« Beau boulot! Vous avez bien bossé! »

Je souriais au médecin de garde de la salle de traumatologie. Nous avions reçu trois blessés par balles en même temps. Autant le dire ça avait été un peu la pagaille. Deux étaient dans un état critique et le troisième hurlait comme une fillette à cause de l’état de choc. J’avais obtenu un nouveau poste comme assistante infirmière chef de l’urgence. Autant le dire, c’était mon boulot de gérer ce genre de crise. Je m’assurais que chacun faisait sa tâche et je me retroussais les manches dès que l’on avait besoin de moi. J’avais aidé le médecin résident à prendre les bonnes décisions et rapidement. J’avais calmé une infirmière un peu trop nerveuse et j’avais assisté le médecin de garde pour l’installation d’un drain thoracique pour décompressé le poumon du patient avant de le rendre au bloc opératoire. La salle de choc était dans un état épouvantable, mais j’avais déjà mis l’équipe de nettoyage sur le coup. Je les remerciais chaleureusement avant d’aller au poste principal pour donner mon rapport avec le tableau numérique à celle qui prendrait ma relève pour la nuit.

Une fois mes indications données, je me rendais dans les vestiaires pour prendre une bonne douche et me changer. J’avais du sang dans les cheveux et une sainte horreur de sortir sale ainsi. Une fois propre, j’enfilais un jeans et un t-shirt blanc. Rien d’extraordinaire. La gardienne de Neal restait toujours pour la nuit par habitude et je décidais que je méritais bien de prendre un petit verre même si nous n’étions que mardi. Je sortais mon téléphone de ma poche pour regarder mes messages. Dave m’avait écris et je me sentais rougir immédiatement. Il m’avait souhaité une bonne soirée. Il bossait comme un fou et je n’avais eu la chance que de le revoir aux festivités à Central Park pour Halloween.

J’enfilais mon manteau et direction le Poisoned Apple bar. J’avais envie d’un cocktail haut en couleur et en saveur. Je ne comptais pas boire jusqu’à plus soif. J’avais simplement envie de me détendre et qui sait, de discuter avec Roni si cette dernière n’était pas trop occupée. J’arrivais au bar vers 1h00 du matin et j’entrais après avoir payé le portier qui me saluait gentiment. J’étais tellement de bonne humeur malgré ma soirée. Il n’y avait en effet pas foule ce soir. C’était même tranquille. J’allais au bar et je faisais un signe de main et un sourire à la propriétaire que je ne connaissais que trop bien. J’attendais qu’elle s’approche pour lui faire la bise.

- Oh! Je suis trop contente de te voir Roni! Qu’est-ce que tu me suggères ce soir avec ta fameuse carte? En dehors des trucs aux pommes car tu sais que j’ai horreur de ça.

Elle connaissait parfaitement mes goûts depuis le temps. Je retirais mon manteau pour le poser sur le banc à côté de moi.

-Tu as l'air d'aller bien ! Comment tu vas ?

J’étais tellement heureuse de voir Roni! Je lui avais fait la bise avec tout l’amour que j’avais pour cette femme. Je m’installais sur un tabouret en posant mon sac. j’avais le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Je la regardais dans les yeux en prenant la carte des boissons qu’elle me tendait.

- Je vais super bien. J’avais besoin de me détendre avant de rentrer à la maison et puis de te voir aussi! Tu m’as beaucoup manqué si tu savais. Alors alors … qu’est-ce que je vais prendre? Mon Dieu Roni ta carte est juste incroyable comme toujours! Elle est une véritable magicienne en plus.

Je réfléchissais avant de jeter mon regard sur un truc aux ananas plutôt rigolo.

- Je vais prendre le Not your Snow White Bitch! C’est drôle! Il me parle ce nom. Enfin bref!

Je lui demandais comment elle allait et je l’écoutais avec attention alors qu’elle me parlait. Elle demandait naturellement des nouvelles de Neal. Je ne pouvais m’empêcher de sourire et de sortir mon téléphone.

- Je vais super bien. Neal aussi d’ailleurs. Il a eu un an tu imagines! Le temps passe tellement trop vite! Je me souviens encore lorsque je t’ai appelé en pleurant parce que je ne savais pas quoi faire et que j’avais les hormones qui partaient en cacahuètes.

Je prenais une gorgée de mon petit cocktail et je le goûtais en la remerciant au passage. Oh bordel ça fondait comme neige au soleil dans ma bouche. C’était juste incomparable!

