Friends, Please... - Twenty Øne Pilots

Diaval était un peu pessimiste et Charles tenta de faire comprendre à l’oiseau que si on voulait vraiment quelque chose, il fallait se battre et puiser dans ce qu’il restait d’espoir, de bravoure et de rage. Il n’avait pas l’air d’y croire ou alors peut-être que c’était trop dur. Ce que je comprends. Il avait l’air pourtant si déterminé quelques minutes avant. Comme beaucoup de gens il veut quelque chose et pour une fois, il aimerait ne pas avoir à se « battre » pour l’avoir, mais qu’on le lui donne, gracieusement et sans le moindre effort. Moi aussi je l’ai souvent pensé. Cela arrivait parfois, mais parfois. J’avais seulement haussé les épaules et j’essayais de tourner l’idée autrement pour qu’il comprenne mieux le principe. Bien sûr, cela ne s’arrêtait pas à se jeter du haut de l’horloge. En cherchant comment lui faire comprendre, des souvenirs sont remontés et j’ai eu besoin de le partager un petit peu. J’y repense souvent et j’angoisse, mais je purge petit à petit mon esprit pour continuer d’avancer et vraiment laissé ça derrière moi. On se sent un peu plus fragile après ce genre d’épreuve. C’est le temps de se reconstruire.

L’oiseau n’avait pas besoin de mot pour calmer les légers tourments de son ami. Une main sur son épaule, lui communiquer son soutient après l’avoir entendu. Juste un geste avait apaisé Liot. C’est ça qu’il aimait chez lui. Ça allait au-delà de tout ça. Il n’était pas du genre bavard et démonstratif non-plus et il avait aussi prit l’habitude de se satisfaire de ces petits gestes. Ils étaient petits et rares, mais encore plus exceptionnels. Heureusement pour Diaval, ce moment ne dura pas. Rien ne durait de toutes façons avec Charles. Il était rapidement passé à autre chose. Réapprendre à voler. Lui parlant du vent, mimant l’oiseau pour se remettre dans sa peau, mieux interpréter le monde dans un corps qui n’est pas celui qu’on habite, s’imprégner et surtout prendre conscience du moment présent. Charlie n’avait pas vu le processus de manière aussi poussée, mais l’idée était là. Celle que Belle lui avait aussi partagé en l’aidant à aller chercher la fée qui était au fond de lui.

Entre temps, le skateboard taille mini était partit et il se précipita pour le chercher, revenant comme si de rien n’était. Il lui demanda le plus simplement du monde de se mettre à l’exercice. Un signe de tête, un regard insistant et un sourire confiant. Son pauvre ami avait vraiment pas envie de s’y mettre et craignait le ridicule. Il lui interdisait de rire. Liot sourit et étouffa un rire. C’est qu’il était drôle et tellement mignon quand il s’y mettait. Quand il faisait ça, son petit adolescent ténébreux et renfermé, il n’avait qu’une envie c’était de le prendre dans ses bras et le couvrir de bisou. Il aurait fait pareil à une chèvre devant un salto déboussolé. Ne pas rire. Okay ! Je vois pas pourquoi je rirais… Ah si merde… C’est drôle quand même. Han, je tuerais pour te filmer, mais toi tu comprendrais pas cet humour. Tu m’en voudras à vie et quand t’auras retrouvé tes serres, tu m’arracheras la tête d’un « ploc ».

Le blond ne dit rien, puis son ami était concentré et plus il battait des bras et plus il avait l’air détendu. Il était avec le moment. Charles ne voulait briser ça pour rien au monde. S’il arrivait à gouter ce à quoi il doit toucher pour y arriver, s’il trouvait son phare dès la première fois ce serait une aubaine pour lui, qui sait. Il le laissa donc faire un moment en l’observant. Il jeta un regard à la rue. Une vieille dame rentrait avec son caddie de courses au motif écossait. Elle les dévisageait, si éberluée par le tableau. Liot lui fit un petit signe de la main pour la saluer. Elle soupira. « Les jeunes et la drogue… » qu’elle pensait. « Et sinon t’as essayé en croassant ? T’inquiète y’a personne. Elle est partie la vieille ! » suggéra t-il innocemment, voyant qu’il n’y avait rien de nouveau. « Ou en disant… Jamais-plus » ajouta t-il après un court silence, en pleine réflexion. Cette fois-ci, il avait un petit sourire en coin. « Ouais, crie jamais-plus pour voir… Non allez arrête. Je pense pas que ça changerais grand chose. T’façon, je me doutais bien que ça marcherait pas aussi facilement qu’en faisant l’oiseau dans la rue. » partagea t-il avec sa candeur habituelle.

