Cinq mois, cinq mois depuis la dernière fois que Mery avait vu Elisa. Cinq très longs mois durant lesquels elle n’avait échangé que quelques messages et quelques appels avec la jolie patineuse. Leurs emplois du temps respectifs étaient tellement surchargés qu’elles n’avaient pas réussi à trouver un moment pour se voir. Mery savait pertinemment que les championnats nationaux de patinage arrivaient à grands pas et que toute l’attention d’Elisa était concentrée là-dessus. La rouquine ne pouvait pas lui en vouloir, elle connaissait l’importance que revêtait cette compétition aux yeux de la belle blonde.
De son côté, la jeune cochère n’avait pas été en restes. Les écuries de Central Park avaient reçu deux nouveaux poulains et elle s’était portée volontaire pour les dresser et faire en sorte qu’ils puissent être utilisés un jour pour conduire une des nombreuses calèches du parc. Mery adorait cette partie de son métier, la compagnie des chevaux l’avait toujours apaisé quoiqu’il se passait dans sa vie. Elle avait un don avec les nouvelles montures, même celles jugées les plus compliquées.
L’un deux était complètement blanc, il avait un caractère aussi jovial et spontané que Mery. Elle adorait passer du temps avec lui, elle avait même eu le droit de lui trouver son nom. La rouquine y avait pensé tous les jours depuis qu’on lui avait annoncé la nouvelle, mais aucun nom jusque-là n’avait trouvé grâce à ses yeux. Chacun des noms qui lui venait en tête avait un rapport de près ou de loin avec la belle Elisa, surtout que l’année 2016 était celle des G pour les chevaux. Forcément, elle pensa de suite à la glace, au givre et autres dérivés, avec une robe blanche en plus, cela l’entrainait inexorablement vers l’univers de la neige ou du patinage…
Sa vie sociale n’avait pas été des plus animées, elle-non plus. La seule chose qui avait modifié sa routine ces dernières semaines fût la soirée confidence au restaurant avec son cousin. La conversation avec Bobby ce soir-là l’avait conforté dans ses sentiments, elle tenait énormément à la patineuse. Etait-elle prête à s’engager plus dans sa relation ? Mery avait encore du mal à répondre à cette question. Elle se dit que peut-être tout s’éclaircirait au moment de revoir Elisa. Tout deviendrait plus clair en se retrouvant de nouveau en compagnie de la jeune femme. En tout cas, elle l’espérait du fond du cœur.
Mery était en train de panser le nouveau poulain quand son téléphone se mit à vibrer. Quand elle vit le nom de l’expéditeur, son cœur commença à battre plus vite et plus fort. Elle ouvrit le message et un sourire se mit à apparaitre sur son visage. Elisa venait de l’inviter pour aller boire un café le lendemain après-midi dans le quartier du Queens. Elle lui ajoutait même avant de signer qu’elle lui manquait. La rouquine se dépêcha de répondre.
« Je serai ravie de te retrouver dans le Queens pour ce café. Toi aussi, tu me manques beaucoup. Hâte d’être à demain ! »
Les vingt-quatre heures qui suivirent furent les plus longues de toute sa vie. Mery était tellement impatiente de retrouver son amie qu’elle avait du mal à se concentrer dans son travail. Elle réussit à se calmer en restant en compagnie des chevaux, notamment le grand noir et le jeune blanc. Quand l’heure de partir finit par enfin arriver, Mery, qui avait fini de se changer depuis bien longtemps, se dépêcha de se diriger vers la bouche de métro la plus proche afin de se rendre au lieu de rendez-vous. En arrivant en vue du café, la rouquine reconnut la silhouette qu’elle n’avait pas vu depuis le réveillon du jour de l’an, elle accéléra le pas et sauta dans les bras qui s’étendaient devant elle.
« Elisa ! Ça fait tellement du bien de te revoir ! Comment ça va ? Tes entrainements ne te fatiguent pas trop ? Je suis trop contente que tu m’aies envoyé ce message ! Raconte-moi un peu ce que tu deviens depuis la dernière fois qu’on s’est vues. Ah oui, il faut aussi que tu m’aides à trouver le nom pour un petit poulain trop mignon qu’on vient de recevoir aux écuries. Il faudra que tu viennes le voir, tu vas l’adorer toi aussi. »
Mery se mit à rire devant la tête de son amie après ce flot ininterrompu de questions et d’informations. Elle se calma et les deux jeunes femmes allèrent prendre une table sur la terrasse de l’établissement afin de profiter de la belle journée de mai et de leurs retrouvailles.
Le temps passait à une allure folle, et Elisa ne le voyait pas filer, entre son travail et surtout ses entraînements qui redoublaient en intensité pour les championnats qui approchaient, la patineuse était incapable de savoir à quel jour elle vivait. Et pourtant,, à chaque fois qu’elle se rendait à la salle de sport, elle cherchait machinalement du regard Mery, à la place où elle se trouvait la première fois qu’elle l’avait vue. Elle aussi devait être débordée. Et chaque fois qu’elle se disait qu’il faudrait qu’elle l’appelle plutôt que d’échanger quelques maigres messages, elle finissait par tomber de fatigue.
