Quelques mois que je la voyais plus que je ne l’aurais souhaité. Plusieurs mois à entendre son rire et son souffle dans mon cou. Plusieurs mois à apprendre à la connaître avant de finalement passer une superbe soirée qui m’avait fait ouvert les yeux. La soirée à l’aquarium où j’avais claqué pas mal de fric pour la moyenne des gens. L’équivalent du salaire de plusieurs personnes de la classe moyenne sans le moindre remord. Je me passais une main dans les cheveux avant de continuer à cuisiner les pâtes avec aisance en remuant la sauce avant de la faire tourner dans un coup de poignet. J’avais une clope dans la bouche et j’étais calme. Elle, elle était sous la douche. Il faut dire qu’il était tard, mais je ne me rappelais plus exactement de l’heure. Je prenais mon temps en continuant de cuisiner lentement. J’avais eu une putain de semaine de merde. J’avais attendu de revoir Crystal car je ne voulais pas qu’elle s’inquiète. J’avais une cicatrice encore bien fraîche. Un coup de couteau que j’avais évité et qui avait déchiré un peu ma peau. Une cicatrice de plus, mais l’autre était mort.

J’entendais la porte de la salle de bain s’ouvrir et j’avais immédiatement un sourire en coin. Elle me faisait sourire. C’était une grande chose en soi. Je continuais de penser que je ne devrais pas m’attacher et que personne ne méritait une vie comme j’en avais une. J’écrasais ma clope dans le cendrier avant de boire une gorgée de bière tranquillement. J’aimais sentir le froid de l’alcool dans ma gorge. Je versais les pâtes dans la sauce et je mélangeais le tout. Je dressais les assiettes avec minutie en mettant une branche de persil frais sur le milieu du plat. C’était joli. Je posais les bols sur la table de la cuisine et je remplissais la coupe de vin de la belle Crystal avant de l’appeler.

- Si tu n’arrives pas pour manger, je vais me vexer bébé!

Je blaguais bien entendu. Je lui avais ramené un petit cadeau de mon dernier voyage, mais elle ne le savait pas encore. C’était pour dire la profondeur des sentiments que j’avais pour elle. Je tirais sa chaise et j’attendais qu’elle arrive. J’étais en chemise avec mon pantalon. Mes manches étaient retroussées et pas une seule goutte de sauce sur ma chemise.

- J’ai peut-être été généreux sur ta portion. Désolé de ne pas avoir pu passer te chercher. Tu sais comment c’est lorsque j’arrive avec l’avion, le temps de vider ma valise et tout ça. Tu as passé une bonne semaine?

Je lui avais envoyé des messages durant mon absence, mais tout de même. J’avais envie de l’entendre de sa bouche tout simplement. Je l’embrassais avec douceur. Elle sentait si bon en cet instant.

Cette fille me faisait oublier à quel point je n’avais pas de coeur et d’âme. Elle me faisait prendre conscience que j’étais encore un humain avec des sentiments et je trouvais ça totalement terrifiant. Oui, pour un homme comme moi, c’était terrifiant de ressentir une attirance. Elle devenait une cible. Elle devenait une faille alors que je ne devais en montrer aucune. J’avais repris du service après la mort de ma femme et j’étais devenu le meilleur. L’ange de la mort portait bien son surnom après tout. Une ombre sans trace faisant des ravages. Parfois les gouvernements m’aimaient et d’autres fois non. J’avais néanmoins besoin d’elle. J’avais besoin de ma Crystal. Je souriais en l’entendant me donner mon surnom. Démon … Satan … Elle les utilisait souvent depuis notre première rencontre lorsque je lui avais dit qu’elle avait passé la nuit avec le Diable en personne. Elle n’avait pas peur de moi et pourtant … Si elle savait tout … Je tirais la chaise par politesse et je la laissais s’installer. Je m’assoyais près d’elle et je commençais à manger en l’écoutant me parler. Elle avait toujours ce don de me faire sourire comme jamais.

- Oui, ce n’était qu’une petite semaine. J’étais supposé partir deux, mais j’ai terminé le travail plus tôt que prévu.

Lire ici que j’avais plutôt tué ma cible plus vite que prévu. J’avais même eu un joli pourboire de près de 100 000$. Oui, les gens payaient cher pour faire éliminer une personne. Plus la cible est publique et plus le montant grimpe. Je prenais une bouchée de mes pâtes avant de continuer à parler calmement.

- J’adore la Thaïlande. J’ai toujours eu un petit faible pour l’ambiance là-bas. Tu cherches un truc interdit et c’est pratiquement certain que tu le trouves. Je suis passé par mon appartement à Paris aussi pour m’assurer que tout était bien en état. Rien à signaler. Qui sait, tu pourrais m’accompagner si un jour Olympus te file des vacances.

