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Nouvelles têtes
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Le calendrier de l'avent
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Je pouvais passer des heures à regarder mes enfants jouer ensemble. Je n’avais d’yeux que pour eux, et j’étais prête à tous les sacrifices pour leur bonheur. Jusqu’à présent, ils semblaient pleinement heureux, et se satisfaisaient très bien de la vie simple qu’était la notre. Nous vivions en plein milieu de la forêt pour qu’ils puissent se changer en loup quand ils le voulaient, mais la ville n’était pas non plus trop éloignée, ainsi, ils pouvaient voir le monde qui les entouraient. Depuis que William avaient rencontré Aurore, il s’était pris de fascination pour l’élevage de lapins. Par chance, il se contentait de quelques individus. Nous en avions sept au total. Les petits qu’il avait eus, ils les avaient relâchés dans la nature avec sa sœur. Si nous les avions tous gardés, notre domestique Henry en serait tombé malade. Le pauvre homme devait supporter toutes mes lubies et celles de mes enfants. James me laissait à peu près faire ce qui me plaisait. Si nous ne nous aimions pas, il restait quelqu’un de bon, qui ne cherchait pas à faire de mal à sa famille. Quand nous exagérions, il n’hésitait pas à le dire. Malheureusement pour Henry, mon époux était souvent absent, alors il n’y avait personne pour calmer mes ardeurs et mes folies.
Par exemple, aujourd’hui, je lui avais demandé de courir après les deux lapins lâchés dans la maison afin que nous puissions aller gouter dans la cuisine. Il accepta sa mission avec une mine renfrognée. Ça ne devait pas être simple tous les jours que de travailler pour nous. Mais il était grassement payé, ce qui était une bonne compensation pour tous ses efforts. En cuisine, William et Mary se régalèrent avec des gâteaux au chocolat. Mais nous fûmes interrompus par Henry qui annonça que Rose était là. Si je ne l’avais pas oubliée, j’étais surprise de recevoir sa visite après huit ans de silence. Mon fils se précipita à l’entrée, alors que je pris mon temps pour monter avec ma fille.
C’était en effet, Rose qui était dans le hall. Enfin, je devais plutôt dire la princesse Aurore. Plutôt que de rester devant l’entrée, je l’emmenais dans le salon. Je lui demandai de s’installer près du feu. Après avoir parcouru une certaine distance, je ne doutais pas que la chaleur d’un feu lui ferait le plus grand bien. Je voulais tout de même savoir ce qui l’amenait par là. Sauf erreur de ma part, elle allait bientôt avoir seize ans. La Malédiction serait donc bientôt levée et elle allait pouvoir rentrer chez elle auprès de ses parents. Les fées lui avaient-elles enfin révélé la vérité ? Je préférais lui laisser un peu de temps pour respirer un peu avant de lui poser davantage de questions. En attendant, je lui présentais Mary qui fit sa timide.
- Bonjour, Rose… Répondit-elle à voix basse.
Je lui caressais délicatement la joue avec de reporter mon attention sur notre invitée. Elle était dans un état lamentable. Je me demandais à quelle distance était sa nouvelle demeure de chez nous. Si elles s’étaient éloignées encore plus, elle avait parcouru plusieurs kilomètres à pieds dans la fraicheur du printemps. Autant dire que c’était une longue épreuve pour une jeune humaine comme elle… Quant à son échange avec William, je l’écoutais d’une oreille attentive et compris rapidement qu’elle mentait. Elle n’était pas venue parce que ses « tantes » lui avaient ordonné de ne pas le faire. Monsieur Hibou avait surement eu beaucoup de facilité à retrouver ma demeure, elle n’était pas caché et pas très éloignée de la chaumière que Rose avait habitée quelques années auparavant. Mais je préférais laisser là le mensonge.
- Hum… D’accord. Alors heureusement que monsieur Hibou a fini par retrouver notre maison alors. Déclara William.
Pendant que la demoiselle et le jeune homme discutait, je demandais discrètement à Henry de faire monter du chocolat chaud et quelques pâtisseries, ainsi qu’une crème pour soigner la blessée. Ça réchaufferait un peu plus la princesse, et ça lui ferait certainement un peu de bien de manger. Continuant d’écouter, je fis un sourire à Rose.
- Je ne suis pas fâchée, rien n’était de ta faute.
J’étais sincère. Elle n’y était pour rien dans cette histoire. La pauvre enfant était seulement dans une position délicate qu’elle ne pouvait pas contrôler. C’était sûrement elle qui souffrait le plus de toute ces affaires.
- D’accord, je ne dirais rien. Mais maman dit que ce n’est pas bien de faire des secrets… - Ce n’est rien William, c’est à Rose de prendre ses propres décisions à présent.
Ce fut à cet instant que le domestique fit son entrée avec un plateau rempli de sucrerie qui pouvait satisfaire n’importe quel estomac gourmand.
- Je vous remercie Henry, prenez aussi une pâtisserie si vous le souhaiter. Sers-toi Rose, les enfants aussi.
Un sourire ravit se peignit sur le visage du valet qui repartit avec une gourmandise. Les enfants prirent simplement un chocolat chaud. Ils étaient déjà rassasiés de leur gouter. Je pris pour moi la crème et me tournait vers Aurore.
- Montre-moi tes blessures. Nous allions soigner ça. Il y a de la salive de loup dedans, je suppose que tu te souviens des miracles que ça fait ? L’interrogeai-je avec le sourire.
Maintenant que ces formalités étaient réglées, nous devions parler de sujet plus sérieux.
- William ? Veux-tu bien emmener ta sœur jouer un instant ? Je dois parler un peu avec Rose. Je vous appellerai quand vous pourrez revenir. Ne sortez pas dehors, restez à l’intérieur. - Mais maman… - S’il te plait, William. - Bon, d’accord… Viens Mary.
Les enfants vinrent m’embrasser avant de sortir de la pièce et je posais mes yeux sur la jeune princesse.
- Tu es à l’aube de tes seize ans, je me trompe ? Tes tantes t’ont enfin dit la vérité, n’est-ce pas ? Est-ce pour cette raison que tu t’es enfuie ici ?
Le ton employé n’était pas celui du reproche. Ma voix était douce. Je voulais simplement savoir et comprendre pour pouvoir l’aider.
Lorsque je quitte en courant la maison de mes tantes, j'ai l'impression de tout quitter. Je n'arrive plus à réfléchir. Je ne peux plus le faire point, je n'arrive plus à réfléchir. Je ne peux plus le faire en présence de mes tantes. Je ne saurai pas si elles me mentent encore ou pas. Je besoin de parler à quelqu'un qui n'est pas dans l'alimentation de ce mensonge. Et je ne connais qu'une personne qui peut m'aider c'est Anne.