Ce fut en feuilletant son agenda que la blondinette s’aperçut qu’on était déjà en mai, et que cela faisait cinq mois qu’elle n’avait pas vu sa précieuse Mery. Alors c’était ça, ce vide dans son coeur ? Aussitôt, elle se décida à lui envoyer un message pour programmer un petit café. Enchantée de voir que sa rouquine préférée avait instantanément répondu – elle sentit d’ailleurs son coeur faire un bond -, elle lui répondit un :
« Tu me manques aussi ».
Et pour se faire pardonner, elle voulut lui offrir quelque chose. En flânant dans les rues de New York, elle tomba sur une confiserie spécialisée en chocolat et fit la rencontre d’une jeune femme passionnée et Ô combien calée sur le sujet. Elisa était sortie de là avec un joli petit ballotin personnalisé pour sa chère Mery, et aussi quelques chocolats pour elle. Elle serait donc prête pour le lendemain.
Au cours de la nuit, elle se réveilla plusieurs fois, se posant mille et une questions et éprouvant une sorte d’appréhension qu’elle ne fut pas capable d’identifier. Elle adorait Mery, pourquoi appréhender de la revoir ? Sans doute par culpabilité. Finalement, le petit matin arriva. La patineuse suivit donc sa routine avec un peu d’étirement, quelques exercices de musculation avant d’aller prendre une douche, son petit déjeuner et attendre patiemment le moment de retrouver Mery dans le Queens pour un café. Lorsqu’elle la vit, Elisa ne put s’empêcher d’ouvrir ses bras pour serrer son amie contre elle. Quel bonheur de la revoir. Ses cheveux sentaient si bon… Après l’avoir serrée très fort dans ses bras, Elisa écouta Mery qui prit aussitôt la parole, volubile comme à son habitude. Le sourire ne quittait plus le visage de la blondinette.
- Moi aussi je suis trop contente de te voir ! Avant tout, je voulais m’excuser, j’ai pas vu le temps passer, j’ai honte d’avoir été si peu disponible pour toi. Comment tu vas ?
Elle purent s’asseoir à la table juste à côté, et le regard azuré d’Elisa ne quittait plus Mery.
- Oh oui, c’est très intense les entraînements mais je crois que je commence à me rapprocher du résultat final que je voudrais. Quant au poulain, c’est super excitant dis donc ! Il doit avoir une bouille tellement chou ! J’ai hâte de le voir. Et ce sera avec plaisir pour le prénom.
Puis, souriant toujours, elle se pencha pour prendre quelque chose dans son sac.
- Avant que j’oublie, j’ai ça pour toi, pour me faire pardonner.
Elle posa alors devant Mery le ballotin de chocolats.
- J’espère que tu vas les aimer, ils sont vraiment incroyables ! Tu savais que les chocolats avaient des significations et pouvaient délivrer des messages ?
Elle se mit à rire à son tour en disant cela, elle était joyeuse et heureuse.
- Moi je l’ai appris en les choisissant pour toi, ajouta-t-elle en rougissant légèrement.
Heureusement, la serveuse vint auprès d'elles pour leur donner les cartes.
Mery était tellement heureuse de retrouver Elisa, son Elisa. En la serrant dans ses bras, elle s’aperçut de tout le temps qui s’était écoulé depuis la dernière fois qu’elles avaient pu se faire un tel câlin. Elle s’aperçut à quel point la jolie blonde lui avait manqué. Un vide béant venait de se combler grâce au sourire doux, délicat et sincère de la patineuse. Ce vide qu’elle avait mis de côté pendant ces longs mois car elle devait s’occuper de ses chevaux. Mais il avait fait mal ce vide, surtout le soir quand Mery n’avait pas son travail ou son cousin pour occuper son esprit.
Mery avait inondé son amie par une succession de questions et d’informations sur sa vie. Ce n’était tellement pas dans ses habitudes ! En temps normal, la jeune cochère était plutôt du genre taciturne dans ses relations amicales, amoureuses ou professionnelles. Elle était aussi bavarde uniquement avec son cousin, le seul à qui elle confiait absolument tout ce qui lui passait par la tête. Lui seul était au courant pour le moment de ce combat qu’il se passait dans sa tête et dans son cœur, cette bataille entre deux sentiments concernant la magnifique femme qui était devant elle.
Elles venaient de s’installer tranquillement à une table sur la terrasse du café. Elisa lui demanda à son tour comment elle allait après lui avoir répondu sur la charge de travail qu’avaient pris ses entrainements.
« Ecoute, je vais mieux depuis que je t’ai vu tout à l’heure. Ne t’excuse pas d’être une passionnée, c’est un de tes traits de caractères que j’adore chez toi. Je suis heureuse que tu arrives au résultat que tu cherches depuis le début de tes entrainements. Pour le poulain, il est à craquer ! Il est tout blanc avec de jolis yeux marrons. Il a des cils d’une longueur à faire pâlir n’importe quelle femme. Il est toujours heureux de me voir arriver et je suis tellement bien en sa présence. Pour ce qui est de son futur petit nom, nous sommes en 2016 et pour les chevaux, c’est l’année des G. Il faut essayer au maximum de respecter cette petite contrainte. C’est la seule qu’on m’ait donnée. » Mery répondit en lançant un petit clin d’œil complice à Elisa, ce qui fit rire cette dernière.
