Une réception comme une autre. Encore et encore et encore. Le même cercle infini qui tournait en boucle après mes cinq années de mariage. Qu’avais-je gagné durant ses années? Rien. Pas d’enfants, pas de mari et encore moins une once d’amour. Londonia me pesait de plus en plus sur mon existence. J’avais de la difficulté à bien comprendre chacun des détails qui m’entouraient tellement je le faisais par automatisme. Kyle avait le vent dans les voiles et je le suivais. Je lui sauvais la face devant tout le gratin de Londonia. C’était ma vie à présent. J’étais et sans une once de bonheur, Je me sentais comme une coquille vide que l’on peut broyer d’un simple regard. Je ne tenais qu’à un fils.
J’étais de nouveau enceinte de Kyle. Le genre de relation où l’on regarde le plafond en suppliant pour que cela s’arrête au plus vite. J’espérais ne pas le perdre. J’avais déjà perdu un bébé l’année précédente et j’en avais souffert énormément. J’étais épuisée et nauséeuse comme jamais. Une semaine avant la réception, je me réveillais au milieu de la nuit avec des crampes atroces. J’étais pliée en deux dans mon lit en hurlant ma douleur alors que ma femme de chambre allait réveiller mon mari … et son amant. J’avais fais une fausse couche à nouveau. Les draps étaient plein de sang alors que le docteur arrivait pour m’examiner en disant à mon mari que c’était trop tard. J’avais perdu mon bébé. Kyle balançait un vase contre le mur en me hurlant que j’aurais dut faire plus attention. Je pleurais mon désespoir en sachant que je n’avais rien fait de mal. Pourquoi cela ne fonctionnait pas?
Heureusement, un ami me permettait à tenir le coup. Cet ami était Dorian Gray. J’ignorais pourquoi mais quelque chose m’attirait chez cet homme qui ne semblait jamais vieillir ou du moins très peu. Je lui envoyais une lettre sombre dans lequel je lui dictais à quel point Londonia et sa noirceur me pesait lourdement sur le coeur et que j’avais, une fois de plus, enterré un enfant qui n’avait pas eu le temps de faire battre son coeur. Pourquoi je lui disais? Il le saurait de toute façon. On ne parlait que de cela dans les hautes sphères. Wendy Darling était incapable d’enfanter. J’avais peut-être eu des relations avec le diable disait-on. J’en souffrais énormément. Une semaine plus tard avait lieu une réception pour le réveillon du nouvel an. La neige tombait sur Londonia abondamment et j’accueillais les invités avec le sourire comme à chaque année dans ma robe noir et rouge. J’étais parfaite dans mon rôle d’épouse modèle. Je remarquais Dorian du coin de l’oeil et je lui souriais avant de me faire apostropher par la femme du banquier.
Le repas était fade et insipide dans ma bouche. J’entendais les paroles chuchottés des femmes autour qui ne manquait pas de me jeter des regard derrière leurs éventails en plume d’autruche. Je tâchais de garder mon sang froid et de ne pas craquer. Je faisais bonne figure pour Karl, mais je n’avais qu’une envie … Disparaître et ne plus jamais revenir. Je fixais le vide par moment durant le repas ne remarquant même pas le regard de mon ami qui voulait sans aucun doute m’aider. C’était difficile de plus en plus à mesure que la soirée avançait. Les gens étaient ivres et fêtaient. Une femme que je ne connaissais pas vraiment venait me donner des conseils pour garder le bébé au chaud. C’était trop. J’avais besoin de prendre l’air. Je me rendais dans la bibliothèque du fond et je m’approchais de la fenêtre que j’ouvrais avoir de l’air. Mon corset me serrait comme jamais en cet instant à mesure que la panique m’envahissait. Je retenais mes sanglots en portant le dos de ma main à ma bouche. Je tremblais en me tenant au rebord de cette fenêtre. Les larmes coulaient le long de mes joues. Kyle n’avait rien remarqué car il faisait les yeux doux à un jeune homme aux cheveux blonds. Je devais reprendre sur moi, mais je n’y arrivais pas. J’hyperventilais de plus en plus et je ressentais une oppression. C’était horrible.