Je le suis interdit d'aller la retrouver pendant toutes ces années. Mes tantes me l'avaient défendus mais j'étais encore libre dans la forêt, j'aurai très bien pu partir à sa recherche avec monsieur Hiboux, mais je n'ai jamais pu m'y résoudre. La culpabilité m'assaillait depuis ce fameux jour. Je ne voulais plus faire de peine à mes tantes. Je ne les avais jamais vu dans un tel état et je ne voulais pas que cela se reproduise, encore moins à cause de moi. Je suis restée à ma place, j'ai fait tout ce que me disaient mes tantes et je n'ai plus jamais désobéi. Du moins jusqu'à aujourd'hui. Je pensais pas rencontrer ce jeune homme dans la forêt. Je voulais fuir pour ne pas encore donner de raison à mes tantes d'être triste. J'ai essayé mais il a été si gentil, si attentionné. J'étais comme envouté je n'arrivais plus à penser comme je le devais. J'ai mis de côté tout l'enseignement de mes marraines. Alors que je ne devais parler à personne, j'ai invité un inconnu à venir chez nous. Rien que d'y penser cela me fait rougir. Je n'arrive pas à regretter cette invitation, j'avais tellement hâte de le revoir mais je suis dans une impasse. Avec les révélations de mes tantes, ça remet toute mon existence en cause. Je ne sais plus qui je suis : Rose la paysanne ou Aurore la princesse. Mes parents sont le roi et la reine de ce royaume et ils attendent mon retour avec impatience, autant que moi j'ai envie de les voir. Elles ne m'ont pas caché que j'avais des parents, elles m'avaient dit qu'ils ne pouvaient pas s'occuper de moi pour le moment. J'avais déjà compris depuis la dernière fois que c'était à cause de la malédiction, mais il fallait me cacher surtout, rester au château était trop dangereux. Mes chers parents, je vais enfin pouvoir les retrouver, mais cela veut dire : devenir une princesse et épouser l'homme qui met destiné. Par conséquent oublier mon inconnu. Des larmes chaudes tombent le long de mes joues pour finir dans le creux de mon cou. Je dois trouver Anne, je peux tout lui dire. Je suis sûre qu'elle me comprendra.
Monsieur Hiboux me conduite chez elle. Malgré mon hésitation, je pénètre quand même chez elle, lorsque son domestique m'y invite. J'ai la joie de revoir William, il a bien grandi, mais aussi de rencontrer une nouvelle petite fille, Mary. Elle était très mignonne avec ses yeux bleus, on aurait dit une poupée. Le feu près duquel je me suis assise est plus qu'agréable, il réchauffe un peu mon cœur et mon âme meurtrie.
Lorsque le domestique apporte des boissons chaudes et des petits gâteaux, je ne prends que la tasse. Mon ventre noué, m'interdit de manger quoi que ce soit. Je bois très doucement comment si il s'agissait de mon ultime tasse de chocolat. Je sais que mentir n'est pas bien mais la sincérité m'a déjà fait souffrir par le passé et il y a encore quelques heures. Je ne voulais pas inquiéter et attrister William avec mon histoire. Anne s'avance vers moi et m'assure qu'elle n'est pas fâchée par ce qu'il s'est passé. J'avoue être rassuré qu'elle n'est gardé aucune rancune de ce qu'il s'est passé. Elle s'approche et m'assure qu'elle va me soigner. Je n'en doute pas quand elle s'est changée en louve la dernière foi, grâce à sa salive elle m'avait soigné. Je suis fait confiance pour ça. Je hoche doucement la tête pour lui dire que je suis d'accord. Je pense qu'Anne a compris que j'avais besoin de parler et elle demande à ses enfants d'aller dans leurs chambres un moment.
Une fois que les enfants sont partis, très calmement Anne me pose plusieurs questions auxquelles je réponds par des hochements de tête. Je me retiens tellement de pleurer que je n'arrive pas à sortir le moindre mot. Mais en voyant le visage de mon ami si compatissant, je n'y tiens plus. Je laisse couler mes larmes et me cache derrière mes mains.
- Je sais tout, pour elles, pour moi, pour mes parents, pour mon fiancé... rien que le fait de dire ce mot je sens ma gorge se nouer. Et je suis sûre que vous savez tout ça vous aussi. Je ne sais plus qui je suis, je ne sais plis quoi faire! Ce soir je dois retrouver mes parents. Je vais enfin les voir Je ne peux m'empêcher de sourire en pensant à nos retrouvailles. Mais je ne peux pas épouser cet homme ...J'hésite à la dire mais j'ai vraiment besoin d 'en parler. J'ai rencontré quelqu'un …. dans la forêt.
J'ai peur de la réaction d'Anne devant cette révélation. Avec mes tantes ça ne s'était pas bien passé. Je ne veux pas que ma seule amie ait la même réaction.
La douceur d’un foyer avait quelque chose de réconfortant et de rassurant. J’appréciais la vie que je menais même si elle manquait un peu d’aventures. Le côté paisible de mon existence avait quelque chose d’ennuyant mais c’était ce qu’il y avait de mieux pour les enfants. Les voir heureux et épanouis était la plus belle chose à mes yeux. Leurs sourires me ravissaient et leurs rires étaient une douce mélodie à mes oreilles. Je me serais battue contre vents et marées pour leur bonheur, je ne laisserais personne nuire à la joie. Même pas l’effrayante cuisinière.
Ce moment en famille me semblait parfait. Ce fut seulement l’intervention d’Henry qui rompit toute la magie de cet instant. Nous eûmes le droit à une surprenante visite. Après de longues années de silence, Rose refit surface et se trouvait dans le hall de ma maison. William fut le premier à réagir. Son amie lui avait manqué. Il me parlait assez régulièrement d’elle et guettait encore la venue de monsieur Hibou. Mary qui ignorait tout de l’existence de la paysanne ne comprenait pas tout ce que faisait son père, mais restait quand même avec lui quand il cherchait des éventuelles traces laissées par l’oiseau. C’était toujours une déception pour lui de ne voir aucun indice, mais il ne perdait pas espoir. Il voulait lui montrer son élevage de lapins. Elevage dont il était très fier. Peut-être que ça allait enfin se faire.
Mais avant de passer à la partie amusante de ces retrouvailles, je devais savoir ce qui avait poussé Rose à quitter les trois pintades qui lui servaient de tantes. Je congédiais les enfants afin qu’elle puisse parler plus librement et laisser éclater ses émotions. SI mon fils protesta un instant, il céda rapidement et emmena sa sœur avec lui. Seule avec notre invitée surprise, j’entrepris de la soignée en m’asseyant devant elle. J’utilisais une crème à base de salive de loup. Cela la soulagerait déjà un peu, et elle pourrait penser à autre chose. Je ne doutais pas que sa venue ici était liée à la vérité et sa véritable identité. Elle avait sûrement besoin d’en parler à quelqu’un. A une personne qui ne lui avait pas menti et qui n’avait rien à voir avec toute cette histoire.
En la soignant, je lui posais quelques questions auxquelles elle ne répondit que par des hochements de tête. Elle finit par prendre la parole pour m’expliquer la situation. Je l’écoutais attentivement tout en soignant délicatement ses plaies. J’avais de la peine pour elle. Vivre dans le mensonge n’était pas chose simple. Tomber amoureux d’un autre homme que celui qui lui a été destiné était une affaire de cœur bien compliqué.
- Tes blessures vont disparaitre dans peu de temps. J’ai tout soigné. Commençais-je. Pour te répondre : oui, je sais. Tout le royaume connait l’existence de la Princesse Aurore, et il sait qu’elle a été cachée pour sa sécurité mais ne sais où tu es. Tout le monde a également assisté à ton baptême, c’est également ce jour là que ton fiancé t’a vue pour la première fois.
Je me redressais pour me mettre debout en face d’elle. Je chassais délicatement ses larmes du bout de mes doigts et lui fis un petit sourire.
- Si tes parents t’aiment vraiment, ils ne te forceront pas à épouser un homme que tu n’aimes pas… S’ils veulent vraiment ton bonheur, ils ne t’enchaineront pas à quelqu’un qui ne te rendra pas heureuse. Parle leur de ce jeune homme que tu as rencontré dans la forêt, du fais que tu ignorais tout et que tu ne veux pas leur faire de peine mais que tu es déjà amoureuse d’un autre. Je m’interrompis un instant, réfléchissant à ce que j’allais lui dire. Mon mariage a été arrangé. Si mon époux est quelqu’un de bien… Je ne l’aime pas. Pas comme on devrait aimer son mari et… Ce genre de situation peut pousser n’importe qui à agir de façon peu morale… Je suis heureuse avec ma famille, mais pas dans ma vie amoureuse. En connaissance de cause, je te conseillerai vivement de parler à tes parents de tout ça. Ne fuis pas, parce que tu regretteras de ne pas avoir vu le roi et la reine. Quant à tes tantes, elles n’ont pas à dicter ta conduite, d’accord ?