La jolie blonde se pencha vers son sac et attrapa ce qui ressemblait de loin à une petite boite avec un joli ruban bleu tout autour. Serait-ce un cadeau de sa part ? Mery se sentait honteuse de ne pas avoir pensé à lui acheter quelque chose elle-aussi… C’était justement dans ce genre de situation que la rouquine se rendait compte de son inexpérience dans les relations aux autres. Même si elle avait fait des progrès grâce à son cousin notamment, il lui restait encore beaucoup de chemin à parcourir.
« Tu m’as fait un cadeau ? Mais fallait pas ! Et pour te faire pardonner de quoi ? De ne pas m’avoir appelé ou de m’avoir vu depuis 5 mois ? Je suis aussi coupable que toi de ce côté-là. Mais contrairement à toi, je suis une mauvaise copine, je n’ai rien acheté pour toi… »
Mery accepta la jolie boite que lui tendait Elisa. Cette dernière lui expliqua qu’il s’agissait de chocolats et qu’elle lui souhaitait de les apprécier autant qu’elle quand elle les avait choisis. La jolie blonde lui dit également qu’elle avait appris que chaque chocolat avait une signification et selon ceux choisis, on pouvait donner un sens à notre cadeau. La rouquine la regarda avec de grands yeux ronds remplis de surprise. Jusqu’à présent, elle pensait qu’un chocolat était juste un chocolat. Elle n’imaginait pas qu’elle pouvait envoyer un message précis en fonction des bouchées de chocolat choisies.
« Je savais pour les fleurs mais j’ignorais que c’était valable pour les chocolats aussi. Alors ? Quelle est la signification de ceux que tu m’as choisis ? En tout cas, merci beaucoup pour cette adorable intention. »
La serveuse finit par arriver et leur donna la carte des boissons. Les deux femmes se mirent à l’étudier de long en large et en travers afin de faire le meilleur choix. Mery opta pour un smoothie fraise/banane et pour un muffin aux pépites de chocolat. Une fois leur commande passée, la rouquine se mit à regarder son amie. Qu'elle était belle avec ses cheveux détachés ! C'était indéniable, elle lui avait drôlement manquée pendant toutes ces semaines sans se voir. Mery se jura de ne plus laisser autant de temps entre deux rendez-vous avec la patineuse. C'était trop dur à supporter.
« J'ai hâte de te voir sur la glace le jour des championnats, avec ton costume et tous les accessoires que tu as choisis pour ce jour-là. N'oublie pas de me rappeler la date pour que je te la réserve et que je puisse venir t'applaudir. Enfin, si tu veux bien que je vienne. »
Intérieurement, Mery espérait bien être présente pour supporter son amie le jour le plus important de sa vie. Il était hors de question pour elle d'être ailleurs ce jour-là, sauf si Elisa lui demandait précisément de ne pas venir.
Quelle joie, quel bonheur ! Elisa avait l’impression de revivre aussitôt que son regard s’était posé sur la flamboyante demoiselle qui lui faisait face. Son sourire était communicatif tout comme son entrain, et c’était comme si elles s’étaient quittées la veille.
La patineuse se sentit touchée d’entendre que son côté passionné plaisait à Mery. Ça lui avait même fait un petit quelque chose au fond du coeur, sans savoir quoi exactement. Puis la conversation embraya sur le nouveau poulain. Quel boule d’amour ce devait être ! Comment ne pas fondre devant un bébé animal, et surtout avec la description qu’en faisait sa soigneuse privilégiée. Le sourire de la blondinette ne désemplissait pas tandis que, le regard rivé dans celui de Mery, elle s’imaginait le minois du poulain.
- A-do-rable ! Tu n’as pas une photo ? Oh pour le prénom… s’il est tout blanc, avec un G, on a Glace ou Glaçon, ce serait mignon !
Oui bon, le champ lexical de la glace pour une patineuse, quelle originalité, bravo Elisa !
Mais rapidement, pendant qu’elle y pensait, et surtout tant qu’elle s’en sentait le courage, la danseuse voulut offrir les chocolats à son amie. Elle espérait qu’elle ne trouverait pas ça déplacé. En temps normal, elle n’aurait pas pensé cela, mais son esprit et ses sentiments étaient si embrouillés que la jeune femme avait l’impression de tout faire de travers, ou justement le redoutait.
- Eh, tu me dois rien du tout ! J’avais juste envie de t’offrir des chocolats et puis je me disais qu’avec le travail que tu faisais, en extérieur et tout, des petites douceurs te feraient du bien… Et comme ça, tu penseras un petit peu à moi.
T’as vraiment dit ça ?