J’avais été invité comme à mon habitude à une réception organisée par le mari de Wendy Darling. Je n’aimais pas du tout cet homme et encore moins la façon dont ce dernier traitait sa femme. Nous vivons dans une société où les rumeurs sont le jeu préféré de tout le monde. Il y en avait beaucoup sur lui et sur elle aussi. On disait de lui qu’il préférait coucher avec les hommes et qu’il utilisait juste sa femme pour faire bonne figure et pour avoir un héritier. Malheureusement, les femmes ne sont pas bien traitées à notre époque et j’espère que ça changera un jour.
Je m’étais rapprochée de cette femme. Pour tout dire, j’étais tombé amoureux d’elle. Je n’avais qu’une envie, partir avec elle pour recommencer une vie saine ailleurs et l’aimer dans le respect qu’elle méritait. Mais Wendy était encrée sur les traditions. Elle était mariée et il était hors de question pour elle de tromper son mari. Je respectais son choix même si c’était dur de la voir comme une amie. Je faisais mon maximum pour être présent pour elle autant qu’elle le voulait. Nous échangions beaucoup par écrit et je savais à quel point il était dur pour elle d’avoir un enfant.
Je ne comprenais pas pourquoi Dieu la punissait de cette manière. Ce n’était pas elle la fautive, ce n’était pas elle qui péchait, c’était celui qui lui servait de mari. Je rêvais de lui mettre mon poing sur le nez depuis longtemps. Dans les lettres de Wendy, je sentais que ça n’allait pas, plus le temps avançait et plus elle était sombre. Je ne l’avais pas vu sourire depuis une décennie. Durant le repas, je l’avais observé discrètement. Elle n’allait pas bien je le voyais. Son mari s’en fichait, il était bien trop occupé à draguer un jeune homme blond. Il me donnait envie de vomir.
Pendant le repas, cette dernière prit congé et personne ne l’avait remarqué. Personne sauf moi. Je la suivais discrètement, mon coeur se serrait, j’avais tellement peur qu’elle fasse une bêtise. Je la voyais ouvrir la fenêtre pour chercher de l’air et je la voyais pleurer comme jamais elle n’avait pleuré auparavant. Je m’avançais vers elle, je savais qu’elle ne pouvait pas me voir car j’étais de dos. Je passais mes mains autour de sa taille qui était enfermée dans un corset comme toutes les femmes à notre époque.
« Je suis là Wendy, pleure autant que tu veux, autant que tu en as besoin. »
J’avais déjà eu ce genre d’attaque de panique intense dans mon existence. Le fait est que celle-ci était la première que j’avais durant une soirée mondaine. Habituellement, j’étais capable de garder mon sourire impeccable et gracieux sur mon visage en toutes circonstances. Kyle m’utilisait car c’était son seul but. Sauver les apparences était la base pour lui. Lors de notre rencontre, j’avais rapidement compris que je ne serais jamais profondément amoureuse de cet homme, mais il était un bon partie. J’avais eu la surprise de ma vie lors de notre nuit de noce alors qu’il m’annonçait qu’il préférait les hommes. Un blasphème en soit pour l’église. Je n’étais qu’un bel objet que l’on sortait pour faire bonne figure. Il m’avait promis de m’offrir tout ce que je désirais en échange. J’avais effectivement la plus belle garde-robe de tout Londonia, la maison la mieux décorée et le jardin le plus beau. Mais cela ne comblait pas le vide de mes deux fausses-couches. Il me l’avait fortement reproché alors que ce n’était pas de ma faute. Dorian était tout le contraire. Il était doux, gentil et un véritable gentleman qui prenait soin de ma personne. J’adorais nos promenades en été dans le parc avec mon ombrelle en tenant son bras avec douceur. J’adorais discuter avec lui sans le moindre jugement. Je savais qu’il y avait une certaine étincelle entre-nous, mais je la terrais au maximum. Cela ne devait pas se savoir sinon j’aurais de graves problèmes. Un homme pouvait avoir une maîtresse … Une femme ne pouvait pas avoir un amant.