Des choses peu morales… J’en savais quelque chose. Mais au moins, j’avais le droit à un peu de bonheur… Seulement, si ça venait à se savoir, ça ferait le malheur de plus d’une personne. Et je doutais qu’un jour, Rose puisse agir ainsi. Elle avait sûrement été élevée dans le but d’en faire une personne parfaite. Tromper son mari ? Jamais elle ne le ferait. Même si elle en aimait un autre. Elle préférerait se rendre malheureuse plutôt que de décevoir ses proches.
- Pense à toi avant de penser aux autres… Pense à ton bonheur à toi. Tu as déjà subi assez longtemps le choix de ta famille. Maintenant, il est temps que tu décides par toi-même et que tu dises ce que tu ressentes. J’aime mes enfants, et je ne veux que leur bonheur. Jamais, je ne les enchainerai à quelqu’un qu’ils n’aiment pas. Si c’est la pâtissière ou le boulanger qu’ils aiment, alors qu’ils passent leur vie avec ces personnes. L’argent, les territoires, les accords diplomatiques ne feront pas ton bonheur… Et les choses seraient graves, si tu venais à tromper un prince.
En partant de chez mes tantes, je viens peut-être de quitter le seul foyer qu'il me reste. Je les aie peut-être perdue, tout comme mes parents que je ne verrais possiblement jamais. Malgré tout le temps que j'ai passé seule dans la forêt, ce n'est que maintenant que je me sens abandonnée, même un peu trahie. On m'a tout caché pendant de nombreuses années. Je peux comprendre leurs motivations de vouloir me protéger mais tous ces mensonges sont-ils réellement nécessaires ? Peuvent-ils me sauver de cette malédiction ? Je ne sais plus. En courant dans les bois je me rends compte de tout cela et la seule chose dont je suis sûre c'est que je dois parler à Anne. Monsieur Hiboux m'emmène directement chez mon ancienne amie et peut-être la seule. J'ai besoin de parler à quelqu'un, une qui pourra m'écouter, entendre ce que j'ai à dire, de ce que je ressens et la souffrance qui m'envahit en ce moment. Je veux qu'on m'écoute sans qu'on me dise que tout ce qui a été fait, c'était pour mon bien. Et qu'à côté toute ma vie soit déjà décidée à l'avance. Je ne veux pas voir ce "prince" il ne m'intéresse pas. Je reste obnubilée par cet homme que j'ai rencontré dans la forêt. Ce moment était si beau. J'aurais voulu qu'il ne s'arrête jamais. Je devais le revoir mais malheureusement je crois que cela ne sera plus possible.
Enfin j'arrive à la maison d'Anne. C'est une très jolie maison, plus grande que celle de mes tantes. De la fumée sort de la cheminée et des lumières éclairement les pièces. Je peux presque voir à l'intérieur. Je m'approche de la porte d'entrée pour toquer, un domestique me fait gentiment entrer et je reste timidement dans le vestibule. Je ne veux pas la déranger, d'autant que ça fait des années qu'on ne s'est pas vues.
C'est à ce moment que William apparaît dans l'ouverture du couloir.
-William dis-je doucement en le voyant, un peu émue.
Il a l'air très heureuse de me voir et qu'est-ce qu'il a grandi ! Il court tout droit vers moi pour m'accueillir. Il commence déjà à me poser beaucoup de questions mais il ne me laisse pas le temps de répondre. Son enthousiasme et sa bonne humeur me vont droit au cœur. Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire. Puis je vois Anne avec une petite fille dans les bras.
-Anne ... Je veux m'excuser d'arriver à l'improviste, de la déranger, mais je n'ai plus qu'elle.
Voyant qu'aucun mal ne sort de ma bouche, elle m'invite à aller dans le salon près du feu. Et après que les présentations soient faites, Anne comprend que j'ai besoin de lui parler de quelques choses de grave. Elle demande aux enfants de bien vouloir patienter dans leurs chambres, nous reviendrons vers eux après.
-Ne t'inquiète pas je ne partirai pas dis-je avec un petit sourire à William.
A partir du moment où ils sont sortis, je ne peux plus contenir toute la souffrance que je contiens en moi depuis plusieurs heures. Je lui raconte tout. Mes tantes, leurs révélations, l'homme dans la forêt, mes parents qui sont roi et reine, l'homme qu'on me destine mais que je ne veux pas. Je sais que je ne devrai pas dire ça mais je ne tiens plus. Je libère tout mon ressenti : ma peine, ma colère, ma rancœur, la joie. Tout se mélange dans ma tête. Je ne sais plus quoi penser, je ne sais plus en qui je peux avoir confiance. Je veux seulement parler librement.
Quand j'ai fini ou du moins que je n'ai plus de souffle pour prononcer un mot supplémentaire. C'est Anne qui prend la parole. Elle m'assure qu'elle a soigné mes blessures physiques et que bientôt on ne verrait plus rien. Elle continue en m'assurant qu'en effet elle savait. Elle connaissait mon identité avant moi, comme tout le reste du royaume. Elle a compris que c'était moi, la princesse Aurore, quand elle a parlé avec mes tantes la première fois qu'on s'est vus. Elle a aussi mentionné mon baptême et peut-être l'une des dernières fois que j'ai vu mes parents et je ne m'en rappelle plus. Tout le royaume devait être réuni et c'est là que mon fiancé s'est présenté à moi. J'ai l'impression de parler de la vie d'une autre fille. J'ai du mal à admettre qu'il s'agisse de mon histoire. Cela semble incroyable, comment ça peut arriver à une fille comme moi. Anne fini par se lever et elle vient essuyer les larmes sur mes joues. Son sourire me fait chaud au cœur et me rassure un peu. J'ai réellement l'impression d'être entendu avec elle. Elle est si gentille avec moi. Je ne suis pas sûre de mériter tout cela surtout après ce qu'il s'est passé lors de notre dernière rencontre.
Pour elle, je ne devrais pas m'inquiéter autant. Si mes parents m'aiment vraiment rien de tout cela ne va se passer. Elle pense que si je leur parle de tout cela, ils reviendront sur leurs idées. Je l'espère de tout cœur. Elle doit avoir raison. Cependant mes tantes m'ont dit que c'est un engagement qui a été pris à ma naissance, j'imagine que ce ne sera pas quelque chose de facile à défaire, peut-être que c'était une alliance politique. En fin de compte je ne sais pas si ce serait aussi facile. Le jeune inconnu que j'ai rencontré dans la forêt, je ne sais rien de lui. Je ne sais pas qui il est, d'où il vient ce qu'il fait dans la vie. Et pourtant, c'est lui que je veux et personne d'autre, je ne veux pas perdre espoir. Peut-être qu'ils m'écouteront. Et avant d'envisager tout ça, j'ai tellement envie de les voir, de les rencontrer.
Puis Anne s'interrompt un instant et continue en parlant de son histoire. Elle aussi a eu un mariage arrangé et elle n'aime pas son époux. Je trouve ça terrible d'être marié à quelqu'un qu'on n'aime pas. Mon amie m'explique que ce genre de situation peut mener à faire des choses amorales. J'avoue ne pas voir où elle veut en venir. elle m'assure qu'elle est heureuse avec sa famille, avec ses enfants mais pas son époux. Je ne veux pas vivre ça. Je veux épouser l'homme que j'aime et vivre avec lui toute ma vie et l'aimer. Anne me conseille vivement de rentrer au château pour retrouver mes parents puis de leur parler franchement. Elle a raison, si je ne le fais pas, je vais le regretter.