Intérieurement, elle se frappait le front avec la paume de la main. Rapidement elle partit sur ce qu’elle avait appris, à savoir qu’un chocolat pouvait délivrer un message.
- Eh oui, c’est fou pas vrai ? La jeune femme qui les vend est incroyablement passionnée, elle m’a tout expliqué. C’est très intéressant de l’écouter parler des chocolats. Et ça donne l’eau à la bouche aussi.
Mery demanda la signification des chocolats choisis mais heureusement pour Elisa qui rougissait de plus en plus sous son maquillage léger, la serveuse vint leur donner les cartes, donc les attentions ds demoiselles furent accaparés par les différents choix qui s’offraient à elles.
- Et pour moi un smoothie pomme verte-chou kale et une part de tarte aux pommes. Merci.
La serveuse repartit. Entendre Mery parler des championnats et du fait qu’elle serait là réchauffa le coeur d’Elisa qui retrouva son sourire.
- Bien sûr que je veux que tu sois là ! Comment pourrais-je vouloir le contraire ! Ta présence m’aidera à me dépasser. C’est trop gentil de vouloir m’encourager, merci beaucoup !
Elle chercha alors dans son sac un flyer avec la date et l’adresse.
- Voilà, tout est là-dessus. Et après, on ira boire un verre, soit pour fêter quelque chose, soit pour oublier, ajouta-t-elle avec un petit rire. Mine de rien, c’est bientôt.
Ce constat l’angoissa un peu soudain, mais il lui suffit de reposer son regard sur Mery pour qu’elle se sente invincible.
- Et alors, pour ton cousin ? Il a réussi à sortir avec la barmaid ? Est-ce qu’au moins il grillé nos magouilles, ou pas du tout ?
Repenser à la soirée de l’aquarium la fit sourire. Elisa se rendait compte qu’avec Mery avec elle, elle était capable de tout, même d’être une chipie et faire une farce pareille.
Elisa était très excitée à l’idée de trouver un nom pour le petit poulain blanc dont s’occuper Mery. Elle voulut voir une photo chose que la rouquine se pressa de réaliser. Elle sortit son téléphone et lui montra toutes les photos qu’elle avait prises avec l’animal. Il était vraiment trop craquant et la rouquine avait fait une tonne de photos de lui, sans compter tous les selfies. Cela lui prit bien cinq bonnes minutes pour tout montrer à la jolie blonde. Cette dernière commença à donner quelques noms, en rapport direct avec son domaine d’expertise, la glace.
« Tu as des idées intéressantes, je t’avoue que moi aussi, les premiers temps, je tournais autour du même lexique que toi avec notamment Givre, Grésil ou Glaçon aussi. Et puis l’autre jour, je suis partie me perdre dans les couloirs du musée des sciences et je suis tombée sur une reconstitution du système solaire. J’ai vu le nom d’un des satellites de Jupiter qui s’appelle Ganymède. Sa particularité c’est qu’il est recouvert de glace. Je me suis dit que ça pouvait être un joli prénom pour un petit cheval et moins ordinaire que tous les noms qui me passaient par la tête jusque-là. Tu en penses quoi ? »
La conversation tourna alors autour des chocolats que la patineuse venait de lui offrir. Une phrase de la jeune femme fit tiquer la cochère. « comme ça tu penseras un peu à moi » elle avait dit, donc elle voulait que la rouquine pensa à elle.
« Tu sais, je n’ai pas besoin de chocolats pour penser à toi, il y a plein d’autres choses qui me font penser à toi… Oups, c’est moi qui ai dit ça ! Faut croire que tu déteins sur moi ! » Mery se mit à rire. « Par contre, tu n’as toujours pas répondu à ma question. Ils signifient quoi les chocolats que tu m’as offerts ? »
Elle n’allait pas s’en sortir comme ça ! Mery était tellement perdue dans ses sentiments vis-à-vis de la patineuse que la réponse à cette simple question pourrait l’aider à tout démêler. Enfin, elle l’espérait vraiment très fort intérieurement. Une fois leur commande passée, la discussion dévia sur les championnats nationaux de patinage qui arrivaient vite, peut-être un peu trop vite aux yeux de la principale intéressée. Celle-ci tendit un flyer avec toutes les informations utiles à la jolie rousse.
« Je ne manquerai pour rien au monde ce jour. Il est important pour toi, donc il est important pour moi aussi. Et ok pour le tour au bar ensuite, quelle que soit la raison de boire un verre, je croise les doigts pour que ça soit un événement heureux qu’on célèbrera. » Mery joignit le geste à la parole et se mit à croiser les doigts de ses deux mains aussi fort qu’elle le pouvait.
Elisa commença à stresser légèrement en pensant à la date fatidique. Son teint vira légèrement au vert quelques instants avant de reprendre son teint frais habituel. Elle demanda à son amie des nouvelles de son cousin, savoir s’il avait enfin conclu avec Roni et s’il avait découvert la petite blague qu’elles lui avaient fait le soir du réveillon du jour de l’an à l’aquarium.