- Je n'aurais jamais pensé au sirop de banane. Seigneur! Tu diras à Elle qu’elle est géniale! Mais en fait, il faut absolument que je te parle de quelque chose qui m’est arrivé aux urgence l’autre semaine! Je vais commencé par simplement te dire un mot : Pompier.

J’étais de bonne humeur. J’avais revu le beau Dave lors de la fête dans Central Park. Je n’arrêtais pas de le croiser depuis. J’avais encore espoir qu’il serait le bon mais je pouvais me tromper. J’avais un petit sourire en coin un peu taquin en parlant à Roni et sans aucun doute des étoiles dans les yeux. Dave dégegait quelque chose que je ne pouvais même pas décrire. J’en étais tout simplement incapable. J’étais loin de me douter qu’il était en fait le père de mon fils. Le hasard faisait bien les choses d’une certaine façon. Je voyais dans le regard de mon amie qu’elle allait me poser pleins de questions. Elle aimait ce genre de potins en plus.

-Tu as l'air d'aller bien ! Comment tu vas ?

Roni me qualifiait que j’étais une mère remarquable. Je n’en avais pas l’impression tous les jours. Mon fils était une véritable terreur un peu casse-cou. Je me mettais à rigoler un peu à cette idée et je sirotais mon verre de satisfaction.

- Nous sommes des mères remarquables! Aux mères célibataires!

Je levais mon verre en attendant qu’elle en prenne un pour trinquer avec moi. Je buvais une autre gorgée du miens ensuite. J’allais devoir me calmer la descende sinon je serais dans une belle grosse merde pour rentrer chez moi. Je changeais la conversation vers ma fameuse rencontre avec le beau Dave Neal des urgences. Je continuais de sourire avant de tenter de changer de sujet, mais on ne faisait pas ça à Roni. Elle était pire qu’une journaliste lorsqu’il s’agissait d’histoires de coeur.

- J’adore te faire languir. C’est rigolo en fait. Écoute, c’était une soirée très calme aux urgences et je faisais un double. Vers 2h45, nous avons reçu un encodage à cause de gens intoxiqués par la fumée et un pompier blessé. Là, je prépare les équipes et je décide de me charger du pompier. Roni … J’ai jamais vu un mec aussi bien taillé de toute ma sainte vie et je ne te parle pas de la voie basse. Il avait un caleçon vachement moulant. J’étais à sa tête et ses yeux Roni! SES YEUX! Ah juste d’y penser!

Je buvais mon verre d’une traite avant de poser mon verre. Je faisais une petite moue.

- Bon, aller! Un autre! Pour en revenir à monsieur Dave. Il avait la cheville dans un sale état. Un vrai massacre, mais on a réussi à faire un boulot de dingue sans séquelle et un plâtre trop mignon. Je lui ai même fait un coeur dessus en laissant mon numéro quand j’ai su qu’il était célibataire et tu sais quoi? Il m’a rappelé le lendemain! C’était un peu contre ma déontologie, mais je sais pas. Quand j’ai plongé mon regard dans le sien j’ai cru que j’allais mourir de bonheur. C’était tellement étrange. Il est venu me chercher un soir après le boulot et on a échangé les politesses d’usage avant d’aller chez moi prendre un café irlandais … Dans mon lit …

Oh la vilaine Mary que j’étais. J’avais passé un bon moment avec lui et je n’avais pas perdu le contact. Nous nous parlions tous les jours. J’étais tellement sur un petit nuage. J’ignorais ce que ça allait donner, mais il savait que j’avais un fils. C’était déjà bien que ça ne l’ait pas fait fuir.

- Roni je craque totalement pour un pompier sexy et son uniforme … Oh mon Dieu … Il est trop beau dedans. J’aimerais bien qu’il vienne éteindre mon petit feu si tu vois ce que je veux dire. Je peux pas croire que je viens de dire ça

Il n’y avait bien qu’avec Roni que je pouvais avoir un langage aussi grivois. Moi, qui était d’une belle douceur habituellement, j’avais l’impression de perdre mes moyens en parlant de Dave. Ah, Dave … Je savais que nous étions sommairement ensemble, mais sans plus. Je ressentais un amour plus que profond pour cet homme. J’avais espoir qu’il accepte définitivement mon petit garçon et que nous passions à l’étape suivante, mais je n’étais pas une imbécile. Nous étions dans un monde sans pitié mais ce qui se passait avec lui était tellement différent. Je gardais la foi et l’espoir en nous. Un nous qui serait concret un jour et sans la moindre faille.