Il s’approcha de Diaval en de petits bonds joyeux. « Je t’avoue au début, je me suis retenu de rire… Bon t’as compris le principe ? Faut pas juste faire ce que tu viens de faire là. Faut te retrouver toi… » pointa t-il sa poitrine d’un index bien lourd et insistant. Il le regardait droit dans les yeux, sans bouger, pendant un long moment, assez proche de lui le visage si sérieux. Puis soudain, il sourit, la bouche en coeur. « En fait t’es trop mignoooon, même en humain ! Je ne sais pas comment tu fais… » dit-il en plissant les yeux comme s’il lui en voulait. Il vint alors s’appuyer sur la main-courante du perron, à côté de Diaval. « Je disais quoi ? Bref, à chaque moment, faut que tu essaies de penser : oiseau. Sinon, tu peux demander à Belle, la jolie brunette à la bibli. C’est elle qui m’a aidé à m’envoler. Tu passeras peut-être moins pour un con avec elle au moins » ricana t-il avec un petit sourire amusé. On ne savait jamais avec lui s’il était simplement idiot ou s’il en jouait pour se payer la tête des gens. Cela dépendait des moments, parfois un peu les deux en même temps. Il levait les mains en l’air, pour montrer son innocence.

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Patience, toujours, être patient. Diaval en avait marre d'être patient. Il avait attendu dans ce monde sans magie pendant une période interminable avant de trouver cette foutue ville et, même ici, il devait attendre encore et toujours. Il commençait à avoir assez ! Plus le temps passait et plus il se sentait inutile tout en imaginant le pire concernant sa maîtresse qui demeurait toujours introuvable alors qu'il avait ratissé la moindre ruelle. Peut-être, allait-il arriver trop tard. Cette pensée le terrifiait, bien qu'il la gardait pour lui. Il était difficile de continuer d'y croire ou de lutter quand il avait déjà traversé tellement d'épreuves pour rien.

Il n'était pas dans les meilleures conditions pour remonter le moral à quelqu'un ou, peut-être que, justement, il était le mieux placer pour faire preuve d'empathie envers l'ancienne fée qui semblait concentrée sur de mauvais souvenirs. Une empathie qui se résuma à une main posée sur une épaule. Un contact qui ne dura qu'un bref instant, juste pour signaler qu'il comprenait. Ensuite, il se dépêcha de remettre les mains dans ses poches et de regarder ailleurs, gêné.

Heureusement, que Liot n'enfonça pas le clou et préféra parler de la sensation de voler. Son plan était... Discutable ? Ridicule ? Et pourtant, l'ancien corbeau y pensait sérieusement. Il devait être sacrément désespéré pour écouter un projet aussi insensé. Désespéré, mais pas stupide. Il se doutait bien que son ancien compagnon de larcin profiterait de l'occasion pour en rire, alors, Diaval avait espérer profiter de sa concentration sur le skateboard en cavale pour faire un essai. Malheureusement, il n'avait pas été suffisamment rapide. L'ex-corbeau étouffa un juron tandis que Liot le gratifiait d'un sourire confiant.

De toute évidence, il n'y échapperait pas. Diaval ordonna à l'ancienne fée de ne pas rire. Immédiatement après, Liot étouffa un rire et le regard de l'ancien volatile se chargea d'une menace sourde, accompagnée d'une menace un peu plus tangible lorsqu'il fit un juste comme s'il se retenait de donner une gifle ou une tape sur la tête à son interlocuteur. Puis il poussa un long soupir en baissant la main. Tout son être lui criait qu'il courrait à l'échec et, pourtant, Diaval essaya de suivre les directives reçues. Il ferma les yeux, afin de mieux visualiser tout en évitant de contempler l'air stupide qu'il devait avoir à battre des bras. Sa plus grande crainte était de rester tellement longtemps en humain qu'il oublierait la sensation de voler. Heureusement, ce n'était pas encore le cas. Petit à petit, les souvenirs revenaient. Loin d'être apaisant, se rappeler de ces sensations creusait le manque de ne plus les ressentir en vrai. Chaque brise lui rappelait à quel point ces ailes lui manquaient.