« Je te rassure, il n’en sait toujours rien et je ne compte pas lui en parler. Il me tuerait sinon ! » Mery se mit à rire spontanément en y pensant. « Et pour ce qui est de son histoire avec la tenancière du Poisoned Apple, c’est compliqué d’après ce qu’il a accepté de me raconter. Mais, j’ai la sensation qu’il ne me dit pas tout sur le sujet. C’est pas faute de le cuisiner dès que je l’ai au téléphone ou que je le vois. C’est frustrant, tu peux pas savoir à quel point ça l’est ! »
Oui, c’était frustrant pour Mery d’être dans l’incertitude concernant son cousin et sa potentielle relation avec une femme plus longtemps qu’une nuit. Elle comptait bien entendu cuisiner encore et encore Bobby jusqu’à ce qu’il céda et déballa toute l’histoire à sa cousine. Elle s’en fit la promesse à elle-même.
« Sinon, j’ai continué à faire les exercices d’étirements que tu m’avais montré. Je crois que j’ai fait des progrès, enfin je l’espère. Il faudra qu’on se refasse une séance de sport ensemble dès que tu auras un peu de temps pour moi, pardon, pour faire du sport avec moi dans la salle où on s’est rencontrées. »
Bien malgré elle, Mery rougit à la fin de sa phrase. Il était clair qu’elle voulait passer encore du temps, beaucoup plus de temps avec Elisa. Finalement, ses émotions n’étaient pas si embrouillées que cela. Elles la poussaient toutes vers la même direction : Elisa.
Ah ce poulain, quelle adorable frimousse ! Elisa avait toujours aimé les chevaux, et si elle n’avait pas eu le patinage artistique dans sa vie, elle aurait peut-être opté pour le même genre de métier que Mery. Cette dernière lui parla de ses réflexions à propos du prénom à lui trouver, et lorsqu’elle évoqua Ganymède, le regard de la patineuse s’éclaira.
- Oh oui ! C’est parfait ça ! Mery tu es impressionnante, bravo ! lança-t-elle pleine d’enthousiasme en applaudissant.
Puis, la beauté rousse voulut connaître en détails les messages délivrés par les chocolats choisis par Elisa Cette dernière se sentit légèrement rougir, heureusement qu’elle était maquillée, le fond de teint et le blush lui sauvaient la mise sur ce coup-là.
- Oh il y en a plusieurs tu sais, mais les explications sont dans le dépliant qui est dans la boîte. Comme ça tu prendras le temps de lire tout en dégustant.
Elle nota cependant que la sublime cochère lui avait dit qu’elle n’avait pas besoin de ça pour penser à elle. Elle était si adorable, existait-il une seule personne sur Terre aussi adorable qu’elle ? Impossible !
- Et moi je peux savoir ce que c’est qui te fait penser à moi ? demanda-t-elle en souriant tout en reprenant son verre de smoothie.
Que ces retrouvailles étaient agréables ! Quel bonheur que de la voir, en plus elle était divinement belle, un ravissement pour les yeux. Elles en vinrent à parler des championnats, qui était ce qui occupait cinquante pourcent de l’esprit d’Elisa, l’autre moitié étant Mery.
- Génial, merci pour ton soutien Mery, ça compte beaucoup pour moi tu sais.
D’autant que la blondinette n’avait pas tant de proches que ça. En réalité, à part sa coach et parfois une collègue ou deux du Fire Lips, jamais personne ne venait à ses compétitions. Voulant détendre un peu ‘atmosphère, Elisa se fit espiègle et demanda des nouvelles de Bobby, et surtout pour savoir s’il avait découvert leur petite manigance avec les urnes à noms. Mais visiblement non.
- Ah je ne laisserai personne te tuer quoi que tu aies fait, et même si c’est ton cousin flic baraqué !
Elle rit à son tour en écoutant la suite.
- Il est peut-être timide, peut-être qu’il n’ose pas tout te dire, ou qu’il a peur d’être déçu s’il parle à voix haute de ses espoirs et que ça ne se concrétise finalement pas ? Mais oui, j’imagine combien ce doit être frustrant, courage ma belle, dit-elle en posant sa main sur la sienne.
Mery la rappela ensuite au bon souvenir de leur rencontre à la salle de sport, annonçant qu’elle avait continué les exercices d’étirement.
- Waow c’est super, j’ai hâte de voir ça. T'arrives à faire le grand écart ?
Elle sentit comme un pincement à son coeur lorsque ma cochère parla de temps pour elle, qui fut bien vite rattrapé pour changer les termes.
- Je… j’ai toujours du temps pour toi. On peut y aller après si tu veux. J’ai vraiment trop envie de voir tes progrès !
Et puis un peu de sport après ce goûter ne ferait pas de mal à ses muscles, Elisa le savait. Cela ne l'empêcha pas d'entamer avec plaisir sa part de tarte aux pommes.