-Mais qu'est-ce que tu veux dire par une chose amorale ? Et si cet engagement ne peut pas être rompu, je vais devoir me plier à leur décision. Enfin si je veux rester auprès de mes parents. J'attends de les retrouver depuis si longtemps.
La belle brune m'explique que je dois penser à moi d'abord, pour elle j'ai trop longtemps subi les décisions de ma famille et maintenant je dois faire mes propres choix. C'est très tentant mais je ne peux m'empêcher de penser à toutes les obligations et responsabilités d'une princesse. Je vais devoir me soumettre à un protocole royal et faire bonne figure aux côtés des mes parents et de mon … "mari". Même en pensée cette idée me terrifie. Je sais que beaucoup de choses vont s'opposer à mon bonheur. Mais le fait de retrouver mes parents me procure une joie infinie. Peut-être accepteront ils que je revoie une dernière fois l'inconnu de la forêt. Pour lui expliquer la situation ou je ne sais pas, mais seulement le voir une dernière fois.
-Anne, tu connais certainement mieux mes parents que moi. Qu'est-ce que tu sais d'eux ? Ils sont gentils ?
Je veux en savoir un peu plus sur eux. Avant d'être présentée à eux. Je ne sais rien, pas même leurs noms. J'aimerais me présenter à eux en n'étant pas totalement ignorante. Et puis je veux les connaitre je ne pourrai pas attendre.
Je devrais peut-être tenter de revoir cet homme par moi-même, cette idée tourne dans ma tête ! Je veux le revoir ce soir !
-Je dois revoir cet homme ce soir. Je peux peut-être y aller pour lui expliquer la situation et ensuite retourner au château de mes parents. Je ne sais pas si c'est envisageable, mes tantes doivent déjà me chercher pour me ramener.
Non je ne peux pas faire ça… Je réfléchis un court instant et une autre alternative me vient à l'esprit.
Une invitée surprise… Après tant d’années, je ne pensais pas revoir Rose un jour. Enfin, pas ainsi. J’aurais pensé l’apercevoir de loin, quand elle serait à son balcon de princesse ou dans son carrosse entourée de gardes armés jusqu’aux dents. Je me demandais si les fées l’avaient rendue encore plus prisonnière, ou si elle avait décidée d’elle-même ne plus jamais nous montrer signe de vie. Je m’étais fait du souci pour elle. J’espérais qu’elle était heureuse. Mais face à son silence, je ne pouvais qu’espérer… Partir à sa recherche, ça aurait été prendre le risque de la faire enfermée par ses soit disant tantes. Elle vivait dans une jolie prison champêtre. Je ne voulais pas qu’elle finisse entre quatre murs sans la possibilité de voir la lumière du jour. Monsieur Hibou m’en aurait sûrement voulu. Alors j’avais simplement attendu qu’elle vienne vers nous. Ma porte lui était toujours ouverte, et je l’aurais toujours accueillie à bras ouvert. Comme aujourd’hui.
William aussi attendait son arrivée. Après notre première rencontre avec la jeune princesse, il me reparlait régulièrement d’elle. Au fil des années, il avait cessé de la réclamer, mais faisait parfois allusion à son amie disparue. Mary n’avait jamais eu le plaisir de rencontrer la demoiselle, alors elle interrogeait son frère sur cette mystérieuse inconnue qui lui avait appris à apprivoiser les lapins.
Je laissais un peu les enfants se retrouver et faire connaissance. Aurore se montra aimable avec Mary qui faisait sa grande timide. William était excité comme une puce. Malheureusement, nous allions devoir aborder de fâcheux sujet et je préférais que mes louveteaux se retirent. William céda à mes exigences en ronchonnant. Il emmena sa petite sœur avec lui, nous laissant seule, Rose et moi. Les humains étaient des êtres bien fragiles. Une course dans la forêt leur causait bien des tourments. Elle avait de nombreuses égratignures, elle semblait également épuisée… Ses tantes avaient dû lui faire énormément de tort pour qu’elle se mette dans un tel état. Je compris alors l’évidence. Elle avait seize ans, ou peut-être allait-elle les avoir le lendemain. A présent, elle devait connaitre toute la vérité, et ça ne devait pas lui plaire. A qui est-ce que ça plairait de savoir que toute sa vie était un mensonge ? Qui aimerait apprendre que nous n’étions pas ce que nous prétendions être ? Perdre tous ses repères, perdre son identité même… Je comprenais qu’elle soit si déboussolée… J’avais de la peine pour elle. Si je ne pouvais pas soigner son cœur, je pouvais au moins soigner son corps.
Le pire dans cette affaire semblait être le mariage que ses parents lui imposaient. Elle avait rencontre un jeune homme dans la forêt, et elle en était tombée amoureuse. Malheureusement, elle était la promise d’un prince d’un royaume voisin. Je ne pouvais que comprendre son désarroi… Si j’étais mariée à un riche commerçant, c’était un pirate qui avait ravi mon cœur… Et cette histoire m’avait menée à enfreindre les règles et prendre le risque de briser toute ma vie. Mais ça me permettait de connaitre quelques instants de bonheur, et d’être l’heureuse mère d’une adorable petite fille. James pensait que c’était la sienne, et tant mieux. Mais elle ressemblait beaucoup trop à Killian pour que je puisse me tromper sur l’identité du père. Cela restait un secret bien évidemment. Le capitaine Crochet savait qu’il s’agissait de son enfant, mais Mary ignorait la véritable identité de son géniteur, ce qui ne l’empêchait pas d’aimer particulièrement le pirate. Si mon histoire ne ferait que du mal à ma famille, les adultères d’une princesse feraient beaucoup plus de torts… Même si je doutais réellement que Rose puisse faire quelque chose d’immorale. Ça question me surprit tout de même. Ses potiches de fées ne lui avaient donc rien dit ? Elles n’avaient pas suivi mes conseils avisés ?
- Tes tantes ne t’ont donc pas parlé du devoir conjugal ? De la façon dont on conçoit un enfant… ? Aimer un autre que son mari est déjà immoral en soi… Mais si personne ne le sait, ça ne peut faire de mal à personne… Mais si tu venais à montrer ton amour pour un autre, c’est déjà immoral aux yeux du monde. Et pire encore, si tu venais à partager le lit de quelqu’un qui n’est pas ton mari, le monde entier criera au scandale. Venant d’une princesse, l’adultère sera sévèrement punie, le nom de tes parents salis… Ton peuple sera sûrement victime de ton comportement également… Il fallait dire la vérité, je ne voulais rien lui cacher. Je suppose que les rois et les reines ont un protocole à suivre pour défaire une union prévue… ça doit se faire je pense. Des parents aimants, trouvent toujours une solution pour faire e bonheur de leurs enfants, ne t’inquiète pas pour ça. Je caressais délicatement sa joue. Va à leur rencontre, et parle-leur… C’est le meilleur conseil que je puisse te donner.
Le roi et la reine ne semblaient pas être de mauvaises personnes… Alors je ne doutais pas qu’ils l’écouteraient avec attention. Ils faisaient en sorte que leur royaume soit heureux, alors ils feraient en sorte que leur propre fille nage dans le bonheur, j’en étais persuadée. A condition que tout accord diplomatique puisse être défait sans dommage. Une guerre pour des histoires de cœur, ça n’était pas envisageable, mais je serais fortement peinée de savoir Aurore malheureuse. Cependant, avant de tirer toute conclusion hâtive, il fallait qu’elle parle avec ses parents. Ainsi, elle saurait ce qu’ils pensent et ce qu’ils peuvent faire pour elle. Elle demanda soudainement ce que je savais des souverains du royaume.