- Oh oui Roni, mourir de bonheur. Tu sais bien que je ne laisserais jamais Neal dans de beaux draps. Il est le premier homme de ma vie.

Roni parlait ensuite de mon petit feu. Je me mettais à rougir comme une adolescente en riant et ne prenant une gorgée de ma boisson. Elle devait me trouver à la limite de l’hystérie, mais je ne pouvais pas parler de cette histoire à n’importe qui. On dit que les policiers et les pompiers vous utilisent avant de vous jeter. Ce n’était pas l’impression que j’avais avec Dave cependant. Je sentais que c’était quelque chose de plus … Intense et d’important.

- Bof, quelques mois tranquillement. Il a eu son accident en début octobre et nous nous sommes recroiser souvent comme si le hasard faisait bien les choses. Il est clair que tu auras l’occasion de le voir. Je compte bien l’amener ici boire un des fameux cocktails de la belle Elle. Sérieusement, cette fille à un talent de malade.

Je sortais mon téléphone portable pour aller fouiller et je trouvais une photo de Dave et moi au parc à prendre une marche ensemble avec Neal dans mes bras. Je n’avais jamais remarqué mais les deux hommes avaient exactement le même regard. Une véritable copie. Je montrais la photo à Roni avec le sourire.

- Regarde, c’est lui. Neal l’adore si tu savais. Il est toujours heureux de le voir et de passer du temps avec lui. Dave ne semble pas en faire de cas que j’ai un bébé de un an. Je crois que ça veut dire que c’est sérieux sinon il serait déjà parti non?

Je voyais le regard de la brune changer et je penchais la tête sur le côté en la regardant.

- Ça va Roni? Tu le connais?

Dave aurait pu prendre ses jambes à son cou en apprenant que j’avais un jeune enfant mais non. Il était en fait resté d’avantage et profitait même de la présence du petit. Il s’amusait à le faire rire et n’hésitait pas à venir à la maison pour passer du temps avec lui et moi. Il y avait une belle complicité naturelle entre mon fils et lui. Je laissais les choses se faire car je ne voulais pas qu’il se sente obligé ou forcé. Je reprenais une gorgée de mon verre en remerciant Elle d’être aussi géniale pour la mixologie. Elle avait vraiment un don en la matière Roni avait entièrement raison. Je me prenais à lui espérer une belle promotion ou alors un découvreur de talent. Elle le méritait et Roni méritait le succès de son établissement.

J’avais donné mon téléphone à la propriétaire du bar et je continuais de boire très lentement mon cocktail. Le regard de Roni changeait complètement alors qu’elle voyait la photo de Dave avec mon fils et moi. Je ne comprenais pas trop pourquoi. Je reprenais finalement mon téléphone et mon amie me questionnait sur l’identité du père de Neal. Je poussais un soupir de découragement sans la moindre gêne.

- Je n’en ai absolument aucune idée. Mes collègues m’ont dit que c’était un beau garçon mais il semble que cette soirée soit aussi floues pour elles que pour moi. Je me souviens juste m’être réveillée dans un lit seule qui n’était pas le mien et le type était sous la douche. J’ai pris mes choses parce que j’étais morte de honte et je me suis enfuie. J’étais loin de m’imaginer que nous n’avions pas mis de préservatif.

Roni continuait ensuite de me questionner et me faisait remarquer quelque chose. Dave et Neal avaient les même yeux. Je fronçais les sourcils et je ressortais mon téléphone de mon sac.

- Les mêmes yeux? Voyons Roni c’est l’éclairage qui te fait dire ça. Attends, on va regarder encore la photo.

Je retournais à la photo et là, je portais une immense attention. Mon Dieu … elle avait totalement raison. Je sentais mon sang se glacer. Je portais même une main à ma bouche en étant sous le choc. Et si c’était Dave le père de Neal en fait? La complicité, la facilité et l’implication? J’étais complètement sous le choc.

- Nom d’une pomme d’amour! Tu as raison Roni! Ils ont exactement les mêmes yeux! Et Neal a tellement de facilité avec Dave. Je veux dire … je croyais que c’était parce qu’il sentait que Dave était gentil avec lui je … Est-ce que tu crois que c’est lui? L’homme que j’ai rencontré ce soir-là? Dommage que tu n’ais pas de liste avec les reçus ou je-ne-sais-quoi …

Je prenais une gorgée de mon verre. Heureusement, pas de clients à l’horizon. Je ne serais sentie bien méchante de monopoliser la belle Roni.

- Je fais comment pour savoir moi? Bordel Roni, je crois bien que c'est le père de Neal !