Il arrêta, plus dépité que jamais, le regard chargé de nostalgie. Liot lui demanda s'il avait essayé de croasser, mais ce n'est pas ça qui attira son attention. "De quelle vieille, tu parles ?" Comme il avait fermé les yeux durant son essai, il ignorait que cette démonstration avait été vue par quelqu'un d'autre. En même temps, il pouvait s'agir d'une plaisanterie de Charles qui avait glissé ce bobard concernant une vieille femme, juste pour l'embêter. C'était bien son style !

"N'importe quoi !" Riposta-t-il alors que Liot continuait ces suggestions en lui demandant de crier jamais plus. "Si tu veux vraiment l'entendre, je peux le dire que JAMAIS PLUS je n'écouterais tes conseils." Déclara-t-il sur un ton bougon insistant sur les deux mots, piqué par l'aveu de son interlocuteur qui déclarait se douter que ça ne marcherait pas aussi facilement. Diaval croisa les bras avec un grognement agacé. Son interlocuteur revint à la charge en lui martelant la poitrine et en continuant ces explications.

"Merci." Dit-il de mauvaise grâce autant pour le fait que Liot se soit effectivement retenu de rire et pour la suite des conseils, qui semblait bien moins idiot maintenant qu'il n'était plus question de croassement et de battre des bras en pleine rue. Il se disait que c'était certainement cela que Liot attendait en le regardant sans bouger pendant un long moment. Du moins, il espérait que c'était à cause de cela, car ça commençait à devenir bizarre.

"Faudrait savoir, semblait que j'étais devenu moche." S'étonna-t-il alors que Charles déclarât qu'il était trop mignon, même en humain. Diaval ne savait pas comment réagir face à ce compliment. D'ailleurs, en était-ce vraiment vu le regard de reproche qu'il reçut ?

Comme à son habitude, Charles changea brusquement de sujet. Diaval le fusilla de nouveau du regard lorsque son interlocuteur prononcé le mot 'con'. "Mouais, je ne suis pas certain. Je crois qu'elle ne sera pas contente de me revoir, après laisser en plan en m'évadant sans elle." Raconta-t-il avec une moue dubitative en entendant le nom de Belle. Il apprenait du coup que la princesse était ici. "Longue histoire." Conclut-il, se doutant qu'il ne s'en tirera peut-être pas avec un résumé aussi vague.

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Diaval s’était alors mis à battre des bras. Charles dut étouffer un rire. Il se demandait pourquoi son ami l’avait menacé de ne pas le faire, la fée étant très sérieuse avec ses conseils. C’est en le voyant faire qu’il avait compris. Le regard froid de l’ancien oiseau aida Griotte à se raisonner et reprendre son sérieux. S’occupant en appréciant la vue, plutôt que de le fixer et sentir une nouvelle envie de rire se pointer, il salua une vieille dame rentrant des courses qui les regardaient avec effroi. Mais où allaient les jeunes de nos jours !? Telle était la grande question sur l’évolution de l'humanité qui frappait l’esprit de la dame. Dans le doute, histoire de se mettre vraiment en condition, le blond ajouta au volatile de faire son cri d’oiseau. Qui sait. Bon, il se moquait aussi un peu de lui. L’idée était bonne et sincère, mais une fois dite il trouvait ça vraiment con. Donc, il enfonça l’idée ridicule en parlant de son cri-de-malheur. Petit clin d’oeil à leur vie passée ou leur complicité s’était construite.

Diaval s’offusquait alors de la vieille. Charles ouvrit grand les yeux, l’air incrédule. « Mais quelle vieille ? » avait-il l’air de répété, plus étonné que Diaval et regardait tout autour de lui. Là, il se foutait carrément de lui. « Et ça va, fait pas le rabajoit ! Mes conseils étaient utiles ! Si tu étais si persuadé que ça ne marcherait pas, t’aurais essayé ? Eh bah non ! Alors voilààààà ! On pouvait pas savoir sans essayer. Ce fut un échec, je plussoie ta perspicacité. » Il continua alors son discours où il assumait que cet essai était peut-être une perte de temps, mais que ce n’était pas là l’exercice ultime. C’était une façon de voir et ressentir les choses en retrouvant son Soi véritable. Il tentait de lui faire entrer cette idée en lui tapotant avec fermeté l’index sur le poitrail, comme un adulte face à un enfant. Oui, on échangeait ironiquement les rôles dans ce cas de figure.