- Entant que louve, je ne fréquente pas beaucoup la ville. Mais du peu que je sais d’eux, je peux te dire qu’ils sont de bons rois. Ils font de leur mieux pour que leur peuple ne manque de rien… Ils sont attentifs aux besoins de chacun et ne cherchent pas à remplir leurs poches. Ils pensent avant tout au bien être de leur royaume. S’ils peuvent éviter les guerres ils le font… En somme, je suis plutôt heureuse de vivre sur leur terre. Expliquai-je avec un petit sourire.
Je ne pouvais rien dire sur ce qu’ils étaient dans leur vie personnelle. Je ne les avais jamais rencontrés. Mais je savais qu’ils étaient de bons souverains, ce qui était déjà un point positif. Ils ne pouvaient pas être de mauvaises personnes.
Aurore me reparla de son inconnu. Elle devait le revoir. Elle voulait tout lui expliquer avant d’aller voir ses parents. Elle s’arrêta et réfléchit avant de me demander si je pouvais lui rendre un énorme service.
- Comme je le dis toujours… Tu peux toujours demander, et ensuite je te dirai si c’est possible ou non. Tu aimerais que j’aille voir ton bel inconnu à ta place ?
Et laisser mes enfants seuls à la maison. Cette idée ne me plaisait guère. Je ne les laissais jamais… Une véritable mère poule qui couve ses petits. Mais pouvais-je réellement envisager de laisser la princesse dans une telle situation ?
- Tu l’aimes vraiment ton bel inconnu ? Demandai-je avec un petit sourire attendri.
Que faire de telles révélations ? Les accepter ? S'opposer ? Se soumettre ? Revendiquer ? Je ne sais plus quoi faire. Je voudrais tout faire et son contraire. Je ne peux pas leur en vouloir mais mes tantes ont déjà choisi leurs camps. Elles sont du côté de mes parents, le roi et la reine. Ça semble incroyable ! Elles veulent que je retourne au palais de mes parents pour prendre mon titre de princesse. Mais ça veut dire abandonner ma vie dans la forêt, ça veut dire quitter tout espoir de revoir mon bel inconnu. Comment pourrais-je accepter cela ? C'est trop me demander en une seule fois. Ce choix cornélien n'a jamais aussi bien porté son nom. Quoi que je choisisse il y aura de lourds sacrifices à faire. Je devais en parler à quelqu'un mais neutre à toute cette histoire. Et il n'y a qu'Anne qui pouvait m'aider.
Je suis plus que soulagée quand je la vois m'accueillir avec la même bienveillance qu'auparavant. Elle était si gentille avec moi. Je ne sais pas comment mais je ne manquerai pas de lui rendre la pareil. Je suis heureuse d'être accueilli par un William aux anges de me revoir malgré toutes ces années. Cela fait toujours plaisir de se savoir attendu et apprécié quelque part. La petite Mary a l'air toute timide. Je peux comprendre, elle ne m'a jamais vu et vu mon l'état dans lequel je suis arrivée je ne pousse pas les gens à venir vers moi. J'espère quand même pouvoir mieux la connaitre plus tard. Je suis soulagée quand les enfants quittent la pièce. Je n'aurai pas voulu qu'ils me voient dans cet état lamentable. Devant Anne j'ai moins honte, elle sait ce que je traverse, elle me comprend. Après lui avoir raconté le dilemme qui m'assaille, elle se met à me parler doucement. Déjà pour me calmer et pour maintenir éveillé le peu de raison qu'il me reste à ce moment.
Pour elle je dois retourner auprès de mes parents. Je ne les aie pour ainsi dire jamais vu. Cela fait 16 ans qu'ils m'attendent. Ils n'avaient aucune nouvelle, faisant totalement confiance à mes marraines les bonnes fées. Moi aussi je veux les voir. J'attends cela depuis toujours. Mais aller au château, ça signifie devenir une princesse, un personnage public de sang noble. Je devrai respecter l'étiquette de la cour et surtout épouser un homme que je n'aime pas. Cet inconnu dans la forêt est partout dans mes pensées. Dés que je ferme les yeux je vois son beau visage se dessiner. A chaque fois j'ai l'impression que je peux le toucher.
Anne devient plus sérieux lorsqu'elle me parle du "devoir conjugal". Mes tantes m'ont vaguement parlé de cela mais je reconnais ne pas avoir saisi le sens et la portée de tout cela.
-Et bien elles m'ont dit qu'il fallait qu'un couple soit marié pour avoir des enfants et que cela se faisait dans l'intimité de la chambre. Je reconnais ne pas en savoir plus mais j'imagine que ce sont des étreintes "amoureuse" qui permettent de donner la vie. Mais ça ne peut fonctionner qu'avec le mariage si j'ai bien compris. Si … Si je me marie avec ce prince je ne serai plus qu'avec lui … Cette idée me révolte et me désespère. Rien que d'imaginer être avec un autre me donne envie de fuir de nouveau pour retrouver mon bel inconnu, je sais que lui m'aime et je l'aime en retour. J'écoute attentivement Anne mais tout ce qu'elle me dit se bouscule dans ma tête. Elle me parle d'incident diplomatique, de catastrophe si je venais à avoir un comportement immoral mais jamais je ne voudrais décevoir mes parents. Mais je ne sais pas si je suis prête à faire ce sacrifice de l'amour. Quoi que je décide elle veut que j'aille voir mes parents et leur parler, j'aviserai après.
Ensuite il est important pour moi de connaitre un peu mes parents mais j'y pense moi aussi quand je vais arriver au palais ils ne me connaîtront pas. Ils ne savent pas à qui je ressemble, ils ne m'ont jamais parlé, ils ne savent pas ce j'aime ou pas.
-Anne, mais eux ne me connaissent pas ! Et si ils ne m'aimaient pas?! Si je les décevais ?! Ce sera terrible !
Mais je devais résoudre la question de mon mystérieux amoureux. Je pense qu'il sera très compliqué de le revoir et j'en suis la première désespérée mais peut-être que si il était au courant de ma situation il me pardonnera. Et peut-être qu'un jour … Anne a vu clair dans mon jeu depuis le début, elle lit en moi comme dans un livre ouvert.
-Il a le droit de savoir pourquoi j'ai disparu, ce n'est pas sa faute et je ne veux pas qu'il pense que je me suis joué de lui ou que je l'ai déjà oublié. Bien au contraire, je veux qu'il sache que je l'aime du plus profond de mon cœur. On vient tout juste de se rencontrer mais c'est comme si je destine en avait décidé ainsi. Je sais qu'il m'aime aussi et je ne veux pas qu'il me déteste. A ces mots un flot de larmes s'échappent. -Il est l'une des plus belles choses qui me soit arrivé et ça me déchire le cœur de le laisser, je pense que je vais même y laisser une partie de moi-même. Ça peut sembler bête mais c'est la vérité. S'il te plaît Anne aide-moi ... Avec mon bras je tente à la fois de cacher mes yeux et d'essayer les larmes qui continuent de couler.
Je ne pouvais pas dire que j’avais oubliée, parce que ce n’était pas le cas. J’avais seulement arrêté d’espérer sa venue. Plusieurs fois, monsieur Hibou avait pointé le bot de son bec, mais il n’était jamais accompagné de sa petite protégée. Je respectais le choix qu’elle avait fait. La jeune princesse avait décidé de rester avec ses tantes, alors je n’avais pas voulu la chercher, de peur de lui faire regretter ou qu’elle ne paye le prix de ma curiosité et de mon inquiétude. Souvent, je m’étais demandée comment elle allait, si elle était heureuse, si elle ne manquait de rien. En la voyant aujourd’hui, je compris que ce qui lui manquait pour être réellement heureuse, il lui aurait fallu la vérité. Peut-être avait-elle aimé sa vie dans le mensonge, mais maintenant, la réalité l’avait rattrapée, et elle devait en payer les conséquences. Ça me faisait mal au cœur pour elle… Il ne devait pas être simple d’apprendre que toute son histoire était fondée sur les machinations de sa famille.