Combien de fois ai-je rêver en m’endormant aux lèvres de Dorian contre les miennes ou encore ses mains sur mon corps nu dans un lit? Chaque fois, je me rendais à l’église pour confesser mes pêchés. Je lui écrivais dès que possible, mais malheureusement mon entrain disparaissait à mesure que le temps passait. Je me fanais lentement de l’intérieur comme une fleur que l’on laisse dans un vase avec le minimum d’eau pour survivre et qui, au final, meure à petit feu de malnutrition. J’avais cessé de sourire au fils des ans. Je devenais sombre et terne. Mon sourire n’avait rien de sincère. Il était celui des bonnes manières. Kyle ne remarquait rien. Il arrivait avec une nouvelle parure pour mettre dans ma chevelure de feu ou encore avec un parfum hors de prix sur-mesure. Je n’avais pas besoin de toutes ces choses. J’avais fixé le vide en entendant les remarques sur mon dos à nouveau. C’était si souffrant désormais d’entendre la vérité. J’étais incapable d’enfanter et tout le monde le savait. Je gardais une lueur d’espoir au fond de moi … Même si le médecin m’avait dit qu’une troisième fausse couche indiquerait que cela n’arriverait jamais.
Personne n’avait remarqué mon absence durant le repas alors que j’étais l’hôtesse de la soirée. Ils étaient tous trop occupé à se goinfrer sur notre bras. Je m’étais réfugié dans cette bibliothèque avec ma panique envahissante en espérant ne voir personne. Personne ne devait me voir ainsi. Malheureusement… ou non au contraire … Heureusement, Dorian avait remarqué que ça n’allait pas. J’avais une forte envie de mourir. Cela me prenait de plus en plus souvent. Je ne voulais plus souffrir de la sorte. Qu’est-ce que j’avais fait pour que l’on m’abandonne ainsi? Peter et Kyle … Que des échecs. J’étais loin de me douter que Victor le serait également. Je sursautais fortement en sentant les bras de Dorian autour de ma taille. Qui d’autre serait venu à ma rescousse en cet instant en fait? Je ne l’avais même pas entendu entrer dans la pièce. Heureusement, il avait pris soin de fermer la porte. Il m’offrait de pleurer dans ses bras. Je me retournais pour simplement me blottir contre son costume à queue de pie hors de prix. Je m’accrochais désespérément à lui à pleurant toutes les larmes que je ne gardais que pour mon oreiller et le soir en m’endormant.
- Oh Dorian …
Il était mon seul véritable ami et seulement je l’avais connu avant Kyle … Si seulement j’avais eu la chance de l’embrasser et de toucher sa peau une seule fois.
Contrairement au mari de Wendy, je l’avais observé durant une bonne partie de la soirée. Je lui faisais des petits sourires lorsque son regard croisait le mien. Mais je voyais bien que celui qu’elle me rendait était triste. Il était sincère, je n’en doutais pas, mais je voyais de la tristesse dans ses magnifiques yeux. J’avais tellement envie de me lever et de mettre mon poing dans la figure de son mari. Plus la soirée avançait et plus j’avais un mal fou à me retenir. Il allait vraiment falloir que je trouve un prétexte pour aller prendre l’air. Les hommes faisaient rarement ce genre de choses.
Je faisais donc mon maximum pour faire bonne figure. Quand Wendy se leva, je la suivais avec un regard interrogateur. J’attendais ensuite quelques minutes pour voir la réaction de son mari. Je n’en revenais pas. Il n’avait non seulement rien vu du tout, mais à mon avis, et de ce que je savais de Wendy, il en avait rien à foutre. Je ne pouvais pas la laisser toute seule, c’était hors de question. Je me levais et je prenais alors congé et j’allais la rejoindre. J’avais bien fait de la suivre, je ne l’avais encore jamais vu de ma vie dans un tel état.
