Du sang. Il y avait du sang partout et je m’en foutais complètement. Comment avait-il fait pour monter jusqu’ici ? Il avait probablement tué le gardien et volé l’une des clefs électroniques donnant accès à chez moi. Me fichant totalement de ma nudité et de ma blessure, je lui gueulais dessus comme jamais. Je n’entendais plus Crystal me parler. Je me contentais de continuer à gueuler sur le type en lui crachant pratiquement au visage alors qu’il saignait du nez. Il avait une jambe en vrac et c’était tant mieux pour lui.

- QUI T’ENVOIE ?!?!

- Tu pensais qu’il n’allait pas te trouver ?

Un accent russe. Je devenais encore plus mauvais et je le refrappais encore. Je le soulevais par le collet avant de le plaquer contre le mur. L’adrénaline était parfaite en ce moment et je prenais mon arme au passage. J’appuyais l’arme sur le front du type avant de lui parler en russe en gueulant.

- Igor n’avait qu’à me payer pour faire le travail !

- Il t’a payé ! Et tu vas crever pour avoir failli à la tâche John !

Sans me poser la moindre question, je lui tirais une balle dans la tête. Ce gros connard de Igor allait m’entendre gueuler. Je laissais le corps tomber sur le sol et je portais une main à ma blessure en serrant les dents. J’avais besoin de soins. Je gardais mon arme dans mes mains avant de remarquer Crystal du coin de l’oeil. Merde ! Elle venait d’assister à tout ça ! Fais chier. Je posais mon arme avant de m’approcher d’elle en parlant très calmement.

- Crystal … Regarde-moi… Regarde-moi ma chérie. Tu n’es pas en sécurité ici. Je vais t’amener à mon autre planque en ville le temps que les nettoyeurs fassent leur boulot. Crystal … Crystal regarde-moi. Ça va aller ma puce. Habille-toi s’il te plaît.

Je posais une main sur sa joue avant d’aller prendre mon téléphone. Je devais faire venir le doc au plus vite ici sinon je ne pourrais jamais amener Crystal ailleurs. Je parlais rapidement au téléphone à ce dernier avant d’appeler un autre numéro en allant prendre mes cigarettes.

- C’est Stoker … J’ai besoin d’un nettoyage chez moi tout de suite… Un mort et pas mal de sang dans la chambre. Il a probablement tué le gardien en bas… Hum hum … Merci.

Je raccrochais avant de me sentir plus faible. Je m’appuyais sur le meuble en bois massif durant quelques secondes. J’avais la tête qui tournait. Putain que j’avais horreur de ça. J’étais en sueur. J’ouvrais un tiroir et j’enfilais un boxer. Je continuais de fumer. Le médecin allait arriver et l’équipe de nettoyage aussi. Chacun ses contacts, mais Crystal allait me poser des milliers de questions.
 

Je m’étais défendu. J’avais défendu celle qui était comme ma femme. Heureusement, elle semblait indemne en dehors d’une coupure à la tête et d’une panique généralisée. Je tentais de la calmer en m’approchant d’elle. Je tentais d’être doux avec cette dernière pour éviter qu’elle ne pense que j’étais un monstre, mais c’était ce que j’étais en réalité. J’étais un monstre. Un putain de tueur à gages et le meilleur dans son domaine. J’appelais pour que l’on vienne nettoyer et j’appelais également le doc. J’avais besoin de soins et hors de question de me rendre à l’hôpital. Je m’habillais en fumant. C’était difficile, mais je tenais bon. Crystal voulait des réponses et c’était plus que légitime.

- Il vient de se passer qu’on vient de tenter de me tuer ma puce. Ne t’inquiète pas. Nous irons ailleurs dans un endroit plus sécuritaire. Je t’expliquerai tout ce que tu veux là-bas, mais pas ici.