Mery était vraiment contente d’avoir cet après-midi avec Elisa. Ces dernières minutes passées avec elle jusque-là lui prouvèrent à quel point elle lui avait manqué. Sa silhouette, son sourire, son visage, son rire, la façon qu’elle avait de rougir dès qu’elles évoquaient les émotions de l’une ou de l’autre, tout ce qui faisait Elisa lui était précieux à ses yeux. Ces derniers mois, Mery avait ressenti un grand vide en elle, la désagréable sensation de ne pas être entière, une difficulté à respirer même en plein milieu de son havre de verdure préféré, Central Park. Ces sentiments peu sympathiques disparaissaient au fur et à mesure qu’elle était en compagnie de la douce et délicate Elisa. Finalement, ce rendez-vous qu’elle avait provoqué avait mis en évidence bien des choses et avait mis au clair au passage ce qu’il se passait dans la tête de la rouquine.
Mery arrêta de rêvasser pour revenir au moment présent. Elle ne pouvait s’empêcher de sourire en regardant la jeune femme assise en face d’elle. La jolie blonde avait éludé à nouveau la question sur les chocolats et sur leur signification. Elle s’en était sortie en disant que toutes les informations que souhaitait Mery se trouvaient dans la boîte, sur le papier de description.
« J’étudierai avec minutie chacun de ces chocolats et leur description quand je les dégusterai. Compte sur moi ! Comme ça, je saurai enfin la signification de ton cadeau vu que tu me laisses dans l’ignorance, petite coquine ! » Mery se mit à rire de bon cœur.
La conversation avait à nouveau dévié sur le sujet délicat des moments qui faisaient penser à l’autre quand elles n’étaient pas ensemble. Comment exprimer ouvertement que n’importe quel instant de chaque jour depuis leur rencontre lui faisait penser à elle ? Comment dire à Elisa qu’imaginer sa vie sans elle en tant qu’amie, ou peut-être plus, était impensable pour Mery ? C’était justement ce qui bloquait la rouquine jusque-là. Elle était tellement peu sûre d’elle dès qu’il était question de relations humaines. Elle avait tellement peur de la réaction de la patineuse qu’elle n’osait pas lui dire, plutôt lui avouer, ses sentiments à son encontre.
La conversation qu’elle avait eue avec son cousin il y avait quelques semaines de cela, lui avait juste permis de comprendre qu’Elisa lui était nécessaire dans son équilibre personnel. Les deux cousins étant très secrets sur leurs sentiments qu’ils étaient incapables un de les nommer correctement, deux de les avouer à haute voix surtout face à la personne concernée. Bobby, c’était face à Roni. Mery, c’était face à Elisa…
« Oh tu sais, quand je me balade en calèche dans Central Park et que je passe là où a eu lieu la fête pour Halloween, je me souviens des moments qu’on avait passés ensemble ce soir-là. Ou encore, quand je passe devant le restaurant, ou sa publicité, où on a mangé après notre première séance de sport. C’est ce genre de moments et de petits détails qui me font penser à toi. » arriva-t-elle à répondre tout en rougissant et en ne regardant pas Elisa dans les yeux.
Et le fait qu’Elisa ajouta qu’elle ne laisserait personne lui faire du mal et surtout pas son cousin, cela n’aida pas à la chaleur qui emplissait ses joues de se réduire. Le summum fut atteint quand la jolie blonde posa sa main sur la sienne en essayant de la rassurer concernant son cousin et son comportement étrange dans sa relation avec Roni. Mery ressentit une chaleur monter ailleurs que sur ses joues. Une sensation qu’elle n’avait plus connu depuis longtemps, voire jamais connu en présence d’un humain. La dernière fois, et la seule fois, c’était quand elle était montée sur un cheval pour la toute première fois. L’amour, la sérénité, l’impression d’être à sa place en cet instant précis, voilà ce qu’elle ressentait.
Elisa la ramena à l’instant présent en lui disant qu’elle avait toujours du temps pour la rouquine et en lui proposant d’aller faire une séance de sport après leur petit goûter. Mery n’en avait pas tellement envie. Elle voulait juste garder la jolie blonde pour elle toute seule, une balade dans un parc était plus agréable et peut-être plus romantique qu’une séance à suer et à se sentir observer par tous les mâles en manque de la terre.
« Ça ne te dirait pas d’aller faire une balade juste nous deux plutôt que la séance de transpiration ? J’ai tellement besoin de soleil et de sentir le vent dans mes cheveux en ce moment ! Avec le débourrage des poulains, les séances de sport, le métro et les week-ends à glander dans mon appartement, je vis presque exclusivement à l’intérieur depuis des mois. Le grand air me manque… Même l’atmosphère polluée de New York me manque ! »
Mery reprit une gorgée de son smoothie en regardant la réaction d’Elisa à la proposition qu’elle venait de lui faire.