Olympus et vacances. Deux mots qui n’allaient pas vraiment ensemble. Je continuais de manger dans le plus grand des calmes. J’entendais mon téléphone sonner et je décrochais en m’excusant à ma douce compagne. Je parlais en japonais cette fois sans le moindre souci. Je m’appuyais contre le comptoir-lunch en faisant un clin d’oeil à la belle. Je raccrochais rapidement avant de revenir à table.

- Ah les japonais. J’ai dit que je prenais ma semaine. Son prix est trop bas… Je ne me déplace pas aussi loin pour aussi peu. Oh! Attends … Je t’ai ramené un petit cadeau. Tu ne m’as jamais dit quand était ton anniversaire. Ferme les yeux.

J’allais fouiller dans la chambre et je revenais avec un étui en velours noir. Je l’ouvrais pour dévoiler un bracelet en forme de dragon avec les yeux en rubis et incrusté de diamants (Aperçu ici). Le prix de ce bracelet? Mon pourboire tout simplement. Je passais mes bras autour des épaules de Crystal pour lui murmurer à l’oreille.

- Ouvre les yeux … Il est peut-être un peu trop extravagant, mais je me suis dit qu’il était à la hauteur de ta beauté à mes yeux.

Je venais d’offrir un cadeau à Crystal sans même me soucier du pourquoi réellement. J’avais tout simplement envie de lui en offrir un sans la moindre arrière-pensée. Elle me rendait heureux. Elle me faisait me sentir mieux et vivant dans la limite du possible. Je n’irais pas jusqu’à dire que … En fait si, je devais probablement commencer à tomber amoureux de cette magnifique rousse avec un sourire enjôleur. Mon travail prenait toute la place et je ne voulais pas qu’il lui arrive quelque chose. Je m’en serais totalement voulu. Je ne voulais pas la voir souffrir et si cela devait arriver alors je mettrais un terme à ma relation avec elle pour la protéger. Une douce torture qui valait la peine pour la sauver si elle en avait besoin.

J’ignorais quand était son anniversaire et j’avais envie de la célébrer un peu. Le bracelet était lourd et valait sans aucun doute plusieurs fois son salaire en fait. Sa réaction me faisait sourire un peu. Elle m’enlaçait avant de m’embrasser  à de nombreuses reprises. Je capturais ses lèvres dans un baiser plus crapuleux que je ne l’aurais voulu. Mes mains étaient descendues sur ses fesses pour profiter pleinement de ce moment qui faisait battre mon coeur de glace et qui me donnait d’autres envies beaucoup moins chastes.

- Mon anniversaire n’a pas d’importance Crystal.  Je suis content si tu es heureuse.

La suite allait me surprendre complètement. Elle venait de me dire «je t’aime». Je ne m’attendais pas à ça du tout. Je ne m’attendais pas à une proximité pareil avec elle. Je n’avais rien calculé, mais de l’entendre de sa bouche … Je me contentais de lui sourire et de poser un baiser sur le dessus de sa tête avec douceur. Je n’agissais pas méchamment envers elle. Je ne pouvais pas lui dire maintenant, comme ça … J’en étais incapable. Je voulais garder une distance, mais je savais que ce n’était qu’une question de temps avant que cette même barrière que je mettais, volontairement, ne disparaisse définitivement entre nous.

- Tout le plaisir est pour moi. Mangeons avant que ça ne refroidisse.

Je me réinstallais à table et je commençais à manger sans trop me poser de questions. Je parlais de tout et de rien avec Crystal avant de finalement aller laver la vaisselle. Bon, en vrai, je la mettais surtout dans le lave-vaisselle, car j’avais horreur de cette tâche. Je me servais un verre de digestif avant de m’approcher de ma rousse. Je posais un baiser dans son cou en souriant.

- Tu veux prendre un digestif ou alors tu veux regarder la télévision?  

Crystal était une femme simple. Je n’avais pas à me casser la tête avec elle. Elle savait profiter pleinement de la vie et elle me rendait heureux. Elle devait sans aucun doute se poser mille et une questions sur mon travail, mais je ne voulais pas la mettre en danger. Elle ne méritait pas ça. J’avais l’impression de ressentir mon coeur battre tranquillement avec cette belle rousse. Elle me rendait heureux au plus haut point. J’ignorais de quoi demain était fait, mais je voulais lui offrir un peu de bonheur. Elle bossait pour un baron de la drogue qui n’en avait que faire d’elle. Je savais que si je lui demandais de cesser de travailler, Olympus allait venir me voir et me montrer de quel bois il se chauffait c’était une mauvaise idée.

- Alors digestif et télévision ma belle.

Je nous préparais deux crèmes de menthe avec de la glace. J’adorais en prendre après un bon repas. J’aimais le froid que cela m’apportait et je me sentais toujours moins lourd. J’aurais habituellement choisi un cognac, mais pas ce soir. Je m’installais avec la belle dans le canapé et je lui donnais mon verre avec le contenu de couleur vert émeraude. Je passais mon bras autour de ses épaules. Il ne fallait pas longtemps pour que Crystal ne termine son verre. Je sirotais le mien pour ma part en cherchant le film à mettre. J’avais souri à ce qu’elle m’avait dit et j’avais posé un baiser sur le dessus de sa tête. Seigneur que j’aimais cette femme profondément.