Le sang coulait de plus en plus abondamment. Je sentais finalement la rouquine poser quelque chose sur ma blessure. Je lâchais un gémissement de douleur intense. Elle aurait pu me prévenir, mais elle tentait de bien faire. Je l’avais vu du coin de l’oeil, mais ma vue commençait à se brouiller. Je ne me rappelais pas avoir perdu autant de sang depuis très longtemps. Je devais prendre sur moi au maximum.

- Non … si je me couche, je serai incapable de me relever.

Je posais un baiser rapide sur sa tête avant d’aller dans la salle à manger. Heureusement, c’était une aire ouverte. On cognait quatre coups à la porte et je parlais d’une voix claire.

- C’est ouvert !

L’équipe de nettoyage. Quatre gars qui me faisaient un signe de tête avant de voir un cinquième arriver. Il avait une mallette qu’il posait sur le comptoir avant de me regarder par-dessus ses lunettes.

- Elle est réglo Carter …

- T’es salement amoché John.

- La balle n’est pas ressortie. Faut que tu me retires ce truc, que tu me recouds en vitesse et que je foute le camp d’ici.

- T’as vu ton air ? Hors de question. Tu ne bouges pas d’ici.

- C’est moi qui te paye je te signale. Fais ton putain de job !

J’avais grogné entre mes dents. Le médecin remerciait Crystal pour la pression sur la plaie avant de sortir un écarteur, un bistouri et une pince. Je rigolais en restant assis en sueur sur la chaise de cuisine. Je me plaçais pour le laisser faire et je fixais le plafond en respirant profondément. Le corps était déjà dans une housse noire et balancer dans le couloir près de la porte et le nettoyage était en cours. Je sentais finalement ami écarter la plaie et je lâchais un cri de douleur malgré moi avant de rire.

- Putain c’est comme aux Philippines !

- Oh bordel non! Aux Philippines tu avais une putain d’infection, car tu avais attendu trois jours avant de m’appeler. Je coupe et je fouille. Ne bouge pas !

Je lâchais un autre cri de douleur au coup de scalpel avant de taper du poing sur la table. La pince me faisait un mal de chien et je tentais de respirer au mieux, mais ma vue se brouillait. Mon pote me filait une gifle en pleine gueule pour que je reste conscient. Finalement, il retirait la balle pour la poser sur la table de vitre dans un tintement sonore.

- Je vais devoir te faire deux points internes. Tu as une grosse veine de toucher mon vieux.

- Tu me laisses quelques minutes s’il te plaît ? … Crystal … ma puce … Donne-moi une bouteille d’alcool. Le whisky ou la vodka, je m’en fous.

Mon pote préparait son matériel entre temps. J’espérais que la rousse n’avait pas tourné de l’oeil.
 

Crystal était plus forte qu’il n’y paraissait. Ma petite fée d’amour était forte comme jamais devant une situation qu’elle n’avait jamais vécue. Mon ami tentait de me réparer et je tenais bon malgré le sang que je perdais à nouveau. J’avais demandé de l’alcool à ma douce rousse histoire de faire passer la douleur un minimum. Je prenais la bouteille avec douceur avant de boire de longues gorgées. Mon pote me retirait la bouteille alors que je regardais le plafond en expirant longuement par la bouche. Je savais que les points internes allaient être vachement douloureux. Je devais prendre sur moi pour éviter de bouger. Je laissais mon pote commencer son boulot et je me concentrais sur le plafond. Si je baissais le regard, je risquais une chut de pression. Je parlais doucement à Crystal alors que mon corps tremblait par moment. J’avais besoin de me changer un peu les idées.

- Tu es forte ma chérie. Tu as été super … Je te promets que je t’expliquerai tout plus tard …

- Après tes antibiotiques et un bon narcotique, j’espère.

- Tu sais où tu peux te foutre ton antidouleur ?

Mon ami se mettait à rire et continuer de piquer dans ma plaie et de coudre. Il terminait son travail après une dizaine de minutes. Là, il prenait la vodka pour la laisser couleur. Je lâchais un cri de douleur avant de me ressaisir au maximum. Je ne devais pas craquer, car sinon j’allais effondrer. Je devais garder mon adrénaline intacte dans l’immédiat.