Elisa était le genre de fille à se poser plein de questions, sur à peu près tout. Cela résultait du fait qu’elle n’avait que peu confiance en elle, sauf sur la glace, et qu’elle doutait donc beaucoup d’elle-même et aussi du monde qui l’entourait. Un gros souci de confiance en généra, en somme. Pourtant, avec Mery, les choses étaient différentes, c’était comme si la personne d’Elisa toute entière était différente. Là où en temps normal elle n’aurait eu de cesse de se demander ce qu’elle fichait là, pourquoi Mery acceptait de la voir, lui parler ou d’être son amie puisqu’elle n’en valait pas la peine, puis à se demander à chaque mot prononcé si c’était le bon, si elle n’aurait pas dû tourner sa phrase autrement, si elle n’avait pas dit une bêtise, si sa sublime interlocutrice ne risquait pas d’être froissée...Là non, la patineuse se contentait d’être elle-même, d’apprécier ce moment qu’elle avait tant attendu et depuis si longtemps… bien sûr, l’attente, elle, n’avait pas été sans questionnement. Les « pourquoi » et les « comment » étaient allés bon train. Mais aussitôt que son regard s’était posé sur la cochère, plus aucun point d’interrogation, et leur petit câlin de retrouvailles avait suffi à consolider cette certitude. Elisa était bien en la présence de Mery, et c’était bien la première fois qu’un tel sentiment surgissait ailleurs que sur la glace, des patins aux pieds.
La blondinette ne put que rire avec Mery qui s’enthousiasmait à l’idée de connaître la signification des chocolats choisis. Elisa avait légèrement rougi, espérant que la rouquine apprécierait. Mais à présent, la curiosité de la danseuse fut éveillée, et son intérêt aussi, car la charmante cousine du drôle de policier bourru déclara qu’elle n’avait pas besoin de chocolats ou de cadeaux pour penser à elle… Cela voulait donc dire que Mery pensait à Elisa, n’est-ce pas ? Voilà que la cervelle d’Elisa se mit à cogiter dans tous le sens tandis que son petit coeur se serrait d’émotion. Elle lui demanda quelques précisions, ce que la beauté bouclée s’empressa de décrire. Le sourire de la jolie blonde s’agrandissait peu à peu, sous le joug de l’émotion que suscitait l’énumération de son interlocutrice.
- Tu sais, ça me touche énormément ce que tu dis… Parce qu’en fait, c’est pareil pour moi. Je me souviens de tous nos petits moments ensemble, et d’ailleurs j’y pense souvent… enfin, tous les jours. Et chaque fois je m’en veux d’avoir passé une nouvelle journée sans te voir. On se le promet ? Plus jamais aussi longtemps ? proposa-t-elle avec douceur.
C’était incroyable pour Elisa d’être en présence d’une personne avec qui l’on se sentait soi-même, sans avoir peur de paraître bizarre, une personne qui jamais ne la jugerait et qu’elle non plus ne jugerait pas, parce qu’elle l’admirait trop pour ça. Le moral totalement reboostée, la patineuse engloutit son smoothie avec plaisir sans quitter la belle Mery des yeux. Et quel ravissement que de la contempler, cette fille était une œuvre d’Art à elle-seule. Le feu de sa chevelure, la profondeur de ses yeux, le grain parfait de sa peau, tout n’était qu’enchantement à ses yeux. Sans trop savoir pourquoi, puisque Mery parlait de l’entraînement, Elisa proposa d’y aller après, mais la cochère proposa une autre alternative. La blondinette ne put retenir son rire lorsqu’elle entendit « même l’atmosphère polluée de New York me manque ! ».
- Bien, bien ! Alors on va aller se balader au soleil, pas de souci cheffe ! Ce programme me semble parfait ! Et rien ne serait plus beau que voir tes cheveux virevolter au vent.
Son sourire se crispa. Venait-elle de dire un mot de trop ? Cette phrase était-elle convenable ?
- Enfin… j’aime beaucoup tes cheveux, ils sont vraiment jolis, alors… l’idée paraissait artistique dans ma tête. Ça faisait bizarre à voix haute ?
Force était de constater que les mauvaises habitudes avaient la vie dure. Elisa prendrait-elle un jour un peu plus confiance en elle ? A mesure qu’elles parlaient, le goûter s’achevait, et il restait encore plusieurs heures avant le coucher du soleil, il était donc grand temps d’aller profiter des rayons de l’astre.
La météo était des plus agréables et incitait à la rêverie. Le soleil caressait la peau de Mery avec une douceur qu’elle n’avait plus connu depuis longtemps. Son esprit s’égara dans des endroits bien loin de New York. Elle se voyait dans une forêt verdoyante, sur un magnifique cheval noir, accompagnée de la douce Elisa. Mery avait l’impression d’y être. Elle avait l’impression de sentir toutes les sensations qui composaient sa balade bucolique : la menthe sauvage, les conifères, le soleil sur son visage, l’odeur de sa monture, la chaleur qui émanait de son corps musclé.
Elle n’avait jamais été aussi bien dans une de ses relations amicales comme amoureuses. Ce sentiment de sérénité et de plénitude était vraiment rare dans son existence et elle profitait de chaque seconde que la vie lui permettait de vivre. Les propos de la jolie blonde présente en face d’elle la firent revenir au moment présent. La patineuse était en train de lui avouer que les paroles qu’elle lui avait dites quelques minutes auparavant l’avaient touché profondément. La jeune femme enchaina en lui demandant de se faire une promesse l’une à l’autre.