Après ça, il eut une phase comme il en avait souvent. Son tout petit cerveau et ses pensées toujours en ébullition, il complimenta Diaval à sa façon. Enfin, pour faire simple, c’était un compliment qu’il n’avait pas envie de faire. Il avait peur qu’on soit plus mignon que lui. Impossible ! Charles avait simplement dit ce qui lui était passé par la tête alors qu’il dévisageait son ami tout simplement. Diaval n’y comprenait rien et bougonna, balançant les anciens répliques de la fée qui le contredisait. « Ecoute, ça doit être une histoire de lumière ou de proche-loin t’vois ? Ou c’est parce que… Moi, je suis trop doué et j’arrive encore à voir l’oiseau qui est en toi et ça peut te rendre beau. » avait-il dit avec sa petite voix d’enfant arrogant et étirait un sourire plus tendre. « Trève de bavardage ! » et il cherchait ce qu’il voulait lui dire après cette démonstration admirative étrange et bizarre.

Il l’avait dirigé vers Belle pour avoir de plus amples explications sur une solution à changer d’état. Peut-être aussi qu’elle serait moins humiliante que Charles et ses conseils plus avisés. C’est alors que Diaval lâcha une information déroutante. La fée ouvrit grand ses yeux et sa bouche, ébaubi et lui fit face. « Pardon ? Mais comment ? Elle est tellement gentille… Enfin ! J’aurais pas dit comme ça. Ca m’a surpris. Elle est pas le genre de personne qu’on abandonne en général. Après c’est des choses qui arrivent. Bref on s’en fou ! » fit-il la réflexion en tordant sa bouche pour approuvé avec dépit. La seule personne qu’il ne laisserait jamais derrière lui, c’était Zélie, jusqu’à sacrifier sa vie. Symboliquement nous parlons bien sûr, pour vous dire comment il peut être avec autrui. En général, c’était lui d’abord et il se casse vite fait bien fait. Il est difficile de trouver plus lâche et fuyard que Griotte. Par conséquent, il pouvait comprendre Diaval. Il s’en offusqua pas plus longtemps.

« Ouais, ça risque d’être compliqué pour Belle… Bah écoute, je vais continuer et moi je lui demanderais des conseil ! D’accord ? Je dirais que c’est l’ami d’un ami, d’un ami, d’un ami, d’un ami… ». Pause. « D’un ami, d’un ami ! Enfin t’vois !? » ne s’arrêtait-il jamais. On pouvait imaginé que Zélie perde patience et le vire du restaurant ou chez elle à coup de pied. « C’est pas le trou, mais le tampax ! Je vais y aller, chercher un truc pour me faire pardonner histoire que je dorme pas tout seul ce soir. C’était genre pas du tout dans mes projets. Salut ! » se pencha t-il brusquement et rapide pour lui voler un bisou bien bruyant sur la joue et se défila. Il s’arrêta net une fois sur le trottoir. Il avait une idée. Il se retourna, gravit à toute vitesse le perron et se retrouva tout proche de Diaval encore une fois. « Dimanche, tu me retrouves au sushi ! Vers euh..... 9 heures ! Fais moi confiance. » lui dit-il les informations comme s’il allait le charger d’une mission importante. Il se baissa brusquement, attrapa la boite vide et la mis dans celle de Diaval avant de se barrer en courant, jetant son skate et roulant jusqu’au bas de la rue.