J’allais la prendre doucement dans mes bras et elle sursauta. En même temps, je la comprenais, j’étais vraiment arrivé sur la pointe des pieds. Je la laissais pleurer contre moi. La voir comme ça me déchirait vraiment le coeur. Il fallait que je fasse quelque chose. J’étais prêt à tout pour elle, pour son bonheur, mais aussi pour le mien. J’étais tombé amoureux de cette femme dès que son regard à croisé le mien. Pourquoi refusait-elle de s’en aller avec moi ? J’avais bien assez d’argent pour que l’on parte faire notre vie ailleurs.
« Je suis là Wendy. Va préparer tes affaires et fuit avec moi ! On peut aller n’importe où et refaire notre vie, tu peux même prendre une nouvelle identité si tu le souhaites. Je suis prêt à tout pour toi. Mais ne reste pas avec lui je t’en conjure… Il ne te mérite pas tu le sais aussi bien que moi... »
C’était égoïste, mais j’espérais vraiment que cette soirée allée l’aider à ouvrir les yeux et qu’elle ferait le choix de partir avec moi. J’avais envie de la voir sourire, j’avais envie de l’entendre rire.
Prendre la fuite était la proposition de Dorian en cet instant. J’ignorais quoi lui répondre exactement. Je ne savais pas du tout quoi faire. J’étais déchirée entre vouloir toucher le bonheur et l’amour et continuer la vie que j’avais présentement. Je n’avais pas prévu que ce dernier deviendrait aussi important dans ma vie au fil des années. Au fond, je restais en vie pour recevoir ses lettres qui étaient comme des baumes sur mon coeur. Je n’étais pas surprise que ce soit lui qui vienne me retrouver et non Kyle. Kyle ne voyait pas ma détresse. J’étais sa meilleure amie disait-il, mais encore nous allons au secours de nos meilleurs amis non? Je ne tolérais plus rien de cette vie. J’étais dans un brouillard épais et Dorian me tendait une perche pour sortir de toute cette noirceur. Je poussais un soupir en posant mon front contre son torse. Ce n’était pas raisonnable de dire oui à sa proposition. Je me tenais à son veston avec force en tentant de me faire justice.
- Partons… Amène-moi le plus possible Dorian.
Il avait la réputation d’être un homme à femme dans une certaine mesure. Je m’en fichais. Il me promettait un bonheur à lequel je n’avais jamais goûté. Je le lâchais avant d’être prise de peur et je montais dans ma chambre. Personne ne remarquait notre absence dans l’immédiat mais cela ne durerait pas. J’étais l’hôtesse de cette soirée malgré tout. Je remontais le bas de ma robe avec douceur pour monter les escaliers en faisant tinter les nombreux bijoux sur cette dernière. Une fois dans ma chambre, je sortais une valise. Je n’amenais que l’essentiel. Je mettais une photo de ma famille, des toilettes simples. Je partirai avec mon manteau. Je me retournais finalement vers Dorian. Mon coeur battait à tout rompre. Je m’approchais de lui et je l’embrassais avec fougue en posant mes mains de chaque côté de son visage. Je sentais le bas de mon ventre s’illuminer alors que je ressentais un amour profond et intense pour lui.
Je rompais le baiser pour le laisser prendre la valise de cuir. J’allais sortir mais je stoppais net dans le cadre de la porte. Nous devions partir rapidement. Dorian me sommait de me dépêcher. Je me retournais pour regarder ma prison de luxe et je retirais mon alliance que je posais sur le rebord de ma coiffeuse avant de partir vers Dorian.
- Désolé.
Dans l’entrée, j’enfilais un manteau avec une capuchon de fourrure de couleur noir avant de partir en douce. Je suivais Dorian jusqu’à sa voiture avec cocher. Je montais alors qu’il donnait des indications. J’étais loin de me douter que le bras droit de mon époux nous observait alors que nous quittions la fête. Il neigeait énormément. Je me retournais par réflexe pour regarder ma belle maison avec son jardin enneigé. Cela me faisait étrange de partir après toutes ces années. Je me retournais finalement vers Dorian et je l’embrassais avec douceur. Mon gant de cuir se posant sur sa joue avec douceur. Je profitais enfin de ce baiser que j’avais tant désirer.