- Bon baiser de Russie John.

- Merci mon vieux. Je te fais ton virement dans quelques heures.

- Je ne suis pas inquiet. Tu es un fidèle client depuis plus de dix ans. N’oublie pas de prendre tes médicaments.

Il lançait un regard à Crystal en posant deux flacons orange sur la table. Il ramassait son matériel et partait. L’équipe était partie depuis quelques minutes. La chambre avait retrouvé son aspect normal tout comme le plancher. Rien ne paraissait et pas la moindre trace. Ils devaient sans aucun doute terminer de s’occuper de la pauvre victime dans le hall d’entrée. Je me redressais de ma chaise avant de me lever. Je n’étais pas bien fort en ce moment. Je prenais les deux flacons de médicaments avant de marcher jusqu’à la chambre.

- Ramasse tes choses ma chérie. On s’en va dans mon autre planque et on pourra s’installer là-bas le temps que la poussière redescende.

Je la regardais dans les yeux. Allait-elle craquer ? Allait-elle me hurler dessus ou me frapper ? Toutes les réactions possibles s’offraient à elle. Si elle quittait, je devrais malheureusement l’éliminer et je devais avouer que pour la première fois de ma vie depuis la mort de ma femme … Je souffrais à cette éventualité.

 

C’était pour ça que je ne voulais pas m’attacher. C’était pour ça que je ne voulais pas de femme dans ma vie à nouveau. Je ne voulais pas voir son regard et son incompréhension. Elle devenait une cible elle aussi. Elle était en danger et c’était de ma faute. J’avais horreur de ressentir de la culpabilité. J’avais horreur de me dire qu’elle risquait sa vie chaque seconde par ma faute. Il était plus que clair que je ne supporterais pas de la perdre. Ce serait bien trop difficile. J’avais déjà perdu ma femme et je ne comptais pas perdre Crystal. Je voyais bien qu’elle avait pleuré et je la voyais complètement perdre pieds alors qu’elle tentait de mettre ses chaussures. Je poussais un soupir en fixant le sol. J’avais de la douleur et je n’étais pas au plus haut de ma forme. Ce type m’avait bien eu, mais je n’étais pas mort. Il en fallait plus pour tuer John Stoker.

- Tu peux avoir confiance en moi. Ma planque est dans le Bronx. Ce n’est pas la plus belle, mais elle est plus discrète. Ne t’inquiète pas pour le boulot. Je parlerai à Harry. Il me doit quelques services.

En réalité, j’allais lui faire un putain de rabais monstrueux pour qu’il ferme sa grande gueule. Le connaissant, il n’allait pas refuser de moins me payer en échange que je passe du temps avec l’une de ses danseuses. J’aurais tellement qu’elle ait un autre boulot sérieusement. J’allais m’installer à côté d’elle alors qu’elle prenait une position plus foetale. Je passais mon bras autour de ses épaules pour la coller contre moi. Un baiser sur le dessus de sa tête avec affection. Ce n’était pas une vie pour tout le monde et après ce qu’elle venait de voir soit elle acceptait de venir avec moi ou alors je devrais la supprimer moi-même. C’était un peu l’équivalent de me foutre une balle dans la tête au final si je la tuais.

- Je t’aime aussi ma chérie. Comprends que je ne peux pas tout t’expliquer aussi rapidement. Allons à ma planque et je prendrai le temps nécessaire pour tout te dire dans les moindres détails.

Je n’avais jamais réellement menti. J’avais simplement évité de parler de détails trop importants. Je me levais en la laissant respirer. Elle allait probablement vomir bientôt comme toutes les personnes innocentes assistant à un meurtre. J’allais reprendre mon téléphone et j’appelais directement Harry. Visiblement, il était chez lui, car il me répondait avec toute la douceur dont il était capable.

