Ludwig avait déserté le navire, il était parti vers sa destination. Contrairement à ce que j’avais prévu, je décidais de ne pas tout de suite. Ma curiosité me poussait à découvrir les lieux et Rozen avait piqué ma curiosité le jour de notre rencontre. Elle m’avait parlé du Pays des Merveilles avec beaucoup d’enthousiasme. Un peu d’exploration ne me ferait pas de mal, et j’avais soif de découverte !
Avec quelques membres d’équipages, nous nous étions enfoncés dans les terres. On avait découvert des choses étranges, mais intéressantes. Cette contrée n’avait rien avoir avec les pays que nous connaissions, c’était vraiment épatant. Cependant, je ne choisirais jamais de rester vivre ici, je pensais même ne pas trop m’attarder non plus. Ça empestait la magie, et un je ne savais quoi qui ne me laissait méfiante.
Lorsque je décidais de retourner au Revenge, j’entendis des bruits de pas qui s’approchaient de moi et de mes hommes. Je sortis mon épée et fis signes à mes matelots d’être sur leurs gardes. Nous continuions d’avancer jusqu'au moment où des gardes apparurent. Ils étaient beaucoup plus nombreux que nous. Je choisis de ranger les armes.
- On s’est juste un peu perdu en mer… Mais je crois qu’on va retourner sur notre navire, hein ? Qu’en pensez-vous messieurs ?
Hm… Ils n’étaient pas d’accord avec moi. Ils préféraient m’emmener à leur reine apparemment. Je soupirais et lui suivis docilement. De toute façon, à nous cinq, nous l’allions pas pouvoir faire grand-chose. Autant essayer de sauver notre peau avec des négociations. Une fois arrivés devant leur la dite reine, je fis une courbette quelque peu exagérée.
- Votre majesté… Anne Bonny… Capitaine un peu perdue, de toute évidence.
Cora venait de coincer un navire pirate dans le large du royaume rouge du Wonderland. Elle ne comprenait point comment un navire pirate avait donc pu arriver jusqu’ici, sa réaction fut donc instantanée : elle ordonna à ses gardes d’aller les attraper et de les lui amener.
La reine de cœur attendait sur son trône, elle était à ce moment-là sûrement la reine la plus prestigieuse du monde. Elle était riche à souhait, puissante comme jamais personne ne pouvait bien l’être, et surtout, elle était charismatique, elle inspirait le respect et la crainte de tout le monde, même le plus insensible des guerriers.
A son grand étonnement, ce fut pas un mais une pirate qui entra dans la pièce. Cora, impassible, la regardait s’avancer puis s’avancer. Cora ordonna de l’ordre dans les rangs de ses soldats. C’était impréssionnant : ils étaient tous à 50 centimètres pile de différences, droit comme des bâtons, et agissaient tous en même temps, tel des machines. Cora se leva, posa sa coupe de vin sur le plateau que son serveur venait de tenir une heure durant, et s’avança, descendant les escaliers, elle dit froidement dans une ambiance à glacer le sang :
« Perdue ? Trésor, ne dites-pas de sottises, si l’on vient au Wonderland, c’est que l’on veut venir, et qu’on obtient de l’aide pour y parvenir. Or, vous avez affirmé à mes gardes que vous étiez perdus en mer. »
Elle s’avançait doucement, alors qu’un de ses gardes avala sa salive lourdement, glacé de peur même dépourvu de cœur.
« Savez-vous comment je punis les menteurs ? Je leur transmets un poison dans l’orteil du pied droit à l’aide d’un rouet, et ce poison monte lentement dans votre corps, paralysant membre par membre dans une douleur atroce, jusqu’à finalement vous paralyser le cœur, et vous faire mourir. Vous ne voulez pas finir comme ceci madame Bonny, voulez-vous ? »
« Trésor » ? Je lui en foutrais des trésors moi ! Pff ! Ce n’était pas parce qu’elle était une reine que j’allais me plier à ses ordres. Soit, l’ambiance était quelque peu glaciale, mais je n’y fis pas attention, préférant garder mon air lassé et exaspéré. De toute façon, un pirate finissait toujours pas se faire prendre non ? Je ne ferais sans doute pas exception à la règle. Malheureusement. Je l’écoutais donc, parler, me menacer…
Pourquoi menacer ? Ce n’était pas utile, nous étions déjà pris au piège. Cherchait-elle simplement à nous impressionner ? Avait-elle donc besoin de ça pour se faire respecter ? Ça en serait presque pitoyable. Si elle régnait seulement grâce à la crainte, je la plaignais sincèrement. Mais peut-être ne devais-je pas lui dire ce genre de chose, je risquais de la vexer. Je me contentais de lui faire le plus beau de mes faux sourires avant de répondre :
- En effet, ça serait regrettable de finir ainsi mes jours… Il y a des fins plus joyeuses et heureuses.