Mon père m’avait élevé dans le respect des femmes. Même si mes parents avaient été obligés de se mariés par obligation, ils s’étaient toujours respecté. Je ne voulais pas forcer Wendy à faire quoi que ce soit, mais elle avait vraiment besoin de changer d’air. Elle s’accrochait à moi comme si sa vie en dépendait. Mais elle ne dépendait que d’elle, je ne pouvais pas la forcer à quoi que ce soit. Je ne pouvais qu’être là pour elle. Et puis, elle finit par me dire les mots que je rêvais d’entendre depuis tant d’années, emmène-moi, partons d’ici. Il ne fallait pas me le dire deux fois. Je montais les escaliers avec elle en regardant parfois derrière moi afin de m’assurer que personne n’allait nous surprendre. Nous allions devoir faire vite. Je laissais donc Wendy faire ses valises mais elle allait devoir prendre le stricte nécessaire. Je pourrais lui racheter tout ce dont elle aurait besoin plus tard. Je surveillais la porte, prêt à intervenir au cas où. Une fois sa valise terminée, elle vint m’embrasser et je prolongeais bien volontiers ce dernier. J’avais vraiment envie d’elle et mon corps ne se gênait pas pour le faire comprendre.
Mais le temps nous était compté et nous devions vraiment partir. Je me lançais d’un pas décidé vers la porte mais Wendy s’arrêta net. Avait-elle changé d’avis ? J’espérais que non. Mais elle prit juste le soin de retirer son alliance et de la poser sur le bord de la coiffeuse. « Ce n’est rien mais nous devons vraiment y aller cette fois. » Les autres convives allaient finir par constater que cette dernière n’était plus là et moi avec. Je savais que nous risquions de nous faire prendre, mais je m’en fichais.
Une fois dehors, j’aidais Wendy à monter dans ma voiture et je demandais à mon cochet de nous emmener dans un petit appartement que j’avais en ma possession. Je savais que si on nous cherchait, on commencerait directement par ma maison principal. Une fois les indication donnée, j’allais la rejoindre et la voiture se mit en route. Wendy regarda sa maison avec une certaine mélancolie et je ne pouvais pas lui en vouloir. J’avais ma main posée sur la sienne. Finalement, elle posa sa main sur ma joue et m’embrassa. Je fermais les yeux et je prolongeais ce délicieux baiser.
Je savais que je venais de faire quelque chose de grave. J’étais partie en laissant mes invités et surtout ma vie derrière moi. Ma mère allait sûrement en faire un malaise et j’allais avoir des gens à mes troussent. Je ne voulais plus ressentir cette douleur profonde. Cet envie de mourir à chaque fois que je croisais le regard d’une personne. J’embrassais donc Dorian avec douceur alors que je ne l’avais jamais fait auparavant. Je fermais les yeux en profitant de ce baiser ressenti et qui n’avait rien à voir avec les autres que j’avais reçu dans ma vie. Je le rompais à contre coeur pour poser ma tête sur son épaule en fermant les yeux. Je voulais profiter de sa proximité au maximum.
J’ignorais où nous allions mais c’était mieux ainsi. Nous étions dans un quartier que je ne connaissais pas dans Londonia. La voiture s’arrêtait et je descendais en tenant la main de Dorian. Nous étions devant un bloc appartement qui devait sans aucun doute lui appartenir. Je le suivais dans les escaliers et jusqu’au dernier étage. Il ouvrait la porte sur un appartement plus que superbe selon moi. Il devait y venir pour affaire ou quelque chose dans ce genre. Je retirais l’épingle qui retenait mon chapeau et je posais ce dernier sur la table. Kyle ne m’avait pas vu partir encore, mais je restais inquiète. Le chauffeur posait ma valise dans l’entrée et je retirais mon manteau pour le mettre sur le crochet avec douceur. J’avais encore ma robe de soirée sur le dos et mes gants de satin absolument parfait. Je passais ces derniers sur ma robe en restant au milieu de la pièce. Une fois la porte fermée, et verrouillée, je ne bougeais pas vraiment. Je ne savais pas quoi faire de mes dix doigts.