Afin qu’elle puisse parler librement, j’avais fait sortir mes enfants. Elle était tiraillée entre le besoin de voir ses parents et l’envie d’être avec l’élu de son cœur. Si le roi et la reine l’aimaient vraiment, il ferait absolument tout leur possible pour son bonheur, quitte à rompre l’union prévu entre la princesse et le prince. Et j’imaginais la douleur de sa mère en devait laisser son enfant durant seize ans. Jamais, je ne supporterais d’être séparée de Mary et William qui étaient encore bien jeunes. Je me battrais corps et âmes pour les garder auprès de moi.
Vint ensuite un sujet plutôt cocasse. Aborder l’idée de l’adultère avec une demoiselle de seize ans qui n’était pas la mienne semblait inapproprié… Et je doutais que c’était à moi de lui expliquer comment concevoir un enfant… Surtout que ses tantes lui avaient encore menti. Il était tout à fait possible de faire des enfants sans être mariés… Leurs explications étaient quelques peu enjolivées, simples et bien douces…
- Moralement, on ne devrait avoir des enfants qu’avec son mari… Mais physiquement, il est tout à fait possible d’avoir des enfants avec un autre homme que son époux, ou d’avoir des enfants avant le mariage… Mais, moralement ça ne se fait pas… C’est là, l’un des dangers d’une relation adultère, concevoir un enfant avec un autre. Ça serait un scandale pour une princesse. Quant à tes « étreintes amoureuses », je pense que tes tantes n’ont pas été très malignes pour ne t’avoir dit que ça… Tu es fiancée, et à peine de retour chez tes parents, tu devras être mariée… Et donc, tu vas devoir vivre ses « étreintes amoureuses », mais je doute d’être la mieux placée0 pour te parler de ça… Tu ne seras qu’avec le prince, oui… Sauf si tu le trompes, mais ça serait risqué pour toi, pour ta dignité, pour ton royaume et éventuellement ta vie de famille…
Ses marranes les bonnes fées étaient donc des nonnes pour tenir des propos aussi prudes et parler de mariage ? Mentir ainsi, c’était aussi prendre le risque de faire croire à Aurore qu’on trompant le prince, elle ne pourrait jamais avoir un enfant d’un autre… Elle se retrouverait face à la vérité une fois la catastrophe arrivée… J’avais personnellement pris le risque et c’était arrivé. Je ne regrettais rien, mais contrairement à elle, je n’allais pas provoquer de guerre, ou de chamboulement dans tout le royaume… Je risquais par contre de mettre à mal ma vie de famille. Tant que James ne saurait rien, rien ne changerait, personne ne manquerait de rien. Il n’y avait que moi qui souffrais de l’absence de Killian. Mary prenait mon époux pour son père, et appréciait simplement la venue de cet inconnu qui était bien gentil avec elle. Dans le royaume, je n’étais pas la seule à vivre ainsi. La plus part des mariages arrangés se soldaient par des adultères, que ça soit de la part de l’homme et de la femme…
La jeune femme voulut ensuite en savoir un peu plus sur ses parents. Je ne les connaissais pas. Je connaissais d’eux que ce qu’il voulait bien montrer au peuple, et encore, j’étais n’étais pas très présente en ville. Je restais plutôt dans ma forêt, loin des regards indiscrets. Mais de ce que je savais, ils étaient de bons souverains qui ne faisaient au mieux pour satisfaire leur peuple. Aurore se demanda ensuite ce qu’il se passerait si ses parents ne l’aimaient pas, et si elle les décevait.
- Oh… Mais comment peux-tu penser de telles choses ? Tes parents t’attendent depuis si longtemps… Ils t’aiment depuis toujours et ils t’aimeront toujours. Ce sont tes parents, tu es leur chaire et leur sang… Tu dois terriblement leur manqué. Et les enfants font toujours la fierté de leurs parents. Ne t’inquiète donc pas pour cela.
Tout le monde connaissait le chagrin du roi et de la reine pour avoir laissé leur enfant. J’étais certaine qu’ils seraient heureux de la revoir. Et si quelque chose les contrariait, ils n’avaient qu’à s’en prendre à la pauvre éducation que ces trois stupides fées avaient donnée à leur princesse. Trois cruches sans cervelle. Depuis les années, mon animosité envers elles ne s’était guère atténuée. En même temps, comment pouvait-on apprécier ces trois femmes ? Je vous le demande… Enfin bref, il n’était pas sujet des ces trois fées.
Le désarroi d’Aurore était surtout tourné vers son preux chevalier. L’homme qu’elle avait rencontré par hasard dans la forêt. Cet individu avait volé son cœur, et elle se retrouvait dans une situation dès plus compliquée. Elle devait affronter les élans de ses émotions, et le devoir qu’elle devait accomplir. Je restais certaine que ses parents feraient le meilleur choix pour son bonheur. Mais avant de demander ce grand service à ceux qui lui avaient donné la vie, elle voulut me demander d’aller voir son bel inconnu. Je devais servir de messager entre elle et lui, afin qu’il sache pourquoi elle n’était pas venu au rendez-vous fixé. Elle se mit alors à pleurer, et me supplia de l’aider. Lui porter secours ne me dérangeait pas, mais laisser mes enfants à la maison sans James ne me plaisait pas. Certes, il y avait les domestiques, mais je n’avais pas entièrement confiance en eux…
- Je vais t’aider d’accord… Mais laisse-moi un peu de temps. Quelques instants… je ne peux pas laisser mes enfants comme ça… Je ne les ai jamais laissée et mon mari n’est pas là…
Je me levais et appelais William, Mary ainsi qu’Henry. Les enfants descendirent et vint dans mes bras, tant dit que le majordome attendait les instructions.
- Faites entrer leurs chiens s’il vous plait… Je dois ramener cette demoiselle, la rendre à son cher tendre… Pyrrha et Psyché leur tiendront compagnie et elles sauront veiller sur eux. Vous n’aurez pas à les surveiller comme ça. Pensez simplement à l’heure du dîner. - Laisser les chiens à l’intérieur, madame ? Est-ce convenable ? - Ce n’est pas la première fois… Faites entrer leurs chiens, s’il vous plait.
Il hocha simplement la tête et s’éclipsa.
- Tu t’en vas maman ? Me demanda Mary, l’air chagriné. - Oui, mon petit Coeur, mais pas pour très longtemps. Je rends juste un petit service à Rose, et je rentre à la maison pour vous raconter une histoire. Répondis-je en lui embrassant la joue. - Tu ne veux pas rester avec nous, Rose ? Tu pars déjà ? Je voulais te montrer mes lapins.
Deux chiens, plus ressemblant à des loups qu’à des chiens, entrèrent dans le salon et se précipitèrent vers les enfants pour les saluer chaleureusement. Toutes deux savaient qu’elles devaient protéger Mary et William, c’était pour cette raison que je les avais prises… Entre canidés, on se comprenait plutôt bien, et je savais qu’elles les protégeraient contre tout.
- Tu veilleras bien sur ta sœur pendant mon absence, William ? - Oui, maman. Promis. Mais tu rentres vite, hein, - Oui, mon chéri, je rentre vite.