- Salut … Je t’appelle si j’en ai envie Harry … Non, je n’ai pas terminé le boulot … Je t’avise simplement que Crystal ne rentrera pas au bar cette semaine … Oui, je la garde pour moi et j’ai conscience du prix que ça me coûtera. Dis-toi que je te fais un rabais d’ami …

Un problème de régler. Olympus allait fermer sa grande gueule et il savait que s’il gueulait sur elle j’allais rappliquer et faire ma loi. Il me connaissait. J’allais chercher mon arme avant de vérifier le chargeur par habitude. Je levais le regard vers la rousse en prenant une inspiration.

- Tu es prête ma puce ?

 

Gérer Harry c’était comme gérer une guerre mondiale. Heureusement, j’avais une bonne entente avec ce dernier sinon, il m’aurait clairement envoyé chier sans la moindre gêne. Nous avions des affaires ensemble et je connaissais son faible pour négocier des prix. Crystal venait de me coûter une petite fortune, mais ce n’était pas une chose qui me dérangeait. J’avais bien assez d’argent pour vivre plus que confortablement. J’étais content qu’elle accepte de me suivre. Elle n’avait pas vraiment le choix dans un certain sens sinon, elle mettrait sa vie en danger et je ne voulais pas qu’elle coure un tel risque. J’avais donc pris mon arme en me foutant un peu de mon linge de rechange. J’avais tout en double là-bas et c’était beaucoup plus discret. Je regardais donc la dame qui me répondait qu’elle était prête. Il était grand temps de partir de mon luxueux appartement.

Je prenais l’ascenseur et je descendais au sous-sol. Nous arrivions dans le stationnement, mais je ne me dirigeais pas vers ma voiture de luxe comme j’en avais l’habitude. Je me dirigeais plutôt vers un jeep Sahara noir. J’ouvrais la portière et je laissais ma copine monter dans ce dernier. Pas de voiture voyante, mais une grande discrétion. Je mettais le contact et je me mettais en route. Direction ma planque dans le Bronx. Nous étions donc loin de l’Upper East Side et personne ne savait où cette dernière se trouvait. Sauf mon médecin bien entendu. Nous arrivions dans un quartier familial, mais assez pauvre. Je me stationnais devant des maisons en rangée qui n’avaient rien d’exceptionnel. C’était loin d’être neuf.

- Tu peux descendre.

Je sortais avec cette dernière et je grimaçais en refermant la portière du côté conducteur. J’avais mal et j’étais épuisé. Je marchais ensuite pour me rendre à la porte de l’une de ces maisons. J’ouvrais avec l’aide d’une clef et je laissais Crystal entrer avant de refermer derrière nous. J’allumais les lumières. Un escalier menant au second devant nous avec un corridor. Une décoration usée et un vieux papier peint à fleurs dans le corridor. Ça sentait un peu le renfermer et il y avait une bonne couche de poussière. Les meubles avaient, pour la plupart, des draps. Je me passais une main au niveau de la nuque.

- Désolé, je ne suis pas venu depuis un moment. Il faudra sans doute faire un peu de ménage et aérer. La chambre est en haut avec la salle de bain. La cuisine au fond avec la salle à manger. Le salon juste ici comme tu peux le voir. La porte sous l’escalier mène dans le sous-sol. C’est pas mal tout.

C’était l’endroit le plus sécuritaire que j’avais étonnamment. Je montais lentement les escaliers avant de me rendre dans la chambre. Là, j’allumais les lumières et je tirais les rideaux. Le lit était poussiéreux et je retirais les draps rapidement. Je descendais pour aller au sous-sol et laver les draps. Au moins, nous serions dans des draps propres même si le reste ne l’était pas trop. Je remontais ensuite en allant dans la cuisine et je fouillais dans les armoires. Rations militaires comme nourriture. Je sortais une bouilloire et je la remplissais d’eau avant de la mettre sur le vieux poêle. Je me massais la nuque avant de grimacer. Comment allais-je lui expliquer toute cette histoire ?