« Je te promets de ne plus laisser autant de temps avant de te donner des nouvelles. Je te promets de ne plus passer autant de temps sans te voir. Tu m’as beaucoup trop manqué. »
Mery rougit à la fin de ses propos. C’était elle qui venait de dire cela ? Elle qui évitait autant que possible de dépendre des autres et devoir quelque chose à une autre personne qu’elle-même venait de faire une promesse qu’elle comptait tenir aussi longtemps qu’elle le pouvait ? Elle qui revendiquait haut et fort qu’elle était une femme libre et indépendante acceptait de faire attention à une autre personne qu’elle-même ? Mery se sentit toute chamboulée en pensant à toutes les conséquences de ces quelques mots sur le reste de sa vie. Mais bizarrement, elle ne sentit aucune angoisse grandir en elle, au contraire, elle se sentait à sa place.
Elisa était tout aussi partante qu’elle après l’évocation de la balade dans le parc plutôt que la séance de sport. Elle lui fit même un compliment sur sa chevelure volant au vent. Elle était tellement belle avec son manque de confiance en elle. Une fois le goûter terminé, les deux jeunes femmes se levèrent et commencèrent leur promenade dans les rues de New York. Elles se tenaient l’une à côté de l’autre sans pour autant parler. Mery laissa vagabonder sa main en direction de celle d’Elisa sans pour autant oser aller plus loin.
« Oh qu’est-ce que ça fait du bien de prendre l’air ! Ça m’avait manqué ces sensations ! »
La rouquine prit un peu d’avance sur son amie, leva les bras, tourna sur elle-même et inspira profondément. C’était un plaisir simple mais qui lui prouvait à quel point elle était vivante. Elle alla vers Elisa, lui prit les mains et la fit tourner avec elle. Les deux femmes se mirent à rire en chœur. Elles reprirent leur route et Mery ne put s’empêcher de garder la main de la jolie blonde dans la sienne. Cette dernière ne fit rien pour l’enlever, la rouquine prit ça pour une bonne chose et sourit béatement.
Après quelques minutes de marche tout en regardant le paysage autour d’elle, Mery s’aperçut qu’elles étaient arrivées pas très loin des écuries de Central Park. Une idée germa dans son esprit.
« On est presque à mon travail, ça te dit d’aller voir les poulains ? Et après, je t’emmène faire une visite du parc en calèche ! Interdiction de refuser ! »
Être avec Mery symbolisait la joie, la joie de la voir mais aussi cette positivité qui émanait de cette flamboyante rouquine à la chevelure soyeuse et légère qui donnait un goût de printemps à l’air quand celui-ci s’y engouffrait. Elisa ne boudait pas son bonheur d’être en la compagnie de cette amie si précieuse dont elle était déjà incapable de se passer.
Suivant le souhait de la belle cochère, les filles sortirent profiter du soleil, se dirigeant à pied vers le Central Park de Mery. Oui, le sien, car elle avait une façon toute personnelle de l’aborder, de le décrire, de le vivre même ! Elisa était admirative de cette passion qui animait son amie quand elle parlait du lieu où elle exerçait son métier, comme s’il était magique et unique au monde. D’après la patineuse de toute façon, n’importe quel lieu où se trouvait Mery se voyait devenir unique. Cette pensée la fit sourire et légèrement rougir tandis qu’au gré de leur marche, sa main effleura cette de sa comparse. Elle qui venait de promettre que plus jamais elles ne passeraient autant de temps séparées. Une promesse qui rassura la danseuse. Elle sentait son coeur apaisé et totalement à la joie de ces retrouvailles cette fois.
- Oui, c’est vrai que ça fait du bien. Ces derniers temps, je me rends compte que j’ai pas vraiment pris le temps de le faire, savourer le fait d’être dehors… J’ai enchaîné les entraînements et le travail sans rien faire d’autre.
Regarder Mery inspirer l’air et sourire de ce simple fait était magnifique, et le sourire d’Elisa trahissait le ravissement qu’elle éprouvait à la regarder. Central Park était immense et la blondinette aurait facilement pu s’y sentir perdue, mais la simple présence de la rouquine à ses côtés lui donnait l’impression d’être chez elle partout, à l’aise et sans cette timidité ou cette peur maladive de mal faire.
- Comment pourrais-je refuser de toute façon un programme aussi charmant ? Voir des poulains trop mignons et ensuite une visite guidée en calèche, c’est un grand oui !
Un petit rire plus tard, les voilà parties en direction des écuries. Des choses simples, passer du temps avec Mery et la voir lui expliquer comment on s’occupait des chevaux, tout ceci apportait un tel réconfort à Elisa, à tel point que le sourire n’avait plus quitté ses lèvres de toute la journée. Enfin elle ne pensait plus aux entraînements rigoureux, à sa chorégraphie, au travail qu’elle détestait chez Olympus. Non, il ne subsistait que le bonheur d’être ensemble et partager des instants précieux, en se créant des souvenirs.