- J’ignorais que tu avais un appartement à Londonia en plus de ta maison.
J’avais envie de l’embrasser à nouveau, mais je me retenais. Me rendant compte de la noirceur des lieux, j’allais allumer une lampe à huile sur la table. Je prenais mon temps avant de lui faire un petit sourire en coin. J’avais l’habitude d’être la maîtresse des lieux. C’était mon rôle auprès de Kyle. Je regardais ma main dénudé d’alliance et je me sentais un peu vide en cet instant. Un sentiment que je ne connaissais que trop bien. La dépression avait lentement rongée les moindres recoin de mon âme avant de prendre la pleine possession de cette dernière. Je n’étais que noirceur et détachement sauf lorsqu’il m’écrivait ou lorsqu’il posait son regard sur moi. J’étais amoureuse de Dorian Gray.
Je savais qu’emmener Wendy avec moi aller nous attirer des ennuis. Nous allions donc devoir quitter la ville autant pour sa sécurité que pour la mienne. Mais ça ne me posait pas de souci. J’étais un homme pleins de ressources et j’avais les moyens de nous faire disparaître s’il le fallait. Commencer une nouvelle vie sous une nouvelle identité ne me faisait pas peur. Le plus important pour moi, c’était que nous restions ensemble. Mais nous allions devoir rester dans un de mes appartements durant quelques temps, car un changement de vie aussi radical, allait me demander un peu de préparation.
On arrivait assez rapidement et une fois à l’intérieur de l’appartement, je retirais mon manteau et mon chapeau et je la regardais en souriant. Elle était tellement belle. Je m’avançais vers elle et je posais mes mains sur ses hanches après que cette dernière ait prit le temps d’allumer une lampe afin que nous ayons un peu de lumière. « Oui, je suis un homme plein de surprises. » Je lui faisais un petit sourire en coin. Je voyais bien qu’elle était ailleurs et je pouvais tout à fait comprendre qu’elle appréhendait ce qui allait se passer par la suite.
« Je suis là, ça va aller d’accord ? Je vais nous faire de nouvelles identités et on va quitter la ville pour recommencer une nouvelle vie ailleurs. Est-ce que tu as une idée de la destination qui te ferait plaisir ? » Moi je me fichais de l’endroit, je voulais juste vivre heureux avec elle, la rendre heureuse et fonder une famille. Je m’imaginais déjà dans une belle et grande maison avec deux beaux enfants. Mais nous allions devoir faire une chose à la fois. Je la gardais contre moi et je posais ma main dans le bas de son dos.
J’allais devoir la laisser seule le temps de m’occuper des passeports et du moyens de locomotion que nous allions devoir utiliser pour partir. Le plus tôt sera le mieux d’ailleurs. Je savais que mon homme de main allait bien s’occuper d’elle. Elle était tellement belle dans sa robe de soirée. Je savais que son mari s’en fichais mais pas moi. Elle avait retiré son alliance avant de partir et ça voulait tout dire. Elle voulait mettre fin à son mariage et à sa vie de souffrance. Je ne pouvais que trop bien la comprendre quand je me mettais à sa place.
Ce vide sans fin au plus profond de mon âme. Le même que je ressentais lorsque j’attendais adolescente rêveuse près de la fenêtre chaque soir en regardant les étoiles. L’absence de main tendue vers moi alors que j’aurais souhaité en avoir une. Ma main était nue. Pas d’alliance. Pas de formalité. Une trahison pour les gens de la haute société comme nous. Nous étions dans le péché le plus profond et je n’en avais étrangement pas honte. J’avais un peu voyagé avec mon mari sans vraiment profiter. Je tentais de regarder les paysages, mais rien ne semblait me faire plaisir. Je fixais le vide et j’achetais de beaux tissus pour combler le vide. L’argent n’achetait pas tous et sans moi, Kyle n’aurait pas la fortune qu’il avait présentement. Dorian tâchait d’être rassurant à mon égard. Je lui rendais un très léger sourire . Il allait s’occuper de nous trouver des identités toutes neuves. Je sentais sa main dans le bas de mon dos en cet instant et je fondais mon regard dans le sien sans être capable de m’en détacher une seule seconde. Oh doux amour qui rongeait mon âme en cet instant … Que je t’en voulais de me rendre volage et dans le péché …
J’ignorais ce que j’avais en tête comme avenir avec lui. Serais-je capable de porter des enfants de lui? Serais-je capable de le rendre heureux ou allais-je finir dans le tréfond des limbes dans la souffrance éternelle? Je lui répondais sans le moindre détour et sans la moindre hésitation à sa question.
