ose me dire le contraire ! » Il la défia du regard, comme lui seul pouvait le faire serrant la mâchoire à chacune de ses paroles. « - Je ne m'abaisserai jamais à utiliser ton cœur et la magie. Je m'contrefous du pouvoir. Et désolé de te décevoir, mais la magie continue à me dégoûter, si ce n'est plus qu'avant. Elle n'apporte que de la peine, de la désolation et des emmerdes ces derniers temps. » Et alors que l'échange promettait de gagner en intensité, une flèche fendit l'air et passa à quelques millimètres à peine du visage de la reine. La voix d'une jeune femme résonna au loin laissant entendre une réplique cruellement familière aux oreilles de Robin. Il eut à peine le temps de sortir son arc qu'un autre effronté fit son apparition et le désarma. Le jeune homme avoua que la demoiselle avait mauvais caractère, comme sa mère avant de dégainer à son tour son arme. « - Des voleurs sans codes d'honneur ! » grogna l'archer avant que son épouse n'use à nouveau de la magie pour envoyer valdinguer les deux terreurs. Robin récupéra aussitôt son arc qu'il banda tenant en jonc l'archère qui l'avait menacé. « - Mes flèches atteignent elles aussi toujours leur cible. » Il fut saisi l'espace d'un instant par le regard perçant de ces deux gamins, mais tâcha de ne rien laisser paraître. « - Ne vous a-t-on jamais appris qu'il était déconseillé de voler un voleur ? Devons-nous craindre l'arrivée d'autres camarades ? » Il visa ensuite sans le savoir son fils. « - C'est quoi vos prénoms les gamins ? »

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Je tourne mon regard vers mon frère et lui tire la langue lorsqu’il énonce qu’ils ont intérêt à m’obéir, sans quoi je risquais de m’énerver vu que d’après lui, je tenais de ma mère, mon caractère bien trempé. Cependant, nous ignorions tous les deux que devant nous se trouvais nos deux parents. Mon arc à nouveau bandé, visant l’archer, je suis soudainement surprise quand il m’énonce que ses flèches aussi ne ratent jamais leur cible. Un doute s’installe en moi, je tenais ma facilité d’archère de mon père d’après la Fée Noire mais je connaissais l’identité de mon père. Ce pourrait-il que… Je me mords la lèvre inférieure. Mais me voilà sur le sol l’instant d’après, m’étant littéralement fait projeter par un sort venant de la femme en face de nous. Retomber lourdement sur le sol, je me mords douloureusement la langue pour ne pas hurler parce que ma cheville recommençait à me faire mal. Je n’en fis rien et me releva avant de faire face au couple, mon regard bleu perçant celui de l’archer qui demeurait être mon père. Bandant à nouveau mon arc d’une flèche, je reprends la parole « nous avons notre propre code de l’honneur mon frère et moi ! » hurlais-je presque. Oui nous avions notre code d’honneur à nous et si ça leur plaisait pas, c’était aucunement mon problème mais je sentais que quelque chose d’étrange se produisait. Un léger sourire né sur mon visage lorsqu’il évoque l’arrivée possible d’autre camarades « ça se pourrait. » dis-je en regardant mon frère et notre bateau encore loin. Je regarde mon frangin quelques instants, ne voulant donner mon nom. S’il croyait nous avoir comme ça. Mon regard croise celui de mon frère « Je m’appelle Margot. » déclarais-je sûre de moi même si j’étais clairement une très mauvaise menteuse. J’espérais juste que Richard allait lui aussi entrer dans le jeu, dans tous les cas, on ne partirait pas sans butin, c’était mal nous connaître « Peut-être que vos flèches aussi atteignent toujours leur cible mais les boules de feu de mon frère risque de vous chauffer. » dis-je visant le couple. Si seulement je savais que je faisais face à ceux que j’ai toujours souhaité retrouver. Un frisson parcourt mon cours mais je ne dis rien, je reste là, les visant l’un et l’autre, rassurée par la présence de mon frère à mes côtés.

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