Je lui souris et me levai pour aller le resservir. Il y avait un côté rassurant à avoir assez de nourriture pour ne pas avoir à se restreindre. J’avais connu la pauvreté après la mort de mon épouse, quand j’avais raccroché mon chapeau pour m’occuper de Grace. Mes compétences étaient limitées et à l’époque, je n’avais même plus le premier sou pour m’acheter de quoi avoir un atelier de chapellerie. J’avais juste pu mettre un toit au-dessus de nos têtes et j’avais dû faire avec ce que je trouvais.
J’appréciais grandement la présence d’Héraclès et j’étais honoré de la confiance qu’il m’avait témoignée en craquant ainsi devant moi. J’avais passé une bonne partie de ma vie à voler, à tromper et à me servir des autres pour arriver à mes fins, puis la paternité m’avait quelque peu assagi, avant que la folie de la douleur ne vienne tout bousculer. J’avais vraiment du mal à me voir comme quelqu’un de bien, excepté dans les yeux de ma fille. Elle avait toujours cru en moi et quand j’étais allée la voir bien après la fin de la Première Malédiction, elle m’avait sauté dans les bras et m’avait dit qu’elle savait que je la retrouverais. J’avais gagné la confiance de Regina, son amitié même, ce qui n’était pas gagné au vu de notre passé commun. Je commençais à m’entourer, à m’ouvrir et à faire confiance, mais c’était encore difficile.
Je revins avec le deuxième service, un grand sourire amical aux lèvres, et je rendis son assiette à mon invité avant de me rasseoir.
« - Oh, pas grand’chose. J’ai repris mon premier métier, chapelier, et je me suis fait une petite clientèle grâce à la Reine. Sinon, j’apprends à Grace à se battre, comme elle me l’a demandé, et je fais de mon mieux pour reprendre une vie plus ou moins normale. Ma fille grandit tellement vite, je commence un peu à redouter le moment où elle voudra quitter la maison. »
Elle n’avait pas encore commencé à en parler, mais je n’étais pas dupe. Elle était adolescente, elle commençait à sortir de plus en plus, elle passait beaucoup de temps avec ses amis et amies. Malgré tout son amour pour moi, elle ne resterait pas éternellement ma petite fille chérie. Mais j’étais aussi très heureux de la voir s’épanouir et embrasser la vie à bras-le-corps. Elle s’intéressait à des tas de choses, elle se rêvait aventurière, passeuse de portails comme moi, voleuse même parfois (la pomme ne tombait décidément jamais très loin de l’arbre).
We aren't contractually tied down to rationality! There is no sanity clause! So when you find yourself locked onto an unpleasant train of thought, heading for the places in your past where the screaming is unbearable, remember there's always madness. Madness is the emergency exit… you can just step outside, and close the door on all those dreadful things that happened. You can lock them away… forever. BANGERZ
Grand et costaud comme Héraclès était, il avait besoin d'énergie pour faire tourner la machine. Et ce n'était pas comme s'il était inactif : le plus fort de tous les héros était tout le temps en vadrouille et faisait de l'exercice de façon quotidienne. S'entretenir était son mot d'ordre et s'il jouissait de cette puissance physique divine, il ne fallait pas moins qu'il l'entretienne et qu'il la développe. C'était comme un tout autre talent ou une autre profession : un pianiste qui ne pouvait plus jouer perdait du niveau petit à petit.
Depuis que le demi-dieu avait rencontré le chapelier, ce dernier avait beaucoup changé. Il n'était tout simplement plus le même. Et le voir comme il était aujourd'hui faisait plaisir au fils batard de Zeus, car il l'avait connu sous un tout autre jour. Leur relation s'était gentiment renforcée, au fur et à mesure de la persévérance du pompier aux belles bouclettes et une belle amitié était née. Au point qu'il laissât tomber le masque et dévoilasse à Jefferson un Mylonas qu'il n'avait jamais vu; plus faible, plus vulnérable.
L'orage et la tempête furent passés et les deux hommes reprirent place autour de la table pour continuer de manger. Héraclès ne disait jamais non à un deuxième service, si bien qu'il acquiesça quand Stewart le lui proposa et attendit son assiette avec impatience. Le pompier attendit néanmoins que son hôte se rassisse pour entamer sa pitance et en profita pour demander des nouvelles. - Super ! Je suis content que Regina t'aide à développer ton entreprise. Et oui... Le temps passe définitivement trop vite ! Les enfants nous le rappellent à chaque occasion... Et dire qu'aujourd'hui, les siens auraient été grands. Mais Héra en avait décidé autrement. Le plus beau de tous les héros ne se laissa cependant pas miner par cette pensée et continua de manger. - Tu ne penses pas être prêt pour ce moment ? Demanda-t-il curieusement, sachant très bien que c'était une épreuve pour tous parents. ️ 2981 12289 0