Plus je parle avec Anne et plus je me rends compte de mon ignorance non seule sur moi mais aussi sur tout le monde qui m'entoure. Je ne sais rien, on ne m'a rien dit ! Je me sens trahie, spoiler de ma vie, de mon enfance. Et pourtant, pourtant je n'en veux à personne, je n'y arrive pas. Ni à mes tantes, ni à mes parents à personne. tout ce que je veux maintenant c'est pouvoir vivre ma vie tranquillement en paix, entouré par les gens que j'aime. Je n'ai aucune envie de me venger pour cette malédiction, j'ai l'espoir qu'elle ne se réalisera peut-être pas ! Pour commencer je veux informer mon bel inconnu de la continuité de notre histoire et que j'espère qu'elle ne se finira comme ça. Je veux aussi voir celle qui est ma mère. Comme William et Mary je veux voir ma maman, qu'elle se serre dans ses bras et qu'elle me dise à quelle point elle m'aime, combien je lui ai manqué. Et j'imagine déjà tout ce que nous ferons toutes les deux : nous promener, discuter pendant des heures, se coiffer les cheveux, faire des gâteaux que sais je. Il y a tant de temps à rattraper. Et mon père qu'il me dise que je suis sa princesse, nous dirons ensemble, nous ferons des balades à cheval, nous visiterons les villageois. Oh je ne sais pas je verrai bien une fois sur place. Je dois rentrer, je ne peux pas leur faire ça maintenant, ils m'ont caché certes pendant tout ce temps mais pour me protéger et eux ça faire 16 ans qu'ils m'attendent.
Notre discussion avec Anne continue et elle me parle d'un sujet que je comprends comme étant délicat, très délicat même. L'infidélité, l'adultère autant de mots que je n'ai jamais entendus de ma vie, malgré les explications d'Anne j'ai un peu de mal à comprendre où elle veut en venir, c'est très confus dans mon esprit. Mes tantes m'ont un peu parlé de la vie entre époux mais sans jamais me dire que ça devrait me concerner sous peu et en plus avec quelqu'un que je ne connais pas. Il me semble logique que nous ne puissions pas avoir des enfants qu'avec son époux parce que sinon … oh mon dieu je crois avoir compris où elle veux en venir.
-Non je ne ferai jamais ça ! Je veux dire … aller avec quelqu'un d'autre que mon ...époux, je resterai une femme fidèle, c'est mon devoir … Tous ces mots m'écorchent la bouche, une nouvelle larme coule le long de ma joue.
Je comprends ce que veux me dire Anne, elle veut me protéger de tout scandale diplomatique. En effet si j'épouse le prince du royaume voisin pour former une alliance et que je viens à briser ce lien se serai tragique. Ça vaut aussi pour revoir mon bel inconnu, je ne peux plus l'envisager.
-Vous avez raison, je sais ce qu'il me reste à faire. Je dois rentrer au château, retrouver mes parents et épouser le prince pour éviter tout conflits diplomatiques. Mais mon amoureux inconnu doit savoir ce qu'il se passe, qui je suis réellement, que je suis désolée, que je regrette au plus profond de mon cœur. Il est plus que temps que je retrouve mes parents.dis-je avec un petit sourire.
Je supplie Anne de m'aider une dernière fois, pour prévenir mon chevalier servant. Elle accepte et je lui en serai à jamais reconnaissante. Je sens comme un poids se lever, une épée qui s'éloigne un peu plus. Anne fait appeler ses enfants et son majordome pour lui donner des instructions. Les enfants, surtout William, semblent tristes de me voir repartir si vite. Je suis touchée par sa gentillesse et son attention à mon encontre, malgré les années qui nous ont séparés il ne m'a pas oublié et il veut toujours être en ma compagnie. J'essuie une dernière larme avant de me mettre à sa hauteur.
-William, je te fais une promesse aujourd'hui, je te promets de revenir te voir et tu me montreras tout ce que tu voudras. Je dois régler une petite affaire avec ma famille c'est très important mais dès que tout sera fini je reviendrai. Pour te le prouver je te donne çaJe détache le collier que j'ai autour du cou c'est une petite rose forgée en or. -Je te le confie, j'y tiens beaucoup. Tu me le rendras quand je reviendrai d'accord ?Dis-je avec un petit sourire en lui embrassant la joue. Je dis également au revoir à Mary -On ne s'est pas vu longtemps mais j'espère qu'on parlera plus toutes les deux la prochaine fois. J'ai hâte de vous retrouver vous êtes incroyables.
Je leur fais un dernier signe de tête avant de sortir de la maison en attendant Anne, elle me rejoint quelques instants plus tard.
-Je ne sais comment vous remercier pour votre gentillesse avec moi, je n'en mérite pas tant. Je suis heureuse d'avoir eu la chance de vous rencontrer. Vous acceptez de faire passer un message à cet homme. Malheureusement je ne serai plus dans la maison à son arrivée. Dites-lui que je suis désolée, j'aurais voulu le revoir mais les choses ont changé et je ne peux plus le revoir. J'en suis la première attristée mais peut-être le destin nous fera nous recroiser. dis-je avec un petit sourire.
La pauvre princesse Aurore, elle vivait une situation bien compliquée. Je ne savais pas comment j’aurais réagi à sa place. Une chose était sûre, c’était que j’aurais été beaucoup plus virulente qu’elle. Je ne savais pas si je serais allée jusqu’au carnage, mais ça aurait été bien si son histoire m’était arrivée. Hormis l’identité de ma mère, je connaissais mon histoire. J’étais une bâtarde de mon père, et il m’avait gardée seulement parce que j’étais louve comme lui. Si j’avais été humaine, il m’aurait laissée avec ma mère qui aurait fait je ne savais quoi d’une enfant illégitime. Je n’avais plus rien à apprendre de mon passé et de mes origines. Par contre, la jeune demoiselle allait devoir apprendre à être une toute autre personne. Etre une paysanne qui vivait dans la forêt et être une princesse qui doit se montrer à la cour, c’était si différent. J’espérais qu’elle allait s’en sortir et que tout se passerait bien pour elle. Malheureusement, les choses se présentaient plutôt mal. Elle avait rencontré un jeune homme et en était éperdument tombée amoureuse. Mais elle était promise à un prince et vivait par conséquent un amour interdit. Bourgeoise ou simple noble, elle aurait pu se débarrasser de cette union prévue avec assez de facilité. Mais en étant une princesse, son union avec le prince représentait toute une affaire diplomatique. C’était l’union de deux territoires et une amitié entre deux royaumes différents. Il allait être compliqué de rompre un tel mariage, surtout qu’il était prévu depuis de seize ans… Si le roi et la reine aimaient réellement et profondément leur fille, ils feraient tout pour la sauver du désespoir amoureux. Mais peut-être que tous leurs efforts seraient vains si une guerre venait à avoir lieu dans le cas d’un mariage annulé. Ça serait malheureux, mais c’était une éventualité à prendre en compte.
Pour être heureuse, elle pouvait également songé à l’adultère, mais c’était prendre encore des grands risques. Si un roi volage était toléré, une reine qui allait voir ailleurs, c’était condamnable. Que se passerait-il si elle venait à porter l’enfant d’un autre que le souverain ? ça serait la catastrophe… Sans doute devrait-elle abandonné son enfant et elle serait enfermée pour qu’une telle situation ne se reproduise plus. Les paroles de la princesse me touchèrent. Elle se sentait incapable de tromper son mari, mais si elle ne l’aimait pas. Elle devait rester fidèle par devoir. Je pensais comme elle , il y avait de cela quelques années.
- Tu sais… Parfois, le cœur l’emporte sur la raison. C’est souvent le cas d’ailleurs. J’espère vraiment que tu seras heureuse et que tu n’auras jamais à songé à l’adultère… J’espère que tu aimeras ton mari, comme on doit aimer son époux.