- Je crois que je nous ai trouvé un film.

Je mettais le film «Crank» un film d’action avec Jason Statham. Je l’avais déjà vu, mais je n’avais pas envie de me concentrer réellement. Je caressais le bras de ma douce alors qu’elle était contre moi. J’avais monté une couverture chaude sur nous et je profitais de ce moment sans penser à rien. Le film avançait alors que je caressais la peau de ma belle. Je posais des baisers sur le dessus de sa tête et sur sa tempe à intervalle régulier avant de finalement lui parler dans le creux de l’oreille avec douceur.

- Viens vivre ici s’il te plaît.

J’étais sérieux. Je voulais qu’elle délaisse son appartement dégueulasse pour venir vivre en sécurité dans le mien. Il était moderne, froid et luxueux, mais je savais qu’elle serait plus en sécurité ici que n’importe où ailleurs.

 

J’écoutais le film avec Crystal. J’étais surtout distrait. Mon esprit était ailleurs. Si quelqu’un venait à s’en prendre à elle, quelle serait ma réaction ? Sans doute que j’entrerais dans une rage meurtrière capable de faire froid dans le dos. Moins ma petite amie en savait sur mon boulot et mieux je me portais. Je ne voulais pas lui retirer son gagne-pain. Ce n’était pas le but de la manoeuvre. Je savais également d’Olympus allait me tuer si cette dernière ne bossait plus pour lui. Je restais donc le plus calme possible, mais le regard des hommes sur ma femme allait probablement me ronger lentement. J’allais avoir une conversation avec Harry. Il pourrait la laisser bosser au bar non ? Je me foutais qu’elle soit en petite tenue, mais les mains baladeuses des autres sur son cul c’était hors de question.

Je sentais ses gratouilles et je souriais avant de finalement lui demander de venir vivre avec moi dans mon immense appartement bien trop froid pour le commun des mortels. L’ange de la mort c’était moi. Une sorte d’équivalence de Satan sans la moindre humanité. Cet endroit était à mon image. Elle semblait croire que je lui faisais une blague et pourtant ce n’était pas le cas. Son appartement était bien trop facilement accessible et elle serait en sécurité ici. Je haussais un sourcil alors qu’elle me demandait si c’était vrai. Je n’avais jamais été du genre à faire de blagues. Je n’étais pas comme ça.

- Je suis du genre à faire des blagues Crystal ?

Elle se jetait sur moi en mode furie et m’embrassait. Je répondais à son baiser en souriant alors que je n’en avais pas l’habitude. Elle emplissait mon coeur de joie. Je voyais bien que ça la rendait heureuse et c’était le plus important en dehors de sa sécurité. Son bonheur était important pour moi. Je ne me voyais pas lui retirer ce magnifique sourire sur son visage.

- C’est le plus important mon amour.

Je la laissais oublier le film et glisser ses mains sous ma chemise. Je souriais en la regardant faire. Je commençais également à lui offrir des caresses de plus en plus intimes jusqu’à munir à elle dans une fusion qui était la nôtre sur ce canapé sans la moindre gêne. Le film reprenait ensuite alors que nous étions nus l’un contre l’autre. J’aimais la garder dans mes bras. Je caressais ses cheveux et sa peau en posant des baisers sur le dessus de sa tête. Je me sentais tellement bien. J’avais l’impression d’être vivant à nouveau. Le sommeil semblait cependant rattraper la belle et je la prenais avec délicatesse dans mes bras pour aller la porter dans notre lit. J’allais ramasser les choses dans le salon et je fermais les rideaux avec la manette avant d’aller rejoindre Crystal dans notre chambre.

Je me glissais sous les draps avant de la prendre dans mes bras en cuillère. Je posais des baisers sur son épaule et dans son cou avant de faire un câlin crapuleux alors qu’elle était en demi-sommeil. Je ne me lassais pas d’elle en fait. Je finissais par m’endormir dans cette position. J’étais bien.

Il était 03h00 environ. Je dormais avec la belle rousse contre moi avant d’entendre un craquement. J’ouvrais immédiatement les yeux et je me retournais pour voir un type avec une cagoule nous viser avec son arme. Je poussais Crystal avant d’entendre le coup de feu avec silencieux. La balle arrivait dans mon flanc droit avant de ressortir directement. Autant le dire, je pissais déjà le sang! Je plongeais la main dans ma table de chevet et je sortais une arme et je tirais sur le type qui reculait en titubant. Une balle dans la jambe. Je me levais en me fichant de ma nudité et du sang que je foutais partout. Je me jetais sur lui et je le cognais directement au visage avec mon poing droit avant de lui retirer sa cagoule. Je le prenais par le collet et je lui gueulais dessus.

- QUI T’ENVOIE ?!?!