Le dimanche, Charles était au restaurant et avait attendu son ami. Dès que ce dernier fut là, un bisou sur la tempe de Zélie qui grogna occupée à ranger les baguettes dans leur sachet papier et il partit avec Diaval, avec sa voiture. Quittant un peu le coeur de la ville, c’est en pleine forêt qu’il l’emmenait. Il ne lui avait rien dit sur ce qu’il avait prévu, préférant parler du temps qu’il avait prit à dompter ses cheveux ce matin, ou la énième dispute avec Zélie dans la salle de bain à cause de ses cheveux afin d’avoir du soutient de la part de Diaval. Il avait besoin de médire avec quelqu’un. La petite voiture luxueuse garée à l’orée d’un bois, il prit un gros sac dans le coffre et entraina Diaval dans cette forêt qu’il connaissait bien. Il y passait pas mal de temps, avec ses chiens ou seuls pour un petit footing ou voler en fée tranquille et continuer de s’occuper d’animaux. Ce n’était pas pour rien qu’il en avait plein sa maison au grand damne de ses parents. Il les trouvait là pour la plus part. Blessés ou malades, il les recueillait, les soignait et les relâchait.

Ils quittèrent enfin le sentier après presque un quart d’heure de marche. Ils s’approchaient du but. Si Diaval était observateur, il pouvait voir un câble à travers les branches d’arbre, barrant le ciel dentelées de feuille. Charles lâcha le gros sac au pieds d’un arbre au tronc colossal. Une tyrolienne. Il l’avait installé rien que pour eux, en demandant à ses connaissances, du genre Théo qui lui trouva les hommes pour lui faire ça. Il s’accroupit et fouillait dans le sac avant de sortir un baudrier qu’il lui tendit. « Allez à poil et t’enfile ça ! ». Charles prit le sien, passa ses jambes et l’enfila en deux coups de cuillère à peau. Il tira sur les sangles pour l’ajuster et il était presque paré.

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Diaval poussa un râle d'agacement en écartant l'index que Charles enfonçait dans son torse, une réaction qui était récurrente dans une conversation avec Charles. "C'est bon, j'ai compris." Répliqua-t-il surtout pour qu'il arrête de faire ça. L'ancien corbeau avait parfois envie d'étrangler le féetaud et parfois envie de lui faire autre chose qu'il se refusait à formuler, même mentalement, parce que cela entrait dans ce qu'il nommait les trucs d'humains, en plus il était certain que les pouvoirs du féetaud avec une influence dans ce genre de pensées. De toute façon, là, tout de suite, c'était l'envie d'étrangler qui dominait. *Lui et ces stupides conseils !* Grommela-t-il en pensée. En même temps, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. C'était lui qui avait mis ce sujet sur le tapis, à quoi s'attendait-il ? À situation désespérée, mesure désespéré, disait l'adage, mais Diaval commençait à se demander si ça en valait la chandelle.

Il ne s'attendait pas à recevoir un compliment juste après. Complètement pris au dépourvu, il bougonna une réplique. C'était avec ce genre de remarque que l'ancien corbeau gagnait la certitude qu'il ne comprendrait jamais le féetaud, mais qui faisait aussi qu'il continuait de chercher sa compagnie. Un équilibre fragile. "Ouais, c'est ça, on va dire que tu es trop doué." Répliqua-t-il, pince-sans-rire. En vérité, il n'était pas vraiment en position pour faire des remarques puisque Charles était en position de force sur le problème qui l'occupait. Aussi énervant qu'était ce constat, le jeune homme, lui, savait reprendre sa véritable apparence, contrairement à l'ancien corbeau qui restait coincé sous forme humaine, malgré ces tentatives. Une vérité qui rendait la situation encore plus frustrante pour lui. *Pourquoi cet idiot y arrive et pas moi ?* Ne pouvait-il pas s'empêcher de pester mentalement. C'était tellement injuste ! Lui avait une mission, un devoir, et il échouait lamentablement.

Arriva un conseil un peu plus intelligent, du moins, en théorie. En pratique, cela concernant Belle, ce qui fit déchanter Diaval. L'ancien corbeau émit un nouveau soupir rageur, pourquoi elle ? Cette ville était peuplé d'inconnu et il avait fallu que se soit elle, celle qu'il avait abandonné, qui possède de précieuses informations ! De mauvaises grâce, il expliqua le noeud du problème, en résumant à l'extrême. "Parce que c'était elle ou moi et que je ne suis pas un héros." Argumenta-t-il face à l'étonnement de son interlocuteur. "On était tous les deux prisonniers, j'ai vu une possibilité, je risque de rater ma chance si je faisais demi-tour pour elle, alors j'ai continué ma route." Il haussa les épaules comme s'il ne voyait pas pourquoi on en ferait toute une maladie. "Tout ça pour dire qu'elle ne sera sans doute pas ravi de me voir, encore moins de m'aider." Hasarda-t-il, jusqu'à présent, il ne s'était jamais soucié de ce qu'on pouvait penser de lui et que ces actions passées pouvaient avoir un impact sur ces projets futurs. En tant qu'oiseau, il n'avait pas l'habitude de planifier aussi loin, d'ordinaire.