Mon sourire ne s’effaçait pas. Ce sourire hypocrite qui s’affichait toujours quand j’avais à faire à la royauté ou à des personnes de pouvoirs. Allez savoir pourquoi, je n’avais pas envie de leur montrer la moindre peur. Peut-être par orgueil, parce que sur mon navire, c’était moi la reine.
- Sinon, pour vous répondre en toute honnêteté, on m’a payée pour emmener un petit roi déchu sur vos terres, mais je ne sais pour quelle raison il voulait venir ici. Et on m’a parlé de vos contrées fortes… originales ? Ma curiosité a été piquée. Alors que je voulais retourner sur mon navire, ils me sont tombés dessus. Rajoutai-je en désignant ses gardes qui se tenaient à ses ordres.
De vrais petits chiens, ces hommes… C’était pathétique.
« Il y a en effet des fins beaucoup plus joyeuses que celle-ci. »
La pirate expliqua finalement la raison de sa venue, et Cora en fut surprise : un roi déchu, au Wonderland ? Elle avoua cependant qu’elle ne savait pas pour quelles raisons il était venu ici… Enfin, si il y avait une menace envers elle, elle l’aurait su à la minute où ce personnage aurait mis les pieds au Wonderland.
Au discours de la pirate, si assurée, si sure d’elle, Cora eut une idée. Elle dit alors :
« Laissez nous seules. Nous allons discuter entre femmes. Alejandro, faites en sortes que ses compagnons aient quelque-chose à manger. » La reine de cœur se tourna vers les pirate, en disant : « Ne tentez rien, vous risquerez de bien le regretter. »
Il fallait être timbré pour tenter quelque-chose contre Cora dans son propre château, entouré de gardes surentrainés. L’armée de Cora était sûrement l’une des plus puissantes du monde, et pour une raison : ses soldats n’avaient rien à perdre, absolument rien. Ils n’aimaient personne, n’avaient pas de famille ni d’amis, c’était triste à dire, mais il n’avait qu’un but dans la vie : servir Cora jusqu’à leur mort.
Une fois tous les hommes congédiés, Cora but une gorgée de vin, et fit apparaître, sans bouger d’un cil un mât absolument magnifique. Elle dit :
« Voici une antiquité que j’ai depuis longtemps en ma possession, j’ai toujours voulu m’en servir, mais je ne sais malheureusement pas naviguer… Vous l’avez reconnu j’imagine, ce mât permet de passer d’un monde à l’autre, tout pirate rêve d’avoir ceci j’imagine. » Elle commença à marcher, et dit, sur un ton moins rêveur que quelques secondes auparavant :
« Cependant, vous le savez Madame Bonny, tout à un prix. Alors, je dois m’en assurer, jusqu’où seriez-vous prête à aller pour obtenir ce mât ? »
Soudain, la reine de la contrée congédia ses hommes, ainsi que les miens. Elle puait la magie à plein nez. Je restais sur mes gardes avant de me tourner vers mes matelots l’air sévère. Ils devaient se méfier aussi, je leur conseillai d’une voix ferme et sèche :
- « Prudence est mère de vertu », on ne mange pas à la table d’une reine inconnue. Vous savez ce qui est arrivé à l’équipage d’Ulysse, n’est-ce pas ? Je me tournais vers sa Majesté en souriant. Je n’ai nullement le projet de tenter quoi que ce soit. Je suis peut-être courageuse, mais je ne suis ni folle, ni suicidaire.
Comme je l’avais dit, elle était une femme inconnue, je ne savais pas de quoi elle était capable. Au vue des menaces qu’elle m’avait faites quand j’étais arrivée, il était évident qu’elle avait du pouvoir. Pouvoir politique et pouvoirs magique. J’avais certes de l’assurance, mais je savais aussi être prudente à mes heures perdues. Qui sait combien de temps je resterais assez méfiante pour ne pas tomber dans un piège ? Je devais garder l’esprit clair et la tête sur les épaules, ne pas me laisser emporter par mes pulsions colériques comme je pouvais le faire.