Je séchais doucement la larme qui coula sur sa joue. Elle me faisait tant de peine… Je priais pour qu’elle puisse connaitre le bonheur, et pour qu’elle puisse épouser celui qu’elle aimait réellement. C’était si compliqué d’être l’épouse d’une personne que nous n’aimions pas, et de savoir que notre cœur appartenait à un autre. Je connaissais que trop bien cette situation et je ne voulais pas qu’Aurore vive ça.
Discutant encore un peu, la jeune femme fit son choix. Elle allait se rendre auprès de ses parents et accepter son sort. Ce n’était pas tout à fait ce que j’avais dit… Elle voulait aussi faire passer un message à son inconnu pour lui expliquer ce qu’il se passait mas aussi lui dire que ses sentiments envers lui étaient sincères.
- Parle quand même de cet inconnu à tes parents… Tu as le droit d’être heureuse, mais si tu es une princesse…
Une couronne devait être tellement lourde à porter… Je préférais de loin ma vie et ma situation. Certes, ma vie amoureuse n’était pas si simple, mais si ça venait à se savoir, les conséquences seraient tellement moins lourde que si Aurore venait à fauter…
Je me portais volontaire pour aider la demoiselle. Ça me pinçait le cœur que de devoir laisser mes enfants, mais je ne pouvais la laisser gérer tout ça toute seule. Mary et William ne seraient pas vraiment seuls. Je laisserais les chiens avec eux, et Henry serait là en cas de besoin. Avec Psyché et Pyrrha, il n’aurait qu’à faire dîner les enfants, elles s’occuperaient très bien de mes louveteaux et elles sauraient veiller sur eux. Mary était tout de même contrariée de me voir partir, et William était triste de ne pas pouvoir voir son amie plus longtemps. Gentille, notre invitée lui expliqua vaguement la situation pour qu’il ne lui en veuille pas. Déjà qu’il était un peu fâché qu’elle ait tant tardé à venir. Malgré tout, il capitula et pris le collier.
- D’accord… A bientôt alors, Rose…
Il rougit un peu sous le baiser qu’elle lui offrait, mais continua de se tenir droit pour essayer de cacher sa gêne. Quant à Mary, elle fit sa timide et se contenta de sourire en faisant un signe de la main. Je caressais doucement les cheveux et les embrassais sur le haut de la tête.
- Ne lui en veux pas, elle est toujours timide au début.
Aurore les salua et mes laissa avec mes enfants. Je les pris sous les deux dans mes bras, leur offrant mille bisous avant de leur demander d’être sages et de faire attention. Ils allaient rester au salon afin d’éviter de monter et descendre les escaliers. Henry allait maintenir le feu de cheminée pendant que les chiennes veilleraient sur eux. Psyché tiendrait la garde pendant que Pyrrha jouerait avec eux. Pour une fois, j’aurais aimé que James soit là pour être avec eux… La gouvernante était sans doute dans la chambre, le majordome la ferait descendre et ça ferait une personne en plus pour veiller sur eux. Une vraie mère poule. Je pris ma cape et les embrassai une dernière fois avant de rejoindre la princesse.
Elle me remercia comme elle put et expliqua qu’elle était attristée de ne plus revoir son bel inconnu. A petit sourire triste se dessina sur mes lèvres. J’étais tellement désolée pour elle.
- Si vous êtes faits l’un pour l’autre, je ne doute pas que le destin vous permettra de vous retrouver. Nous méritons tous d’être heureux et de vivre avec la personne que nous aimons. Je transmettrai le message à ton amoureux et s’il a un message, je te le ferai parvenir.
Il est temps que je reprenne ma place auprès de mes parents et à la cour, il est temps que le rôle qui m'est destiné depuis la naissance. Certains diront que je n'ai pas à me plaindre, d'autres gens souffrent beaucoup plus que moi et même si j'ai passé toute ma vie dans la forêt je n'est jamais été malheureuse. Et ils auraient raison de le dire, c'est vrai je vais vivre dans un château, avec mes parents le roi et la reine. Ceux qui ont sacrifié leur temps avec moi pour me protéger. Je ne pourrai jamais leur en vouloir de ça, au contraire. J'ai entendu tout ce qu'à dit Anne et c'était très instructif, malgré tout l'amour que je porte à mes tantes elles ne m'ont jamais parlé de tout ça et je crois qu'il fallait que je l'entende pour ne pas me voiler la face. Mais ma décision est prise, je rentre au château. J'avais bien l'intention de parler de mon inconnu à mes parents, peut-être qu'ils comprendront, ma mère surtout. J'avoue envier les moments que passe la petite Mary avec sa maman, je veux connaitre ça aussi. Qu'on puisse parler toutes les deux au coin du feu pendant qu'elle me peine les cheveux. Je lui raconterai tout ce qu'il s'est passé dans la forêt, ce que j'ai appris, ce que j'ai vécu. Je n'ai pas rencontré personne à part Anne mais je ne pense pas lui en parler c'est encore trop tôt, peut-être un jour je lui dirai. Elle, elle pourrait me raconter ce qu'il se passe à la cour, les intrigues, m'apprendre les grandes familles du royaume, ce que j'ai manqué durant ces 16 années et tout ce que je dois savoir pour bien tenir mon rôle de princesse et … et être une bonne épouse. Dès que j'entrevois un futur joyeux j'ai cette image noire qui me revient en tête, je n'arrive à l'effacer ni même l'éloigner. Tant que tout n'est pas perdu je garde espoir que ce projet ne se réalise pas.
Il est temps de partir, je dis au revoir aux deux ravissants enfants d'Anne, William et Mary. Je promets à l'aîné de revenir le plus vite possible, je lui ai promis. Et j'ai envie de connaitre un peu plus la jolie Mary aux yeux bleus. J'attends Anne, j'abuse déjà beaucoup en arrivant chez elle après toutes ces années sans nouvelles et maintenant je demande un service en plus… Quand Anne revient, elle me promet un avenir heureux avec celui que j'aime qu'importe qui il est le plus important c'est qu'on s'aime tous les deux.
-Je te remercie encore, pour le trouver ce ne sera pas dure, c'est un très beau jeune homme, les cheveux châtains et les yeux marron, il porte une cape et un chapeau rouge, avec lui il y a son cheval tout blanc. Je ne doute pas que tu le trouveras dans la forêt dans notre ancienne maison c'est là que je lui ai donné rendez-vous. dis je en rougissant. Je me blottis contre Anne pour la remercier de nouveau de tout ce qu'elle fait pour et en partant dans la direction de mes tantes je lance J'attends ton message avec la plus grande impatience !
Je cours vers la maison de mes tantes, je m'excuse d'être partie comme ça et leur dit que je suis prête à y aller, elles semblent soulagées, de la voir revenir ainsi. Sans tarder je me vêtis de la superbe robe qu'elles m'ont confectionnée et nous sortons, direction le château. Une fois arrivée, mes tantes me font monter dans une chambre et attendant d'être présentée à la cour et à mes parents comme il se doit mais un trop-plein d'émotions m'envahis et je fonds en larmes, mes tantes préfèrent me laisser seule et je crois que j'en ai besoin pour faire le point et peut-être pleurer les derniers instants de cette vie. Soudain c'est une étrange mélodie qui atteint mes oreilles. Je lève la tête et voie une boule verte tenir en lévitation devant les yeux. A ce moment-là plus rien n'avait d'importance, plus rien ne comptait, ni mes parents, ni mon bel inconnu. Je ne voulais que suivre cette boule mystérieuse. Je me lève et commence à la suivre sans savoir où j'allais. Après un moment de marche je crois discerner une pièce autour de moi et c'est un fuseau qui apparait tout à coup. Et là une voix résonne dans ma tête et m'ordonne de toucher la pointe de la quenouille. Je n'arrive pas à me contrôler et je pose mon doigt que le rouet. Plus rien ...
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Ven 2 Nov - 13:39
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