- Je veux voir les Nides.
Je voulais voir les couleurs et l’importation des tissus exotiques. Je voulais monter sur le dos des éléphants. Les Nides proposaient une nouvelle vie aux gens comme nous. J’étais certaine que Dorian avait des affaires là-bas de toute façon. C’était si florissant et c’était sans compter les épices de grandes qualités pour l’importation. Là, cependant, j’avais envie de l’embrasser. Je capturais ses lèvres sans la moindre gêne et je glissais une main dans son cou. Mon coeur voulait sortir de ma poitrine alors que j’étais infidèle à mon époux, mais fidèle à mon coeur et mon âme.
- Je veux être à toi cette nuit et toutes les autres … Je veux t’appartenir pour toujours.
Je lui retirais son nœud papillon avec douceur avant de détacher les boutons de manchette de sa chemise. Je prenais mon temps en le regardant dans les yeux. Je ne pouvais pas lui résister. Je ne pouvais plus lui résister. Je voulais être la femme de Dorian Gray.
Je ne voulais pas la stresser, très loin de là, mais nous ne devions pas perdre de temps. Je me doutais très bien que son mari avait très certainement dû nous faire suivre. Il allait tout faire pour la récupérer uniquement dans le but de sauver les apparences. J’étais vraiment prêt à tout pour Wendy, même à me battre en duel s’il le fallait. Elle était tout pour moi et la voir heureuse était la chose la plus importante pour moi. Heureusement, j’étais le genre prévoyant et j’avais beaucoup de relations. L’argent et la puissance ouvraient de nombreuses portes. Je gardais ma main dans la sienne.
« C’est un excellent choix de destination. »
Je lui faisais mon plus beau sourire. Comme la plupart des hommes riches, j’y possédais de nombreuses affaires. Je possédais aussi une très belle propriété qui serait idéal pour un nouveau départ. On pourrait y fonder une famille sans la moindre difficulté. La maison était vraiment grande. Je l’avais fait construire avant même de connaître Wendy. Tout comme mon père, j’avais un peu la folie des grandeurs. Je ne voulais pas finir ma vie tout seul. Je voulais avoir une femme et des enfants et leur donner le goût de l’art.
Wendy vint m’embrasser et je posais délicatement ma main dans le bas de son dos. Ses lèvres étaient d’une incroyables douceur et elles avaient un goût de fleurs que j’avais toujours apprécié. Je devais vraiment retenir mes ardeurs. J’avais envie d’elle depuis tellement longtemps. Mais elle méritait que je lui fasse l’amour avec passion et respect. Je la laissais faire en souriant et je ne baissais pas le regard. « Ca me va très bien comme programme. Je t’aime Wendy et je veux te rendre heureuse, je veux te donner la vie que tu mérites. » Une vie de femme aimée et non une vie de trophée.Je ne comprenais pas comment son mari pouvait la traiter de la sorte. Elle était très douce dans ses gestes et je la voyais déjà avec nos futurs enfants. Elle ferait une maman exceptionnelle.Pour moi, ce n’était pas elle la responsable de ses fausses couches, c’était lui. Dieu lui même ne voulait pas qu’il puisse se reproduire et avoir une descendance. Je ne pouvais que le comprendre. Je ne voulais pas aborder ce sujet avec elle car je savais que ça lui faisait mal. Pour le moment, j’avais juste envie qu’elle soit mienne.
Accueil
Dim 4 Oct - 23:58