Lorsque nous fûmes que toutes les deux, je l’observais avec attention. Elle but une gorgée de vin. Elle avait l’air sûr d’elle, elle aussi. Puis, elle fi apparaitre un mât avec une sublime voile. Une sorcière donc. Même en étant une louve géante, je ne ferais pas le poids contre elle, alors autant l’écouter avec attention. Elle voulait m’offrir ce matériel magique qui permettait de voyager à travers les mondes, en échange d’un service…
- La magie a toujours un prix et le prix est souvent élevé. Je peux faire beaucoup de choses : voler, prendre en chasse quelqu’un, ou encore tuer quelqu’un… Mais je n’accepte les paiements qu’une fois mes missions accomplies. Ainsi, si je ne parviens pas à vous satisfaire, je ne vous devrais rien et vous pourrez donner ce prix à un autre pirate par exemple. J’ai su me débrouiller sans cette voile jusque ici, je peux encore le faire pendant quelques temps je suppose.
La capitaine mit en garde ses soldats, Cora ne put s’empêcher de rire doucement avant de dire :
« Si j’avais voulu la mort de votre équipage, ainsi que votre mort, j’aurais juste eu besoin d’un mouvement de poignet. Votre équipage peut manger en sécurité, ils ne mourront pas ce soir. »
Cora avait en effet une grande puissance et pouvait ôter la vie si facilement qu’un empoisonnement serait trop compliqué, et trop embêtant. Enfin, s’ils voulaient garder leur estomac vide, c’était leur problème, mais ils n’allaient point être empoisonnés. Elle marcha alors doucement, expliquant ce qu’elle proposait comme contrat avec la pirate et écouta sa réponse. Elle l’écouta jusqu’à la fin, avant de réagir calmement :
« La mission que je vous donne est très simple, comparée à ce que je vous offre en échange. C’est un simple meurtre contre la deuxième reine du Wonderland, Juliette White-Queen. Je vous demanderai cependant de me ramener sa tête, pour que je sois sûre de son décès. » Elle but une gorgée de vin et dit : « Vous avez peut-être raison très chère, je vous conseille en revanche d’accomplir votre partie du contrat, cette voile est plus qu’indispensable et les meilleurs marins, pirates ou navigateurs se doivent d’avoir un objet tel que celui-ci. »
Cora pensait réellement que le prix contre cette voile était infime : elle avait juste à tuer une inconnue, rapporter sa tête pour avoir une voile lui permettant de naviguer sur toutes les terres du monde des contes.
Malgré ce qu’elle pouvait dire, je continuais à faire non de la tête à mes hommes. Il valait mieux être prudent, peut-être le seraient-ils plus que moi. Être seule avec la Reine de Cœur n’était guère rassurant, mais je savais cacher mes émotions et faire comme si j’étais aussi confiante qu’elle. A entendre son marché, elle avait besoin de moi. Il était hors de question que je la laisse imposer ses conditions, je devais aussi poser mes conditions. Je ne voulais pas être enchainée à elle par un marché, il fallait que je trouve un moyen d’être libre, ou au moins en partie libre de ce contrat. Elle m’expliqua alors ma mission, la qualifiant de « simple », m’arrachant alors un rire sarcastique.
- « Simple » dites-vous ? Tuer reine, c’est simple vous trouvez ? Une reine est entourée de gardes, et si c’est une bonne reine, elle est aimée de son peuple. Dans ce cas là, je ne donne pas cher de ma tête… Et si c’était si simple, pourquoi vous ne le faites pas vous-même ? Vous qui semblez avoir tant de pouvoirs… Ou pourquoi ne pas donner cette mission à l’un de vos sbires ? Qui semblent être de véritable lèches c… lèches bottes.
Je l’écoutais encore. Une menace semblait planer dans ses propos, elle ne semblait pas vouloir me laisser le choix.
- Je ferai ce qui possible et ce que je jugerai juste… Je ferai au mieux pour accomplir cette mission. Mais j’ai su me passer de cette voile, je continuerai de le faire si nécessaire. Il y a bien d’autres moyens pour voyager entre les mondes.