"D'accord, d'accord, j'ai saisi l'idée." Dit-il rapidement pour couper court la litanie de Charles qui s'était proposé de faire l'intermédiaire. "Merci." Ajouta-t-il après un temps de réflexion, conscient qu'il devait ajouter quelque chose, mais ne trouvant pas tout de suite quoi.

Diaval sursauta. Charles avait brusquement changé de sujet, utilisant une expression étrange, puis s'était pencher pour l'embrasser sur la joue. "Ah, mais tu t'arrêtes jamais, toi !" Protesta l'ancien oiseau en se frottant la joue avec autant de vigueur que si on venait de le contaminer. Il aurait volontiers menacé de tuer l'ancien féetaud, mais celui s'était déjà dérober plus loin... Avant de revenir. Diaval se pencha en arrière afin de maintenir une certaine distance avec Charles qui s'approchait beaucoup trop près à son goût. Au point de perdre l'équilibre et de se vautrer sur le dos lorsqu'il reçut une boite vide entre les mains. Pas le temps de répondre ou de le maudire, son interlocuteur était déjà parti.

L'ancien corbeau resta là à savourer le calme retrouvé. Il se demanda aussi quelle nouvelle idée avait traverser l'esprit de Charles et s'il devait le suivre dans ce nouveau délire. Dimanche. Il avait jusqu'à dimanche pour y réfléchir. Avec un peu de chance, il trouvera une piste d'ici-là et pourra envoyer balader l'ancien féetaud.

Malheureusement, cela n'arriva pas. Diaval se retrouva à l'heure dite au restaurant parce qu'il n'avait toujours pas avancé dans ces recherches. Il avait la mine bougonne de celui qui aurait tout donné pour être ailleurs, mais qui n'avait pas le choix. Suivant Charles jusqu'à la voiture, sa réticence fit petit à petit place à la curiosité alors qu'ils quittaient le coeur de la ville. Diaval resta silencieux et contempla le décor, tout en écoutant distraitement son conducteur discuter de tout et de rien (surtout de rien). Une forêt restait une forêt quel que soit le monde dans lequel elle se trouvait, sans le véhicule dans lequel ils se trouvaient qui lui rappelait la vérité, il pouvait presque croire être revenu chez lui. Dans ces moments, il avait le mal du paix, tout en étant un peu apaisé d'être dans un décor familier. Encore un équilibre étrange.

"Alors ? C'est quoi le plan ?" Finit-il par demander lorsqu'ils furent à l'arrêt et que Charles sorti un gros sac dans le coffre.

Il suivit docilement son guide du jour, inspectant les environs comme s'il redoutait un piège ou une attaque ennemi. Tout était possible avec la personne qui l'accompagnait ! Surtout, qu'il avait un câble à travers les branches. Une pointe de méfiance s'ajouta à sa curiosité devant cette découverte. C'est avec ce mélange de suspicion et de curiosité qu'il regarda l'arbre devant lequel Charles posa son sac. Tout fit sens, il connaissait ce genre d'équipement, merci Verdan et ces expéditions. "Dans tes rêves !" Répliqua-t-il alors que Charles lui ordonna de se mettre à poil pour enfiler le baudrier. Il se saisit d'un geste sec du matériel. Il savait que cela n'allait rien changer, puisqu'il avait déjà essayé, mais, d'un autre côté, il ne pouvait pas contester le fait que Charles s'était démené. Alors il enfila le matériel et fit de son mieux pour chasser son caractère bougon. Il fit un effort pour savourer l'instant présent, la sensation de vitesse et d'autres petits détails qui avait été son quotidien sous son ancienne apparence. "Ok, je te concède ça." Conclut-il à la fin de cette expérience avec une petite tape amical, poing fermé sur l'épaule de Charles et un sourire en coin. "T'emballes pas !" Rajouta-t-il aussitôt en guise de mise en garde au cas où il voudrait faire une nouvelle démonstration surprise d'affection.

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