Et pourquoi voyager à travers les mondes ? J’étais bien là… Et je n’avais personne à retrouver : William et Jack étaient morts, Killian était sur les Sept Mers également et Absolem… Je l’avais vu après la Malédiction, donc il devait être là aussi…
Cora ria à la phrase de la pirate, et s’approcha d’elle, verre à la main, et dit :
« Mes gardes ne sont pas de véritables lèches-cul, croyez-moi, ils sont bien plus que cela. Mes gardes se battent avec leur cœur. Mais le sujet n’est pas là. Je ne vais pas moi-même tuer Juliette, ou n’envoie pas mon armée car ce serait bien trop désastreux, les menaces extérieures se multiplient, je ne peux pas pour le moment lancer une guerre, ni me rendre seule à son palais. Ses mages ont multiplié les défenses pour que je ne puisse pas y aller. » Elle marcha alors en rond avant de s’arrêter et reprendre, plantant son regard droit dans celui de la pirate, et dit :
« En revanche, vous, elle ne vous connait pas, elle ne se méfie pas de vous. La mission sera simple pour une pirate de votre envergure, après-tout, c’est exactement la même chose que voler, mais cette-fois-ci, il suffit de ramener un corps. »
La reine de cœur aurait pensé que la pirate serait emballée d’un tel « cadeau », mais au final pas tant que cela : elle s’était sûrement trompée. Elle dit :
« C’est vous qui voyez, mais je ne pense pas que ce soit une tache si difficile que cela, vous semblez déjà penser le fait que vous avez échoué. »
Etrangement, je trouvais que le rire ne lui allait pas du tout, elle était encore plus effrayante quand elle riait que quand elle faisait la tête, mais je me gardais de lui faire une telle remarque. Ça serait déplacé auprès de « sa Majesté ». Je me contentais de lui faire un sourire face à quelques remarques de sa réplique à mes paroles. Je me demandais comment il fallait prendre l’idée de « ils se battent avec leur cœur »… ça pouvait avoir bien des sens. Enfin soit. Elle m’expliqua ensuite pourquoi elle ne s’y rendait pas, et pourquoi moi je pourrais y aller et réussir ma mission. Soutenant son regard, je l’écoutais avec une grande attention.
- Voler la pièce d’or posée sur la table est une chose, mais courir après une tête couronnée, s’en est une autre. Ces tâches ne demandent pas la même habilité, mais ça reste dans mes cordes, même si je pense qu’une reine se méfie toujours des pirates.
Malgré tout ce qu’elle pouvait dire, je maintenais que le fait de tuer une reine n’est pas une tâche aisée. Je la laissais dire et me contentais d’acquiescer sagement la tête pour lui donner raison. De toute façon, il était évident que je ne la ferais pas plier et elle n’avouerait jamais qu’elle m’envoyait effectuer une mission dangereuse. Qui le dirait honnêtement ? Par contre moi, je voulais être honnête. C’était pour cette raison que je l’informais de mon éventuel échec.
- Je ne pense pas que je vais échouer. Je vous dis simplement que je ne peux pas garantir une réussite. Le risque zéro n’existe pas, Majesté. Mais je ferai au mieux, je ferai tout ce qui est possible pour vous ramener la tête d’une Reine.
« La seule différence entre une pièce d’or et cette reine, c’est que la pièce d’or a bien plus de valeur. Vous y arriverez, enfin, j’ose l’espérer. Les reines se méfient en général des pirates oui, mais encore faudrait-il qu’il y en ai au Wonderland très chère. Je vous conseille vivement de vous trouver une couverture, une fausse identité. »
Tous les pirates ou semblant de pirates avaient leurs têtes accrochées, cristallisées pour pas qu’elles ne pourrissent à l’entrée du palais de cœur, donc, qu’il y ai une pirate au royaume blanc, cela serait en effet très suspect. De plus, le Wonderland était un pays presque inaccessible, et les mers ne faisaient pas exception . « Très bien, et en contrepartie, je m’engage à vous donner ce que je vous dois… »
En réalité, Cora espérait vivement qu’elle puisse tuer Juliette, cela n’aurait été que du bonus, mais d’un autre côté, si la pirate échouait, cela serait la preuve que la prochaine fois, Cora viendrait elle-même s’occuper de son cas. Il allait falloir un jour se débarrasser de Juliette, c’était une certitude.
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Dim 13 Aoû - 13:41
